Fonds Dubois : IIHS, Amsterdam, juin 2013

Dans le cadre du projet de recherche Dubois, et avec le concours de la MSHS de Poitiers, j’ai mené une mission de recherche de huit jours dans les archives de l’Institut internationale d’histoire sociale à Amsterdam, situé sur les quais dans un quartier portuaire réhabilité.

Les archives de la librairie Marcel Rivière, éditeur de la Revue d’histoire économique et sociale, y sont déposées, ce qui a permis de consulter la correspondance entre Marcel Rivière et Auguste Dubois, concernant la revue et d’approfondir les informations connues sur la maison d’édition Rivière.

IMGP1458

D’autre part, le directeur de l’Institut, le Professeur N.W. Postumus avait, dès sa création, entrepris de sauvegarder de nombreuses collections et archives relevant de l’histoire sociale, dans la période tourmentée des années 1930. C’est ainsi, qu’une collection de livres rares et pamphlets d’histoire sociale économique, semblable aux ouvrages d’origine britannique du Fonds Dubois de l’Université de Poitiers, a été acquise du même fournisseur qu’utilisa Auguste Dubois, les frères Kashnoor, propriétaires du Museum Bookstore à Londres.

Nos remerciements à Marien van der Heijden, responsable du programme de numérisation du Fonds De Centrale (banque de dépôt fut le mécène au départ de la création de l’Institut), y compris du Fonds Kashnoor et à Huub Sanders, conservateur et auteur du catalogue de la collection Kashnoor édité en 1988, qui m’ont orienté et avec qui j’ai pu m’entretenir sur le Fonds Auguste Dubois.

Pendant mon séjour, j’ai pu consulté et numériser un nombre important de pages d’archives (manuscrits, imprimés, ouvrages, pamphlets, rapports, bulletins) concernant à la fois la Revue d’histoire économique et sociale et les conditions d’acquisition de la collection achetée aux frères Kashnoor.

La qualité de l’accueil des chercheurs (lieu, restauration, salle de travail, possibilités de réprographie et de numérisation), la disponibilité et le soutien des bibliothécaires archivistes, ont grandement facilité les travaux menés.

Liste des fonds d’archives et collections consultés: Archief De Centrale; IISG Rapport annuel (Jaar verslag);  IISG Rapport trimestriel (Kwartdas verslag); Archief IISG; Bulletins IISG vol 1-4, 1937-1940; International Review of Social History, 1-4 1936-1940, Catalogues Kashnoor 1905, 1908, 1911; Revue d’histoire économique et sociale 1908-1936; et des ouvrages de bibliographie variés.

L’éducation au Royaume-Uni et en Angleterre : quelques chiffres

L’éducation au Royaume-Uni en quelques chiffres.

Après l’émission sur France Culture Cultures Mondes – dont la présentation est reproduite ici, voici quelques compléments d’information concernant l’éducation en Grande-Bretagne aujourd’hui.

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This is England (3/4) – Another brick in the wall: sur les bancs de l’école

01.05.2013 – 11:00

Free school, School Academies, augmentation des frais d’entrée à l’université, augmentation des cotisations aux retraites des professeurs… Ces dernières années, le monde de l’éducation connaît d’importantes transformations ce qui n’est pas sans provoquer la colère. A l’origine de ce climat une série de réformes dans le financement et le fonctionnement de l’enseignement. Dans le supérieur le triplement des droits d’inscriptions à la rentrée 2012 mit les étudiants dans la rue, même dans la vénérable université d’Oxford.

Dans le secondaire, la réforme du système de retraite des enseignants (et des fonctionnaires) a provoqué la plus importante grève du secteur public depuis une quarantaine d’années. Les professeurs, estimant ne pas avoir été entendus, promettent d’ailleurs de remettre ça dès le mois de juin, et restent mobilisés. Quels points communs entre ces mobilisations, ces grèves ?

A priori les problématiques de l’enseignement supérieur et du secondaire sont assez distinctes, mais un point commun revient dans les slogans de ces manifestants: ils disent craindre une forme de privatisation du système d’enseignement. Le sujet n’est pas nouveau en Grande-Bretagne, fonds publics et privés sont mobilisés pour le financement des universités. Dans le secondaire depuis Tony Blair, des « sponsors » privés participent au financement des Academies: ces établissements mixtes représentent aujourd’hui plus de la moitié des lycées. Impossible d’aborder ce débat sans évoquer aussi les fameuses « free schools ». Ces établissements financés par l’Etat sont gérés par des organismes privés, des associations, parfois aussi des groupes religieux qui destinent leurs enfants à une morale communautaire stricte. Quel bilan peut-on dresser de ces free schools deux ans après leur lancement ?

Au-delà des particularités de chacun de ces dossiers, le système éducatif anglais, dans son ensemble, serait-il en train de laisser toute la place au secteur privé? Ce virage est-il une tendance lourde? Ce système est-il de plus en plus inégalitaire, comme de nombreux observateurs le disent? Est-il entrain de devenir est outil de ségrégation sociale?

Invité(s) :
Bertrand Venard, professeur à Audencia – écoles de management à Nantes, research membre of common room au Kellogg College de l’Université d’Oxford, research fellow à l’université de Pennsylvanie.
Susan Finding, professeur des universités en études anglophones à l’UFR Lettres et Langues, Université de Poitiers, directrice du MIMMOC .
Gino Raymond, professeur de « Modern French Studies » à l’Université de Bristol

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Nombre d’élèves : Angleterre 8.2m, Écosse : 0.8m, pays de Galles : 0.5m,  Irlande du nord : 0.3m

Nombre d’écoles au Royaume-Uni : 33892

  • 3, 326 écoles maternelles
  • 21, 968 écoles primaires
  • 4176 écoles secondaires
  • 1416 écoles spécialisées
  • 2611 écoles privées payantes

En Angleterre,  en 2012, il y avait:

4,217,000 élèves dans les écoles primaires financées par l’état (gratuites),

3,234,875  élèves dans les écoles secondaires financées par l’état (gratuites),

91,590 élèves dans des écoles publiques spécialisées pour enfants ayant des besoins éducatifs spécifiques (SEN),

13,475 élèves dans des unités spéciales pour enfants exclus des écoles,

39,470 élèves dans des écoles financées par l’état (maintained et direct grant),

577,445 élèves dans les écoles privées payantes (independent) de tous niveaux, soit 7% des élèves en Angleterre.

Ecoles par catégorie 423  Maintained 1 Direct grant 424 Total 16,818  State-funded Primary 3,268 State-funded secondary 967 State-funded special 72      Non maintained 1,039 Total 403 Pupil referral units 2,420 Independent (payantes) 24,372    All schools
Nombre d’élèves 39,395 70 39,470 4,217,000 3,234,875 91,590 4,325 95,915 13,495 577,445 8,178,200

En janvier 2012, 1,556 academies en Angleterre, (écoles independentes financées par l’état dont les free schools) avec 1,164,700 élèves soit 38.5% des élèves du secondaire.

Source : statistiques officielles du ministère de l’éducation britannique.

Nombre obligatoire de jours/an de scolarité : 190/an

Scolarité obligatoire : 5 ans à 16 ans. Les 17-18 sont dorénavant obligés d’être en scolarisation/formation/apprentissage, un des fléaux du système éducatif britannique étant le nombre élevé de jeunes de 16 à 21 sans insertion, pour lesquels l’accronyme NEET a été inventé (Not in education, employment or training).

Pourcentage d’une classe d’âge dans l’enseignement supérieur : 50% (chiffre qui confirme ce qui précède). Ou, autrement dit, pourcentage obtenant l’équivalent du baccalauréat  (2 matières aux ‘A’  levels) : 52.8% (Education and Training Statistics for the United Kingdom).

Nombre d’étudiants au Royaume-Uni 2,496,645 dont 1,702,610 en licence domiciliés au Royaume-Uni.

Nombre d’étudiants à l’Université d’Oxford : 25,595, dont 14,545 d’origine britannique, en licence; et à l’Université de Cambridge :19,945, dont 10,055 d’origine britannique, en licence.

Soit au total 25000 étudiants britanniques dans des formations en licence à ‘Oxbridge’, ou 14.5% des étudiants britanniques en licence au Royaume-Uni.

On constate une augmentation lente du pourcentage d’étudiants dans les universités britanniques provenant des écoles financés par l’état : 88.9% en 2011-2012. (Source : HESA) Même dans les universités les plus prestigieuses le pourcentage augmentent lentement, et avoisinent les 60%.

Mais, cela veut dire que 40% des étudiants dans ces universités sont toujours issus des écoles privées payantes, alors qu’ils ne représentent que 7% de la population scolaire, et, qui plus est, parmi les écoles financées par l’état, un certain nombre sont sélectifs et réputées pour leur succès dans la course aux places dans les universités prestigieuses (London Oratory par exemple où Tony Blair a envoyé son fils, Euan, admis à l’Université de Bristol). Il y néanmoins des exceptions notables. En 2011, Mossbourne Academy à Hackney, Londres, appelée la ‘pire école’ du royaume en 1995, rouverte en 2004, où 41% des élèves sont de milieu modeste, et où, pour 38% des élèves, l’anglais n’est pas leur langue principale, a réussi à placer 11 de ses élèves à Cambridge.

France Culture : 29 avril – 2 mai Le Royaume-Uni à l’émission Cultures monde

This is England (1/4) – Working class hero: l’Angleterre d’en-bas

29.04.2013 – 11:00

Avec Keith Dixon, professeur de civilisation britannique à la retraite, directeur de la Bibliothèque écossaise des éditions Métailié, auteur entre autres de Un abécédaire du blairisme : pour une critique du néo-libéralisme guerrier, (Éditions du croquant, 2005);  Philippe Pilard, réalisateur et spécialiste du cinéma britannique; et,  John King, écrivain, auteur de Skinheads (Au diable Vauvert, 2012), depuis Londre.

This is England (2/4) – London’s burning: le défi multiculturel

30.04.2013 – 11:00

Avec Delphine Papin, cartographe, journaliste au Monde, docteur de l’Institut français de géopolitique, Université Paris 8, auteur de l’atlas Londres (Autrement, 2012); Denys Blakeway, journaliste, documentaliste pour la BBC, auteur du docu « the rivers of blood » diffusé en 2008 sur BBC4 – depuis Londres (sous réserve);  Manuel Appert, maître de conférences en géographie à l’université Lyon-2, photographe urbain (sous réserve).

This is England (3/4) – Another brick in the wall: sur les bancs de l’école

01.05.2013 – 11:00

Avec Susan Finding, Professeur des universités en études anglophones à l’UFR Lettres et Langues, Université de Poitiers; Bertrand Venard, professeur à Audencia Nantes, Gino Raymond, Professor of French Studies, University of Bristol.

This is England (4/4) – Margaret on the guillotine: la culture sous Thatcher

02.05.2013 – 11:00

Avec Jeremy Tranmer, maître de conférences en civilisation britannique à l’université de Nancy, spécialiste des rapports entre la gauche britannique et la musique populaire, auteur de (avec Rachel Hutchins-Viroux (dir)) – Nationalism in the English-Speaking World, (Cambridge Scholars Press, 2009).

Cultures coloniales et postcoloniales et la décolonisation

Journée d’études Cultures coloniales et postcoloniales et la décolonisation, le vendredi 15 février 2013 à l’Université François Rabelais Tours.

Organisé par le laboratoire Interactions Culturelles et Discursives (ICD) EA 6297 et la Fédération pour l’étude des civilisations contemporaines (FE2C) FR 4227 avec le soutien de la CRHIA EA 1163 Université de La Rochelle et la participation de membres du MIMMOC EA 3812 Université de Poitiers dans le cadre du projet PRES Limousin-Poitou-Charentes « Cultures et territoires ».

Dans le cadre d’un projet de recherche commun à plusieurs laboratoires et d’universitaires membres de la Fédération pour l’étude des civilisations contemporaines (FE2C) initiée par les laboratoires MIMMOC (Université de Poitiers), EHIC (Université de Limoges et Blaise Pascal Clermont-Ferrand), FREDD (Université de Limoges), la journée d’étude a réuni onze chercheurs de sept universités françaises autour des « cultures coloniales » devant un public composé de chercheurs, de doctorants et d’étudiants de master sur les bords de la Loire dans les locaux de l’Université François Rabelais Tours.

Les intervenants se sont penchés sur les questions suivantes posées en préalable :

-Le traitement du fait colonial diffère sensiblement entre les différents empires coloniaux : britannique et français, notamment, mais aussi dans les futures ex-colonies liées par leur histoire aux autres cultures européennes. Qu’est-ce que « une culture coloniale »? Comment se manifeste-t-elle?

-Dans quelle mesure la/les culture(s) coloniales) (éducation, religion, littérature…) a-t-elle, ont-elles contribué à la décolonisation ou, au contraire, freiné l’émergence d’une culture indépendante ? L’appropriation du savoir colonial par les autochtones est-elle à l’origine d’un pouvoir, ou a-t-elle plutôt décrédibilisé les « convertis »?

-Les cultures coloniales, les empires, furent pluriethniques, voire plurinationales. Ce phénomène a-t-il contribué à l’émergence d’un transnationalisme postcolonial? Les mouvements panafricain, panislamique, ont-ils été générés par le fait même de l’existence d’une culture coloniale?

Au cours de la journée des interventions sur l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne à l’époque coloniale (le Maroc espagnol, la Tunisie sous protectorat française, le Cameroun méridional), sur les Amériques (l’Amérique latine – notamment le Puerto Rico -, les Caraïbes et l’Amérique du nord), sur les représentations et le traitement des populations indigènes (les Indiens d’Amérique latine et des Etats-Unis, les pèlerins du hajj, la police coloniale britannique) ainsi que la dissémination des idées politiques dans les ‘cultures coloniales’ dans les pays colonisateurs (Amérique du nord, Royaume-Uni, Caraïbes).

Les cinq interventions de la matinée furent présidées par Trevor Harris (ICD Université de Tours):

Alfredo Gomez-Muller (Université François- Rabelais, Tours) expliqua comment les « Représentations de « l’indien » dans les imaginaires sociaux et politiques des XIXe et XXe siècles en Amérique Latine » ont cherché à éliminer la présence de l’indien dans la culture et les réseaux de pouvoir dans les jeunes états indépendants latino-américains.

Marie-Catherine Chanfreau (Université de Poitiers) analysa l’ « Adaptation ou réaction locale vis-à-vis de l’administration espagnole au Maroc »,  les jeux de pouvoir et les soulèvements marocains sur fond de rivalités coloniales franco-hispano-allemandes de la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’à la fin du régime franquiste (1859 – 1976).

Luc Chantre (Université de Limoges) examina l‘ « L’organisation du pèlerinage à La Mecque dans l’empire français à la veille des indépendances. Peut-on parler d’une « culture coloniale » du hajj ? »  avec la Tunisie comme cas d’étude particulière pour illustrer la logique promotionnelle qu’emprunta la France lors de l’encadrement et de l’organisation des pèlerinages, d’abord une question interne de politique sanitaire, sociale et économique, qui devint par la suite une question de politique étrangère.

Mélanie Torrent (Université Paris Diderot – Paris 7) montra comment le partage territorial des Camérouns devint un enjeu culturel : « Des partages coloniaux aux frontières culturelles : espace politique et stratégies identitaires au Cameroun méridional (1954-1961) ». L’unification de deux territoires, administrés l’un par les Britanniques, l’autre par les Français, fournit l’occasion de comparer les pratiques coloniales et la réaction des populations administrées, par exemple, le choix de la lutte armée ou une campagne pacifique lors des combats pour l’indépendance.

Cheikh Nguirane (Université de Poitiers) parla de la mise en place, dans les trois mille cours de soutien et centres communautaires des Afro-Caribéens britanniques, de lieux de mémoire et de résistance, et de la création d’une tradition transnationale inspiré par le panafricanisme: « De la communauté ethnique au communautarisme scolaire: Les ‘Black Supplementary Schools’ dans la diaspora noire britannique ».

Les quatre interventions de l’après-midi furent présidées par Susan Finding (MIMMOC, Université de Poitiers) :

Dans son intervention « Le Racisme Scientifique: justification et application d’une culture coloniale en Amérique du Nord », Kelly Fazilleau (Université de Poitiers) retraça les représentations « scientifiques » de l’indigène au XIXe siècle et leur évolution et des politiques qui en découlèrent ou/et en furent inspirées aux Etats-Unis et au Canada jusqu’au milieu du XXe.

Cynthia Tolentino (University of Oregon/L’Institut d’histoire du temps présent – IHTP)  prît l’exemple de Puerto Rico pour dresser le fond politique nécessaire à la compréhension des représentations des Puerto-ricains dans la culture littéraire et cinématographique américaine. Dans sa communication « From U.S. Unincorporated Territory to U.S. Commonwealth: Refigurations of Decolonization and Difference », elle analysa comment on peut parler de décolonisation sans l’existence d’un empire formel et devant l’amnésie ou le déni de son existence par la mémoire collective et l’historiographie américaines.

Les « Global radicals » qui sont le sujet de la communication de Jean-Paul Révauger (Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3) sont des intellectuels engagés C.L.R. James et George Padmore du Trinidad et la Oil Workers Trade Union de Trinidad, ainsi que Maurice Bishop et Bernard Coard, de la Grenade. Ces hommes furent à la fois le produit des cultures coloniales et l’exemple même d’une culture transatlantique, dans des réseaux ‘panafricains’ dont les centres d’activité se trouvaient à Londres et à New York.

L’intervention d’ Emma Bell (Université de Savoie), « Normalising the Exceptional: Colonial Policing Cultures Come Home » , évoqua la culture coloniale des services de police dans les colonies britanniques comme soutien au pouvoir militaire. Elle démontra comment le modèle irlandais a largement inspiré les mesures mises en place dans la métropole, au Royaume-Uni, dès la création de la police londonienne en 1824 et jusqu’à la fin du XXe siècle.

L’ensemble des communications a contribué à éclairer les questions qui ont été posées dès le début de ce projet, à savoir, les définitions d’une « culture coloniale », les circulations d’idées à l’intérieur des empires, et les manifestations culturelles post-coloniales : idéologie et idées politiques, littérature et arts.

2e journée d’étude Fonds Dubois

2e JOURNEE D ETUDE “Patrimoine : Fonds Dubois” du 22 novembre 2012

Compte-rendu posté sur le site dédié créé pour servir de lien au chercheurs du projet : http://dubois.hypotheses.org/

Cette deuxième journée d’étude consacrée à la valorisation du Fonds Dubois poursuit les travaux initiés lors de la première Journée d’études en date du 27 mars 2012 (voir le compte-rendu  publié sur ce site dédié).  Organisé par les laboratoires MIMMOC (EA 3812) de l’Université Poitiers et CRIHAM (EA 4….) bi-site Poitiers-Limoges, à la MSHS de Poitiers et la Bibliothèque Universitaire Droit-Lettres, la journée a de nouveau réuni des universitaires anglicistes (11e section), des historiens (22e section), des spécialistes du Service commun de documentation et de la numérisation de l’Université de Poitiers, et des collègues des Universités de Paris 8, Paris-Diderot, Metz et Manchester (Royaume-Uni) spécialistes de l’histoire des échanges commerciales et intellectuelles du Royaume-Uni, de l’Europe et des Etats-Unis des 17e et 18e siècles.

Participants : Nathalie Brémand, Responsable de la Bibliothèque Sciences Humaines et Arts, SCD, Directrice de rédaction de la BVPS, Université de Poitiers. Laurent Colantonio, MCF Histoire contemporaine, Université de Poitiers, CRIHAM (EA 4270). Susan Finding, Professeur de civilisation britannique, Directrice du MIMMOC (EA 3812), Directrice de la FE2C (FED 2447). Robert Mankin, PR, Université de Paris-Diderot, Directeur LARCA (LAboratoire de Recherche sur les Cultures Anglophones)  (EA 4214). Philippe Minard, PR, Directeur d’études EHESS, Université de Paris 8, Co-directeur du laboratoire IDHE, UMR 8533- CNRS (excusé). Eric Planchon, Ingénieur de recherche, responsable Plateforme Ressources numériques, M.S.H.S. de Poitiers. Allan Potofsky, PR, Président REDEHJA, Institut Charles V, Université de Paris-Diderot. Siobhan Talbott, Hallsworth Research Fellow in Political Economy, University of Manchester. Anne-Sophie Traineau-Durozoy, Conservateur, Responsable du Fonds ancien, SCD, Université de Poitiers. Des étudiants du Master 1 Recherche Culture et société étrangères assistèrent à la journée.

Plusieurs volets de ce projet furent évoqués pendant la journée. En premier lieu, les pistes scientifiques. Susan Finding présenta “Auguste Dubois : sources pour une biographie intellectuelle – la république des professeurs?“, un répertoire des sources trouvées pour faire un travail sur le personnage d’Auguste Dubois, son oeuvre, son travail et sa vie de professeur à la Faculté de Droit de l’Université de Poitiers au début du 20e siècle. Ces sources sont à la fois bibliographiques (IdRef SUDOC), historiques (Institut international d’histoire sociale, Amsterdam – Fonds Marcel Rivière, Fonds Kashnoor, Archives départementales – Faculté de Droit, et même le Fonds Dubois lui-même qui contient des pamphlets publiés par cette faculté), mais aussi ‘monumentale’

Maison d’Auguste Dubois, Poitiers

(la maison d’Auguste Dubois et sa tombe à Poitiers). Une biographie d’Auguste Dubois (Professeur de l’histoire des doctrines économiques à la Faculté de Droit de Poitiers au tout début du 20e siècle) et un travail sur la composition de sa collection (acquisition personnelle -parfois à l’étranger- d’ouvrages rares) éclaireront l’histoire intellectuelle, l’histoire des livres, l’histoire de l’université, mais aussi, l’enseignement de l’histoire économique en France.

Pour finir, Susan Finding a rappelé l’analyse faite par Steven Pincus, Bradford Durfee Professor of History, à l’Université de Yale, lors de sa présentation en mars dernier concernant la spécificité du Fonds en la comparant à la collection Goldsmiths-Kress qui l’a amené à conclure : “The Fonds DuBois is a phenomenally wide-ranging collection of political economic pamphlets for the eighteenth century. (…)The Fonds Dubois collection provides us with a remarkably strong selection of the output of the major political economic writers of the eighteenth century.”

Dr. Siobhan Talbott, Hallsworth Research Fellow in Political Economy, University of Manchester, chercheuse invitée financée par le laboratoire MIMMOC et la Région Poitou-Charentes au 2e semestre 2012-2013, présenta ensuite les objectifs de son projet de recherche et l’intérêt du Fonds Dubois pour ses recherches et pour la communauté scientifique en général.

Ses recherches sur le commerce extérieur britannique ont souligné des aspects des positions relatives nationale et internationale des nations britanniques qui sont en contradiction avec la dynamique que les chercheurs ont cru existaient normalement. L’union des royaumes en 1603, et celle des parlements anglais et écossais en 1707, sont considérées comme un indicateur de la supériorité économique et politique naturelle de l’Angleterre, alors que ‘une politique étrangère indépendante a disparu de l’autre côté de la frontière sous Jacques 1er après l’union des couronnes.’  Les historiens de la Grande Bretagne et de l’Europe moderne continuent à travailler avec cette idée, mettant en avant la prééminence de l’Angleterre sans vérifier les hypothèses sur lesquelles cette vision est basée. De plus, de telles investigations ont tendance à décrire l’histoire ‘anglaise’ plutôt que l’histoire britannique que J. G. A. Pocock, entre autres, encourage. Son travail cependant a suggéré que l’Écosse et l’Irlande ont maintenu des politiques économiques étrangères indépendantes et ont participé de façon autonome dans des conflits internationaux tels que la guerre de la Ligue d’Augsbourg (guerre de Neuf Ans) et la guerre de la Succession d’Espagne, ce qui soulève des interrogations concernant le positionnement relatif de l’Angleterre, de l’Écosse, de l’Irlande sur la scène internationale.

Ce projet est conçu pour répondre à ces questions et comporte une analyse détaillée des alignements et associations internationales que les trois nations britanniques entretenaient, ainsi qu’un examen de la place relative de chacune dans l’économie et le pouvoir commercial des nations britanniques à l’étranger – en particulier avec la France, mais aussi avec l’Europe et le monde transatlantique – à l’époque moderne.  Ce projet est soutenu par le financement de d’un contrat de recherche de trois ans, la Hallsworth Research Fellowship in Political Economy (University of Manchester, 2012-2015), pendant lesquels elle mènera des travaux  au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis.

Pendant les trois mois de chercheuse invitée à Poitiers, elle a l’intention d’utiliser le Fonds Dubois, dont le contenu est une mine pour ce projet de recherche. Quelques exemples sont les documents 374/1-14 sur le commerce étranger britannique, en particulier avec la France, à la fin de la guerre de Succession d’Espagne: les documents 435/1-2 and 1761/1-3 sur le commerce maritime des années 1750; documents 1705/2, 1708/1, and 1827-8, sur l’émergence d’une aristocratie dans les affaires en France, et des documents de la chambre de commerce et d’industrie, Rouen (1859/1-2). Les édits royaux, les actes du conseil d’état, en particulier ceux qui gèrent le commerce au début du dix-huitième siècle (collection 3253) sont d’un intérêt certain, ainsi que les oeuvres de Samuel Gale (1981/1-4), Daniel Defoe (2053/1-4), Christopher Robinson (2397/1-4) et William Knox (2489/1-2), dont certains n’existent que dans ce fonds. Cette liste est loin d’être exhaustive et ne constitue que des exemples des ressources dont l’Université de Poitiers est le dépositaire et qu’elle utilisera pendant son séjour au printemps 2013.

Le travail qu’elle mènera contribuera à des publications dans des revues internationales de renom. Une étude pilote a déjà été publié dans Historical Research (2012) et été lauréat du Prix Pollard 2011 attribué par la Institute of Historical Research (Université de Londres) et l’éditeur universitaire Wiley-Blackwell.L’éditeur Pickering et Chatto publiera une étude intitulé Conflict, Commerce and Franco-Scottish Relations, 1560-1713.  Ce séjour permettra également d’augmenter considérablement le travail déjà entrepris pour la création de la base de données qu’elle a initié : British Commercial Agents: a biographical database, 1560-1720, (Les agents commerciaux britanniques: base de données biographique, 1560-1720), qui sera publié en ligne pour l’utilisation par les chercheurs et le grand public.  Elle contribuera enfin pendant ce séjour de trois mois à l’identification des priorités pour la numérisation du Fonds Dubois, et en collaboration avec les universitaires engagés dans ce projet, et aidera au développement d’un réseau international de chercheurs dans ce domaine autour de ce fonds.

En fin de matinée, au 2e étage de la Bibliothèque Droit-Lettres, la présentation du Fonds Dubois et d’un certain nombre d’ouvrages de la section concernant les ouvrages en anglais ou publiés au Royaume-Uni, par Mme Traineau-Durozoy, Conservateur, responsable du Fonds ancien du Service commun de documentation (SCD) de l’Université de Poitiers, fut l’occasion de comprendre la richesse de ce Fonds. Mme Traineau-Durozoy présenta également l’histoire du catalogage du Fonds. Ce sont les conservateurs et bibliothécaires qui en dressant les inventaires ont les premiers souligné les richesses du Fonds.

Mais la partie la plus riche de cet ensemble date des 18e et 19e siècles, avec un éclairage sensiblement différent, le 18e beaucoup plus économique et politique (commerce des blés, assignats, Compagnie des Indes, physiocratie…), le 19e davantage centré sur les courants socialistes et utopiques (saint-simoniens, fouriéristes, l’Icarie de Cabet, Proudhon, aussi bien que Robert Owen…).

Des ensembles particuliers méritent d’être signalés :

‑ les romans utopiques et voyages imaginaires  (la collection complète des Voyages ima­ginaire, songe, visions et romans cabalistiques publiée par Charles Georges Thomas Garnier, mais aussi trois Thomas More, les Sévarambes de Veiras, les Galligènes de Tiphaigne de la Roche, Jacques Sadeur de Foigny, les Isles fortunées de Moutonnet de Clairfons, le Prince de Montberaud de Lesconvel, le Jacques Massé de Tyssot de Patot…).

‑ la collection de pamphlets en langue anglaise, soit environ 400 pièces sur l’Irlande, la politique, la banque, le commerce international, la South Sea Company, signés par (ou attribués à) William Petty, Davenant, Swift, Drapier, De Foe…

Jean-Paul Bonnet, Le catalogue des brochures du Fonds Dubois de la Bibliothèque universitaire de Poitiers, 2000.

Les différents outils disponibles pour consulter le Fonds sont les suivants:

-Catalogue en ligne Université de Poitiers – SCD – Fonds ancien

-Inventaire et index (auteur, thèmes) des 3089 brochures (J-P. Bonnet, 2000).

-Catalogue, (Nathalie Rollet, mars 2001).

-Liste des périodiques et brochures : les socialismes utopiques.

-Ouvrages en langue anglaise traduits de l’anglais ou publiés en Grande-Bretagne 16e-19e siècles (avril 2008).

-Tableaux Excel chronologiques :

-Fonds Dubois  – anglais

-Fonds Dubois – français.

Pour finir Mme. Traineau-Durozoy a présenté la liste des Acquisitions faites par le SCD avec les crédits Région Poitou-Charentes / MIMMOC sur les domaines “Economie, politique et société aux 17e et 18e s. dans les îles britanniques” pour servir d’usuels aux chercheurs venant travailler sur le Fonds.

En début d’après-midi, une visite à la plateforme des ressources numérique de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société permit aux chercheurs de se rendre compte des importants moyens techniques à disposition, notamment la dernière acquisition permettant de numériser en A0, en cours d’installation, présentée par Eric Planchon, Ingénieur d’études, responsable de ce service.

Mme Nathalie Bremand présenta la Bibliothèque virtuelle Premiers socialismes (BVPS) par mis en ligne sur le site de la SCD de l’Université, ce qui donna l’occasion à la réunion de poser des questions sur la conception du site, sur les choix opérés et des conseils sur le site projeté dans le cadre de ce projet.

Une discussion s’ensuit sur les priorités et les méthodes de travail. L’importance du travail de valorisation sans équipe dédiée paraît redoutable. Il faut continuer de chercher à faire connaître le Fonds par nos propres réseaux. Les professeurs présents envisagent d’envoyer des étudiants de Master et des doctorants utiliser le Fonds pour leurs travaux. Le travail individuel de chercheurs comme Steven Pincus et Siobhan Talbott, ne fera qu’accroître l’utilisation et la renommée du Fonds, permettant ainsi au projet de numérisation et de création d’une bibliothèque virtuelle de recevoir des appuis, voire à des projets scientifiques (ANR, GDR – cf le GDR 2136 France – Îles britanniques) thématiques autour du Fonds d’émerger.

Lors de la première journée d’étude, des actions avaient été projetées. Certains n’ont pas encore pu être initiées. Un certain nombre ont été déjà été effectuées :

1) prise de contacts : -avec le PRI Iles britanniques de l’EHESS, le Projet pluridisciplinaire Paris Diderot “Littérature pratique et l’imagination des savoirs”;

-Digital Humanities Congress 2012, University of Sheffield, 6th – 8th September 2012 – Susan Finding a assisté au congrès et contacté un certain nombre de participants dont des responsables de http://www.connectedhistories.org, de l’Institute of Historical Research, Londres).

2) création du carnet de recherche du réseau : dorénavant en opération dubois.hypothèse.org. Les membres du réseau sont invité à partager des informations via ce carnet en s’adressant à Susan Finding (Université de Poitiers).

3) solliciter l’intégration dans l’axe Patrimoine et Territoires (Patrimoine du passé) du CPER 2007-2013 Axe B : “Savoir, Sociétés, Images” puisque le projet émergeant correspond aux projets déjà établis Constitutions et circulation des savoirs. Le CPER en fin de parcours n’a pu accéder à la demande. Mais nous espérons pouvoir faire partie du prochain.

4) Susan Finding a soumis le projet de valorisation du Fonds à la MSHS comme projet à intégrer à l’axe 3 de la MSHS de Poitiers”Culture et patrimoine” avec le titre Fonds Dubois, les mots-clés : savoirs, circulations, collections, patrimoine intellectuel, humanités numériques, où les objectifs sont ainsi décrits :

la valorisation du Fonds Dubois (et accessoirement du Fonds ancien) en trois volets, la préservation, la communication et l’exploitation scientifique de l’ensemble.                              Les moyens : 1) répertorier les ouvrages spécifiques, créer une banque d’informations sur les éditions détenues à Poitiers ; 2) création d’une bibliothèque virtuelle (à l’instar de la Bibliothèque virtuelle des premiers socialismes et de la Bibliothèque virtuelle sur les Coutumiers du Centre-Ouest (dans le droit fil de l’idée de création d’un Portail BNF régional piloté par le SCD et de portails internationaux spécialisés 17e-18e siècles) ; 3) soutien et animation de projets de recherche autour du Fonds.

Cet axe, en cours d’élaboration (pour lequel Susan Finding, à la demande des deux porteurs du projet, est responsable du sous-axe “Monde de savoirs”) sera également la base des négociations autour du prochain CPER de l’Université de Poitiers.

La prochaine JE aura lieu en juin 2013 et réunira les deux chercheurs invités internationaux Steven Pincus et Siobhan Talbott, ainsi que les enseignants-chercheurs membres du réseau. La date précise sera annoncée ultérieurement.

Le prochain appel pour des candidatures de chercheur invité financés (voyage et frais de séjour) pour des périodes allant de 1 à 2 mois, ou de 3 à 6 mois (full professor/ post-doc) sera bientôt émis. N’hésitez pas à encourager des candidatures. Informations sur la page Research grants du carnet de recherche dubois.hypotheses.org.

Poitiers, le 29 novembre 2012, SF.

Prisonnier de Londres ou de fantômes français ?

 Régis Franc, London prisoner, Fayard Récit, 2012.

Le genre récit d’expatrié faussement ingénu n’est pas nouveau et des auteurs canoniques s’y sont prêtés ou l’ont parodié. Prétendre expliquer les autochtones avec des yeux de non-initié est somme toute le propre de tout récit de voyage et forme la base des études anthropologiques. Dans London prisoner (Fayard, 2012), Régis Franc brosse le portrait des quartiers de Londres et livre des vignettes d’une série de personnages rencontrés, censés être typiques de la faune londonienne.

Il aborde la capitale britannique avec de sérieux handicaps ou avantages, c’est selon. Premièrement, il ne parle pas anglais, mais alors pas du tout. Ce qui lui confère le privilège de pouvoir observer sans participer, sans parti pris, gauche mais intègre. On l’imagine « avé » son accent de méridionale du côté des Pyrénées méditerranéennes habitué aux « congs » s’essayant au teatime. Pour mieux rendre l’accent britannique, l’auteur fournit d’ailleurs sa version : Iouse, pleaze. Si Franc avoue « faire partie des estropieurs de langue anglaise », plus embêtant, dans un récit édité par une maison d’édition réputée, des erreurs de transcription de termes anglais ne sont pas corrigées : stripe[d] suit, estate [agent] employee, Financial Time[s], et nursery rimes [rhymes]. Ce qui pour un cinéphile et cinéaste est moins excusable : The Remains of the Days au lieu de Day et Jocker au lieu de Joker, ou encore le groupe Papa’s and Mama’s – il s’agit de (The) Mamas and (the) Papas, même si orthographié The Mama’s and the Papa’s sur leur premier album, l’ordre n’a jamais été inversé. Westminster College n’est pas une école privée huppée pour filles, l’équivalent féminin d’Eton (bien connu des cruciverbistes français), mais un vénérable établissement pour garçons, qui n’acceptent les filles qu’à partir de 16 ans. L’auteur doit penser à St. Paul’s.

Deuxièmement, le regard qu il porte sur Londres et l’Angleterre d’aujourd hui, est conditionnée par l’empreinte des années soixante : le film Blow Up, les Beatles, David Bailey, David Hemmings et Paul MacCartney ou A nous les petites anglaises. Son récit caricatural vire à la parodie, au pastiche, une version djeun des Grandes Vacances, où Louis de Funès s’initie à la cuisine anglaise. Imaginons un provincial qui débarque dans la capitale de son propre pays avec quarante ans de retard. Ce n’est plus une comédie  mais un conte de fée, un récit fantasque, de la science fiction a l’envers. Ce n’est sans doute pas un hasard si justement le couple fait l’acquisition d’une maison datant de l’après-guerre où tout lui rappelle « l’idée de l’Angleterre que pouvait se faire un « jeune ». Un « yéyé » » qui croit y entendre l’écho de Petula Clark. S’il assiste à un concert de Marianne Faithfull ou redevient funky et Chic avec Nile Rodgers, c’est pour mieux remémorer « ces années-là » quand lycéen il fut marqué à jamais par trois copines, parties à l’aventure, au bout du monde, au concert mythique de l’île de Wight,  revenues prophétesses du peace and love.

En dépit de ce décalage, il y a des morceaux d anthologie, des passages qui sonnent vrai sur les cours d’anglais dispensés par des immigré(e)s de la Baltique ou des Balkans, le milieu BCBG, les employés de la compagnie de gaz venus dépanner la chaudière, la politesse, le stoïcisme et la passivité apparente des anglais face aux contrariétés de la vie notamment la météo. Là où sa passion rejoint celles des britanniques, le jardin par exemple, les pages sont dépourvues de caricature : l’approche de Londres par le train depuis le tunnel sous le Manche, les nouveaux quartiers branchés de Shoreditch et Bermondsey, les quartiers verts de Richmond, Hampstead, Chelsea, Kew, sont croqués avec sympathie. La révélation du jardin de la Duchesse est décrite dans une envolée lyrique particulièrement réussie. Ailleurs, la plume devient plus acerbe pour dénoncer les abus de facturation et la lenteur volontaire des ouvriers responsables des travaux de rénovation de sa maison – même si, là, Franc, le bien-nommé, ne fait que rendre la monnaie de sa pièce à l’anglais, Peter Mayle, qui, d’Une année en Provence passée à restaurer une bicoque, fit un bestseller mondial illustré par des descriptions de ses voisins français aux mœurs étranges. Mais l’auteur décroche quelques flèches en direction de ses compatriotes : le snob parisien, les professeurs de l’Education nationale qui ont privatisé l’ascenseur social pour leurs rejetons.

Les vrais réussites de ce livre ne sont pas les passages sur l’étrange Albion. Le lecteur qui pense lire un guide touristique, glaner des adresses, se trompe et l auteur ne s’en cache pas, il suffit de bien prêter attention a la déclaration d’intention qui ouvre le récit : « Passé le pont, les fantômes vinrent a sa rencontre. » Et là j’adresse des reproches aux rédacteurs de billets qui ont encensé ce livre comme un ouvrage drôle et sympathique, débordant de bons mots sur les anglais. Les pages les plus sincères sont remplies de fantômes, des pages où transparaissent la nostalgie d’une adolescence méditerranéenne, de la province d’avant et le regret d’une France éprise de modernisme qui vendit son âme en achetant les complexes touristiques de bord de mer : engloutis les marais, les pêcheurs, les plages sauvages sous des vagues de macadam et de béton, perdue l’innocence d’antan. Rien de bien nouveau mais joliment rendu.

Pour ceux qui cherchent des lectures sur Londres en francais : Bethmont, Rene, Histoire de Londres. Aux sources d’une identité contradictoire, Tallendier, 2011. Clout, Hugo, Histoire de Londres, Que sais-je, 1999. London, Jack, Le peuple de l’abîme, 1903. Metzger, Rainer, Londres, les Sixties 1960-1970, Hazan, 2012, 400p. Ill. Morand, Paul, Londres suivi de Le nouveau Londres, Folio, 1990 (1962), 506p. Oudin, Bernard, Histoires de Londres, Perrin, 2003, 382p. Papin, D., Appert, M., Bailoni, M. Atlas de Londres, Autrement, 2012, 96p. Tames, Richard, Londres, Voyages dans l’histoire, National Geographic, 2012, 324p. Ill.

Ecosse, Irlande, pays de Galles : vers un royaume « dés-uni » ?

Publication d’un dossier sur L’Ecosse, l’Irlande, et le pays de Galles : vers un royaume « dés-uni » « ? avec des articles de collègues des universités de Bordeaux, Valenciennes, et l’ENA-IRIS,  membres du CRECIB (voir liens) dans

Diplomatie No. 57 Géopolitique du sport.
Compétitions, argent et diplomatie. Afghanistan/Pakistan : l’échec de l’administration Obama. Ecosse, Irlande, pays de Galles : vers un royaume « dés-uni » ? Colombie, Cuba, Pérou : l’épilogue de guérillas sud’américaines ?

 

Pour aller plus loin:

FINDING (Susan), JONES (Moya),CAUVET (Philippe)

‘Unfinished business’ – Governance and the Four Nations: Devolution in the UK

Presses universitaires de Bordeaux, 2011, 210 p.

 

 

Marie-Claire Considère-Charon, Irlande: une singulière intégration européenne, Economica, 2002

et Edwige Camp-Piétrain, La dévolution, Ecosse, pays de Galles, Atlande, 2006.

Union Jacks

Those who watched the Closing Ceremony of the London Olympics 2012 will have seen the Union Jack produced by Damien Hirst that was installed in the centre of the stadium. The crosses were used as ramps to the centre stage.

It is interesting to discover that the idea is not new, indeed for the 1911 Coronation Celebrations, a human flag was organised in Bristol, as a postcard posted by Paul Townsend on Flickr shows.

1805 Union Flag Flown at the Battle of Trafalgar

The history of the present Union Jack dates back to the 1801 Act of Union, incorporating Ireland, giving the full name United Kingdom of Great Britain & Ireland to the country.

A 1805 Union Jack which flew from the mast of HMS Spartiate during the Battle of Trafalgar recently made news when sold at auction in 2009.

Sex Pistols This torn and tattered relic is not dissimilar to the distressed reproduction the Sex Pistols used in 1976, at the time of the Silver Jubilee celebrations, showing a torn copy of the flag, adorned with the hallmark safety pins of the punk movement.

For more about this topic see a recent article in The Guardian, « Why the union flag is flying again » by Owen Hatherley, written at the time of the Queen’s Diamond Jubilee celebrations.

La Reine, la Couronne d’Angleterre, le(s) territoire(s) britannique(s)

Sans vouloir faire dans le matraquage médiatique autour du Jubilé (voir les billets postés précédemment De beaux jours pour la monarchie et Jubilé à Londres), je profite de l’occasion pour partager cette explication de droit de la mer et le statut des dépendances insulaires de la Couronne d’Angleterre (toutes les dépendances sont insulaires de nos jours, sauf le Territoire antarctique britannique – une leçon de géopolitique des possessions britanniques s’imposerait) mise en ligne par un collègue de l’Université de Poitiers, Jean-Paul Pancracio. Les subtilités du droit anglais et le statut du souverain y sont exposés de façon très claire. Les liens entre l’histoire britannique et son passé maritime sont légion et méritent qu’on s’y attarde plus longuement[1].

Jubilé. Les dépendances insulaires de la Couronne d’Angleterre

A l’occasion du jubilé de diamant de Sa  Majesté la reine Elisabeth II d’Angleterre

Les dépendances insulaires de la Couronne d’Angleterre

Pour bien comprendre cette affaire pleine de subtilités juridiques, il faut commencer par se dire que le Royaume-Uni est une chose et que la Couronne en est une autre. L’Etat et la Couronne sont donc deux personnes juridiques, en l’occurrence des personnes morales, distinctes ; et la reine est une troisième personne qui fait lien entre les deux premières.

La dissociation Royaume-Uni/Couronne/Personne royale

(…)

lire la suite sur le blog  Droit de la mer et des littoraux de Jean-Paul Pancracio.

 


[1] Voir par exemple Susan Finding, « Staging the memory of cities : the museography of British seaports » dans S. Finding, L. Barrow et F. Poirier, Keeping the Lid On : Urban Eruptions and Social Control since the 19th century, Newcastle, Cambridge Scholars, 2010, 93-114.

 

De beaux jours pour la monarchie

Sous un ciel gris plus que menaçant, le public massé le long de la Tamise lors du défilé fluvial du dimanche 3 juin pendant les fêtes consacrées aux soixante ans de règne de la reine Elizabeth.

Photo prise près du pont de Blackfriars à Londres au passage de la barge royale.

A titre de comparaison, la vue aérienne de la même scène, publié par le quotidien The Mirror le 4 juin 2012.

Les réjouissances pour le Jubilé de la Reine furent l’occasion non seulement de fêter la souveraine mais ont également donné lieu à une célébration autour d’individus connus et moins connus, auteurs d’exploits ou simples membres du public actifs dans différents types d’association et d’activité. Etre reconnu(e) par la Reine, par une médaille, un titre, une invitation à pique-niquer sur son gazon dans l’enceinte du palais de Buckingham ou à participer au défilé fluvial aux accents historiques et contemporains. L’une des références les plus répondues fut celle de la toile montrant la flotille et barge du maire de Londres peint en 1746 par Canaletto.

La barque Gloriana, cadeau royal d’une valeur de £1m du Lord Stirling, – cela ne s’invente pas – (président de la compagnie maritime P&O, annobli sur suggestion de Mme. Thatcher en 1990) a été construit en 2012 sur le modèle des barques d’il y a deux cent ans.

Le sentiment de fierté, les expressions de dévouement envers la reine du devoir, la bonhomie, les versions spontanées et a capella de l’hymne national à l’honneur du souverain, entendus tout au long de ces quatre jours, ont souligné la popularité de l’institution. La monarchie parlementaire comme forme de gouvernement démocratique est toujours d’actualité. La longue histoire de la monarchie britannique – longue parce que souvent rapiécée – et les traditions inventées récentes et moins récentes (r)assurent.

La présence du drapeau britannique, symbolisant l’union des Royaumes d’Angleterre et d’Ecosse, la principauté du pays de Galles et l’Irlande du Nord, sur les mâts, dans les rues, sur les bâtiments, sur les vêtements et le visage, témoignent d’un regain d’identification avec une identité commune. Certains se sont réjouis que le drapeau avait été ainsi repris à l’extrême-droite raciste qui en avait fait son emblème.

Les républicains eurent droit à leur propre manifestation anti-monarchiste près du siège de la municipalité de Londres lors du défilé fluvial, mais à 1,200 contre 1,200,000 à Londres et 6 millions de personnes participant aux festivités – feux de joie, déjeuners populaires – à travers le pays d’après le quotidien The Guardian, la monarchie a de beaux jours devant elle.