Anti-Social Behaviour in Britain

Book review published in the International Review of Social History / Volume 60 / Issue 02 / August 2015, pp 290-293. Copyright © Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis 2015.

DOI: http://dx.doi.org/10.1017/S0020859015000231 (About DOI), Published online: 22 July 2015

Anti-Social Behaviour in Britain. Victorian and Contemporary Perspectives. Ed. by Sarah Pickard. Palgrave Macmillan, Basingstoke 2014. xx, 375 pp. £75.00.

This collection of essays consists of twenty-five scholarly contributions by thirty academics in British Studies, Cultural Studies, Sociology and Criminology, and Urban Studies. Recent legislation in Britain on the question of anti-social behaviour (Anti-social Behaviour, Crime and Policing Act 2014, Anti-social Behaviour Act 2003) is put into perspective by case studies. The contents are arranged into three thematic sections covering issues coming under the general headings of urban and public space, vulnerability and marginalization, recreation and leisure.

It is something of a challenge to compare the late twentieth century and early twenty-first century Britain with the late Victorian period, yet this comparative approach brings insights and depth of understanding to what has been labelled as anti-social behaviour, though this term is not as recent as might be thought: the first occurrence being attributed to Gladstone in 1887 (T. Harris, p.21). The conclusions may serve as lessons for policy-makers today.

The comparisons highlight the difficulty of defining the term anti-social behaviour, as any definition carries a class-basis and normative standards are regularly imposed by moral crusaders. They place the discussion in the framework of the Foucauldian paradigm of the taming of the masses by institutional violence and Ellias’ theory of the civilizing process which, together, bring into play the notion of social constraints and codes of behaviour. Also at play are the Bourdieusian notion of a cultural elite (aristocracy) or a hierarchy of aesthetics. As Andrew Millie puts it: “There are clearly issues of power in who defines what is acceptable.” (p.105). Ultimately, it is the notion of power which permeates each contribution. […]

La chanson populaire au Royaume-Uni pendant la Grande Guerre

Nous reproduisons ici les trois premiers paragraphes du compte-rendu de livre de John Mullen, La chanson populaire en Grande-Bretagne pendant la Grande Guerre 1914-1918 “The show must go on!”, Paris: L’Harmattan, 2012. Broché. 290 pages. ISBN 978-2296996663. 29€, publié dans la Revue française de civilisation britannique/French Journal of British Studies, XX-1 | 2015 : Revisiting the Great War.

The Music Hall and Theatre History Website

Les figures populaires des chanteurs édouardiens Harry Lauder, Vesta Tilley, Marie Lloyd et Harry Champion, les chansons telles que « A bicycle built for two » , « I do like to be beside the seaside », « If you were the only girl in the world » ou encore « Pack up your troubles in your old kit-bag », seront familiers aux britanniques nés avant les années 1960. Si le dernier est immédiatement identifiable au sort des soldats, les autres font néanmoins partie du corpus de chansons populaires répertoriées et analysées dans ce livre. Le genre du music hall des années 1880 à 1920 a même été ressuscité par la télévision, avec l’émission The Good Old Days, en direct d’un théâtre de variétés de Leeds, dont la longévité (trente ans entre 1953 et 1983) atteste à nouveau la popularité du genre, et produit un effet de mise en abyme de et par des moyens de divertissement populaire.

La monographie La chanson populaire en Grande-Bretagne pendant la Grande Guerre 1914-1918 “The show must go on!”,  publié chez l’Harmattan, est composé de huit chapitres assortis de vignettes sur les artistes les plus en vue, la liste du millier de titres de son corpus et d’une chronologie. On regrette cependant le manque de bibliographie et d’index dans la version française, d’autant plus que l’ouvrage est le premier livre qui traite de la question en français ou en anglais, gage de son originalité. [La revue ci-dessous traite de la version française. La version anglaise vient de paraître : The Show Must Go On! Popular Song in Britain during the First World War, Ashgate, August 2015, 262 pages, Paperback, ISBN: 978-1-4724-4159-1.]

.           The Show Must Go On! Popular Song in Britain During the First World War

Le phénomène culturel de la chanson populaire est surtout présent dans les théâtres de variété, music halls, où des spectacles professionnels et amateurs de divers genres sont produits : revues, comédies musicales, minstrelsy, concerts, et pantomime. L’ouvrage est à la fois un traité sur l’industrie des loisirs, un examen d’un phénomène culturel complexe, et une analyse de l’interaction entre cette forme de culture populaire et l’effort de guerre. L’auteur retrace l’importance de l’économie du spectacle vivant (quelque pence pour une entrée), les milliers d’emplois de l’industrie du spectacle – artistes comiques et musiciens, régisseurs, éditeurs de partitions –, les genres artistiques (divertissement populaires, spectacles, musique, chansons), l’analyse des thèmes traités dans les chansons (nostalgie, amour, femmes, vie quotidienne, militaires) et une typologie dynamique du public concerné – spectateurs, acheteurs des partitions et, plus rarement, auditeurs des disques (mais le gramophone était encore réservé à une élite) – sert à dresser un bilan de l’apport de ce moyen d’expression à la cohésion sociale pendant cette période, où le souci de ‘solidarité nationale’ fut particulièrement sensible, et la contribution de la musique populaire au soutien à l’effort de guerre.

Pour lire plus….

Qui gouverne les mégapoles ? Les maires élus au suffrage direct en Angleterre

Manchester Town Hall (Credit: manchester.gov.uk)

Depuis quinze ans au Royaume-Uni les électeurs ont été consultés par référendum sur des changements concernant la dévolution des pouvoirs exécutifs, la création d’un poste de maire de Londres (1997), l’élection des maires au suffrage direct (2002-2012) et, dernièrement, le système électoral (2012). Le poste de maire a une longue histoire au Royaume-Uni. La nouveauté est la manière dont ils sont élus et l’importance accrue de ce poste qui va de pair avec l’autorité qu’apporte le scrutin direct.

London City Hall (Crédit : London.gov.uk) 

Vient de paraître dans le numéro 14 | 2015 : Who Governs in the Americas and in Europe? de la revue en ligne Mémoire(s), Identité(s) et Marginalité(s) dans le monde occidental contemporain Cahiers du MIMMOC, un article intitulé Who governs Britain – Democracy in action? Directly Elected Mayors in England’ qui analyse les débats sur les avantages et les inconvénients de l’élection directe des maires dans le contexte de la problématique de la nature de la démocratie et d’interrogations sur l’efficacité des institutions démocratique au Royaume-Uni. L’article examine les raisons qui expliquent le succès ou non des changements que représente cette nouvelle forme démocratique, en particulier l’échelle à laquelle la démocratie directe semble être opérative.

L’immobilier à Londres et au Royaume-Uni

Compte-rendu de l’ouvrage La crise du logement en Angleterre : Quatre décennies de politiques du logement et de la ville, 1977-2013, par David Fée, Paris, Houdiard, 2013, 224p. ISBN 978-2-35692-094-2. 20€.

En 2013, le gouvernement de coalition mené par David Cameron a cherché à réduire les dépenses publiques allouées aux allocations logement en révisant les conditions d’attribution. S’en prenant de manière indirecte aux bénéficiaires, une règle fut imposée qui plafonne le nombre de pièces par et pour lequel l’allocation est calculée. Les allocataires dont le logement était jugé plus grand que nécessaire se virent réduire leur allocation ce qui menaçait de les obliger à se reloger, alors que beaucoup de ceux qui étaient touchés par la réforme étaient soit des personnes âgées, occupant un logement qu’ils avaient obtenus lorsqu’ils avaient des enfants à charge, soit des personnes dont la santé exigeait de l’espace pour ranger un équipement médical. L’opposition travailliste dénonça l’injustice de ce qui fut appelé ‘bedroom tax’. Malgré des aménagements qui prirent en compte des cas particuliers, on estime qu’un tiers des foyers recevant l’aide au logement verrait ainsi leur allocation réduite (BBC News, 30 July 2013, <http://www.bbc.co.uk/news/business-21321113>).

À l’heure où la crise du logement et du marché immobilier, commencée en 2008, qui a frappé non seulement le Royaume-Uni mais l’Europe de l’ouest toute entière, semble terminée, la lecture de l’étude du David Fée, Professeur d’études anglophones à Université Sorbonne Nouvelle, La crise du logement en Angleterre : Quatre décennies de politiques du logement et de la ville, 1977-2013, explique les politiques publiques adoptées au Royaume-Uni, la cherté du marché anglais de l’immobilier, les bulles immobilières. Les choix et la philosophie politique qui les motive sont analysés pour mieux saisir le contexte économique, l’organisation spatiale du territoire britannique, le rapport entre ville et campagne, et les évolutions démographiques et sociétales.

L’ouvrage permet de mettre en lumière, sous une perspective historique, l’évolution du modèle d’état-providence anglais, dont le logement fut jadis un des cinq piliers du Welfare britannique, destinés à remédier aux maux identifiés par le rapport Beveridge (1942), document fondateur : le besoin, l’ignorance, la maladie, les taudis et l’oisiveté. La construction de logements décents pour le peuple à l’issu de la deuxième guerre mondiale répondait à la fois à une nécessité criante devant la destruction massive causée par les bombardements de plusieurs villes britanniques (les ports, dont Londres, et les villes industrielles des Midlands) et un souci de justice sociale et de monde meilleur qui effacerait les années sombres de la guerre et de la dépression la précédant.

Le gouvernement travailliste d’Atlee utilisa les outils de planning centralisé qui avait prévalu pendant la guerre pour contrôler la construction (interdiction de construction privée, austérité oblige) et impulser aux développements autorisés (villes nouvelles, cités urbaines) une vision utopiste de la verte Angleterre, version 1948. L’auteur rappelle brièvement les origines de cette planification urbaine. On regrette cependant l’absence de références aux politiques de logement de ministres conservateurs tels que Enoch Powell ou Harold Macmillan, dans les années 1950, car la comparaison avec les politiques plus récentes auraient pu être instructive (voir par exemple Denis MacShane, ‘Can David Cameron match Harold Macmillan’s achievement in house-building?’ The Observer, 15 août 2010).

Alors qu’un système national de santé (NHS), un système national d’assurance (National Insurance Scheme), et le système national d’éducation, furent rapidement mis en place, amélioré, étendu et élargi, on ne peut parler de système de logement. Les deux tiers des foyers  en Angleterre sont propriétaires de leur logement. L’autre tiers est logé à proportions égales dans les logements locatifs des secteurs public et privé, ce dernière comprend le secteur associatif. On comprend dès lors la signification de l’évolution du marché immobilier et du secteur financier (prêts hypothéqués, taux d’intérêt) pour les anglais. (L’immobilier et la politique du logement obéissent à d’autres règles en Écosse, au Pays de galles et en Irlande du Nord, qui ne sont pas traités dans cet ouvrage).

À la différence du gouvernement Thatcher, qui avait cru comprendre l’aspiration des anglais à devenir propriétaires de leur logement – ce qui paradoxalement, par plusieurs mécanismes (réduction du parc public, aides à l’accession à la propriété) a contribué à empirer la crise du logement existante – les gouvernements travaillistes à partir de 1997, semblent ne pas avoir pris la mesure de l’étendu du problème, ni de l’importance que le logement revêtait auprès de la population, alors même qu’ils affirmaient vouloir réformer et mieux gérer l’état, et avait axé leurs politiques à leur arrivée au pouvoir sur l’exclusion et la pauvreté. Les mesures récentes prises par le gouvernement de coalition de Cameron en 2012 et 2013 pour aider les primo-accédants à devenir propriétaires (garantie des prêts, taux zéro), ne font que renforcer l’analyse de David Fée. Si crise du logement il y a, une des raisons fondamentales de cette crise est que le logement privé reste au coeur de la politique du logement en Angleterre.

Proposant une histoire de quarante années des politiques du logement et de la ville depuis la fin de la période de croissance d’après-guerre et l’émergence du nouveau paradigme libéral, l’ouvrage analyse, en quatre grandes parties et treize chapitres, complétés par une bibliographe de seize pages et un index, les origines du problème, l’héritage socio-géographique et idéologique, les solutions proposées par des gouvernements successifs dont certaines contribuent elles-mêmes non pas à une amélioration, mais à une dégradation de la situation, et un bilan des politiques mises en oeuvre sous le gouvernement travailliste entre 1997 et 2010. S’agissant d’une étude nationale, on aperçoit la mise en oeuvre par une gestion à la fois locale (le parc public locatif, les plans d’urbanisme et d’occupation du sol) et nationale (les lois de cadrage et les programmes d’intervention).

Une attention particulière est donnée au Sud-Est de l’Angleterre et à la « ville » de Londres. D’une part, de part sa taille et étendu géographique – un quart de la population britannique réside dans ces deux régions, la ville et ses quartiers s’étend sur 1,500 km2, la région métropolitaine sur 8, 500 km2 – mais aussi par son impact national sur le logement. En effet, la crise du logement en Angleterre est en partie due à la pression immobilière dans le Sud Est, les prix élevés créant un effet de ricochet sur tout le pays. Londres est la deuxième ville la plus chère du monde après Monaco pour le prix par mètre carré du logement à l’achat ou à la location, ce qui explique en partie pourquoi le Royaume-Uni en entier vient dans le classement de tête des pays du monde pour le coût du logement avec l’Afrique du Sud, l’Australie, le Canada, la Nouvelle Zélande et la France (Global house prices, Location, location, location, Aug 29th 2013, 16:14, Economist.com consulté le 9 octobre 2013). Si l’on cherche une explication à ce phénomène, cet ouvrage établit les mécanismes et facteurs qui y ont contribué.

L’ouvrage complète des publications déjà parues et co-dirigées par l’auteur dans ce domaine (David Fée, Sylvie Nail (eds.), Vers une renaissance anglaise? Dix ans de politique travailliste de la ville, Paris, PSN, 2008; David Fée et Corinne Nativel, Crises et politiques du logement en France et au Royaume-Uni, Paris, PSH, 2008) et s’adresse à un public large, spécialistes de la Grande Bretagne contemporaine, mais aussi tout urbaniste, démographe, sociologue interpellé par les questions d’aménagement de territoire et de logement, des inégalités et des politiques publiques et mérite une édition anglaise car l’approche diffère bien de celle adoptée dans la littérature sur la question au Royaume-Uni.

La Grande Famine en Irlande 1846-1851 : échos et répercussions (le Royaume-Uni, l’Empire, l’Europe)

famineNous annonçons la publication en ligne du numéro 12 de Mémoire(s), Identité(s) et Marginalité(s) dans le monde occidental contemporain, dédié à La Grande Famine en Irlande 1846-1851 : échos et répercussions, dirigé par Philippe Cauvet, Susan Finding et Moya Jones.

Le Royaume-Uni au XXIe siècle : mutations d’un modèle

Je signale la parution d’un ouvrage complet sur le Royaume-Uni aujourd’hui auquel j’ai contribué : Le Royaume-Uni au XXIe siècle : mutations d’un modèle, ouvrage collectif, dirigé par Emmanuelle Avril et Pauline Schnapper. ISBN : 9782708013780, broché, 400 pages, Septembre 2014. 

J’ai signé deux sections (le système éducatif, la famille) de la deuxième partie : questions économiques et sociales.

Ci-dessous la présentation faite par l’éditeur:

Cet ouvrage propose un tableau dynamique du Royaume-Uni contemporain rédigé par les meilleurs spécialistes français des différentes questions abordées. Il est destiné à des étudiants anglicistes ou de droit et sciences politiques, en licence et master.

Le fil directeur en est une interrogation sur la pertinence et la permanence d’un « modèle » britannique qui concernerait aussi bien les institutions politiques (le modèle dit de Westminster) que l’approche libérale et néo-libérale de l’économie, le pluralisme social et les pratiques culturelles.
L’ouvrage aborde ces différentes questions en évoquant les tensions, clivages et mutations qui remettent en question ce « modèle » et en s’interrogeant sur ses capacités d’adaptation aux défis du nouveau siècle.

Table des matières :

Partie I. Politique et institutions
1. Un modèle démocratique en mutation
2. Les partis politiques : un paysage recomposé
3. Les dilemmes de la politique étrangère britannique

Partie II. Questions économiques et sociales
4. Quelle économie au XXIe siècle ?
5. Le modèle social britannique : réussite et limites
6. Les remises en question de l’état-providence
7. Le système judiciaire : entre sécurité et liberté

Partie III. Identités et pratiques culturelles
8. Quelle place pour les religions ?
9. Cultures populaires et cultures d’élite
10. Les médias britanniques à l’ère de la révolution numérique : diversification et nouveaux usages

Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe

Signalons la parution du numéro 14 (2013) de l’Observatoire de la société britannique consacré au « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe » et dirigé par Susan Finding et Anémone Kober-Smith. ISBN 978-295404734. 204p. 12€.

Table des matières

1. Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe

Susan FINDING (Université de Poitiers) & Anémone KOBER-SMITH (Université de Paris 13)

2. Gendered Organizations and Working Lives: continuities, change and policy engagement

Susan HALFORD (University of Southampton) & Pauline LEONARD (University of Southampton)

3. Women’s and men’s career interruptions in Europe: the role of social policies

Rosy MUSUMECI (Università da Torino) & Cristina SOLERA (University of Turin)

4. Dual Earner Parents Strategies for Reconciling Work and Care in Seven European Countries

Pamela ABBOTT (University of Aberdeen), Corinne NATIVEL (Université de Paris XIII) & Claire WALLACE (University of Aberdeen)

5. Private Assistants in the Italian Care System: Facts and Policies

Giuliana COSTA (Politechnico, Milano)

6. La politique familiale à l’épreuve des stéréotypes de genre : une comparaison France – Royaume-Uni – Suède

Natacha Ordioni (Université du Sud Toulon-Var)

7. Emplois genrés et les services à la personne au Royaume-Uni : la petite enfance

Susan FINDING (Université de Poitiers)

8.   British women’s human capital and employment evolution under New Labour

Catherine CORON (Université Panthéon-Assas)

9. Gender, education and employment within the education system in Britain

Susan FINDING  (Université de Poitiers)

Contacts

Observatoire de la société britannique
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
Université du Sud Toulon-Var
83957 La Garde cedex
France

Commandes

Les commandes sont à adresser à à Gilles Leydier à l’adresse ci-dessus.
Les chèques sont à libeller à l’ordre de M. l’Agent comptable de l’Université de Toulon.

2e journée d’étude Fonds Dubois

2e JOURNEE D ETUDE “Patrimoine : Fonds Dubois” du 22 novembre 2012

Compte-rendu posté sur le site dédié créé pour servir de lien au chercheurs du projet : http://dubois.hypotheses.org/

Cette deuxième journée d’étude consacrée à la valorisation du Fonds Dubois poursuit les travaux initiés lors de la première Journée d’études en date du 27 mars 2012 (voir le compte-rendu  publié sur ce site dédié).  Organisé par les laboratoires MIMMOC (EA 3812) de l’Université Poitiers et CRIHAM (EA 4….) bi-site Poitiers-Limoges, à la MSHS de Poitiers et la Bibliothèque Universitaire Droit-Lettres, la journée a de nouveau réuni des universitaires anglicistes (11e section), des historiens (22e section), des spécialistes du Service commun de documentation et de la numérisation de l’Université de Poitiers, et des collègues des Universités de Paris 8, Paris-Diderot, Metz et Manchester (Royaume-Uni) spécialistes de l’histoire des échanges commerciales et intellectuelles du Royaume-Uni, de l’Europe et des Etats-Unis des 17e et 18e siècles.

Participants : Nathalie Brémand, Responsable de la Bibliothèque Sciences Humaines et Arts, SCD, Directrice de rédaction de la BVPS, Université de Poitiers. Laurent Colantonio, MCF Histoire contemporaine, Université de Poitiers, CRIHAM (EA 4270). Susan Finding, Professeur de civilisation britannique, Directrice du MIMMOC (EA 3812), Directrice de la FE2C (FED 2447). Robert Mankin, PR, Université de Paris-Diderot, Directeur LARCA (LAboratoire de Recherche sur les Cultures Anglophones)  (EA 4214). Philippe Minard, PR, Directeur d’études EHESS, Université de Paris 8, Co-directeur du laboratoire IDHE, UMR 8533- CNRS (excusé). Eric Planchon, Ingénieur de recherche, responsable Plateforme Ressources numériques, M.S.H.S. de Poitiers. Allan Potofsky, PR, Président REDEHJA, Institut Charles V, Université de Paris-Diderot. Siobhan Talbott, Hallsworth Research Fellow in Political Economy, University of Manchester. Anne-Sophie Traineau-Durozoy, Conservateur, Responsable du Fonds ancien, SCD, Université de Poitiers. Des étudiants du Master 1 Recherche Culture et société étrangères assistèrent à la journée.

Plusieurs volets de ce projet furent évoqués pendant la journée. En premier lieu, les pistes scientifiques. Susan Finding présenta “Auguste Dubois : sources pour une biographie intellectuelle – la république des professeurs?“, un répertoire des sources trouvées pour faire un travail sur le personnage d’Auguste Dubois, son oeuvre, son travail et sa vie de professeur à la Faculté de Droit de l’Université de Poitiers au début du 20e siècle. Ces sources sont à la fois bibliographiques (IdRef SUDOC), historiques (Institut international d’histoire sociale, Amsterdam – Fonds Marcel Rivière, Fonds Kashnoor, Archives départementales – Faculté de Droit, et même le Fonds Dubois lui-même qui contient des pamphlets publiés par cette faculté), mais aussi ‘monumentale’

Maison d’Auguste Dubois, Poitiers

(la maison d’Auguste Dubois et sa tombe à Poitiers). Une biographie d’Auguste Dubois (Professeur de l’histoire des doctrines économiques à la Faculté de Droit de Poitiers au tout début du 20e siècle) et un travail sur la composition de sa collection (acquisition personnelle -parfois à l’étranger- d’ouvrages rares) éclaireront l’histoire intellectuelle, l’histoire des livres, l’histoire de l’université, mais aussi, l’enseignement de l’histoire économique en France.

Pour finir, Susan Finding a rappelé l’analyse faite par Steven Pincus, Bradford Durfee Professor of History, à l’Université de Yale, lors de sa présentation en mars dernier concernant la spécificité du Fonds en la comparant à la collection Goldsmiths-Kress qui l’a amené à conclure : “The Fonds DuBois is a phenomenally wide-ranging collection of political economic pamphlets for the eighteenth century. (…)The Fonds Dubois collection provides us with a remarkably strong selection of the output of the major political economic writers of the eighteenth century.”

Dr. Siobhan Talbott, Hallsworth Research Fellow in Political Economy, University of Manchester, chercheuse invitée financée par le laboratoire MIMMOC et la Région Poitou-Charentes au 2e semestre 2012-2013, présenta ensuite les objectifs de son projet de recherche et l’intérêt du Fonds Dubois pour ses recherches et pour la communauté scientifique en général.

Ses recherches sur le commerce extérieur britannique ont souligné des aspects des positions relatives nationale et internationale des nations britanniques qui sont en contradiction avec la dynamique que les chercheurs ont cru existaient normalement. L’union des royaumes en 1603, et celle des parlements anglais et écossais en 1707, sont considérées comme un indicateur de la supériorité économique et politique naturelle de l’Angleterre, alors que ‘une politique étrangère indépendante a disparu de l’autre côté de la frontière sous Jacques 1er après l’union des couronnes.’  Les historiens de la Grande Bretagne et de l’Europe moderne continuent à travailler avec cette idée, mettant en avant la prééminence de l’Angleterre sans vérifier les hypothèses sur lesquelles cette vision est basée. De plus, de telles investigations ont tendance à décrire l’histoire ‘anglaise’ plutôt que l’histoire britannique que J. G. A. Pocock, entre autres, encourage. Son travail cependant a suggéré que l’Écosse et l’Irlande ont maintenu des politiques économiques étrangères indépendantes et ont participé de façon autonome dans des conflits internationaux tels que la guerre de la Ligue d’Augsbourg (guerre de Neuf Ans) et la guerre de la Succession d’Espagne, ce qui soulève des interrogations concernant le positionnement relatif de l’Angleterre, de l’Écosse, de l’Irlande sur la scène internationale.

Ce projet est conçu pour répondre à ces questions et comporte une analyse détaillée des alignements et associations internationales que les trois nations britanniques entretenaient, ainsi qu’un examen de la place relative de chacune dans l’économie et le pouvoir commercial des nations britanniques à l’étranger – en particulier avec la France, mais aussi avec l’Europe et le monde transatlantique – à l’époque moderne.  Ce projet est soutenu par le financement de d’un contrat de recherche de trois ans, la Hallsworth Research Fellowship in Political Economy (University of Manchester, 2012-2015), pendant lesquels elle mènera des travaux  au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis.

Pendant les trois mois de chercheuse invitée à Poitiers, elle a l’intention d’utiliser le Fonds Dubois, dont le contenu est une mine pour ce projet de recherche. Quelques exemples sont les documents 374/1-14 sur le commerce étranger britannique, en particulier avec la France, à la fin de la guerre de Succession d’Espagne: les documents 435/1-2 and 1761/1-3 sur le commerce maritime des années 1750; documents 1705/2, 1708/1, and 1827-8, sur l’émergence d’une aristocratie dans les affaires en France, et des documents de la chambre de commerce et d’industrie, Rouen (1859/1-2). Les édits royaux, les actes du conseil d’état, en particulier ceux qui gèrent le commerce au début du dix-huitième siècle (collection 3253) sont d’un intérêt certain, ainsi que les oeuvres de Samuel Gale (1981/1-4), Daniel Defoe (2053/1-4), Christopher Robinson (2397/1-4) et William Knox (2489/1-2), dont certains n’existent que dans ce fonds. Cette liste est loin d’être exhaustive et ne constitue que des exemples des ressources dont l’Université de Poitiers est le dépositaire et qu’elle utilisera pendant son séjour au printemps 2013.

Le travail qu’elle mènera contribuera à des publications dans des revues internationales de renom. Une étude pilote a déjà été publié dans Historical Research (2012) et été lauréat du Prix Pollard 2011 attribué par la Institute of Historical Research (Université de Londres) et l’éditeur universitaire Wiley-Blackwell.L’éditeur Pickering et Chatto publiera une étude intitulé Conflict, Commerce and Franco-Scottish Relations, 1560-1713.  Ce séjour permettra également d’augmenter considérablement le travail déjà entrepris pour la création de la base de données qu’elle a initié : British Commercial Agents: a biographical database, 1560-1720, (Les agents commerciaux britanniques: base de données biographique, 1560-1720), qui sera publié en ligne pour l’utilisation par les chercheurs et le grand public.  Elle contribuera enfin pendant ce séjour de trois mois à l’identification des priorités pour la numérisation du Fonds Dubois, et en collaboration avec les universitaires engagés dans ce projet, et aidera au développement d’un réseau international de chercheurs dans ce domaine autour de ce fonds.

En fin de matinée, au 2e étage de la Bibliothèque Droit-Lettres, la présentation du Fonds Dubois et d’un certain nombre d’ouvrages de la section concernant les ouvrages en anglais ou publiés au Royaume-Uni, par Mme Traineau-Durozoy, Conservateur, responsable du Fonds ancien du Service commun de documentation (SCD) de l’Université de Poitiers, fut l’occasion de comprendre la richesse de ce Fonds. Mme Traineau-Durozoy présenta également l’histoire du catalogage du Fonds. Ce sont les conservateurs et bibliothécaires qui en dressant les inventaires ont les premiers souligné les richesses du Fonds.

Mais la partie la plus riche de cet ensemble date des 18e et 19e siècles, avec un éclairage sensiblement différent, le 18e beaucoup plus économique et politique (commerce des blés, assignats, Compagnie des Indes, physiocratie…), le 19e davantage centré sur les courants socialistes et utopiques (saint-simoniens, fouriéristes, l’Icarie de Cabet, Proudhon, aussi bien que Robert Owen…).

Des ensembles particuliers méritent d’être signalés :

‑ les romans utopiques et voyages imaginaires  (la collection complète des Voyages ima­ginaire, songe, visions et romans cabalistiques publiée par Charles Georges Thomas Garnier, mais aussi trois Thomas More, les Sévarambes de Veiras, les Galligènes de Tiphaigne de la Roche, Jacques Sadeur de Foigny, les Isles fortunées de Moutonnet de Clairfons, le Prince de Montberaud de Lesconvel, le Jacques Massé de Tyssot de Patot…).

‑ la collection de pamphlets en langue anglaise, soit environ 400 pièces sur l’Irlande, la politique, la banque, le commerce international, la South Sea Company, signés par (ou attribués à) William Petty, Davenant, Swift, Drapier, De Foe…

Jean-Paul Bonnet, Le catalogue des brochures du Fonds Dubois de la Bibliothèque universitaire de Poitiers, 2000.

Les différents outils disponibles pour consulter le Fonds sont les suivants:

-Catalogue en ligne Université de Poitiers – SCD – Fonds ancien

-Inventaire et index (auteur, thèmes) des 3089 brochures (J-P. Bonnet, 2000).

-Catalogue, (Nathalie Rollet, mars 2001).

-Liste des périodiques et brochures : les socialismes utopiques.

-Ouvrages en langue anglaise traduits de l’anglais ou publiés en Grande-Bretagne 16e-19e siècles (avril 2008).

-Tableaux Excel chronologiques :

-Fonds Dubois  – anglais

-Fonds Dubois – français.

Pour finir Mme. Traineau-Durozoy a présenté la liste des Acquisitions faites par le SCD avec les crédits Région Poitou-Charentes / MIMMOC sur les domaines “Economie, politique et société aux 17e et 18e s. dans les îles britanniques” pour servir d’usuels aux chercheurs venant travailler sur le Fonds.

En début d’après-midi, une visite à la plateforme des ressources numérique de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société permit aux chercheurs de se rendre compte des importants moyens techniques à disposition, notamment la dernière acquisition permettant de numériser en A0, en cours d’installation, présentée par Eric Planchon, Ingénieur d’études, responsable de ce service.

Mme Nathalie Bremand présenta la Bibliothèque virtuelle Premiers socialismes (BVPS) par mis en ligne sur le site de la SCD de l’Université, ce qui donna l’occasion à la réunion de poser des questions sur la conception du site, sur les choix opérés et des conseils sur le site projeté dans le cadre de ce projet.

Une discussion s’ensuit sur les priorités et les méthodes de travail. L’importance du travail de valorisation sans équipe dédiée paraît redoutable. Il faut continuer de chercher à faire connaître le Fonds par nos propres réseaux. Les professeurs présents envisagent d’envoyer des étudiants de Master et des doctorants utiliser le Fonds pour leurs travaux. Le travail individuel de chercheurs comme Steven Pincus et Siobhan Talbott, ne fera qu’accroître l’utilisation et la renommée du Fonds, permettant ainsi au projet de numérisation et de création d’une bibliothèque virtuelle de recevoir des appuis, voire à des projets scientifiques (ANR, GDR – cf le GDR 2136 France – Îles britanniques) thématiques autour du Fonds d’émerger.

Lors de la première journée d’étude, des actions avaient été projetées. Certains n’ont pas encore pu être initiées. Un certain nombre ont été déjà été effectuées :

1) prise de contacts : -avec le PRI Iles britanniques de l’EHESS, le Projet pluridisciplinaire Paris Diderot “Littérature pratique et l’imagination des savoirs”;

-Digital Humanities Congress 2012, University of Sheffield, 6th – 8th September 2012 – Susan Finding a assisté au congrès et contacté un certain nombre de participants dont des responsables de http://www.connectedhistories.org, de l’Institute of Historical Research, Londres).

2) création du carnet de recherche du réseau : dorénavant en opération dubois.hypothèse.org. Les membres du réseau sont invité à partager des informations via ce carnet en s’adressant à Susan Finding (Université de Poitiers).

3) solliciter l’intégration dans l’axe Patrimoine et Territoires (Patrimoine du passé) du CPER 2007-2013 Axe B : “Savoir, Sociétés, Images” puisque le projet émergeant correspond aux projets déjà établis Constitutions et circulation des savoirs. Le CPER en fin de parcours n’a pu accéder à la demande. Mais nous espérons pouvoir faire partie du prochain.

4) Susan Finding a soumis le projet de valorisation du Fonds à la MSHS comme projet à intégrer à l’axe 3 de la MSHS de Poitiers”Culture et patrimoine” avec le titre Fonds Dubois, les mots-clés : savoirs, circulations, collections, patrimoine intellectuel, humanités numériques, où les objectifs sont ainsi décrits :

la valorisation du Fonds Dubois (et accessoirement du Fonds ancien) en trois volets, la préservation, la communication et l’exploitation scientifique de l’ensemble.                              Les moyens : 1) répertorier les ouvrages spécifiques, créer une banque d’informations sur les éditions détenues à Poitiers ; 2) création d’une bibliothèque virtuelle (à l’instar de la Bibliothèque virtuelle des premiers socialismes et de la Bibliothèque virtuelle sur les Coutumiers du Centre-Ouest (dans le droit fil de l’idée de création d’un Portail BNF régional piloté par le SCD et de portails internationaux spécialisés 17e-18e siècles) ; 3) soutien et animation de projets de recherche autour du Fonds.

Cet axe, en cours d’élaboration (pour lequel Susan Finding, à la demande des deux porteurs du projet, est responsable du sous-axe “Monde de savoirs”) sera également la base des négociations autour du prochain CPER de l’Université de Poitiers.

La prochaine JE aura lieu en juin 2013 et réunira les deux chercheurs invités internationaux Steven Pincus et Siobhan Talbott, ainsi que les enseignants-chercheurs membres du réseau. La date précise sera annoncée ultérieurement.

Le prochain appel pour des candidatures de chercheur invité financés (voyage et frais de séjour) pour des périodes allant de 1 à 2 mois, ou de 3 à 6 mois (full professor/ post-doc) sera bientôt émis. N’hésitez pas à encourager des candidatures. Informations sur la page Research grants du carnet de recherche dubois.hypotheses.org.

Poitiers, le 29 novembre 2012, SF.

Sheffield Digital Humanities Congress 2012

Digital Humanities Congress 2012 University of Sheffield 6th-8th September

Du 6 au 8 septembre 2012, dans le cadre du projet de valorisation du patrimoine autour des Fonds Dubois et Fonds Valière, financé par le Département de la Vienne et 

l’Université de Poitiers, j’ai assisté au 1er congrès des humanités numériques (Digital Humanities) à l’Université de Sheffield au Royaume-Uni, où la Humanities Research Institute est l’un des pionniers dans le développement des moyens informatique comme outil de recherche et de communication dans le champs des sciences sociales et arts. Le congrès fut l’occasion d’annoncer la création d’une revue spécialisée Studies in the Digital Humanities en open-édition (pdf) en ligne à partir de 2013. Le premier numéro sera consacré aux travaux du congrès. Le congrès a réuni plus de 80 communicants et120 délégués venant de l’Europe et des Amériques. Le public était composé de trois catégories de professionnels : bibliothécaires et conservateurs, spécialistes de l’informatique et chercheurs des domaines des humanités.

Les trois ‘keynote speakers‘ représentent en quelque sorte cette répartition: le Professeur Andrew Prescott, Head of Department, Digital Humanities, King’s College London, Professeur Lorna Hughes, University of Wales Chair in Digital Collections, National Library of Wales, et Professeur Philip Ethington, Professeur of History & Political Sciences, University of Southern California, Co-Director USC Center for Transformative Scholarship.

Les 21 ateliers du jeudi après-midi au samedi matin furent l’occasion de confronter des méthodes, découvrir des innovations, voir les applications qu’offrent le numérique pour des sujets aussi variés que la numismatique médiéval, la topographie littéraire, l’image de presse, l’analyse linguistique, le paysage urbain pour ne citer que quelques uns. Les disciplines représentées vont des études anglaises à l’informatique, de l’histoire à la musique, de la géographie à la muséographie. Katherine Mansfield, Nabokov, Shakespeare, des manuscrits médiévaux du British Library, un trésor français de pièces de monnaie du 12e siècle, des paysages grecs et les archives de George Washington furent quelques exemples des travaux où la numérisation et le traitement numérique permettent de nouvelles approches et de nouveaux questionnements.

Les questions posées concernaient la méthodologie scientifique mais aussi les implications de l’accès plus grand que la mise en ligne introduit : comment naviguer dans une collection en ligne sans se perdre, comment trouver ce qu’on cherche, comment partager ce qu’on trouve en tant qu’utilisateur et ce qu’on produit en tant que professionnel du domaine, comment améliorer les interfaces et les outils associés (tags), comment mieux exploiter les données numérisées (logiciels mais aussi méthodologies), comment archiver les bases de données sur le long terme (où, par qui), comment mesurer l’impact des travaux (au delà de la bibliométrie -à usage interne au monde universitaire – les évaluations de la recherche demandent quels sont les retombés extérieurs), quelles innovations sociales sont générés (l’explosion de la généalogie), quels moteurs de recherche privilégier, comment gérer la question des citations de sources.

Ce ne sont que quelques-unes des interrogations posées par les communications auxquelles j’ai pu assister à savoir : Andrea Scharnorst (Royal Netherlands Academy of Arts & Sciences) ‘Visual interfaces to collections’; Mark Stevenson (Sheffield) ‘Navigating Cultural Heritage Collections using Pathways’; Keira Borrill (Sheffield) ‘Participating in Search Design, Understanding Scholarly Practices’; Romain Janvier (Pau) Guillaume Sarah (CNRS) ‘Rich Internet Application for Collaborative Numismatics’; Andrea Kula, Lu Yu (Max Planck Digital Library, Munich) ‘From individual solutions to generic tools: Digitization at the Max Planck Society’; Marico Emilio Dos Santos, Cicero Inacio da Silva (Federal University Juiz de Fora, Brasil) ‘Analysing big cultural data patterns in 4000 covers of Veja Magazine‘; Leigh Garrett, Marie-Thérèse Gramstadt (University for the Creative Arts, Farnham) ‘KAPTUR : Examining the importance & effective management of research data in the visual arts’; Michael John Goodman (Cardiff) ‘Art to Enchant: The Creation of a Digital Archive’; Smiljana Antonijevic et Sally Wyatt (Royal Netherlands Academy of Arts & Sciences), Monica Bulgr et Eric Meyer (Oxford Internet Institute) ‘Digital Humanities in Practice’; Erin Snyder (Oxford) ‘An Institutional Framework for Digital Humanities: An Alternative to the DH Centre’; Anouk Lang (Strathclyde) (Mapping Miss Mansfield: Using digital tooks to explore the role of place in the work of Katherine Mansfield and Witi Ihimaera’; Patricia Murrieta-Flores, David Cooper, Ian Gregory (Lancaster) ‘Spatial Humanities: Exploring and Analyzing Texts within a GIS environment’; Paul Rayson, Alistair Baron, Andrex Hardie (Lancaster) ‘Which Lancaster do you mean? Disambiguation challenges in extracting place names for Spatial Humanities’; Simon Tanner (King’s College London) ‘New Approaches to Measuring the Impact of the Digital Humanities’, Jonathan Blaney ‘The Citation Problem in the Digital Humanities’; Max Kemman, Martijn Kleppe, Stef Scagliola, Renske Jongbloed (Erasmus University Rotterdam) ‘Mapping the use of digital sources amongst humanities scholars in the Netherlands’; Mel Evans (Birmingham) ‘Multiple Readings from the same page: exploring options for digitized manuscripts’; Tobias Schweizer, Ivan Subotic, Lukas Rosenthaler (Basel) ‘Buidlding Digital Editions on the basis of a Virtual Research Environment’; Jennifer Stertzer (Virginia) ‘Working with the Financial Records of George Washington: Data and Databases’.

L’ambiace du travail sur le campus de Endcliffe Village et The Edge, complexe de salles, de cafétaria, bar et restaurant, a permis à tous les participants de faire connaissance et de partager leurs expériences et leurs interrogations pendant les ateliers et lors des pauses. Le prochain congrès se tiendra en 2014 et s’il tient les promesses du premier sera certainement aussi riche attirant encore plus de collègues qui travaillent dans le secteur des humanités numériques.

Prisonnier de Londres ou de fantômes français ?

 Régis Franc, London prisoner, Fayard Récit, 2012.

Le genre récit d’expatrié faussement ingénu n’est pas nouveau et des auteurs canoniques s’y sont prêtés ou l’ont parodié. Prétendre expliquer les autochtones avec des yeux de non-initié est somme toute le propre de tout récit de voyage et forme la base des études anthropologiques. Dans London prisoner (Fayard, 2012), Régis Franc brosse le portrait des quartiers de Londres et livre des vignettes d’une série de personnages rencontrés, censés être typiques de la faune londonienne.

Il aborde la capitale britannique avec de sérieux handicaps ou avantages, c’est selon. Premièrement, il ne parle pas anglais, mais alors pas du tout. Ce qui lui confère le privilège de pouvoir observer sans participer, sans parti pris, gauche mais intègre. On l’imagine « avé » son accent de méridionale du côté des Pyrénées méditerranéennes habitué aux « congs » s’essayant au teatime. Pour mieux rendre l’accent britannique, l’auteur fournit d’ailleurs sa version : Iouse, pleaze. Si Franc avoue « faire partie des estropieurs de langue anglaise », plus embêtant, dans un récit édité par une maison d’édition réputée, des erreurs de transcription de termes anglais ne sont pas corrigées : stripe[d] suit, estate [agent] employee, Financial Time[s], et nursery rimes [rhymes]. Ce qui pour un cinéphile et cinéaste est moins excusable : The Remains of the Days au lieu de Day et Jocker au lieu de Joker, ou encore le groupe Papa’s and Mama’s – il s’agit de (The) Mamas and (the) Papas, même si orthographié The Mama’s and the Papa’s sur leur premier album, l’ordre n’a jamais été inversé. Westminster College n’est pas une école privée huppée pour filles, l’équivalent féminin d’Eton (bien connu des cruciverbistes français), mais un vénérable établissement pour garçons, qui n’acceptent les filles qu’à partir de 16 ans. L’auteur doit penser à St. Paul’s.

Deuxièmement, le regard qu il porte sur Londres et l’Angleterre d’aujourd hui, est conditionnée par l’empreinte des années soixante : le film Blow Up, les Beatles, David Bailey, David Hemmings et Paul MacCartney ou A nous les petites anglaises. Son récit caricatural vire à la parodie, au pastiche, une version djeun des Grandes Vacances, où Louis de Funès s’initie à la cuisine anglaise. Imaginons un provincial qui débarque dans la capitale de son propre pays avec quarante ans de retard. Ce n’est plus une comédie  mais un conte de fée, un récit fantasque, de la science fiction a l’envers. Ce n’est sans doute pas un hasard si justement le couple fait l’acquisition d’une maison datant de l’après-guerre où tout lui rappelle « l’idée de l’Angleterre que pouvait se faire un « jeune ». Un « yéyé » » qui croit y entendre l’écho de Petula Clark. S’il assiste à un concert de Marianne Faithfull ou redevient funky et Chic avec Nile Rodgers, c’est pour mieux remémorer « ces années-là » quand lycéen il fut marqué à jamais par trois copines, parties à l’aventure, au bout du monde, au concert mythique de l’île de Wight,  revenues prophétesses du peace and love.

En dépit de ce décalage, il y a des morceaux d anthologie, des passages qui sonnent vrai sur les cours d’anglais dispensés par des immigré(e)s de la Baltique ou des Balkans, le milieu BCBG, les employés de la compagnie de gaz venus dépanner la chaudière, la politesse, le stoïcisme et la passivité apparente des anglais face aux contrariétés de la vie notamment la météo. Là où sa passion rejoint celles des britanniques, le jardin par exemple, les pages sont dépourvues de caricature : l’approche de Londres par le train depuis le tunnel sous le Manche, les nouveaux quartiers branchés de Shoreditch et Bermondsey, les quartiers verts de Richmond, Hampstead, Chelsea, Kew, sont croqués avec sympathie. La révélation du jardin de la Duchesse est décrite dans une envolée lyrique particulièrement réussie. Ailleurs, la plume devient plus acerbe pour dénoncer les abus de facturation et la lenteur volontaire des ouvriers responsables des travaux de rénovation de sa maison – même si, là, Franc, le bien-nommé, ne fait que rendre la monnaie de sa pièce à l’anglais, Peter Mayle, qui, d’Une année en Provence passée à restaurer une bicoque, fit un bestseller mondial illustré par des descriptions de ses voisins français aux mœurs étranges. Mais l’auteur décroche quelques flèches en direction de ses compatriotes : le snob parisien, les professeurs de l’Education nationale qui ont privatisé l’ascenseur social pour leurs rejetons.

Les vrais réussites de ce livre ne sont pas les passages sur l’étrange Albion. Le lecteur qui pense lire un guide touristique, glaner des adresses, se trompe et l auteur ne s’en cache pas, il suffit de bien prêter attention a la déclaration d’intention qui ouvre le récit : « Passé le pont, les fantômes vinrent a sa rencontre. » Et là j’adresse des reproches aux rédacteurs de billets qui ont encensé ce livre comme un ouvrage drôle et sympathique, débordant de bons mots sur les anglais. Les pages les plus sincères sont remplies de fantômes, des pages où transparaissent la nostalgie d’une adolescence méditerranéenne, de la province d’avant et le regret d’une France éprise de modernisme qui vendit son âme en achetant les complexes touristiques de bord de mer : engloutis les marais, les pêcheurs, les plages sauvages sous des vagues de macadam et de béton, perdue l’innocence d’antan. Rien de bien nouveau mais joliment rendu.

Pour ceux qui cherchent des lectures sur Londres en francais : Bethmont, Rene, Histoire de Londres. Aux sources d’une identité contradictoire, Tallendier, 2011. Clout, Hugo, Histoire de Londres, Que sais-je, 1999. London, Jack, Le peuple de l’abîme, 1903. Metzger, Rainer, Londres, les Sixties 1960-1970, Hazan, 2012, 400p. Ill. Morand, Paul, Londres suivi de Le nouveau Londres, Folio, 1990 (1962), 506p. Oudin, Bernard, Histoires de Londres, Perrin, 2003, 382p. Papin, D., Appert, M., Bailoni, M. Atlas de Londres, Autrement, 2012, 96p. Tames, Richard, Londres, Voyages dans l’histoire, National Geographic, 2012, 324p. Ill.