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Rentrée scolaire sous pression au Royaume-Uni

Un titre dans la presse anglaise interpelle le lecteur – des classes de soixante-dix élèves, des enfants d’âge primaire obligé de faire quatre heures de transport quotidiennes, en mettant clairement en cause l’immigration : l’augmentation des naissances en Grande Bretagne (22% depuis dix ans) venant en particulier des familles d’origine étrangère (15% des naissances en 2001, 25% en 2011) (Tom Rawstorn, « Classes of 70, four-year-olds forced to commute for three hours and a roof turned into a playground: Why no one will admit immigration is the reason Britain’s primary schools are bursting at the seams “, Daily Mail, 29 août 2014). Interrogée sur cette information, un article sur Atlantico.fr « Classes à 70 élèves, cour de récré sur les toits ou scolarisation à 1h30 de chez soi… Quand le poids de l’immigration s’invite dans la rentrée britannique« 
rend compte de cet entretien.

Pour vérifier l’alarmisme du Daily Mail, journal à sensation à fort tirage dont les prises de position xenophobes et traditionalistes sont connues, les quotidiens ‘sérieux’ ont été consultés. Mais The Independent verse également dans le scoop et le scandale, sans toutefois le couplet sur l’immigration (Richard Garner, Lucy Mote, Juliette Ihler, “Exclusive: Nearly 2,000 families still without school places for their children”, The Independent du vendredi 29 août 2014) : « Des milliers », « près de 2000 », et plus loin « plus de 1700 » familles sont sans une école pour leur(s) enfant(s), et les chiffres seraient incomplets et susceptibles de croître.

Pour comprendre à la fois les faits rapportés et les réactions des deux journaux, sensibles aux soucis quotidiens de leurs lecteurs, il faut examiner la question de plus près. Rapporté au nombre total d’élèves scolarisés en Angleterre et au Pays de galles, 8.7 million, (voir le billet L’éducation au Royaume-Uni… sur ce blog) ce phénomène concerne à peine 0.02 % (ou vingt élèves sur cent mille, pour ramener les chiffres à la taille d’une ville moyenne française). Mais selon le syndicat des fonctionnaires territoriaux (Local Government Association), il manquerait 130,000 places dans le primaire, ce qui veut dire 1.5%, 1500 élèves sur cent mille, ce qui veut dire l’équivalent de plusieurs établissements scolaires.

La cause de cette bévue ? Un baby-boom sans précédent depuis les années 1970, qui a été mal anticipé. La fermeture de classes dans le primaire dans la décennie 2000-2010 correspondant à la chute des naissances, n’a pas été suivie de réouvertures alors qu’on savait que la courbe des naissances s’était renversée. De plus, comme les démographes le savent, l’augmentation n’est pas uniforme, et concerne certaines villes, voire certains quartiers, plus particulièrement. Il ne s’agit donc pas de politiques d’austérité ou répressives, mais d’une mauvaise gestion.

Les conséquences de cette incurie sont plurielles :

-classes surchargées, alors que pendant les gouvernements précédents, on s’était attelés à réduire le nombre d’élèves par classe, dans le primaire en particulier

-établissements de plus en plus grands, obligés d’absorber une population scolaire non pas en diminution, mais en augmentation. La plus grande école primaire, Gascoigne, à Londres (Barking & Dagenham) a plus de mille élèves. Il faut remarquer cependant que, pour l’Angleterre et le Pays de galles, qui ont une population dense, les établissements scolaires, y compris les écoles primaires, ont un nombre d’élèves assez élevé entre 180 et 250.

Gascoigne primary is the biggest primary school in England, according to the latest official statistics. In two years’ time there will be more than 1,200 pupils, The Guardian, 23 avril 2014

-établissements obligés d’ouvrir des salles de classe dans des bâtiments temporaires, de transformer des salles spécialisées (informatique, SVT, sport) en salles de classe, d’ériger à la hâte des salles sur les terrains de sport (Fran Adams, « The growth of the ‘Titan’ schools, The Guardian, 23 avril 2012) avec les conséquences qu’on imagine sur l’emploi du temps, sur les matières enseignées et sur les élèves.

Dès 2010, des alertes avait été données (Tim Ross, « 100,000 pupils crammed into overcrowded state schools », The Telegraph, 2012, à Londres et aux alentours, mais aussi en Écosse, des parents faisaient état d’établissements de 700 à 800 élèves, qui pourraient avoir à augmenter leur capacité de 100 élèves. Certains défendaient la qualité de l’enseignement et d’environnement présente dans ces écoles. D’autres signalaient des difficultés de circulation dans la salle de classe.

Face à ces difficultés, les parents qui le peuvent, réagissent :

-l’école publique est délaissée en faveur de soit les écoles privées (mais peu nombreuses pour le primaire) ou pour la scolarisation à domicile (environ 20,000 élèves)

Pour les parents, obtenir une place dans l’école de son choix, la plus près, et/ou la mieux cotée, relève d’une loterie.

Mais ce dernier état de fait ne date pas d’hier. Il est la conséquence logique de politiques mises en place il y a vingt-cinq ans, et jamais remis en cause par les gouvernements successifs depuis lors.

Depuis l’introduction du ‘choix parental’ par le gouvernement Thatcher à la fin des années 1980, les parents ont le droit de déposer des demandes pour l’école de leur choix pour leur enfant. La mesure était censé améliorer la qualité de l’enseignement dans l’ensemble des écoles par le jeu de l’émulation, de la concurrence. Les écoles les mieux cotées (rapports d’inspection des établissements et note publiés sur internet) sont ceux qui reçoivent le plus de demandes. Les écoles les moins bien cotées verraient les parents se détourner d’eux, perdraient des élèves et seraient obligées de rectifier le tir pour attirer des élèves et des crédits.

Le désespoir de parents qui, du fait que leur maison se trouve une centaine de mètres en dehors du secteur de recrutement, déterminée par le nombre de places et la demande, est de compréhensible. Le prix des résidences dans les secteurs des meilleures écoles prend une surcote parfois de 20 à 30%, alors qu’on sait que le coût de l’immobilier est déjà très élevé.

Quant à la conséquence de la forte natalité dans les banlieues à forte population issue des minorités, l’exemple de Londres est connu. Mais toutes les municipalités sont conscientes des enjeux de ce phénomène et ce aussi depuis une vingtaine d’années.

Les statistiques sur l’appartenance minoritaire, sur la langue maternelle, sur la religion professé, mais aussi sur les familles en difficulté, existent et sont utilisées par les autorités pour essayer de consacrer des efforts supplémentaires, que ce soit en matière de gratuité des repas à la cantine scolaire (mesure étendue à cette rentrée scolaire à tous les enfants de moins de 7 ans pour combattre le déséquilibre alimentaire et la pauvreté, mesure prônée par le vice-premier ministre, Nick Clegg), ou en matière d’enseignement (anglais comme langue étrangère, reconnaissance des fêtes culturelles des différentes minorités).

En 2012, les conseils municipaux dans les villes de Londres, mais aussi Birmingham et Bristol, ayant des populations issues des minorités importantes, mais aussi celles de Bournemouth et Winchester (vers la côte sud à l’ouest de Londres), qui ne sont pas des villes connues pour leur population ethnique, sonnaient l’alarme.

D’autres, face aux conséquences de la construction de quartiers nouveaux sur la population scolaire, ont considéré que l’absorption du surcroît enfants d’âge scolaire dans les établissements existants coulait de source, et n’ont pas intégré la construction de nouvelles écoles dans le plan d’urbanisme, mais ils ne sont pas les seuls. Le plan directeur général (National Policy Planning Framework) de mars 2012 était critiqué pour l’absence de considérations sociales et la décentralisation de la planification (Population Growth and Housing Expansion in the UK Some preliminary considerations, 2013, p.13).

La stratégie de développement du Grand Londres dévoilé fin 2013 par le maire Boris Johnson fait état du besoin de quarante mille nouveaux foyers par an pendant vingt ans, rien qu’à Londres, et propose des solutions pour combler l’écart entre croissance démographique et habitations, mais n’inclut pas de réflexion sur l’impact sur les services publics (santé, éducation, transport par exemples) qui devraient accompagner ces mesures.

D’autres phénomènes expliquent donc l’augmentation de la demande à Londres et dans le Grand Sud-Est. La tendance des jeunes couples chargés de famille de quitter les villes a ralenti, et le nombre de jeunes enfants présents dans les centres urbains a augmenté. A Londres, il manquerait 118 000 places dans les écoles primaires et secondaires. Le Conseil de Londres avait milité en 2009 pour une dotation supplémentaire pour pouvoir créer de nouvelles places, et réitère sa demande en 2014.

La situation était connue dès 2012 et donnait du grain à moudre à l’Opposition. (« Primary schools to rise to 1,000 pupils in places shortage », Sean Coughlan, BBC News, 12 mars 2012Jessica Shepherd, « Labour warns England will be 500,000 primary school places short by 2015 », The Guardian)

A primary school in Barking, east London. The authority is planning a school in a former Woolworths store, with two shifts. Photograph: David Levene for the Guardian, 2012

Le gouvernement Cameron a reconnu le problème posé par l’augmentation de la natalité, en annonçant que les investissements immobiliers pendant 5 ans seraient consacrés aux écoles primaires. En décembre 2013, un budget supplémentaire de 2.3 million de livres sterling pour créer des places dans les établissements scolaires était annoncé.

Les titres des quotidiens sont révèlent le malaise qui règne mais l’examen de la question fait ressortir le refus des autorités nationales d’intervenir dans le sphère de compétences des autorités locales, chargées de l’éducation, qui au Royaume-Uni, est bien plus décentralisé qu’en France (à titre d’exemple, les enseignants ont toujours été des employés territoriaux et non des fonctionnaires de l’État). Les leçons sont à méditer alors qu’en France le transfert des compétences vers les territoires (régions, départements, villes) et la refonte de ces mêmes territoires est en cours.

Références :

Tom Rawstorn, « Classes of 70, four-year-olds forced to commute for three hours and a roof turned into a playground: Why no one will admit immigration is the reason Britain’s primary schools are bursting at the seams “, Daily Mail, 29 août 2014

Richard Garner, Lucy Mote, Juliette Ihler, “Exclusive: Nearly 2,000 families still without school places for their children”, The Independent, 29 août 2014

Richard Garner, « Free school meals: Lib Dems promise to expand policy to all primary school pupils in next parliament », The Independent, 2 septembre 2014

Sean Coughlan, « Primary schools to rise to 1,000 pupils in places shortage », BBC News, 12 mars 2012

Jessica Shepherd, « Labour warns England will be 500,000 primary school places short by 2015 », The Guardian

Fran Adams, « The growth of the ‘Titan’ schools, The Guardian, 23 avril 2012

Tim Ross, « 100,000 pupils crammed into overcrowded state schools », The Telegraph26 octobre 2010

Homes for London, the draft housing strategy 2013, Greater London Authority, 2013

http://www.londoncouncils.gov.uk/policylobbying/children/schools/primarys

Population Growth and Housing Expansion in the UK Some preliminary considerations, Population Matters, janvier 2013

Bibliothèques américaines et le Fonds Dubois anglais

Lewis Walpole Library, Yale (Farmington CT)

Lewis Walpole Library, Yale University (Farmington CT)

Dans le cadre de la mission de chercheur invité à l’Université de Yale, du 20 avril au 20 juillet 2014, il a été possible d’effectuer la comparaison des ouvrages en anglais du Fonds Dubois détenus par l’Université de Poitiers (Service commun de documentation, Bibliothèque universitaire Droit-Lettres, Fonds ancien) avec des collections semblables dans plusieurs bibliothèques américaines.

Beinecke Rare Books & Manuscripts Library, Yale University (New Haven CT)

Les bibliothèques américaines concernées par cette mission sont en premier lieu la Beinecke Library (New Haven, CT) et la Lewis Walpole Library (Farmington, CT) de l’Université de Yale; mais également la Baker Library à Harvard, la Butler Library de l’Université de Columbia (New York), la John Carter Brown Library, Brown University (Providence, Rhode Island), la Arnold Bernhard Library à l’Université de Quinnipiac (Hamden, CT) et la Folger Library (Washington D.C.).

Baker Library, Harvard University (Cambridge, MA)

Les collections de livres, léguées aux trois premières universités (Yale, Harvard, Columbia) forment les corpus d’ouvrages anciens traitant de l’histoire de l’économie – domaine que couvre le Fonds Dubois – parmi les plus importants en dehors de la collection du British Library (et de la National Library of Australia, Canberra).

John Carter Brown Library, Brown University (Providence, RI)

La John Carter Brown Library (importantes collections d’ouvrages anciens concernant les Amériques), la Lender Special Collection de la Arnold Bernhard Library, Quinnipiac, et la Folger Library (spécialisée dans les oeuvres du 16-17e siècles autour de Shakespeare) détiennent également des oeuvres sur le sujet. Il a été établi que le Fonds Dubois, tout comme les autre collections, contient des exemplaires de pamphlets et d’ouvrages uniques, présents dans aucune autre collection répertoriée au monde.

Folger Library (Washington D.C.)

Le séjour comme chercheur invité a permis de considérablement élargir le réseau international de chercheurs autour du projet, et en Amérique du Nord et en Europe (notamment l’Irlande), d’approfondir le projet au niveau méthodologique, d’entamer des pourparlers concernant des partenariats internationaux, de faire des recherches dans les archives sur la formation de collections, la philanthropie et la bibliophilie, la prosopographie dans l’histoire de la discipline des sciences économiques, et de faire avancer le travail de recherche appliquée en humanités numériques.

Butler Library, University of Columbia (NYC)

Pendant la mission, une trentaine de collègues de différentes institutions américaines et internationales  (historiens, spécialistes d’études européennes, transatlantiques, britanniques et irlandaises, conservateurs de collections et bibliothécaires responsable de collections de fonds anciens) ont pu être rencontrés pour des discussions autour du projet scientifique.

Barnard College, Columbia University (NYC)

Barnard College, Columbia University (NYC)

Grâce à ces contacts, et aux pistes qui se sont révélées à fur et à mesure de l’avancement des travaux, les objectifs initialement poursuivis par la mission –  examiner les pamphlets et livres pour déterminer si l’édition est conforme ou comment les éditions diffèrent; comparer la méthodologie et les outils de recherche utilisés par les archivistes et les conservateurs pour cataloguer ces collections; et enfin, développer, avec les collègues de Yale, un partenariat pour une bibliothèque virtuelle gratuite des oeuvres dans le Fonds Dubois à Poitiers – se sont étendus et développés.

Arnold Berhard Library, Quinnipiac University (Hamden, CT)

La mission a permis d’identifier plusieurs projets de numérisation et de collaboration déjà opérationnels, et de discuter avec les responsables d’un certain nombre d’entre eux. On retiendra notamment : Mapping Colonial Americas Publishing ProjectBubbles, Panics & Crashes: A Century of Financial Crises, 1830s – 1930s, Harvard Business School, Baker Library; Coin and Conscience: Popular Views of Money, Credit and Speculation, Harvard Business School, Baker Library; European Views of the Americas18thConnect.org, Texas A&M University, projet d’accès ouvert, qui fédère les ressources de plusieurs sites dédiés aux études du 18e siècle ; The Rhetoric of Text Analysis. Il a également été possible de comparer les approches méthodologiques et thématiques du projet avec des manifestations scientifiques tenues pendant la mission, cinq expositions, un colloque, une conférence inaugurale, et deux séminaires.

Expositions : Off to College: Higher Education in the Americas, 1551-1825 à la John Carter Brown Library (Providence R.I.), livres rares, cartes et manuscrits, 15 April-30 June 2014;

The Art of American Advertising 1865-1910Harvard Business School, Baker Library, (Cambridge MA);

Yale Center for British Art

Yale Center for British Art (New Haven CT)

Fame and Friendship: Pope, Roubiliac, and the Portrait Bust in Eighteenth-Century Britain, February 20, 2014–May 19, 2014, Yale Center for British Art (New Haven CT);

Ireland’s Great Hunger Museum, Quinnipiac University (Hamden CT)

Ireland’s Great Hunger Museum, exposition permanente d’oeuvres d’art et de l’histoire de la Grande Famine 1846.

The European Home Front in Posters from the Frankenhuis Collection, June 9-September 12 2014, Rare Books & Manuscripts Library, Butler Library,Columbia University (New York)

 

Quinnipiac University, Great Hunger Symposium 2014

Colloque international : 20th Ulster-American Heritage Symposium: Irish Hunger, Poverty and Migration: A Transatlantic Perspective, June 18-21, 2014, Université de Quinnipiac (Hamden CT) ;

Brown University, 250th Anniversary Inaugural Lecture, John Carter Brown Library

Conférence inaugurale : 250e anniversaire de Brown University en 1764The World is Not Enough: Brown circa 1764 (and circa 2014), donnée par Joyce Chaplin, James DuncanPhillips Professor of Early American History, de l’Université de Harvard, le 22 avril 2014, à la John Carter Brown Library (Providence RI), en présence de la Présidente de Brown University, Christine Paxton (lien vers le vidéo de la conférence);

Mapping Colonial Americas Publishing Project seminar, John Carter Brown Library

Séminaires : Présentation du projet en humanités numériques Mapping Colonial Americas Publishing Project, par Jim Egan, Department of English, Brown University, et Jean Bauer, Digital Humanities Librarian, John Carter Brown Library, Brown University (Providence, R.I.), le 21 mai 2014;

Folger Library (Washington DC), Late-Spring Faculty Weekend (reception), grâce à Pascale Drouet (Professeur à l’Université de Poitiers ) qui y animait un atelier.

Les mémoires et les archives personnelles de six collectionneurs contemporains d’Auguste Dubois (1866-1935) – dont deux professeurs d’économie à New York et à Londres -ont été consultées dans les fonds anciens des bibliothèques Beinecke et Lewis Walpole à Yale, Baker à Harvard, Butler à Columbia :  H. Bancroft (1879-1933) Président du Dow Jones, propriétaire du Wall Street Journal, collectionneur (collection léguée à la Harvard Business School) ;  H.S.Foxwell (1849-1936), Professeur à la London School of Economics & Cambridge University (Kress collection et archives à la Baker Library, Harvard et Goldsmiths Collection à London University); H.R.Wagner, (1862-1957), cadre de la American Smelting and Refining Company, bibliophile qui a fait don de ses collections aux bibliothèques de Yale et la Huntington Library, (archives à la Beinecke Library, Yale University) ; E.R.A. Seligman (1861-1939), Professeur à Columbia University (collection et archives à la Butler Library, Columbia) ; W.S. Lewis, (1897 ?-1979), fondateur de la Lewis Walpole Library, (Yale University, Farmington CT) ; John Carter (1905-1975), collectionneur (collection & archives à la John Carter Brown Library, Providence RI).

Au terme de la misssion, les réalisations suivantes ont été concrétisées :

-la quantification et l’identification d’ une quarantaine d’ouvrages en anglais détenus dans le Fonds Dubois identifiés comme uniques ou très rares à traiter en priorité ;

-la vérification et la correction du catalogue des 900 ouvrages rares en anglais détenus par l’Université de Poitiers dans le Fonds Dubois ;la production de deux indexes – par mots-clés et par auteur – du catalogue, permettant une recherche thématique ; la production d’un catalogue spécifique pour les ouvrages concernant l’Irlande et l’Ecosse permettant de faire connaître les richesses du Fonds dans  ce domaine auprès des spécialistes ;

-la rédaction d’articles sur le contexte de la formation de collections de livres anciens au début du 20e siècle, sur les collectioneurs individuels, et sur Auguste Dubois ; la mise en chantier d’un ouvrage collectif autour du Fonds Dubois (publication prévu en 2015) ;

Et au niveau des collaborations et manifestations scientifiques qui constituent la poursuite du projet, ont été mises en place : la visite retour d’une Professeur invitée américaine au Fonds Dubois à Poitiers en décembre 2014 ; la préparation d’une journée d’étude pour 2015  et d’un colloque international pour 2016, et la participation d’étudiants en Master et Doctorat dans des universités américaines.

Nous tenons à remercier la Région Poitou-Charentes, l’Université de Poitiers et l’équipe de recherche MIMMOC (EA 3812) pour le soutien financier qui a permis cette mission fructueuse aux États-Unis et les responsables du Fonds ancien de la Bibliothèque universitaire de Poitiers (Service commun de documentation) pour leur collaboration.

 

 

Sur le campus de Yale : cérémonie de remise de diplômes à l’américaine


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Ce weekend, les 17-19 mai, l’Université de Yale procède à la remise des diplômes aux quatre mille diplômés de licence, master et doctorat (voir statistiques détaillées). Chaque faculté et école doctorale, à différents moments durant le weekend, tient sa propre cérémonie, et une grande cérémonie générale est organisée sur la pelouse centrale historique de Yale, près des premiers bâtiments qui ont servi, et servent toujours, de résidence pour les étudiants, de bureau pour les professeurs et de salles de cours.

DSC01457Fondé en 1701 pour offrir une éducation dans les humanités à l’européenne sur le continent américain, Yale est une université généraliste. Cette université à la réputation d’être l’une des plus chics et chères des États-Unis et compte parmi ses anciens élèves de nombreux présidents des États-Unis, et l’invité d’honneur à la cérémonie de ce dimanche fut John Kerry, Secrétaire d’État, de la promotion de 1966. Parmi les tous derniers invités d’honneur, on note le Président Bill Clinton, et l’acteur et metteur en scène Tom Hanks (cliquer pour écouter et lire leurs discours). L’Université a été classée onzième dans le Classement de Shanghai des universités mondiales, quatrième parmi les universités américaines par le magazine Forbes, et fait partie des huit universités privées d’élite, la Ivy League.

Et pourtant, la diversité et l’ouverture est présente partout. Parmi l’assistance à la cérémonie de remise des diplômes, le nombre important d’étudiants et de familles d’origine étrangère ou ethnique est clairement visible. La présence d’étudiants internationaux (18%), de chercheurs internationaux (deux mille) n’explique pas tout. La grande majorité des étudiants américains à Yale ne viennent pas de l’État de Connecticut. 55% des étudiants arrivés en 2013 viennent d’écoles publiques. 57% des étudiants sont boursiers. La bourse moyenne couvre les frais de scolarité qui ont tendance à faire peur aux étudiants français. En 2013-2014 la scolarité coute 44.000 dollars et la chambre et le restau U 13.500 dollars. Une politique d’égalité des chances a été mise en place en soutien aux étudiants des minorités culturelles.

DSC01464La volonté d’ouverture se voit également dans l’organisation de la cérémonie. Dans un mélange de formalité et de souplesse, de professionnalisme et de légèreté (ici le port de chapeaux inventif aussi bien par les étudiants que par les membres de la faculté), propre au continent d’Amérique du Nord, et semblable aux coutumes des universités prestigieuses britanniques. Une procession des lauréats à travers le campus, précédées des oripeaux symboliques portés par les étudiants distingués et les dignitaires de l’Université, annonce le début de la remise des prix, cérémonie à laquelle tout un chacun a le droit d’assister, sans autre formalité qu’une fouille de sac.

DSC01461Après les discours d’accueil, non pas des dignitaires, mais des représentants des diplômes de 2014, le discours de John Kerry est un moment de réflexion et d’encouragement aux lauréats, dont 75% se destinent non pas aux études supérieures, mais au marché du travail. Cette année, la personnalité et la fonction de Kerry ont fait que ce discours a été aussitôt reporté par les médias, non seulement le quotidien de l’Université, le Yale Daily Times, mais aussi le Washington Times, et ABC News, pour deux messages politiques, au sens large du terme, qu’il a voulu souligner : garder confiance dans son gouvernement et promouvoir la diversité.

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Ce sont justement les prix d’excellence, remises aux étudiants qui ont le plus contribué à la vie de l’Université, qui illustrent parfaitement son message. Les prix sont remis pour les activités sportives, le leadership, le service public et au nom de la tolérance en tout genre. Dans cette dernière catégorie, cette année les étudiants ont été récompensés pour leur travail dans les domaines de l’entente israelo-arabe et de l’œuvre en faveur des étudiant(e)s lesbiennes, gays, bi- et transsexuels (LGBT).

Ce billet a été rédigé dans le cadre du séjour de recherche comme professeur invité à l’Université de Yale, du 20 avril au 20 juillet 2014, avec le soutien de la Région Poitou-Charentes, l’Université de Poitiers et le laboratoire MIMMOC (EA 3812).

      

« Quatre mariages et un enterrement » – La politique familiale et la théorie du genre au Royaume-Uni

Après une brève intervention sur LCI le 4 février 2014 dans l’émission de Michel Field dédiée aux politiques familiales en France et ailleurs, après le report par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault du projet de loi sur la famille, un rappel des principaux points concernant les questions de l’égalité des sexes, de l’éducation sexuelle, de la procréation médicalement assistée et du mariage gay au Royaume-Uni semble utile.

Depuis la loi de 1967, l’IVG est permise jusqu’à 24 semaines de grossesse, mais il est conseillé de le pratiquer avant 12 semaines. La suggestion de baisser la durée de la grossesse à 12 semaines en 2012, faite par le ministre de la santé, Jeremy Hunt, fut rejetée par la profession médicale et par ses propres collègues femmes au sein du gouvernement conservateur, y compris la ministre de l’Intérieur, Teresa May.

La loi de 1967 a été votée lors des réformes sociales initiées par le gouvernement travailliste sous Harold Wilson, en même temps que d’autres lois anti-discriminatoires promouvant l’égalité quel que soit le genre, l’orientation sexuelle, ou l’origine ethnique. En même temps la censure de la production artistique et les lois sur le divorce furent également repensées. Des lois pour promouvoir l’égalité des chances dans l’éducation, de salaire, de protection de l’emploi, ont progressivement été introduites et une commission parlementaire permanente pour l’égalité et les droits de l’homme (2006), veille à l’application de ces droits et à l’extension des domaines réglementés. Les lois anti-discriminatoires furent étendus à la religion et aux croyances, et à l’orientation sexuelle en 2006-2007.

Á peine dix ans après les réformes sociales des années soixante, la première bébé éprouvette au monde, Louise Brown, est née au nord de l’Angleterre (1978) et la procréation médicalement assistée devient possible dans le système de santé publique britannique. Toutefois elle reste moins pratiquée qu’en France, où deux fois plus de procédures sont lancées. L’utilisation de cellules humaines (cellules souches) dans la recherche médicale, et éventuellement pour la reproduction (cloning ou PMA) à des fins médicaux, a été débattu par la chambre des Lords en 2002.

Ce fut le gouvernement travailliste de Tony Blair qui introduit le PACS (loi de 2005, application depuis 2006) mais le gouvernement de David Cameron qui présida au vote sur le mariage gay en 2013, et ce, malgré une rébellion de nombre des députés conservateurs qui ont voté contre ce projet de loi et une pétition signée par 600000 personnes de confession chrétienne. Alors que la société britannique évolue, le parti conservateur a dû se moderniser en acceptant les nouvelles formes de famille (couples hétérosexuels non-mariés, familles recomposées, familles monoparentales, familles d’homosexuels, familles peu nombreuses ).

Ces questions sont devenues tellement pertinentes que les séries de télévision populaires les ont intégrées à leur storyboard – la mort en janvier 2014, d’un caractère de Coronation Street (ITV, 10 millions de spectateurs par émission), bien que centrée sur la question du droit de mourir, concerne le premier personnage transsexuel permanente dans l’histoire de la télévision (Hayley Cropper, née Harold Paterson) apparue sur les écrans en 1998.

La procréation assistée et les mères porteuses sont juridiquement protégées – et l’adoption par les couples du même sexe est devenue possible depuis la loi de 2002, loi qui permettait aux agences d’adoption catholique de ne pas l’offrir. Un des homosexuels les plus en vue au Royaume-Uni, anobli par la Reine, participe à toutes les célébrations royales : Sir Elton John, marié et père de deux enfants adoptés, nés d’une mère porteuse, a fait son coming out dès 1976.

L’orientation sexuelle et l’enseignement avait déjà fait débat dans les années quatre-vingt lorsque le gouvernement de Margaret Thatcher avait interdit la « promotion de l’homosexualité » dans les établissements scolaires publiques (1988). L’article de loi en question (Section 28 du Local Government Act) fut annulée en 2000 en Écosse, et en 2003 dans le reste du Royaume-Uni. Aujourd’hui, on reconnaît l’existence et la part des homosexuels dans la société britannique.

L’éducation sexuelle obligatoire fut l’objet de débats au parlement britannique en janvier 2014 avant d’être rejetée par la Chambre des Lords. L’éducation sexuelle fait partie de l’enseignement optionnel dans le cursus secondaire, mais devant le nombre élévé de grossesses d’adolescentes (45 conceptions pour 1000 filles de moins de 18 ans, la plus forte en Europe), et des cas qui ont fait la une des journaux à sensation (Baby-faced Alfie Patten is father at 13), de nombreuses mesures sont prises pour essayer d’endiguer ce problème de santé publique (dangers pour la mère et l’enfant) dont l’impact sur la vie des jeunes mères (scolarisation interrompue, pauvreté et exclusion sociale) (voir à ce propos l’ouvrage de Fabienne Portier-Lecoq, Sexualité et maternité des adolescentes : voix anglaises et écossaises, Rennes, PUR, Collection des Sociétés, novembre 2009, 329 p.)

Mais les opinions varient sur l’âge à laquelle un enfant doit recevoir de tels enseignements, si cela ne relève pas du domaine privé, si l’enfant ne doit pas rester ‘innocent’, ou encore, comment protéger les enfants de sites internet pornographiques. La presse écrite, notamment The Daily Telegraph et The Guardian, a relayé et parfois initié ces débats non-partisans.

Sécurité côtière et sécurité routière

Deux articles, l’un dans le Journal du Dimanche (dimanche 13 octobre) et l’autre dans le Daily Telegraph (vendredi 11 octobre) ont attiré mon attention sur un phénomène alarmant et attristant qui est passé quasiment inaperçu ces derniers jours.

La presse française et anglaise ce weekend consacre des pages à la perte de vies humaines au large de Lampedusa et de Malte, aux portes de l’Europe, cette semaine. Selon l’ancien ambassadeur de France à Malte, un quart des clandestins meurent en mer. Sans que cela soit clairement indiqué, nombre de ceux qui ont péri sont jeunes.

Sans que cela soit dans la même ordre de grandeur, le fait que dans la nuit du vendredi 11 au samedi 12 octobre, treize personnes ont perdu la vie en France et cinq autres sont dans un état critique, devrait également nous interpeller. Six accidents de la route se sont produits où par deux fois, quatre jeunes ont péri dans une seule voiture, et dans un troisième encore deux personnes de moins de vingt ans.

Or, à la une du quotidien britannique, on note l’annonce d’un projet pour améliorer la sécurité routière au Royaume-Uni qui consiste en une interdiction pour les jeunes conducteurs (moins de trente ans) de prendre le volant la nuit (entre 22h et 5h) et d’embarquer des passagers de moins de trente ans. Les conducteurs novices (moins d’un an de permis) de plus de trente ans seraient également interdits de volant la nuit et un taux d’alcoolémie moins élevé leur serait appliqué pendant l’année qui suit leur obtention de l’examen de conduite.
Au Royaume-Uni, la conduite accompagné existe depuis toujours. Á partir de dix-sept ans, et avec un permis provisoire, un jeune peut conduire avec à ses côtés un adulte de plus de 21 ans qui détient le permis de conduire depuis plus de 3 ans, sans suivi par les auto-écoles ni kilométrage/nombre d’heures imposés, en affichant un ‘L’ pour ‘learner’ (apprenti). Il n’est pas obligatoire de passer par une école de conduite avant de se présenter à l’examen pratique. Le test écrit du code de la route a été introduit en 1996. Seule mesure de précaution, les jeunes conducteurs (moins d’un an de permis) ont seulement six points (au lieu des douze accordés aux conducteurs expérimentés) avant un retrait du permis.

Si seuls 8% des permis sont détenus par des jeunes de moins de 24 ans, ceux-ci représentent un quart des morts sur les routes britanniques, et 20% des néo-conducteurs ont un accident dans les six premiers mois après leur permis. À présent, un système similaire à celui mis en place en France, avec un minimum d’heures de conduite (120 heures dont 20 de nuit) est envisagé. Depuis 2010, le nombre de décès de la route en France (3992) et au Royaume-Uni (2278), continue de baisser. Le taux de mortalité en 2012 dans les deux pays était de 5.6 pour 100.000 habitants en France et de 2.8 au Royaume-Uni selon la Commission européenne.

Pour mettre la sécurité routière en perspective, les fatalités routières, 1.3 million par an, sont une des premières causes de décès dans le monde (Washington Post, 18 janvier 2013). Depuis 2011, l’ONU et l’OMS, soutenues par la Fédération internationale de l’automobile, ont initié une campagne internationale pour la sécurité routière (voir la carte interactif de l’OMS).

Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe

Signalons la parution du numéro 14 (2013) de l’Observatoire de la société britannique consacré au « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe » et dirigé par Susan Finding et Anémone Kober-Smith. ISBN 978-295404734. 204p. 12€.

Table des matières

1. Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe

Susan FINDING (Université de Poitiers) & Anémone KOBER-SMITH (Université de Paris 13)

2. Gendered Organizations and Working Lives: continuities, change and policy engagement

Susan HALFORD (University of Southampton) & Pauline LEONARD (University of Southampton)

3. Women’s and men’s career interruptions in Europe: the role of social policies

Rosy MUSUMECI (Università da Torino) & Cristina SOLERA (University of Turin)

4. Dual Earner Parents Strategies for Reconciling Work and Care in Seven European Countries

Pamela ABBOTT (University of Aberdeen), Corinne NATIVEL (Université de Paris XIII) & Claire WALLACE (University of Aberdeen)

5. Private Assistants in the Italian Care System: Facts and Policies

Giuliana COSTA (Politechnico, Milano)

6. La politique familiale à l’épreuve des stéréotypes de genre : une comparaison France – Royaume-Uni – Suède

Natacha Ordioni (Université du Sud Toulon-Var)

7. Emplois genrés et les services à la personne au Royaume-Uni : la petite enfance

Susan FINDING (Université de Poitiers)

8.   British women’s human capital and employment evolution under New Labour

Catherine CORON (Université Panthéon-Assas)

9. Gender, education and employment within the education system in Britain

Susan FINDING  (Université de Poitiers)

Contacts

Observatoire de la société britannique
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
Université du Sud Toulon-Var
83957 La Garde cedex
France

Commandes

Les commandes sont à adresser à à Gilles Leydier à l’adresse ci-dessus.
Les chèques sont à libeller à l’ordre de M. l’Agent comptable de l’Université de Toulon.

Fonds Dubois : IIHS, Amsterdam, juin 2013

Dans le cadre du projet de recherche Dubois, et avec le concours de la MSHS de Poitiers, j’ai mené une mission de recherche de huit jours dans les archives de l’Institut internationale d’histoire sociale à Amsterdam, situé sur les quais dans un quartier portuaire réhabilité.

Les archives de la librairie Marcel Rivière, éditeur de la Revue d’histoire économique et sociale, y sont déposées, ce qui a permis de consulter la correspondance entre Marcel Rivière et Auguste Dubois, concernant la revue et d’approfondir les informations connues sur la maison d’édition Rivière.

IMGP1458

D’autre part, le directeur de l’Institut, le Professeur N.W. Postumus avait, dès sa création, entrepris de sauvegarder de nombreuses collections et archives relevant de l’histoire sociale, dans la période tourmentée des années 1930. C’est ainsi, qu’une collection de livres rares et pamphlets d’histoire sociale économique, semblable aux ouvrages d’origine britannique du Fonds Dubois de l’Université de Poitiers, a été acquise du même fournisseur qu’utilisa Auguste Dubois, les frères Kashnoor, propriétaires du Museum Bookstore à Londres.

Nos remerciements à Marien van der Heijden, responsable du programme de numérisation du Fonds De Centrale (banque de dépôt fut le mécène au départ de la création de l’Institut), y compris du Fonds Kashnoor et à Huub Sanders, conservateur et auteur du catalogue de la collection Kashnoor édité en 1988, qui m’ont orienté et avec qui j’ai pu m’entretenir sur le Fonds Auguste Dubois.

Pendant mon séjour, j’ai pu consulté et numériser un nombre important de pages d’archives (manuscrits, imprimés, ouvrages, pamphlets, rapports, bulletins) concernant à la fois la Revue d’histoire économique et sociale et les conditions d’acquisition de la collection achetée aux frères Kashnoor.

La qualité de l’accueil des chercheurs (lieu, restauration, salle de travail, possibilités de réprographie et de numérisation), la disponibilité et le soutien des bibliothécaires archivistes, ont grandement facilité les travaux menés.

Liste des fonds d’archives et collections consultés: Archief De Centrale; IISG Rapport annuel (Jaar verslag);  IISG Rapport trimestriel (Kwartdas verslag); Archief IISG; Bulletins IISG vol 1-4, 1937-1940; International Review of Social History, 1-4 1936-1940, Catalogues Kashnoor 1905, 1908, 1911; Revue d’histoire économique et sociale 1908-1936; et des ouvrages de bibliographie variés.

3e journée d’études Patrimoine Fonds Dubois, 14 juin 2013

Une douzaine de chercheurs étaient présents le 14 juin 2013 à la 3e journée d’études dans le cadre du projet Patrimoine Fonds Dubois, organisée par les laboratoires MIMMOC-CRIHAM avec le soutien de l’Université de Poitiers, de la MSHS Poitiers, et de Conseil général de la Vienne. Notons la présence de Pierre Le Masne (Université de Poitiers), qui prépare un ouvrage en collaboration avec Romual Dupuy (Université de Tours), sur Victor Riqueti de Mirabeau et François Quesnay, Philosophie ruralequi paraîtra dans la Collection « Naissance de l’économie politique » aux Editions Slatkine en 2014 ; de Karim Ghorbal (Paris VIII) et de Clément Martin (Paris VII) dont les sujets de thèse les ont amenés à découvrir l’intérêt du Fonds Dubois. Des étudiants du Master Recherche Cultures étrangères écoutèrent les interventions des deux invités, Steven Pincus, Bradford Durfee Professor of History, à Yale, et Carl Wennerlind, Associate Professor of History à Columbia.

Le professeur Steven Pincus est venu travailler dans le Fonds Dubois en mars 2012. Sa communication, intitulée « Adam Smith, Slavery, and the Political Economy of Revolution », montre comment les ouvrages de plusieurs auteurs présents dans la collection Dubois – Addison, Trenchard, et Mandeville, mais aussi des auteurs français, les Physiocrates, notamment Quesnay – peuvent être mis en perspective pour mieux comprendre la circulation des idées, mais aussi le contexte global de la situation des pays européens au XVIIIe siècle au sortir de la guerre de Sept Ans (1757-1763).

La position d’Adam Smith envers ce que les britanniques appelèrent ‘la crise américaine’ des années 1760 à 1770, qui divisa profondément la société civile britannique, est celle des ‘Patriotes’, qui soutenait la possibilité pour les colonies britanniques, américaines mais aussi écossaise, irlandaise et indienne, d’être représentées dans le législatif. De même, c’était une erreur de leurs imposer les nouvelles taxes pour résorber la dette encourue suite à la guerre de Sept Ans, car les éléments productifs dynamiques de l’économie – les colonies – devaient subir moins d’imposition que les éléments non-productifs (la terre) selon Smith. Tout  le contraire est l’interprétation que donnent les think-tanksl’Adam Smith Institute et le Cato Institute des théories de Smith comme chantre du néo-libéralisme et de la non-intervention gouvernementale. Dans cette optique, qui prend en compte la globalité de l’empire britannique, la ‘révolution américaine’ ou ‘crise américaine’ ne fut pas uniquement une rébellion coloniale, mais une guerre civile impériale.

Carl Wennerlind, Associate Professor of History, Columbia University, auteur de Casualites of Credit, The English Financial Revolution, 1620-1720, Harvard University Press, 2011, présenta ses travaux dans une communication intitulée “Scarcity or Abundance: the Role of Credit in Early Modern Capitalism”. Le rôle des moyens d’échange avait évolué à partir du milieu du XVIIe siècle (Nicholas Barbon, A Discourse of Trade, 1690) et vit la création de la Banque d’Angleterre en 1694, malgré les faillites en 1720 de part et d’autre de la Manche (système de Law et la South Sea Bubble), commenté par Nicolas Dutot (Réflexions politiques sur les finances et le commerce, La Haye, 1738), et par Daniel Defoe dans plusieurs écrits.

En fin de matinée, Susan Finding (Université de Poitiers) évoqua l’acquisition d’ouvrages pour appuyer les recherches dans le Fonds Dubois, et invite les membres du réseau à suggérer des titres avant fin octobre 2013.

L’après-midi fut consacré à des travaux dans le Fonds ancien du Service commun de documentation de l’Université de Poitiers à la Bibliothèque Droit-Lettres.

Anne-Sophie Durozoy, Conservateur, a fait une présentation de la collection, de son ‘inventeur’, et d’ouvrages choisis du Fonds Dubois. Les chercheurs ont ensuite pu avoir des échanges autour de la consultation d’ouvrages avec la participation de Jean-Paul Bonnet, bibliothécaire retraité, dont la connaissance détaillée du Fonds et des catalogues a permis d’approfondir des pistes sur  la constitution de la collection et des travaux basés sur les ouvrages du Fonds – notamment la direction de thèses et de rééditions annotés d’ouvrages anciens.

La journée a permis de faire avancer le projet de valorisation scientifique autour du Fonds. L’idée est de faire émerger l’essentiel de ces collections exceptionnelles grâce à une mise en parallèle de celles-ci avec d’autres, tout en poursuivant son exploitation par des chercheurs spécialistes du sujet, qui soulignent à chaque fois l’aspect exceptionnel de ce Fonds conservé à l’Université de Poitiers.

Les prochaines étapes sont les suivantes. 

1. Anne-Sophie Durozoy (Conservateur du Fonds ancien) se charge de prévoir un site qui sera pris en charge par la SCD avec l’aide d’I-média, et veillera à la mise en route des premières numérisations. Il s’agit des douze ouvrages en anglais de Josiah Tucker (dont elle a calculé le nombre de pages à reproduire), ainsi que ses ouvrages traduits en français.

L’intérêt spécifique réside dans l’existence de fichiers Word établis par Karim Gorbal, qui termine une thèse sur l’œuvre de Tucker, sous la direction de Philippe Minard (EHESS), texte garanti par la vérification systématique de M. Gorbal, et exploitable par concordancier ; la numérisation se distinguera des versions disponibles sur Early English Books Online ou Inscrite dans la continuité de la base Early English Books Online (EEBO), la base ECCO (Eighteenth Century Collections Online) par l’ajout des traductions (principalement en français).

ECCO compte plus de 180 000 titres (200 000 volumes) imprimés entre 1701 et 1800 au Royaume-Uni et dans ses colonies, à partir des collections du British Library et de 1500 collections publiques et privées, dont la Bodleian à Oxford et les bibliothèques universitaires de Cambridge, au Royaume-Uni, et d’Harvard, Huntington et Yale..

2. Les échanges ont permis de dégager l’idée de faire émerger un projet autour des notions de Crise et dette au XVIIIe siècle – Europe et Amérique du Nord – que les ouvrages du Fonds Dubois (en anglais et en français) mais aussi les archives du Fonds d’Argenson permettent d’explorer en conjonction avec d’autres sources. Un projet scientifique dont les résultats pourraient être mis en parallèle avec les questions de finances publiques et de dette à l’époque contemporaine fédérerait les travaux divers des chercheurs membres du réseau dans un programme d’envergure internationale.

3. La publication d’un premier volume issu des travaux des trois journées d’étude (2012-2013) dans la revue électronique en ligne Mémoire(s), Identité(s), Marginalisté(s) dans le Monde Occidental Contemporain Cahier du MIMMOC, <mimmoc.revue.org>, est prévue pour 2014.

4. Une mission de recherche à l’International Institute of Social History à Amsterdam en juin-juillet 2013, financé par une bourse de la MSHS de Poitiers, permettra à Susan Finding de consulter deux fonds d’archives qui concernent l’histoire du Fonds Dubois : les Archives des Editions Marcel Rivière (Paris) 1904-1986, fondateur et éditeur de la Revue d’histoire des doctrines économiques et sociales, dirigé par Auguste Dubois et Auguste Deschamps ; les archives de la collection des frères D. et L. Kashnor, propriétaires du Museum Bookshop à Londres, de qui il semblerait qu’Auguste Dubois aurait acquis une bonne partie des œuvres de langue anglaise.

5. On rappelle qu’il existe des possibilités de financement pour des séjours à Poitiers – chercheurs invités (post docs en poste dans des Universités étrangères), accords ERASMUS, etc. (Voir le site dubois.hypotheses.org). Mme. Siobhan Talbott (University of Manchester) a obtenu un financement de la Région Poitou-Charentes pour un séjour comme chercheuse invitée au printemps 2013 (qui n’a pas pu être effectué).

Un séjour de recherche à l’Université de Yale au printemps-été 2014, financé par ces moyens, permettra à Susan Finding de travailler à la Beinecke Rare Book and Manuscript Library, poursuivre trois objectifs : examiner les pamphlets et livres pour déterminer si l’édition est conforme ou, si et comment les éditions diffèrent; comparer la méthodologie et les outils de recherche utilisés par les archivistes et les conservateurs pour cataloguer ces collections; et enfin, développer, avec les collègues de Yale, un partenariat pour une bibliothèque virtuelle gratuite des oeuvres dans le Fonds Dubois à Poitiers.

Compte-rendu rédigé par Susan Finding et Audrey Vedel (MIMMOC), le 17 juin 2013.

Doctoriales de civilisation, Congrès de la SAES, Dijon, 17-19 mai 2013

Qu’ont en commun les termes « rock star », « despotisme », « récit d’ésclave », « le risque », les Amérindiens, les « femmes au foyer », ou les titres « Mr/Mrs/Ms »? ou encore Damon Albarn, David Hume, Frederick Douglass, Betty Friedan, Huntley & Palmer’s, Montesquieu et Fukushima?

Ce sont autant d' »appelations » et de sujets qui ont fait l’objet de communications dans l’atelier dédié aux doctorants en civilisation, co-dirigé par Michael Parsons, professeur à l’Université de Pau et du Pays de l’Adour IMGP1342et Susan Finding, professeur à l’Université de Poitiers.

Au cours de l’atelier les travaux ont identifié certains traits communs : la langue et le discours comme espace conceptuelle de lutte du pouvoir, l’invention de termes et leur utilisation à posteriori pour catégoriser des systèmes de pensée ou des systèmes politiques au sens large, et la symbolique des ‘appelations’ comme représentations culturelles.

Vous pouvez lire les résumés des communications sur le site du Congrès. Ont participé à l’atelier :

IMGP1343Clément Martin (Université Paris Diderot, LARCA) « From despot to despotism: evolution and diffusion of the concept in early 18th century Great Britain »

Claire Delen (Université Paris IV-Sorbonne) « Paternalist attitudes in the biscuit firm Huntley and Palmers from 1841 to the interwar period: an authoritarian form of control or a philanthropic ideology? »

Timothy Mc Inerney (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III) « The influence of Race, Nobility, and Civility, on the Language of Human Variety in 18th century Britain »

Kelly Fazilleau (Université de Poitiers, MIMMOC) « Racisme scientifique et appellations : justification de la gestion coloniale des ‘races humaines’ dites inférieures en Amérique du Nord au XIXe et début du XXe siècle »

Michaël Roy (Université Paris 13) « De quoi le récit d’esclave est-il le nom ? Terminologie, historiographie, critique »

Christen Bryson (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III) « Appellations genrées en transition dans l’Amérique de l’après-guerre »

Vanessa Martins Lamb (Université Sud Toulon-Var) « De la ‘femme au foyer’ à la ‘féministe’ : une étude comparative de l’évolution des femmes britanniques et américaines dans les années 1950 et 1960 »

Lucie de Carvalho (Université Sorbonne Nouvelle – Paris III)  « Mais finalement que risque-t-on ? Nommer le risque au sein des discours sur l’énergie nucléaire en Grande-Bretagne de 1980 à 2012 : entre glissement et renversement sémantiques »

Ifaliantsoa Ramialison (Université Paris Est Créteil) « Genre musical et légitimité culturelle: l’exemple de Damon Albarn, ‘rock star’ et ‘compositeur d’opéra' »

L’éducation au Royaume-Uni et en Angleterre : quelques chiffres

L’éducation au Royaume-Uni en quelques chiffres.

Après l’émission sur France Culture Cultures Mondes – dont la présentation est reproduite ici, voici quelques compléments d’information concernant l’éducation en Grande-Bretagne aujourd’hui.

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This is England (3/4) – Another brick in the wall: sur les bancs de l’école

01.05.2013 – 11:00

Free school, School Academies, augmentation des frais d’entrée à l’université, augmentation des cotisations aux retraites des professeurs… Ces dernières années, le monde de l’éducation connaît d’importantes transformations ce qui n’est pas sans provoquer la colère. A l’origine de ce climat une série de réformes dans le financement et le fonctionnement de l’enseignement. Dans le supérieur le triplement des droits d’inscriptions à la rentrée 2012 mit les étudiants dans la rue, même dans la vénérable université d’Oxford.

Dans le secondaire, la réforme du système de retraite des enseignants (et des fonctionnaires) a provoqué la plus importante grève du secteur public depuis une quarantaine d’années. Les professeurs, estimant ne pas avoir été entendus, promettent d’ailleurs de remettre ça dès le mois de juin, et restent mobilisés. Quels points communs entre ces mobilisations, ces grèves ?

A priori les problématiques de l’enseignement supérieur et du secondaire sont assez distinctes, mais un point commun revient dans les slogans de ces manifestants: ils disent craindre une forme de privatisation du système d’enseignement. Le sujet n’est pas nouveau en Grande-Bretagne, fonds publics et privés sont mobilisés pour le financement des universités. Dans le secondaire depuis Tony Blair, des « sponsors » privés participent au financement des Academies: ces établissements mixtes représentent aujourd’hui plus de la moitié des lycées. Impossible d’aborder ce débat sans évoquer aussi les fameuses « free schools ». Ces établissements financés par l’Etat sont gérés par des organismes privés, des associations, parfois aussi des groupes religieux qui destinent leurs enfants à une morale communautaire stricte. Quel bilan peut-on dresser de ces free schools deux ans après leur lancement ?

Au-delà des particularités de chacun de ces dossiers, le système éducatif anglais, dans son ensemble, serait-il en train de laisser toute la place au secteur privé? Ce virage est-il une tendance lourde? Ce système est-il de plus en plus inégalitaire, comme de nombreux observateurs le disent? Est-il entrain de devenir est outil de ségrégation sociale?

Invité(s) :
Bertrand Venard, professeur à Audencia – écoles de management à Nantes, research membre of common room au Kellogg College de l’Université d’Oxford, research fellow à l’université de Pennsylvanie.
Susan Finding, professeur des universités en études anglophones à l’UFR Lettres et Langues, Université de Poitiers, directrice du MIMMOC .
Gino Raymond, professeur de « Modern French Studies » à l’Université de Bristol

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Nombre d’élèves : Angleterre 8.2m, Écosse : 0.8m, pays de Galles : 0.5m,  Irlande du nord : 0.3m

Nombre d’écoles au Royaume-Uni : 33892

  • 3, 326 écoles maternelles
  • 21, 968 écoles primaires
  • 4176 écoles secondaires
  • 1416 écoles spécialisées
  • 2611 écoles privées payantes

En Angleterre,  en 2012, il y avait:

4,217,000 élèves dans les écoles primaires financées par l’état (gratuites),

3,234,875  élèves dans les écoles secondaires financées par l’état (gratuites),

91,590 élèves dans des écoles publiques spécialisées pour enfants ayant des besoins éducatifs spécifiques (SEN),

13,475 élèves dans des unités spéciales pour enfants exclus des écoles,

39,470 élèves dans des écoles financées par l’état (maintained et direct grant),

577,445 élèves dans les écoles privées payantes (independent) de tous niveaux, soit 7% des élèves en Angleterre.

Ecoles par catégorie 423  Maintained 1 Direct grant 424 Total 16,818  State-funded Primary 3,268 State-funded secondary 967 State-funded special 72      Non maintained 1,039 Total 403 Pupil referral units 2,420 Independent (payantes) 24,372    All schools
Nombre d’élèves 39,395 70 39,470 4,217,000 3,234,875 91,590 4,325 95,915 13,495 577,445 8,178,200

En janvier 2012, 1,556 academies en Angleterre, (écoles independentes financées par l’état dont les free schools) avec 1,164,700 élèves soit 38.5% des élèves du secondaire.

Source : statistiques officielles du ministère de l’éducation britannique.

Nombre obligatoire de jours/an de scolarité : 190/an

Scolarité obligatoire : 5 ans à 16 ans. Les 17-18 sont dorénavant obligés d’être en scolarisation/formation/apprentissage, un des fléaux du système éducatif britannique étant le nombre élevé de jeunes de 16 à 21 sans insertion, pour lesquels l’accronyme NEET a été inventé (Not in education, employment or training).

Pourcentage d’une classe d’âge dans l’enseignement supérieur : 50% (chiffre qui confirme ce qui précède). Ou, autrement dit, pourcentage obtenant l’équivalent du baccalauréat  (2 matières aux ‘A’  levels) : 52.8% (Education and Training Statistics for the United Kingdom).

Nombre d’étudiants au Royaume-Uni 2,496,645 dont 1,702,610 en licence domiciliés au Royaume-Uni.

Nombre d’étudiants à l’Université d’Oxford : 25,595, dont 14,545 d’origine britannique, en licence; et à l’Université de Cambridge :19,945, dont 10,055 d’origine britannique, en licence.

Soit au total 25000 étudiants britanniques dans des formations en licence à ‘Oxbridge’, ou 14.5% des étudiants britanniques en licence au Royaume-Uni.

On constate une augmentation lente du pourcentage d’étudiants dans les universités britanniques provenant des écoles financés par l’état : 88.9% en 2011-2012. (Source : HESA) Même dans les universités les plus prestigieuses le pourcentage augmentent lentement, et avoisinent les 60%.

Mais, cela veut dire que 40% des étudiants dans ces universités sont toujours issus des écoles privées payantes, alors qu’ils ne représentent que 7% de la population scolaire, et, qui plus est, parmi les écoles financées par l’état, un certain nombre sont sélectifs et réputées pour leur succès dans la course aux places dans les universités prestigieuses (London Oratory par exemple où Tony Blair a envoyé son fils, Euan, admis à l’Université de Bristol). Il y néanmoins des exceptions notables. En 2011, Mossbourne Academy à Hackney, Londres, appelée la ‘pire école’ du royaume en 1995, rouverte en 2004, où 41% des élèves sont de milieu modeste, et où, pour 38% des élèves, l’anglais n’est pas leur langue principale, a réussi à placer 11 de ses élèves à Cambridge.