L’Ecosse déciderait-elle de l’avenir du Royaume-Uni?

Demain soir les leaders de sept partis politiques participeront à un débat en direct sur la chaîne ITV.

Comme en 2010, aucun parti semble ne pouvoir obtenir une majorité absolue des 650 sièges au parlement de Westminster. Malgré les succès du parti de l’extrême droite UKIP dans des partielles récentes, selon les derniers sondages, les quatre partis qui sortiraient des urnes avec la possibilité de former une coalition seraient les Conservateurs (282), les Travaillistes (279), les Libéraux-démocrates (28) et le parti nationaliste écossais (30) (BBC Newsnight ce soir). Si c’est le cas, même une coalition de deux partis ne suffiront pas à former un gouvernement sûr d’une claire majorité (326 sièges).

Devise du souverain : Honni soit qui mal y pense

L’ironie de la situation est évidente. Il y a six mois, le referendum en Ecosse a rejeté l’indépendance souhaitée par le parti nationaliste SNP. Son leader et le premier ministre de l’exécutif écossais, Alex Salmond, avait alors annoncé son départ. Son successeur Nicola Sturgeon, sera-t-elle, au soir du 7 mai 2015, le leader politique le plus courtisé? Le SNP, ayant perdu son pari d’une Ecosse indépendante, deviendrait-il le parti qui arbitre le gouvernement du Royaume-Uni honni?

Ecosse, Irlande, pays de Galles : vers un royaume « dés-uni » ?

Publication d’un dossier sur L’Ecosse, l’Irlande, et le pays de Galles : vers un royaume « dés-uni » « ? avec des articles de collègues des universités de Bordeaux, Valenciennes, et l’ENA-IRIS,  membres du CRECIB (voir liens) dans

Diplomatie No. 57 Géopolitique du sport.
Compétitions, argent et diplomatie. Afghanistan/Pakistan : l’échec de l’administration Obama. Ecosse, Irlande, pays de Galles : vers un royaume « dés-uni » ? Colombie, Cuba, Pérou : l’épilogue de guérillas sud’américaines ?

 

Pour aller plus loin:

FINDING (Susan), JONES (Moya),CAUVET (Philippe)

‘Unfinished business’ – Governance and the Four Nations: Devolution in the UK

Presses universitaires de Bordeaux, 2011, 210 p.

 

 

Marie-Claire Considère-Charon, Irlande: une singulière intégration européenne, Economica, 2002

et Edwige Camp-Piétrain, La dévolution, Ecosse, pays de Galles, Atlande, 2006.

Saskia Sassen, ancienne étudiante à l’Université de Poitiers

Attribution du Doctorat honoris causa à Mme. Saskia Sassen

par l’Université de Poitiers, le 14 octobre 2010.

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 Éloge prononcé par Mme. le Professeur Susan Finding, Directrice du MIMMOC

Saskia Sassen occupe la chaire Robert S. Lynd de Sociologie à l’Université de Columbia. Lorsque Mme la professeure a accepté l’invitation de prononcer la conférence d’ouverture du colloque Décentralisation, Devolution, Autonomie, (Con)Fédération : La gouvernance territoriale de l’Etat-nation et de revenir à l’Université de Poitiers où elle a naguère étudié (1), nous avons tout de suite pensé que l’Université se devait d’honorer un des siens.

Vous revenez régulièrement en France, pays où vous avez entamé, pour ainsi dire, votre carrière universitaire. La France : pays régalien, nation républicaine, état centralisé qui se décentralise petit à petit, abandonnant difficilement ses prorogatifs mais qui participe activement à cette nouvelle géographie stratégique que vous analysez dans vos travaux. C’est un clin d’œil à l’histoire, à votre parcours et à vos travaux.

Votre parcours d’abord est déjà transnational. Vous avez quitté votre pays de naissance, les Pays-Bas, avez vécu en Argentine, puis en Italie, avez étudié en France à l’Université de Poitiers, aux Etats-Unis aux Universités de Notre Dame (Indiana) et de Chicago où vous avez été ensuite enseignante. Vous êtes actuellement professeure à l’Université de Columbia.

Vos études à Poitiers se sont déroulées au sein du tout nouveau Centre de Recherche et de documentation sur Hegel et Marx, créé en 1969-1970, à l’initiative du Professeur Jacques D’Hondt. Vous avez étudié sous sa direction et obtenu une maîtrise de sciences humaines en 1974. Nous le saluons aujourd’hui bien qu’il n’a pas pu répondre à notre invitation. Après un doctorat à l’Université de Notre Dame, vos premiers travaux portent sur les communautés de migrants et vous conduisent à l’étude des villes d’accueil. La sociologie urbaine est le fil conducteur de vos recherches et sert de toile de fond à vos interventions et aux nombreuses invitations comme chercheuse et comme expert sur des questions qui convergent toutes vers l’étude de la globalisation.La salle de conseil de l'Université de Poitiers

Photo: Salle des conseils de l’Université de Poitiers, cérémonie d’attibution de Doctorat Honoris causa à Saskia Sassen.                  De gauche à droite: J.P. Gesson, Président de l’Université de Poitiers, S. Finding, Directrice du MIMMOC, S. Sassen, O. Bonneau, Vice-président à la Recherche, D. Moncond’huy, Doyen de l’UFR Lettres et Langues.

Vous avez été membre du Groupe de recherches sur la restructuration économique aux États-Unis et au Japon, financé par le United Nations Centre on Regional Development et le MIT (1988-1990); des groupes de travail du Social Science Research Council sur la ville de New York City, financé par la Russell Sage Foundation (1985-1990) et sur les politiques publiques envers la communauté hispanique, finance par la Ford Foundation (1987-1991). Vos travaux comparatistes sur New York et Londres ont été financés par l’Economic Social Research Council du Royaume-Uni et soutenu par le Woodrow Wilson Center, Washington DC (1992-on). Vous avez travaillé sur un projet d’immigration et de sociologie économique financé par la Fondation Russell Sage (1992-1995) et sur un projet de l’Université de Stanford sur les relations entre le Méxique et les Etats-Unis.

Vous faîtes partie des chercheurs impliqués dans le programme scientifique du Groupe de Lisbon de l’Union européenne et de la Fondation Gulbenkian  (Portugal 1993-). Vous dirigez le projet « villes globales et réseaux transfrontaliers » de l’Institute of Advanced Studies, de la United Nations University à Tokyo et le projet quinquennal « Governance and Accountability in a World Economy ». Vous êtes expert auprès du Ministère de la ville du gouvernement français et de l’Agence sur la science et la technologie auprès du Premier Ministre belge. Vous avez été chercheuse invitée au Wissenshaftszentrum Berlin, à l’Institute for Advanced Studies, Vienne, Autriche, et professeure invitée à la London School of Economics.

Votre recherche couvre des domaines aussi variés que les marchés financiers, la numérisation, les ONG, les industries de l’information et l’économie d’entreprise avancée, « l’économie informelle » et les « nouvelles géographies de la marginalité » (2009, 123) et dépasse les frontières géographiques, politiques et disciplinaires, dans une « lecture décloisonnée » du monde d’aujourd’hui (Gilles Bastin, « Saskia Sassen, sociologue globale », Le Monde des Livres, 27 mars 2009).

Vous avez publié huit ouvrages dans des presses universitaires de Cambridge, Columbia et Princeton, ainsi qu’une trentaine d’articles dans des revues internationaux. Vous avez écrit autant de chapitres d’ouvrages scientifiques et dirigé trois ouvrages collectifs dans les dix dernières années. Vos travaux sont traduits en seize langues. Un aperçu de vos travaux par le biais de ceux qui sont traduits en français suffit à donner une idée de l’envergure de votre pensée : Critique de l’État : Territoire, Autorité et Droits de l’époque médiévale à nos jours, chez Démopolis et Le Monde Diplomatique, 2009; La globalisation. Une sociologie chez Gallimard, 2009; La ville globale – New York –  Londres – Tokyo, chez Descartes, 1996.

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Photo: Saskia Sassen signe le Livre d’Or en présence de J.-P. Gesson, Président deb l’Université de Poitiers, O. Bonneau, Vice-Président à la Recherche, D. Moncond’huy, Doyen de l’UFR Lettres et Langues.

Sortir du cadre semble être votre mot d’ordre: sortir du cadre de l’État-nation (objet d’études) et sortir du cadre disciplinaire (méthodologie). Vous étudiez les communautés transnationales, les réseaux internationaux et infranationaux, dont les universités constituent un exemple historique. Penser l’État, la nation, l’économie, les institutions autrement, mais aussi repenser les cadres des disciplines de la géographie, de la sociologie, et des sciences politiques.

La ville est pour vous à la fois l’objet d’étude, le terrain, et l’outil pour mener à bien l’analyse issue de vos hypothèses. La « ville globale », concept dont vous êtes l’auteure, constitue pour vous le « nœud pour les nouveaux alignements politico-économiques » (2007, 129). Permettez-moi de vous dire que vos travaux sont un nœud pour de nouveaux alignements
intellectuels.

Au sein de l’Université, et pour ramener celle-ci à son expression locale, de l’Université de Poitiers, vos travaux font école. Ils servent de cadre théorique et de positionnement épistémologique aux géographes, aux économistes, aux sociologues, aux juristes, et à tous ceux qui utilise les méthodes de ces sciences. Les domaines spécifiques d’études à Poitiers que vos travaux étudient et éclairent sont l’économie des villes, le développement territorial, les migrations internationales, l’intégration économique, les cultures et les sociétés occidentales, le droit international, intellectuel et commercial.

Dans un souci de clarté, vous poussez la pédagogie dans vos livres jusqu’à prévoir des résumés intitulés « conclusion pour lecteur pressé ». Mais un lecteur pressé passera à côté de la richesse de votre pensée, à la fois heuristique et interdisciplinaire. Vous soulignez à chaque étape de votre démonstration « les défis théoriques et empiriques » que posent vos sujets d’étude. En effet, si le sujet de votre réflexion est la globalisation et le local, les études de territoire, votre pensée est à la fois globale et spécifique.

Vous identifiez des zones de tension entre l’État, la nation et le supra / trans / infra / inter-national. Vous identifiez par exemple la concentration de la gestion des entreprises et l’intégration économique, forces centripète, et l’éclatement ou la dispersion de la production, force centrifuge. Certes, ces phénomènes ne sont pas inconnus, mais votre analyse étudie ceux-ce à la fois dans le détail et dans l’ensemble. Vous vous êtes penchée sur le sort des travailleurs migrants, des la féminisation de cette main d’œuvre, sur l’impact de la numérisation, sur les réseaux inter-frontaliers économiques, culturels, sociaux, sur l’extraterritorialité et les politiques de concurrence, et sur la globalisation des standards occidentaux. Ce faisant vous soulevez des questions d’éthique et de philosophie politique. Vous vous intéressez ainsi au déficit démocratique et à l’autorité étatique des sociétés contemporaines (2009, 85), aux sources de l’inégalité structurelle du développement interne de l’État (2009, 81), à la dénationalisation de classes sociales et de l’activité de l’état (2009, 182, 190). Vous identifiez des « microstructures localisées de la société civile globale » (2009, 195) et vos analyses ont contribué à l’émergence d’une sociologie géopolitique et d’une « contre-géographie de la globalisation »
(2009, 320, note 7). 

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Photo: De droite à gauche : Saskia Sassen, Philippe Cauvet, (Poitiers) Pascale Drouet (Poitiers), Philippe Poirier (Coordinateur du Programme de Recherche sur la Gouvernance Européenne, Université du Luxembourg), Philip McCann (The University of Groningen Endowed Chair of Economic Geography,  Special Adviser to Johannes Hahn, European Commissioner for Regional Policy), Susan Finding.

Au final, vous nous obligez à reconsidérer les angles d’étude de nos propres sujets de recherche. Plutôt que résoudre des paradoxes, répondre aux interrogations, prouver les postulats, vous posez les questions, dégagez des pistes de réflexion et évoquez des hypothèses. Comme vous le dîtes vous-même, vous vous efforcez de « dessiner une problématique conceptuelle plutôt que de fournir les réponses ». Fidèle à votre formation première, vous apportez une dimension philosophique à des questions contemporaines hautement techniques. Vous nous faîtes honneur en tant qu’ancienne étudiante de philosophie ici même il y trente ans et vous nous honorez de nouveau par votre présence parmi nous aujourd’hui.  Pour vous citer, on peut dire que vous êtes « partout une étrangère, partout chez vous » et en particulier ici.

(1) Poitiers ou le parcours dialectique de Saskia Sassen, entretien avec Alexandre Duval, L’Actualité Poitou-Charentes, janvier-mars 2011.

Un cocktail détonnant – les résultats de l’élection 2010 – nouvelle donne mais pas sans précédent

Le gouvernement de coalition au Royaume-Uni, formé, avec difficulté, après les élections législatives du 6 mai 2010, a été salué comme un retour à un ultra-conservatisme rehaussé d’une pointe de modernisme, avec la nomination de membres à la droite du parti conservateur assortis d’une demi-douzaine de ministres issus du parti libéral-démocrate.

L’absence prévisible de majorité claire – le scénario d’un ‘parlement suspendu’ fut évoqué plusieurs mois avant que la date de l’élection ne soit connu – et l’absence de règles constitutionnels fixes, ou de pratiques anciennes pouvant servir de modèle, était connues.

Malgré cela, il a fallu quatre jours de tractations prolongées entre les conseillers de chacun des trois partis sortis des urnes avec un nombre de sièges suffisants pour figurer dans les négociations pour se résoudre à refuser l’offre des uns (parti libéral démocrate – parti travailliste) et accepter les conditions des autres (parti conservateur – parti libéral démocrate).

Néanmoins, le 12 mai, lors de la conférence de presse dans les jardins de la résidence officielle du premier ministre au 10, Downing Street, les journalistes, sceptiques, se demandant combien de temps cela pourrait durer (The Economist, 16 mai), ont comparé David Cameron, premier ministre, et Nick Clegg, vice-premier ministre, à un couple de jeunes mariés heureux, se chamaillant dans une évidente bonne humeur, sans doute la conséquence de l’euphorie de la victoire et du succès électoral enfin confirmé.

Un mois après ces événements de mai qui ont tenu les britanniques en haleine pendant une bonne semaine, et alors que la ‘lune de miel’ du nouveau couple semble assombrie par les questions d’argent – l’annonce de coupes sombres dans le budget prévu pour le 22 juin ne va rien arranger – que pouvons-nous en conclure ?

Indubitablement 2010 verra le paysage politique britannique changer autant qu’en 1997. Il y a plusieurs similitudes entre les deux élections de 2010 et de 1997. Elles ont toutes les deux amené au pouvoir une nouvelle génération de politiciens, jeunes (la quarantaine) et sans grande expérience ministérielle. Elles ont également toutes les deux été accueilli par une certaine liesse, liesse engendrée par la lassitude qui s’était installée quant aux précédents occupants des lieux.

Tony Blair est parti au moment où sa popularité pâtissait de l’engagement britannique en Irak et en Afghanistan. Son morne successeur était respecté pour sa gestion des affaires, mais sans charisme. Le jour où, sur le perron de 10, Downing Street, Gordon Brown a déclaré qu’il renonçait à former un gouvernement, il a, pour la première fois en une telle occasion, démontré son côté ‘humain’ et souriant, en tenant ses deux jeunes garçons par la main, comme si le fardeau de l’état venait de tomber de ses épaules, et annonçait qu’il quittait le deuxième poste le plus important de sa vie et qu’il chérissait encore plus le premier, celui de mari et de père.

Les deux élections de 1997 et 2010 se ressemblent également par la mise en œuvre immédiate de réformes profondes et attendues. L’effet d’annonce qu’opèrent les premières réformes indiquent clairement le cap que souhaite garder un nouveau gouvernement. En 1997, ce furent les domaines de l’éducation et de la réforme constitutionnelle qui comprenait l’autonomie des nations galloise et écossaise –devolution– qui ont été actés dès juillet annonçant tout un champ de réformes sociales et politiques. En 2010, ce sera le budget d’austérité qui primera.

Les commentateurs britanniques s’étonnent de l’aisance avec laquelle ce gouvernement de coalition fonctionne. Les comités, les ‘jumelages’ de postes, les visites en duo – Nick Clegg accompagna le ministre des affaires étrangères William Hague en visite officielle en Allemagne –, la présence de documents, et plus important, de politiques libéral-démocrates, sur les bureaux de ministres conservateurs. Les contraintes viendront de la façon dont David Cameron réussit à tenir ses troupes, à convaincre le parti conservateur, les députés plus âgés, les députés plus à droite du parti, à renouveler leurs pratiques, à accepter des compromis.

La donne est en effet nouvelle mais n’est pas sans précédent.

Avant 1997 le gouvernement britannique à Westminster fonctionnait selon le système politique traditionnel, avec des élections uninominales à un tour, produisant un gouvernement et une opposition officielle consacrée et un bipartisme fonctionnel. Depuis 1997, la mise en place des assemblées et d’un gouvernement ‘dévolu’ avec une autonomie relative quant aux affaires non-réservées au parlement de Westminster, avec un système électoral composé d’un mélange de vote uninominal à un tour et de représentation proportionnel ont changé la donne.

Les commentateurs rappelaient que le dernier parlement sans majorité nette remonte à 1974, lorsqu’il a fallu deux élections législatives en un an (février et octobre) pour asseoir le gouvernement travailliste de Harold Wilson. Ils se souvenaient aussi de l’alliance entre les travaillistes et les libéraux de 1978, destinée à maintenir au pouvoir le gouvernement travailliste en perdition de James Callaghan.

Les analystes du paysage politique britannique ont omis de considérer l’impact de cette nouvelle configuration. Nick Clegg a récemment déclaré qu’il fallait s’inspirer du succès des modèles européens de gouvernements de coalition. Venant du plus européen des leaders politiques britanniques, il n’est pas surprenant de le voir faire de telles comparaisons. Mais il en oublie de regarder les pratiques nouvelles à domicile, au sein du Royaume-Uni.

Les gouvernements de coalition ne sont pas étrangers à l’électorat
britannique
.

« 2007 a ouvert une nouvelle phase dans le jeu politique de la gouvernance territoriale à l’échelle britannique. En Écosse, le SNP (Scottish National Party) a remporté un succès historique, mettant un terme à la domination exercé depuis 8 ans par la coalition Lib/Lab, parvenant à former un gouvernement – certes minoritaire – pour la première fois de son existence. Au même moment, le pays de Galles passait d’une situation politique dominée exclusivement par les travaillistes à une coalition entre ces derniers et les nationalistes. En Irlande du Nord, après cinq ans d’interruption, le gouvernement décentralisé a été rétabli et une coalition politique formée de quatre partis s’est mise en place »[1], obligeant des frères ennemis, Ian Paisley (parti unioniste) et Martin McGuinness (Sinn Fein), à travailler ensemble à la tête de l’exécutif.

L’autonomie accordée à l’Écosse, au pays de Galles et à l’Irlande du nord, a donné l’occasion de s’habituer pendant une douzaine d’années à plusieurs composants politiques nouveaux : des scrutins proportionnels (les élections européennes sont une autre occasion, mais restent très marginales et distantes pour les électeurs); un gouvernement sans majorité ; la pratique du pouvoir consensuel, en coalition, parfois multiple, et non dans le schéma classique du bipartisme. Le prochain test électoral des ce nouveau cocktail se tiendra le 5 mai 2011 lors des élections aux législatifs dévolus en Écosse, au pays de Galles et en Irlande du Nord.  En ce sens, les élections législatives britanniques de 2010 sont non pas un retour en arrière, mais un pas de plus dans la reconfiguration du paysage politique au Royaume-Uni.


[1] Philippe Cauvet, Susan Finding, « La territorialisation et la gouvernance des identités minoritaires », Introduction, dans Susan Finding, Moya Jones, Philippe Cauvet, ‘Unfinished Business’. Governance and the four nations : devolution in
the UK.,
Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2010,  p.29.

Le parti libéral au Royaume-Uni hier et aujourd’hui : aux marges ou au centre?

Les Cahiers du MIMMOC, No. 7 Etudes réunies et présentées par Susan Finding et Trevor Harris Publiées en ligne le 01 septembre 2011

 Des membres du parti libéral appartiennent au gouvernement britannique à nouveau depuis mai 2010 après en avoir été écartés depuis quatre-vingt cinq ans. Le parti libéral, majoritaire en 1906, devient minoritaire à partir de 1910. Le gouvernement est néanmoins resté aux mains de libéraux, au moins partiellement, jusqu’en 1924. De même, membre de la coalition gouvernementale en 2010, le parti libéral n’a pas été sans influence sous les gouvernements précédents. L’histoire se répète-t-elle? 

Les articles présentés ici ont été majoritairement présentés à une journée d’études tenue le 18 mars 2011 à la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université de Poitiers, organisée par les groupes de recherche MIMMOC (EA 3812) et GRAAT (EA 2113).  Les communications peuvent être vues en ligne sur UPtv, la chaine internet de l’Université de Poitiers.