Liberté, inégalité, austérité. La politique de l’éducation en Angleterre entre 2010 et 2020

Vient de paraître un chapitre sur la politique de l’éducation en Angleterre 2010-2022 dans Le Parti conservateur britannique au pouvoir (2010-2020) Édité par Louise Dalingwater et Stéphane Porion, Presses Universitaires du Septentrion, 2023. Broché. 478 p.ISBN-10 2757438816    ISBN-13 978-2-7574-3881-7

Résumé :

Depuis l’ère Thatcher, l’objectif des gouvernements conservateurs a été de réduire la dépense publique. Pour ce faire, la stratégie éducative des gouvernements entre 2010 et 2020 a été de limiter puis de diminuer le budget de l’éducation et d’en confier une partie croissante au secteur privé. Cela s’est fait par l’intermédiaire d’une politique dite d’ « académisation ». Contrairement aux autres nations, en Angleterre, qui n’a pas de parlement spécifique[1], c’est le gouvernement du Royaume-Uni qui décide des politiques éducatives pour les 8,82 millions d’élèves fréquentant les 24 300 établissements scolaires en Angleterre, soit 85,6% de la population scolaire du Royaume-Uni[2]. Il sera ici exclusivement question de l’enseignement obligatoire en Angleterre qui est au cœur du système éducatif[3]. Dans un premier temps nous examinerons les programmes électoraux du Parti conservateur. La mise en œuvre de ces programmes politiques sera examinée dans une seconde partie. Les effets de ces politiques sur le terrain feront l’objet de la troisième partie.

[1] Au Royaume Uni, si le financement global est décidé par le gouvernement central à Londres, il revient aux nations (l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande du nord) d’élaborer leur propre politique et d’ajouter d’autres financements. Voir par exemple, pour le pays de Galles : https://eacea.ec.europa.eu/national-policies/eurydice/content/funding-education-96_en.

[2] Department for Education, Schools, pupils and their characteristics: January 2019, 27 juin 2019. À titre de comparaison, l’Écosse totalise 6,8% des élèves britanniques, le pays de Galles 4,5% et l’Irlande du nord 3,3%. Scottish Government, Summary statistics for schools in Scotland, no.10, 2019 ; Welsh Government, Schools’ Census Results : as at January 2019, Statistical First Release 57/2019 ; Northern Ireland direct, Schools and pupils in Northern Ireland 1991/2 to 2018/19, 30 avril 2019.

[3] La préscolarisation, qui relève autant des services sociaux que de l’enseignement au Royaume-Uni et les formations post-obligatoires ou alternatives (université et instituts d’enseignement supérieur – colleges of further education) mériteraient chacune un chapitre. Il ne sera pas non plus question de l’enseignement privé (8% des élèves), par définition, exclu des politiques publiques.

Liberté, inégalité, austérité. La politique de l’éducation en Angleterre entre 2010 et 2020   

Résumé du chapitre à paraître dans l’ouvrage Le Parti Conservateur au pouvoir : politiques, enjeux et bilan (2010-2020), Louise Dalingwater, Stéphane Porion (dir.), Villeneuve d’Ascq, Septentrion, 2023.

School Playground - Creative Commons Attribution Only

(Photo Creative Commons :Educators.co.uk. 

Depuis l’ère Thatcher, l’objectif des gouvernements conservateurs a été de réduire la dépense publique. Pour ce faire, la stratégie éducative des gouvernements entre 2010 et 2020 a été de limiter puis de diminuer le budget de l’éducation et d’en confier une partie croissante au secteur privé. Cela s’est fait par l’intermédiaire d’une politique dite d’ « académisation ». Contrairement aux autres nations, en Angleterre, qui n’a pas de parlement spécifique [1], c’est le gouvernement du Royaume-Uni qui décide des politiques éducatives pour les 8,82 millions d’élèves fréquentant les 24 300 établissements scolaires en Angleterre, soit 85,6% de la population scolaire du Royaume-Uni [2]. Il sera ici exclusivement question de l’enseignement obligatoire en Angleterre qui est au cœur du système éducatif [3]. Dans un premier temps nous examinerons les programmes électoraux du Parti conservateur. La mise en œuvre de ces programmes politiques sera examinée dans une seconde partie. Les effets de ces politiques sur le terrain feront l’objet de la troisième partie.

[1] Au Royaume Uni, si le financement global est décidé par le gouvernement central à Londres, il revient aux nations (l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande du nord) d’élaborer leur propre politique et d’ajouter d’autres financements. Voir par exemple, pour le pays de Galles : https://eacea.ec.europa.eu/national-policies/eurydice/content/funding-education-96_en.

[2] Department for Education, Schools, pupils and their characteristics: January 2019, 27 juin 2019. À titre de comparaison, l’Écosse totalise 6,8% des élèves britanniques, le pays de Galles 4,5% et l’Irlande du nord 3,3%. Scottish Government, Summary statistics for schools in Scotland, no.10, 2019 ; Welsh Government, Schools’ Census Results : as at January 2019, Statistical First Release 57/2019 ; Northern Ireland direct, Schools and pupils in Northern Ireland 1991/2 to 2018/19, 30 avril 2019.

[3] La préscolarisation, qui relève autant des services sociaux que de l’enseignement au Royaume-Uni et les formations post-obligatoires ou alternatives (université et instituts d’enseignement supérieur – colleges of further education) mériteraient chacune un chapitre. Il ne sera pas non plus question de l’enseignement privé (8% des élèves), par définition, exclu des politiques publiques.

11 Bibliographie : L’Angleterre au XVIIe siècle et la ‘Glorieuse Révolution’

11 Bibliographie : L’Angleterre au XVIIe siècle et la ‘Glorieuse Révolution’

Le catalogue d’ouvrages en anglais du Fonds Dubois peut être consulté ici : Fonds Dubois: ouvrages en langue anglaise, traduits de l’anglais ou publiés en Grande-Bretagne [PDF – 439 Ko]

 

En français :

COTTRET, Bernard, La Glorieuse Révolution d’Angleterre, 1688, Paris, Gallimard/Julliard, Collection Archives, 1988, Collection Folio, 2013.

MARX, Roland, L’Angleterre des Révolutions, Paris, Colin, 1971.

POUSSOU, Jean-Pierre, Les Iles Britanniques, les Provinces-Unies, la guerre et la paix au XVIIe siècle, Paris, Economica, 1991.

Ouvrages en langue anglaise :

*Ouvrages faisant partie de l’acquisition MIMMOC Région Poitou-Charentes 2013 dans le cadre d’un Appel à financement documentation.

ALEXANDER, J. M.,  MACLEOD C., Politics, transgression and representation at the Court of Charles II, New Haven, Yale, 2007   FM 23994

*Atlas of British Social and Economic History Since C.1700 Rex Pope F 311217

*ATACK, J., NEAL, L., The Origins and Development of Financial Markets and Institutions: From the Seventeenth Century to the Present Cambridge, CUP, 2009 F311381

*BLISS, R.Restoration England: Politics and Government 1660-1688, London, Methuen, 1982. FB 198371

CLARKE, George, The Later Stuarts 1660-1714, Oxford, Clarendon, 1956 (1st ed. 1934).

CLAY, C.G.A. Economic expansion and social change: ENGLAND 1500-1700, 2 vols. Cambridge, C.U.P., 1984.

COWARD, Barry, (Dir.), A Companion to Stuart Britain, Oxford, The Historical Association, Blackwell, 2003.

*DE KREY, Gary S. Restoration and Revolution in Britain: A Political History of the Era of Charles II and the Glorious Revolution, London, Palgrave, 2007.

DE RICCI, Seymour English Collectors of Books and Manuscripts, Cambridge, CUP, 1960.

DUNN, Mary Maples, William Penn, Politics and Conscience, Princeton, Princeton University Library, 1967.

*FINKELSTEIN, Andrea, Harmony & Balance, an intellectual history of seventeenth-century English economic thought, Ann Arbor, University of Michigan Press, 2000. F 311362

*GRASSBY, Richard, The Business Community of Seventeenth-Century England, Cambridge, C.U.P., 1995.

HALEY, K.H.D., An English Diplomat in the Low Countries, Sir William Temple and John de Witt, 1665-1672, Oxford, Clarendon, 1986.

*HAMILTON, D. B., STRIER, R., Religion, Literature, and Politics in Post-Reformation England, 1540-1688, Cambridge, CUP, 1996 F 311271

*HARRIS, Tim, Restoration: Charles II and His Kingdoms, 1660-1685, London, Penguin, 2006, F 311244

HOPES, Jeffrey, « Daniel Defoe and the affairs of France », Études Épistémè [En ligne], 26 | 2014, mis en ligne le 09 décembre 2014. http://episteme.revues.org/304.

*HOUSTON, A., PINCUS, S., A Nation Transformed: England After the Restoration, Cambridge, CUP, 2001.

HUGHES, Ann, Seventeenth-century England: A Changing Culture, vol.1. Primary Sources, London, Open University, Ward Lock Educational, 1980.

HUTCHINSON, Ross, Locke in France 1688-1734, Oxford, Voltaire Foundation, 1991.

ISRAEL, Jonathan I., Dutch Primacy in World Trade, 1585-1740, Oxford, Clarendon, 1989.

JONES, J.R., Liberty secured? Britain before & after 1688, Stanford, Stanford UP., 1992. F 173477

LOCKE, John, An Essay Concerning Toleration and other Writings on Law and Politics, 1887-1893, (Edited J. R. Milton, P. Milton), Oxford, Clarendon, 2006.    F 151143

LOCKE, John, Locke on Money, ed. P.H. Kelly, Oxford, Clarendon, 1991. S 99391-1, S 99391-2.

MIGRENNE, Jean, « Daniel Defoe. L’anglais de race pure, Traduction de The True-Born Englishman, A Poem », Temporel, revue artistique et littéraire, no. 18, sept. 2014. http://temporel.fr/Daniel-Defoe-Traduction-et.

*PINCUS, Steven, England’s Glorious Revolution, 1688-1689, Bedford, St Martin’s, Boston & New York, 2006.  F 311243

PINCUS, Steve, “La révolution anglaise de 1688: économie politique et transformation radicale”, Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 58, 1, 2011, pp. 7-52.

RAYMOND, Joad, Pamphlets and Pamphleteering in Early Modern Britain, Cambridge, CUP, 2003.

RICHETTI, John, The Life of Daniel Defoe: A Critical Biography, London, Wiley, 2015.

*ROSE, Jacqueline, Godly Kingship in Restoration England: The Politics of the Royal Supremacy, 1660-1688, Cambridge, CUP, 2011 F 311222

ROTHBARD, Murray M., Economic Thought before Adam Smith. An Austrian Perspective on the History of Economic Thought, vol.1, London, Edward Elgar, (Ludwig von Mises Institute), 1995.

SCOTT, J., England’s Troubles, Seventeenth-Century Political Instability in European Context, Cambridge, CUP, 2000.

*SHARPE, K., Remapping Early Modern England: The Culture of Seventeenth-Century Politics, Cambridge, CUP, 2000. F 311366

*SOUTHCOMBE, G., TAPSELL, G., Restoration Politics, Religion, and Culture: Britain and Ireland, 1660-1714, Basingstoke, Palgrave, 2010.   F 311225

SPIEGEL H.W., The growth of economic thought, Prentice Hall, 1971     L 4337

SWEDENBURG, H.T. England in the Restoration and early eighteenth-century: essays on culture and society, Berkeley, UCLA Press, 1972. R 235025-2

Ouvrages disponibles à la MSHS (Fonds MIMMOC):

BLACK, Jeremy, Eighteenth-Century Britain, 1688-1783, Basingstoke, Palgrave, 2001. 941.07 BLA

CRAGG, Gerald R. The Church and the Age of Reason, 1648-1789, Harmondsworth, Penguin, 1960. 270.7 CRA

GREGORY, Jeremy, STEVENSON, John, Britain in the Eighteenth Century, 1688-1820, London, Longman, 2000. 941.07 GRE

JONES, J.R., Britain and Europe in the Seventeenth Century, London, Arnold, 1966. 942.06 JON

PINCUS, Steven, 1688, The First Modern Revolution, New Haven, Yale University Press, 2009. 941.067 PIN

PINCUS, Steven, England’s Glorious Revolution, 1688-1689, Bedford, St Martin’s, Boston & New York, 2006. 941.067 PIN

10 Les Pays bas – le modèle maudit? L’Angleterre au XVIIe siècle

10 Les Pays bas – le modèle maudit ? (exposition virtuelle « La glorieuse révolution d’Angleterre 1688 » dans le Fonds Dubois)

(Les côtes d’ouvrages FD et autres sont les références du Fonds Dubois)

Si la Hollande est un exemple de tolérance – Locke y avait trouvé refuge et inspiration pour son Traité -, les Provinces-Unies sont également un exemple de gouvernement efficace, mais aussi un rival commercial de taille. On s’étonne que l’Angleterre possède de nombreux avantages naturels et prédit une révolution industrielle et la domination du globe, mais qu’elle soit néanmoins toujours inférieure à la Hollande dans le domaine du commerce. [FD2258  vol.2] Si la France a l’avantage des richesses naturelles – y compris sa population – la Hollande a l’avantage du savoir-faire, ce qui rend ce petit pays aussi puissant que les grands (Angleterre et France). [FD 2303]  Les traités publiés autour de 1670 cherchent à comprendre comment les hollandais ont fait dominer leur emprise commerciale. [FD 2276] comment sans les avantages d’une économie domestique aussi florissante que l’Angleterre, ils « dépassent les anglais en maintes choses ». [FD 2269]

La concurrence hollandaise en matière de transport maritime fut l’objet principal des lois de navigation anglaises de 1651, 1660, 1663, 1670 et  1673. Les lois anglais qui interdisent, entre autres, aux hollandais de transporter des produits anglais, ou à destination de l’Angleterre, n’ont pas empêché les Pays-bas de prospérer. Le zénith de la domination hollandaise du commerce maritime se situe en 1672 (Israel, 1989). Les auteurs sont envieux de ce rival exemplaire. On prend exemple sur leurs manufactures de lin, où les nécessiteux sont mis à l’œuvre. Les hollandais gèrent leur commerce de façon exemplaire, l’ont libéré des contraintes, ce qui semblait avoir contribué à la prospérité générale du pays.

La cause fondamentale des guerres anglo-hollandaises (1652-4, 1665-7) « pour obtenir les faveurs d’une maîtresse appelée Commerce » [FD 2255] fait donc acquérir aux anglais des possessions hollandaises en Amérique du nord, notamment l’acquisition de la Nouvelle Amsterdam en 1664, rebaptisé New York, en l’honneur du frère du roi Charles II.

« Nieuw Amsterdam op t eylant Manhattans. » [Nouvelle Amsterdam et l’île de Manhattan] Scale: ca. 1:3,300,000 Nicolaes Visscher : Novi Belgii Novæque Angliæ: nec non partis Virginiæ tabula multis in locis emendata / per Nicolaum Visscher nunc apud Petr. Schenk Iun. (1685) (Bibliothèque du Congrès) Libre de droits.

 

 

Qui gouverne les mégapoles ? Les maires élus au suffrage direct en Angleterre

Manchester Town Hall (Credit: manchester.gov.uk)

Depuis quinze ans au Royaume-Uni les électeurs ont été consultés par référendum sur des changements concernant la dévolution des pouvoirs exécutifs, la création d’un poste de maire de Londres (1997), l’élection des maires au suffrage direct (2002-2012) et, dernièrement, le système électoral (2012). Le poste de maire a une longue histoire au Royaume-Uni. La nouveauté est la manière dont ils sont élus et l’importance accrue de ce poste qui va de pair avec l’autorité qu’apporte le scrutin direct.

London City Hall (Crédit : London.gov.uk) 

Vient de paraître dans le numéro 14 | 2015 : Who Governs in the Americas and in Europe? de la revue en ligne Mémoire(s), Identité(s) et Marginalité(s) dans le monde occidental contemporain Cahiers du MIMMOC, un article intitulé Who governs Britain – Democracy in action? Directly Elected Mayors in England’ qui analyse les débats sur les avantages et les inconvénients de l’élection directe des maires dans le contexte de la problématique de la nature de la démocratie et d’interrogations sur l’efficacité des institutions démocratique au Royaume-Uni. L’article examine les raisons qui expliquent le succès ou non des changements que représente cette nouvelle forme démocratique, en particulier l’échelle à laquelle la démocratie directe semble être opérative.

2e journée d’étude Fonds Dubois

2e JOURNEE D ETUDE “Patrimoine : Fonds Dubois” du 22 novembre 2012

Compte-rendu posté sur le site dédié créé pour servir de lien au chercheurs du projet : http://dubois.hypotheses.org/

Cette deuxième journée d’étude consacrée à la valorisation du Fonds Dubois poursuit les travaux initiés lors de la première Journée d’études en date du 27 mars 2012 (voir le compte-rendu  publié sur ce site dédié).  Organisé par les laboratoires MIMMOC (EA 3812) de l’Université Poitiers et CRIHAM (EA 4….) bi-site Poitiers-Limoges, à la MSHS de Poitiers et la Bibliothèque Universitaire Droit-Lettres, la journée a de nouveau réuni des universitaires anglicistes (11e section), des historiens (22e section), des spécialistes du Service commun de documentation et de la numérisation de l’Université de Poitiers, et des collègues des Universités de Paris 8, Paris-Diderot, Metz et Manchester (Royaume-Uni) spécialistes de l’histoire des échanges commerciales et intellectuelles du Royaume-Uni, de l’Europe et des Etats-Unis des 17e et 18e siècles.

Participants : Nathalie Brémand, Responsable de la Bibliothèque Sciences Humaines et Arts, SCD, Directrice de rédaction de la BVPS, Université de Poitiers. Laurent Colantonio, MCF Histoire contemporaine, Université de Poitiers, CRIHAM (EA 4270). Susan Finding, Professeur de civilisation britannique, Directrice du MIMMOC (EA 3812), Directrice de la FE2C (FED 2447). Robert Mankin, PR, Université de Paris-Diderot, Directeur LARCA (LAboratoire de Recherche sur les Cultures Anglophones)  (EA 4214). Philippe Minard, PR, Directeur d’études EHESS, Université de Paris 8, Co-directeur du laboratoire IDHE, UMR 8533- CNRS (excusé). Eric Planchon, Ingénieur de recherche, responsable Plateforme Ressources numériques, M.S.H.S. de Poitiers. Allan Potofsky, PR, Président REDEHJA, Institut Charles V, Université de Paris-Diderot. Siobhan Talbott, Hallsworth Research Fellow in Political Economy, University of Manchester. Anne-Sophie Traineau-Durozoy, Conservateur, Responsable du Fonds ancien, SCD, Université de Poitiers. Des étudiants du Master 1 Recherche Culture et société étrangères assistèrent à la journée.

Plusieurs volets de ce projet furent évoqués pendant la journée. En premier lieu, les pistes scientifiques. Susan Finding présenta “Auguste Dubois : sources pour une biographie intellectuelle – la république des professeurs?“, un répertoire des sources trouvées pour faire un travail sur le personnage d’Auguste Dubois, son oeuvre, son travail et sa vie de professeur à la Faculté de Droit de l’Université de Poitiers au début du 20e siècle. Ces sources sont à la fois bibliographiques (IdRef SUDOC), historiques (Institut international d’histoire sociale, Amsterdam – Fonds Marcel Rivière, Fonds Kashnoor, Archives départementales – Faculté de Droit, et même le Fonds Dubois lui-même qui contient des pamphlets publiés par cette faculté), mais aussi ‘monumentale’

Maison d’Auguste Dubois, Poitiers

(la maison d’Auguste Dubois et sa tombe à Poitiers). Une biographie d’Auguste Dubois (Professeur de l’histoire des doctrines économiques à la Faculté de Droit de Poitiers au tout début du 20e siècle) et un travail sur la composition de sa collection (acquisition personnelle -parfois à l’étranger- d’ouvrages rares) éclaireront l’histoire intellectuelle, l’histoire des livres, l’histoire de l’université, mais aussi, l’enseignement de l’histoire économique en France.

Pour finir, Susan Finding a rappelé l’analyse faite par Steven Pincus, Bradford Durfee Professor of History, à l’Université de Yale, lors de sa présentation en mars dernier concernant la spécificité du Fonds en la comparant à la collection Goldsmiths-Kress qui l’a amené à conclure : “The Fonds DuBois is a phenomenally wide-ranging collection of political economic pamphlets for the eighteenth century. (…)The Fonds Dubois collection provides us with a remarkably strong selection of the output of the major political economic writers of the eighteenth century.”

Dr. Siobhan Talbott, Hallsworth Research Fellow in Political Economy, University of Manchester, chercheuse invitée financée par le laboratoire MIMMOC et la Région Poitou-Charentes au 2e semestre 2012-2013, présenta ensuite les objectifs de son projet de recherche et l’intérêt du Fonds Dubois pour ses recherches et pour la communauté scientifique en général.

Ses recherches sur le commerce extérieur britannique ont souligné des aspects des positions relatives nationale et internationale des nations britanniques qui sont en contradiction avec la dynamique que les chercheurs ont cru existaient normalement. L’union des royaumes en 1603, et celle des parlements anglais et écossais en 1707, sont considérées comme un indicateur de la supériorité économique et politique naturelle de l’Angleterre, alors que ‘une politique étrangère indépendante a disparu de l’autre côté de la frontière sous Jacques 1er après l’union des couronnes.’  Les historiens de la Grande Bretagne et de l’Europe moderne continuent à travailler avec cette idée, mettant en avant la prééminence de l’Angleterre sans vérifier les hypothèses sur lesquelles cette vision est basée. De plus, de telles investigations ont tendance à décrire l’histoire ‘anglaise’ plutôt que l’histoire britannique que J. G. A. Pocock, entre autres, encourage. Son travail cependant a suggéré que l’Écosse et l’Irlande ont maintenu des politiques économiques étrangères indépendantes et ont participé de façon autonome dans des conflits internationaux tels que la guerre de la Ligue d’Augsbourg (guerre de Neuf Ans) et la guerre de la Succession d’Espagne, ce qui soulève des interrogations concernant le positionnement relatif de l’Angleterre, de l’Écosse, de l’Irlande sur la scène internationale.

Ce projet est conçu pour répondre à ces questions et comporte une analyse détaillée des alignements et associations internationales que les trois nations britanniques entretenaient, ainsi qu’un examen de la place relative de chacune dans l’économie et le pouvoir commercial des nations britanniques à l’étranger – en particulier avec la France, mais aussi avec l’Europe et le monde transatlantique – à l’époque moderne.  Ce projet est soutenu par le financement de d’un contrat de recherche de trois ans, la Hallsworth Research Fellowship in Political Economy (University of Manchester, 2012-2015), pendant lesquels elle mènera des travaux  au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis.

Pendant les trois mois de chercheuse invitée à Poitiers, elle a l’intention d’utiliser le Fonds Dubois, dont le contenu est une mine pour ce projet de recherche. Quelques exemples sont les documents 374/1-14 sur le commerce étranger britannique, en particulier avec la France, à la fin de la guerre de Succession d’Espagne: les documents 435/1-2 and 1761/1-3 sur le commerce maritime des années 1750; documents 1705/2, 1708/1, and 1827-8, sur l’émergence d’une aristocratie dans les affaires en France, et des documents de la chambre de commerce et d’industrie, Rouen (1859/1-2). Les édits royaux, les actes du conseil d’état, en particulier ceux qui gèrent le commerce au début du dix-huitième siècle (collection 3253) sont d’un intérêt certain, ainsi que les oeuvres de Samuel Gale (1981/1-4), Daniel Defoe (2053/1-4), Christopher Robinson (2397/1-4) et William Knox (2489/1-2), dont certains n’existent que dans ce fonds. Cette liste est loin d’être exhaustive et ne constitue que des exemples des ressources dont l’Université de Poitiers est le dépositaire et qu’elle utilisera pendant son séjour au printemps 2013.

Le travail qu’elle mènera contribuera à des publications dans des revues internationales de renom. Une étude pilote a déjà été publié dans Historical Research (2012) et été lauréat du Prix Pollard 2011 attribué par la Institute of Historical Research (Université de Londres) et l’éditeur universitaire Wiley-Blackwell.L’éditeur Pickering et Chatto publiera une étude intitulé Conflict, Commerce and Franco-Scottish Relations, 1560-1713.  Ce séjour permettra également d’augmenter considérablement le travail déjà entrepris pour la création de la base de données qu’elle a initié : British Commercial Agents: a biographical database, 1560-1720, (Les agents commerciaux britanniques: base de données biographique, 1560-1720), qui sera publié en ligne pour l’utilisation par les chercheurs et le grand public.  Elle contribuera enfin pendant ce séjour de trois mois à l’identification des priorités pour la numérisation du Fonds Dubois, et en collaboration avec les universitaires engagés dans ce projet, et aidera au développement d’un réseau international de chercheurs dans ce domaine autour de ce fonds.

En fin de matinée, au 2e étage de la Bibliothèque Droit-Lettres, la présentation du Fonds Dubois et d’un certain nombre d’ouvrages de la section concernant les ouvrages en anglais ou publiés au Royaume-Uni, par Mme Traineau-Durozoy, Conservateur, responsable du Fonds ancien du Service commun de documentation (SCD) de l’Université de Poitiers, fut l’occasion de comprendre la richesse de ce Fonds. Mme Traineau-Durozoy présenta également l’histoire du catalogage du Fonds. Ce sont les conservateurs et bibliothécaires qui en dressant les inventaires ont les premiers souligné les richesses du Fonds.

Mais la partie la plus riche de cet ensemble date des 18e et 19e siècles, avec un éclairage sensiblement différent, le 18e beaucoup plus économique et politique (commerce des blés, assignats, Compagnie des Indes, physiocratie…), le 19e davantage centré sur les courants socialistes et utopiques (saint-simoniens, fouriéristes, l’Icarie de Cabet, Proudhon, aussi bien que Robert Owen…).

Des ensembles particuliers méritent d’être signalés :

‑ les romans utopiques et voyages imaginaires  (la collection complète des Voyages ima­ginaire, songe, visions et romans cabalistiques publiée par Charles Georges Thomas Garnier, mais aussi trois Thomas More, les Sévarambes de Veiras, les Galligènes de Tiphaigne de la Roche, Jacques Sadeur de Foigny, les Isles fortunées de Moutonnet de Clairfons, le Prince de Montberaud de Lesconvel, le Jacques Massé de Tyssot de Patot…).

‑ la collection de pamphlets en langue anglaise, soit environ 400 pièces sur l’Irlande, la politique, la banque, le commerce international, la South Sea Company, signés par (ou attribués à) William Petty, Davenant, Swift, Drapier, De Foe…

Jean-Paul Bonnet, Le catalogue des brochures du Fonds Dubois de la Bibliothèque universitaire de Poitiers, 2000.

Les différents outils disponibles pour consulter le Fonds sont les suivants:

-Catalogue en ligne Université de Poitiers – SCD – Fonds ancien

-Inventaire et index (auteur, thèmes) des 3089 brochures (J-P. Bonnet, 2000).

-Catalogue, (Nathalie Rollet, mars 2001).

-Liste des périodiques et brochures : les socialismes utopiques.

-Ouvrages en langue anglaise traduits de l’anglais ou publiés en Grande-Bretagne 16e-19e siècles (avril 2008).

-Tableaux Excel chronologiques :

-Fonds Dubois  – anglais

-Fonds Dubois – français.

Pour finir Mme. Traineau-Durozoy a présenté la liste des Acquisitions faites par le SCD avec les crédits Région Poitou-Charentes / MIMMOC sur les domaines “Economie, politique et société aux 17e et 18e s. dans les îles britanniques” pour servir d’usuels aux chercheurs venant travailler sur le Fonds.

En début d’après-midi, une visite à la plateforme des ressources numérique de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société permit aux chercheurs de se rendre compte des importants moyens techniques à disposition, notamment la dernière acquisition permettant de numériser en A0, en cours d’installation, présentée par Eric Planchon, Ingénieur d’études, responsable de ce service.

Mme Nathalie Bremand présenta la Bibliothèque virtuelle Premiers socialismes (BVPS) par mis en ligne sur le site de la SCD de l’Université, ce qui donna l’occasion à la réunion de poser des questions sur la conception du site, sur les choix opérés et des conseils sur le site projeté dans le cadre de ce projet.

Une discussion s’ensuit sur les priorités et les méthodes de travail. L’importance du travail de valorisation sans équipe dédiée paraît redoutable. Il faut continuer de chercher à faire connaître le Fonds par nos propres réseaux. Les professeurs présents envisagent d’envoyer des étudiants de Master et des doctorants utiliser le Fonds pour leurs travaux. Le travail individuel de chercheurs comme Steven Pincus et Siobhan Talbott, ne fera qu’accroître l’utilisation et la renommée du Fonds, permettant ainsi au projet de numérisation et de création d’une bibliothèque virtuelle de recevoir des appuis, voire à des projets scientifiques (ANR, GDR – cf le GDR 2136 France – Îles britanniques) thématiques autour du Fonds d’émerger.

Lors de la première journée d’étude, des actions avaient été projetées. Certains n’ont pas encore pu être initiées. Un certain nombre ont été déjà été effectuées :

1) prise de contacts : -avec le PRI Iles britanniques de l’EHESS, le Projet pluridisciplinaire Paris Diderot “Littérature pratique et l’imagination des savoirs”;

-Digital Humanities Congress 2012, University of Sheffield, 6th – 8th September 2012 – Susan Finding a assisté au congrès et contacté un certain nombre de participants dont des responsables de http://www.connectedhistories.org, de l’Institute of Historical Research, Londres).

2) création du carnet de recherche du réseau : dorénavant en opération dubois.hypothèse.org. Les membres du réseau sont invité à partager des informations via ce carnet en s’adressant à Susan Finding (Université de Poitiers).

3) solliciter l’intégration dans l’axe Patrimoine et Territoires (Patrimoine du passé) du CPER 2007-2013 Axe B : “Savoir, Sociétés, Images” puisque le projet émergeant correspond aux projets déjà établis Constitutions et circulation des savoirs. Le CPER en fin de parcours n’a pu accéder à la demande. Mais nous espérons pouvoir faire partie du prochain.

4) Susan Finding a soumis le projet de valorisation du Fonds à la MSHS comme projet à intégrer à l’axe 3 de la MSHS de Poitiers”Culture et patrimoine” avec le titre Fonds Dubois, les mots-clés : savoirs, circulations, collections, patrimoine intellectuel, humanités numériques, où les objectifs sont ainsi décrits :

la valorisation du Fonds Dubois (et accessoirement du Fonds ancien) en trois volets, la préservation, la communication et l’exploitation scientifique de l’ensemble.                              Les moyens : 1) répertorier les ouvrages spécifiques, créer une banque d’informations sur les éditions détenues à Poitiers ; 2) création d’une bibliothèque virtuelle (à l’instar de la Bibliothèque virtuelle des premiers socialismes et de la Bibliothèque virtuelle sur les Coutumiers du Centre-Ouest (dans le droit fil de l’idée de création d’un Portail BNF régional piloté par le SCD et de portails internationaux spécialisés 17e-18e siècles) ; 3) soutien et animation de projets de recherche autour du Fonds.

Cet axe, en cours d’élaboration (pour lequel Susan Finding, à la demande des deux porteurs du projet, est responsable du sous-axe “Monde de savoirs”) sera également la base des négociations autour du prochain CPER de l’Université de Poitiers.

La prochaine JE aura lieu en juin 2013 et réunira les deux chercheurs invités internationaux Steven Pincus et Siobhan Talbott, ainsi que les enseignants-chercheurs membres du réseau. La date précise sera annoncée ultérieurement.

Le prochain appel pour des candidatures de chercheur invité financés (voyage et frais de séjour) pour des périodes allant de 1 à 2 mois, ou de 3 à 6 mois (full professor/ post-doc) sera bientôt émis. N’hésitez pas à encourager des candidatures. Informations sur la page Research grants du carnet de recherche dubois.hypotheses.org.

Poitiers, le 29 novembre 2012, SF.