Covid 19, épisode 28 : fin de la première vague ?

Comme chaque semaine, l’Insee livre les chiffres sur la mortalité toutes causes confondues, du 1er mars au 20 avril cette fois. Globalement, la surmortalité par rapport à 2019 et à 2018 se confirme : 109 831 décès sur cette période, contre 86 606 en 2019 et 94 881 en 2018. La tendance est heureusement à la baisse depuis le 1er avril.

Cette évolution est conforme à celle observée à l’aide des données de Santé publique France. Pour preuve, j’ai construit le graphique des nouveaux décès quotidiens pour la période du 19 mars au 4 mai 2020 :

En complément, Baptiste Coulmont a procédé à une analyse de la mortalité en 2020 par rapport à la moyenne observée sur 2001-2019, ce qui lui a permis de produire ce graphique remarquable :

Si le pic dû à la canicule en 2003 était plus élevé que celui observé cette année, la surmortalité apparente est plus élevée pour 2020, avec plus de 30 000 décès de plus que la moyenne. Étant entendu, je le rappelle, que nous avons été sur une bonne partie de la période en confinement, ce qui a sans conteste réduit le nombre de morts.

J’avais insisté la dernière fois et les fois précédentes, cette surmortalité reste très marquée géographiquement, 4 régions payant un lourd tribut : le nombre de décès est supérieur à celui de 2019 de 95% en Ile-de-France, de 60% dans le Grand Est, de 28% en Bourgogne-Franche-Comté et de 24% dans les Hauts-de-France.

Pour illustrer autrement les différences géographiques, je reprend deux graphiques de l’Insee, le même que le premier graphique ci-dessus, mais pour deux régions aux profils différents, la Nouvelle-Aquitaine et l’Ile-de-France (tous les graphiques régionaux sont visibles ici) :

Il ne s’est rien passé de visible en Nouvelle-Aquitaine, contrairement à ce que l’on observe en Ile-de-France.

Je termine par un dernier graphique qui compare les taux de mortalité entre 2020 et 2019 par tranche d’âge et par sexe, deux autres variables très influentes.

On voit que la surmortalité s’observe et s’accroît à partir de 50 ans, et qu’à partir de 65 ans elle est bien plus forte pour les hommes que pour les femmes. On note aussi que la mortalité chez les hommes de moins de 25 ans est significativement plus faible que l’an dernier : c’est une forme d’externalité positive du confinement, qui a réduit le nombre de morts accidentelles (notamment sur la route) observée habituellement chez les jeunes hommes de cette tranche d’âge.

Covid 19, épisode 20 : la mortalité 2020 a dépassé celles de 2019 et de 2018

L’Insee a livré pour la troisième semaine consécutive les chiffres de la mortalité toutes causes confondues (voir ici pour la première livraison des chiffres et là pour la deuxième), cette fois pour la période du 1er mars au 6 avril. Jusqu’à présent, la mortalité en 2020 était inférieure à celle de 2018, année où la grippe avait été longue et virulente. Ce n’est plus le cas : on comptabilise 76 246 décès entre le 1er mars et le 6 avril 2020, contre 63 686 en 2019 (+20% entre 2019 et 2020) et 71 003 en 2018 (+7% entre 2018 et 2020). Ceci s’explique par l’accélération des décès sur la période (voir le graphique ci-dessous) : on est passé de 1830 décès par jour du 1er au 15 mars, à 2250 du 16 mars au 31 mars, puis à 2470 du 1er au 6 avril.

Pour un sous-ensemble de communes, l’Insee dispose de chiffres plus récents, jusqu’au 10 avril. Ceci permet de faire un constat un peu plus rassurant : on observe une baisse du nombre de décès du 4 au 10 avril de 9% par rapport à la semaine du 28 mars au 3 avril, le plus dur est peut-être passé.

Cette surmortalité reste très concentrée géographiquement : par rapport à 2019, la hausse des décès est particulièrement forte en Ile-de-France (+72%), dans le Grand Est (+55%) et dans une moindre mesure en Bourgogne Franche-Comté et dans les Hauts-de-France (+20%).

A l’échelle des départements, la hausse est supérieure à 50% dans tous ceux d’Ile-de-France, ainsi que dans le Haut-Rhin, le Bas-Rhin, les Vosges, la Moselle et l’Oise. Les parties ouest, centre et sud du pays sont relativement préservées, on observe même une baisse de la mortalité pour de nombreux département d’un grand quart Sud-Ouest.


Episodes précédents : Episode 1 (comparaisons régionales)|Episode  2 (résidences secondaires)|Episode 3 (sur la mortalité)|Episode 4 (comparaison France Italie)|Episode 5 (cas américain et espagnol)|Episode 6 (diffusion spatiale de l’épidémie)|Episode 7 (géographie des Ehpad)|Episode 8 (prévision décès Ehpad)|Episode 9 (sur la mortalité, suite)|Episode 10 (diffusion spatiale, suite)|Episode 11 (taux de mortalité)|Episode 12 (l’impact économique)|Episode 13 (confinement et mobilités départementales)|Episode 14 (chiffres Insee sur la mortalité)|Episode 15 (distanciation sociale)|Episode 16 (impact économique)|Episode 17 (taux de mortalité)|Episode 18 (des pneumatiques aux respirateurs)|Episode 19 (géographie des décès en Ehpad)

Covid 19, épisode 14 : actualisation des chiffres de l’Insee

Comme la semaine dernière, et comme la précédente, l’Insee vient de livrer les chiffres de la mortalité en France, toutes causes de décès confondues, cette fois pour la période du 1er au 30 mars 2020.

Voici les principaux points que je retiens :

  • France entière, la mortalité observée entre le 1er et le 30 mars 2020 est supérieure à celle observée sur la même période en 2019 (57 441 décès contre 52 011 en 2019), mais elle reste toujours inférieure à celle observée en 2018 (58 641 décès),
  • A l’échelle régionale, on observe une très forte hausse de la mortalité (plus de 39%) pour Grand Est et l’Ile-de-France et une forte hausse (plus de 10%) pour les Hauts de France et Bourgogne – Franche-Comté. Seules la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie voient la mortalité baisser.
  • A l’échelle des départements, les plus touchés sont ceux des régions Grand Est et Ile-de-France. On observe cependant une augmentation du nombre de départements concernés par une hausse de la mortalité : de 24 départements il y a deux semaines, on est passé à 48 la semaine dernière et 57 cette semaine. Si on limite aux départements ayant connu une hausse de plus de 10% de la mortalité, les chiffres sont respectivement de 9, 16 et 33 (voir également la carte ci-dessous),
  • La hausse des décès ralentit dans la région Grand Est, elle reste vive en Ile-de-France.

Par rapport aux semaines passées, l’Insee a procédé à différents approfondissements, avec des indications sur les décès en fonction du sexe, de l’âge et du lieu du décès. On apprend ainsi que la moitié des décès concernent des personnes de plus de 85 ans et seulement 13% des personnes de moins de 65 ans. L’augmentation de la mortalité toutes causes confondues est plus forte pour les hommes que pour les femmes, ce qui est cohérent avec le fait que l’épidémie touche beaucoup plus les premiers. L’Insee observe enfin un excès de mortalité en établissement pour personnes âgées en Île-de-France, dans le Grand Est et dans une moindre mesure dans les Hauts-de-France.


Episode 1 (comparaisons régionales)|Episode  2 (résidences secondaires)|Episode 3 (sur la mortalité)|Episode 4 (comparaison France Italie)|Episode 5 (cas américain et espagnol)|Episode 6 (diffusion spatiale de l’épidémie)|Episode 7 (géographie des Ehpad)|Episode 8 (prévision décès Ehpad)|Episode 9 (sur la mortalité, suite)|Episode 10 (diffusion spatiale, suite)|Episode 11 (taux de mortalité)|Episode 12 (l’impact économique)|Episode 13 (confinement et mobilités départementales)