Politiques éducatives et projets de société

Nous sommes fières d’annoncer la parution du numéro 29 des Cahiers du MIMMOC, auquel nous avons participé.

Politiques éducatives et projets de société : mots d’ordre officiels et expériences alternatives (Europe, Amériques, Afrique et Asie ─ XXe-XXIe siècles)

La petite enfance au Royaume-Uni : commission d’enquête 2023

Au moment où on s’inquiète de la fermeture des services pour la petite enfance, et la veille de l’interrogation du ministre par la  commission parlementaire chargé d’une enquête sur le sujet, mardi 9 mai 2023, un retour sur l’ouvrage La politique de la petite enfance au Royaume-Uni (1997-2010), Paris, Houdiard, 2018 s’impose.

Ci-dessous des liens vers – une intervention au Café-lecture de la MSHS de Poitiers en janvier 2019 où je présentais mon livre,

https://videotheque.univ-poitiers.fr/chaine/cafelecture/rubrique/la46dv3rhz/video/fn5v2smrx5tq8qb44bsr/

et des compte-rendus parus dans des revues françaises :

Caignet, A. Compte rendu de l’ouvrage La politique de la petite enfance au Royaume-Uni (1997-2010) : Une nouvelle frontière » de l’Etat-providence britannique? de Susan FindingRevue Française de Civilisation Britannique [Online], XXIV-3 | 2019, DOI: https://doi.org/10.4000/rfcb.4190;

Join-Lambert, H. (2021). Susan Finding, La politique de la petite enfance au Royaume Uni (1997-2010). « Une nouvelle frontière » de l’Etat-providence britannique: Paris, Michel Houdiard éditeur, 2018, 223 pages. Travail, genre et sociétés, 45, 170-173. https://doi.org/10.3917/tgs.045.0170 .

L’économie britannique et le Brexit

Vient de paraître:

L’économie britannique et le Brexit, sous la direction de Susan Finding, Revue L’Observatoire de la société britannique n°24, Septembre 2019, 190 pages

Résumé

À l’aune d’une nouvelle ère de relations internationales pour le Royaume-Uni, une ère de reconfigurations politiques, sociales et économiques, sont réunis dans ce numéro des articles qui analysent l’impact sur l’économie britannique de la sortie du pays de l’Union européenne, le « Brexit ». Le présent numéro fait le point sur les débats autour de certaines questions économiques soulevées par la décision et le processus du Brexit. Les articles dans ce numéro se classent dans trois catégories principales : le Royaume-Uni dans son ensemble ; le devenir de l’économie des régions à gouvernance autonome (Écosse et Irlande du nord) ; et le secteur des finances. Les contributions font ressortir des questions fondamentales sur le plan politique et économique : la philosophie politique qui sous-tend la société britannique, la place des services et le poids de la finance dans l’économie britannique, les relations internes au Royaume entre les régions, et les relations extérieures en dehors de l’UE, en particulier avec les États-Unis.

Les contributions publiées sont le fruit d’une journée d’étude tenue à Poitiers en novembre 2018: programme Brexit

Sommaire

Gabriel Siles-Brügge, Préface / Le Brexit : incertitudes et contradictions

Susan Finding (Poitiers, MIMMOC), Introduction  / Brexit, souveraineté nationale et mondialisation

Céline Lageot (Poitiers, CECOJI), Le processus constitutionnel de sortie de l’UE du Royaume-Uni               

Emma Bell (Savoie, TRIANGLE), Brexit : Towards a neoliberal real utopia?                                                

Louise Dalingwater, (Paris3, CERVEPAS), NHS staffing shortages and the Brexit effect

Gilles Leydier (Toulon, BABEL), ‘Don’t panic but do worry’ : L’Écosse et les enjeux économiques du Brexit

Philippe Cauvet (Poitiers, MIMMOC), ‘It’s not just the economy, stupid !’ Brexit, the Good Friday Agreement and the Irish border conundrum

Nicolas Sowels (Paris1, CREC), Brexit and Financial Services : the Major Sticking Points                  

Martine Azuelos (Paris3, CERVEPAS), The London-New York Nexus in the Shadow of Brexit

Christian Aubin, Ibrahima Diouf (Poitiers, CRIEF), Les conséquences monétaires du Brexit                                                      

 

Le ‘Festival of Britain 1951’ : une certaine idée du Royaume-Uni

Le numéro 20 des Cahiers du MIMMOC est paru.

20 | 2019  Le ‘Festival of Britain 1951’ : une certaine idée du Royaume-Uni

The Festival of Britain 1951: the cultural politics of display
Sous la direction de Susan FINDING

La journée d’études, Londres et le « Festival of Britain » 1951, organisée par Moya Jones et Philippe Chassaigne, de l’Université de Bordeaux-Montaige, avec le soutien de l’EA 2958, CEMMC, et la participation de spécialistes français des études culturelles et politiques du Royaume-Uni, s’est tenue le jeudi 8 novembre 2018. Les articles qui composent ce numéro des Cahiers du MIMMOC reprennent les communications qui y ont été présentées.

Dans les analyses qui composent ce numéro, on retracera le contexte historique et politique, les retombées culturelles (architecture, cinéma et musique), et l’image que renvoient les manifestations et produits associées au Festival (publicités, festivités à Londres et dans les provinces).

Le narratif, le roman national, qui s’en dégage reflète la vision orientée du passé et de l’avenir du pays façonnée par les élites dirigeantes politiques et culturelles en cette période charnière qui clôt les années d’austérité et de guerre et ouvre une période de prospérité.

La politique de la petite enfance au Royaume-Uni

Vient de paraître, chez Michel Houdiard Editeur, Paris,

Susan Finding, La politique de la petite enfance au Royaume-Uni (1997-2010) : « Une nouvelle frontière » de l’Etat-providence britannique?, 224p. ISBN 978-2-35692-167-3 

 

Preserving the Sixties. Cultural politics and political culture in the Sixties

Review of Preserving the Sixties. Britain and the ‘Decade of Protest’, Edited by Trevor Harris and Monia O’Brien Castro, Basingstoke : Palgrave Macmillan , 2014. 197 pp. (xvi p.). ISBN 978-1-137-37409-.

Do the Sixties need to be preserved? Surely, the cultural legacy of that decade speaks for itself and the current revival of Sixties style in fashion and interior design, not the mention the perennial impact of pop culture and music on the cultural scene fifty years on, are evidence enough that preservation is assured.

This collection of essays examines the political culture and the politics of culture in Britain during that iconic period. Eleven contributions by British and French academics are arranged into two general sections under the heading of politics and culture, a choice which may seem somewhat artificial, given the interchangeable nature of the two headings. Following three introductory pieces  – the thought-provoking Foreword by Dominic Sandbrook, the Introduction by the editors, and a historiographical overview by Mark Donnelly, the chapters progress broadly from political science and historical  to the cultural studies approach, but all contributions inevitably deal with both, the Sixties being defined by their cultural imprint. The themes and specific topics covered range through political organization and legislation (Industrial relations, abortion), political groups and culture (radical left, Northern Irish civil rights) cultural expression of political protest (satire, music, fiction). Inevitably notions of counter-culture, liberation, youth, modernity are evoked and definitions proposed.

A definition of the ‘Swinging Sixties’ is first suggested by the first three pieces (Sandford, O’Brien Castro & Harris, Morris). The idea that the hip counter-culture was a mass phenomenon is countered, only relatively few experienced the inner sanctum of the ‘chic’, ‘in’, ‘with it’ circles. Yet not only dress and music, but also education, technology and consumer goods underwent massive transformation in this period and there was undeniably a liberalization of mores and a democratization of access to culture.

The circumstances and consequences of the 1967 abortion law (Pomiès-Maréchal and Leggett), industrial relations legislation (Chommeloux), the situation in Northern Ireland that lead to Bloody Sunday (Pelletier), are examined with reference not just to the political and social setup, but also to cultural and social representations at the time and subsequently. For example, the complicated links between the Radical Left (Communists, International Marxists, International Socialists, Socialist Workers Party) and popular cultural icons John Lennon and Mick Jagger (Tranmer) reveal that simplistic categorization does justice neither to the singers nor the left-wing political groups.

The final section provides a close reading of several iconic cultural artefacts, the Beatles’ White Album (Winsworth), the Kinks’ songs (Costambeys-Kempczynski), the Monty Python television show and the weekly satire TW3 (That Was The Week That Was) (Roof), or again emblematic poetry and novels (Vernon) or the work of playwright Brian Friel (Pelletier).

The multiple contradictions of the Sixties are highlighted. Several pieces underline the underlying tensions between consumerism and the critique of consumer society via music and television (Winsworth, Roof), or the opposition between individual freedom and state or collective action (Vernon), indeed the oxymoron ‘collective laissez-faire’  is used to describe industrial relations at the time (Chommeloux), or again the generational confrontation between the hedonistic culture of babyboomers with its accompanying ideals of enduring halcyon and their parents’ war-weary, unselfish and upright posture of dignity and fortitude at all costs (Donnelly, Winsworth, p.160, Morris, p.33). The book confirms the antagonisms between conservative traditionalists in the Labour party supported by its traditional and traditionalist working-class electorate (Pomiès-Maréchal and Leggett, Tranmer), shunning popular culture and long-haired idols, and the liberal permissive intelligentsia whose idea of what constituted ‘civilized’ behaviour (p68-69) was to lead to social reforms that the former disapproved of (such as the decriminalization of homosexuality and abortion).

Similarly the Sixties were an era of unbound optimism and unlimited growth and the wholesale rejection of the past, when ‘modern’ became a by-word for a tabula rasa in architecture and town planning, bulldozing historic landmarks, when a ‘major reordering of space’ (Morris) aimed at rationalizing haphazard higgledy-piggledy development in towns and homes and the railways (the Beecham Axe) – concrete jungle versus rural idyll, before the setting in of an awareness that the aesthetic and functional arrangements of previous eras had some value, reinstating nostalgia for the steam train, the trunk line, the village green (Costambeys-Kempczynski).

The essays also attempt to place markers at defining moments which flag the beginning and end of this era, and to replace the decade during which visible social change was manifest, in a longer time-scale. The decade or so of The Sixties is defined in terms of the economy and industrial relations as a period of transition between post-war orthodox interventionism under the portmanteau term of Butskellism and post-modern neo-liberal Blatcherism (Chommeloux). In cultural terms, the modernism of the Sixties pop music and mid-century modern architecture for example, gave way to punk and neo-eclectic post-modern architecture.  The Sixties were accused of being the cause of all subsequent evils: capitalism and consumerism, welfare dependency, technology and multinationals, and yet, as Donnelly points out, they were also a period of collective protest, state surveillance, of a revolution in the mind (Hardt & Negri, Empire, 2000).

The bibliography at the end of each chapter give indications for further reading, whilst the index provides a useful, though incomplete, number of entries into the text. The Fab Four are all indexed but not Roy Jenkins, Edward Heath but not Bernadette Devlin, Bloody Sunday, NICRA (Northern Ireland Civil Rights Association), the CRA or the CDU (Campaign for a Democratic Ulster). The index does reveal however, by way of the number of entries under these headings, two polysemic and frequently used terms from the period, typical of the discourse and preoccupations of the period: class and revolution. Perhaps these notions could have been examined in a specific chapter each, especially as the subtitle of the book is Britain and the ‘Decade of Protest’.

This collection is an excellent survey of a number of phenomenon whose roots stretch back not only to the 1950s but to pre-Second World War Britain, a picture not only of the Sixties, but of Britain in the mid-twentieth century, following the hiatus and upheavals of the war. To determine whether they are to be considered as the end of a forty-year period (1930-1970) or a prelude to the next forty years (1960-1997) would need a wider lense.

Anti-Social Behaviour in Britain

Book review published in the International Review of Social History / Volume 60 / Issue 02 / August 2015, pp 290-293. Copyright © Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis 2015.

DOI: http://dx.doi.org/10.1017/S0020859015000231 (About DOI), Published online: 22 July 2015

Anti-Social Behaviour in Britain. Victorian and Contemporary Perspectives. Ed. by Sarah Pickard. Palgrave Macmillan, Basingstoke 2014. xx, 375 pp. £75.00.

This collection of essays consists of twenty-five scholarly contributions by thirty academics in British Studies, Cultural Studies, Sociology and Criminology, and Urban Studies. Recent legislation in Britain on the question of anti-social behaviour (Anti-social Behaviour, Crime and Policing Act 2014, Anti-social Behaviour Act 2003) is put into perspective by case studies. The contents are arranged into three thematic sections covering issues coming under the general headings of urban and public space, vulnerability and marginalization, recreation and leisure.

It is something of a challenge to compare the late twentieth century and early twenty-first century Britain with the late Victorian period, yet this comparative approach brings insights and depth of understanding to what has been labelled as anti-social behaviour, though this term is not as recent as might be thought: the first occurrence being attributed to Gladstone in 1887 (T. Harris, p.21). The conclusions may serve as lessons for policy-makers today.

The comparisons highlight the difficulty of defining the term anti-social behaviour, as any definition carries a class-basis and normative standards are regularly imposed by moral crusaders. They place the discussion in the framework of the Foucauldian paradigm of the taming of the masses by institutional violence and Ellias’ theory of the civilizing process which, together, bring into play the notion of social constraints and codes of behaviour. Also at play are the Bourdieusian notion of a cultural elite (aristocracy) or a hierarchy of aesthetics. As Andrew Millie puts it: “There are clearly issues of power in who defines what is acceptable.” (p.105). Ultimately, it is the notion of power which permeates each contribution. […]

La chanson populaire au Royaume-Uni pendant la Grande Guerre

Nous reproduisons ici les trois premiers paragraphes du compte-rendu de livre de John Mullen, La chanson populaire en Grande-Bretagne pendant la Grande Guerre 1914-1918 “The show must go on!”, Paris: L’Harmattan, 2012. Broché. 290 pages. ISBN 978-2296996663. 29€, publié dans la Revue française de civilisation britannique/French Journal of British Studies, XX-1 | 2015 : Revisiting the Great War.

The Music Hall and Theatre History Website

Les figures populaires des chanteurs édouardiens Harry Lauder, Vesta Tilley, Marie Lloyd et Harry Champion, les chansons telles que « A bicycle built for two » , « I do like to be beside the seaside », « If you were the only girl in the world » ou encore « Pack up your troubles in your old kit-bag », seront familiers aux britanniques nés avant les années 1960. Si le dernier est immédiatement identifiable au sort des soldats, les autres font néanmoins partie du corpus de chansons populaires répertoriées et analysées dans ce livre. Le genre du music hall des années 1880 à 1920 a même été ressuscité par la télévision, avec l’émission The Good Old Days, en direct d’un théâtre de variétés de Leeds, dont la longévité (trente ans entre 1953 et 1983) atteste à nouveau la popularité du genre, et produit un effet de mise en abyme de et par des moyens de divertissement populaire.

La monographie La chanson populaire en Grande-Bretagne pendant la Grande Guerre 1914-1918 “The show must go on!”,  publié chez l’Harmattan, est composé de huit chapitres assortis de vignettes sur les artistes les plus en vue, la liste du millier de titres de son corpus et d’une chronologie. On regrette cependant le manque de bibliographie et d’index dans la version française, d’autant plus que l’ouvrage est le premier livre qui traite de la question en français ou en anglais, gage de son originalité. [La revue ci-dessous traite de la version française. La version anglaise vient de paraître : The Show Must Go On! Popular Song in Britain during the First World War, Ashgate, August 2015, 262 pages, Paperback, ISBN: 978-1-4724-4159-1.]

.           The Show Must Go On! Popular Song in Britain During the First World War

Le phénomène culturel de la chanson populaire est surtout présent dans les théâtres de variété, music halls, où des spectacles professionnels et amateurs de divers genres sont produits : revues, comédies musicales, minstrelsy, concerts, et pantomime. L’ouvrage est à la fois un traité sur l’industrie des loisirs, un examen d’un phénomène culturel complexe, et une analyse de l’interaction entre cette forme de culture populaire et l’effort de guerre. L’auteur retrace l’importance de l’économie du spectacle vivant (quelque pence pour une entrée), les milliers d’emplois de l’industrie du spectacle – artistes comiques et musiciens, régisseurs, éditeurs de partitions –, les genres artistiques (divertissement populaires, spectacles, musique, chansons), l’analyse des thèmes traités dans les chansons (nostalgie, amour, femmes, vie quotidienne, militaires) et une typologie dynamique du public concerné – spectateurs, acheteurs des partitions et, plus rarement, auditeurs des disques (mais le gramophone était encore réservé à une élite) – sert à dresser un bilan de l’apport de ce moyen d’expression à la cohésion sociale pendant cette période, où le souci de ‘solidarité nationale’ fut particulièrement sensible, et la contribution de la musique populaire au soutien à l’effort de guerre.

Pour lire plus….

L’immobilier à Londres et au Royaume-Uni

Compte-rendu de l’ouvrage La crise du logement en Angleterre : Quatre décennies de politiques du logement et de la ville, 1977-2013, par David Fée, Paris, Houdiard, 2013, 224p. ISBN 978-2-35692-094-2. 20€.

En 2013, le gouvernement de coalition mené par David Cameron a cherché à réduire les dépenses publiques allouées aux allocations logement en révisant les conditions d’attribution. S’en prenant de manière indirecte aux bénéficiaires, une règle fut imposée qui plafonne le nombre de pièces par et pour lequel l’allocation est calculée. Les allocataires dont le logement était jugé plus grand que nécessaire se virent réduire leur allocation ce qui menaçait de les obliger à se reloger, alors que beaucoup de ceux qui étaient touchés par la réforme étaient soit des personnes âgées, occupant un logement qu’ils avaient obtenus lorsqu’ils avaient des enfants à charge, soit des personnes dont la santé exigeait de l’espace pour ranger un équipement médical. L’opposition travailliste dénonça l’injustice de ce qui fut appelé ‘bedroom tax’. Malgré des aménagements qui prirent en compte des cas particuliers, on estime qu’un tiers des foyers recevant l’aide au logement verrait ainsi leur allocation réduite (BBC News, 30 July 2013, <http://www.bbc.co.uk/news/business-21321113>).

À l’heure où la crise du logement et du marché immobilier, commencée en 2008, qui a frappé non seulement le Royaume-Uni mais l’Europe de l’ouest toute entière, semble terminée, la lecture de l’étude du David Fée, Professeur d’études anglophones à Université Sorbonne Nouvelle, La crise du logement en Angleterre : Quatre décennies de politiques du logement et de la ville, 1977-2013, explique les politiques publiques adoptées au Royaume-Uni, la cherté du marché anglais de l’immobilier, les bulles immobilières. Les choix et la philosophie politique qui les motive sont analysés pour mieux saisir le contexte économique, l’organisation spatiale du territoire britannique, le rapport entre ville et campagne, et les évolutions démographiques et sociétales.

L’ouvrage permet de mettre en lumière, sous une perspective historique, l’évolution du modèle d’état-providence anglais, dont le logement fut jadis un des cinq piliers du Welfare britannique, destinés à remédier aux maux identifiés par le rapport Beveridge (1942), document fondateur : le besoin, l’ignorance, la maladie, les taudis et l’oisiveté. La construction de logements décents pour le peuple à l’issu de la deuxième guerre mondiale répondait à la fois à une nécessité criante devant la destruction massive causée par les bombardements de plusieurs villes britanniques (les ports, dont Londres, et les villes industrielles des Midlands) et un souci de justice sociale et de monde meilleur qui effacerait les années sombres de la guerre et de la dépression la précédant.

Le gouvernement travailliste d’Atlee utilisa les outils de planning centralisé qui avait prévalu pendant la guerre pour contrôler la construction (interdiction de construction privée, austérité oblige) et impulser aux développements autorisés (villes nouvelles, cités urbaines) une vision utopiste de la verte Angleterre, version 1948. L’auteur rappelle brièvement les origines de cette planification urbaine. On regrette cependant l’absence de références aux politiques de logement de ministres conservateurs tels que Enoch Powell ou Harold Macmillan, dans les années 1950, car la comparaison avec les politiques plus récentes auraient pu être instructive (voir par exemple Denis MacShane, ‘Can David Cameron match Harold Macmillan’s achievement in house-building?’ The Observer, 15 août 2010).

Alors qu’un système national de santé (NHS), un système national d’assurance (National Insurance Scheme), et le système national d’éducation, furent rapidement mis en place, amélioré, étendu et élargi, on ne peut parler de système de logement. Les deux tiers des foyers  en Angleterre sont propriétaires de leur logement. L’autre tiers est logé à proportions égales dans les logements locatifs des secteurs public et privé, ce dernière comprend le secteur associatif. On comprend dès lors la signification de l’évolution du marché immobilier et du secteur financier (prêts hypothéqués, taux d’intérêt) pour les anglais. (L’immobilier et la politique du logement obéissent à d’autres règles en Écosse, au Pays de galles et en Irlande du Nord, qui ne sont pas traités dans cet ouvrage).

À la différence du gouvernement Thatcher, qui avait cru comprendre l’aspiration des anglais à devenir propriétaires de leur logement – ce qui paradoxalement, par plusieurs mécanismes (réduction du parc public, aides à l’accession à la propriété) a contribué à empirer la crise du logement existante – les gouvernements travaillistes à partir de 1997, semblent ne pas avoir pris la mesure de l’étendu du problème, ni de l’importance que le logement revêtait auprès de la population, alors même qu’ils affirmaient vouloir réformer et mieux gérer l’état, et avait axé leurs politiques à leur arrivée au pouvoir sur l’exclusion et la pauvreté. Les mesures récentes prises par le gouvernement de coalition de Cameron en 2012 et 2013 pour aider les primo-accédants à devenir propriétaires (garantie des prêts, taux zéro), ne font que renforcer l’analyse de David Fée. Si crise du logement il y a, une des raisons fondamentales de cette crise est que le logement privé reste au coeur de la politique du logement en Angleterre.

Proposant une histoire de quarante années des politiques du logement et de la ville depuis la fin de la période de croissance d’après-guerre et l’émergence du nouveau paradigme libéral, l’ouvrage analyse, en quatre grandes parties et treize chapitres, complétés par une bibliographe de seize pages et un index, les origines du problème, l’héritage socio-géographique et idéologique, les solutions proposées par des gouvernements successifs dont certaines contribuent elles-mêmes non pas à une amélioration, mais à une dégradation de la situation, et un bilan des politiques mises en oeuvre sous le gouvernement travailliste entre 1997 et 2010. S’agissant d’une étude nationale, on aperçoit la mise en oeuvre par une gestion à la fois locale (le parc public locatif, les plans d’urbanisme et d’occupation du sol) et nationale (les lois de cadrage et les programmes d’intervention).

Une attention particulière est donnée au Sud-Est de l’Angleterre et à la « ville » de Londres. D’une part, de part sa taille et étendu géographique – un quart de la population britannique réside dans ces deux régions, la ville et ses quartiers s’étend sur 1,500 km2, la région métropolitaine sur 8, 500 km2 – mais aussi par son impact national sur le logement. En effet, la crise du logement en Angleterre est en partie due à la pression immobilière dans le Sud Est, les prix élevés créant un effet de ricochet sur tout le pays. Londres est la deuxième ville la plus chère du monde après Monaco pour le prix par mètre carré du logement à l’achat ou à la location, ce qui explique en partie pourquoi le Royaume-Uni en entier vient dans le classement de tête des pays du monde pour le coût du logement avec l’Afrique du Sud, l’Australie, le Canada, la Nouvelle Zélande et la France (Global house prices, Location, location, location, Aug 29th 2013, 16:14, Economist.com consulté le 9 octobre 2013). Si l’on cherche une explication à ce phénomène, cet ouvrage établit les mécanismes et facteurs qui y ont contribué.

L’ouvrage complète des publications déjà parues et co-dirigées par l’auteur dans ce domaine (David Fée, Sylvie Nail (eds.), Vers une renaissance anglaise? Dix ans de politique travailliste de la ville, Paris, PSN, 2008; David Fée et Corinne Nativel, Crises et politiques du logement en France et au Royaume-Uni, Paris, PSH, 2008) et s’adresse à un public large, spécialistes de la Grande Bretagne contemporaine, mais aussi tout urbaniste, démographe, sociologue interpellé par les questions d’aménagement de territoire et de logement, des inégalités et des politiques publiques et mérite une édition anglaise car l’approche diffère bien de celle adoptée dans la littérature sur la question au Royaume-Uni.