- Libertés et droits (exposition virtuelle « La glorieuse révolution d’Angleterre, 1688 » dans le Fonds Dubois)
Liberté de réligion
Depuis le Schisme anglican, le catholicisme avait été proscrit – à l’exception du règne de Marie Tudor. Être catholique revenait selon la loi à admettre l’autorité d’une puissance étrangère, délit de trahison. Cent cinquante ans après la dissolution des monastères par Henri VIII, qui marqua la fin de la Réforme en Angleterre, en mai 1686, Jacques II fit lire dans les églises anglicanes du royaume une Déclaration d’indulgence, promettant la liberté de conscience aux dissidents protestants (Quakers, Baptistes, Presbytériens…..) et aux catholiques. Mais les termes dans lesquels il promettait cette ‘indulgence’, furent mal reçus par les responsables de l’Eglise établie en Angleterre, ne pouvant accepter que le roi exprime le souhait ardant que son people soit catholique – sept évêques anglicans qui protestèrent furent accusé de sédition mais innocentés par la cour, au grand embarras de la Couronne. La naissance contestée d’un fils au couple royal en 1686 (le bébé mort-né aurait été secrètement remplacé par un autre), qui fut baptisé dans la foi catholique, ne pouvait que renforcer la méfiance sur les dessins de Jacques II concernant le catholicisme et les alliances continentales.
Depuis les années 1660, le pouvoir de l’Église anglicane avait été renforcé. Les protestants qui refusaient de souscrire aux principes anglicans ne pouvaient tenir un poste d’élu ou dans l’administration. Locke dénonça cette « religion nationale » dans sa Lettre sur la Tolération. [Jm 31-2] La pratique du culte protestant non-anglican, ‘non-conforme’, éloignée des villes, malgré la popularité grandissante des sectes baptiste, quaker et autres, dont la construction de chapelles pour accueillir les fidèles témoigne. On suggérait de forcer les pasteurs dissidents à aller convertir les ‘américains’ [natifs] voisins des colonies anglaises, tandis que l’accueil des Huguenots devait être conditionné à leur adhésion à l’Église anglicane et la formation d’apprentis anglais. [FD 2293] Defoe consacre quatre vers ironiques à la dissidence dans The True-Born Englishman, 1701, (voir plus loin) : « Là où Dieu érige une maison de prière, le Diable y construit une chapelle sans faille; et l’on constate après examen, que ce dernier a une plus grande congrégation. » Les déclarations de Jacques II (1687 et 1688), accordant la liberté de conscience aux catholiques, incluait également les dissidents protestants, mais cela ne le protégea pas des ires de l’Église établie et du parlement.
Les libertés individuelles – garanties par le Parlement
L’édition en 1737 par John TOLAND [FD 42] de l’ouvrage de théorie politique de James HARRINGTON, Oceana, datant de 1656, servit à justifier la succession de Guillaume d’Orange. Selon Harrington, trois types de gouvernement – la monarchie, l’aristocratie, la démocratie – existaient. Si la force était utilisée par ces régimes, ceux-ci se transformaient respectivement en tyrannie, oligarchie ou anarchie. L’illustration dans cette édition montre le roi, entouré des symboles de l’Écosse (chardon), de l’Angleterre (rose) et de l’Irlande (harpe), et des promoteurs de lois et de constitutions antiques – Moise, Solon, Confucius, Lycurgue, Numa, Junius Brutus – comparables à celui qui avait accordé le Bill of Rights et les actes de lois limitant les pouvoirs de la Couronne et accordant des Droits et libertés aux sujets (1701), la succession interdite aux catholiques (1701) et pour limiter les droits des catholiques (Parlement d’Irlande, 1704).
La doctrine de monarchie parlementaire émerge. Le pouvoir du roi est défini comme émanant de la loi (Locke, Traité de Gouvernement, Ch. XVIII, § 206. [Jm 31-2 ], la loi émane du parlement, qui a le droit de resister l’autorité du Roi, afin de defendre leurs libertés. [FD 1193] Le compromis politique qui sort de la crise est une Constitution ou le pouvoir existe non pas sous une seule forme – monarchie, aristocratie, ou démocratie – mais sous la forme d’un gouvernement mixte, d’une monarchie limitée. [FD 374]