Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe

Signalons la parution du numéro 14 (2013) de l’Observatoire de la société britannique consacré au « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe » et dirigé par Susan Finding et Anémone Kober-Smith. ISBN 978-295404734. 204p. 12€.

Table des matières

1. Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe

Susan FINDING (Université de Poitiers) & Anémone KOBER-SMITH (Université de Paris 13)

2. Gendered Organizations and Working Lives: continuities, change and policy engagement

Susan HALFORD (University of Southampton) & Pauline LEONARD (University of Southampton)

3. Women’s and men’s career interruptions in Europe: the role of social policies

Rosy MUSUMECI (Università da Torino) & Cristina SOLERA (University of Turin)

4. Dual Earner Parents Strategies for Reconciling Work and Care in Seven European Countries

Pamela ABBOTT (University of Aberdeen), Corinne NATIVEL (Université de Paris XIII) & Claire WALLACE (University of Aberdeen)

5. Private Assistants in the Italian Care System: Facts and Policies

Giuliana COSTA (Politechnico, Milano)

6. La politique familiale à l’épreuve des stéréotypes de genre : une comparaison France – Royaume-Uni – Suède

Natacha Ordioni (Université du Sud Toulon-Var)

7. Emplois genrés et les services à la personne au Royaume-Uni : la petite enfance

Susan FINDING (Université de Poitiers)

8.   British women’s human capital and employment evolution under New Labour

Catherine CORON (Université Panthéon-Assas)

9. Gender, education and employment within the education system in Britain

Susan FINDING  (Université de Poitiers)

Contacts

Observatoire de la société britannique
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
Université du Sud Toulon-Var
83957 La Garde cedex
France

Commandes

Les commandes sont à adresser à à Gilles Leydier à l’adresse ci-dessus.
Les chèques sont à libeller à l’ordre de M. l’Agent comptable de l’Université de Toulon.

Fonds Dubois : IIHS, Amsterdam, juin 2013

Dans le cadre du projet de recherche Dubois, et avec le concours de la MSHS de Poitiers, j’ai mené une mission de recherche de huit jours dans les archives de l’Institut internationale d’histoire sociale à Amsterdam, situé sur les quais dans un quartier portuaire réhabilité.

Les archives de la librairie Marcel Rivière, éditeur de la Revue d’histoire économique et sociale, y sont déposées, ce qui a permis de consulter la correspondance entre Marcel Rivière et Auguste Dubois, concernant la revue et d’approfondir les informations connues sur la maison d’édition Rivière.

IMGP1458

D’autre part, le directeur de l’Institut, le Professeur N.W. Postumus avait, dès sa création, entrepris de sauvegarder de nombreuses collections et archives relevant de l’histoire sociale, dans la période tourmentée des années 1930. C’est ainsi, qu’une collection de livres rares et pamphlets d’histoire sociale économique, semblable aux ouvrages d’origine britannique du Fonds Dubois de l’Université de Poitiers, a été acquise du même fournisseur qu’utilisa Auguste Dubois, les frères Kashnoor, propriétaires du Museum Bookstore à Londres.

Nos remerciements à Marien van der Heijden, responsable du programme de numérisation du Fonds De Centrale (banque de dépôt fut le mécène au départ de la création de l’Institut), y compris du Fonds Kashnoor et à Huub Sanders, conservateur et auteur du catalogue de la collection Kashnoor édité en 1988, qui m’ont orienté et avec qui j’ai pu m’entretenir sur le Fonds Auguste Dubois.

Pendant mon séjour, j’ai pu consulté et numériser un nombre important de pages d’archives (manuscrits, imprimés, ouvrages, pamphlets, rapports, bulletins) concernant à la fois la Revue d’histoire économique et sociale et les conditions d’acquisition de la collection achetée aux frères Kashnoor.

La qualité de l’accueil des chercheurs (lieu, restauration, salle de travail, possibilités de réprographie et de numérisation), la disponibilité et le soutien des bibliothécaires archivistes, ont grandement facilité les travaux menés.

Liste des fonds d’archives et collections consultés: Archief De Centrale; IISG Rapport annuel (Jaar verslag);  IISG Rapport trimestriel (Kwartdas verslag); Archief IISG; Bulletins IISG vol 1-4, 1937-1940; International Review of Social History, 1-4 1936-1940, Catalogues Kashnoor 1905, 1908, 1911; Revue d’histoire économique et sociale 1908-1936; et des ouvrages de bibliographie variés.

Doctoriales de civilisation, Congrès de la SAES, Dijon, 17-19 mai 2013

Qu’ont en commun les termes « rock star », « despotisme », « récit d’ésclave », « le risque », les Amérindiens, les « femmes au foyer », ou les titres « Mr/Mrs/Ms »? ou encore Damon Albarn, David Hume, Frederick Douglass, Betty Friedan, Huntley & Palmer’s, Montesquieu et Fukushima?

Ce sont autant d' »appelations » et de sujets qui ont fait l’objet de communications dans l’atelier dédié aux doctorants en civilisation, co-dirigé par Michael Parsons, professeur à l’Université de Pau et du Pays de l’Adour IMGP1342et Susan Finding, professeur à l’Université de Poitiers.

Au cours de l’atelier les travaux ont identifié certains traits communs : la langue et le discours comme espace conceptuelle de lutte du pouvoir, l’invention de termes et leur utilisation à posteriori pour catégoriser des systèmes de pensée ou des systèmes politiques au sens large, et la symbolique des ‘appelations’ comme représentations culturelles.

Vous pouvez lire les résumés des communications sur le site du Congrès. Ont participé à l’atelier :

IMGP1343Clément Martin (Université Paris Diderot, LARCA) « From despot to despotism: evolution and diffusion of the concept in early 18th century Great Britain »

Claire Delen (Université Paris IV-Sorbonne) « Paternalist attitudes in the biscuit firm Huntley and Palmers from 1841 to the interwar period: an authoritarian form of control or a philanthropic ideology? »

Timothy Mc Inerney (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III) « The influence of Race, Nobility, and Civility, on the Language of Human Variety in 18th century Britain »

Kelly Fazilleau (Université de Poitiers, MIMMOC) « Racisme scientifique et appellations : justification de la gestion coloniale des ‘races humaines’ dites inférieures en Amérique du Nord au XIXe et début du XXe siècle »

Michaël Roy (Université Paris 13) « De quoi le récit d’esclave est-il le nom ? Terminologie, historiographie, critique »

Christen Bryson (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III) « Appellations genrées en transition dans l’Amérique de l’après-guerre »

Vanessa Martins Lamb (Université Sud Toulon-Var) « De la ‘femme au foyer’ à la ‘féministe’ : une étude comparative de l’évolution des femmes britanniques et américaines dans les années 1950 et 1960 »

Lucie de Carvalho (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III)  « Mais finalement que risque-t-on ? Nommer le risque au sein des discours sur l’énergie nucléaire en Grande-Bretagne de 1980 à 2012 : entre glissement et renversement sémantiques »

Ifaliantsoa Ramialison (Université Paris Est Créteil) « Genre musical et légitimité culturelle: l’exemple de Damon Albarn, ‘rock star’ et ‘compositeur d’opéra' »

L’éducation au Royaume-Uni et en Angleterre : quelques chiffres

L’éducation au Royaume-Uni en quelques chiffres.

Après l’émission sur France Culture Cultures Mondes – dont la présentation est reproduite ici, voici quelques compléments d’information concernant l’éducation en Grande-Bretagne aujourd’hui.

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This is England (3/4) – Another brick in the wall: sur les bancs de l’école

01.05.2013 – 11:00

Free school, School Academies, augmentation des frais d’entrée à l’université, augmentation des cotisations aux retraites des professeurs… Ces dernières années, le monde de l’éducation connaît d’importantes transformations ce qui n’est pas sans provoquer la colère. A l’origine de ce climat une série de réformes dans le financement et le fonctionnement de l’enseignement. Dans le supérieur le triplement des droits d’inscriptions à la rentrée 2012 mit les étudiants dans la rue, même dans la vénérable université d’Oxford.

Dans le secondaire, la réforme du système de retraite des enseignants (et des fonctionnaires) a provoqué la plus importante grève du secteur public depuis une quarantaine d’années. Les professeurs, estimant ne pas avoir été entendus, promettent d’ailleurs de remettre ça dès le mois de juin, et restent mobilisés. Quels points communs entre ces mobilisations, ces grèves ?

A priori les problématiques de l’enseignement supérieur et du secondaire sont assez distinctes, mais un point commun revient dans les slogans de ces manifestants: ils disent craindre une forme de privatisation du système d’enseignement. Le sujet n’est pas nouveau en Grande-Bretagne, fonds publics et privés sont mobilisés pour le financement des universités. Dans le secondaire depuis Tony Blair, des « sponsors » privés participent au financement des Academies: ces établissements mixtes représentent aujourd’hui plus de la moitié des lycées. Impossible d’aborder ce débat sans évoquer aussi les fameuses « free schools ». Ces établissements financés par l’Etat sont gérés par des organismes privés, des associations, parfois aussi des groupes religieux qui destinent leurs enfants à une morale communautaire stricte. Quel bilan peut-on dresser de ces free schools deux ans après leur lancement ?

Au-delà des particularités de chacun de ces dossiers, le système éducatif anglais, dans son ensemble, serait-il en train de laisser toute la place au secteur privé? Ce virage est-il une tendance lourde? Ce système est-il de plus en plus inégalitaire, comme de nombreux observateurs le disent? Est-il entrain de devenir est outil de ségrégation sociale?

Invité(s) :
Bertrand Venard, professeur à Audencia – écoles de management à Nantes, research membre of common room au Kellogg College de l’Université d’Oxford, research fellow à l’université de Pennsylvanie.
Susan Finding, professeur des universités en études anglophones à l’UFR Lettres et Langues, Université de Poitiers, directrice du MIMMOC .
Gino Raymond, professeur de « Modern French Studies » à l’Université de Bristol

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Nombre d’élèves : Angleterre 8.2m, Écosse : 0.8m, pays de Galles : 0.5m,  Irlande du nord : 0.3m

Nombre d’écoles au Royaume-Uni : 33892

  • 3, 326 écoles maternelles
  • 21, 968 écoles primaires
  • 4176 écoles secondaires
  • 1416 écoles spécialisées
  • 2611 écoles privées payantes

En Angleterre,  en 2012, il y avait:

4,217,000 élèves dans les écoles primaires financées par l’état (gratuites),

3,234,875  élèves dans les écoles secondaires financées par l’état (gratuites),

91,590 élèves dans des écoles publiques spécialisées pour enfants ayant des besoins éducatifs spécifiques (SEN),

13,475 élèves dans des unités spéciales pour enfants exclus des écoles,

39,470 élèves dans des écoles financées par l’état (maintained et direct grant),

577,445 élèves dans les écoles privées payantes (independent) de tous niveaux, soit 7% des élèves en Angleterre.

Ecoles par catégorie 423  Maintained 1 Direct grant 424 Total 16,818  State-funded Primary 3,268 State-funded secondary 967 State-funded special 72      Non maintained 1,039 Total 403 Pupil referral units 2,420 Independent (payantes) 24,372    All schools
Nombre d’élèves 39,395 70 39,470 4,217,000 3,234,875 91,590 4,325 95,915 13,495 577,445 8,178,200

En janvier 2012, 1,556 academies en Angleterre, (écoles independentes financées par l’état dont les free schools) avec 1,164,700 élèves soit 38.5% des élèves du secondaire.

Source : statistiques officielles du ministère de l’éducation britannique.

Nombre obligatoire de jours/an de scolarité : 190/an

Scolarité obligatoire : 5 ans à 16 ans. Les 17-18 sont dorénavant obligés d’être en scolarisation/formation/apprentissage, un des fléaux du système éducatif britannique étant le nombre élevé de jeunes de 16 à 21 sans insertion, pour lesquels l’accronyme NEET a été inventé (Not in education, employment or training).

Pourcentage d’une classe d’âge dans l’enseignement supérieur : 50% (chiffre qui confirme ce qui précède). Ou, autrement dit, pourcentage obtenant l’équivalent du baccalauréat  (2 matières aux ‘A’  levels) : 52.8% (Education and Training Statistics for the United Kingdom).

Nombre d’étudiants au Royaume-Uni 2,496,645 dont 1,702,610 en licence domiciliés au Royaume-Uni.

Nombre d’étudiants à l’Université d’Oxford : 25,595, dont 14,545 d’origine britannique, en licence; et à l’Université de Cambridge :19,945, dont 10,055 d’origine britannique, en licence.

Soit au total 25000 étudiants britanniques dans des formations en licence à ‘Oxbridge’, ou 14.5% des étudiants britanniques en licence au Royaume-Uni.

On constate une augmentation lente du pourcentage d’étudiants dans les universités britanniques provenant des écoles financés par l’état : 88.9% en 2011-2012. (Source : HESA) Même dans les universités les plus prestigieuses le pourcentage augmentent lentement, et avoisinent les 60%.

Mais, cela veut dire que 40% des étudiants dans ces universités sont toujours issus des écoles privées payantes, alors qu’ils ne représentent que 7% de la population scolaire, et, qui plus est, parmi les écoles financées par l’état, un certain nombre sont sélectifs et réputées pour leur succès dans la course aux places dans les universités prestigieuses (London Oratory par exemple où Tony Blair a envoyé son fils, Euan, admis à l’Université de Bristol). Il y néanmoins des exceptions notables. En 2011, Mossbourne Academy à Hackney, Londres, appelée la ‘pire école’ du royaume en 1995, rouverte en 2004, où 41% des élèves sont de milieu modeste, et où, pour 38% des élèves, l’anglais n’est pas leur langue principale, a réussi à placer 11 de ses élèves à Cambridge.

France Culture : 29 avril – 2 mai Le Royaume-Uni à l’émission Cultures monde

This is England (1/4) – Working class hero: l’Angleterre d’en-bas

29.04.2013 – 11:00

Avec Keith Dixon, professeur de civilisation britannique à la retraite, directeur de la Bibliothèque écossaise des éditions Métailié, auteur entre autres de Un abécédaire du blairisme : pour une critique du néo-libéralisme guerrier, (Éditions du croquant, 2005);  Philippe Pilard, réalisateur et spécialiste du cinéma britannique; et,  John King, écrivain, auteur de Skinheads (Au diable Vauvert, 2012), depuis Londre.

This is England (2/4) – London’s burning: le défi multiculturel

30.04.2013 – 11:00

Avec Delphine Papin, cartographe, journaliste au Monde, docteur de l’Institut français de géopolitique, Université Paris 8, auteur de l’atlas Londres (Autrement, 2012); Denys Blakeway, journaliste, documentaliste pour la BBC, auteur du docu « the rivers of blood » diffusé en 2008 sur BBC4 – depuis Londres (sous réserve);  Manuel Appert, maître de conférences en géographie à l’université Lyon-2, photographe urbain (sous réserve).

This is England (3/4) – Another brick in the wall: sur les bancs de l’école

01.05.2013 – 11:00

Avec Susan Finding, Professeur des universités en études anglophones à l’UFR Lettres et Langues, Université de Poitiers; Bertrand Venard, professeur à Audencia Nantes, Gino Raymond, Professor of French Studies, University of Bristol.

This is England (4/4) – Margaret on the guillotine: la culture sous Thatcher

02.05.2013 – 11:00

Avec Jeremy Tranmer, maître de conférences en civilisation britannique à l’université de Nancy, spécialiste des rapports entre la gauche britannique et la musique populaire, auteur de (avec Rachel Hutchins-Viroux (dir)) – Nationalism in the English-Speaking World, (Cambridge Scholars Press, 2009).

Cultures coloniales et postcoloniales et la décolonisation

Journée d’études Cultures coloniales et postcoloniales et la décolonisation, le vendredi 15 février 2013 à l’Université François Rabelais Tours.

Organisé par le laboratoire Interactions Culturelles et Discursives (ICD) EA 6297 et la Fédération pour l’étude des civilisations contemporaines (FE2C) FR 4227 avec le soutien de la CRHIA EA 1163 Université de La Rochelle et la participation de membres du MIMMOC EA 3812 Université de Poitiers dans le cadre du projet PRES Limousin-Poitou-Charentes « Cultures et territoires ».

Dans le cadre d’un projet de recherche commun à plusieurs laboratoires et d’universitaires membres de la Fédération pour l’étude des civilisations contemporaines (FE2C) initiée par les laboratoires MIMMOC (Université de Poitiers), EHIC (Université de Limoges et Blaise Pascal Clermont-Ferrand), FREDD (Université de Limoges), la journée d’étude a réuni onze chercheurs de sept universités françaises autour des « cultures coloniales » devant un public composé de chercheurs, de doctorants et d’étudiants de master sur les bords de la Loire dans les locaux de l’Université François Rabelais Tours.

Les intervenants se sont penchés sur les questions suivantes posées en préalable :

-Le traitement du fait colonial diffère sensiblement entre les différents empires coloniaux : britannique et français, notamment, mais aussi dans les futures ex-colonies liées par leur histoire aux autres cultures européennes. Qu’est-ce que « une culture coloniale »? Comment se manifeste-t-elle?

-Dans quelle mesure la/les culture(s) coloniales) (éducation, religion, littérature…) a-t-elle, ont-elles contribué à la décolonisation ou, au contraire, freiné l’émergence d’une culture indépendante ? L’appropriation du savoir colonial par les autochtones est-elle à l’origine d’un pouvoir, ou a-t-elle plutôt décrédibilisé les « convertis »?

-Les cultures coloniales, les empires, furent pluriethniques, voire plurinationales. Ce phénomène a-t-il contribué à l’émergence d’un transnationalisme postcolonial? Les mouvements panafricain, panislamique, ont-ils été générés par le fait même de l’existence d’une culture coloniale?

Au cours de la journée des interventions sur l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne à l’époque coloniale (le Maroc espagnol, la Tunisie sous protectorat française, le Cameroun méridional), sur les Amériques (l’Amérique latine – notamment le Puerto Rico -, les Caraïbes et l’Amérique du nord), sur les représentations et le traitement des populations indigènes (les Indiens d’Amérique latine et des Etats-Unis, les pèlerins du hajj, la police coloniale britannique) ainsi que la dissémination des idées politiques dans les ‘cultures coloniales’ dans les pays colonisateurs (Amérique du nord, Royaume-Uni, Caraïbes).

Les cinq interventions de la matinée furent présidées par Trevor Harris (ICD Université de Tours):

Alfredo Gomez-Muller (Université François- Rabelais, Tours) expliqua comment les « Représentations de « l’indien » dans les imaginaires sociaux et politiques des XIXe et XXe siècles en Amérique Latine » ont cherché à éliminer la présence de l’indien dans la culture et les réseaux de pouvoir dans les jeunes états indépendants latino-américains.

Marie-Catherine Chanfreau (Université de Poitiers) analysa l’ « Adaptation ou réaction locale vis-à-vis de l’administration espagnole au Maroc »,  les jeux de pouvoir et les soulèvements marocains sur fond de rivalités coloniales franco-hispano-allemandes de la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu’à la fin du régime franquiste (1859 – 1976).

Luc Chantre (Université de Limoges) examina l‘ « L’organisation du pèlerinage à La Mecque dans l’empire français à la veille des indépendances. Peut-on parler d’une « culture coloniale » du hajj ? »  avec la Tunisie comme cas d’étude particulière pour illustrer la logique promotionnelle qu’emprunta la France lors de l’encadrement et de l’organisation des pèlerinages, d’abord une question interne de politique sanitaire, sociale et économique, qui devint par la suite une question de politique étrangère.

Mélanie Torrent (Université Paris Diderot – Paris 7) montra comment le partage territorial des Camérouns devint un enjeu culturel : « Des partages coloniaux aux frontières culturelles : espace politique et stratégies identitaires au Cameroun méridional (1954-1961) ». L’unification de deux territoires, administrés l’un par les Britanniques, l’autre par les Français, fournit l’occasion de comparer les pratiques coloniales et la réaction des populations administrées, par exemple, le choix de la lutte armée ou une campagne pacifique lors des combats pour l’indépendance.

Cheikh Nguirane (Université de Poitiers) parla de la mise en place, dans les trois mille cours de soutien et centres communautaires des Afro-Caribéens britanniques, de lieux de mémoire et de résistance, et de la création d’une tradition transnationale inspiré par le panafricanisme: « De la communauté ethnique au communautarisme scolaire: Les ‘Black Supplementary Schools’ dans la diaspora noire britannique ».

Les quatre interventions de l’après-midi furent présidées par Susan Finding (MIMMOC, Université de Poitiers) :

Dans son intervention « Le Racisme Scientifique: justification et application d’une culture coloniale en Amérique du Nord », Kelly Fazilleau (Université de Poitiers) retraça les représentations « scientifiques » de l’indigène au XIXe siècle et leur évolution et des politiques qui en découlèrent ou/et en furent inspirées aux Etats-Unis et au Canada jusqu’au milieu du XXe.

Cynthia Tolentino (University of Oregon/L’Institut d’histoire du temps présent – IHTP)  prît l’exemple de Puerto Rico pour dresser le fond politique nécessaire à la compréhension des représentations des Puerto-ricains dans la culture littéraire et cinématographique américaine. Dans sa communication « From U.S. Unincorporated Territory to U.S. Commonwealth: Refigurations of Decolonization and Difference », elle analysa comment on peut parler de décolonisation sans l’existence d’un empire formel et devant l’amnésie ou le déni de son existence par la mémoire collective et l’historiographie américaines.

Les « Global radicals » qui sont le sujet de la communication de Jean-Paul Révauger (Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3) sont des intellectuels engagés C.L.R. James et George Padmore du Trinidad et la Oil Workers Trade Union de Trinidad, ainsi que Maurice Bishop et Bernard Coard, de la Grenade. Ces hommes furent à la fois le produit des cultures coloniales et l’exemple même d’une culture transatlantique, dans des réseaux ‘panafricains’ dont les centres d’activité se trouvaient à Londres et à New York.

L’intervention d’ Emma Bell (Université de Savoie), « Normalising the Exceptional: Colonial Policing Cultures Come Home » , évoqua la culture coloniale des services de police dans les colonies britanniques comme soutien au pouvoir militaire. Elle démontra comment le modèle irlandais a largement inspiré les mesures mises en place dans la métropole, au Royaume-Uni, dès la création de la police londonienne en 1824 et jusqu’à la fin du XXe siècle.

L’ensemble des communications a contribué à éclairer les questions qui ont été posées dès le début de ce projet, à savoir, les définitions d’une « culture coloniale », les circulations d’idées à l’intérieur des empires, et les manifestations culturelles post-coloniales : idéologie et idées politiques, littérature et arts.

Bus à impérial : Waterloo à Londres?

Hors un article dans les pages économiques de La Croix cet été (‘La bataille d’Angleterre de la RATP‘) et un entrefilet aux informations de midi cette semaine (le13h de TF), la nouvelle est passée quasi inaperçue en France, …mais pas en Angleterre.  Les célèbres bus de Londres, rouge à impérial, souvenir le plus vendu pendant les Jeux olympiques cet été, symbole de la ville, sont en partie passés sous contrôle français.

Les lignes exploitées à Londres par la compagnie London United, filiale de la RATP,  58 en tout, traversent Londres de part et d’autre, à partir des dépots de Hounslow, Shepherd’s Bush, Chiswick, Twickenham, Park Royal, Fulwell et Tolworth, dans l’ouest et le nord de Londres. La RATP est également présente à Bournemouth, sur les côtes de la Manche, au sud-ouest de Londres et opère un service de bus touristiques à Bath. La RATP contrôle également le système de trams dans la ville de Manchester, Metrolink, depuis 2011, pour le seul Royaume-Uni.

Pour aller plus loin:

Roselyne Théron, ‘Le service public de transport à Londres : miroir des évolutions socio-économiques de la capitale’, Observatoire de la société britannique, numéro 8, 2010, p. 107-125.

Richard Pond, « Liberalisation, privatisation and regulation
in the UK local public transport sector« ,  Privatisation of Public Services and the Impact on Quality, Employment and Productivity (CIT5-2006-028478) (2006)

Richard Darbéra, « L’expérience anglaise de dérégulation
des transports par autobus« , les Cahiers Scientifiques du Transport
N° 46/2004 – Pages 25-44

Gratuité de l’édition scientifique

Suite au post Pigeons ou dindons? vente malhonnête d’articles scientifiques, nous sommes particulièrement fiers de pouvoir démontrer notre propre engagement dans l’édition ouverte en ligne (open access) et d’annoncer la parution de la revue électronique du laboratoire MIMMOC (EA 3812), Cahiers du MIMMOC, en ligne sur une plateforme gérée par l’Université de Poitiers et en accès libre depuis six ans, sur le portail open édition, géré par le CLEO (Centre pour l’édition électronique ouverte, UMS 3287), qui réunit pas loin de quatre cents revues électroniques françaises en édition ouverte en lettres, sciences humaines et sociales : Mémoire(s), identité(s), marginalité(s) dans le monde occidental contemporain, Cahiers du MIMMOC  http://mimmoc.revues.org/.

C’est, à ma connaissance, la deuxième revue de l’Université de Poitiers, qui est acceptée sur cette plateforme nationale, après la Revue européenne des migrations internationales, revue internationale prestigieuse d’une UMR.

Pigeons ou dindons? vente malhonnête d’articles scientifiques

Petite mise à jour du commentaire sur la vente d’articles par des revues/instituts alors que la communauté scientifique se rebiffe, Les scientifiques s’indignent aussi.

En France, une tribune libre dans rue89 dénonce « Chercheurs, le CNRS continue de vendre cher nos articles gratuits » (affaire à suivre sur le blog de l’auteur) et un collègue annonce « à vendre, proses sur Julien Gracq » (ou l’auteur naif apprend que ses textes ont également été pillé).

Quelle ne fut pas ma surprise de voir un des miens également vendu (entre 13€ -courrier- et 52€ -porteur- HT, soit 15€ et 62€ TTC) alors qu’il est, comme Olivier Ertzscheid le dit dans sa tribune, en accès libre sur internet sur le site même de la périodique qui l’a publié! Même si les droits paraissent être reversés aux éditeurs, je ne peux pas accepter non plus cette pratique.

Je conseille à tous de vérifier si l’INIST (via REFDOC) ne vend pas votre propriété intellectuelle à votre insu…

Il incombe aux directeurs des revues dont les fonds sont répertoriés de demander le retrait de la base de l’INIST, comme l’ont fait certains : voir mode d’emploi dans la brève INIST : le côté obscur de la force? Mais chacun peut signer la pétition et envoyer un mail à l’INIST pour protester.

Comme il faut un contre exemple, de bonnes nouvelles de cet été nous apprennent qu’en « Grande Bretagne : les articles scientifiques bientôt en accès libre sur Internet ».

Sheffield Digital Humanities Congress 2012

Digital Humanities Congress 2012 University of Sheffield 6th-8th September

Du 6 au 8 septembre 2012, dans le cadre du projet de valorisation du patrimoine autour des Fonds Dubois et Fonds Valière, financé par le Département de la Vienne et 

l’Université de Poitiers, j’ai assisté au 1er congrès des humanités numériques (Digital Humanities) à l’Université de Sheffield au Royaume-Uni, où la Humanities Research Institute est l’un des pionniers dans le développement des moyens informatique comme outil de recherche et de communication dans le champs des sciences sociales et arts. Le congrès fut l’occasion d’annoncer la création d’une revue spécialisée Studies in the Digital Humanities en open-édition (pdf) en ligne à partir de 2013. Le premier numéro sera consacré aux travaux du congrès. Le congrès a réuni plus de 80 communicants et120 délégués venant de l’Europe et des Amériques. Le public était composé de trois catégories de professionnels : bibliothécaires et conservateurs, spécialistes de l’informatique et chercheurs des domaines des humanités.

Les trois ‘keynote speakers‘ représentent en quelque sorte cette répartition: le Professeur Andrew Prescott, Head of Department, Digital Humanities, King’s College London, Professeur Lorna Hughes, University of Wales Chair in Digital Collections, National Library of Wales, et Professeur Philip Ethington, Professeur of History & Political Sciences, University of Southern California, Co-Director USC Center for Transformative Scholarship.

Les 21 ateliers du jeudi après-midi au samedi matin furent l’occasion de confronter des méthodes, découvrir des innovations, voir les applications qu’offrent le numérique pour des sujets aussi variés que la numismatique médiéval, la topographie littéraire, l’image de presse, l’analyse linguistique, le paysage urbain pour ne citer que quelques uns. Les disciplines représentées vont des études anglaises à l’informatique, de l’histoire à la musique, de la géographie à la muséographie. Katherine Mansfield, Nabokov, Shakespeare, des manuscrits médiévaux du British Library, un trésor français de pièces de monnaie du 12e siècle, des paysages grecs et les archives de George Washington furent quelques exemples des travaux où la numérisation et le traitement numérique permettent de nouvelles approches et de nouveaux questionnements.

Les questions posées concernaient la méthodologie scientifique mais aussi les implications de l’accès plus grand que la mise en ligne introduit : comment naviguer dans une collection en ligne sans se perdre, comment trouver ce qu’on cherche, comment partager ce qu’on trouve en tant qu’utilisateur et ce qu’on produit en tant que professionnel du domaine, comment améliorer les interfaces et les outils associés (tags), comment mieux exploiter les données numérisées (logiciels mais aussi méthodologies), comment archiver les bases de données sur le long terme (où, par qui), comment mesurer l’impact des travaux (au delà de la bibliométrie -à usage interne au monde universitaire – les évaluations de la recherche demandent quels sont les retombés extérieurs), quelles innovations sociales sont générés (l’explosion de la généalogie), quels moteurs de recherche privilégier, comment gérer la question des citations de sources.

Ce ne sont que quelques-unes des interrogations posées par les communications auxquelles j’ai pu assister à savoir : Andrea Scharnorst (Royal Netherlands Academy of Arts & Sciences) ‘Visual interfaces to collections’; Mark Stevenson (Sheffield) ‘Navigating Cultural Heritage Collections using Pathways’; Keira Borrill (Sheffield) ‘Participating in Search Design, Understanding Scholarly Practices’; Romain Janvier (Pau) Guillaume Sarah (CNRS) ‘Rich Internet Application for Collaborative Numismatics’; Andrea Kula, Lu Yu (Max Planck Digital Library, Munich) ‘From individual solutions to generic tools: Digitization at the Max Planck Society’; Marico Emilio Dos Santos, Cicero Inacio da Silva (Federal University Juiz de Fora, Brasil) ‘Analysing big cultural data patterns in 4000 covers of Veja Magazine‘; Leigh Garrett, Marie-Thérèse Gramstadt (University for the Creative Arts, Farnham) ‘KAPTUR : Examining the importance & effective management of research data in the visual arts’; Michael John Goodman (Cardiff) ‘Art to Enchant: The Creation of a Digital Archive’; Smiljana Antonijevic et Sally Wyatt (Royal Netherlands Academy of Arts & Sciences), Monica Bulgr et Eric Meyer (Oxford Internet Institute) ‘Digital Humanities in Practice’; Erin Snyder (Oxford) ‘An Institutional Framework for Digital Humanities: An Alternative to the DH Centre’; Anouk Lang (Strathclyde) (Mapping Miss Mansfield: Using digital tooks to explore the role of place in the work of Katherine Mansfield and Witi Ihimaera’; Patricia Murrieta-Flores, David Cooper, Ian Gregory (Lancaster) ‘Spatial Humanities: Exploring and Analyzing Texts within a GIS environment’; Paul Rayson, Alistair Baron, Andrex Hardie (Lancaster) ‘Which Lancaster do you mean? Disambiguation challenges in extracting place names for Spatial Humanities’; Simon Tanner (King’s College London) ‘New Approaches to Measuring the Impact of the Digital Humanities’, Jonathan Blaney ‘The Citation Problem in the Digital Humanities’; Max Kemman, Martijn Kleppe, Stef Scagliola, Renske Jongbloed (Erasmus University Rotterdam) ‘Mapping the use of digital sources amongst humanities scholars in the Netherlands’; Mel Evans (Birmingham) ‘Multiple Readings from the same page: exploring options for digitized manuscripts’; Tobias Schweizer, Ivan Subotic, Lukas Rosenthaler (Basel) ‘Buidlding Digital Editions on the basis of a Virtual Research Environment’; Jennifer Stertzer (Virginia) ‘Working with the Financial Records of George Washington: Data and Databases’.

L’ambiace du travail sur le campus de Endcliffe Village et The Edge, complexe de salles, de cafétaria, bar et restaurant, a permis à tous les participants de faire connaissance et de partager leurs expériences et leurs interrogations pendant les ateliers et lors des pauses. Le prochain congrès se tiendra en 2014 et s’il tient les promesses du premier sera certainement aussi riche attirant encore plus de collègues qui travaillent dans le secteur des humanités numériques.