Sheffield Digital Humanities Congress 2012

Digital Humanities Congress 2012 University of Sheffield 6th-8th September

Du 6 au 8 septembre 2012, dans le cadre du projet de valorisation du patrimoine autour des Fonds Dubois et Fonds Valière, financé par le Département de la Vienne et 

l’Université de Poitiers, j’ai assisté au 1er congrès des humanités numériques (Digital Humanities) à l’Université de Sheffield au Royaume-Uni, où la Humanities Research Institute est l’un des pionniers dans le développement des moyens informatique comme outil de recherche et de communication dans le champs des sciences sociales et arts. Le congrès fut l’occasion d’annoncer la création d’une revue spécialisée Studies in the Digital Humanities en open-édition (pdf) en ligne à partir de 2013. Le premier numéro sera consacré aux travaux du congrès. Le congrès a réuni plus de 80 communicants et120 délégués venant de l’Europe et des Amériques. Le public était composé de trois catégories de professionnels : bibliothécaires et conservateurs, spécialistes de l’informatique et chercheurs des domaines des humanités.

Les trois ‘keynote speakers‘ représentent en quelque sorte cette répartition: le Professeur Andrew Prescott, Head of Department, Digital Humanities, King’s College London, Professeur Lorna Hughes, University of Wales Chair in Digital Collections, National Library of Wales, et Professeur Philip Ethington, Professeur of History & Political Sciences, University of Southern California, Co-Director USC Center for Transformative Scholarship.

Les 21 ateliers du jeudi après-midi au samedi matin furent l’occasion de confronter des méthodes, découvrir des innovations, voir les applications qu’offrent le numérique pour des sujets aussi variés que la numismatique médiéval, la topographie littéraire, l’image de presse, l’analyse linguistique, le paysage urbain pour ne citer que quelques uns. Les disciplines représentées vont des études anglaises à l’informatique, de l’histoire à la musique, de la géographie à la muséographie. Katherine Mansfield, Nabokov, Shakespeare, des manuscrits médiévaux du British Library, un trésor français de pièces de monnaie du 12e siècle, des paysages grecs et les archives de George Washington furent quelques exemples des travaux où la numérisation et le traitement numérique permettent de nouvelles approches et de nouveaux questionnements.

Les questions posées concernaient la méthodologie scientifique mais aussi les implications de l’accès plus grand que la mise en ligne introduit : comment naviguer dans une collection en ligne sans se perdre, comment trouver ce qu’on cherche, comment partager ce qu’on trouve en tant qu’utilisateur et ce qu’on produit en tant que professionnel du domaine, comment améliorer les interfaces et les outils associés (tags), comment mieux exploiter les données numérisées (logiciels mais aussi méthodologies), comment archiver les bases de données sur le long terme (où, par qui), comment mesurer l’impact des travaux (au delà de la bibliométrie -à usage interne au monde universitaire – les évaluations de la recherche demandent quels sont les retombés extérieurs), quelles innovations sociales sont générés (l’explosion de la généalogie), quels moteurs de recherche privilégier, comment gérer la question des citations de sources.

Ce ne sont que quelques-unes des interrogations posées par les communications auxquelles j’ai pu assister à savoir : Andrea Scharnorst (Royal Netherlands Academy of Arts & Sciences) ‘Visual interfaces to collections’; Mark Stevenson (Sheffield) ‘Navigating Cultural Heritage Collections using Pathways’; Keira Borrill (Sheffield) ‘Participating in Search Design, Understanding Scholarly Practices’; Romain Janvier (Pau) Guillaume Sarah (CNRS) ‘Rich Internet Application for Collaborative Numismatics’; Andrea Kula, Lu Yu (Max Planck Digital Library, Munich) ‘From individual solutions to generic tools: Digitization at the Max Planck Society’; Marico Emilio Dos Santos, Cicero Inacio da Silva (Federal University Juiz de Fora, Brasil) ‘Analysing big cultural data patterns in 4000 covers of Veja Magazine‘; Leigh Garrett, Marie-Thérèse Gramstadt (University for the Creative Arts, Farnham) ‘KAPTUR : Examining the importance & effective management of research data in the visual arts’; Michael John Goodman (Cardiff) ‘Art to Enchant: The Creation of a Digital Archive’; Smiljana Antonijevic et Sally Wyatt (Royal Netherlands Academy of Arts & Sciences), Monica Bulgr et Eric Meyer (Oxford Internet Institute) ‘Digital Humanities in Practice’; Erin Snyder (Oxford) ‘An Institutional Framework for Digital Humanities: An Alternative to the DH Centre’; Anouk Lang (Strathclyde) (Mapping Miss Mansfield: Using digital tooks to explore the role of place in the work of Katherine Mansfield and Witi Ihimaera’; Patricia Murrieta-Flores, David Cooper, Ian Gregory (Lancaster) ‘Spatial Humanities: Exploring and Analyzing Texts within a GIS environment’; Paul Rayson, Alistair Baron, Andrex Hardie (Lancaster) ‘Which Lancaster do you mean? Disambiguation challenges in extracting place names for Spatial Humanities’; Simon Tanner (King’s College London) ‘New Approaches to Measuring the Impact of the Digital Humanities’, Jonathan Blaney ‘The Citation Problem in the Digital Humanities’; Max Kemman, Martijn Kleppe, Stef Scagliola, Renske Jongbloed (Erasmus University Rotterdam) ‘Mapping the use of digital sources amongst humanities scholars in the Netherlands’; Mel Evans (Birmingham) ‘Multiple Readings from the same page: exploring options for digitized manuscripts’; Tobias Schweizer, Ivan Subotic, Lukas Rosenthaler (Basel) ‘Buidlding Digital Editions on the basis of a Virtual Research Environment’; Jennifer Stertzer (Virginia) ‘Working with the Financial Records of George Washington: Data and Databases’.

L’ambiace du travail sur le campus de Endcliffe Village et The Edge, complexe de salles, de cafétaria, bar et restaurant, a permis à tous les participants de faire connaissance et de partager leurs expériences et leurs interrogations pendant les ateliers et lors des pauses. Le prochain congrès se tiendra en 2014 et s’il tient les promesses du premier sera certainement aussi riche attirant encore plus de collègues qui travaillent dans le secteur des humanités numériques.

Doctoriales de civilisation au Congrès de la SAES à Limoges

 Les doctoriales de civilisation au congrès annuel de la SAES (Société d’anglicistes de l’enseignement supérieur) du 11 au 13 mai 2012 ont ouvert le bal à la Faculté de Lettres et de Sciences Humaines, Université de Limoges. Le vendredi 11 mai 2012, quatre doctorants ont présenté leurs travaux dans la séance qu’on m’avait demandé de présider :

10h00 Myriam Yakoubi (Paris VIII – Vincennes-Saint-Denis – Collège de France)
« La représentation de l’altérité chez Lawrence d’Arabie: Enjeux épistémologiques et politiques de la transparence »
10h30 Gwennaëlle Cariou (Paris VII – Diderot)
« La création des musées afro-américains aux États-Unis ou le passage de l’invisible vers le visible »
11h00 Delphine Schneider (Aix-Marseille)
« Rétablissement de la hiérarchie catholique en Angleterre en 1850: enjeux officiels et officieux »
11h30 Emilie Berthillot (Toulouse II – Le Mirail)
« Le château de Dublin de 1850 à 1922: traître ou agent double? »

Pour mémoire, Delphine Scheider est également intervenue  le samedi 12 mai (matin) dans l’Atelier 8 Ecosse et pays de Galles « Le rétablissement de la hiérarchie écossaise: enjeux officiels et officieux »,   le samedi 12 mai 2012 (matin) dans l’Atelier 18, Civilisation du Commonwealth “Double-Edged Transparency and Easiness: The Case of the Establishment of the Catholic Hierarchy in Australia (1842-1850)” et le dimanche 13 mai (matin) dans l’Atelier 4 : Etudes victoriennes et éduardiennes (SFEVE) « La reine Victoria et le pape Pie IX, une amitié improbable? ».

Emilie Berthillot est également intervenue le vendredi 11 mai (après-midi) dans l’Atelier 8 Ecosse et pays de Galles (SFEEc) « Espionnage et contre-espionnage dans les rébellions jacobites ».

Auguste Dubois rare books collection (Fonds Auguste Dubois)

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La journée d’étude du 27 mars 2012 Fonds Dubois organisée par les laboratoires MIMMOC-CRIHAM et le Service commun de documentation (SCD) de l’Université Poitiers à la MSHS de Poitiers et à la Bibliothèque Universitaire Droit-Lettres, a réuni des universitaires anglicistes (11e section), des historiens (22e section), et un conservateur, une bibliothécaire et un ingénieur d’étude des universités de Poitiers, Paris VIII, Paris-Diderot, Montpellier, Metz, Bordeaux 3 et Yale (Etats-Unis) spécialistes de l’histoire de l’Angleterre et du Royaume-Uni des 17e et 18e siècles.

La présentation du Fonds Dubois par Mme Traineau-Durozoy, Conservateur, responsable du Fonds ancien du Service commun de documentation (SCD)de l’Université de Poitiers,celle de la Bibliothèque virtuelle Premiers socialismes (BVPS) par Mme Nathalie Bremand, bibliothécaire, mis en ligne sur le site du SCD de l’Université, et de la plateforme des ressources numériques de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société (MSHS-CNRS) de Poitiers et de la plateforme Omeka par Eric Planchon, Ingénieur d’études, responsable de ce service, a permis de prendre la mesure à la fois de l’importance du fonds, des moyens existants et des possibilités d’exploitation déjà expérimentées sur place.

L’historique du projet est rappelé par Susan Finding. L’idée d’associer deux projets de valorisation du patrimoine de l’Université de Poitiers a pris forme progressivement. Depuis le dernier plan quadriennal du MIMMOC soumis en 2006, il avait été question d’exploiter le Fonds Valière, recueil de bandes magnétiques, enregistrements anthropologiques de patrimoine oral du Poitou – chansons, coutumes, contes – en lien avec des collègues de la Francophonie acadienne et cajun. L’existence d’ouvrages anglais dans le Fonds Dubois était connue, mais ce n’est que lorsqu’un catalogue spécifique a été produit par le Service Commun de Documentation en avril 2008 que l’importance de la collection est devenue évidente. La valorisation de ce fonds unique semblait avoir une importance non seulement pour l’Université de Poitiers, mais aussi pour la communauté scientifique internationale.

Grâce au travail préliminaire fourni par Steven Pincus, Professeur d’histoire à l’Université de Yale (Etats-Unis) d’une part et par Karim Ghorbal (Paris VIII) qui  d’autre part, il a déjà été établi que certains ouvrages sont uniques et ne paraissent dans aucune collection d’archives existante connue. D’autres sont des premières éditions (ex. Adam Smith). Qui plus est, la mise en parallèle du Fonds Dubois et du Fonds d’Argenson, également déposé dans le Fonds ancien de l’Université de Poitiers, apporte une réelle avancée dans la connaissance des transferts intellectuels, de la circulation des savoirs et des connaissances mutuelles entre le Royaume-Uni, la France et les colonies américaines du 18e siècle. Une biographie d’Auguste Dubois, Professeur de doctrines politiques et économiques à l’Université de Poitiers à partir de 1899 et co-fondateur de la Revue d’histoire économique et sociale,  et un travail sur la composition de sa collection éclaireront l’histoire intellectuelle, l’histoire de l’université, mais aussi l’histoire et l’enseignement de l’économie en France.

Steven Pincus a montré comment les débats sur la place et le rôle du commerce, des banques, de la création des richesses, des colonies, des conséquences de l’unification du Royaume-Uni sur l’économie, dont témoignent les collections du Fonds Dubois et du Fonds d’Argenson, sont d’autant plus importants que les nouveaux paradigmes de ce début du XXIe siècle sont très proches de ceux-ci : la globalisation, les marchés orientaux, la dette publique, les banques et la mise en cause de l’unification britannique sont de nouveaux au centre des préoccupations. Le contenu des deux Fonds sur les débats de l’époque, les choix envisagés et les politiques suivies sont donc non seulement importants pour une meilleure compréhension du 18e siècle, mais aussi riches en enseignements pour la mise en perspective des débats contemporains.

La caution apportée de l’intérêt du Fonds Dubois par les universitaires français et américain présents est de bonne augure et permet d’espérer que le projet est non seulement prometteur au niveau de la communauté scientifique française mais aussi au niveau international.

Itinéraires, Journée d’études, CRHIA, La Rochelle, FE2C, 24 février 2012.

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRNj0ATbSQ_EjQzSV5DVYj3IWO8KEDgvzXUv1ZxlpR6g_hKXiazgwCompte-rendu de la journée d’études « Itinéraires » du 24 février 2012, organisée par Martine Raibaud et Micéala Symington du CRHIA (La Rochelle) avec la participation de la Fédération pour l’Étude des Civilisations contemporaines (FE2C) à la Faculté de Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLLASH) de l’Université de La Rochelle.

Cette journée a eu lieu dans le cadre d’un projet collaboratif entre membres des laboratoires de sciences humaines, de lettres et langues, des Universités de La Rochelle (CRHIA), Poitiers (MIMMOC), Limoges (EHIC, FRED), mais aussi de Tours (ICD) et de Clermont-Ferrand (EHIC), dont l’intitulé générale est « Politiques, cultures, identités dans les civilisations contemporaines » et qui comporte trois axes: Empire-Conflit-Itinéraires, financé par le PRES Limousin-Poitou-Charentes.

Selon les organisatrices, Martine Raibaud, Maître de conférences de langue et civilisation chinoise, et Micéala Symington, Professeur d’études anglophones, il s’agissait « d’explorer la dynamique de la formation et la transformation des identités culturelles, raciales, ethniques, nationales et transnationales. Dans le contexte de la mondialisation, l’analyse des civilisations peut être enrichie par une attention accrue portée à la circulation des textes et des personnes. Plutôt que d’envisager une culture, un texte littéraire, une oeuvre d’art ou une histoire comme une entité statique, il s’agit d’aborder des littératures et des manifestations culturelles en mouvement. La migration des personnes, écrivains, éditeurs traducteurs, artistes etc. permet de lire les transformations et les connexions entre différents pays et différents continents ».

La journée d’étude, riche d’une quinzaine d’interventions, était organisée en cinq ateliers qui abordèrent successivement les thèmes suivants : une introduction théorique suivi par l’évocation des enjeux critiques dans la matinée. L’après-midi fut consacrée aux enjeux littéraires d’itinéraires esthétiques, aux migrations professionnels, et, en fin de journée, un atelier plus spécifiquement à des itinéraires asiatiques, boucla les débats.  

 Laurent Vidal, directeur-adjoint du CRHIA, Professeur d’Histoire contemporaine, et les deux organisatrices, ont accueilli les participants en soulignant la liberté que le thème avait apporté et l’heureux croisement des disciplines visible dans la variété des communications proposées.  

La première session, consacrée à un début de réflexion théorique et épistémologique sur les pistes et approches suscitées par le thème « Itinéraires », fut présidée par Martine Raibaud (CRHIA, La Rochelle). Les trois interventions, proposées par Diego Jarak (Maître de conférences en Littérature hispanophone), Yvan DANIEL (Maître de conférences en Lettres modernes) et Antoine Huerta (Doctorant en Histoire) ont abordé successivement des aspects théoriques et méthodologiques de la thématique.

Diego JARAK évoqua les paradigmes épistémologiques  du cheminement qui, par une révélation du sublime, fait ressortir une théorie parmi d’autres, un choix somme toute esthétique plutôt que cartésienne. Les itinéraires sont donc à la base de toute exploration scientifique.  Yvan DANIEL décrivit l’angoisse de l’inconnu, la fin des aventures, la peur des trajets sans carte, dans les sociétés développés du vingt et-unième siècle, et, à travers les écrits et la vie de Pierre Loti, évoqua son « vertige mondial » et le rêve du chemin vierge.

Cette idée fut confirmée par Antoine Huerta qui proposa le cas de Pierre Deffontaines, http://ecx.images-amazon.com/images/I/41T0MHBCCCL._SL500_AA300_.jpggéographe français, explorateur du continent américain. Celui-ci, « éternel nomade », apparaît comme un apôtre de « la beauté du monde » qui, non content de la décrire et de la comprendre, devait aussi « chanter » ses découvertes    et la virginité du terrain. De nombreux textes de Pierre Deffontaines sont réunis dans le volume Les sentiers d’un géoagronome, Editions Arguments, 1998.

Le deuxième atelier, présidée par Micéala Symington (CRHIA), fut consacré aux enjeux critiques. Jean BESSIERE, Professeur émérite de littérature comparée à l’Université de Paris 3 Sorbonne, ancien président de l’Association internationale de Littérature comparée, auteur de  Le roman contemporain ou la problématicitié du monde, Paris, PUF, 2010, se proposa d’analyser des dynamiques de la littérature monde et les questions traitées par ce genre. Il identifia trois dynamiques en opération : la dynamique pédagogique, historique et celle des jeux de centre-périphérie. Dans la première, la littérature monde est une littérature où les oeuvres littéraires de tous les pays et de tous les temps ont des droits égaux. Dans la deuxième font face, d’une part, un jeu d’influence, d’expansion temporelle et spatiale, bref, une littérature impérialiste, dont la littérature française est un archétype, et d’autre part, une littérature dont l’identité est plus stable et souple, où un jeu de coalescence et d’adjonction est visible, ce qui caractérise la littérature allemande. Dans la troisième dynamique, par un renversement ironique de l’histoire, la littérature globale appartient aux anciens dominés. Dans cette littérature monde sont peu traitées les questions de circulation : de transferts, d’influence et de réception, mais aussi des genres et du statut de la réflexivité, de la constructions du récit et de la lecture même d’une littérature monde qui est différenciée selon le contexte culturel du lecteur.

L’intervention d’Elise CANTIRAN (Doctorante en Littérature comparée de l’Université de Paris 3 Sorbonne) poursuivit cette dernière question en examinant la relation entre l’écrivain et le lecteur dans trois oeuvres de trois auteurs de différentes cultures : Luigi Pirandello (Mondo di Carta), Henry James (The Figure in the Carpet) et de Ryonusuke Akutagawa (L’Illumination créatrice). Ces trois oeuvres évoquent toutes la solitude de l’écrivain, la création littéraire et illustrent comment l’auteur devient sa propre création littéraire.

L’examen des enjeux littéraires des itinéraires continua dans la première séance de l’après-midi présidé par Yvan DANIEL, dans laquelle furent confrontée trois époques et trois genres de littérature française: les traités de civilités médiévaux l’oeuvre romantique de Chateaubriand et l’oeuvre contemporaine de J.M.G. Le Clézio.  Tatiana CLAVIER (ATER à l’Université de La Rochelle et doctorante de l’Université de Saint-Etienne) aborda  la construction des identités de genre à la renaissance et exposa comment l’écrit fut mis à contribution dans le contexte de l’exclusion des femmes du pouvoir à la Renaissance. Les traités de civilité ou de ‘politesse’ servaient à policer les attitudes à des fins normatives pour conforter une exclusion de droit.

Serge LINKES s’appuya sur trois textes de René-François de Chateaubriand, http://www.laprocure.com/cache/couvertures_mini/9782253049296.jpgLes Natchez, René, Atala, ou les amours de deux sauvages dans le désert (1801). Dans ces textes de Chateaubriand, le rêve d’Amérique décrite par De Toqueville, celui de la réussite du colon blanc, est opposé au rêve d’une Amérique d’avant, d’une nature gigantesque et inquiétante. La plume de d’auteur donne une résonance à ses descriptions et devient un icône, à tel point que les peintres du Salon de Paris en 1802 s’en empare, comme en témoigne la couverture de la version brochée moderne. Son oeuvre contribue à la création d’une identité imaginaire de l’Amérindien qui devient une figure du romantisme. 

Autre « passeur de des arts et des cultures », l’écrivain français contemporain, Le Clézio, ou plus précisément, l’exposition qui lui fut consacrée au Louvre, en novembre 2011, Le Louvre invite J. M. G. Le Clézio – Le Musée monde, fut l’objet de l’intervention de Marina SALLES (chercheur associé, Université de La Rochelle), co-directrice http://pur-editions.fr/couvertures/1277109930.jpg de l’ouvrage Le Clézio, passeur des arts et des cultures, avec Thierry Léger et Isabelle Roussel-Gillet, aux Presses Universitaires de Rennes, 2010. « Prenant le contre-pied d’une modernité qui a valorisé en art l’expression individualiste, il [Le Clézio] met en avant les créations anonymes et les formes d’art collectif. » selon Isabelle Roussel-Gillet et Marina Salles dans l’Introduction à cet ouvrage, ‘Fécondité des Confluences’.

Le quatrième atelier, présidé par Susan FINDING (MIMMOC, Université de Poitiers), fut consacré aux articulations entre une identité première et une identité traduite ou transférée. Brigitte Bastiat (enseignante d’anglais à l’Université de La Rochelle), en présence de son co-traducteur, Frank Healy, Maître de conférences, et du metteur en scène, présenta la nouvelle traduction en français d’une pièce de théâtre Mojo Mickybo d’ Owen McCafferty. Á ce propos, voir Virginie Privas-Bréauté, «Mojo Mickybo de Owen McCafferty», Agôn [En ligne], Points de vue & perspectives, mis à jour le : 13/12/2010, consulté le 25/02/2012.  

L’auteur nord-irlandais, dramaturge des classes populaires a été primé au Royaume-Uni. Brigitte Bastiat fit était des paradoxes et des difficultés que pose un texte ancré dans une culture spécifique, dans une époque, qui utilise l’argot très particulier des rues de Belfast. Sa présentation donna un aperçu de la technicité et de l’esthétique d’une telle tâche, et de l’impossible fidélité d’une traduction à l’original. La première de la version française sera donné le 12 mars 2012 à Tours dans le cadre du Congrès annuel de la Société française d’études irlandaises (SOFEIR) par le Théâtre Toujours à l’Horizon de La Rochelle.

Gregory Corps, doctorant à l’Université de La Rochelle, évoqua les transferts culturels d’un autre genre, et, à travers l’histoire d’un franco-brésilien, Auguste Duprat, tenta d’établir une typologie des liens qui relient les migrants à leur terre d’origine, typologie basée sur les supports culturels, les crochets que sont les retours vers le pays d’origine. La vie d’Auguste Duprat illustre la difficulté d’être un ‘entre-deux’ en voulant conserver la culture du pays de ses ancêtres, français au Brésil, brésilien en France, ce fonctionnaire français en France et brésilien au Brésil, est témoin d’identités en mouvement et d’itinéraires de vie cosmopolite.

Au cours du dernier atelier de la journée, présidée par Charles ILLOUZ, Professeur d’anthropologie, Doyen de la Faculté de Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLLASH) de l’Université de La Rochelle, quatre contributions autour d’itinéraires asiatiques confrontèrent des perspectives littéraires, anthropologiques et didactiques. Si Frédéric MANTIENNE et Laurent METZGER (Maître de conférences de malais-indonésien) analysèrent tour à tour l’oeuvre d’un http://pmcdn.priceminister.com/photo/Rong-Jian-Le-Totem-Du-Loup-Livre-893726508_ML.jpgauteur chinois, Jiang Rong, et d’un auteur malais, Pramoedya Ananta Toer.
Les deux auteurs, http://ecx.images-amazon.com/images/I/514SS1FZ88L._SS500_.jpgles deux oeuvres, à différents degrés, sont représentatifs d’itinéraires de résistance contre un pouvoir central et oligarchique, et reflètent différentes facettes de la périphérie, des marges : peuple mongol nomade colonisé dont l’habitat et la culture disparaît sous la pression démographique de la Chine du sud dans le premier, femmes en souffrance, romans composés en prison pour l’autre, qui peut être comparé sous plusieurs aspects à un Solzhenitsyn malais. 

La présentation par Chandra NuraÏni et Philippe Grangé, Maitres de conférences en sciences du langage et civilisation indonésiennes, sur le peuple Bajos, nomades marins, examinèrent la langue et les mythes de ce peuple, nomades des mers, aux huit langues, vivant dans l’archipel malais, dont la terre d’origine reste inconnue, diaspora sans espoir de retour. À partir de l’observation des rites et des mythes de ce peuple, la répartition en deux groupes clairement distincts apparaît : l’une au Nord de l’aire géographique de peuplement, autour des côtes du nord du Bornéo, avec comme mythe fondateur la Princesse de Johor; l’autre au Sud, autour des côtes des iles de Timor et de la Souche, pour qui l’arbre original sert de mythe de la création.

La dernière intervention de cet atelier fut présentée par Shu Changying,  docteur, INALCO. Elle a réalisé une enquête auprès de quarante enseignants de chinois non natifs pour comprendre leur itinéraire, leur choix du chinois.  C’est un travail sociologique inédit. En appliquant les théories de Bourdieu, elle distingue d’une part, le « capital hérité » (influence de la famille), d’autre part, le capital individuel qui se décline en trois paramètres : la recherche de l’altérité (l’envie, le besoin d’un « dépaysement mental et intellectuel (Garigue, 2004), la construction de la personne (le cheminement personnel, un défi et un gai psychologique,  la prise de l’autonomie, de l’espace individuel), et l’orientation disciplinaire. Comme l’ensemble des interventions, celle-ci a suscité un débat parmi l’auditoire sur le choix et la prédétermination.

Au final, un certain nombre de notions centrales et de mots-clés communs peuvent être retenus de ces communications diverses et variées des domaines des études de littérature, des études anglophones, hispanophones, indonésiennes, de l’histoire et de l’anthropologie. Mouvement, migration, errance, déambulation, pérégrination et cheminement sont les termes qui relèvent du déplacement, dont le terme latin, translatio, rappelle le déplacement d’une langue à l’autre des connaissances et de la culture, via, entre autres, la traduction, ou translation en anglais. Si l’itinérant n’a pas de domicile fixe, comme les nomades, qui « n’ont pas d’histoire, seulement une géographie » selon Pierre Deffontaines, géographe, lui-même éternel nomade, l’itinéraire peut au contraire s’établit d’un point fixe, spatial, culturel, chronologique, à un autre. Il constitue un fil d’Ariane, un lien, un tracé, et devient paradoxalement, un ancrage en lui-même, un « itinéraire mémorial », un « itinéraire tragique », comme l’a fait remarquer Yvan Daniel.  Les contributions à cette journée d’études ont éclairé ce concept et ont été à leur tour exposées aux notions, à l’épistémologie et à la méthodologie des disciplines différentes réunies sous la thèmatique d’Itinéraires.

Reporteurs sans peur ?

« Rapporter le conflit : évaluations, re-constructions, mises en scène, témoignages ». Journée d’études organisée par la Fédération pour l’étude des civilisations contemporaines (FE2C), l’EHIC (Limoges), le MIMMOC (Poitiers), le PRES Limousin Poitou-Charentes, à la Faculté des Lettres et des Sciences Humanes (FLSH), Université de Limoges, le 27 janvier 2012.

 La journée, organisée par Said Ouaked, maître de conférences  en civilisation américaine, et ouverte par Bertrand Westphal, professeur de littérature comparée, Limoges, a permis d’explorer les frontières entre le réel et la fiction, entre le documentaire reportage et la représentation littéraire ou filmique d’un conflit.

Les deux premières interventions, que j’ai eu l’honneur de présider, ont été consacrées au cadrage théorique, conceptuel et pratique de la question du récit, du reportage, de la narration des conflits et des guerres. Les intervenants se sont intéressés tour à tour au processus et au produit. http://bks0.books.google.fr/books?id=YFg6lYbAc44C&printsec=frontcover&img=1&zoom=1&edge=curl 

Anne-Marie Gingras, professeure de sciences politiques à l’Université de Laval, Québec, et auteure de La communication politique: Etat des savoirs, enjeux et perspectives, Presses de l’Université du Québec, 2005, a exposé le cadrage du processus de reportage, et revisité l’évolution du conflit en conflit spectacle dans une communication intitulée « Comment concevoir les médias lors des conflits? ». Trois niveaux d’analyse – sens, légitimité, reprise institutionnelle – sont utilisés pour comprendre comment les contraintes et le contexte des médias et des situations de conflit, mouvements sociaux ou conflit armé, interagissent pour construire et médiatiser le conflit. Deux cas d’études fournissent le champ d’application de ces apports théoriques et l’illustration de leur utilité dont le documentaire  The Revolution will not be Televised , d’une équipe de Radio Telifís Éireann, chaîne irlandaise consacrée au coup d’état manqué contre Chavez au Venezuela en 2002.

Marc Lits, professeur de communication à l’Université Catholique de Louvain, Belgique, http://www.decitre.fr/images/genere-miniature.aspx?ndispo=/gi/grande-image-non-disponible.gif&img=/gi/97/9782804155797FS.gif&wmax=155&hmax=239&loupe=true et auteur de l’ouvrage Du récit au récit médiatique, De Boeck, 2008,  s’intéressa à plusieurs aspects dont les conditions de production et de consommation du récit journalistique.  L’imaginaire du conflit et la participation du public spectateur au conflit sont des paramètres qu’il faut prendre en considération lorsqu’on analyse cette production particulière. Sa présentation déboucha sur des considérations sur le contrôle des médias et du récit, sur les relations entre les médias et l’opinion publique, et l’émergence des nouveaux médias que sont les réseaux sociaux.

Les deux interventions suivantes furent consacrées aux questions de stratégie et de défense. Le Lieutenant-Colonel Patrick Simo, de la Délégation à l’information et à la communication du Ministère de la Défense (DiCOD), expliqua la mission de cette délégation, présentant l’état de l’opinion publique envers l’armée française, ainsi que le développement depuis 2004 dans les unités de combat de moyens pour fournir des images de l’intérieur du conflit à la fois au quartier général et aux médias. Son intervention fut également l’occasion de témoignages sur le décalage qui existe entre le vécu sur le terrain et la perception que peuvent en avoir les civils.

http://www.cirpes.net/IMG/gif/CES_36-37_couvsmall.gif

Sami Makki, de l’Institut d’études politiques de Lille, auteur de Militarisation de l’humanitaire, privatisation du militaire, Cahier d’Etudes Stratégiques, 36-37, CIRPES, 2004,  retraça l’histoire des récits de guerre comme des ‘retours d’expérience’, permettant de tirer des enseignements des crises passées. L’évolution de la doctrine de l’engagement des armées américaines et la maîtrise de l’information comme moyen de dominer le champ de bataille à l’avenir ont été explorées.

Le deuxième témoignage pendant cette journée d’études fut apporté par Maurice Le Moine, journaliste au Monde Diplomatique, spécialiste de l’Amérique latine. http://www.amis.monde-diplomatique.fr/local/cache-vignettes/L125xH200/arton2735-f5e53.jpg Son expérience sur le terrain et sa connaissance des enjeux latino-américains ont fourni matière à réflexion et analyse sur l’honnêteté des journalistes – terme qui lui semble plus approprié que l’objectivité-, sur les contraintes qui pèsent sur la profession de journaliste, dont la structure de la profession (vedettariat/pigistes), sur les grandes groupes de presse et l’indépendance des médias, sur la relation entre les choix stratégiques et le débat démocratique.  

Jacques Migozzi, professeur de littérature française, Limoges, auteur de Boulevards du populaire, Presses universitaires de Limoges, 2005, modérateur de la session, s’interrogea sur la fiabilité et la pluralité des sources, sur la médiation du cadrage journalistique, sur les « petits renoncements quotidiens » des journalistes qui s’ajustent aux
normes en situation de dépendance économique et de « dépendance communicationnelle » que lui inspira les remarques de Maurice Le Moine.

http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQFwwanq9qAr6TWmnikGTCXSUw868XBHPMOrQyzgRK-dPjlrvCCewLes deux dernières interventions furent consacrées à deux formes de récit de conflit, la littérature (roman et essais) et le cinéma. Elvire Diaz, professeure d’espagnol, Poitiers, et traducteur, avec Jean-Pierre Almaric, de deux ouvrages de Manuel Azana, Président de la République espagnole, de 1936 à 1939, romancier, poète et essayiste, Le jardin des moines et  La veillée à Benicarló, Presses universitaires de Rennes, 2009,   présenta une analyse détaillée de deux ouvrages de genre différent, deux approches du récit de la guerre, l’une un roman de forme théâtrale, La velada en Benicarlo et l’autre, un essai en forme d’analyse politique et stratégique, Causas de la Guerra de Espana, tous les deux publiés en 1939, et presque contemporains des événements décrits. 

http://cain.ulst.ac.uk/images/cinema/h3poster.jpg

Cécile Bazin (Paris 3) présenta les images du conflit politique nord-irlandais dans le cinéma à travers la représentation des grèves de la faim des années 1980 et le récit filmique de H3, film de Les Blair, dont le scénario fut rédigé par deux anciens détenus, grévistes de la faim, et écrivains Brian Campbell (mort en 2005) et Laurence McKeown. Le traitement dramaturgique de la mise en scène, les choix esthétiques du cinéaste sont autant d’éléments qui permettent la mémoire d’un événement d’exister à travers le récit.  Jacques Migozzi souligna le parti pris des formes narratives, la « poétique des stratégies argumentaires » et la « vertu persuasive d’une mise en scène » que les exemples fournis par les deux dernières intervenantes font ressortir.

Pour clore la journée, une table ronde permit d’évoquer la permanence des interrogations posées au départ par la thématique et  les questions qui n’avaient pas été
abordées, comme celle de la censure.

Enfin, signalons un article du blog AllianceStratégique.org, qui évoque bon nombre des questions soulevées pendant cette journée d’études :  Petites histoires de journalistes, d’otages, de héros et de vautours. 


Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni

Compte-rendu de la journée d’étude « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe » du 4 novembre 2011, Institut du Monde Anglophone, Université de Paris Sorbonne Nouvelle.

 Compte-rendu de la journée d’étude « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe », tenue le vendredi 4 novembre 2011 à la Sorbonne Nouvelle,http://www.univ-paris3.fr/images/photos/0005/img_1224254183962.jpg 5 rue de l’école de médecine, 75006 Paris, organisée par Anémone KOBER-SMITH du Centre de Recherche
en Civilisation Britannique (CREC/CREW EA 4399), Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 et Susan FINDING du MIMMOC (EA3812), Université de Poitiers.

La journée d’étude était structurée en trois sessions qui ont marqué une progression méthodologique allant de considérations théoriques et comparatives  à des études de cas spécifiques.  Les trois sessions ont abordé successivement les thématiques du travail et du genre sous un angle comparatiste international, l’évolution des marchés du travail féminin sous le New Labour, et l’articulation(s) entre travail rémunéré et non-rémunéré, vie professionnelle et vie privée.

Les deux interventions de la première session, qui était consacrée au travail et au genre et présidée par Anémone KOBER-SMITH (Université Paris 13), ont permis à Susan HALFORD (University of Southampton) et Pamela ABBOTT (University of Aberdeen) d’apporter à la fois une perspective internationale et une approche sociologique à la journée.

L’intervention du Professeur HALFORD servit à la fois d’introduction théorique, de réflexion sur des grands axes interprétatifs et d’étude de cas.  Sa recherche concerne la façon dont les organisations (entreprises, lieu du travail) peuvent être ‘genrées’. Elle passa en revue l’écart entre la littérature théorique de la sociologie et de la critique féministe d’une part et les questions de politique publique d’autre part, des préoccupations qui semblent souvent éloignés les unes des autres. Elle avança ensuite que les concepts d’espace et de temps – notamment sous la forme d’innovation technologique – peuvent aider à analyser les évolutions dans les rapports de travail « genrés », au-delà des concepts de classe sociale, de genre, d’âge. Enfin, elle montra la pertinence de ses analyses dans le cadre d’une étude de cas qu’elle a mené auprès des sages-femmes des îles Lofoten en Norvège au moment de l’introduction d’un projet de consultation obstétrique par internet. 

Le cas des familles composées de deux parents travaillant à temps plein a été étudié par le Professeur ABBOTT et sa collègue Claire WALLACE. Il s’agissait de confronter la typologie des régimes de travail et des modèles sociaux en Europe (Esping-Andersen, 1990, 1999) aux pratiques parentales en termes de garde d’enfant(s). Cette étude – qui a été menée dans six pays européens représentatifs des différents types d’État-providence,
le Danemark, l’Autriche, la Hongrie, l’Italie, le Portugal et le Royaume-Uni – a mis en lumière la façon dont les parents qui travaillent résolvent la question de la garde d’enfant(s).  Les solutions adoptées incluent, à des degrés différents, les horaires flexibles (télé-travail, travail à domicile, horaires décalés…), le recours à des structures de garde
publiques ou privées et l’emploi des grands-parents pour lesquels la question de la rémunération publique ou privée est débattue. Pamela ABBOTT a avancé qu’en dépit d’avancées significatives, les tâches ménagères et parentales restent très inégalement réparties entre les pères et les mères et a conclu en soulignant qu’il existe de fortes convergences dans les stratégies parentales pour l’ensemble des pays étudiés en dépit de divergences nationales en termes de modèle social ou d’emploi.

La deuxième session, présidée par Susan FINDING (Université de Poitiers), fut consacrée à l’examen des tendances des quinze dernières années en matière d’emploi des femmes, de temps partiel et de corrélation entre le niveau de formation et les taux d’emploi. La perspective économique et sociologique des intervenantes, Marie-Annick MATTIOLI (Université Paris-Descartes) et Catherine CORON (Université Panthéon-Assas), permit de saisir les enjeux sociétaux et économiques de la question.

Dans son intervention, Marie-Annick MATTIOLI s’efforça d’analyser dans quelle mesure le travail à temps partiel au Royaume-Uni entre 1997 et 2010 fut un choix libre ou une contrainte imposée pour les femmes. Après une brève contextualisation comparatiste concernant la nature du  travail à temps partiel dans d’autres pays européens, elle montra comment la diversité des situations et la construction des enquêtes (questions à deux réponses, non graduées) ne permettaient ni de fournir une analyse fine des statistiques ni d’apporter une réponse tranchée à la question. Elle mit cependant en évidence le fort taux de travail à temps partiel chez les 15-25 ans, et la nature temporaire de ce travail, ce qui correspond le plus souvent à des étapes précises du cycle de vie.

La contribution de Catherine CORON concerna la politique sociale du gouvernement New Labour, le ‘New Deal’. Mme Coron rappela que cette politique avait pour but premier de s’attaquer au chômage des jeunes. Ce n’est qu’accessoirement que le chômage des jeunes parents isolés fut ciblé. Le New Deal for Lone Parents doit être considéré comme une politique « genrée » d’activation car la grande majorité des parents isolés concernés sont des femmes. En outre, une analyse statistique du niveau d’étude des inactifs met en évidence le taux élevé d’étudiants dans la population masculine inactive et de personnes à charge de famille dans la population féminine inactive.  Ces chiffres soulèvent à nouveau la question du ‘choix’ de l’inactivité et du temps partiel chez les femmes.

Finalement, la troisième session, présidée par Corinne NATIVEL (Université Franche-Comté) et les deux co-organisatrices, fut consacrée aux articulation(s) entre travail rémunéré et non-rémunéré, vie professionnelle et vie privée. Elle a donné l’occasion à Sue YEANDLE (University of Leeds) et Cécile DOUSTALY (Université de Cergy Pontoise) de présenter l’impact des politiques familiales dans des secteurs où la recherche est plus récente, le ‘care’ (soins de personnes invalides) et les loisirs des mères. 

Le Professeur YEANDLE a souligné l’importance des lobbys dans l’évolution, voire la création, d’une politique prenant en compte l’important travail à domicile mené par les aidants (carers), des parents ou amis qui s’occupent à titre bénévole de personnes dépendantes invalides. Elle souligna le rôle décisif des politiques récentes en faveur de la petite enfance, des politiques qui ont ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffré les lobbies de soutien aux aidants et qui ont servi de modèle à la mise en place de mesures législatives favorables aux aidants.

Cécile DOUSTALY analysa l’accès aux loisirs des mères de famille, considéré longtemps comme une question privée et ne faisant pas partie d’une politique familiale. Son intervention montra à quel point l’accès aux loisirs des mères de famille, notamment des mères de famille dans le besoin, est lié aux politiques de soutien à la famille et aux enfants défavorisés.

La mise en commun de recherches disparates, mais néanmoins liées, fut l’occasion de découvrir des similitudes, de comparer les méthodes de travail, de mettre en évidence des thématiques transversales qui pourront être réutilisées avec profit dans ce domaine où la recherche et la politique sont intimement liées, comme le prouvent la présence de nombreuses participantes dans diverses instances consultatives.

(SF et AK-S).

Alternative Lifestyles, Society and Politics

This presentation stems from two workshops held at the SAES (Société des anglicistes de l’enseignement supérieur) Congress in Borde047aux in 2009 and ESSE, European English Studies Society conference in Turin, in August 2010, at which international scholars in English Studies and Social and Cultural History convened.

The French workshop organised under the aegis of the CRECIB (Centre de recherches en civilisation britannique) entitled Essais : L’expérimentation sociale et politique outre-Manche), was jointly convened and chaired by Jean-Paul Revauger (Bordeaux 3), Susan Finding (Poitiers), Myriam Boussabha-Bravard (Paris VII), and the late François Poirier (Paris XIII).

The workshop in Italy, Alternative Lifestyles, Society and Politics, was chaired by Mario Avelar (Universidad Aberta, Portugal), Logie Barrow (Bremen, Germany) and Susan Finding (Poitiers, France).

Full abstracts of the papers submitted to both conferences can be found below.

The theme has been taken up in France in American Studies under the title : 2 – Révoltes et utopies : la contre-culture américaine des années soixante.

Alternative Lifestyles, Society and Politics

http://data3.blog.de/media/084/2055084_aedd8739bd_s.jpeg  One day this summer I was riding through Letchworth when the bus stopped and two dreadful-looking old men got on to it. They were both about sixty, both very short, pink, and chubby, and both hatless. One of them was obscenely bald, the other had long grey hair bobbed in the Lloyd George style. They were dressed in pistachio-coloured shirts and khaki shorts into which their huge bottoms were crammed so tightly that you could study every dimple. Their appearance created a mild stir of horror on top of the bus. The man next to me, a commercial traveller I should say, glanced at me, at them, and back again at me, and murmured ‘Socialists’, as who should say, ‘Red Indians’. He was probably right-—the I.L.P. [Independent Labor Party] were holding their summer school at Letchworth. But the point is that to him, as an ordinary man, a crank meant a Socialist and a Socialist meant a crank. Any Socialist, he probably felt, could be counted on to have something eccentric about him. And some such notion seems to exist even among Socialists themselves. For instance, I have here a prospectus from another summer school which states its terms per week and then asks me to say ‘whether my diet is ordinary or vegetarian’. They take it for granted, you see, that it is necessary to ask this question. This kind of thing is by itself sufficient to alienate plenty of decent people. And their instinct is perfectly sound, for the food-crank is by definition a person willing to cut himself off from human society in hopes of adding five years on to the life of his carcase; that is, a person out of touch with common humanity.

George ORWELL, The Road to Wigan Pier, 1937, Chapter 11.

It is not a coincidence that left-wing politics and alternative lifestyles were sometimes synonymous, as George Orwell remarked in The Road to Wigan Pier (1937): ‘ ‘Socialism’ and ‘Communism’ draw towards them with magnetic force every fruit-juice drinker, nudist,
sandal-wearer, sex-maniac, Quaker, ‘Nature Cure’ quack, pacifist, and feminist in England.’
It was however rather schematic of Orwell to reduce the alternatives disparagingly to such a hotch-potch, and indeed to exclude excentric, marginalized lifestyles which are more associated with right-wing propensities. Opposition to
majority values, attempts to develop lifestyles not in keeping with dominant mores, revolt against the silent and consensual majority, consumerism and materialism, are not an invention of the 1930s and even less of the 1960s, although the rediscovery of leading lights of alternative lifestyles such as Oscar Wilde or Edward Carpenter, or further back, the Diggers, dates from that latter period, rich in new developments and reaffirmations. 

Themes and issues to be discussed include: the nature of these alternatives: the political rejection of hierarchy, of elites, of the established order, reversing traditions, the non-violent aspect of this opposition; the types of projects and protests such as urban experiments, opposition to urban developments, new communities, communal
living; mass squats such as Greenham Common, peace protests; the philosophy and culture of these movements: counter-culture, mysticism, eg. New Ageism, vegetarianism.

Can these different movements be categorized according to degrees of realism, pragmatism, idealism, escapism? What social and political basis do/did they offer? What are/were the links between the political sphere and these alternative movements? How far is the agenda of traditional party politics modified by such initiatives and has the political establishment resisted or succumbed to new themes, new practice and new ideas inspired by these movements?

In Bordeaux, the papers given covered Bohemian lifestyles, forms of family life and sexual attachment, and community living, the rethinking of the sexual order and revolt against sexual exclusion and marginalization : feminists, homosexuals, new marriages, new ‘men’ who supported the claims and demands of women militants. The historical perspective of some of the papers covering the 17th, 18th and 19th centuries, are reminders that such ‘discoveries’ are not restricted to the late 20th century.

http://www.americandecorativeart.com/internalpages/inventory/images/NFNMorris.jpgWilliam Morris (News from Nowhere, 1890) and Frederick Engels (Socialism: Scientific and Utopian, 1880) specifically appeared to adhere to the idea that a u-topia was, by definition, unattainable, illusive, stemming from impractical day-dreaming. And yet how many of these social experiments were rooted in practical and pragmatic communities practising what they preached? Apart from the more well-known utopian socialist attempts conducted by Owen or Fourier in the 19th century, latter daybco-operatives (Currelly, Fleurot), the establishment of the free state in Sierra Leone (‘Les échecs de la colonie d’affranchis en Sierra Leone, 1787-1807’, paper given at Bordeaux by the late François Poirier, Université de Paris 13) or the CAT community in Wales (Bory) provide striking examples.

In Turin, the workshop debates centered on three main points common to the case studies presented in the papers given : community, capitalism and evangelicalism. The communitarian aspect of the cooperative movement in Britain (Fleurot) which offered common facilities to members, provided a practical alternative social organisation. The practical nature of the Centre for Alternative Technology in Wales (Bory), which started as a communal living experience in 1973, shared a moralising aspect which verged on evangelicalism. The case studies examined demonstrated a model which associated pragmatism and idealism to differing degrees. All the examples were attempts to make a dream become a reality, from u-topia to a topia or settlement.

They were all to various degrees reactions to the individualistic lifestyles imposed by capitalism whether they be collectivists in the broad sense of the term or reactionary conservatives, rejecting globalisation (Ben Barka). For many this was a kind of ‘functional socialism’ in Habermas’ definition (Berg) adopting practical individual action rather than adhering to total ideological and political change. From the self-governing, self-sufficient community and ‘radical localism’ to the excentric individual, preaching self-fulfilment through sex (Arcana), all sought to stave off the mainstream lifestyle brought about by the relations capitalism had developed between master and worker, between producer and consumer. However this self-preservation brought with it self-marginalisation, isolation and rejection by the mainstream society in which they lived.

The abstracts below are arranged in a loosely thematic and chronological order and a selected bibliography follows.

« Our digging upon the Common is the talk of the whole Land » : l’expérimentation sociale des « Diggers » du Surrey vue par la presse des années 1649-1650.

Laurent CURELLY, Université de Haute Alsace – Mulhouse

Le 9 juin 1649, dans une lettre adressée au Général en chef Fairfax, dirigeant de facto de la République nouvellement proclamée, le meneur des « Diggers » du Surrey, Gerrard Winstanley, évoque, de manière quelque peu hyperbolique toutefois, l’écho qu’aurait rencontré la mise en place de sa communauté agraire de St George’s Hill. Ce mouvement protestataire, composé pour l’essentiel d’ouvriers agricoles et d’artisans qui revendiquaient pour le peuple l’accès aux terrains communaux et leur mise en culture, s’efforça pendant environ une année d’expérimenter et de promouvoir un communisme agraire. Bien que relativement marginaux, les « Diggers » et leur chef Winstanley, mus par une vision millénariste des événements révolutionnaires qui affectaient l’Angleterre, croyaient en une régénération spirituelle de l’être dont le préalable était l’appropriation collective de la terre et l’arasement des inégalités sociales. Ils pouvaient à cet égard inquiéter l’establishment politique d’une République qui, selon eux, ne tenait pas toutes se promesses. En tout cas, leur entreprise amena Fairfax à prendre l’initiative de rencontrer Winstanley à plusieurs reprises.

Il s’agira ici d’étudier l’image que donna de l’expérimentation sociale menée par les « Diggers » du Surrey la presse des années 1649-1650. On mettra notamment en lumière le point de vue développé dans les « newsbooks » sur les relations qu’entretinrent Winstanley et ses compagnons avec les autorités de la République. Dans une perspective chronologique, on s’attachera à la façon dont la presse rendit compte des événements liés à l’expérience des « Diggers », de l’occupation de St George’s Hill au printemps 1649 à leur départ forcé pour Cobham durant l’été 1649 puis à leur dispersion au printemps suivant, alors que les thèses qu’ils défendaient s’étaient nettement radicalisées. On s’efforcera de proposer une typologie de ces regards journalistiques sur les « Diggers » relativement à l’orientation politique des publications.


Co-operatives, Fair Trade and Utopian Socialism: When Dreams and Pragmatism Coalesce.

Magali FLEUROT,  Université de Bordeaux III

When cooperatives started to get organised, they had no claim at changing people’s lives on a personal level as there was no question of living together but it was a definite alternative as it offered a different way of looking at human relationships. This paper will examine how much of the nineteenth-century Socialist experiments can be found in today’s initiatives of cooperatives and fair trade. The word ‘utopia’ and its implications outside the literary world will also have to be questioned. Thereby, the ideas of utopian socialists may not be as unpractical as they were once thought to be.

Exemple de révolte contre le mode de vie consensuel de l’Angleterre du XIXème siècle : les pionnières des métiers de l’horticulture.

Emily CORVISY, Grenoble III

De nombreuses femmes ont commencé, de diverses façons, à influencer l’art des jardins anglais aux époques victorienne et édouardienne. A partir de 1890, alors que ces dernières sont tenues à l’écart de toutes les réalités de la sphère publique, les femmes se voient offrir, dans quelques écoles spécialisées, la possibilité d’être formées aux différents métiers liés au jardinage.

Ces écoles ont été créées par des pionnières excentriques dont le souci premier est d’aider ce « million de surplus de femmes anglaises » à s’assumer financièrement. La réalisation du projet de ces femmes se développera non sans rencontrer de multiples oppositions de la part de la communauté masculine (scientifique et professionnelle). La mise en pratique de cette tentative d’émancipation du rôle des femmes est reçue par les tenants des valeurs dominantes comme une forme de révolte. Néanmoins, dès 1896, certains propriétaires terriens ou conservateurs de jardins botaniques, tel que William Thistleton-Dyer à Kew, emploient de jeunes apprenties nouvellement instruites dans ces écoles féminines d’horticulture. Au début du XXème  siècle l’accès à l’ensemble des métiers liés au jardinage sera ouvert aux femmes. Les postes au sommet de la hiérarchie professionnelle, tel que celui de paysagiste, seront dorénavant accessibles aux femmes dont la représentante emblématique et symbolique est Gertrude Jekyll.                     

Le mouvement des cités-jardins et la question urbaine en Grande-Bretagne. Une tentative inaboutie ? 

David FEE, Université  Paris 3- Sorbonne Nouvelle

On mesure souvent mal ce que la société britannique contemporaine doit au mouvement des cités-jardins. De ce mouvement, né en 1898 avec la
publication de Tomorrow : A Peaceful Path to Real Reform de Ebenezer Howard, dont le grand public n’a retenu que la théorie des villes à la campagne, on connait parfois les deux réalisations anglaises de Letchworth et Welwyn. On sait moins souvent que cet essai, influencé par certains mouvements radicaux de la fin du 19ème siècle, pour transformer la société britannique et remédier aux maux urbains qui découlaient de près d’un siècle de révolution industrielle, a contribué à façonner le visage de la Grande-Bretagne moderne.  Car en dépit d’un échec relatif pendant les décennies qui ont suivi sa création (deux cités-jardins édifiées seulement ; un attrait limité à une catégorie étroite de la population, dépeinte comme bohème par ses détracteurs), certains des principes urbanistiques qui sous-tendent la théorie du mouvement ont été détournés après la première guerre mondiale et repris à leur compte par les autorités politiques nationales afin de calmer l’agitation sociale et éviter une révolution en Grande-Bretagne. Ils ont ainsi contribué à engendrer et dessiner la banlieue (suburbia), espace urbain indissociable de l’identité britannique et paradoxalement antithèse du mouvement. Ils ont alimenté la réflexion des dirigeants nationaux, après la seconde guerre mondiale cette fois, et contribué à une autre invention britannique, dont l’influence était appelée à être aussi forte, les villes nouvelles (New Towns). C’est à ces théories que des millions de Britanniques doivent aujourd’hui leurs conditions de vie et que la Grande-Bretagne doit son visage et son système d’aménagement du territoire.

Cette communication se propose donc d’étudier les théories du mouvement des cités-jardins, ses sources, ainsi que ses réalisations mais aussi, bien sûr, son absorption dans la pensée politique dominante à travers son héritage, à savoir banlieues et villes nouvelles. A l’heure où la Grande-Bretagne est engagée depuis 1999 dans une réflexion sur la forme  urbaine et la reconquête des villes, il nous parait pertinent de montrer ce que la société britannique doit à un essai en apparence  inabouti qui visait à transformer la société victorienne.

From Letchworth through ‘Silkingrad’ to Poundbury.

Nicholas DEAKIN, (London School of Economics)

In the proposed paper I set out to show how the Garden City movement moved from the eccentric margins to become incorporated into government planning and in the process shed much of its utopian idealism – and then lost favour with governments but acquired some alternative sponsors, sometimes with surprising consequences.

The history of planned ideal communities in Britain has passed through a series of different stages, as exemplified in my title. The proposals of Ebenezer Howard, as set out in ‘Garden Cities of Tomorrow’ originally belonged in a long tradition of imagined ideal communities, half rooted in rejection of industrial capitalism, half in a  vision of transformed humanity, stretching back to the Diggers and strongly influenced in the nineteenth century by ideas from Scotland (Robert Owen), continental Europe (Fourier) and Russia (Tolstoy and Kropotkin). The remaining traces of many such small utopian communities in England have been tracked down by Gillian Darley in her splendid collection, ‘Villages of Vision’.

Howard’s version of utopia, however, turned out – uniquely – to have wider practical application. His ideas were taken up by the nascent town planning movement, and became a focus for campaigns to improve the physical and social circumstances of the urban poor.  Eventually they assumed practical reality through private initiative in the first and second Garden Cities of Letchworth and Welwyn.

Then, though often derided for their alternative life styles, these were adopted as a model by the Labour Party. “Garden Cities” became “New Towns”,  a  priority for public funding after the Second World War and imposed by government fiat on communities in the Home Counties (hence “Silkingrad”, the name bestowed by protesting locals  on the proposed new town at Stevenage).

The official New Towns policy flourished in the fifties and sixties and then fell away, increasingly denounced for the uniformity of its physical construction and the alleged  anomie of its social setting. The ambitious New City at Milton Keynes was the last fling of large scale government-sponsored planned community building.

But the concept of self-contained ideal communities persists and the wheel has turned again. The Prince of Wales, no less, has sponsored his own ideal community in Poundbury, Dorset, with careful attention to architectural detail and selection of socially responsible inhabitants. A potential model for the twenty-first century, perhaps?

Entrer dans le siècle pour moraliser le royaume : Hugh Price Hughes, promoteur de la « conscience non-conformiste ».

Emmanuel ROUDAULT, IEP Lille

Il s’agirait, en s’appuyant notamment sur les sermons de Hugh Price Hughes 1847-1902_ (publiés en de multiples éditions de Social
Christianity
) et ses textes journalistiques (il dirigeait le Methodist Times), d’étudier sa tentative de mettre les questions sociales au cœur des préoccupations pastorales de l’Eglise méthodiste (sa proximité avec le « nouveau journalisme » de Stead est connue), et surtout de voir les églises non-conformistes investir ouvertement le champ politique.  A rebours des générations précédentes, comme celle d’un Jabez Bunting très soucieux de garder ses distances avec l’ordre séculier, il appelait de ses vœux un rapprochement des Free Churches qui déboucherait sur l’instauration d’un véritable « parlement non-conformiste » capable de peser suffisamment pour influer sur la gestion des affaires
du pays (la révérence pour Cromwell est perceptible dans de nombreux écrits, voir l’éditorial du MT quand les progressistes perdent les élections locales à Londres). 

Une formule résume l’esprit de ce que l’on a qualifié de « conscience non-conformiste » : « What is morally wrong cannot be politically right ».

Figure de proue du méthodisme des années 1880-1890, HPH a eu suffisamment d’influence pour entretenir l’illusion de la réussite possible d’un tel projet (illusion entretenue par les rapports de force sociaux et électoraux entre 1867 et 1918, ainsi que par le programme de Newcastle – et surtout le « moment » libéral de 1906). 

On considère que l’histoire de la « conscience non-conformiste » est celle d’un échec, puisque son influence s’est perdue dans les sables de l’entre-deux guerres, mais elle a laissé des traces durables (et fait parfois des dégâts. Parnell fut la victime la plus célèbre des foudres de ce prêcheur qui n’était pourtant pas unioniste).

Cet idéal de pureté morale et sociale, dont HPH fut l’un des (sinon le) propagandistes les plus influents, sous-tend de nombreuses « croisades » à une époque où la réforme morale cherche un second souffle après le triomphe de l’abolition des Contagious Diseases Acts  et le vote du Criminal Law Amendment Act.

On a surtout retenu le caractère rigoriste  d’un mouvement qui semblait vouloir établir une théocratie dans une Grande-Bretagne où l’alcool, le jeu et les divertissements « indécents » seraient bannis. En outre, les seules mesures adoptées concernaient principalement les pratiques des catégories populaires, si bien que l’on pourrait n’y voir que la volonté hégémonique d’imposer une morale et des valeurs « petites bourgeoises » à l’ensemble de la société (et au détriment de la culture populaire en premier lieu).

Cet aspect coercitif, socialement marqué, ne saurait occulter la volonté initiale, en particulier dans la pensée et l’action d’HPH, de bousculer les cadres traditionnels du méthodisme, d’ouvrir son assise sociale pour aller à la rencontre des plus humbles (The Forward Movement  etthe London Mission). Dans un premier temps, les cibles des mouvements se réclamant de la « conscience non-conformiste » furent choisies parmi l’élite : figures de l’aristocratie, lieu de la sociabilité mondaine comme l’Empire, institutions comme le Jockey Club, dénonciation de « l’économie de casino », etc… ; (mais les défaites judiciaires infligées par ces puissants adversaires expliquent en grande partie  le « recentrage » ultérieur).  Au rigorisme moral se combinait  donc une volonté de réforme sociale où se déployait la complexité des rapports entretenus avec le libéralisme et la première génération des dirigeants travaillistes. De nombreux textes d’HPH (« Christ, the Greatest of Social Reformers ») témoignent de cette volonté de peser directement sur les affaires de la Cité.  

En dépit de nombreuses contradictions et incohérences, la constellation de groupes de pression morale, souvent balayés par l’analyste comme des single-issue pressure groups et qualifiés par leurs adversaires de faddists ou de crotcheteers, s’inscrit bien souvent dans le sillage de cet espoir de réforme sociale, dans cette vision d’une société où une législation inspirée par les écritures garantirait la morale et l’équité. Cette démarche ambiguë peut susciter l’attention et l’intérêt de l’observateur du début du vingt et unième siècle.

Man’s World de Charlotte Haldane : Dystopie ? Critique féministe de l’eugénisme ? Utopie féministe eugéniste?

Florence BINARD, Paris VII

Pendant l’entre-deux-guerres, les partisans de la division des rôles  sexuels vont s’efforcer de présenter comme une vérité scientifique l’idée selon laquelle seule la maternité permet l’épanouissement de la vraie femme. L’argument n’est pas nouveau, mais les recherches scientifiques, notamment en biologie et génétique ainsi qu’en psychologie redonnent force à aux théories différentialistes et rares sont les voix qui s’élèvent contre l’idée que le devoir des femmes envers la nation est d’assurer la reproduction de la population. La majorité des féministes et notamment The National Union of Societies for Equal Citizenship (NUSEC) se rallie à ce point de vue et utilise cette valorisation de la maternité pour améliorer la condition féminine. En effet, si leurs analyses les portent à conclure que la capacité à enfanter a, jusqu’alors, été la cause de la dépendance des femmes, elles entendent utiliser ce don maternel pour réformer la société. Ainsi, si elles acceptent l’idée selon laquelle le rôle primordial des femmes est de procréer, elles estiment qu’il est de la responsabilité de l’Etat de faire en sorte qu’elles puissent accomplir leur tâche dans les meilleures conditions possibles.

L’objet de cette communication sera de démontrer que le roman de science fiction de Charlotte Haldane, Man’s World (1924) s’inscrit dans la lignée du « nouveau féminisme » prôné par la NUSEC et que du point de vue de son auteure il s’agit d’une utopie féministe eugéniste et non une critique féministe de l’eugénisme contrairement à ce qui a été avancé par certaines critiques. Le féminisme que prône Charlotte Haldane relève du féminisme dit domestique ou maternel – en vogue dans l’entre-deux-guerres – en ce sens qu’il a pour objet de défendre les femmes en tant que mères, il est eugéniste dans la mesure où le pouvoir accordé aux femmes réside dans l’amélioration de la « race » du fait de leur rôle de procréation mais il ne remet pas en cause l’organisation sexuée de la société, au contraire, il la renforce.

Le mouvement syndical, terrain d’expérimentation d’une démocratie industrielle collective et participative (1968-1979)

Marc LENORMAND, Université Lyon 2

Les années 1950 et 1960 sont marquées dans le monde du travail en Grande-Bretagne par le déplacement du centre de gravité des rapports sociaux vers le niveau local, une tendance illustrée notamment par l’émergence de la figure des délégués syndicaux (shop steward). Alors que les gouvernements voient cette évolution avec inquiétude, les militants de la gauche britannique, dans les partis et dans les syndicats, y voient quant à eux la possibilité de radicaliser le mouvement syndical, et de constituer un mouvement social de masse à partir des entreprises.

Ainsi, la démocratisation et la décentralisation du fonctionnement de nombreux syndicats qui, initiée à partir des années 1960, s’étend et s’approfondit dans les années 1970, est envisagée par ces militants non seulement comme un outil de politisation et de radicalisation des salariés, mais véritablement comme l’ébauche de la société démocratique et socialiste à laquelle ils aspirent. Les syndicats du service public notamment, parce qu’il s’agit d’organisations jeunes à la croissance rapide, sont de véritables terrains d’expérimentation d’une démocratie industrielle collective et participative, à travers la décentralisation des processus de décision, la généralisation du système des délégués (stewards) et le renforcement de l’organisation locale.

Nous proposons d’interroger cette expérimentation sociale et politique à partir de l’exemple de la National Union of Public Employees (NUPE), depuis le recrutement d’un cadre de permanents à la fin des années 1960, jusqu’à la réorganisation profonde du syndicat au milieu des années 1970, et au bilan de ces réformes tant politiques qu’organisationnelles au début des années 1980. Nous interrogerons notamment les conséquences durables de cette expérimentation sur le mouvement syndical pendant la période de contre-réforme
conservatrice, qui dans les années 1980 promeut un modèle antithétique, de démocratie syndicale individuelle et indirecte.

Lifestyle politics of ecologism in Britain.

Brendan PRENDIVILLE, Université de Rennes 2

This paper will analyse the formation of an ecologist counter culture in Britain which became highly visible during the 1990s decade. At this time, there were sizeable protests around the country against the massive road building programme announced in the Conservative government’s White Paper of 1989 (Roads for Prosperity). In the context of this workshop’s theme, the form of the protests is of particular interest, demonstrating what has been called a ‘do-it-yourself’ » youth culture in which the values & lifestyle practices of the participants were inextricably tied up with the reasons that gave rise to the mobilisation. In this respect, this alternative culture could be seen as a strand of the British utopian tradition, reaching back to Owenism or the Rochdale Pioneers, in which words & deeds come together in a common desire for change ‘here & now’.

The (principally) young people who protested against these new roads didn’t stop there. They, & their successors, went on to struggle against other ‘lifestyle’ issues such as live veal exports, GM food & consumerism, continuing right up to today’s protests against climate change. They are part of what has been called the ‘radical environmental movement,’ & can be seen as both the forerunners of the alter-globalisation movement as well as the advent of a British form of anarchist politics.

The Alternative Lifestyle of a Victorian Pornographer: Edward Sellon, Tantrism and Epicureanism.

Stefania ARCARA, University of Catania, Italy

Alternative lifestyles emphasising sexual freedom typical of 20th-century countercultural movements can be traced back to the mid-Victorian period, when England witnessed the emergence of pornographic literature and a rising interest in esoteric Indian religions. Edward Sellon (1818-1867), self-taught Orientalist, anthropologist, and pornographic novelist, exemplifies this nexus of Victorian subculture: his Annotations on the Sacred Writings of the Hindüs introduced Tantrism to England, while he defied the “ultra-squeamishness and hyper-prudery” of the English nation in his erotic autobiography The Ups and Downs of Life, written before he shot himself at the age of 48. Despite his imperial and sexist ideologies, Sellon’s worldview was coherently reflected in his anti-establishment libertinism, individualism and revolutionary contempt for religious and social conventions.

Machynlleth’s Centre for Alternative Technology in Wales: Alternative lifestyle or mainstream thinking?

Stéphanie BORY, Jean Moulin University of Lyon (3) France

The Centre for Alternative Technology (CAT) was founded in 1973 on the site of the disused Llwyngwern slate quarry near Machynlleth, MidWales, by Gerard Morgan-Grenville who established a community adopting alternative lifestyles. And yet it has now become a model, not only in Wales but also in Europe at large, being today Europe’s leading eco-centre. And particularly within the National Assembly for Wales since CAT’s ideals and ideas are now at the heart of the policy promoted by Wales’ new institutions. This paper thus aims at studying this community and the way the Welsh political institutions succumbed to the themes developed by CAT.

The Organic Turn: Urban Ecological Practice in Contemporary Canada,

Eva DARIAS-BEAUTELL, La Laguna University, Spain

This paper proposes a critical analysis of the contemporary shift towards the ecological and the organic in Canadian cities and its effect on the ongoing project of debunking national categories based on the dichotomy between the urban and the wild. I will look at the booming eco-urban life-style as a valid form of breaking such dichotomy. The eco-urban, as manifested in guerilla gardens, urban farming, blue-boxing, and organic shopping, can be read as both opening the natural to history, and as emphasizing the materiality of culture, and, in so doing, it advances alternative forms of social and ecological relations.

British Neo-Marxists and the Collapse of the Eastern Bloc: the End of an Oppositional Intellectual Project?

Sebastian BERG, University of Beilefeld, Germany

This paper investigates the consequences of the rupture of 1989/91 for the self-image of two generations of neo-Marxist intellectuals (those politically socialised in the 1930s/40s and the generation of 1968) and for their production of critical and emancipative theory. It suggests a sociological approach to the history of political ideas through relevant contributions in two periodicals which combine ‘old-left’ and ‘new-left’ elements : New Left Review and Socialist Register. This emphasis on journals aims at illuminating collective discussion processes. The focus is on the consequences for Neo-Marxists as a distinct group, Marxism as a theory of social change and as a strategic project, on discussions about remaining systemic alternatives, and on how to organise and work for their realisation.

The Lifestyle of American Far Right Extremists.

Mokhtar BEN BARKA, University of Valenciennes, France

This presentation is about American Far Right extremists – including survivalists and members of the militia movement – who make up the subculture of survivalism. More specifically, it is about their beliefs and their practices, which are steeped in doomsday predictions. Far Right extremists, in the United States, are armed and practiced in survivalism, a loosely structured yet pervasive belief system and set of practice focusing on disaster preparedness. They feel strongly that the current social and world order is moribund, and so they have taken steps to prepare for its imminent demise. At the same time, they see themselves in conflict with an evil government and a tyrannical world order.

Selected Bibliography:

(see also the rich bibliography on Counter-culture in America in the 1960s)

Appelbaum, Robert, Appelbaum, Robert Literature and Utopian Politics in Seventeenth-Century England, Cambridge: Cambridge University Press (2010).

Armytage, W.H.G., Heavens Below: Utopian experiments in England, 1560-1960, London: Routledge and K. Paul, (1961).

Buder, Stanley, Visionaries and Planners, The Garden City Movement and the Modern Community, Oxford, Oxford University Press (1991).

Chase, Malcolm, The People’s Farm, English Radical Agrarianism 1775-1840, Breviary Stuff Publications (2010).

Coates, Chris, Utopia Britannica: British Utopian Experiments, 1325-1945, London: Diggers & Dreamers Publications, (2001).

Corporaal,  Marguerite, van Leeuwen, Evert Jan, The Literary Utopias of Cultural Communities, 1790-1910, Amsterdam and New York: Rodopi (2010).

Fairfield, Richard, The Modern Utopian: Alternative Communities of The 60s and ’70s, Process (2010).

Firth, Rhiannon, Utopian Politics: Citizenship and Practice, London: Routledge (2011).

Hardy, Dennis, Alternative Communities in 19th Century England, London: Longman (1979).

Hardy, Dennis, Utopian England, London: Routledge ( 2000).

Hardy, Dennis, Davidson, Lorna, Utopian Thought and Communal Experience, London: Middlesex Polytechnic (1989).

Hardy, Dennis, Ward, Colin, American Dream: Land, Chicken Ranches and the New Age, London: Middlesex University (1983).

Jones, Tobias, Utopian Dreams, London: Faber and Faber (2008).

Viera, Patricia, Marder, Michael, Marder, Michael (ed.) Existential
Utopia: New Perspectives on Utopian Thought
, Continuum (2011).

Misiroglu, Gina,American Countercultures: An Encyclopedia of Nonconformistes, Alternative Lifestyles, and Radical Ideas in U.S. History (2009).

Ravetz, Alison, Council Housing and Culture: The History of a Social Experiment (2001).

Sargisson, Lucie, Sargisson, Lucy, Utopian Bodies and the Politics of Transgression, Routledge (1999).

Selth, Jefferson P. Alternative Lifestyles: A Guide to Research Collections on International
Communities, Nudism and Sexual Freedom,
Greenwood Press
(1985).

Winter, Jay, Dreams of Peace and Freedom: Utopian Moments in the Twentieth Century, Yale University Press (2008).

11 septembre : témoignages américains sur le campus

La Nouvelle République, 9 septembre 2011.

Joël Maybury, consul des États-Unis à Bordeaux, et Ted Widmer, historien et ancien conseiller de Bill Clinton, se sont exprimés sur les attentats.

Ted Widmer et Joël Maybury entourés de Susan Finding, Christelle le Billan et Saïd Ouaked, maîtres de conférence. (Légende photo parue avec l’article non reproduite ici).

Ils font face à des étudiants, des chercheurs. Ils racontent le 11 septembre 2001, les conséquences des attentats terroristes qui plongèrent le pays dans le deuil. Hier, l’université de Poitiers a reçu Joël Maybury, consul des États-Unis à Bordeaux, et Ted Widmer, historien de la Brown University et ancien conseiller de Bill Clinton, dans le cadre d’un colloque sur le thème « Le 11 septembre 2001 dans le monde : politiques, cultures, identités. » Un colloque organisé par une fédération de laboratoires de recherche et d’enseignement universitaires en Limousin, Poitou-Charentes. « Cette manifestation fait partie d’un projet de recherche en civilisations contemporaines, explique Susan Finding, directrice du laboratoire de Poitiers. Le 11 Septembre est un cas d’étude intéressant dans la gestion de la crise et l’après conflit. »

Dans la salle de conférence, la voix de Joël Maybury s’élève. Ce 11 septembre, il suivait une formation à quelques centaines de mètres du Pentagone, à Washington, quand les sirènes, les bruits d’explosion, ont envahi l’espace. « Et puis il y a eu un grand silence. Nous entendions les oiseaux chanter. » Les États-Unis ont subi de lourdes pertes. « Mais
le peuple américain est fort. Il a su se relever »,
souligne le consul.

« Il est important de se souvenir, affirme Ted Widmer. Mais c’est aussi très difficile car ces attentats font encore partie de notre présent. » Même si cet événement s’apprête à entrer dans l’Histoire. Ted Widmer en est bien conscient. « Les Américains ont puni ces attentats par l’élimination de Ben Laden, reprend l’historien. Un criminel a été condamné et nous en éprouvons du soulagement. » La commémoration du dixième anniversaire des attentats devrait permettre de tourner une dernière page. « Le président Obama va honorer ce jour, commente Ted Widmer. C’est un homme porté par de bonnes intentions. Il devrait permettre au peuple américain d’écrire un nouveau chapitre. »

Magalie Lépinoux

Milan European Social Policy Network (ESPANET) conference

http://www.espanet-italia.net/conferenza2011/img/header-2010.jpgEn
septembre 2011 (29 sept – 1er oct), s’est tenu le 4e congrès de la section italienne du réseau européen pour l’étude des politiques sociales (ESPANET) au Politecnico di Milano, Dipartimento di Architettura e Pianificazione (DIAP)   

Innovare il welfare
Percorsi di trasformazione in Italia e in europa.

« Le transformations en cours dans les systèmes sociaux en Europe, en particulier en Italie, sont l’objet des travaux. La crise économique et les processus de changement social, économique et démographique qui ont touché l’Europe, ont initié des révisions profondes des règles des systèmes sociaux, afin de mieux adapter la protection sociale aux besoins sociaux et la rendre plus durable du point de vue budgetaire.

Pour effectuer la ‘quadrature du cercle’ des améliorations ont été recherchées, avec des modalités plus ou moins explicites et progressives, dont des innovations institutionnelles, qui n’ont en aucun cas remis en cause les modèles sociaux précédents. En cette phase turbulente, l’Italie brille par une capacité d’innover assez pauvre et une grande difficulté d’introduire des transformations profonds au modelè toujours plus inadéquat et
inefficace. Toutefois, notre pays ne manque pas d’expérience dans l’innovation institutionnelle et politique. La conférence fera le point sur ces thèmes, et invite les chercheurs italiens et européens à s’interroger sur les directions du changement, sur les raisons qui le rendent nécessaire, et sur les obstacles qui en empêchent son développement. »

J’ai pu assister aux sessions suivantes et à la plénière de clôture.

Sessione 10 The effects of the economic crisis on family incomes, inequality and poverty Présidée par Holly Sutherland, Institute for Social and Economic Research- University of Essex, UK

Flaviana Palmisano, Vito Peragine (Università di Bari)
The distributional incidence of growth: A non-anonymous and rank dependent approach

Manos Matsaganis, Chrysa Leventi (Athens University of Economics and Business)
Distributional implications of the recession and the austerity in

Alberto Tumino, Marina Fernandez Salgado, Francesco Figari, Holly Sutherland (University of Essex) Unemployment, inactivity and economic crisis: stress testing the
welfare systems in Europe

Massimo Baldini (Università di Modena e Reggio Emilia), Emanuele Ciani (Università di Essex, UK) Inequality and poverty during the recession in Italy

Coordonnée par Manos Matsaganis Athens University of Economics and Business

Sessione 13
Trasformazioni lavorative e familiari e strategie di conciliazione: il ruolo delle politiche sociali  présidée par Laura Balbo, Università di Padova

SESSIONE 13A Titolo  Percorsi  tra lavoro per la famiglia e lavoro per il mercato

Renata Semenza (degli Studi di Milano), Manuela Samek Lodovici, Daniela Loi, Erika Freschi  (IRS) Uscite Transitorie. Le dimissioni delle lavoratrici madri nel primo anno di
vita del figlio

Tiziana Tesauro  (Irpps-Cnr) Bisogni di conciliazione e strategie familiari di cura condivisa

Sonia Bertolini, Paola Torrioni (Università di Torino)
Il lavoro atipico e le sue ripercussioni sulle strategie di formazione della famiglia e sui
corsi di vita individuali: quali politiche per una flessibilità lavorativa “sostenibile”?

SESSIONE 13B Titolo: Politiche di conciliazione e divisioni di genere

Rossella Ciccia, Mieke Verloo (Radboud University Nijmegen), Leave Regulations and Gender Equality in an Enlarged Europe: A Fuzzy Set Ideal Type
Analysis

Francesca Bergamante (Isfol) La conciliazione attraverso lo strumento della riorganizzazione dei tempi di lavoro in Europa e in Italia

Renzo Carriero (Università of Torino) Perceived Fairness And The Division Of Domestic Labour: A Longitudinal View

Rebecca Zanuso e Giovanni Viganò (Synergia) Rilevare i bisogni e le aspettative per realizzare politiche di conciliazione efficaci

Elisabetta Donati (Università degli Studi di Torino) Sconfinamenti  e conflitti di
lealtà: lavoro e cura lungo il corso di vita. Il contributo italiano in uno studio comparativo europeo

session coordonnée par Manuela Naldini,http://www.espanet-italia.net/conferenza2011/img/header-2010.jpg Università di Torino, Cristina Solera, Università Torino


Sessione 19  The governance of social policy at the European Union level: law and politicscoordonnée par Jean-Claude Barbier Università di Parigi I Panthéon Sorbonne CNRSet Fabrice Colomb Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Stefano Sacchi (University of Milan)
Flexicurity in Action: Flexibility and Worker Security in Advanced Political Economies
The European

Axel van den Berg (McGill University), Jean-Claude Barbier (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) A Tale of Two Federalisms: Social Policy in Canada and the European Union

Patrik Vesan (University of Valle d’Aosta)
From the Lisbon ‘Growth and Job’ to the ‘Europe 2020’ strategy: The emergence and transformation of the
European agenda on flexicurity

Plénière de clôture : Trajectories of institutional change in Europe, présidé par Jean-Claude Barbier où les invités suivants ont présenté leurs travaux :

Giuliano Bonoli (Institut des Hautes Etudes d’Administration Publique, Lausanne) ‘Activation policies in Europe’
Sandro Cattacin (University of Ginevra) ‘Politiche d’integrazione degli immigrati in Europa: tra pragmatismo locale e populismo nazionale’
Joakim Palme (Institute for Future Studies, Stockholm) ‘What future for social investment?’
Chiara Saraceno (Wissenschaftszentrum für Sozialforschung – WZB, Berlin) ‘Le politiche della cura’.