La répartition rural-urbain dans le temps long (1876-2021)

L’INSEE a publié une étude nationale sur l’évolution de la population entre 2015 et 2021  ainsi que des déclinaisons par région (voir ici). Le titre de l’étude nationale “la croissance démographique est deux fois plus élevée dans l’espace urbain que dans le rural”, me semble peu approprié, mais c’est malheureusement l’idée que de trop nombreuses personnes ont retenue, alors qu’en matière de dynamique de population, la répartition rural-urbain est particulièrement stable depuis 50 ans.

Pour preuve le graphique associé à ce billet, où j’ai exploité les données de l’INSEE sur les populations par commune (dans leur géographie actuelle) entre 1876 et 2021 (vous les trouverez ici. On y distingue les communes en fonction de leur degré de densité, des communes les plus denses (les grands centres urbains) aux communes les moins denses (les communes rurales à habitat dispersé).

Entre 1876 et 1975 on voit le poids de l’urbain augmenter continûment pour atteindre son maximum de près de 70% en 1975. Depuis, la part rural-urbain est particulièrement stable : 2/3 de la population environ vit dans l’urbain, 1/3 dans le rural). Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas de mouvements, il y en a, mais ils obéissent à d’autres logiques. Les dynamiques macro-territoriales, au profit de l’Ouest et du Sud du pays, notamment, également évoquées dans l’étude de l’INSEE, dominent très largement les différences rural-urbain.

Taux de croissance annuel moyen de la population entre 2015 et 2021, données recensement INSEE

La carte ci-dessus permet de visualiser le jeu de ces logiques macro-territoriales, avec des taux de croissance plus élevés le long de ce qu’on appelle le U de la croissance, qui descend le long du littoral atlantique, suit le Sud du pays et remonte jusqu’en Alsace.

L’Université à la pointe du progrès !

L’Université est un monde peuplé de personnes réfléchies, innovantes, à la pointe des connaissances, faisant preuve de réflexivité, progressistes, modernes, etc. Pour preuve, le graphique du jour, trouvé sur ce site, grâce à @Freakonometrics.

femmes_universiteBien sûr, pour être rigoureux, il faudrait comparer ces proportions à celles observées dans d’autres milieux professionnels, n’hésitez pas à apporter des éléments en commentaire. Dans tous les cas, il y a du boulot…

 

Le graphique du jour : à qui profite la croissance ?

Graphique très intéressant, trouvé via @g_allegre (économiste, OFCE Sciences Po), qui reprend, dans sa partie haute, le taux de croissance du PIB de quelques pays développés des années 1950 à nos jours, et, dans sa partie basse, le taux de croissance du revenu des 90% des ménages aux revenus les moins élevés (on enlève donc les 10% des plus hauts revenus). Une façon efficace de saisir à la fois la dynamique de croissance et la dynamique des inégalités sur longue période.

graph_1En France, on observe par exemple que la croissance économique 2010-2013 d’un peu plus d’1% s’est accompagnée d’une croissance des revenus hors top 10% des revenus du même ordre. Au Royaume-Uni, la croissance économique a été plus forte qu’en France, mais c’est entièrement au profit du top 10. La situation américaine depuis le début des années 2000, enviable en matière de croissance, l’est peu en matière d’inégalités.  C’est pire au Japon. Je vous laisse découvrir la situation de chacun des pays.

Sur ce sujet “croissance et inégalités”, je vous recommande vivement, en complément, la lecture de ce document de l’OCDE, qui montre que, sur la période d’étude, les inégalités freinent la croissance dans quasiment tous les pays de leur échantillon. La raison invoquée ? La montée des inégalités freine l’investissement dans l’éducation des enfants des ménages les plus pauvres (pas seulement les 10% les plus pauvres, mais les 40% les plus pauvres d’après l’étude), et comme le capital humain est l’un des principaux facteurs de croissance, la croissance économique ultérieure en est entamée.

Jolis graphiques hauts en couleur

Comme je sais que certains d’entre vous dépriment à la veille de la fin du monde, que d’autres dépriment à voir déprimer des gens à cette idée, que d’autres encore dépriment pour de meilleures raisons, j’ai décidé d’égayer votre journée avec quelques graphiques hauts en couleur.

Graphique 1, le taux de mortalité par agression dans différents pays développés, entre 1960 et aujourd’hui :

Graphique 2, déclinaison par régions américaines, car il existe une forte variabilité régionale (données de moins longue période, problème de disponibilité) :

Graphique 3, pour dire que cette variabilité régionale ne doit pas masquer le fait que la région US la plus vertueuse est beaucoup moins vertueuse que le moins vertueux des pays de l’OCDE :

Graphique 4, enfin, pour dire que ces variations géographiques sont sous-tendues pour une bonne part par des variations ethniques :

Je me demande ce qu’ils pensent des prédictions Mayas, ou des tribulations de Gégé chez les Belges, les noirs américains du sud des Etats-Unis…

Source, trouvé via @SH_lelabo.

Fête des morts – graphique du jour

En cette veille de fête des morts, je vous livre ce petit graphique (données Insee), qui présente le chiffre d’affaires en valeur (courbe rouge) et en volume (courbe bleue) des services funéraires, ainsi que l’évolution de l’indice des prix (en vert).

Je vous laisse interpréter l’évolution des courbes, vous pouvez poster en commentaire le résultat de vos réflexions.

Le graphique qui tue

Via Paul Krugman, ce graphique saisissant, sur l’évolution de l’espérance de vie de 1990 à nos jours, aux Etats-Unis :

Krugman y voit le rôle de l’éducation et des inégalités (“les inégalités ne sont pas seulement injustes : elles tuent”). Ok, mais je ne comprends pas l’évolution différenciée entre blancs, noirs et hispaniques…

Guillaume Duval évoque rapidement sur Facebook l’effet des politiques Reagan et Bush (j’aouterais Clinton 1993-2001 quand même ;)), mais idem, j’ai du mal à comprendre l’influence différenciée selon les groupes.

Vu les commentaires qui circulent autour de ce graphique, je me dis que certains ont tendance à y voir ce qu’ils veulent y voir. Personnellement, je trouve le graphique saisissant, mais côté explications, je ne vois pas…

Composition des ménages et pouvoir d’achat

L’Insee vient de publier un document sur l’évolution de la composition des ménages en France. On y trouve notamment ce graphique :

Evolution de la composition des ménages depuis 1975Evolutions marquées, qui s’expliquent d’une part par le vieillissement de la population et d’autre part par la fragilité des couples de 30-59 ans.

En quoi cela impacte-t-il le pouvoir d’achat? La composition des ménages a un effet structurant sur le pouvoir d’achat, car vivre à plusieurs sous le même toit permet de bénéficier d’économies d’échelle, en raison de l’existence de coûts fixes. Prenons le cas de deux célibataires. Supposons que chacun gagne 1500€ par mois et loue un appartement dont le loyer est de 400€. S’ils se mettent en couple et loue ensemble un même appartement, gageons que le loyer ne sera pas de 800€, mais par exemple de 600€. Ils bénéficient d’économie d’échelle. Idem pour l’abonnement internet, la redevance télé, les dépenses d’alimentation, les loisirs, etc.

Pour intégrer cet effet de composition des ménages, l’Insee calcule, à côté du revenu par personne, le revenu par ménage et le revenu par unité de consommation, autres indicateurs de pouvoir d’achat. Comment calcule-t-on le nombre d’unités de consommation? Simple : pour un ménage donné, on compte 1 pour la première personne de plus de 14 ans, 0,5 pour les autres et 0,3 pour les personnes de moins de 14 ans.

Prenons maintenant le cas d’une économie dont le nombre d’habitants ne bouge pas, dont les revenus ne bougent pas, dont les prix ne bougent pas sur une période donnée. Si on calcule le revenu par habitant, il sera parfaitement inchangé sur la période. Si on suppose que, dans le même temps, la composition des ménages suit l’évolution retracée dans le graphique ci-dessus, le pouvoir d’achat par ménage et le pouvoir d’achat par unité de consommation, en revanche, va nettement baisser.

Vous pourrez vérifier ici que l’évolution de ces différents indicateurs de pouvoir d’achat n’est pas la même sur les dernières années. A titre d’illustration, le pouvoir d’achat par personne a augmenté de 0,3% en 2010 et 0,0% en 2011, pendant que le pouvoir d’achat par ménage baissait de 0,2% en 2010 et de 0,5% en 2011. Effet de composition qui impacte certainement plus le pouvoir d’achat des ménages que la hausse du prix de l’essence…

Soixante ans d’histoire économique en un graphique

Trouvé via Arthur Charpentier (@Freakonometrics), ce magnifique graphique, qui résume soixante ans d’histoire économique, américaine en l’occurrence :

Il s’agit du taux de croissance annuel moyen du revenu des ménages, sur la période, par quintile de revenu (les 20% les plus pauvres, puis les 20% suivants, etc.) et pour les 5% les plus riches.

On peut y voir beaucoup de choses :

  • la forte croissance d’après la seconde guerre mondiale, avec une tendance à la réduction des inégalités (surtout sur 1950-1960), les taux de croissance étant d’autant plus fort que les revenus sont faibles,
  • la crise des années 1970 (les chocs pétroliers pour aller vite), avec des taux de croissance faibles mais malgré tout positifs, et la crise actuelle, d’ampleur beaucoup plus forte, avec des taux de croissance tous négatifs,
  • la très forte montée des inégalités sur la période 1980-2000, avec cette fois des taux de croissance du revenu des ménages d’autant plus forts que les revenus sont forts. Les 20% les plus riches s’en sortent bien, les 5% encore mieux, si on avait les chiffres pour les 1% ou les 0,1%, ce serait encore mieux pour eux (voir les travaux de Piketty/Saez).
J’ai décidé d’ajouter une catégorie pour classer mes articles, intitulée “Graphiques”, histoire de poster de temps en temps un petit billet sur les graphiques qui auront retenu le plus mon attention.