Vers un modèle social européen?

MARTENS (Stephan), RÉVAUGER (Jean-Paul), (dir.), Vers un modèle social européen ?Bordeaux : Presses universitaires de Bordeaux, 2012, Broché, 16 x 24, 326 p.

L’Europe possède-t-elle un modèle social spécifique ? La question déjà brûlante en France au moment des choix décisifs de 1992 et 2005 revêt une importance cruciale pour l’ensemble du continent en temps de crise financière et budgétaire.
La politique sociale est-elle un luxe coûteux ou une politique publique indispensable à la justice sociale, à la cohésion et à l’efficacité économique ?
Le présent ouvrage analyse les façons dont la question est perçue au sein de l’Union depuis 2000. Il est structuré autour d’études des cas nationaux de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, qui sont représentatifs de différents modèles, d’analyses thématiques ou de comparaisons bilatérales, ainsi le dossier des retraites et celui des politiques d’intégration.
La question du travail, élément fondamental de l’identité et de la structuration sociales est au coeur de la démarche.
Stephan Martens est Professeur de civilisation allemande contemporaine à l’Université Bordeaux 3.
Jean-Paul Révauger est Professeur de civilisation britannique contemporaine à l’Université Bordeaux 3.
Ont contribué à cet ouvrage : Nada Afiouni, Aurelie Binet-Grosclaude, Philippe Brillet, Franz Clement, Catherine Coron, Marion Del Sol, Joëlle Harel, Christopher John Nock, Canio Lagala, Vincent Latour, Carmela Maltone, Stephan Martens, Ruxandra Pavelchievici, Enrico Reuter, Jean-Paul Revauger, Michaela Schulze, Susan Trouve-Finding, Pascale Turquet, Henrik Uterwedde, Nicolas Verschueren, Bernard Yvars.

Les enjeux des jeux : Londres 2012

Ville olympique pour deux fois déjà (1908, 1948), Londres est aujourd’hui une ville cosmopolite de 7,75 millions d’habitants, soit 12,5% de la population britannique, dont un tiers est né à l’étranger et où on parle 300 langues. Les JO de Londres vont s’ouvrir le 27 juillet 2012, sept ans après l’annonce de l’attribution des jeux à Londres. Les attentats qui frappèrent la ville le lendemain même, le 7 juillet 2005, ont alerté sur les risques encourus qui sont liés à la taille, la diversité et l’attractivité de la capitale. Malgré cela, les organisateurs font le pari de retombées durables pour la ville, le pays et ses habitants.

Au-delà des risques d’attentats terroristes, la capacité d’accueil de la ville sera testé. Le prix ‘scandaleux’ des chambres d’hôtel à Londres est, dénoncé et le nombre de réservations est en dessous de celles d’une saison normale car les touristes semblent bouder la capitale, craignant les foules. La saturation des réseaux de transport public est un souci majeur malgré la construction de la gare Eurostar de Stratford International pour le parc olympique. Le site web de la billetterie a été victime du son succès et le système d’attribution par loterie conduit a des dérives. Pourtant, le maire de Londres, Boris Johnson, qui n’a pas obtenu des billets pour sa famille, s’est réjoui de cette preuve de démocratie. La gratuité limitée et la visibilité restreinte du spectacle sportif en dehors des stades (arrivées du marathon et du triathlon, épreuves nautiques et de cyclisme) sont discutées. En matière de santé publique, des mises en garde contre les risques accrus d’épidémies ont été émises. Et, dans un pays épris de paris en tout genre, est apparue la crainte de paris sportifs truqués.

La participation et l’inclusion sociale restent les maître-mots des paris à tenir. Pour réussir la fête nationale, la flamme olympique parcoura 13 000 km au Royaume-Uni, tous les comtés britanniques, des lieux symboliques et passera à moins de 15km de 95% de la population. Chaque étape donnera lieu à des fêtes locales. Les matchs de football sont organisés à Wembley, mais aussi à Cardiff, Glascow, Coventry, Manchester et Newcastle. 70 000 volontaires ont été recrutés pour l’accueil de touristes et la logistique des épreuves. La participation sportive accrue qu’est attendue des britanniques reste cependant en dessous des espérances. UK Sport, organisme chargé de promouvoir le sport de haut niveau avec des fonds provenant de la loterie nationale et du gouvernement, oeuvre pour améliorer le palmarès des médailles britanniques, espoir majeur. Les directeurs des cérémonies d’ouverture et de clôture devront se surpasser pour faire oublier la prestation modeste de la ville de Londres lors de la cérémonie de clôture à Beijing en 2008, et ce, l’année même de la fête nationale populaire du Jubilé de la Reine, du 2 au 5 juin, sept semaines seulement avant les jeux.

Les retombées économiques et sociales escomptées ont conduit à situer le parc olympique dans le quartier défavorisé de Newham, lequel a le taux d’emploi le plus bas (56%) de Londres et une population d’origine ethnique parmi les plus denses du pays (55%). La maîtrise des coûts et le modèle britannique de financement public-privé stipulaient la vente du stade olympique après les jeux. Suite à des rivalités entre des clubs de football de Londres, candidats à l’achat, le site restera public et sera loué, sans doute à West Ham. Le parc olympique est conçu comme un modèle de développement durable et écologique, avec espaces verts et plans d’eau, afin de laisser un environnement urbain renouvelé et des structures pérennes pour les 1 million de Londoniens dans les 6 quartiers concernés. Quant aux emplois permanents, 3 000 devraient être générés. En outre, un centre commercial, le plus grand d’Europe, Westfield Stratford City, a ouvert à l’entrée du site et devrait créer 10 000 emplois, dont un cinquième serait réservé aux sans-emploi locaux.

Pour aller plus loin:

Parmi les articles publiés en France, à cent jours de l’ouverture des Jeux :

La Nouvelle République, mardi 17 avril 2012, ‘La dernière ligne droite‘ (p.38).

Le Journal du Dimanche, dimanche 15 avril 2012, ‘Sebastian Coe, le seigneur des anneaux‘, portrait du patron de l’organisation des jeux.

Roseline Théron, « Le Grand Londres face aux défis du XXIème siècle ». ‘L’Angleterre sur écoute’ La Revue des Deux Mondes (octobre-novembre 2011) : 95-103.

Timothy Whitton (dir.), Observatoire de la société britannique, 11 | 2011, Londres : capitale internationale, multiculturelle et olympique.

Will Jennings. ‘London 2012 : A Risk-Based Olympics?’, Risk & Regulation 18(Winter): 14-16, 2009.

The Lancet, Mass Gatherings Health, January 16, 2012.

John Hollis, Focus on London 2010, Population and Migration, Greater London Authority, 2010.

http://www.citymayors.com/sport/2012-olympics-london.html.

http://www.uksport.gov.uk/pages/about-uk-sport/.

Politiques sociales (Milan 2011)

http://www.espanet-italia.net/conferenza2011/img/header-2010.jpg

En septembre 2011 (29 sept – 1er oct) s’est tenu le 4e congrès de la section italienne du réseau européen pour l’étude des politiques sociales (ESPANET) au Politecnico di Milano, Dipartimento di Architettura e Pianificazione (DIAP)   

Innovare il welfare Percorsi di trasformazione in Italia e in europa.  L’appel à communications / Call for papers :

« Le transformations en cours dans les systèmes sociaux en Europe, en particulier en Italie, sont l’objet des travaux. La crise économique et les processus de changement social, économique et démographique qui ont touché l’Europe, ont initié des révisions profondes des règles des systèmes sociaux, afin de mieux adapter la protection sociale aux besoins sociaux et la rendre plus durable du point de vue budgetaire.

Pour effectuer la ‘quadrature du cercle’ des améliorations ont été recherchées, avec des modalités plus ou moins explicites et progressives, dont des innovations institutionnelles, qui n’ont en aucun cas remis en cause les modèles sociaux précédents.
En cette phase turbulente, l’Italie brille par une capacité d’innover assez pauvre et une grande difficulté d’introduire des transformations profonds au modelè toujours plus inadéquat et inefficace.
Toutefois, notre pays ne manque pas d’expérience dans l’innovation institutionnelle et politique. La conférence fera le point sur ces thèmes, et invite les chercheurs italiens et européens à s’interroger sur les directions du changement, sur les raisons qui le rendent nécessaire, et sur les obstacles qui en empêchent son développement. »

 

J’ai pu assister aux sessions suivantes et à la plénière de clôture. Je remercie tout particulièrement Giuliana Costa (Politechnico di Milano).  Photo : Susan Finding et Giuliana Costa.

Sessione 10
The effects of the economic crisis on family incomes, inequality and poverty   Présidée par Holly Sutherland, Institute for Social and Economic Research- University of Essex, UK

Flaviana Palmisano, Vito Peragine (Università di Bari)
The distributional incidence of growth: A non-anonymous and rank dependent approach

Manos Matsaganis, Chrysa Leventi (Athens University of Economics and Business)
Distributional implications of the recession and the austerity in

Alberto Tumino, Marina Fernandez Salgado, Francesco Figari, Holly Sutherland (University of Essex)
Unemployment, inactivity and economic crisis: stress testing the welfare systems in Europe

Massimo Baldini (Università di Modena e Reggio Emilia), Emanuele Ciani (Università di Essex, UK)
Inequality and poverty during the recession in Italy

Coordonnée par Manos Matsaganis Athens University of Economics and Business

Sessione 13
Trasformazioni lavorative e familiari e strategie di conciliazione: il ruolo delle politiche sociali   présidée par Laura Balbo, Università di Padova

SESSIONE 13A    Titolo  Percorsi  tra lavoro per la famiglia e lavoro per il mercato

Renata Semenza (degli Studi di Milano), Manuela Samek Lodovici, Daniela Loi, Erika Freschi  (IRS)
Uscite Transitorie. Le dimissioni delle lavoratrici madri nel primo anno di vita del figlio

Tiziana Tesauro  (Irpps-Cnr)
Bisogni di conciliazione e strategie familiari di cura condivisa

Sonia Bertolini, Paola Torrioni (Università di Torino)
Il lavoro atipico e le sue ripercussioni sulle strategie di formazione della famiglia e sui corsi di vita individuali: quali politiche per una flessibilità lavorativa “sostenibile”?

SESSIONE 13B
Titolo: Politiche di conciliazione e divisioni di genere

Rossella Ciccia, Mieke Verloo (Radboud University Nijmegen),
Leave Regulations and Gender Equality in an Enlarged Europe: A Fuzzy Set Ideal Type Analysis

Francesca Bergamante (Isfol)
La conciliazione attraverso lo strumento della riorganizzazione dei tempi di lavoro in Europa e in Italia

Renzo Carriero (Università of Torino)
Perceived Fairness And The Division Of Domestic Labour: A Longitudinal View

Rebecca Zanuso e Giovanni Viganò (Synergia)
Rilevare i bisogni e le aspettative per realizzare politiche di conciliazione efficaci

Elisabetta Donati (Università degli Studi di Torino)
Sconfinamenti  e conflitti di lealtà: lavoro e cura lungo il corso di vita. Il contributo italiano in uno studio comparativo europeo

 http://www.espanet-italia.net/conferenza2011/img/header-2010.jpg

session coordonnée par Manuela Naldini, Università di Torino, Cristina Solera, Università Torino

Sessione 19  The governance of social policy at the European Union level: law and politics coordonnée par Jean-Claude Barbier Università di Parigi I Panthéon Sorbonne CNRS  et Fabrice Colomb Université Paris 1 Panthéon Sorbonne

Stefano Sacchi (University of Milan)
Flexicurity in Action: Flexibility and Worker Security in Advanced Political Economies
The European

Axel van den Berg (McGill University), Jean-Claude Barbier (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)
A Tale of Two Federalisms: Social Policy in Canada and the European Union

Patrik Vesan (University of Valle d’Aosta)
From the Lisbon ‘Growth and Job’ to the ‘Europe 2020’ strategy: The emergence and transformation of the European agenda on flexicurity

Plénière de clôture : Trajectories of institutional change in Europe,  présidé par Jean-Claude Barbier  où les invités suivants ont présenté leurs travaux :

Giuliano Bonoli (Institut des Hautes Etudes d’Administration Publique, Lausanne) ‘Activation policies in Europe’
Sandro Cattacin (University of Ginevra) ‘Politiche d’integrazione degli immigrati in Europa: tra pragmatismo locale e populismo nazionale’
Joakim Palme (Institute for Future Studies, Stockholm) ‘What future for social investment?’
Chiara Saraceno (Wissenschaftszentrum für Sozialforschung – WZB, Berlin) ‘Le politiche della cura’.

Les scientifiques s’indignent aussi

Le quotidien britannique The Guardian (papier) publie à la une et développe sur deux pleines pages dans le numéro daté du mercredi 11 avril 2012 une information concernant la décision par le Wellcome Trust, fonds de recherche médicale et biologique, d’inciter les chercheurs travaillant sur des projets financés par eux à publier dans des revues « ouvertes » : ‘Wellcome Trust joins ‘academic spring’ to open up science.’ Le directeur du fonds estime que les grandes groupes d’édition scientifique qui font payer la lecture d’un article profitent des fonds publics et du volontariat pour engranger des bénéfices commerciaux.

L’Université de Poitiers a récemment décidé de fermer des comptes payant d’accès en ligne chez les grands groupes d’édition scientifique estimant que les coûts, qui ont augmenté de façon importante depuis dix ans, n’étaient pas justifiés. De nombreux chercheurs dans des disciplines diverses se plaignent de l’inaccessibilité d’informations scientifiques s’ils ne font pas partie d’un laboratoire CNRS qui a ses propres accords et abonnement à des bouquets de revues en ligne.

Les pare-feu payants (paywall en anglais) derrière lesquels le savoir est caché sont ils en train de tomber après deux décennies d’exploitation? Le mouvement lancé par un post sur le blog de Tim Gowers, mathématicien de Cambridge, lauréat du Fields Medal, en janvier 2012 prend de l’ampleur et un site dédié, The cost of knowledge, a recueilli plus de 9000 signatures. Dès 2009 de prestigieuses universités – tel que Berkeley (Californie) –  se sont prononcées en faveur de l’accès libre.

De plus en plus de sites en accès gratuit (open access) sont créés pour le partage des connaissances. L’Université de Poitiers publie des revues en ligne sur son plateforme. Ces revues, qui sont dans le domaine des sciences humaines et sociales, sont également diffusées, pour certains, par le portail open-edition sur les sites de revue.org et de calenda : Mémoires, identités et marginalités, Cahiers du MIMMOC et la Revue Européenne des Migrations Internationales.

Le site de l’Université de Poitiers répertorie les sites suivants:

  • Cahiers du Mimmoc
    Une revue électronique en libre accès proposée par l’équipe de recherche MIMMOC « Mémoire(s), Identité(s) et Marginalité(s) dans le Monde Occidental Contemporain » de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université de Poitiers.
  • Cahiers Shakespeare en devenir
    Dans le prolongement de ses activités éditoriales, la revue La Licorne propose les Cahiers, des publications réalisées exclusivement sous forme électronique et libres d’accès. Il s’agit de Cahiers dévolus à un écrivain, à une problématique, ou à un corpus particulier. Les Cahiers Shakespeare en devenir ont ainsi pour vocation première de créer des liens signifiants entre l’époque de Shakespeare et la nôtre. Il s’agit de s’interroger sur ce que l’œuvre de Shakespeare est devenue au fil des siècles, au gré des cultures, et sur la manière dont elle continue d’évoluer aujourd’hui.
  • Corela
    Une revue de sciences du langage, non thématique, entièrement en ligne et en accès libre. Elle accueille toute proposition relevant des domaines de la linguistique.
  • La Licorne
    Une revue de langue et littérature françaises, abordant les domaines de la littérature française et comparée, de la poétique et de la stylistique.
  • Revue Européenne des Migrations Internationales
    La Revue Européenne des Migrations Internationales (REMI) a pour vocation de publier les travaux de recherche, empiriques et théoriques, des différentes disciplines concernées par les migrations internationales et des relations interethniques. La REMI adhère à Revues.org, fédération de revues en sciences humaines et sociales.
  • Revue du CEES – Centre Européen d’Etudes Slaves
    L’objectif de cette revue est de promouvoir la dynamique scientifique dans le domaine d’études slaves et d’accentuer davantage la présence de la slavistique dans le contexte national et international. Il s’agit aussi de favoriser les échanges intellectuels interdisciplinaires et multilingues, ainsi que de réunir tous les segments de la recherche dans le domaine des études slaves.

Bibliothèques numériques

  • UPthèses – Les thèses en ligne de l’Université de Poitiers
    Le site UPthèses propose la consultation en libre-accès des thèses soutenues à l’Université de Poitiers depuis le 1er janvier 2008. Pour chaque thèse, sont disponibles la notice descriptive et le texte intégral au format PDF.
  • Bibliothèque virtuelle sur les Premiers Socialismes
    La bibliothèque virtuelle sur les premiers socialismes permet de consulter en ligne des textes politiques, juridiques, économiques, médicaux, pédagogiques rares, extraits pour la plupart du fonds légué à l’Université par Auguste Dubois, qui fut professeur d’histoire des doctrines économiques et politiques à l’Université de Poitiers. Les documents présentés (ouvrages, périodiques, placards, ….) sont accompagnés de textes introductifs qui permettent de mieux les comprendre.
  • Bibliothèque virtuelle sur les Coutumiers du Centre-Ouest
    Dans le cadre d’un travail de recherche sur le droit coutumier du Poitou, de l’Angoumois, de la Saintonge et de l’Aunis, a été entrepris, à l’initiative de l’

Auguste Dubois rare books collection (Fonds Auguste Dubois)

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La journée d’étude du 27 mars 2012 Fonds Dubois organisée par les laboratoires MIMMOC-CRIHAM et le Service commun de documentation (SCD) de l’Université Poitiers à la MSHS de Poitiers et à la Bibliothèque Universitaire Droit-Lettres, a réuni des universitaires anglicistes (11e section), des historiens (22e section), et un conservateur, une bibliothécaire et un ingénieur d’étude des universités de Poitiers, Paris VIII, Paris-Diderot, Montpellier, Metz, Bordeaux 3 et Yale (Etats-Unis) spécialistes de l’histoire de l’Angleterre et du Royaume-Uni des 17e et 18e siècles.

La présentation du Fonds Dubois par Mme Traineau-Durozoy, Conservateur, responsable du Fonds ancien du Service commun de documentation (SCD)de l’Université de Poitiers,celle de la Bibliothèque virtuelle Premiers socialismes (BVPS) par Mme Nathalie Bremand, bibliothécaire, mis en ligne sur le site du SCD de l’Université, et de la plateforme des ressources numériques de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société (MSHS-CNRS) de Poitiers et de la plateforme Omeka par Eric Planchon, Ingénieur d’études, responsable de ce service, a permis de prendre la mesure à la fois de l’importance du fonds, des moyens existants et des possibilités d’exploitation déjà expérimentées sur place.

L’historique du projet est rappelé par Susan Finding. L’idée d’associer deux projets de valorisation du patrimoine de l’Université de Poitiers a pris forme progressivement. Depuis le dernier plan quadriennal du MIMMOC soumis en 2006, il avait été question d’exploiter le Fonds Valière, recueil de bandes magnétiques, enregistrements anthropologiques de patrimoine oral du Poitou – chansons, coutumes, contes – en lien avec des collègues de la Francophonie acadienne et cajun. L’existence d’ouvrages anglais dans le Fonds Dubois était connue, mais ce n’est que lorsqu’un catalogue spécifique a été produit par le Service Commun de Documentation en avril 2008 que l’importance de la collection est devenue évidente. La valorisation de ce fonds unique semblait avoir une importance non seulement pour l’Université de Poitiers, mais aussi pour la communauté scientifique internationale.

Grâce au travail préliminaire fourni par Steven Pincus, Professeur d’histoire à l’Université de Yale (Etats-Unis) d’une part et par Karim Ghorbal (Paris VIII) qui  d’autre part, il a déjà été établi que certains ouvrages sont uniques et ne paraissent dans aucune collection d’archives existante connue. D’autres sont des premières éditions (ex. Adam Smith). Qui plus est, la mise en parallèle du Fonds Dubois et du Fonds d’Argenson, également déposé dans le Fonds ancien de l’Université de Poitiers, apporte une réelle avancée dans la connaissance des transferts intellectuels, de la circulation des savoirs et des connaissances mutuelles entre le Royaume-Uni, la France et les colonies américaines du 18e siècle. Une biographie d’Auguste Dubois, Professeur de doctrines politiques et économiques à l’Université de Poitiers à partir de 1899 et co-fondateur de la Revue d’histoire économique et sociale,  et un travail sur la composition de sa collection éclaireront l’histoire intellectuelle, l’histoire de l’université, mais aussi l’histoire et l’enseignement de l’économie en France.

Steven Pincus a montré comment les débats sur la place et le rôle du commerce, des banques, de la création des richesses, des colonies, des conséquences de l’unification du Royaume-Uni sur l’économie, dont témoignent les collections du Fonds Dubois et du Fonds d’Argenson, sont d’autant plus importants que les nouveaux paradigmes de ce début du XXIe siècle sont très proches de ceux-ci : la globalisation, les marchés orientaux, la dette publique, les banques et la mise en cause de l’unification britannique sont de nouveaux au centre des préoccupations. Le contenu des deux Fonds sur les débats de l’époque, les choix envisagés et les politiques suivies sont donc non seulement importants pour une meilleure compréhension du 18e siècle, mais aussi riches en enseignements pour la mise en perspective des débats contemporains.

La caution apportée de l’intérêt du Fonds Dubois par les universitaires français et américain présents est de bonne augure et permet d’espérer que le projet est non seulement prometteur au niveau de la communauté scientifique française mais aussi au niveau international.

« Rethinking revolutions »

Steven Pincus, Bradford Durfee Professor of History, Yale University, invité par le laboratoire MIMMOC, donnera une conférence intitulé « Rethinking Revolutions » le jeudi 29 mars 2012, 14h-16h, dans l’Amphi 2, à l’UFR Lettres & Langues, de l’Université de Poitiers. Professeur Pincus est l’auteur de 1688 The First Modern Revolution (Yale, 2009) et de Protestantism and patriotism: Ideologies and the Making of. English Foreign Policy, 1650~1668 (Cambridge, 1996).

Lien vers la conférence en ligne sur UPTV

et

Prof. Steven Pincus: \ »1688: The First Modern Revolution\ » – YouTube

Les Etats-Unis dans l’imaginaire français

« The “Grande République” or the “Oncle d’Amérique”: the French State School System and the United States’ War Effort 1914-1919 ».

Cet article fait suite à une communication présentée au colloque “Varieties of Experience: Views of Modern Warfare” / « Regards croisés sur les guerres modernes » organisé par le centre LSA de l’ERIBIA – EA 2610 – Caen, France en mai 2010.

Résumé  : L’impact de l’arrivée des troupes américaines en France pendant la Première Guerre mondiale fait l’objet de travaux incomplets. Les archives de l’Instruction publique en France fournissent une source inattendue. Pour maintenir le moral, l’effort américain a été instrumentalisé par les autorités françaises en s’appuyant sur deux arguments reliés, les républiques sœurs et la puissance américaine. World War 1 Propaganda PostersAvant l’entrée en guerre des États-Unis d’Amérique, des contacts diplomatiques culturels furent noués et le Ministère de l’Instruction publique se servait de l’exemple américain pour maintenir espoir à l’issue de la guerre.

Avec l’arrivée des « Sammies », les organisations volontaires à l’œuvre dans les camps auprès des soldats américains rayonnèrent. Ces programmes d’aide continuèrent après l’Armistice et servirent de modèle à des campagnes de santé publique et de culture populaire en France, coordonnés par le Ministère de l’Éducation. World War 1 Propaganda PostersAu final, les exemples américains fournis par la littérature officielle ne furent qu’une aide de plus dans la rhétorique de guerre, où l’oncle d’Amérique reste un parent providentiel mais lointain, admiré et membre de la famille, mais distant.

Pour lire l’article :

Susan Finding, « The “Grande République” or the “Oncle d’Amérique”: the French State School System and the United States’ War Effort 1914-1919 », Revue LISA/LISA e-journal [Online], Vol. X – n° 1 | 2012, Online since 12 March 2012, connection on 14 March 2012. URL : http://lisa.revues.org/4858 ; DOI : 10.4000/lisa.4858

Visit to Bristol University

I am currently on an ERASMUS teaching exchange with the University of Bristol School of Modern Languages. During my week-long visit I have had the opportunity to meet withformer, current and future Bristol-Poitiers exchange students who have, are or are going to be spending one semester to one year at the partner university, Poitiers for Bristol students studying French and languages, Bristol for Poitiers students studying French Literature, English or Applied Languages. The agreement between the Bristol School of Modern Languages and Poitiers Faculty of Litterature and Languages allows for 10 student-semester exchanges per year.

 

 

Childcare and NHS

http://t1.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcTGDpsscnEvronDeszDXNIyargkFBLoh1w__C1TLMHTRJ-dogNuVgThe BBC Panorama programme, The Cost of Raising Britain, on Monday 27th February 2012, which took the example of the impact on women working for Leicester Royal Infirmary hospital trust, nurses, managers, and parents whose nursery was threatened with closure by cuts in local council spending, including an interview with Ananda Shukla, Chief Executive of the Daycare Trust, major charity involved in pushing for reform in childcare provision, addressed  issues far greater
than the immediate question of the cost of childcare :

1. the real advances made in childcare in the UK in recent years

2. the gender balance in specific sectors of the economy – here, welfare and specifically the NHS

3. the impact of spending cuts on communities

4. the process of inclusion – bringing deprived families, children and their mothers, out of isolation and social exclusion.

See also BBC News Education article  Childcare cost rises ‘may make parents quit their jobs’ by

Itinéraires, Journée d’études, CRHIA, La Rochelle, FE2C, 24 février 2012.

http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRNj0ATbSQ_EjQzSV5DVYj3IWO8KEDgvzXUv1ZxlpR6g_hKXiazgwCompte-rendu de la journée d’études « Itinéraires » du 24 février 2012, organisée par Martine Raibaud et Micéala Symington du CRHIA (La Rochelle) avec la participation de la Fédération pour l’Étude des Civilisations contemporaines (FE2C) à la Faculté de Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLLASH) de l’Université de La Rochelle.

Cette journée a eu lieu dans le cadre d’un projet collaboratif entre membres des laboratoires de sciences humaines, de lettres et langues, des Universités de La Rochelle (CRHIA), Poitiers (MIMMOC), Limoges (EHIC, FRED), mais aussi de Tours (ICD) et de Clermont-Ferrand (EHIC), dont l’intitulé générale est « Politiques, cultures, identités dans les civilisations contemporaines » et qui comporte trois axes: Empire-Conflit-Itinéraires, financé par le PRES Limousin-Poitou-Charentes.

Selon les organisatrices, Martine Raibaud, Maître de conférences de langue et civilisation chinoise, et Micéala Symington, Professeur d’études anglophones, il s’agissait « d’explorer la dynamique de la formation et la transformation des identités culturelles, raciales, ethniques, nationales et transnationales. Dans le contexte de la mondialisation, l’analyse des civilisations peut être enrichie par une attention accrue portée à la circulation des textes et des personnes. Plutôt que d’envisager une culture, un texte littéraire, une oeuvre d’art ou une histoire comme une entité statique, il s’agit d’aborder des littératures et des manifestations culturelles en mouvement. La migration des personnes, écrivains, éditeurs traducteurs, artistes etc. permet de lire les transformations et les connexions entre différents pays et différents continents ».

La journée d’étude, riche d’une quinzaine d’interventions, était organisée en cinq ateliers qui abordèrent successivement les thèmes suivants : une introduction théorique suivi par l’évocation des enjeux critiques dans la matinée. L’après-midi fut consacrée aux enjeux littéraires d’itinéraires esthétiques, aux migrations professionnels, et, en fin de journée, un atelier plus spécifiquement à des itinéraires asiatiques, boucla les débats.  

 Laurent Vidal, directeur-adjoint du CRHIA, Professeur d’Histoire contemporaine, et les deux organisatrices, ont accueilli les participants en soulignant la liberté que le thème avait apporté et l’heureux croisement des disciplines visible dans la variété des communications proposées.  

La première session, consacrée à un début de réflexion théorique et épistémologique sur les pistes et approches suscitées par le thème « Itinéraires », fut présidée par Martine Raibaud (CRHIA, La Rochelle). Les trois interventions, proposées par Diego Jarak (Maître de conférences en Littérature hispanophone), Yvan DANIEL (Maître de conférences en Lettres modernes) et Antoine Huerta (Doctorant en Histoire) ont abordé successivement des aspects théoriques et méthodologiques de la thématique.

Diego JARAK évoqua les paradigmes épistémologiques  du cheminement qui, par une révélation du sublime, fait ressortir une théorie parmi d’autres, un choix somme toute esthétique plutôt que cartésienne. Les itinéraires sont donc à la base de toute exploration scientifique.  Yvan DANIEL décrivit l’angoisse de l’inconnu, la fin des aventures, la peur des trajets sans carte, dans les sociétés développés du vingt et-unième siècle, et, à travers les écrits et la vie de Pierre Loti, évoqua son « vertige mondial » et le rêve du chemin vierge.

Cette idée fut confirmée par Antoine Huerta qui proposa le cas de Pierre Deffontaines, http://ecx.images-amazon.com/images/I/41T0MHBCCCL._SL500_AA300_.jpggéographe français, explorateur du continent américain. Celui-ci, « éternel nomade », apparaît comme un apôtre de « la beauté du monde » qui, non content de la décrire et de la comprendre, devait aussi « chanter » ses découvertes    et la virginité du terrain. De nombreux textes de Pierre Deffontaines sont réunis dans le volume Les sentiers d’un géoagronome, Editions Arguments, 1998.

Le deuxième atelier, présidée par Micéala Symington (CRHIA), fut consacré aux enjeux critiques. Jean BESSIERE, Professeur émérite de littérature comparée à l’Université de Paris 3 Sorbonne, ancien président de l’Association internationale de Littérature comparée, auteur de  Le roman contemporain ou la problématicitié du monde, Paris, PUF, 2010, se proposa d’analyser des dynamiques de la littérature monde et les questions traitées par ce genre. Il identifia trois dynamiques en opération : la dynamique pédagogique, historique et celle des jeux de centre-périphérie. Dans la première, la littérature monde est une littérature où les oeuvres littéraires de tous les pays et de tous les temps ont des droits égaux. Dans la deuxième font face, d’une part, un jeu d’influence, d’expansion temporelle et spatiale, bref, une littérature impérialiste, dont la littérature française est un archétype, et d’autre part, une littérature dont l’identité est plus stable et souple, où un jeu de coalescence et d’adjonction est visible, ce qui caractérise la littérature allemande. Dans la troisième dynamique, par un renversement ironique de l’histoire, la littérature globale appartient aux anciens dominés. Dans cette littérature monde sont peu traitées les questions de circulation : de transferts, d’influence et de réception, mais aussi des genres et du statut de la réflexivité, de la constructions du récit et de la lecture même d’une littérature monde qui est différenciée selon le contexte culturel du lecteur.

L’intervention d’Elise CANTIRAN (Doctorante en Littérature comparée de l’Université de Paris 3 Sorbonne) poursuivit cette dernière question en examinant la relation entre l’écrivain et le lecteur dans trois oeuvres de trois auteurs de différentes cultures : Luigi Pirandello (Mondo di Carta), Henry James (The Figure in the Carpet) et de Ryonusuke Akutagawa (L’Illumination créatrice). Ces trois oeuvres évoquent toutes la solitude de l’écrivain, la création littéraire et illustrent comment l’auteur devient sa propre création littéraire.

L’examen des enjeux littéraires des itinéraires continua dans la première séance de l’après-midi présidé par Yvan DANIEL, dans laquelle furent confrontée trois époques et trois genres de littérature française: les traités de civilités médiévaux l’oeuvre romantique de Chateaubriand et l’oeuvre contemporaine de J.M.G. Le Clézio.  Tatiana CLAVIER (ATER à l’Université de La Rochelle et doctorante de l’Université de Saint-Etienne) aborda  la construction des identités de genre à la renaissance et exposa comment l’écrit fut mis à contribution dans le contexte de l’exclusion des femmes du pouvoir à la Renaissance. Les traités de civilité ou de ‘politesse’ servaient à policer les attitudes à des fins normatives pour conforter une exclusion de droit.

Serge LINKES s’appuya sur trois textes de René-François de Chateaubriand, http://www.laprocure.com/cache/couvertures_mini/9782253049296.jpgLes Natchez, René, Atala, ou les amours de deux sauvages dans le désert (1801). Dans ces textes de Chateaubriand, le rêve d’Amérique décrite par De Toqueville, celui de la réussite du colon blanc, est opposé au rêve d’une Amérique d’avant, d’une nature gigantesque et inquiétante. La plume de d’auteur donne une résonance à ses descriptions et devient un icône, à tel point que les peintres du Salon de Paris en 1802 s’en empare, comme en témoigne la couverture de la version brochée moderne. Son oeuvre contribue à la création d’une identité imaginaire de l’Amérindien qui devient une figure du romantisme. 

Autre « passeur de des arts et des cultures », l’écrivain français contemporain, Le Clézio, ou plus précisément, l’exposition qui lui fut consacrée au Louvre, en novembre 2011, Le Louvre invite J. M. G. Le Clézio – Le Musée monde, fut l’objet de l’intervention de Marina SALLES (chercheur associé, Université de La Rochelle), co-directrice http://pur-editions.fr/couvertures/1277109930.jpg de l’ouvrage Le Clézio, passeur des arts et des cultures, avec Thierry Léger et Isabelle Roussel-Gillet, aux Presses Universitaires de Rennes, 2010. « Prenant le contre-pied d’une modernité qui a valorisé en art l’expression individualiste, il [Le Clézio] met en avant les créations anonymes et les formes d’art collectif. » selon Isabelle Roussel-Gillet et Marina Salles dans l’Introduction à cet ouvrage, ‘Fécondité des Confluences’.

Le quatrième atelier, présidé par Susan FINDING (MIMMOC, Université de Poitiers), fut consacré aux articulations entre une identité première et une identité traduite ou transférée. Brigitte Bastiat (enseignante d’anglais à l’Université de La Rochelle), en présence de son co-traducteur, Frank Healy, Maître de conférences, et du metteur en scène, présenta la nouvelle traduction en français d’une pièce de théâtre Mojo Mickybo d’ Owen McCafferty. Á ce propos, voir Virginie Privas-Bréauté, «Mojo Mickybo de Owen McCafferty», Agôn [En ligne], Points de vue & perspectives, mis à jour le : 13/12/2010, consulté le 25/02/2012.  

L’auteur nord-irlandais, dramaturge des classes populaires a été primé au Royaume-Uni. Brigitte Bastiat fit était des paradoxes et des difficultés que pose un texte ancré dans une culture spécifique, dans une époque, qui utilise l’argot très particulier des rues de Belfast. Sa présentation donna un aperçu de la technicité et de l’esthétique d’une telle tâche, et de l’impossible fidélité d’une traduction à l’original. La première de la version française sera donné le 12 mars 2012 à Tours dans le cadre du Congrès annuel de la Société française d’études irlandaises (SOFEIR) par le Théâtre Toujours à l’Horizon de La Rochelle.

Gregory Corps, doctorant à l’Université de La Rochelle, évoqua les transferts culturels d’un autre genre, et, à travers l’histoire d’un franco-brésilien, Auguste Duprat, tenta d’établir une typologie des liens qui relient les migrants à leur terre d’origine, typologie basée sur les supports culturels, les crochets que sont les retours vers le pays d’origine. La vie d’Auguste Duprat illustre la difficulté d’être un ‘entre-deux’ en voulant conserver la culture du pays de ses ancêtres, français au Brésil, brésilien en France, ce fonctionnaire français en France et brésilien au Brésil, est témoin d’identités en mouvement et d’itinéraires de vie cosmopolite.

Au cours du dernier atelier de la journée, présidée par Charles ILLOUZ, Professeur d’anthropologie, Doyen de la Faculté de Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (FLLASH) de l’Université de La Rochelle, quatre contributions autour d’itinéraires asiatiques confrontèrent des perspectives littéraires, anthropologiques et didactiques. Si Frédéric MANTIENNE et Laurent METZGER (Maître de conférences de malais-indonésien) analysèrent tour à tour l’oeuvre d’un http://pmcdn.priceminister.com/photo/Rong-Jian-Le-Totem-Du-Loup-Livre-893726508_ML.jpgauteur chinois, Jiang Rong, et d’un auteur malais, Pramoedya Ananta Toer.
Les deux auteurs, http://ecx.images-amazon.com/images/I/514SS1FZ88L._SS500_.jpgles deux oeuvres, à différents degrés, sont représentatifs d’itinéraires de résistance contre un pouvoir central et oligarchique, et reflètent différentes facettes de la périphérie, des marges : peuple mongol nomade colonisé dont l’habitat et la culture disparaît sous la pression démographique de la Chine du sud dans le premier, femmes en souffrance, romans composés en prison pour l’autre, qui peut être comparé sous plusieurs aspects à un Solzhenitsyn malais. 

La présentation par Chandra NuraÏni et Philippe Grangé, Maitres de conférences en sciences du langage et civilisation indonésiennes, sur le peuple Bajos, nomades marins, examinèrent la langue et les mythes de ce peuple, nomades des mers, aux huit langues, vivant dans l’archipel malais, dont la terre d’origine reste inconnue, diaspora sans espoir de retour. À partir de l’observation des rites et des mythes de ce peuple, la répartition en deux groupes clairement distincts apparaît : l’une au Nord de l’aire géographique de peuplement, autour des côtes du nord du Bornéo, avec comme mythe fondateur la Princesse de Johor; l’autre au Sud, autour des côtes des iles de Timor et de la Souche, pour qui l’arbre original sert de mythe de la création.

La dernière intervention de cet atelier fut présentée par Shu Changying,  docteur, INALCO. Elle a réalisé une enquête auprès de quarante enseignants de chinois non natifs pour comprendre leur itinéraire, leur choix du chinois.  C’est un travail sociologique inédit. En appliquant les théories de Bourdieu, elle distingue d’une part, le « capital hérité » (influence de la famille), d’autre part, le capital individuel qui se décline en trois paramètres : la recherche de l’altérité (l’envie, le besoin d’un « dépaysement mental et intellectuel (Garigue, 2004), la construction de la personne (le cheminement personnel, un défi et un gai psychologique,  la prise de l’autonomie, de l’espace individuel), et l’orientation disciplinaire. Comme l’ensemble des interventions, celle-ci a suscité un débat parmi l’auditoire sur le choix et la prédétermination.

Au final, un certain nombre de notions centrales et de mots-clés communs peuvent être retenus de ces communications diverses et variées des domaines des études de littérature, des études anglophones, hispanophones, indonésiennes, de l’histoire et de l’anthropologie. Mouvement, migration, errance, déambulation, pérégrination et cheminement sont les termes qui relèvent du déplacement, dont le terme latin, translatio, rappelle le déplacement d’une langue à l’autre des connaissances et de la culture, via, entre autres, la traduction, ou translation en anglais. Si l’itinérant n’a pas de domicile fixe, comme les nomades, qui « n’ont pas d’histoire, seulement une géographie » selon Pierre Deffontaines, géographe, lui-même éternel nomade, l’itinéraire peut au contraire s’établit d’un point fixe, spatial, culturel, chronologique, à un autre. Il constitue un fil d’Ariane, un lien, un tracé, et devient paradoxalement, un ancrage en lui-même, un « itinéraire mémorial », un « itinéraire tragique », comme l’a fait remarquer Yvan Daniel.  Les contributions à cette journée d’études ont éclairé ce concept et ont été à leur tour exposées aux notions, à l’épistémologie et à la méthodologie des disciplines différentes réunies sous la thèmatique d’Itinéraires.