Politiques éducatives et projets de société

Nous sommes fières d’annoncer la parution du numéro 29 des Cahiers du MIMMOC, auquel nous avons participé.

Politiques éducatives et projets de société : mots d’ordre officiels et expériences alternatives (Europe, Amériques, Afrique et Asie ─ XXe-XXIe siècles)

La petite enfance au Royaume-Uni : commission d’enquête 2023

Au moment où on s’inquiète de la fermeture des services pour la petite enfance, et la veille de l’interrogation du ministre par la  commission parlementaire chargé d’une enquête sur le sujet, mardi 9 mai 2023, un retour sur l’ouvrage La politique de la petite enfance au Royaume-Uni (1997-2010), Paris, Houdiard, 2018 s’impose.

Ci-dessous des liens vers – une intervention au Café-lecture de la MSHS de Poitiers en janvier 2019 où je présentais mon livre,

https://videotheque.univ-poitiers.fr/chaine/cafelecture/rubrique/la46dv3rhz/video/fn5v2smrx5tq8qb44bsr/

et des compte-rendus parus dans des revues françaises :

Caignet, A. Compte rendu de l’ouvrage La politique de la petite enfance au Royaume-Uni (1997-2010) : Une nouvelle frontière » de l’Etat-providence britannique? de Susan FindingRevue Française de Civilisation Britannique [Online], XXIV-3 | 2019, DOI: https://doi.org/10.4000/rfcb.4190;

Join-Lambert, H. (2021). Susan Finding, La politique de la petite enfance au Royaume Uni (1997-2010). « Une nouvelle frontière » de l’Etat-providence britannique: Paris, Michel Houdiard éditeur, 2018, 223 pages. Travail, genre et sociétés, 45, 170-173. https://doi.org/10.3917/tgs.045.0170 .

Liberté, inégalité, austérité. La politique de l’éducation en Angleterre entre 2010 et 2020   

Résumé du chapitre à paraître dans l’ouvrage Le Parti Conservateur au pouvoir : politiques, enjeux et bilan (2010-2020), Louise Dalingwater, Stéphane Porion (dir.), Villeneuve d’Ascq, Septentrion, 2023.

School Playground - Creative Commons Attribution Only

(Photo Creative Commons :Educators.co.uk. 

Depuis l’ère Thatcher, l’objectif des gouvernements conservateurs a été de réduire la dépense publique. Pour ce faire, la stratégie éducative des gouvernements entre 2010 et 2020 a été de limiter puis de diminuer le budget de l’éducation et d’en confier une partie croissante au secteur privé. Cela s’est fait par l’intermédiaire d’une politique dite d’ « académisation ». Contrairement aux autres nations, en Angleterre, qui n’a pas de parlement spécifique [1], c’est le gouvernement du Royaume-Uni qui décide des politiques éducatives pour les 8,82 millions d’élèves fréquentant les 24 300 établissements scolaires en Angleterre, soit 85,6% de la population scolaire du Royaume-Uni [2]. Il sera ici exclusivement question de l’enseignement obligatoire en Angleterre qui est au cœur du système éducatif [3]. Dans un premier temps nous examinerons les programmes électoraux du Parti conservateur. La mise en œuvre de ces programmes politiques sera examinée dans une seconde partie. Les effets de ces politiques sur le terrain feront l’objet de la troisième partie.

[1] Au Royaume Uni, si le financement global est décidé par le gouvernement central à Londres, il revient aux nations (l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande du nord) d’élaborer leur propre politique et d’ajouter d’autres financements. Voir par exemple, pour le pays de Galles : https://eacea.ec.europa.eu/national-policies/eurydice/content/funding-education-96_en.

[2] Department for Education, Schools, pupils and their characteristics: January 2019, 27 juin 2019. À titre de comparaison, l’Écosse totalise 6,8% des élèves britanniques, le pays de Galles 4,5% et l’Irlande du nord 3,3%. Scottish Government, Summary statistics for schools in Scotland, no.10, 2019 ; Welsh Government, Schools’ Census Results : as at January 2019, Statistical First Release 57/2019 ; Northern Ireland direct, Schools and pupils in Northern Ireland 1991/2 to 2018/19, 30 avril 2019.

[3] La préscolarisation, qui relève autant des services sociaux que de l’enseignement au Royaume-Uni et les formations post-obligatoires ou alternatives (université et instituts d’enseignement supérieur – colleges of further education) mériteraient chacune un chapitre. Il ne sera pas non plus question de l’enseignement privé (8% des élèves), par définition, exclu des politiques publiques.

La politique de la petite enfance au Royaume-Uni

Vient de paraître, chez Michel Houdiard Editeur, Paris,

Susan Finding, La politique de la petite enfance au Royaume-Uni (1997-2010) : « Une nouvelle frontière » de l’Etat-providence britannique?, 224p. ISBN 978-2-35692-167-3 

 

Education in the 1970s: increased opportunities, rising discontent?

Finding, S., ‘Education from Plowden to Thatcher – red, yellow, black and blue building bricks. A decade of increased opportunities or of rising discontent?’ est paru dans A Fresh Look at Britain in Crisis 1970-1979, (dir. S. Porion), Paris, Atlande, 2017 et fait suite à la journée d’étude « Le Royaume-Uni à l’épreuve de la crise, 1970-1979), tenu le 21 octobre 2016 à l’Université François Rabelais, Tours  (voir compte rendu).

The historiography of the educational field in these years is amply covered, especially in terms of policy and of ideology. Most works covering the period of the 1970s dividing it up into binary divisions corresponding either to the political chronology (Heath, Wilson and Callaghan governments) or ideology – Conservative and Labour, or to the areas of education – compulsory and post-compulsory – primary and secondary – higher and further or vocational. This paper does not escape those strictures, partly due to the subject matter itself.

The building bricks in the title of this paper refer partly to the political divide – Red and Blue, and partly to the various publications, the so-called Yellow Book of 1976, the Black Papers published between 1969 and 1977. One could add various White Papers (government policy documents) the Green Paper of 1977 (official discussion paper), and the Brown Paper of 1979 (which never made it to Green or White paper stage.

However it is perhaps more useful to divide this analysis up into two main themes characterized by questions concerning firstly, expansion and equality, and secondly, standards and opportunity. The threads which run through the period general to other fields, are also to be found in the educational field. These transcend the political divide, and which were leitmotivs in the discourse of the time, whether it be left, right or center. Among these are the role of central government, the power of the trades unions, the cost of welfare in a period of financial turbulence, and ultimately, the critique of the post-war welfare consensus.

Anti-Social Behaviour in Britain

Book review published in the International Review of Social History / Volume 60 / Issue 02 / August 2015, pp 290-293. Copyright © Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis 2015.

DOI: http://dx.doi.org/10.1017/S0020859015000231 (About DOI), Published online: 22 July 2015

Anti-Social Behaviour in Britain. Victorian and Contemporary Perspectives. Ed. by Sarah Pickard. Palgrave Macmillan, Basingstoke 2014. xx, 375 pp. £75.00.

This collection of essays consists of twenty-five scholarly contributions by thirty academics in British Studies, Cultural Studies, Sociology and Criminology, and Urban Studies. Recent legislation in Britain on the question of anti-social behaviour (Anti-social Behaviour, Crime and Policing Act 2014, Anti-social Behaviour Act 2003) is put into perspective by case studies. The contents are arranged into three thematic sections covering issues coming under the general headings of urban and public space, vulnerability and marginalization, recreation and leisure.

It is something of a challenge to compare the late twentieth century and early twenty-first century Britain with the late Victorian period, yet this comparative approach brings insights and depth of understanding to what has been labelled as anti-social behaviour, though this term is not as recent as might be thought: the first occurrence being attributed to Gladstone in 1887 (T. Harris, p.21). The conclusions may serve as lessons for policy-makers today.

The comparisons highlight the difficulty of defining the term anti-social behaviour, as any definition carries a class-basis and normative standards are regularly imposed by moral crusaders. They place the discussion in the framework of the Foucauldian paradigm of the taming of the masses by institutional violence and Ellias’ theory of the civilizing process which, together, bring into play the notion of social constraints and codes of behaviour. Also at play are the Bourdieusian notion of a cultural elite (aristocracy) or a hierarchy of aesthetics. As Andrew Millie puts it: “There are clearly issues of power in who defines what is acceptable.” (p.105). Ultimately, it is the notion of power which permeates each contribution. […]

Le Royaume-Uni au XXIe siècle : mutations d’un modèle

Je signale la parution d’un ouvrage complet sur le Royaume-Uni aujourd’hui auquel j’ai contribué : Le Royaume-Uni au XXIe siècle : mutations d’un modèle, ouvrage collectif, dirigé par Emmanuelle Avril et Pauline Schnapper. ISBN : 9782708013780, broché, 400 pages, Septembre 2014. 

J’ai signé deux sections (le système éducatif, la famille) de la deuxième partie : questions économiques et sociales.

Ci-dessous la présentation faite par l’éditeur:

Cet ouvrage propose un tableau dynamique du Royaume-Uni contemporain rédigé par les meilleurs spécialistes français des différentes questions abordées. Il est destiné à des étudiants anglicistes ou de droit et sciences politiques, en licence et master.

Le fil directeur en est une interrogation sur la pertinence et la permanence d’un « modèle » britannique qui concernerait aussi bien les institutions politiques (le modèle dit de Westminster) que l’approche libérale et néo-libérale de l’économie, le pluralisme social et les pratiques culturelles.
L’ouvrage aborde ces différentes questions en évoquant les tensions, clivages et mutations qui remettent en question ce « modèle » et en s’interrogeant sur ses capacités d’adaptation aux défis du nouveau siècle.

Table des matières :

Partie I. Politique et institutions
1. Un modèle démocratique en mutation
2. Les partis politiques : un paysage recomposé
3. Les dilemmes de la politique étrangère britannique

Partie II. Questions économiques et sociales
4. Quelle économie au XXIe siècle ?
5. Le modèle social britannique : réussite et limites
6. Les remises en question de l’état-providence
7. Le système judiciaire : entre sécurité et liberté

Partie III. Identités et pratiques culturelles
8. Quelle place pour les religions ?
9. Cultures populaires et cultures d’élite
10. Les médias britanniques à l’ère de la révolution numérique : diversification et nouveaux usages

Rentrée scolaire sous pression au Royaume-Uni

Un titre dans la presse anglaise interpelle le lecteur – des classes de soixante-dix élèves, des enfants d’âge primaire obligé de faire quatre heures de transport quotidiennes, en mettant clairement en cause l’immigration : l’augmentation des naissances en Grande Bretagne (22% depuis dix ans) venant en particulier des familles d’origine étrangère (15% des naissances en 2001, 25% en 2011) (Tom Rawstorn, « Classes of 70, four-year-olds forced to commute for three hours and a roof turned into a playground: Why no one will admit immigration is the reason Britain’s primary schools are bursting at the seams “, Daily Mail, 29 août 2014). Interrogée sur cette information, un article sur Atlantico.fr « Classes à 70 élèves, cour de récré sur les toits ou scolarisation à 1h30 de chez soi… Quand le poids de l’immigration s’invite dans la rentrée britannique« 
rend compte de cet entretien.

Pour vérifier l’alarmisme du Daily Mail, journal à sensation à fort tirage dont les prises de position xenophobes et traditionalistes sont connues, les quotidiens ‘sérieux’ ont été consultés. Mais The Independent verse également dans le scoop et le scandale, sans toutefois le couplet sur l’immigration (Richard Garner, Lucy Mote, Juliette Ihler, “Exclusive: Nearly 2,000 families still without school places for their children”, The Independent du vendredi 29 août 2014) : « Des milliers », « près de 2000 », et plus loin « plus de 1700 » familles sont sans une école pour leur(s) enfant(s), et les chiffres seraient incomplets et susceptibles de croître.

Pour comprendre à la fois les faits rapportés et les réactions des deux journaux, sensibles aux soucis quotidiens de leurs lecteurs, il faut examiner la question de plus près. Rapporté au nombre total d’élèves scolarisés en Angleterre et au Pays de galles, 8.7 million, (voir le billet L’éducation au Royaume-Uni… sur ce blog) ce phénomène concerne à peine 0.02 % (ou vingt élèves sur cent mille, pour ramener les chiffres à la taille d’une ville moyenne française). Mais selon le syndicat des fonctionnaires territoriaux (Local Government Association), il manquerait 130,000 places dans le primaire, ce qui veut dire 1.5%, 1500 élèves sur cent mille, ce qui veut dire l’équivalent de plusieurs établissements scolaires.

La cause de cette bévue ? Un baby-boom sans précédent depuis les années 1970, qui a été mal anticipé. La fermeture de classes dans le primaire dans la décennie 2000-2010 correspondant à la chute des naissances, n’a pas été suivie de réouvertures alors qu’on savait que la courbe des naissances s’était renversée. De plus, comme les démographes le savent, l’augmentation n’est pas uniforme, et concerne certaines villes, voire certains quartiers, plus particulièrement. Il ne s’agit donc pas de politiques d’austérité ou répressives, mais d’une mauvaise gestion.

Les conséquences de cette incurie sont plurielles :

-classes surchargées, alors que pendant les gouvernements précédents, on s’était attelés à réduire le nombre d’élèves par classe, dans le primaire en particulier

-établissements de plus en plus grands, obligés d’absorber une population scolaire non pas en diminution, mais en augmentation. La plus grande école primaire, Gascoigne, à Londres (Barking & Dagenham) a plus de mille élèves. Il faut remarquer cependant que, pour l’Angleterre et le Pays de galles, qui ont une population dense, les établissements scolaires, y compris les écoles primaires, ont un nombre d’élèves assez élevé entre 180 et 250.

Gascoigne primary is the biggest primary school in England, according to the latest official statistics. In two years’ time there will be more than 1,200 pupils, The Guardian, 23 avril 2014

-établissements obligés d’ouvrir des salles de classe dans des bâtiments temporaires, de transformer des salles spécialisées (informatique, SVT, sport) en salles de classe, d’ériger à la hâte des salles sur les terrains de sport (Fran Adams, « The growth of the ‘Titan’ schools, The Guardian, 23 avril 2012) avec les conséquences qu’on imagine sur l’emploi du temps, sur les matières enseignées et sur les élèves.

Dès 2010, des alertes avait été données (Tim Ross, « 100,000 pupils crammed into overcrowded state schools », The Telegraph, 2012, à Londres et aux alentours, mais aussi en Écosse, des parents faisaient état d’établissements de 700 à 800 élèves, qui pourraient avoir à augmenter leur capacité de 100 élèves. Certains défendaient la qualité de l’enseignement et d’environnement présente dans ces écoles. D’autres signalaient des difficultés de circulation dans la salle de classe.

Face à ces difficultés, les parents qui le peuvent, réagissent :

-l’école publique est délaissée en faveur de soit les écoles privées (mais peu nombreuses pour le primaire) ou pour la scolarisation à domicile (environ 20,000 élèves)

Pour les parents, obtenir une place dans l’école de son choix, la plus près, et/ou la mieux cotée, relève d’une loterie.

Mais ce dernier état de fait ne date pas d’hier. Il est la conséquence logique de politiques mises en place il y a vingt-cinq ans, et jamais remis en cause par les gouvernements successifs depuis lors.

Depuis l’introduction du ‘choix parental’ par le gouvernement Thatcher à la fin des années 1980, les parents ont le droit de déposer des demandes pour l’école de leur choix pour leur enfant. La mesure était censé améliorer la qualité de l’enseignement dans l’ensemble des écoles par le jeu de l’émulation, de la concurrence. Les écoles les mieux cotées (rapports d’inspection des établissements et note publiés sur internet) sont ceux qui reçoivent le plus de demandes. Les écoles les moins bien cotées verraient les parents se détourner d’eux, perdraient des élèves et seraient obligées de rectifier le tir pour attirer des élèves et des crédits.

Le désespoir de parents qui, du fait que leur maison se trouve une centaine de mètres en dehors du secteur de recrutement, déterminée par le nombre de places et la demande, est de compréhensible. Le prix des résidences dans les secteurs des meilleures écoles prend une surcote parfois de 20 à 30%, alors qu’on sait que le coût de l’immobilier est déjà très élevé.

Quant à la conséquence de la forte natalité dans les banlieues à forte population issue des minorités, l’exemple de Londres est connu. Mais toutes les municipalités sont conscientes des enjeux de ce phénomène et ce aussi depuis une vingtaine d’années.

Les statistiques sur l’appartenance minoritaire, sur la langue maternelle, sur la religion professé, mais aussi sur les familles en difficulté, existent et sont utilisées par les autorités pour essayer de consacrer des efforts supplémentaires, que ce soit en matière de gratuité des repas à la cantine scolaire (mesure étendue à cette rentrée scolaire à tous les enfants de moins de 7 ans pour combattre le déséquilibre alimentaire et la pauvreté, mesure prônée par le vice-premier ministre, Nick Clegg), ou en matière d’enseignement (anglais comme langue étrangère, reconnaissance des fêtes culturelles des différentes minorités).

En 2012, les conseils municipaux dans les villes de Londres, mais aussi Birmingham et Bristol, ayant des populations issues des minorités importantes, mais aussi celles de Bournemouth et Winchester (vers la côte sud à l’ouest de Londres), qui ne sont pas des villes connues pour leur population ethnique, sonnaient l’alarme.

D’autres, face aux conséquences de la construction de quartiers nouveaux sur la population scolaire, ont considéré que l’absorption du surcroît enfants d’âge scolaire dans les établissements existants coulait de source, et n’ont pas intégré la construction de nouvelles écoles dans le plan d’urbanisme, mais ils ne sont pas les seuls. Le plan directeur général (National Policy Planning Framework) de mars 2012 était critiqué pour l’absence de considérations sociales et la décentralisation de la planification (Population Growth and Housing Expansion in the UK Some preliminary considerations, 2013, p.13).

La stratégie de développement du Grand Londres dévoilé fin 2013 par le maire Boris Johnson fait état du besoin de quarante mille nouveaux foyers par an pendant vingt ans, rien qu’à Londres, et propose des solutions pour combler l’écart entre croissance démographique et habitations, mais n’inclut pas de réflexion sur l’impact sur les services publics (santé, éducation, transport par exemples) qui devraient accompagner ces mesures.

D’autres phénomènes expliquent donc l’augmentation de la demande à Londres et dans le Grand Sud-Est. La tendance des jeunes couples chargés de famille de quitter les villes a ralenti, et le nombre de jeunes enfants présents dans les centres urbains a augmenté. A Londres, il manquerait 118 000 places dans les écoles primaires et secondaires. Le Conseil de Londres avait milité en 2009 pour une dotation supplémentaire pour pouvoir créer de nouvelles places, et réitère sa demande en 2014.

La situation était connue dès 2012 et donnait du grain à moudre à l’Opposition. (« Primary schools to rise to 1,000 pupils in places shortage », Sean Coughlan, BBC News, 12 mars 2012Jessica Shepherd, « Labour warns England will be 500,000 primary school places short by 2015 », The Guardian)

A primary school in Barking, east London. The authority is planning a school in a former Woolworths store, with two shifts. Photograph: David Levene for the Guardian, 2012

Le gouvernement Cameron a reconnu le problème posé par l’augmentation de la natalité, en annonçant que les investissements immobiliers pendant 5 ans seraient consacrés aux écoles primaires. En décembre 2013, un budget supplémentaire de 2.3 million de livres sterling pour créer des places dans les établissements scolaires était annoncé.

Les titres des quotidiens sont révèlent le malaise qui règne mais l’examen de la question fait ressortir le refus des autorités nationales d’intervenir dans le sphère de compétences des autorités locales, chargées de l’éducation, qui au Royaume-Uni, est bien plus décentralisé qu’en France (à titre d’exemple, les enseignants ont toujours été des employés territoriaux et non des fonctionnaires de l’État). Les leçons sont à méditer alors qu’en France le transfert des compétences vers les territoires (régions, départements, villes) et la refonte de ces mêmes territoires est en cours.

Références :

Tom Rawstorn, « Classes of 70, four-year-olds forced to commute for three hours and a roof turned into a playground: Why no one will admit immigration is the reason Britain’s primary schools are bursting at the seams “, Daily Mail, 29 août 2014

Richard Garner, Lucy Mote, Juliette Ihler, “Exclusive: Nearly 2,000 families still without school places for their children”, The Independent, 29 août 2014

Richard Garner, « Free school meals: Lib Dems promise to expand policy to all primary school pupils in next parliament », The Independent, 2 septembre 2014

Sean Coughlan, « Primary schools to rise to 1,000 pupils in places shortage », BBC News, 12 mars 2012

Jessica Shepherd, « Labour warns England will be 500,000 primary school places short by 2015 », The Guardian

Fran Adams, « The growth of the ‘Titan’ schools, The Guardian, 23 avril 2012

Tim Ross, « 100,000 pupils crammed into overcrowded state schools », The Telegraph26 octobre 2010

Homes for London, the draft housing strategy 2013, Greater London Authority, 2013

http://www.londoncouncils.gov.uk/policylobbying/children/schools/primarys

Population Growth and Housing Expansion in the UK Some preliminary considerations, Population Matters, janvier 2013

« Quatre mariages et un enterrement » – La politique familiale et la théorie du genre au Royaume-Uni

Après une brève intervention sur LCI le 4 février 2014 dans l’émission de Michel Field dédiée aux politiques familiales en France et ailleurs, après le report par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault du projet de loi sur la famille, un rappel des principaux points concernant les questions de l’égalité des sexes, de l’éducation sexuelle, de la procréation médicalement assistée et du mariage gay au Royaume-Uni semble utile.

Depuis la loi de 1967, l’IVG est permise jusqu’à 24 semaines de grossesse, mais il est conseillé de le pratiquer avant 12 semaines. La suggestion de baisser la durée de la grossesse à 12 semaines en 2012, faite par le ministre de la santé, Jeremy Hunt, fut rejetée par la profession médicale et par ses propres collègues femmes au sein du gouvernement conservateur, y compris la ministre de l’Intérieur, Teresa May.

La loi de 1967 a été votée lors des réformes sociales initiées par le gouvernement travailliste sous Harold Wilson, en même temps que d’autres lois anti-discriminatoires promouvant l’égalité quel que soit le genre, l’orientation sexuelle, ou l’origine ethnique. En même temps la censure de la production artistique et les lois sur le divorce furent également repensées. Des lois pour promouvoir l’égalité des chances dans l’éducation, de salaire, de protection de l’emploi, ont progressivement été introduites et une commission parlementaire permanente pour l’égalité et les droits de l’homme (2006), veille à l’application de ces droits et à l’extension des domaines réglementés. Les lois anti-discriminatoires furent étendus à la religion et aux croyances, et à l’orientation sexuelle en 2006-2007.

Á peine dix ans après les réformes sociales des années soixante, la première bébé éprouvette au monde, Louise Brown, est née au nord de l’Angleterre (1978) et la procréation médicalement assistée devient possible dans le système de santé publique britannique. Toutefois elle reste moins pratiquée qu’en France, où deux fois plus de procédures sont lancées. L’utilisation de cellules humaines (cellules souches) dans la recherche médicale, et éventuellement pour la reproduction (cloning ou PMA) à des fins médicaux, a été débattu par la chambre des Lords en 2002.

Ce fut le gouvernement travailliste de Tony Blair qui introduit le PACS (loi de 2005, application depuis 2006) mais le gouvernement de David Cameron qui présida au vote sur le mariage gay en 2013, et ce, malgré une rébellion de nombre des députés conservateurs qui ont voté contre ce projet de loi et une pétition signée par 600000 personnes de confession chrétienne. Alors que la société britannique évolue, le parti conservateur a dû se moderniser en acceptant les nouvelles formes de famille (couples hétérosexuels non-mariés, familles recomposées, familles monoparentales, familles d’homosexuels, familles peu nombreuses ).

Ces questions sont devenues tellement pertinentes que les séries de télévision populaires les ont intégrées à leur storyboard – la mort en janvier 2014, d’un caractère de Coronation Street (ITV, 10 millions de spectateurs par émission), bien que centrée sur la question du droit de mourir, concerne le premier personnage transsexuel permanente dans l’histoire de la télévision (Hayley Cropper, née Harold Paterson) apparue sur les écrans en 1998.

La procréation assistée et les mères porteuses sont juridiquement protégées – et l’adoption par les couples du même sexe est devenue possible depuis la loi de 2002, loi qui permettait aux agences d’adoption catholique de ne pas l’offrir. Un des homosexuels les plus en vue au Royaume-Uni, anobli par la Reine, participe à toutes les célébrations royales : Sir Elton John, marié et père de deux enfants adoptés, nés d’une mère porteuse, a fait son coming out dès 1976.

L’orientation sexuelle et l’enseignement avait déjà fait débat dans les années quatre-vingt lorsque le gouvernement de Margaret Thatcher avait interdit la « promotion de l’homosexualité » dans les établissements scolaires publiques (1988). L’article de loi en question (Section 28 du Local Government Act) fut annulée en 2000 en Écosse, et en 2003 dans le reste du Royaume-Uni. Aujourd’hui, on reconnaît l’existence et la part des homosexuels dans la société britannique.

L’éducation sexuelle obligatoire fut l’objet de débats au parlement britannique en janvier 2014 avant d’être rejetée par la Chambre des Lords. L’éducation sexuelle fait partie de l’enseignement optionnel dans le cursus secondaire, mais devant le nombre élévé de grossesses d’adolescentes (45 conceptions pour 1000 filles de moins de 18 ans, la plus forte en Europe), et des cas qui ont fait la une des journaux à sensation (Baby-faced Alfie Patten is father at 13), de nombreuses mesures sont prises pour essayer d’endiguer ce problème de santé publique (dangers pour la mère et l’enfant) dont l’impact sur la vie des jeunes mères (scolarisation interrompue, pauvreté et exclusion sociale) (voir à ce propos l’ouvrage de Fabienne Portier-Lecoq, Sexualité et maternité des adolescentes : voix anglaises et écossaises, Rennes, PUR, Collection des Sociétés, novembre 2009, 329 p.)

Mais les opinions varient sur l’âge à laquelle un enfant doit recevoir de tels enseignements, si cela ne relève pas du domaine privé, si l’enfant ne doit pas rester ‘innocent’, ou encore, comment protéger les enfants de sites internet pornographiques. La presse écrite, notamment The Daily Telegraph et The Guardian, a relayé et parfois initié ces débats non-partisans.

Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe

Signalons la parution du numéro 14 (2013) de l’Observatoire de la société britannique consacré au « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe » et dirigé par Susan Finding et Anémone Kober-Smith. ISBN 978-295404734. 204p. 12€.

Table des matières

1. Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe

Susan FINDING (Université de Poitiers) & Anémone KOBER-SMITH (Université de Paris 13)

2. Gendered Organizations and Working Lives: continuities, change and policy engagement

Susan HALFORD (University of Southampton) & Pauline LEONARD (University of Southampton)

3. Women’s and men’s career interruptions in Europe: the role of social policies

Rosy MUSUMECI (Università da Torino) & Cristina SOLERA (University of Turin)

4. Dual Earner Parents Strategies for Reconciling Work and Care in Seven European Countries

Pamela ABBOTT (University of Aberdeen), Corinne NATIVEL (Université de Paris XIII) & Claire WALLACE (University of Aberdeen)

5. Private Assistants in the Italian Care System: Facts and Policies

Giuliana COSTA (Politechnico, Milano)

6. La politique familiale à l’épreuve des stéréotypes de genre : une comparaison France – Royaume-Uni – Suède

Natacha Ordioni (Université du Sud Toulon-Var)

7. Emplois genrés et les services à la personne au Royaume-Uni : la petite enfance

Susan FINDING (Université de Poitiers)

8.   British women’s human capital and employment evolution under New Labour

Catherine CORON (Université Panthéon-Assas)

9. Gender, education and employment within the education system in Britain

Susan FINDING  (Université de Poitiers)

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