Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni

Compte-rendu de la journée d’étude « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe » du 4 novembre 2011, Institut du Monde Anglophone, Université de Paris Sorbonne Nouvelle.

 Compte-rendu de la journée d’étude « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe », tenue le vendredi 4 novembre 2011 à la Sorbonne Nouvelle,http://www.univ-paris3.fr/images/photos/0005/img_1224254183962.jpg 5 rue de l’école de médecine, 75006 Paris, organisée par Anémone KOBER-SMITH du Centre de Recherche
en Civilisation Britannique (CREC/CREW EA 4399), Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 et Susan FINDING du MIMMOC (EA3812), Université de Poitiers.

La journée d’étude était structurée en trois sessions qui ont marqué une progression méthodologique allant de considérations théoriques et comparatives  à des études de cas spécifiques.  Les trois sessions ont abordé successivement les thématiques du travail et du genre sous un angle comparatiste international, l’évolution des marchés du travail féminin sous le New Labour, et l’articulation(s) entre travail rémunéré et non-rémunéré, vie professionnelle et vie privée.

Les deux interventions de la première session, qui était consacrée au travail et au genre et présidée par Anémone KOBER-SMITH (Université Paris 13), ont permis à Susan HALFORD (University of Southampton) et Pamela ABBOTT (University of Aberdeen) d’apporter à la fois une perspective internationale et une approche sociologique à la journée.

L’intervention du Professeur HALFORD servit à la fois d’introduction théorique, de réflexion sur des grands axes interprétatifs et d’étude de cas.  Sa recherche concerne la façon dont les organisations (entreprises, lieu du travail) peuvent être ‘genrées’. Elle passa en revue l’écart entre la littérature théorique de la sociologie et de la critique féministe d’une part et les questions de politique publique d’autre part, des préoccupations qui semblent souvent éloignés les unes des autres. Elle avança ensuite que les concepts d’espace et de temps – notamment sous la forme d’innovation technologique – peuvent aider à analyser les évolutions dans les rapports de travail « genrés », au-delà des concepts de classe sociale, de genre, d’âge. Enfin, elle montra la pertinence de ses analyses dans le cadre d’une étude de cas qu’elle a mené auprès des sages-femmes des îles Lofoten en Norvège au moment de l’introduction d’un projet de consultation obstétrique par internet. 

Le cas des familles composées de deux parents travaillant à temps plein a été étudié par le Professeur ABBOTT et sa collègue Claire WALLACE. Il s’agissait de confronter la typologie des régimes de travail et des modèles sociaux en Europe (Esping-Andersen, 1990, 1999) aux pratiques parentales en termes de garde d’enfant(s). Cette étude – qui a été menée dans six pays européens représentatifs des différents types d’État-providence,
le Danemark, l’Autriche, la Hongrie, l’Italie, le Portugal et le Royaume-Uni – a mis en lumière la façon dont les parents qui travaillent résolvent la question de la garde d’enfant(s).  Les solutions adoptées incluent, à des degrés différents, les horaires flexibles (télé-travail, travail à domicile, horaires décalés…), le recours à des structures de garde
publiques ou privées et l’emploi des grands-parents pour lesquels la question de la rémunération publique ou privée est débattue. Pamela ABBOTT a avancé qu’en dépit d’avancées significatives, les tâches ménagères et parentales restent très inégalement réparties entre les pères et les mères et a conclu en soulignant qu’il existe de fortes convergences dans les stratégies parentales pour l’ensemble des pays étudiés en dépit de divergences nationales en termes de modèle social ou d’emploi.

La deuxième session, présidée par Susan FINDING (Université de Poitiers), fut consacrée à l’examen des tendances des quinze dernières années en matière d’emploi des femmes, de temps partiel et de corrélation entre le niveau de formation et les taux d’emploi. La perspective économique et sociologique des intervenantes, Marie-Annick MATTIOLI (Université Paris-Descartes) et Catherine CORON (Université Panthéon-Assas), permit de saisir les enjeux sociétaux et économiques de la question.

Dans son intervention, Marie-Annick MATTIOLI s’efforça d’analyser dans quelle mesure le travail à temps partiel au Royaume-Uni entre 1997 et 2010 fut un choix libre ou une contrainte imposée pour les femmes. Après une brève contextualisation comparatiste concernant la nature du  travail à temps partiel dans d’autres pays européens, elle montra comment la diversité des situations et la construction des enquêtes (questions à deux réponses, non graduées) ne permettaient ni de fournir une analyse fine des statistiques ni d’apporter une réponse tranchée à la question. Elle mit cependant en évidence le fort taux de travail à temps partiel chez les 15-25 ans, et la nature temporaire de ce travail, ce qui correspond le plus souvent à des étapes précises du cycle de vie.

La contribution de Catherine CORON concerna la politique sociale du gouvernement New Labour, le ‘New Deal’. Mme Coron rappela que cette politique avait pour but premier de s’attaquer au chômage des jeunes. Ce n’est qu’accessoirement que le chômage des jeunes parents isolés fut ciblé. Le New Deal for Lone Parents doit être considéré comme une politique « genrée » d’activation car la grande majorité des parents isolés concernés sont des femmes. En outre, une analyse statistique du niveau d’étude des inactifs met en évidence le taux élevé d’étudiants dans la population masculine inactive et de personnes à charge de famille dans la population féminine inactive.  Ces chiffres soulèvent à nouveau la question du ‘choix’ de l’inactivité et du temps partiel chez les femmes.

Finalement, la troisième session, présidée par Corinne NATIVEL (Université Franche-Comté) et les deux co-organisatrices, fut consacrée aux articulation(s) entre travail rémunéré et non-rémunéré, vie professionnelle et vie privée. Elle a donné l’occasion à Sue YEANDLE (University of Leeds) et Cécile DOUSTALY (Université de Cergy Pontoise) de présenter l’impact des politiques familiales dans des secteurs où la recherche est plus récente, le ‘care’ (soins de personnes invalides) et les loisirs des mères. 

Le Professeur YEANDLE a souligné l’importance des lobbys dans l’évolution, voire la création, d’une politique prenant en compte l’important travail à domicile mené par les aidants (carers), des parents ou amis qui s’occupent à titre bénévole de personnes dépendantes invalides. Elle souligna le rôle décisif des politiques récentes en faveur de la petite enfance, des politiques qui ont ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffré les lobbies de soutien aux aidants et qui ont servi de modèle à la mise en place de mesures législatives favorables aux aidants.

Cécile DOUSTALY analysa l’accès aux loisirs des mères de famille, considéré longtemps comme une question privée et ne faisant pas partie d’une politique familiale. Son intervention montra à quel point l’accès aux loisirs des mères de famille, notamment des mères de famille dans le besoin, est lié aux politiques de soutien à la famille et aux enfants défavorisés.

La mise en commun de recherches disparates, mais néanmoins liées, fut l’occasion de découvrir des similitudes, de comparer les méthodes de travail, de mettre en évidence des thématiques transversales qui pourront être réutilisées avec profit dans ce domaine où la recherche et la politique sont intimement liées, comme le prouvent la présence de nombreuses participantes dans diverses instances consultatives.

(SF et AK-S).

Alternative Lifestyles, Society and Politics

This presentation stems from two workshops held at the SAES (Société des anglicistes de l’enseignement supérieur) Congress in Borde047aux in 2009 and ESSE, European English Studies Society conference in Turin, in August 2010, at which international scholars in English Studies and Social and Cultural History convened.

The French workshop organised under the aegis of the CRECIB (Centre de recherches en civilisation britannique) entitled Essais : L’expérimentation sociale et politique outre-Manche), was jointly convened and chaired by Jean-Paul Revauger (Bordeaux 3), Susan Finding (Poitiers), Myriam Boussabha-Bravard (Paris VII), and the late François Poirier (Paris XIII).

The workshop in Italy, Alternative Lifestyles, Society and Politics, was chaired by Mario Avelar (Universidad Aberta, Portugal), Logie Barrow (Bremen, Germany) and Susan Finding (Poitiers, France).

Full abstracts of the papers submitted to both conferences can be found below.

The theme has been taken up in France in American Studies under the title : 2 – Révoltes et utopies : la contre-culture américaine des années soixante.

Alternative Lifestyles, Society and Politics

http://data3.blog.de/media/084/2055084_aedd8739bd_s.jpeg  One day this summer I was riding through Letchworth when the bus stopped and two dreadful-looking old men got on to it. They were both about sixty, both very short, pink, and chubby, and both hatless. One of them was obscenely bald, the other had long grey hair bobbed in the Lloyd George style. They were dressed in pistachio-coloured shirts and khaki shorts into which their huge bottoms were crammed so tightly that you could study every dimple. Their appearance created a mild stir of horror on top of the bus. The man next to me, a commercial traveller I should say, glanced at me, at them, and back again at me, and murmured ‘Socialists’, as who should say, ‘Red Indians’. He was probably right-—the I.L.P. [Independent Labor Party] were holding their summer school at Letchworth. But the point is that to him, as an ordinary man, a crank meant a Socialist and a Socialist meant a crank. Any Socialist, he probably felt, could be counted on to have something eccentric about him. And some such notion seems to exist even among Socialists themselves. For instance, I have here a prospectus from another summer school which states its terms per week and then asks me to say ‘whether my diet is ordinary or vegetarian’. They take it for granted, you see, that it is necessary to ask this question. This kind of thing is by itself sufficient to alienate plenty of decent people. And their instinct is perfectly sound, for the food-crank is by definition a person willing to cut himself off from human society in hopes of adding five years on to the life of his carcase; that is, a person out of touch with common humanity.

George ORWELL, The Road to Wigan Pier, 1937, Chapter 11.

It is not a coincidence that left-wing politics and alternative lifestyles were sometimes synonymous, as George Orwell remarked in The Road to Wigan Pier (1937): ‘ ‘Socialism’ and ‘Communism’ draw towards them with magnetic force every fruit-juice drinker, nudist,
sandal-wearer, sex-maniac, Quaker, ‘Nature Cure’ quack, pacifist, and feminist in England.’
It was however rather schematic of Orwell to reduce the alternatives disparagingly to such a hotch-potch, and indeed to exclude excentric, marginalized lifestyles which are more associated with right-wing propensities. Opposition to
majority values, attempts to develop lifestyles not in keeping with dominant mores, revolt against the silent and consensual majority, consumerism and materialism, are not an invention of the 1930s and even less of the 1960s, although the rediscovery of leading lights of alternative lifestyles such as Oscar Wilde or Edward Carpenter, or further back, the Diggers, dates from that latter period, rich in new developments and reaffirmations. 

Themes and issues to be discussed include: the nature of these alternatives: the political rejection of hierarchy, of elites, of the established order, reversing traditions, the non-violent aspect of this opposition; the types of projects and protests such as urban experiments, opposition to urban developments, new communities, communal
living; mass squats such as Greenham Common, peace protests; the philosophy and culture of these movements: counter-culture, mysticism, eg. New Ageism, vegetarianism.

Can these different movements be categorized according to degrees of realism, pragmatism, idealism, escapism? What social and political basis do/did they offer? What are/were the links between the political sphere and these alternative movements? How far is the agenda of traditional party politics modified by such initiatives and has the political establishment resisted or succumbed to new themes, new practice and new ideas inspired by these movements?

In Bordeaux, the papers given covered Bohemian lifestyles, forms of family life and sexual attachment, and community living, the rethinking of the sexual order and revolt against sexual exclusion and marginalization : feminists, homosexuals, new marriages, new ‘men’ who supported the claims and demands of women militants. The historical perspective of some of the papers covering the 17th, 18th and 19th centuries, are reminders that such ‘discoveries’ are not restricted to the late 20th century.

http://www.americandecorativeart.com/internalpages/inventory/images/NFNMorris.jpgWilliam Morris (News from Nowhere, 1890) and Frederick Engels (Socialism: Scientific and Utopian, 1880) specifically appeared to adhere to the idea that a u-topia was, by definition, unattainable, illusive, stemming from impractical day-dreaming. And yet how many of these social experiments were rooted in practical and pragmatic communities practising what they preached? Apart from the more well-known utopian socialist attempts conducted by Owen or Fourier in the 19th century, latter daybco-operatives (Currelly, Fleurot), the establishment of the free state in Sierra Leone (‘Les échecs de la colonie d’affranchis en Sierra Leone, 1787-1807’, paper given at Bordeaux by the late François Poirier, Université de Paris 13) or the CAT community in Wales (Bory) provide striking examples.

In Turin, the workshop debates centered on three main points common to the case studies presented in the papers given : community, capitalism and evangelicalism. The communitarian aspect of the cooperative movement in Britain (Fleurot) which offered common facilities to members, provided a practical alternative social organisation. The practical nature of the Centre for Alternative Technology in Wales (Bory), which started as a communal living experience in 1973, shared a moralising aspect which verged on evangelicalism. The case studies examined demonstrated a model which associated pragmatism and idealism to differing degrees. All the examples were attempts to make a dream become a reality, from u-topia to a topia or settlement.

They were all to various degrees reactions to the individualistic lifestyles imposed by capitalism whether they be collectivists in the broad sense of the term or reactionary conservatives, rejecting globalisation (Ben Barka). For many this was a kind of ‘functional socialism’ in Habermas’ definition (Berg) adopting practical individual action rather than adhering to total ideological and political change. From the self-governing, self-sufficient community and ‘radical localism’ to the excentric individual, preaching self-fulfilment through sex (Arcana), all sought to stave off the mainstream lifestyle brought about by the relations capitalism had developed between master and worker, between producer and consumer. However this self-preservation brought with it self-marginalisation, isolation and rejection by the mainstream society in which they lived.

The abstracts below are arranged in a loosely thematic and chronological order and a selected bibliography follows.

« Our digging upon the Common is the talk of the whole Land » : l’expérimentation sociale des « Diggers » du Surrey vue par la presse des années 1649-1650.

Laurent CURELLY, Université de Haute Alsace – Mulhouse

Le 9 juin 1649, dans une lettre adressée au Général en chef Fairfax, dirigeant de facto de la République nouvellement proclamée, le meneur des « Diggers » du Surrey, Gerrard Winstanley, évoque, de manière quelque peu hyperbolique toutefois, l’écho qu’aurait rencontré la mise en place de sa communauté agraire de St George’s Hill. Ce mouvement protestataire, composé pour l’essentiel d’ouvriers agricoles et d’artisans qui revendiquaient pour le peuple l’accès aux terrains communaux et leur mise en culture, s’efforça pendant environ une année d’expérimenter et de promouvoir un communisme agraire. Bien que relativement marginaux, les « Diggers » et leur chef Winstanley, mus par une vision millénariste des événements révolutionnaires qui affectaient l’Angleterre, croyaient en une régénération spirituelle de l’être dont le préalable était l’appropriation collective de la terre et l’arasement des inégalités sociales. Ils pouvaient à cet égard inquiéter l’establishment politique d’une République qui, selon eux, ne tenait pas toutes se promesses. En tout cas, leur entreprise amena Fairfax à prendre l’initiative de rencontrer Winstanley à plusieurs reprises.

Il s’agira ici d’étudier l’image que donna de l’expérimentation sociale menée par les « Diggers » du Surrey la presse des années 1649-1650. On mettra notamment en lumière le point de vue développé dans les « newsbooks » sur les relations qu’entretinrent Winstanley et ses compagnons avec les autorités de la République. Dans une perspective chronologique, on s’attachera à la façon dont la presse rendit compte des événements liés à l’expérience des « Diggers », de l’occupation de St George’s Hill au printemps 1649 à leur départ forcé pour Cobham durant l’été 1649 puis à leur dispersion au printemps suivant, alors que les thèses qu’ils défendaient s’étaient nettement radicalisées. On s’efforcera de proposer une typologie de ces regards journalistiques sur les « Diggers » relativement à l’orientation politique des publications.


Co-operatives, Fair Trade and Utopian Socialism: When Dreams and Pragmatism Coalesce.

Magali FLEUROT,  Université de Bordeaux III

When cooperatives started to get organised, they had no claim at changing people’s lives on a personal level as there was no question of living together but it was a definite alternative as it offered a different way of looking at human relationships. This paper will examine how much of the nineteenth-century Socialist experiments can be found in today’s initiatives of cooperatives and fair trade. The word ‘utopia’ and its implications outside the literary world will also have to be questioned. Thereby, the ideas of utopian socialists may not be as unpractical as they were once thought to be.

Exemple de révolte contre le mode de vie consensuel de l’Angleterre du XIXème siècle : les pionnières des métiers de l’horticulture.

Emily CORVISY, Grenoble III

De nombreuses femmes ont commencé, de diverses façons, à influencer l’art des jardins anglais aux époques victorienne et édouardienne. A partir de 1890, alors que ces dernières sont tenues à l’écart de toutes les réalités de la sphère publique, les femmes se voient offrir, dans quelques écoles spécialisées, la possibilité d’être formées aux différents métiers liés au jardinage.

Ces écoles ont été créées par des pionnières excentriques dont le souci premier est d’aider ce « million de surplus de femmes anglaises » à s’assumer financièrement. La réalisation du projet de ces femmes se développera non sans rencontrer de multiples oppositions de la part de la communauté masculine (scientifique et professionnelle). La mise en pratique de cette tentative d’émancipation du rôle des femmes est reçue par les tenants des valeurs dominantes comme une forme de révolte. Néanmoins, dès 1896, certains propriétaires terriens ou conservateurs de jardins botaniques, tel que William Thistleton-Dyer à Kew, emploient de jeunes apprenties nouvellement instruites dans ces écoles féminines d’horticulture. Au début du XXème  siècle l’accès à l’ensemble des métiers liés au jardinage sera ouvert aux femmes. Les postes au sommet de la hiérarchie professionnelle, tel que celui de paysagiste, seront dorénavant accessibles aux femmes dont la représentante emblématique et symbolique est Gertrude Jekyll.                     

Le mouvement des cités-jardins et la question urbaine en Grande-Bretagne. Une tentative inaboutie ? 

David FEE, Université  Paris 3- Sorbonne Nouvelle

On mesure souvent mal ce que la société britannique contemporaine doit au mouvement des cités-jardins. De ce mouvement, né en 1898 avec la
publication de Tomorrow : A Peaceful Path to Real Reform de Ebenezer Howard, dont le grand public n’a retenu que la théorie des villes à la campagne, on connait parfois les deux réalisations anglaises de Letchworth et Welwyn. On sait moins souvent que cet essai, influencé par certains mouvements radicaux de la fin du 19ème siècle, pour transformer la société britannique et remédier aux maux urbains qui découlaient de près d’un siècle de révolution industrielle, a contribué à façonner le visage de la Grande-Bretagne moderne.  Car en dépit d’un échec relatif pendant les décennies qui ont suivi sa création (deux cités-jardins édifiées seulement ; un attrait limité à une catégorie étroite de la population, dépeinte comme bohème par ses détracteurs), certains des principes urbanistiques qui sous-tendent la théorie du mouvement ont été détournés après la première guerre mondiale et repris à leur compte par les autorités politiques nationales afin de calmer l’agitation sociale et éviter une révolution en Grande-Bretagne. Ils ont ainsi contribué à engendrer et dessiner la banlieue (suburbia), espace urbain indissociable de l’identité britannique et paradoxalement antithèse du mouvement. Ils ont alimenté la réflexion des dirigeants nationaux, après la seconde guerre mondiale cette fois, et contribué à une autre invention britannique, dont l’influence était appelée à être aussi forte, les villes nouvelles (New Towns). C’est à ces théories que des millions de Britanniques doivent aujourd’hui leurs conditions de vie et que la Grande-Bretagne doit son visage et son système d’aménagement du territoire.

Cette communication se propose donc d’étudier les théories du mouvement des cités-jardins, ses sources, ainsi que ses réalisations mais aussi, bien sûr, son absorption dans la pensée politique dominante à travers son héritage, à savoir banlieues et villes nouvelles. A l’heure où la Grande-Bretagne est engagée depuis 1999 dans une réflexion sur la forme  urbaine et la reconquête des villes, il nous parait pertinent de montrer ce que la société britannique doit à un essai en apparence  inabouti qui visait à transformer la société victorienne.

From Letchworth through ‘Silkingrad’ to Poundbury.

Nicholas DEAKIN, (London School of Economics)

In the proposed paper I set out to show how the Garden City movement moved from the eccentric margins to become incorporated into government planning and in the process shed much of its utopian idealism – and then lost favour with governments but acquired some alternative sponsors, sometimes with surprising consequences.

The history of planned ideal communities in Britain has passed through a series of different stages, as exemplified in my title. The proposals of Ebenezer Howard, as set out in ‘Garden Cities of Tomorrow’ originally belonged in a long tradition of imagined ideal communities, half rooted in rejection of industrial capitalism, half in a  vision of transformed humanity, stretching back to the Diggers and strongly influenced in the nineteenth century by ideas from Scotland (Robert Owen), continental Europe (Fourier) and Russia (Tolstoy and Kropotkin). The remaining traces of many such small utopian communities in England have been tracked down by Gillian Darley in her splendid collection, ‘Villages of Vision’.

Howard’s version of utopia, however, turned out – uniquely – to have wider practical application. His ideas were taken up by the nascent town planning movement, and became a focus for campaigns to improve the physical and social circumstances of the urban poor.  Eventually they assumed practical reality through private initiative in the first and second Garden Cities of Letchworth and Welwyn.

Then, though often derided for their alternative life styles, these were adopted as a model by the Labour Party. “Garden Cities” became “New Towns”,  a  priority for public funding after the Second World War and imposed by government fiat on communities in the Home Counties (hence “Silkingrad”, the name bestowed by protesting locals  on the proposed new town at Stevenage).

The official New Towns policy flourished in the fifties and sixties and then fell away, increasingly denounced for the uniformity of its physical construction and the alleged  anomie of its social setting. The ambitious New City at Milton Keynes was the last fling of large scale government-sponsored planned community building.

But the concept of self-contained ideal communities persists and the wheel has turned again. The Prince of Wales, no less, has sponsored his own ideal community in Poundbury, Dorset, with careful attention to architectural detail and selection of socially responsible inhabitants. A potential model for the twenty-first century, perhaps?

Entrer dans le siècle pour moraliser le royaume : Hugh Price Hughes, promoteur de la « conscience non-conformiste ».

Emmanuel ROUDAULT, IEP Lille

Il s’agirait, en s’appuyant notamment sur les sermons de Hugh Price Hughes 1847-1902_ (publiés en de multiples éditions de Social
Christianity
) et ses textes journalistiques (il dirigeait le Methodist Times), d’étudier sa tentative de mettre les questions sociales au cœur des préoccupations pastorales de l’Eglise méthodiste (sa proximité avec le « nouveau journalisme » de Stead est connue), et surtout de voir les églises non-conformistes investir ouvertement le champ politique.  A rebours des générations précédentes, comme celle d’un Jabez Bunting très soucieux de garder ses distances avec l’ordre séculier, il appelait de ses vœux un rapprochement des Free Churches qui déboucherait sur l’instauration d’un véritable « parlement non-conformiste » capable de peser suffisamment pour influer sur la gestion des affaires
du pays (la révérence pour Cromwell est perceptible dans de nombreux écrits, voir l’éditorial du MT quand les progressistes perdent les élections locales à Londres). 

Une formule résume l’esprit de ce que l’on a qualifié de « conscience non-conformiste » : « What is morally wrong cannot be politically right ».

Figure de proue du méthodisme des années 1880-1890, HPH a eu suffisamment d’influence pour entretenir l’illusion de la réussite possible d’un tel projet (illusion entretenue par les rapports de force sociaux et électoraux entre 1867 et 1918, ainsi que par le programme de Newcastle – et surtout le « moment » libéral de 1906). 

On considère que l’histoire de la « conscience non-conformiste » est celle d’un échec, puisque son influence s’est perdue dans les sables de l’entre-deux guerres, mais elle a laissé des traces durables (et fait parfois des dégâts. Parnell fut la victime la plus célèbre des foudres de ce prêcheur qui n’était pourtant pas unioniste).

Cet idéal de pureté morale et sociale, dont HPH fut l’un des (sinon le) propagandistes les plus influents, sous-tend de nombreuses « croisades » à une époque où la réforme morale cherche un second souffle après le triomphe de l’abolition des Contagious Diseases Acts  et le vote du Criminal Law Amendment Act.

On a surtout retenu le caractère rigoriste  d’un mouvement qui semblait vouloir établir une théocratie dans une Grande-Bretagne où l’alcool, le jeu et les divertissements « indécents » seraient bannis. En outre, les seules mesures adoptées concernaient principalement les pratiques des catégories populaires, si bien que l’on pourrait n’y voir que la volonté hégémonique d’imposer une morale et des valeurs « petites bourgeoises » à l’ensemble de la société (et au détriment de la culture populaire en premier lieu).

Cet aspect coercitif, socialement marqué, ne saurait occulter la volonté initiale, en particulier dans la pensée et l’action d’HPH, de bousculer les cadres traditionnels du méthodisme, d’ouvrir son assise sociale pour aller à la rencontre des plus humbles (The Forward Movement  etthe London Mission). Dans un premier temps, les cibles des mouvements se réclamant de la « conscience non-conformiste » furent choisies parmi l’élite : figures de l’aristocratie, lieu de la sociabilité mondaine comme l’Empire, institutions comme le Jockey Club, dénonciation de « l’économie de casino », etc… ; (mais les défaites judiciaires infligées par ces puissants adversaires expliquent en grande partie  le « recentrage » ultérieur).  Au rigorisme moral se combinait  donc une volonté de réforme sociale où se déployait la complexité des rapports entretenus avec le libéralisme et la première génération des dirigeants travaillistes. De nombreux textes d’HPH (« Christ, the Greatest of Social Reformers ») témoignent de cette volonté de peser directement sur les affaires de la Cité.  

En dépit de nombreuses contradictions et incohérences, la constellation de groupes de pression morale, souvent balayés par l’analyste comme des single-issue pressure groups et qualifiés par leurs adversaires de faddists ou de crotcheteers, s’inscrit bien souvent dans le sillage de cet espoir de réforme sociale, dans cette vision d’une société où une législation inspirée par les écritures garantirait la morale et l’équité. Cette démarche ambiguë peut susciter l’attention et l’intérêt de l’observateur du début du vingt et unième siècle.

Man’s World de Charlotte Haldane : Dystopie ? Critique féministe de l’eugénisme ? Utopie féministe eugéniste?

Florence BINARD, Paris VII

Pendant l’entre-deux-guerres, les partisans de la division des rôles  sexuels vont s’efforcer de présenter comme une vérité scientifique l’idée selon laquelle seule la maternité permet l’épanouissement de la vraie femme. L’argument n’est pas nouveau, mais les recherches scientifiques, notamment en biologie et génétique ainsi qu’en psychologie redonnent force à aux théories différentialistes et rares sont les voix qui s’élèvent contre l’idée que le devoir des femmes envers la nation est d’assurer la reproduction de la population. La majorité des féministes et notamment The National Union of Societies for Equal Citizenship (NUSEC) se rallie à ce point de vue et utilise cette valorisation de la maternité pour améliorer la condition féminine. En effet, si leurs analyses les portent à conclure que la capacité à enfanter a, jusqu’alors, été la cause de la dépendance des femmes, elles entendent utiliser ce don maternel pour réformer la société. Ainsi, si elles acceptent l’idée selon laquelle le rôle primordial des femmes est de procréer, elles estiment qu’il est de la responsabilité de l’Etat de faire en sorte qu’elles puissent accomplir leur tâche dans les meilleures conditions possibles.

L’objet de cette communication sera de démontrer que le roman de science fiction de Charlotte Haldane, Man’s World (1924) s’inscrit dans la lignée du « nouveau féminisme » prôné par la NUSEC et que du point de vue de son auteure il s’agit d’une utopie féministe eugéniste et non une critique féministe de l’eugénisme contrairement à ce qui a été avancé par certaines critiques. Le féminisme que prône Charlotte Haldane relève du féminisme dit domestique ou maternel – en vogue dans l’entre-deux-guerres – en ce sens qu’il a pour objet de défendre les femmes en tant que mères, il est eugéniste dans la mesure où le pouvoir accordé aux femmes réside dans l’amélioration de la « race » du fait de leur rôle de procréation mais il ne remet pas en cause l’organisation sexuée de la société, au contraire, il la renforce.

Le mouvement syndical, terrain d’expérimentation d’une démocratie industrielle collective et participative (1968-1979)

Marc LENORMAND, Université Lyon 2

Les années 1950 et 1960 sont marquées dans le monde du travail en Grande-Bretagne par le déplacement du centre de gravité des rapports sociaux vers le niveau local, une tendance illustrée notamment par l’émergence de la figure des délégués syndicaux (shop steward). Alors que les gouvernements voient cette évolution avec inquiétude, les militants de la gauche britannique, dans les partis et dans les syndicats, y voient quant à eux la possibilité de radicaliser le mouvement syndical, et de constituer un mouvement social de masse à partir des entreprises.

Ainsi, la démocratisation et la décentralisation du fonctionnement de nombreux syndicats qui, initiée à partir des années 1960, s’étend et s’approfondit dans les années 1970, est envisagée par ces militants non seulement comme un outil de politisation et de radicalisation des salariés, mais véritablement comme l’ébauche de la société démocratique et socialiste à laquelle ils aspirent. Les syndicats du service public notamment, parce qu’il s’agit d’organisations jeunes à la croissance rapide, sont de véritables terrains d’expérimentation d’une démocratie industrielle collective et participative, à travers la décentralisation des processus de décision, la généralisation du système des délégués (stewards) et le renforcement de l’organisation locale.

Nous proposons d’interroger cette expérimentation sociale et politique à partir de l’exemple de la National Union of Public Employees (NUPE), depuis le recrutement d’un cadre de permanents à la fin des années 1960, jusqu’à la réorganisation profonde du syndicat au milieu des années 1970, et au bilan de ces réformes tant politiques qu’organisationnelles au début des années 1980. Nous interrogerons notamment les conséquences durables de cette expérimentation sur le mouvement syndical pendant la période de contre-réforme
conservatrice, qui dans les années 1980 promeut un modèle antithétique, de démocratie syndicale individuelle et indirecte.

Lifestyle politics of ecologism in Britain.

Brendan PRENDIVILLE, Université de Rennes 2

This paper will analyse the formation of an ecologist counter culture in Britain which became highly visible during the 1990s decade. At this time, there were sizeable protests around the country against the massive road building programme announced in the Conservative government’s White Paper of 1989 (Roads for Prosperity). In the context of this workshop’s theme, the form of the protests is of particular interest, demonstrating what has been called a ‘do-it-yourself’ » youth culture in which the values & lifestyle practices of the participants were inextricably tied up with the reasons that gave rise to the mobilisation. In this respect, this alternative culture could be seen as a strand of the British utopian tradition, reaching back to Owenism or the Rochdale Pioneers, in which words & deeds come together in a common desire for change ‘here & now’.

The (principally) young people who protested against these new roads didn’t stop there. They, & their successors, went on to struggle against other ‘lifestyle’ issues such as live veal exports, GM food & consumerism, continuing right up to today’s protests against climate change. They are part of what has been called the ‘radical environmental movement,’ & can be seen as both the forerunners of the alter-globalisation movement as well as the advent of a British form of anarchist politics.

The Alternative Lifestyle of a Victorian Pornographer: Edward Sellon, Tantrism and Epicureanism.

Stefania ARCARA, University of Catania, Italy

Alternative lifestyles emphasising sexual freedom typical of 20th-century countercultural movements can be traced back to the mid-Victorian period, when England witnessed the emergence of pornographic literature and a rising interest in esoteric Indian religions. Edward Sellon (1818-1867), self-taught Orientalist, anthropologist, and pornographic novelist, exemplifies this nexus of Victorian subculture: his Annotations on the Sacred Writings of the Hindüs introduced Tantrism to England, while he defied the “ultra-squeamishness and hyper-prudery” of the English nation in his erotic autobiography The Ups and Downs of Life, written before he shot himself at the age of 48. Despite his imperial and sexist ideologies, Sellon’s worldview was coherently reflected in his anti-establishment libertinism, individualism and revolutionary contempt for religious and social conventions.

Machynlleth’s Centre for Alternative Technology in Wales: Alternative lifestyle or mainstream thinking?

Stéphanie BORY, Jean Moulin University of Lyon (3) France

The Centre for Alternative Technology (CAT) was founded in 1973 on the site of the disused Llwyngwern slate quarry near Machynlleth, MidWales, by Gerard Morgan-Grenville who established a community adopting alternative lifestyles. And yet it has now become a model, not only in Wales but also in Europe at large, being today Europe’s leading eco-centre. And particularly within the National Assembly for Wales since CAT’s ideals and ideas are now at the heart of the policy promoted by Wales’ new institutions. This paper thus aims at studying this community and the way the Welsh political institutions succumbed to the themes developed by CAT.

The Organic Turn: Urban Ecological Practice in Contemporary Canada,

Eva DARIAS-BEAUTELL, La Laguna University, Spain

This paper proposes a critical analysis of the contemporary shift towards the ecological and the organic in Canadian cities and its effect on the ongoing project of debunking national categories based on the dichotomy between the urban and the wild. I will look at the booming eco-urban life-style as a valid form of breaking such dichotomy. The eco-urban, as manifested in guerilla gardens, urban farming, blue-boxing, and organic shopping, can be read as both opening the natural to history, and as emphasizing the materiality of culture, and, in so doing, it advances alternative forms of social and ecological relations.

British Neo-Marxists and the Collapse of the Eastern Bloc: the End of an Oppositional Intellectual Project?

Sebastian BERG, University of Beilefeld, Germany

This paper investigates the consequences of the rupture of 1989/91 for the self-image of two generations of neo-Marxist intellectuals (those politically socialised in the 1930s/40s and the generation of 1968) and for their production of critical and emancipative theory. It suggests a sociological approach to the history of political ideas through relevant contributions in two periodicals which combine ‘old-left’ and ‘new-left’ elements : New Left Review and Socialist Register. This emphasis on journals aims at illuminating collective discussion processes. The focus is on the consequences for Neo-Marxists as a distinct group, Marxism as a theory of social change and as a strategic project, on discussions about remaining systemic alternatives, and on how to organise and work for their realisation.

The Lifestyle of American Far Right Extremists.

Mokhtar BEN BARKA, University of Valenciennes, France

This presentation is about American Far Right extremists – including survivalists and members of the militia movement – who make up the subculture of survivalism. More specifically, it is about their beliefs and their practices, which are steeped in doomsday predictions. Far Right extremists, in the United States, are armed and practiced in survivalism, a loosely structured yet pervasive belief system and set of practice focusing on disaster preparedness. They feel strongly that the current social and world order is moribund, and so they have taken steps to prepare for its imminent demise. At the same time, they see themselves in conflict with an evil government and a tyrannical world order.

Selected Bibliography:

(see also the rich bibliography on Counter-culture in America in the 1960s)

Appelbaum, Robert, Appelbaum, Robert Literature and Utopian Politics in Seventeenth-Century England, Cambridge: Cambridge University Press (2010).

Armytage, W.H.G., Heavens Below: Utopian experiments in England, 1560-1960, London: Routledge and K. Paul, (1961).

Buder, Stanley, Visionaries and Planners, The Garden City Movement and the Modern Community, Oxford, Oxford University Press (1991).

Chase, Malcolm, The People’s Farm, English Radical Agrarianism 1775-1840, Breviary Stuff Publications (2010).

Coates, Chris, Utopia Britannica: British Utopian Experiments, 1325-1945, London: Diggers & Dreamers Publications, (2001).

Corporaal,  Marguerite, van Leeuwen, Evert Jan, The Literary Utopias of Cultural Communities, 1790-1910, Amsterdam and New York: Rodopi (2010).

Fairfield, Richard, The Modern Utopian: Alternative Communities of The 60s and ’70s, Process (2010).

Firth, Rhiannon, Utopian Politics: Citizenship and Practice, London: Routledge (2011).

Hardy, Dennis, Alternative Communities in 19th Century England, London: Longman (1979).

Hardy, Dennis, Utopian England, London: Routledge ( 2000).

Hardy, Dennis, Davidson, Lorna, Utopian Thought and Communal Experience, London: Middlesex Polytechnic (1989).

Hardy, Dennis, Ward, Colin, American Dream: Land, Chicken Ranches and the New Age, London: Middlesex University (1983).

Jones, Tobias, Utopian Dreams, London: Faber and Faber (2008).

Viera, Patricia, Marder, Michael, Marder, Michael (ed.) Existential
Utopia: New Perspectives on Utopian Thought
, Continuum (2011).

Misiroglu, Gina,American Countercultures: An Encyclopedia of Nonconformistes, Alternative Lifestyles, and Radical Ideas in U.S. History (2009).

Ravetz, Alison, Council Housing and Culture: The History of a Social Experiment (2001).

Sargisson, Lucie, Sargisson, Lucy, Utopian Bodies and the Politics of Transgression, Routledge (1999).

Selth, Jefferson P. Alternative Lifestyles: A Guide to Research Collections on International
Communities, Nudism and Sexual Freedom,
Greenwood Press
(1985).

Winter, Jay, Dreams of Peace and Freedom: Utopian Moments in the Twentieth Century, Yale University Press (2008).

Politiques sociales et familiales en Grande-Bretagne – petite enfance

Publication de la Caisse nationale des Allocations familiales

INFORMATIONS SOCIALES
N ° 159 – Politiques sociales et familiales en Grande-Bretagne
Prix du numéro : 6,50 €

http://www.cairn.info/vign_rev/INSO/INSO_159_L148.jpgRésumé du numéro
Pays inscrit dans un modèle dit « libéral » au sein de l’Union européenne, la Grande-Bretagne est longtemps apparue comme un pays qui ne développait pas de politiques familiales et dont les politiques sociales visaient exclusivement les plus démunis. Lors de leur arrivée au pouvoir, en 1997, les travaillistes ont promu une « Troisième voie » afin de réconcilier l’économique et le social. L’État social que promeut, dès lors, cette Troisième voie vise l’égalité des chances en facilitant la « capacité » des individus (notamment par l’incitation au travail) afin de fournir les conditions de la cohésion sociale. Par ailleurs, du côté de la famille, des évolutions notables ont également eu lieu avec la mise en place d’une politique globale de structures d’accueil pour la petite enfance. Ce numéro consacré aux politiques familiales et sociales en Grande-Bretagne cherche à mieux cerner les enjeux sociaux du pays à la veille d’un probable changement de gouvernement. Quelles sont les caractéristiques du système de Welfare State de l’État britannique ? Quel a été l’impact des réformes appliquées depuis la fin des années 1990 ? Quelles sont les perspectives pour l’avenir ? Le numéro est articulé autour de trois parties. Dans un premier temps, ce sont les transformations du Welfare State qui sont présentées, la refonte de l’État-providence ayant été l’objectif des travaillistes dès 1997. Dans un deuxième temps, on s’intéressera aux champs de l’intervention sociale en explicitant les logiques et le fonctionnement d’un certain nombre de politiques telles que celles du chômage, de la conciliation vie professionnelle-vie familiale, du logement ou encore de la santé. Enfin, dans un troisième et dernier temps, ce sont les effets des politiques menées sur les groupes-cibles « fragilisés » qui seront étudiés : les enfants, les jeunes, les familles monoparentales, les personnes âgées et les handicapés.

Sommaire du numéro

Introduction : Quels problèmes sociaux et familiaux en Grande-Bretagne ? – Corinne Nativel

Points de repères : Données de cadrage sur la Grande-Bretagne – Sandrine Dauphin


Partie 1 – Les transformations du Welfare State

Un État-providence bâti sur des fondations bancales – Michael Hill
La Troisième voie et la question sociale – Jérôme Tournadre-Plancq
Ce que le revenu de solidarité active (RSA) doit au modèle social britannique – Philippe Steck
Politiques sociales et dévolution des pouvoirs : l’exemple écossais – Elke Heins
Politique familiale et égalité des sexes – Pamela Abbott et Claire Wallace


Partie 2 – Les champs de l’intervention sociale

Workfare et transformations de l’aide aux chômeurs – Corinne Nativel
Le National Health Service : une institution phare en pleine transformation – Anémone Kober-Smith
Le logement social en Angleterre : trente ans de déclin – David Fée
La mise en place d’une politique de la petite enfance – Susan
Finding

La Joseph Rowntree Foundation : un acteur majeur de la recherche appliquée en sciences sociales – Roseline Théron


Partie 3 – Les aides aux groupes « fragilisés »

Les aides sociales aux mères isolées – Fabienne Portier-Le Cocq
ConneXions, réseau d’aide gouvernementale aux jeunes anglais : éléments pour un
bilan – S. Pickard

La politique du handicap : un modèle reposant sur l’autonomie individuelle – Bob Sapey
L’aide aux personnes âgées en perte d’autonomie – Carine Berbéri

La mixité et le refus de l’hybridité

Cahiers du MIMMOC No.4: 2007

La mixité et le refus de l’hybridité

Etudes réunies et présentées par Susan Trouvé-Finding et Vincent Latour

Le thème de l’identité est au centre des contributions à ce numéro des Cahiers. Parmi les questionnements divers au sujet de l’identité, celui de l’identité plurielle, de la mixité et de
l’hybridité a probablement été le plus posé ces dernières années, au vue des développements sociaux et politiques récents. C’est pourquoi les auteurs ont trouvé opportun de contribuer aux débats en analysant et en comparant les concepts de mixité et d’hybridité dans leurs différentes acceptations en France, au Royaume-Uni, en Irlande et en Espagne. Les contributions qui suivent sont des cas d’étude de l’acceptation des termes de mixité et d’hybridité principalement dans des pays anglophone mais aussi en France. Ils concernent essentiellement le monde contemporain et les dernières décennies. Ils font une large part au thème de l’ethnicité, mais également à d’autres formes de mixité et d’hybridité.
http://cahiersdumimmoc.edel.univ-poitiers.fr/docannexe/file/498/publication_image_accroche_n4.jpg
Les articles de ce cahier sont le fruit des réflexions pendant deux journées d’études et de séminaires du Mimmoc (Equipe d’Accueil 3812). La première journée d’études, « Mixité », s’est tenue à l’Université de Poitiers le 29 avril 2005 avec le soutien du CRECIB (Centre de Recherches et d’Études de la Civilisation britannique). La deuxième journée à l’Université de Toulouse 2 Le Mirail, le 13 octobre 2006, sur « Le refus de l’hybridité culturelle » fut organisée par des chercheurs de TIDE (UMR 6588 CNRS).

Illustration : Modern Dance (crédits : Lieven Soete, licence Creative Commons sur Flickr).


 



Première campagne d’opinion moderne – la lutte anti-esclavagiste au Royaume-Uni

‘Granville Sharp the Abolitionist Rescuing a Slave from the Hands of His Master’ James Hayllar 1864, Copyright Victoria and Albert Museum.

Ce texte a été publié comme introduction à l’ouvrageL’abolition de l’esclavage au Royaume-Uni : débats et dissension, Paris: SEDES, 2009

En dehors de la transformation que l’abolition de l’esclavage a opéré dans la vie de centaines de milliers d’asservis, la campagne pour l’abolition de la traite britannique organisée par la Society for the Abolition of the Slave Trade qui commença en 1787 et fut la première du genre, fut le produit de son époque, celle de l’industrialisation, de la démocratisation de la culture et de la lecture, et des débuts de l’extension du vote et d’une période de réforme politique et sociale. Mais, dans plusieurs domaines, la campagne fut elle-même un moteur de cette évolution : elle fit partie des facteurs de la transformation sociale du Royaume-Uni, renforçant des tendances politiques nationales et internationales et accentuant l’émergence d’une nouvelle culture, d’un nouveau courant d’idées.

Le 18e siècle libertin, où débauche et licence à la Hogarth furent la règle dans les cercles influents, cèda le pas à un 19e siècle empreinte de censure, de moralisme et de réprobation, sentiments qui trouvèrent écho chez les classes moyennes ascendantes. La première campagne de commerce équitable (boycott de produits manufacturés produits par les esclaves : sucre, rhum et coton) fut accompagnée par la résurgence d’un puritanisme militant. La sainteté fut élevée comme valeur morale magnifiée par la renaissance des valeurs chrétiennes et l’adhésion des couches populaires – le Grand Reveil (The Great Awakening). En même temps s’opère un rejet de l’anglicanisme endormi et hypocrite de l’Establishment.

La lutte contre l’esclavage fut la raison pour laquelle http://t0.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcQ2nOTiLuCDrGXLr5ypehg7sDexbtZoGlZNept-TVPlQl2b_HuoyAWilliam Wilberforce fut  « canonisé » par l’historiographie du 19ème siècle (on appela de leur vivant le groupe d’hommes graves et sans reproche, gravitant autour de l’église Holy Trinity à Clapham, les « Saints »). Ce ne fut pourtant pas la seule « mission » du parlementaire : il s’attribua lui-même la réformation des moeurs (manners ) (Harris). Ainsi, Wilberforce se distingua comme le précurseur d’un nouvel esprit, d’une nouvelle génération d’hommes politiques, sobres, sérieux, intenses et profondément religieux. À l’extérieur, les guerres et les renversements de l’ordre établi (Révolutions américaine et française, guerres napoléoniennes) en cette fin de siècle portèrent le débat sur des terrains plus vastes. Il n’était plus question de nombrilisme attentiste ou de protectionisme, mais de l’intérêt national et de la sécurité nationale, d’une politique étrangère moralisante et de l’identité même de la nation britannique (Harris). Toutefois, l’appartenance à la nation des membres noirs, au nom desquels on se battait, sembla rarement effleurer l’esprit des anti-esclavagistes (Kitson, Dresser, Curelly).

Une phrase du sermon de John Dore résume à elle seule les arguments de l’époque :      « The very idea of trading the persons of men should kindle detestation in the breasts of MEN, especially of BRITONS – and above all of CHRISTIANS » [Dore : 14-18]                Le triptyque – humanité, identité nationale et identité religieuse – se croise et s’entrelace dans grand nombre des sources citées, du témoignage d’Ouladah Equiano de 1789 (Currelly, Coleman) au roman d’Harriet Beecher Stowe de 1851-2 (Lowance) en passant par les prêches de quatre ministres baptistes au cours de la première campagne entre 1788 et 1792 (Briggs), les lettres indignées de Robert Hall au journal de Bristol (Whelan), l’intervention de poètes romantiques comme Coleridge, Southey et Cowper (Kitson,
Coleman) et les préoccupations des femmes engagées dans la lutte (Midgley). Les dimensions humanistes, nationales et religieuses sont présentes dans l’ensemble des débats, tout au long des cinquante ans que dura cette campagne, dans le discours des anti-esclavagistes de toutes tendances, de toutes origines géographiques et sociales, mais aussi dans celui de leurs opposants, les défenseurs du statu quo et du maintien de l’esclavage et de la traite.

Les quatre sermons étudiés atteignirent une certaine notoriété, étant imprimés et distribués par le réseau actif d’imprimeries de l’époque mis à contribution pour réussir ce qu’on appellerait aujourd’hui « une stratégie de communication ». Ils témoignaient non seulement de la puissance de l’orateur, mais aussi de la force de la campagne organisée, de l’impact décuplé que pouvait avoir un sermon par sa reproduction, par sa lecture dans les foyers et par les réunions organisées par les comités anti-esclavagistes qui s’étaient multipliés à travers le pays (Midgley).

L’étendue de la campagne se mesura au nombre de villes citées dans ces quelques exemples.http://t2.gstatic.com/images?q=tbn:ANd9GcRNY_BC5CoDboa9F0QgIzKZ-xuIEImnJmvGoH7aIIf4BfX2jZ7HEALes quatre prêches analysées par Briggs furent donnés à Maze Pond, Southwark (ou par un pasteur issu de cette communauté), au sud de la Tamise, et à Prescot Street au nord – tout près de là où se situaient les docks et le commerce triangulaire au départ de Londres, dans un rayon d’un kilomètre de George Yard, au coeur de la City, où le premier comité anti-esclavagiste fut établi début 1787 (1) – et à Hull, ville natale et circonscription parlementaire de William Wilberforce entre 1780 à 1784.

La ville de Bristol, premier port esclavagiste britannique jusqu’au milieu du 18e siècle

http://img.dailymail.co.uk/i/pix/2007/03_02/039Quaker_228x342.jpgquand Liverpool prit son essor, figure à plusieurs reprises dans les récits : comme point d’entrée d’une population noire, esclaves ou hommes/femmes libres (Dresser), comme plaque tournante de la traite triangulaire (Satchell), comme lieu privilégié d’enquête par Thomas Clarkson (2) et comme centre actif d’un noyau d’anti-esclavagistes dès 1787 (Whelan), et d’action militante – le poète romantique Samuel Taylor Coleridge, qui affectionnait les séjours dans le Somerset et le Devon au sud de Bristol, y donna une conférence anti-esclavagiste en 1795 (Kitson).

Si le triangle de ports esclavagiste – Londres, Bristol, Liverpool – apparaît naturellement occuper le devant de la scène dans ces récits, les villes industrielles – Manchester, Leicester, Birmingham, Nottingham, Northampton et Leeds – figurent de façon récurrente dans l’organisation du soutien pour la campagne parlementaire. L’étendue de ce soutien se mesure non seulement par les centaines de milliers de signatures récoltées par les nombreuses pétitions, et par le nombre de personnes qui participèrent à l’appel à boycotter le sucre – les ‘anti-saccharites’ –, mais aussi par la multiplication de pamphlets, d’enquêtes, de livres, de sermons imprimés et distribués, ainsi que par l’étendue géographique et sociale de la campagne.

L’amalgame de ces phénomènes avec les idées et les arguments employés, la stratégie de communication adoptée et la tactique parlementaire utilisée eurent une telle ampleur que cette campagne fut, avec raison, considérée comme la première campagne d’opinion moderne [Brown (2006)]. « Abolitionism (…) helped to redefine the shape of British politics. » [Oldfield : 187] Elle contribua à faire basculer le pays de l’ère pré-industrielle et mercantile à celle de l’ère industrielle et impérialiste (Satchell, Harris). La lecture des articles aide à comprendre comment et pourquoi la campagne pour l’abolition de l’esclavage en Grande Bretagne fut si significative.

1. Jamaica Wine House, un lieu de rendez-vous d’affaires pour les armateurs et marchands d’esclaves, s’y trouve encore de nos jours, sur le site du premier ‘café’ londonien. (Illustration : St Michael’s Alley).

2. Voir  How did the real hero of the anti-slavery movement get airbrushed out of history? By ISABEL WOLFF, Daily Mail, 23 March 2007.

______________________________________________________________________

L’abolition de l’esclavage au Royaume-Uni : débats et dissension, Paris: SEDES, 2009

Entre 1787 et 1840 le Royaume-Uni et ses colonies connaissent une longue lutte entre partisans et opposants de la traite des esclaves et de l’esclavage. C’est ce combat, souvent intense, parfois violent, qu’étudient les contributions françaises et internationales réunies dans cet ouvrage. Leurs analyses portent sur le climat moral et intellectuel au Royaume-Uni à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Des thèmes particuliers et des cas d’études spécifiques sont abordés : les évangélistes, les baptistes, les femmes militantes de la cause abolitionniste, le port esclavagiste de Bristol, l’ex-esclave Equiano, le poète Coleridge, le réformateur Wilberforce, le débat économique.  À la croisée de plusieurs disciplines (études anglaises, histoire des idées, sciences politiques) cet ouvrage est destiné aux étudiants préparant le concours, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent à la civilisation anglophone.

A collection of essays from scholars worldwide dealing with the issues concerning the context and content of the debates in Britain and its colonies during the fifty year struggle to implement the abolition of the slave trade and the institution of slavery from 1787 to 1840. Scholars from Australia, Britain, France, and the United States examine the moral and intellectual climate of late-eighteenth and early-nineteenth century Britain. Themes include the Enlightenment, religion and romanticism, ethics and politics, transatlantic influences and abolitionist discourse. Case studies analyse particular aspects: the Evangelicals, the Baptists, women abolitionists, black Bristol, Equiano the former slave, Coleridge the poet, Wilberforce the reformer, the economic debate.  At the crossroads between English Studies, History, the History of Ideas and Politics, it will be of interest to students and scholars studying English literature and English-speaking cultures, the social, intellectual and political history of Britain and the Caribbean, and cross-cultural and transdisciplinary transfers.


Ouvrage dirigé par Susan Finding,
Professeur à l’université de Poitiers.
John Briggs, Professor, Theology Department, University of Oxford.
Vernon Burton, Emeritus Professor of History, African American Studies, andSociology, University of Illinois.
John Coffey, Professor of Early Modern History, University of Leicester.
Deirdre Coleman, Robert Wallace Chair of English, University of Melbourne.
Laurent Curelly, Maître de conférences en civilisation britannique, Université de Haute-Alsace.
Madge Dresser, Reader in History, University of West England.
Susan Finding, Professeur de civilisation britannique, Université de Poitiers.
Trevor Harris, Professeur de civilisation britannique, Université François Rabelais, Tours.
Peter Kitson, Professor of English, University of Dundee.
Mason I. Lowance, Professor of English, University of Massachussetts, Amherst.
Lawrence McDonnell, Lecturer in History, Iowa State University, Ames, IA.
Clare Midgely, Professor of History, Sheffield Hallam University.
Veront M. Satchell, Senior Lecturer in History and Archeology, University of the West Indies, Kingston, Jamaica.
Troy Smith, NCSA, University of Illinois, Urbana-Champagne.
Timothy Wheelan, Professor of English Studies, Georgia Southern University.

 

 

Figures de l’exclusion et de l’exil

Figures de l’exclusion et de l’exil   Cahiers du MIMMOC, No. 1

Etudes réunies et présentées par Susan Trouvé-Finding

Publiées en ligne le 15 février 2006

S’inscrivant dans la logique des travaux précédents sur la marginalité et la censure, elles aussi des formes d’exclusion, le thème de l’exclusion a inspiré les travaux de recherche de l’équipe d’accueil MIMMOC (Mémoire, Identité(s), Marginalité(s) dans le Monde Occidental Contemporain). Les membres du groupe, chercheurs en civilisation de l’UFR des Lettres et Langues de l’Université de Poitiers, travaillent, ainsi que le titre du groupe l’indique, sur la mémoire, l’identité et la marginalité dans les aires culturelles des langues allemande, anglaise, espagnole, italienne, russe et slave. Comme en témoigne ce volume, ces trois termes peuvent être déclinés de plusieurs façons sous l’axe de recherche choisi ici. Ce troisième volume présente les travaux du groupe sur ce thème dans la continuité de la réflexion entamée par CENSURE(S) dirigé par Marie-Aline Barrachina (Cahiers du FORELL, 1999) et Figures de la Marge (PUR, 2002) dirigé par Hélène Menegaldo.

L’abolition de l’esclavage au Royaume-Uni : débats et dissensions

http://www.images.hachette-livre.fr/media/imgarticle/SEDES/2010/9782301000606-V.jpgL’abolition de l’esclavage au Royaume-Uni 1787-1840 : débats et dissension  / The abolition of slavery in Britain 1787-1840 : debate and dissension. Paris, Sedes, 2009. Ouvrage dirigé par Susan Finding, Professeur à l’université de Poitiers.

Entre 1787 et 1840 le Royaume-Uni et ses colonies connaissent une longue lutte entre partisans et opposants de la traite des esclaves et de l’esclavage. C’est ce combat, souvent intense, parfois violent, qu’étudient les contributions françaises et internationales réunies dans cet ouvrage. Leurs analyses portent sur le climat moral et intellectuel au Royaume-Uni à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. Des thèmes particuliers et des cas d’études spécifiques sont abordés : les évangélistes, les baptistes, les femmes militantes de la cause abolitionniste, le port esclavagiste de Bristol, l’ex-esclave Equiano, le poète Coleridge, le réformateur Wilberforce, le débat économique.  À la croisée de plusieurs disciplines (études anglaises, histoire des idées, sciences politiques) cet ouvrage est destiné aux étudiants préparant le concours, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent à la civilisation anglophone.

Pour une revue de cet ouvrage voir Notes de lecture : Révauger Cécile   lien XVII-XVIII. Revue de la société d’études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles,     Année   2011,    Volume   68,    Numéro   68,   pp. 203-205.

A collection of essays from scholars worldwide dealing with the issues concerning the context and content of the debates in Britain and its colonies during the fifty year struggle to implement the abolition of the slave trade and the institution of slavery from 1787 to 1840. Scholars from Australia, Britain, France, and the United States examine the moral and intellectual climate of late-eighteenth and early-nineteenth century Britain. Themes include the Enlightenment, religion and romanticism, ethics and politics, transatlantic influences and abolitionist discourse. Case studies analyse particular aspects: the Evangelicals, the Baptists, women abolitionists, black Bristol, Equiano the former slave, Coleridge the poet, Wilberforce the reformer, the economic debate.  At the crossroads between English Studies, History, the History of Ideas and Politics, it will be of interest to students and scholars studying English literature and English-speaking cultures, the social, intellectual and political history of Britain and the Caribbean, and cross-cultural and transdisciplinary transfers.

John Briggs, Professor, Theology Department, University of Oxford.
Vernon Burton, Emeritus Professor of History, African American Studies, andSociology, University of Illinois.
John Coffey, Professor of Early Modern History, University of Leicester.
Deirdre Coleman, Robert Wallace Chair of English, University of Melbourne.
Laurent Curelly, Maître de conférences en civilisation britannique, Université de Haute-Alsace.
Madge Dresser, Reader in History, University of West England.
Susan Finding, Professeur de civilisation britannique, Université de Poitiers.
Trevor Harris, Professeur de civilisation britannique, Université François Rabelais, Tours.
Peter Kitson, Professor of English, University of Dundee.
Mason I. Lowance, Professor of English, University of Massachussetts, Amherst.
Lawrence McDonnell, Lecturer in History, Iowa State University, Ames, IA.
Clare Midgely, Professor of History, Sheffield Hallam University.
Veront M. Satchell, Senior Lecturer in History and Archeology, University of the West Indies, Kingston, Jamaica.
Troy Smith, NCSA, University of Illinois, Urbana-Champagne.
Timothy Wheelan, Professor of English Studies, Georgia Southern University.

Introduction (Susan Finding)

Les émeutes 2011 à Londres : repères historiques et comparaisons géographiques

The eruption of unprecedented riots in London and their emulation in other English towns in August 2011 led to much chest-beating and heart-searching. This book puts some of the questions asked into perspective.

http://www.c-s-p.org/flyers/9781443821506.jpgKeeping the Lid on: Urban Eruptions and Social Control since the 19th Century
Editor: Susan Finding, Logie Barrow and the late François Poirier
Date Of Publication: Jul 2010
Isbn13: 978-1-4438-2150-6
Isbn: 1-4438-2150-0

The contributors to this book have explored various aspects of urban imagination, so intimately related to a peculiar social environment. They are historians and geographers, linguists and cultural students. Their methodologies are very different, their sources poles apart. And yet, they address the same object of study, social and spatial segregation and urban eruptions, though severally defined: from epidemics to anarchist scares, urban uprisings to mental maps, or the reverberations of urban memories in song, novels and museums. Case studies consider the towns of Liverpool, London, Hull, New York, Salvador de Bahia, or more generally France and America. The networks created among intellectuals and labourers, anarchists and migrants, or the lack of communication between those who feel oppressed (rioters, strikers, anti-vaccination protesters) and those in control, are a further common denominator.

In a way, urban epidemics were the epitome of the repulsive character large cities possessed in the eyes even of their own inhabitants. If they were the receptacle of so many foreigners, and shady political characters, if they were the scenes of social and ethnic conflict, and violence, and promiscuity, and prostitution, and drunkenness, and pauperism, they were of necessity a festering sore which nothing could eradicate.

It is strange that something of this fear should linger on today—otherwise, how can one explain the lacunae in the official memory of museums?—despite the cultural efforts produced in the opposite direction, with Ackroyd’s love for East-End London, with the revival of a Little Italy in every major American city, with the nostalgic folklorisation of past miseries in Salvador de Bahia and in popular song. What sense of belonging can be generated by an obliteration of the past, what dynamic local culture can spring from an absence, from a hole in collective memory? This book goes some way to filling those gaps.

Susan Finding, Professor in British Studies, has taught at Poitiers Univerity since 1987, after gaining her DPhil from the University of Sussex. Her research interests lie in social and political history, notably on questions of education and family policy in the 19th and 20th centuries. She most recently edited Abolition in Britain (1787–1840): Debate and Dissension (Paris: Sedes, 2009).

Logie Barrow taught the social history of all more or less English-speaking countries outside North America at the University of Bremen from 1980 to 2008. He retired so as to spend more time researching history. He is the author of Democratic Ideas And the British Labour Movement, 1880–1914, with Ian Bullock, (2nd edition; Cambridge University Press, 2006) and Independent Spirits: Spiritualism and English Plebeians, 1850–1910 (Routledge & Kegan Paul, 1986).

François Poirier (†2010) was Lecturer at Université Paris 8, before he was appointed to a professorship at neighbouring Université Paris 13 in 1993. He published extensively on issues related to British politics, English social history, and Franco-British interaction. He sat on numerous academic boards in France and abroad. Among other books, he edited Londres, 1939–1945 (Paris: Autrement, 1995); News from Nowhere: William Morris (Paris: Armand Colin, 2004) with Elizabeth Gaudin; and Cordiale AngleterreRegards trans-manche à la belle époque (Paris: Ophrys, 2010). The present volume is one of many tributes to him.

For Contents, Introduction and Chapter 1 click on this link.

Le parti libéral au Royaume-Uni hier et aujourd’hui : aux marges ou au centre?

Les Cahiers du MIMMOC, No. 7 Etudes réunies et présentées par Susan Finding et Trevor Harris Publiées en ligne le 01 septembre 2011

 Des membres du parti libéral appartiennent au gouvernement britannique à nouveau depuis mai 2010 après en avoir été écartés depuis quatre-vingt cinq ans. Le parti libéral, majoritaire en 1906, devient minoritaire à partir de 1910. Le gouvernement est néanmoins resté aux mains de libéraux, au moins partiellement, jusqu’en 1924. De même, membre de la coalition gouvernementale en 2010, le parti libéral n’a pas été sans influence sous les gouvernements précédents. L’histoire se répète-t-elle? 

Les articles présentés ici ont été majoritairement présentés à une journée d’études tenue le 18 mars 2011 à la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université de Poitiers, organisée par les groupes de recherche MIMMOC (EA 3812) et GRAAT (EA 2113).  Les communications peuvent être vues en ligne sur UPtv, la chaine internet de l’Université de Poitiers. 

11 septembre : témoignages américains sur le campus

La Nouvelle République, 9 septembre 2011.

Joël Maybury, consul des États-Unis à Bordeaux, et Ted Widmer, historien et ancien conseiller de Bill Clinton, se sont exprimés sur les attentats.

Ted Widmer et Joël Maybury entourés de Susan Finding, Christelle le Billan et Saïd Ouaked, maîtres de conférence. (Légende photo parue avec l’article non reproduite ici).

Ils font face à des étudiants, des chercheurs. Ils racontent le 11 septembre 2001, les conséquences des attentats terroristes qui plongèrent le pays dans le deuil. Hier, l’université de Poitiers a reçu Joël Maybury, consul des États-Unis à Bordeaux, et Ted Widmer, historien de la Brown University et ancien conseiller de Bill Clinton, dans le cadre d’un colloque sur le thème « Le 11 septembre 2001 dans le monde : politiques, cultures, identités. » Un colloque organisé par une fédération de laboratoires de recherche et d’enseignement universitaires en Limousin, Poitou-Charentes. « Cette manifestation fait partie d’un projet de recherche en civilisations contemporaines, explique Susan Finding, directrice du laboratoire de Poitiers. Le 11 Septembre est un cas d’étude intéressant dans la gestion de la crise et l’après conflit. »

Dans la salle de conférence, la voix de Joël Maybury s’élève. Ce 11 septembre, il suivait une formation à quelques centaines de mètres du Pentagone, à Washington, quand les sirènes, les bruits d’explosion, ont envahi l’espace. « Et puis il y a eu un grand silence. Nous entendions les oiseaux chanter. » Les États-Unis ont subi de lourdes pertes. « Mais
le peuple américain est fort. Il a su se relever »,
souligne le consul.

« Il est important de se souvenir, affirme Ted Widmer. Mais c’est aussi très difficile car ces attentats font encore partie de notre présent. » Même si cet événement s’apprête à entrer dans l’Histoire. Ted Widmer en est bien conscient. « Les Américains ont puni ces attentats par l’élimination de Ben Laden, reprend l’historien. Un criminel a été condamné et nous en éprouvons du soulagement. » La commémoration du dixième anniversaire des attentats devrait permettre de tourner une dernière page. « Le président Obama va honorer ce jour, commente Ted Widmer. C’est un homme porté par de bonnes intentions. Il devrait permettre au peuple américain d’écrire un nouveau chapitre. »

Magalie Lépinoux