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Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni

Compte-rendu de la journée d’étude « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe » du 4 novembre 2011, Institut du Monde Anglophone, Université de Paris Sorbonne Nouvelle.

 Compte-rendu de la journée d’étude « Politiques familiales et politiques d’emploi « genrées » au Royaume-Uni et en Europe », tenue le vendredi 4 novembre 2011 à la Sorbonne Nouvelle,http://www.univ-paris3.fr/images/photos/0005/img_1224254183962.jpg 5 rue de l’école de médecine, 75006 Paris, organisée par Anémone KOBER-SMITH du Centre de Recherche
en Civilisation Britannique (CREC/CREW EA 4399), Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 et Susan FINDING du MIMMOC (EA3812), Université de Poitiers.

La journée d’étude était structurée en trois sessions qui ont marqué une progression méthodologique allant de considérations théoriques et comparatives  à des études de cas spécifiques.  Les trois sessions ont abordé successivement les thématiques du travail et du genre sous un angle comparatiste international, l’évolution des marchés du travail féminin sous le New Labour, et l’articulation(s) entre travail rémunéré et non-rémunéré, vie professionnelle et vie privée.

Les deux interventions de la première session, qui était consacrée au travail et au genre et présidée par Anémone KOBER-SMITH (Université Paris 13), ont permis à Susan HALFORD (University of Southampton) et Pamela ABBOTT (University of Aberdeen) d’apporter à la fois une perspective internationale et une approche sociologique à la journée.

L’intervention du Professeur HALFORD servit à la fois d’introduction théorique, de réflexion sur des grands axes interprétatifs et d’étude de cas.  Sa recherche concerne la façon dont les organisations (entreprises, lieu du travail) peuvent être ‘genrées’. Elle passa en revue l’écart entre la littérature théorique de la sociologie et de la critique féministe d’une part et les questions de politique publique d’autre part, des préoccupations qui semblent souvent éloignés les unes des autres. Elle avança ensuite que les concepts d’espace et de temps – notamment sous la forme d’innovation technologique – peuvent aider à analyser les évolutions dans les rapports de travail « genrés », au-delà des concepts de classe sociale, de genre, d’âge. Enfin, elle montra la pertinence de ses analyses dans le cadre d’une étude de cas qu’elle a mené auprès des sages-femmes des îles Lofoten en Norvège au moment de l’introduction d’un projet de consultation obstétrique par internet. 

Le cas des familles composées de deux parents travaillant à temps plein a été étudié par le Professeur ABBOTT et sa collègue Claire WALLACE. Il s’agissait de confronter la typologie des régimes de travail et des modèles sociaux en Europe (Esping-Andersen, 1990, 1999) aux pratiques parentales en termes de garde d’enfant(s). Cette étude – qui a été menée dans six pays européens représentatifs des différents types d’État-providence,
le Danemark, l’Autriche, la Hongrie, l’Italie, le Portugal et le Royaume-Uni – a mis en lumière la façon dont les parents qui travaillent résolvent la question de la garde d’enfant(s).  Les solutions adoptées incluent, à des degrés différents, les horaires flexibles (télé-travail, travail à domicile, horaires décalés…), le recours à des structures de garde
publiques ou privées et l’emploi des grands-parents pour lesquels la question de la rémunération publique ou privée est débattue. Pamela ABBOTT a avancé qu’en dépit d’avancées significatives, les tâches ménagères et parentales restent très inégalement réparties entre les pères et les mères et a conclu en soulignant qu’il existe de fortes convergences dans les stratégies parentales pour l’ensemble des pays étudiés en dépit de divergences nationales en termes de modèle social ou d’emploi.

La deuxième session, présidée par Susan FINDING (Université de Poitiers), fut consacrée à l’examen des tendances des quinze dernières années en matière d’emploi des femmes, de temps partiel et de corrélation entre le niveau de formation et les taux d’emploi. La perspective économique et sociologique des intervenantes, Marie-Annick MATTIOLI (Université Paris-Descartes) et Catherine CORON (Université Panthéon-Assas), permit de saisir les enjeux sociétaux et économiques de la question.

Dans son intervention, Marie-Annick MATTIOLI s’efforça d’analyser dans quelle mesure le travail à temps partiel au Royaume-Uni entre 1997 et 2010 fut un choix libre ou une contrainte imposée pour les femmes. Après une brève contextualisation comparatiste concernant la nature du  travail à temps partiel dans d’autres pays européens, elle montra comment la diversité des situations et la construction des enquêtes (questions à deux réponses, non graduées) ne permettaient ni de fournir une analyse fine des statistiques ni d’apporter une réponse tranchée à la question. Elle mit cependant en évidence le fort taux de travail à temps partiel chez les 15-25 ans, et la nature temporaire de ce travail, ce qui correspond le plus souvent à des étapes précises du cycle de vie.

La contribution de Catherine CORON concerna la politique sociale du gouvernement New Labour, le ‘New Deal’. Mme Coron rappela que cette politique avait pour but premier de s’attaquer au chômage des jeunes. Ce n’est qu’accessoirement que le chômage des jeunes parents isolés fut ciblé. Le New Deal for Lone Parents doit être considéré comme une politique « genrée » d’activation car la grande majorité des parents isolés concernés sont des femmes. En outre, une analyse statistique du niveau d’étude des inactifs met en évidence le taux élevé d’étudiants dans la population masculine inactive et de personnes à charge de famille dans la population féminine inactive.  Ces chiffres soulèvent à nouveau la question du ‘choix’ de l’inactivité et du temps partiel chez les femmes.

Finalement, la troisième session, présidée par Corinne NATIVEL (Université Franche-Comté) et les deux co-organisatrices, fut consacrée aux articulation(s) entre travail rémunéré et non-rémunéré, vie professionnelle et vie privée. Elle a donné l’occasion à Sue YEANDLE (University of Leeds) et Cécile DOUSTALY (Université de Cergy Pontoise) de présenter l’impact des politiques familiales dans des secteurs où la recherche est plus récente, le ‘care’ (soins de personnes invalides) et les loisirs des mères. 

Le Professeur YEANDLE a souligné l’importance des lobbys dans l’évolution, voire la création, d’une politique prenant en compte l’important travail à domicile mené par les aidants (carers), des parents ou amis qui s’occupent à titre bénévole de personnes dépendantes invalides. Elle souligna le rôle décisif des politiques récentes en faveur de la petite enfance, des politiques qui ont ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffré les lobbies de soutien aux aidants et qui ont servi de modèle à la mise en place de mesures législatives favorables aux aidants.

Cécile DOUSTALY analysa l’accès aux loisirs des mères de famille, considéré longtemps comme une question privée et ne faisant pas partie d’une politique familiale. Son intervention montra à quel point l’accès aux loisirs des mères de famille, notamment des mères de famille dans le besoin, est lié aux politiques de soutien à la famille et aux enfants défavorisés.

La mise en commun de recherches disparates, mais néanmoins liées, fut l’occasion de découvrir des similitudes, de comparer les méthodes de travail, de mettre en évidence des thématiques transversales qui pourront être réutilisées avec profit dans ce domaine où la recherche et la politique sont intimement liées, comme le prouvent la présence de nombreuses participantes dans diverses instances consultatives.

(SF et AK-S).

Le bulldozer ou le bouledogue?

L’austérité est à toutes les unes de la presse française, du Figaro à Libération, après le ‘sauvetage’ de la Grèce, de l’euro, par le duo France-Allemagne. Après les États-Unis, la Chine et le Japon, le quatuor Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie sont les pays dont le Produit Intérieur Brut est le plus élevé, loin devant les pays européens suivants, l’Espagne (12e), la Suisse (19e), la Belgique (20e) (Source FMI).http://www.joy-of-cartoon-pictures.com/images/bulldog-cartoon.jpg

Que devient le Royaume-Uni, troisième puissance européenne, dans tout cela ? Selon les données fournies par le FMI début 2011, seule le Royaume-Uni affiche une évolution positive (+3.7%) entre 2009 et 2010, alors que ses trois partenaires  majeurs au sein de l’Union européenne affichent toutes une évolution négative du PIB.

Dans un article du Point (numéro 2041, du 27 octobre 2011), intitulé ‘Le Bulldozer Cameron’ Yves Cornu tente d’expliquer comment le premier ministre britannique parvient à imposer une ‘purge’ « bien plus sévère qu’en France » (ou du moins, avant les nouvelles mesures qui seront annoncées mi-novembre). Il s’étonne que le public britannique soit résigné,  acceptant ce mal ‘nécessaire’, alors que les mesures annoncées en 2010, réduction des dépenses publiques, augmentation de la TVA, retraite repoussée, gel des salaires dans les emplois publics, commencent à prendre effet. Cornu explique ce manque de réactivité de la population par une analyse politique : la crédibilité et efficacité de David Cameron, le manque d’alternatif sur l’échiquier politique.

L’austérité n’est pas cependant un phénomène nouveau, bien qu’il semble, après des années de croissance, mettre fin aux choux gras, au consumérisme effréné, aux dépenses sans égard pour le lendemain.Surtout au Royaume-Uni.

Il suffit de rappeler que depuis la crise de 1929, le chômage et les marches de la faim des années 30, les restrictions imposées par  l’effort de guerre, la période de reconstruction de l’après-guerre (le rationnement des denrées alimentaires ne fut aboli qu’en 1954), s’écoula une période de vingt ans pendant lesquels la population britannique supporta une
austérité de fait.

Le déclin de l’industrie britannique et la crise économiques et sociale (productivité en baisse, balance de paiements négative, augmentation des dépenses due à l’extension de l’état providence) qui secoua le pays à partir de la dévaluation du sterling en 1967, finirent par donner au pays la réputation d’un vieux malade. Cette période de mutation, de grèves, de chômage, de fermeture d’usines, dura encore vingt ans, jusqu’à la reprise qui suivit la transformation de l’économie (avec l’aide musclée de Margaret Thatcher) en une économie de services, à la fin des années 1980. La récession et la crise financière du début des années 90 viennent s’ajouter aux années difficiles. À son arrivée au pouvoir en 1997, le gouvernement New Labour et son ministre des finances, Gordon Brown, renommé pour sa prudence légendaire, ont imposé non pas l’austérité certes, mais un réalisme quant à la levée d’une rigueur de circonstance.

Ainsi, malgré l’état-providence, malgré un classement économique mondial maintenu, les efforts consentis, parfois à leur insu, par la population britannique dans son ensemble, sont importants. Sur les  quatre-vingt ans depuis la crise de 1929, le Royaume-Uni aurait ainsi connu dix ans d’insouciance de 1955 à 1966, une nouvelle décennie de 1987 à 1997 (entrecoupée par une courte récession et l’éclatement de la bulle immobilière au début des années 90) et peut-être depuis la fin du 20e siècle.

Autrement dit, les babyboomers, qui approchent de la retraite, et leurs enfants, ont vécu sinon pendant des crises aigües, du moins, dans le souvenir de ces périodes de disette et de difficulté. Même dans des périodes d’expansion, des couches de la population vivaient avec de maigres ressources et une parcimonie imposée.Le beurre (importé massivement de la Nouvelle Zélande avant l’entrée du Royaume-Uni dans le ‘marché commun’ en 1973) restait une denrée de luxe pour de nombreux foyers, remplacé par la margarine. Le rôti du dimanche (gigot congelé de la même provenance, poulet ou pièce de bœuf) était un repas de fête, religieusement découpé en fines tranches qui permettait d’en conserver pour le reste de la semaine, tandis que le jus froid du rôti avec sa graisse, servait à tartiner le pain grillé, souper économe.

Souvenons-nous que les retraites servies par l’État sont l’équivalent d’un RMI pour qui n’a pas cotisé à un fonds de retraite privée ou une caisse professionnelle. Le nombre de retraités britanniques au travail n’a cessé d’augmenter.  Les allocations familiales, les allocations de chômage sont également des minima, conçues sur le modèle d’un filet de sécurité et non de revenus de substitution.

La mémoire et la pratique de l’austérité sont donc bien présentes et contribuent à ce manque de réaction des britanniques envers les mesures exceptionnelles prise par le gouvernement. David Cameron, désigné comme un bulldozer rasant les avantages sociaux par Yves Cornu, trouve sa tâche de leader en ces temps difficiles facilitée par la résilience et le stoïcisme légendaire inculqué par des années de résistance et de ténacité.

Cependant, la réduction des services publics pourraient bien être la cause de révoltes populaires.  L’attachement du public à l’ensemble du ‘welfare’, le bien-être fourni par
l’état-providence, s’explique en partie précisément dans ce contexte de rigueur. La santé, l’éducation, les loisirs, gratuits ou subventionnés, ont survécu, malgré les assauts des privatisations successives menées par les gouvernements Thatcher, Major et Blair, soutenus par une certaine idée du bien (être) public et procurant des avantages importants. Les réactions violentes à l’augmentation des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur, déjà réservé de fait en majorité aux enfants issus des classes moyennes, révèlent le malaise de cette couche de la population qui a le moins souffert des crises jusque là et le plus bénéficié des avantages procurés par l’état providence.

Alternative Lifestyles, Society and Politics

This presentation stems from two workshops held at the SAES (Société des anglicistes de l’enseignement supérieur) Congress in Borde047aux in 2009 and ESSE, European English Studies Society conference in Turin, in August 2010, at which international scholars in English Studies and Social and Cultural History convened.

The French workshop organised under the aegis of the CRECIB (Centre de recherches en civilisation britannique) entitled Essais : L’expérimentation sociale et politique outre-Manche), was jointly convened and chaired by Jean-Paul Revauger (Bordeaux 3), Susan Finding (Poitiers), Myriam Boussabha-Bravard (Paris VII), and the late François Poirier (Paris XIII).

The workshop in Italy, Alternative Lifestyles, Society and Politics, was chaired by Mario Avelar (Universidad Aberta, Portugal), Logie Barrow (Bremen, Germany) and Susan Finding (Poitiers, France).

Full abstracts of the papers submitted to both conferences can be found below.

The theme has been taken up in France in American Studies under the title : 2 – Révoltes et utopies : la contre-culture américaine des années soixante.

Alternative Lifestyles, Society and Politics

http://data3.blog.de/media/084/2055084_aedd8739bd_s.jpeg  One day this summer I was riding through Letchworth when the bus stopped and two dreadful-looking old men got on to it. They were both about sixty, both very short, pink, and chubby, and both hatless. One of them was obscenely bald, the other had long grey hair bobbed in the Lloyd George style. They were dressed in pistachio-coloured shirts and khaki shorts into which their huge bottoms were crammed so tightly that you could study every dimple. Their appearance created a mild stir of horror on top of the bus. The man next to me, a commercial traveller I should say, glanced at me, at them, and back again at me, and murmured ‘Socialists’, as who should say, ‘Red Indians’. He was probably right-—the I.L.P. [Independent Labor Party] were holding their summer school at Letchworth. But the point is that to him, as an ordinary man, a crank meant a Socialist and a Socialist meant a crank. Any Socialist, he probably felt, could be counted on to have something eccentric about him. And some such notion seems to exist even among Socialists themselves. For instance, I have here a prospectus from another summer school which states its terms per week and then asks me to say ‘whether my diet is ordinary or vegetarian’. They take it for granted, you see, that it is necessary to ask this question. This kind of thing is by itself sufficient to alienate plenty of decent people. And their instinct is perfectly sound, for the food-crank is by definition a person willing to cut himself off from human society in hopes of adding five years on to the life of his carcase; that is, a person out of touch with common humanity.

George ORWELL, The Road to Wigan Pier, 1937, Chapter 11.

It is not a coincidence that left-wing politics and alternative lifestyles were sometimes synonymous, as George Orwell remarked in The Road to Wigan Pier (1937): ‘ ‘Socialism’ and ‘Communism’ draw towards them with magnetic force every fruit-juice drinker, nudist,
sandal-wearer, sex-maniac, Quaker, ‘Nature Cure’ quack, pacifist, and feminist in England.’
It was however rather schematic of Orwell to reduce the alternatives disparagingly to such a hotch-potch, and indeed to exclude excentric, marginalized lifestyles which are more associated with right-wing propensities. Opposition to
majority values, attempts to develop lifestyles not in keeping with dominant mores, revolt against the silent and consensual majority, consumerism and materialism, are not an invention of the 1930s and even less of the 1960s, although the rediscovery of leading lights of alternative lifestyles such as Oscar Wilde or Edward Carpenter, or further back, the Diggers, dates from that latter period, rich in new developments and reaffirmations. 

Themes and issues to be discussed include: the nature of these alternatives: the political rejection of hierarchy, of elites, of the established order, reversing traditions, the non-violent aspect of this opposition; the types of projects and protests such as urban experiments, opposition to urban developments, new communities, communal
living; mass squats such as Greenham Common, peace protests; the philosophy and culture of these movements: counter-culture, mysticism, eg. New Ageism, vegetarianism.

Can these different movements be categorized according to degrees of realism, pragmatism, idealism, escapism? What social and political basis do/did they offer? What are/were the links between the political sphere and these alternative movements? How far is the agenda of traditional party politics modified by such initiatives and has the political establishment resisted or succumbed to new themes, new practice and new ideas inspired by these movements?

In Bordeaux, the papers given covered Bohemian lifestyles, forms of family life and sexual attachment, and community living, the rethinking of the sexual order and revolt against sexual exclusion and marginalization : feminists, homosexuals, new marriages, new ‘men’ who supported the claims and demands of women militants. The historical perspective of some of the papers covering the 17th, 18th and 19th centuries, are reminders that such ‘discoveries’ are not restricted to the late 20th century.

http://www.americandecorativeart.com/internalpages/inventory/images/NFNMorris.jpgWilliam Morris (News from Nowhere, 1890) and Frederick Engels (Socialism: Scientific and Utopian, 1880) specifically appeared to adhere to the idea that a u-topia was, by definition, unattainable, illusive, stemming from impractical day-dreaming. And yet how many of these social experiments were rooted in practical and pragmatic communities practising what they preached? Apart from the more well-known utopian socialist attempts conducted by Owen or Fourier in the 19th century, latter daybco-operatives (Currelly, Fleurot), the establishment of the free state in Sierra Leone (‘Les échecs de la colonie d’affranchis en Sierra Leone, 1787-1807’, paper given at Bordeaux by the late François Poirier, Université de Paris 13) or the CAT community in Wales (Bory) provide striking examples.

In Turin, the workshop debates centered on three main points common to the case studies presented in the papers given : community, capitalism and evangelicalism. The communitarian aspect of the cooperative movement in Britain (Fleurot) which offered common facilities to members, provided a practical alternative social organisation. The practical nature of the Centre for Alternative Technology in Wales (Bory), which started as a communal living experience in 1973, shared a moralising aspect which verged on evangelicalism. The case studies examined demonstrated a model which associated pragmatism and idealism to differing degrees. All the examples were attempts to make a dream become a reality, from u-topia to a topia or settlement.

They were all to various degrees reactions to the individualistic lifestyles imposed by capitalism whether they be collectivists in the broad sense of the term or reactionary conservatives, rejecting globalisation (Ben Barka). For many this was a kind of ‘functional socialism’ in Habermas’ definition (Berg) adopting practical individual action rather than adhering to total ideological and political change. From the self-governing, self-sufficient community and ‘radical localism’ to the excentric individual, preaching self-fulfilment through sex (Arcana), all sought to stave off the mainstream lifestyle brought about by the relations capitalism had developed between master and worker, between producer and consumer. However this self-preservation brought with it self-marginalisation, isolation and rejection by the mainstream society in which they lived.

The abstracts below are arranged in a loosely thematic and chronological order and a selected bibliography follows.

« Our digging upon the Common is the talk of the whole Land » : l’expérimentation sociale des « Diggers » du Surrey vue par la presse des années 1649-1650.

Laurent CURELLY, Université de Haute Alsace – Mulhouse

Le 9 juin 1649, dans une lettre adressée au Général en chef Fairfax, dirigeant de facto de la République nouvellement proclamée, le meneur des « Diggers » du Surrey, Gerrard Winstanley, évoque, de manière quelque peu hyperbolique toutefois, l’écho qu’aurait rencontré la mise en place de sa communauté agraire de St George’s Hill. Ce mouvement protestataire, composé pour l’essentiel d’ouvriers agricoles et d’artisans qui revendiquaient pour le peuple l’accès aux terrains communaux et leur mise en culture, s’efforça pendant environ une année d’expérimenter et de promouvoir un communisme agraire. Bien que relativement marginaux, les « Diggers » et leur chef Winstanley, mus par une vision millénariste des événements révolutionnaires qui affectaient l’Angleterre, croyaient en une régénération spirituelle de l’être dont le préalable était l’appropriation collective de la terre et l’arasement des inégalités sociales. Ils pouvaient à cet égard inquiéter l’establishment politique d’une République qui, selon eux, ne tenait pas toutes se promesses. En tout cas, leur entreprise amena Fairfax à prendre l’initiative de rencontrer Winstanley à plusieurs reprises.

Il s’agira ici d’étudier l’image que donna de l’expérimentation sociale menée par les « Diggers » du Surrey la presse des années 1649-1650. On mettra notamment en lumière le point de vue développé dans les « newsbooks » sur les relations qu’entretinrent Winstanley et ses compagnons avec les autorités de la République. Dans une perspective chronologique, on s’attachera à la façon dont la presse rendit compte des événements liés à l’expérience des « Diggers », de l’occupation de St George’s Hill au printemps 1649 à leur départ forcé pour Cobham durant l’été 1649 puis à leur dispersion au printemps suivant, alors que les thèses qu’ils défendaient s’étaient nettement radicalisées. On s’efforcera de proposer une typologie de ces regards journalistiques sur les « Diggers » relativement à l’orientation politique des publications.


Co-operatives, Fair Trade and Utopian Socialism: When Dreams and Pragmatism Coalesce.

Magali FLEUROT,  Université de Bordeaux III

When cooperatives started to get organised, they had no claim at changing people’s lives on a personal level as there was no question of living together but it was a definite alternative as it offered a different way of looking at human relationships. This paper will examine how much of the nineteenth-century Socialist experiments can be found in today’s initiatives of cooperatives and fair trade. The word ‘utopia’ and its implications outside the literary world will also have to be questioned. Thereby, the ideas of utopian socialists may not be as unpractical as they were once thought to be.

Exemple de révolte contre le mode de vie consensuel de l’Angleterre du XIXème siècle : les pionnières des métiers de l’horticulture.

Emily CORVISY, Grenoble III

De nombreuses femmes ont commencé, de diverses façons, à influencer l’art des jardins anglais aux époques victorienne et édouardienne. A partir de 1890, alors que ces dernières sont tenues à l’écart de toutes les réalités de la sphère publique, les femmes se voient offrir, dans quelques écoles spécialisées, la possibilité d’être formées aux différents métiers liés au jardinage.

Ces écoles ont été créées par des pionnières excentriques dont le souci premier est d’aider ce « million de surplus de femmes anglaises » à s’assumer financièrement. La réalisation du projet de ces femmes se développera non sans rencontrer de multiples oppositions de la part de la communauté masculine (scientifique et professionnelle). La mise en pratique de cette tentative d’émancipation du rôle des femmes est reçue par les tenants des valeurs dominantes comme une forme de révolte. Néanmoins, dès 1896, certains propriétaires terriens ou conservateurs de jardins botaniques, tel que William Thistleton-Dyer à Kew, emploient de jeunes apprenties nouvellement instruites dans ces écoles féminines d’horticulture. Au début du XXème  siècle l’accès à l’ensemble des métiers liés au jardinage sera ouvert aux femmes. Les postes au sommet de la hiérarchie professionnelle, tel que celui de paysagiste, seront dorénavant accessibles aux femmes dont la représentante emblématique et symbolique est Gertrude Jekyll.                     

Le mouvement des cités-jardins et la question urbaine en Grande-Bretagne. Une tentative inaboutie ? 

David FEE, Université  Paris 3- Sorbonne Nouvelle

On mesure souvent mal ce que la société britannique contemporaine doit au mouvement des cités-jardins. De ce mouvement, né en 1898 avec la
publication de Tomorrow : A Peaceful Path to Real Reform de Ebenezer Howard, dont le grand public n’a retenu que la théorie des villes à la campagne, on connait parfois les deux réalisations anglaises de Letchworth et Welwyn. On sait moins souvent que cet essai, influencé par certains mouvements radicaux de la fin du 19ème siècle, pour transformer la société britannique et remédier aux maux urbains qui découlaient de près d’un siècle de révolution industrielle, a contribué à façonner le visage de la Grande-Bretagne moderne.  Car en dépit d’un échec relatif pendant les décennies qui ont suivi sa création (deux cités-jardins édifiées seulement ; un attrait limité à une catégorie étroite de la population, dépeinte comme bohème par ses détracteurs), certains des principes urbanistiques qui sous-tendent la théorie du mouvement ont été détournés après la première guerre mondiale et repris à leur compte par les autorités politiques nationales afin de calmer l’agitation sociale et éviter une révolution en Grande-Bretagne. Ils ont ainsi contribué à engendrer et dessiner la banlieue (suburbia), espace urbain indissociable de l’identité britannique et paradoxalement antithèse du mouvement. Ils ont alimenté la réflexion des dirigeants nationaux, après la seconde guerre mondiale cette fois, et contribué à une autre invention britannique, dont l’influence était appelée à être aussi forte, les villes nouvelles (New Towns). C’est à ces théories que des millions de Britanniques doivent aujourd’hui leurs conditions de vie et que la Grande-Bretagne doit son visage et son système d’aménagement du territoire.

Cette communication se propose donc d’étudier les théories du mouvement des cités-jardins, ses sources, ainsi que ses réalisations mais aussi, bien sûr, son absorption dans la pensée politique dominante à travers son héritage, à savoir banlieues et villes nouvelles. A l’heure où la Grande-Bretagne est engagée depuis 1999 dans une réflexion sur la forme  urbaine et la reconquête des villes, il nous parait pertinent de montrer ce que la société britannique doit à un essai en apparence  inabouti qui visait à transformer la société victorienne.

From Letchworth through ‘Silkingrad’ to Poundbury.

Nicholas DEAKIN, (London School of Economics)

In the proposed paper I set out to show how the Garden City movement moved from the eccentric margins to become incorporated into government planning and in the process shed much of its utopian idealism – and then lost favour with governments but acquired some alternative sponsors, sometimes with surprising consequences.

The history of planned ideal communities in Britain has passed through a series of different stages, as exemplified in my title. The proposals of Ebenezer Howard, as set out in ‘Garden Cities of Tomorrow’ originally belonged in a long tradition of imagined ideal communities, half rooted in rejection of industrial capitalism, half in a  vision of transformed humanity, stretching back to the Diggers and strongly influenced in the nineteenth century by ideas from Scotland (Robert Owen), continental Europe (Fourier) and Russia (Tolstoy and Kropotkin). The remaining traces of many such small utopian communities in England have been tracked down by Gillian Darley in her splendid collection, ‘Villages of Vision’.

Howard’s version of utopia, however, turned out – uniquely – to have wider practical application. His ideas were taken up by the nascent town planning movement, and became a focus for campaigns to improve the physical and social circumstances of the urban poor.  Eventually they assumed practical reality through private initiative in the first and second Garden Cities of Letchworth and Welwyn.

Then, though often derided for their alternative life styles, these were adopted as a model by the Labour Party. “Garden Cities” became “New Towns”,  a  priority for public funding after the Second World War and imposed by government fiat on communities in the Home Counties (hence “Silkingrad”, the name bestowed by protesting locals  on the proposed new town at Stevenage).

The official New Towns policy flourished in the fifties and sixties and then fell away, increasingly denounced for the uniformity of its physical construction and the alleged  anomie of its social setting. The ambitious New City at Milton Keynes was the last fling of large scale government-sponsored planned community building.

But the concept of self-contained ideal communities persists and the wheel has turned again. The Prince of Wales, no less, has sponsored his own ideal community in Poundbury, Dorset, with careful attention to architectural detail and selection of socially responsible inhabitants. A potential model for the twenty-first century, perhaps?

Entrer dans le siècle pour moraliser le royaume : Hugh Price Hughes, promoteur de la « conscience non-conformiste ».

Emmanuel ROUDAULT, IEP Lille

Il s’agirait, en s’appuyant notamment sur les sermons de Hugh Price Hughes 1847-1902_ (publiés en de multiples éditions de Social
Christianity
) et ses textes journalistiques (il dirigeait le Methodist Times), d’étudier sa tentative de mettre les questions sociales au cœur des préoccupations pastorales de l’Eglise méthodiste (sa proximité avec le « nouveau journalisme » de Stead est connue), et surtout de voir les églises non-conformistes investir ouvertement le champ politique.  A rebours des générations précédentes, comme celle d’un Jabez Bunting très soucieux de garder ses distances avec l’ordre séculier, il appelait de ses vœux un rapprochement des Free Churches qui déboucherait sur l’instauration d’un véritable « parlement non-conformiste » capable de peser suffisamment pour influer sur la gestion des affaires
du pays (la révérence pour Cromwell est perceptible dans de nombreux écrits, voir l’éditorial du MT quand les progressistes perdent les élections locales à Londres). 

Une formule résume l’esprit de ce que l’on a qualifié de « conscience non-conformiste » : « What is morally wrong cannot be politically right ».

Figure de proue du méthodisme des années 1880-1890, HPH a eu suffisamment d’influence pour entretenir l’illusion de la réussite possible d’un tel projet (illusion entretenue par les rapports de force sociaux et électoraux entre 1867 et 1918, ainsi que par le programme de Newcastle – et surtout le « moment » libéral de 1906). 

On considère que l’histoire de la « conscience non-conformiste » est celle d’un échec, puisque son influence s’est perdue dans les sables de l’entre-deux guerres, mais elle a laissé des traces durables (et fait parfois des dégâts. Parnell fut la victime la plus célèbre des foudres de ce prêcheur qui n’était pourtant pas unioniste).

Cet idéal de pureté morale et sociale, dont HPH fut l’un des (sinon le) propagandistes les plus influents, sous-tend de nombreuses « croisades » à une époque où la réforme morale cherche un second souffle après le triomphe de l’abolition des Contagious Diseases Acts  et le vote du Criminal Law Amendment Act.

On a surtout retenu le caractère rigoriste  d’un mouvement qui semblait vouloir établir une théocratie dans une Grande-Bretagne où l’alcool, le jeu et les divertissements « indécents » seraient bannis. En outre, les seules mesures adoptées concernaient principalement les pratiques des catégories populaires, si bien que l’on pourrait n’y voir que la volonté hégémonique d’imposer une morale et des valeurs « petites bourgeoises » à l’ensemble de la société (et au détriment de la culture populaire en premier lieu).

Cet aspect coercitif, socialement marqué, ne saurait occulter la volonté initiale, en particulier dans la pensée et l’action d’HPH, de bousculer les cadres traditionnels du méthodisme, d’ouvrir son assise sociale pour aller à la rencontre des plus humbles (The Forward Movement  etthe London Mission). Dans un premier temps, les cibles des mouvements se réclamant de la « conscience non-conformiste » furent choisies parmi l’élite : figures de l’aristocratie, lieu de la sociabilité mondaine comme l’Empire, institutions comme le Jockey Club, dénonciation de « l’économie de casino », etc… ; (mais les défaites judiciaires infligées par ces puissants adversaires expliquent en grande partie  le « recentrage » ultérieur).  Au rigorisme moral se combinait  donc une volonté de réforme sociale où se déployait la complexité des rapports entretenus avec le libéralisme et la première génération des dirigeants travaillistes. De nombreux textes d’HPH (« Christ, the Greatest of Social Reformers ») témoignent de cette volonté de peser directement sur les affaires de la Cité.  

En dépit de nombreuses contradictions et incohérences, la constellation de groupes de pression morale, souvent balayés par l’analyste comme des single-issue pressure groups et qualifiés par leurs adversaires de faddists ou de crotcheteers, s’inscrit bien souvent dans le sillage de cet espoir de réforme sociale, dans cette vision d’une société où une législation inspirée par les écritures garantirait la morale et l’équité. Cette démarche ambiguë peut susciter l’attention et l’intérêt de l’observateur du début du vingt et unième siècle.

Man’s World de Charlotte Haldane : Dystopie ? Critique féministe de l’eugénisme ? Utopie féministe eugéniste?

Florence BINARD, Paris VII

Pendant l’entre-deux-guerres, les partisans de la division des rôles  sexuels vont s’efforcer de présenter comme une vérité scientifique l’idée selon laquelle seule la maternité permet l’épanouissement de la vraie femme. L’argument n’est pas nouveau, mais les recherches scientifiques, notamment en biologie et génétique ainsi qu’en psychologie redonnent force à aux théories différentialistes et rares sont les voix qui s’élèvent contre l’idée que le devoir des femmes envers la nation est d’assurer la reproduction de la population. La majorité des féministes et notamment The National Union of Societies for Equal Citizenship (NUSEC) se rallie à ce point de vue et utilise cette valorisation de la maternité pour améliorer la condition féminine. En effet, si leurs analyses les portent à conclure que la capacité à enfanter a, jusqu’alors, été la cause de la dépendance des femmes, elles entendent utiliser ce don maternel pour réformer la société. Ainsi, si elles acceptent l’idée selon laquelle le rôle primordial des femmes est de procréer, elles estiment qu’il est de la responsabilité de l’Etat de faire en sorte qu’elles puissent accomplir leur tâche dans les meilleures conditions possibles.

L’objet de cette communication sera de démontrer que le roman de science fiction de Charlotte Haldane, Man’s World (1924) s’inscrit dans la lignée du « nouveau féminisme » prôné par la NUSEC et que du point de vue de son auteure il s’agit d’une utopie féministe eugéniste et non une critique féministe de l’eugénisme contrairement à ce qui a été avancé par certaines critiques. Le féminisme que prône Charlotte Haldane relève du féminisme dit domestique ou maternel – en vogue dans l’entre-deux-guerres – en ce sens qu’il a pour objet de défendre les femmes en tant que mères, il est eugéniste dans la mesure où le pouvoir accordé aux femmes réside dans l’amélioration de la « race » du fait de leur rôle de procréation mais il ne remet pas en cause l’organisation sexuée de la société, au contraire, il la renforce.

Le mouvement syndical, terrain d’expérimentation d’une démocratie industrielle collective et participative (1968-1979)

Marc LENORMAND, Université Lyon 2

Les années 1950 et 1960 sont marquées dans le monde du travail en Grande-Bretagne par le déplacement du centre de gravité des rapports sociaux vers le niveau local, une tendance illustrée notamment par l’émergence de la figure des délégués syndicaux (shop steward). Alors que les gouvernements voient cette évolution avec inquiétude, les militants de la gauche britannique, dans les partis et dans les syndicats, y voient quant à eux la possibilité de radicaliser le mouvement syndical, et de constituer un mouvement social de masse à partir des entreprises.

Ainsi, la démocratisation et la décentralisation du fonctionnement de nombreux syndicats qui, initiée à partir des années 1960, s’étend et s’approfondit dans les années 1970, est envisagée par ces militants non seulement comme un outil de politisation et de radicalisation des salariés, mais véritablement comme l’ébauche de la société démocratique et socialiste à laquelle ils aspirent. Les syndicats du service public notamment, parce qu’il s’agit d’organisations jeunes à la croissance rapide, sont de véritables terrains d’expérimentation d’une démocratie industrielle collective et participative, à travers la décentralisation des processus de décision, la généralisation du système des délégués (stewards) et le renforcement de l’organisation locale.

Nous proposons d’interroger cette expérimentation sociale et politique à partir de l’exemple de la National Union of Public Employees (NUPE), depuis le recrutement d’un cadre de permanents à la fin des années 1960, jusqu’à la réorganisation profonde du syndicat au milieu des années 1970, et au bilan de ces réformes tant politiques qu’organisationnelles au début des années 1980. Nous interrogerons notamment les conséquences durables de cette expérimentation sur le mouvement syndical pendant la période de contre-réforme
conservatrice, qui dans les années 1980 promeut un modèle antithétique, de démocratie syndicale individuelle et indirecte.

Lifestyle politics of ecologism in Britain.

Brendan PRENDIVILLE, Université de Rennes 2

This paper will analyse the formation of an ecologist counter culture in Britain which became highly visible during the 1990s decade. At this time, there were sizeable protests around the country against the massive road building programme announced in the Conservative government’s White Paper of 1989 (Roads for Prosperity). In the context of this workshop’s theme, the form of the protests is of particular interest, demonstrating what has been called a ‘do-it-yourself’ » youth culture in which the values & lifestyle practices of the participants were inextricably tied up with the reasons that gave rise to the mobilisation. In this respect, this alternative culture could be seen as a strand of the British utopian tradition, reaching back to Owenism or the Rochdale Pioneers, in which words & deeds come together in a common desire for change ‘here & now’.

The (principally) young people who protested against these new roads didn’t stop there. They, & their successors, went on to struggle against other ‘lifestyle’ issues such as live veal exports, GM food & consumerism, continuing right up to today’s protests against climate change. They are part of what has been called the ‘radical environmental movement,’ & can be seen as both the forerunners of the alter-globalisation movement as well as the advent of a British form of anarchist politics.

The Alternative Lifestyle of a Victorian Pornographer: Edward Sellon, Tantrism and Epicureanism.

Stefania ARCARA, University of Catania, Italy

Alternative lifestyles emphasising sexual freedom typical of 20th-century countercultural movements can be traced back to the mid-Victorian period, when England witnessed the emergence of pornographic literature and a rising interest in esoteric Indian religions. Edward Sellon (1818-1867), self-taught Orientalist, anthropologist, and pornographic novelist, exemplifies this nexus of Victorian subculture: his Annotations on the Sacred Writings of the Hindüs introduced Tantrism to England, while he defied the “ultra-squeamishness and hyper-prudery” of the English nation in his erotic autobiography The Ups and Downs of Life, written before he shot himself at the age of 48. Despite his imperial and sexist ideologies, Sellon’s worldview was coherently reflected in his anti-establishment libertinism, individualism and revolutionary contempt for religious and social conventions.

Machynlleth’s Centre for Alternative Technology in Wales: Alternative lifestyle or mainstream thinking?

Stéphanie BORY, Jean Moulin University of Lyon (3) France

The Centre for Alternative Technology (CAT) was founded in 1973 on the site of the disused Llwyngwern slate quarry near Machynlleth, MidWales, by Gerard Morgan-Grenville who established a community adopting alternative lifestyles. And yet it has now become a model, not only in Wales but also in Europe at large, being today Europe’s leading eco-centre. And particularly within the National Assembly for Wales since CAT’s ideals and ideas are now at the heart of the policy promoted by Wales’ new institutions. This paper thus aims at studying this community and the way the Welsh political institutions succumbed to the themes developed by CAT.

The Organic Turn: Urban Ecological Practice in Contemporary Canada,

Eva DARIAS-BEAUTELL, La Laguna University, Spain

This paper proposes a critical analysis of the contemporary shift towards the ecological and the organic in Canadian cities and its effect on the ongoing project of debunking national categories based on the dichotomy between the urban and the wild. I will look at the booming eco-urban life-style as a valid form of breaking such dichotomy. The eco-urban, as manifested in guerilla gardens, urban farming, blue-boxing, and organic shopping, can be read as both opening the natural to history, and as emphasizing the materiality of culture, and, in so doing, it advances alternative forms of social and ecological relations.

British Neo-Marxists and the Collapse of the Eastern Bloc: the End of an Oppositional Intellectual Project?

Sebastian BERG, University of Beilefeld, Germany

This paper investigates the consequences of the rupture of 1989/91 for the self-image of two generations of neo-Marxist intellectuals (those politically socialised in the 1930s/40s and the generation of 1968) and for their production of critical and emancipative theory. It suggests a sociological approach to the history of political ideas through relevant contributions in two periodicals which combine ‘old-left’ and ‘new-left’ elements : New Left Review and Socialist Register. This emphasis on journals aims at illuminating collective discussion processes. The focus is on the consequences for Neo-Marxists as a distinct group, Marxism as a theory of social change and as a strategic project, on discussions about remaining systemic alternatives, and on how to organise and work for their realisation.

The Lifestyle of American Far Right Extremists.

Mokhtar BEN BARKA, University of Valenciennes, France

This presentation is about American Far Right extremists – including survivalists and members of the militia movement – who make up the subculture of survivalism. More specifically, it is about their beliefs and their practices, which are steeped in doomsday predictions. Far Right extremists, in the United States, are armed and practiced in survivalism, a loosely structured yet pervasive belief system and set of practice focusing on disaster preparedness. They feel strongly that the current social and world order is moribund, and so they have taken steps to prepare for its imminent demise. At the same time, they see themselves in conflict with an evil government and a tyrannical world order.

Selected Bibliography:

(see also the rich bibliography on Counter-culture in America in the 1960s)

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Politiques sociales et familiales en Grande-Bretagne – petite enfance

Publication de la Caisse nationale des Allocations familiales

INFORMATIONS SOCIALES
N ° 159 – Politiques sociales et familiales en Grande-Bretagne
Prix du numéro : 6,50 €

http://www.cairn.info/vign_rev/INSO/INSO_159_L148.jpgRésumé du numéro
Pays inscrit dans un modèle dit « libéral » au sein de l’Union européenne, la Grande-Bretagne est longtemps apparue comme un pays qui ne développait pas de politiques familiales et dont les politiques sociales visaient exclusivement les plus démunis. Lors de leur arrivée au pouvoir, en 1997, les travaillistes ont promu une « Troisième voie » afin de réconcilier l’économique et le social. L’État social que promeut, dès lors, cette Troisième voie vise l’égalité des chances en facilitant la « capacité » des individus (notamment par l’incitation au travail) afin de fournir les conditions de la cohésion sociale. Par ailleurs, du côté de la famille, des évolutions notables ont également eu lieu avec la mise en place d’une politique globale de structures d’accueil pour la petite enfance. Ce numéro consacré aux politiques familiales et sociales en Grande-Bretagne cherche à mieux cerner les enjeux sociaux du pays à la veille d’un probable changement de gouvernement. Quelles sont les caractéristiques du système de Welfare State de l’État britannique ? Quel a été l’impact des réformes appliquées depuis la fin des années 1990 ? Quelles sont les perspectives pour l’avenir ? Le numéro est articulé autour de trois parties. Dans un premier temps, ce sont les transformations du Welfare State qui sont présentées, la refonte de l’État-providence ayant été l’objectif des travaillistes dès 1997. Dans un deuxième temps, on s’intéressera aux champs de l’intervention sociale en explicitant les logiques et le fonctionnement d’un certain nombre de politiques telles que celles du chômage, de la conciliation vie professionnelle-vie familiale, du logement ou encore de la santé. Enfin, dans un troisième et dernier temps, ce sont les effets des politiques menées sur les groupes-cibles « fragilisés » qui seront étudiés : les enfants, les jeunes, les familles monoparentales, les personnes âgées et les handicapés.

Sommaire du numéro

Introduction : Quels problèmes sociaux et familiaux en Grande-Bretagne ? – Corinne Nativel

Points de repères : Données de cadrage sur la Grande-Bretagne – Sandrine Dauphin


Partie 1 – Les transformations du Welfare State

Un État-providence bâti sur des fondations bancales – Michael Hill
La Troisième voie et la question sociale – Jérôme Tournadre-Plancq
Ce que le revenu de solidarité active (RSA) doit au modèle social britannique – Philippe Steck
Politiques sociales et dévolution des pouvoirs : l’exemple écossais – Elke Heins
Politique familiale et égalité des sexes – Pamela Abbott et Claire Wallace


Partie 2 – Les champs de l’intervention sociale

Workfare et transformations de l’aide aux chômeurs – Corinne Nativel
Le National Health Service : une institution phare en pleine transformation – Anémone Kober-Smith
Le logement social en Angleterre : trente ans de déclin – David Fée
La mise en place d’une politique de la petite enfance – Susan
Finding

La Joseph Rowntree Foundation : un acteur majeur de la recherche appliquée en sciences sociales – Roseline Théron


Partie 3 – Les aides aux groupes « fragilisés »

Les aides sociales aux mères isolées – Fabienne Portier-Le Cocq
ConneXions, réseau d’aide gouvernementale aux jeunes anglais : éléments pour un
bilan – S. Pickard

La politique du handicap : un modèle reposant sur l’autonomie individuelle – Bob Sapey
L’aide aux personnes âgées en perte d’autonomie – Carine Berbéri

La mise en place d’une politique de la petite enfance au Royaume-Uni

La mise en place d’une politique de la petite enfance

Article paru dans  Informations sociales, 2010/3 (n° 159), Politiques sociales et familiales en Grande-Bretagne Politiques sociales et familiales en Grande-Bretagne – petite enfance.

Résumé

Cette contribution présente la politique de la petite enfance, quasi inexistante auparavant, mise en place par les travaillistes dès leur arrivée en 1997 : ses pourtours, les moyens mis en œuvre, son importance et son impact. Les mesures prises s’appuient sur la lutte contre la pauvreté et le chômage et le soutien aux parents promus par le New Deal. Dès 1997 est publiée une National Childcare Strategy, puis les mesures et les lois se succèdent. Entre autres : lancement du programme Sure Start avec la création de Children’s Centres et publication du document cadre Meeting the Childcare Challenge en 1998 ; Children’s Act, Work and Families Act et création d’un « superministère » de l’Enfance en 2006.Tous les types de leviers sont actionnés : augmentation du nombre de places d’accueil, extensions des allocations pour garde d’enfant, allongement des congés maternité et des congés parentaux sans solde, formation du personnel dans les structures d’accueil, réforme de crédits d’impôt pour garde d’enfant, création de fonds d’investissement pour enfants. Si les nouveaux droits sont sujets à controverses, la prise en charge par l’État et la création d’un accueil mixte, collectif et pluriservices des jeunes enfants constituent une innovation majeure. La scolarisation des enfants de 3 et 4 ans est passée de 20% en 1970 à 65% en 2005.

PLAN DE L’ARTICLE

Susan Finding – Professeur de civilisation britannique à l’Université de Poitiers et directrice de l’équipe de recherche MIMMOC (Mémoire, identité et marginalité dans le monde occidental) spécialisée dans les politiques et l’histoire sociales et l’éducation. Parmi ses publications récentes : 2009, « La petite enfance – l’émergence d’une politique innovant et précurseur », in Fons J.-P. (dir.), « Les Années Major », Observatoire de la société britannique, n° 7, avril, p. 309-322 ; 2007, « Sans famille ? Le parti conservateur dans l’opposition et la politique familiale », in Fons J.-P. (dir)., Le Parti conservateur britannique 1997-2007. Crises et reconstruction, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 127-144 ; 2007, « Le nouveau parti de la famille ? », in « Les années Blair », Observatoire de la société britannique, n° 3, janvier, p. 93-115.

1 Les travaillistes ont appelé Childcare Revolution l’ensemble des mesures qu’ils ont prises dès leur arrivée au pouvoir en 1997 pour mettre en place une politique de la petite enfance. Celle-ci est devenue une priorité nationale au Royaume-Uni, en articulation avec les autres politiques économiques et sociales du New Deal qui placent le soutien aux parents au cœur de la réforme du système de protection sociale britannique.

2 En 1945, on avait promis une protection sociale qui prendrait en charge les citoyens du berceau au tombeau, déclarait en 2005 Gordon Brown, Chancelier de l’Échiquier [1] pour qui les importantes réalisations du gouvernement néotravailliste dans le domaine de l’enfance rivalisaient avec celles du gouvernement Attlee, l’inventeur du système national de santé après la Seconde Guerre mondiale. Mais, rappela G. Brown, le berceau avait été oublié et les enfants en bas âge, de la naissance à l’école maternelle, n’avaient jamais été pris en compte. Arrivé au pouvoir en mai 1997, le gouvernement néotravailliste s’employa à faire de la petite enfance l’une de ses priorités.

Naissance d’une politique publique de la petite enfance

3 L’annonce d’une politique de la petite enfance date de la période charnière 1994-1995, alors que des enjeux économiques et sociaux démontraient la nécessité d’une politique nationale. En juillet 1994, le Premier ministre Tony Blair avait fait part de l’intention de son parti d’étendre les services d’accueil des enfants.

4 Deux lignes directrices sous-tendaient la rapide mise en place d’une politique globale de
structures d’accueil pour la petite enfance. Il s’agissait d’un côté, dans un souci d’une plus grande justice sociale, d’améliorer la situation des enfants démunis dans le cadre de la lutte contre la pauvreté des enfants, les laissés-pour-compte de l’État-providence et, de l’autre, d’aider les parents à mieux concilier le travail et la vie de famille, en premier lieu pour mettre plus de femmes sur le marché du travail. Par la suite, on assista au déploiement de mesures visant à la réduction du taux élevé d’enfants vivant en dessous du seuil de pauvreté [2]. Seuil établi par le gouvernement à 60 % du revenu médian. Le programme Sure Start fut lancé en 1998, sous la double tutelle des ministères de l’Éducation et de la Santé. Les centres pour enfants et la prime enfance (Children’s Centres) étaient censés réunir, au sein d’une communauté ou d’un quartier, un ensemble de services juridiques, médicaux, éducatifs et d’aide sociale.

5 Les objectifs principaux du gouvernement restèrent ceux de renforcer l’économie et la cohésion sociale (Spending Review, 2004). La déclaration de principe du ministère de l’Éducation faisait état de la nécessité de préparer une économie compétitive et une société d’intégration. Pour y parvenir, il fallait non seulement améliorer les conditions de vie mais aussi favoriser l’égalité des chances en « brisant le cycle de privations »[3] Reprise par le gouvernement New Labour du terme utilisé et en réduisant les inégalités. Un des axes principaux allait être d’accroître le nombre de places d’accueil des enfants et, plus précisément, d’augmenter de 50 % en quatre ans le taux des familles modestes qui bénéficient des structures de garde organisées. Pour ce faire, le programme Sure Start devait totaliser 2 500 Children’s Centres en 2008 [4].

6 Dans les premiers mois du gouvernement néotravailliste, le système de bons distribués aux parents pour des dépenses de garde d’enfant, hérité du gouvernement John Major, fut rapidement remplacé par une allocation pour garde d’enfant. Puis la publication de la politique National Childcare Strategy, à l’automne 1997, fut accompagnée de la mise en place de structures paritaires régionales (Early Years Childcare Development Partnerships) ; elles réunissaient des représentants des services publics et privés, placés sous le contrôle des conseils municipaux locaux eux-mêmes chargés de donner l’impulsion, responsables de la planification et du déploiement de l’offre.En même temps, le gouvernement lançait la politique de retour à l’emploi New Deal comprenant un volet important consacré au secteur en expansion de l’accueil des enfants. Au printemps 1998, le gouvernement rendait public le document cadre pour la mise en place d’un service nouveau pour l’accueil des jeunes enfants, Meeting the Childcare Challenge. Ce document cadre devait être lu en parallèle avec le Livre vert sur la réforme de l’État-providence, annoncé par le Livre vert[5] publié par le Departement of Social Security en mars 1998 sur l’avenir des politiques sociales (New Ambitions for Our Country, A New Contract for Welfare). La même année, la loi-cadre sur la qualité de l’enseignement (School Standards and Framework Act, 1998) étendait la responsabilité des autorités locales aux services d’accueil de la petite enfance. Un document de travail sur l’inspection des institutions concernées par l’enseignement précoce et la garde d’enfants en bas âge fut fourni. Il fut complété, en août 1999, par un nouveau document de travail envisageant la création d’une sous-section de l’organisme chargé de l’inspection des écoles. L’étape de la préparation de la législation fut rapidement franchie. En un peu plus d’un an, des mesures pour aider les familles en matière de garde d’enfant avaient été annoncées, formulées, structurées et mises en place dans le cadre d’une nouvelle conception des rapports entre la famille, les enfants, le travail et le système de protection sociale
britannique.

« Childcare Revolution » 

7 Deux ans et demi après son arrivée au pouvoir, le gouvernement New Labour créa les
crédits d’impôts pour les familles à faibles revenus ayant charge d’enfants dans le but de combattre l’exclusion sociale. À cette fin, le programme Sure Start fut élargi. Les objectifs
généraux du programme étaient de réduire la fracture sociale entre les enfants des quartiers défavorisés et la moyenne nationale, en œuvrant dans le domaine de l’éducation et de la famille et en s’appuyant sur le travail de terrain dans les quartiers effectué au sein des Children’s Centres (Sure Start, 2006). Un service complet, délocalisé mais pas encore généralisé, était en train de voir le jour. On fixa des objectifs précis et chiffrés qui visaient à améliorer les conditions de vie en famille, le développement psychopédagogique et social et la communication chez les enfants démunis.

8 Pour y parvenir, les nouveaux programmes pédagogiques pour la petite enfance, Curriculum Guidance for the Foundation Stage, furent distribués à toutes les institutions concernées (écoles, centres d’accueil des secteurs publics et privés) dès le mois de mai 2000. Ils entrèrent en vigueur à la rentrée de septembre alors qu’une nouvelle loi définissait la nature et la qualité de l’offre requises (Care Standards Act). L’inspection des écoles et des garderies fut confiée au Early Years Directorate de l’Ofsted[6] En 2003, de nouveaux critères de qualité furent introduits, qui correspondaient à l’étape de la mise en place des structures de contrôle et de régulation. En 1999, afin de faciliter la conciliation entre travail et vie de famille, les premières améliorations du régime des droits des travailleurs parents rallongeaient len congé maternité rémunéré et le congé sans solde qui prolongeait celui-ci. En 2000, les travailleuses et travailleurs à temps partiel accédaient aux mêmes droits. Une nouvelle étape était franchie avec la loi de 2002 sur l’emploi et l’annonce, fin 2005, de nouvelles mesures qui prolongeaient le congé de maternité jusqu’à neuf mois.

9 On assista également au renforcement de la lutte contre le chômage des adultes à charge d’enfants. La formation et l’emploi de personnel qualifié pour les garderies furent encadrés. Dans le cadre des politiques de retour à l’emploi, les députés favorisèrent le déploiement des services d’accueil en votant une loi-cadre sur les niveaux de formation des employés des centres et sur la qualité des services. Le premier rapport officiel sur l’éducation et l’emploi fait état du lien et des interactions mutuelles entre l’emploi des parents et l’accueil des enfants dans le secteur préscolaire [7]

La « Childcare Revolution »[8] sembla alors entrer dans une nouvelle période. La mise en place d’une panoplie complète de services coordonnés, structurés et contrôlés avait été réalisée en trois ans, de 1998 à 2001. Les études chiffrées publiées à partir de 2003 prirent l’année scolaire 2001-2002 comme année de référence, l’an zéro du nouvel État-providence. Il s’agissait non seulement d’étendre et de consolider ces nouveaux services à la famille qui venaient d’être créés, mais aussi d’envisager sous un angle nouveau les rapports entre l’État et la famille et, en deuxième lieu, le financement des services ainsi créés. La réforme des crédits d’impôt pour garde d’enfant de 2002, effective à partir de 2003, et la création des fonds d’investissement pour les enfants subventionnés par l’État (Children’s Bonds, sorte de « livret jeune » avec prime gouvernementale) entérinèrent cette nouvelle approche.

Une nouvelle architecture institutionnelle

10 En même temps, la dispersion des services à l’enfance devenait criante. Pour y remédier furent élaborés divers programmes visant à réunir les différents intervenants et services (sanitaires, juridiques, sociaux, d’accueil) non seulement dans les projets de quartier mais aussi au niveau de l’administration locale (Children’s Trusts), sur le modèle de l’organisation de la santé et au niveau national. C’est ce qui motiva un article de la loi sur l’éducation de 2002 qui prévoyait l’accueil des enfants dans les écoles publiques en dehors des périodes scolaires : avant et après les cours et pendant les vacances, de 8 h 00 à 18 h 00, quarante-huit semaines par an. L’accueil des enfants fut prolongé par des services aux parents et par un soutien pratique, un suivi individualisé des enfants et des parents en dehors de l’école. Ce service, qui sera baptisé Extended Schools, fut mis en place à titre expérimental dans seize établissements de quartiers défavorisés[9] Les premières évaluations furent encourageantes (Ofsted, 2005). De là naquit l’idée de créer un ministère de l’Enfance.

11 En 2003, le ministère de l’Intérieur publia le Livre vert Every Child Matters qui accompagnait le rapport d’enquête sur la mort d’une fillette maltraitée et, en particulier, sur les manquements des services sociaux (Lord Laming, 2003). La réflexion sur une protection accrue des enfants y était poussée plus loin afin d’œuvrer pour une pleine réalisation de leur potentiel et pour une égalisation des chances. Selon ce document, les enfants en danger devraient bénéficier d’un soutien renforcé au sein des Children’s Centres. Quatre domaines d’intervention furent délimités : aider les parents, les éducateurs et les assistants sociaux, intervenir de façon précoce, intégrer l’ensemble des services et améliorer le travail des employés des services sociaux. L’introduction de services pour informer et former les parents à leur rôle était adossée à celle des Anti-Social Behaviour Orders et Parenting Orders, mandats juridiques tentant d’imposer un changement de comportement chez les parents et les enfants[10]


La création d’une direction des services pour l’enfance au sein de chaque administration locale et d’une fonction de ministre chargé de la coordination des politiques concernant les enfants, la jeunesse et les familles vint couronner cette remise en cause du fonctionnement d’un ensemble de services restés encore trop disparates et morcelés, selon le rapport d’enquête. Sous l’égide du ministère de l’Éducation, le nouveau département ministériel prit en charge tous les services sociaux, la politique de la famille, le droit de la famille, le service de conseil et de soutien auprès des tribunaux des affaires familiales. Vint s’ajouter à ce nouveau dispositif la nomination de Commissaires aux enfants (Children’s Commissioners) chargés de la coordination auprès de l’administration décentralisée de l’Exécutif écossais, de l’Assemblée galloise en 2004 et de l’Angleterre en 2005, avec mission d’établir un système intégrant l’ensemble des acteurs intervenant dans le domaine de l’enfance (Integrated Children’s System). En 2004 est lancée une politique décennale, Choice for parents, the best start for children, qui définit les priorités du gouvernement britannique dans les services de garde d’enfant en cinq maîtres mots : choix, flexibilité, disponibilité, qualité et prix (il n’est pas question de gratuité totale). L’objectif déclaré est de s’assurer que chaque enfant puisse avoir le « meilleur départ possible dans la vie » et d’aider les parents à mieux gérer l’équilibre entre travail et famille. L’aboutissement des politiques mises en place est couronné par le Children’s Act de 2006, la loi sur l’emploi Work and Families Act de 2006 et la création d’un « super ministère », le Department for Schools, Children and Families, à responsabilités élargies et interministérielles (Santé, Éducation, Emploi, Budget).

Quelques éléments de bilan de cette politique

12 Dans son discours clé du 11 novembre 2004[11] T. Blair plaçait le soutien aux parents au cœur de la réforme du système de protection sociale britannique afin de leur permettre d’équilibrer vie privée et travail : « Le plein-emploi, qui va de pair avec des changements profonds dans la vie des familles, crée un enjeu tout à fait nouveau pour notre gouvernement et notre société. Un enjeu dans lequel la garde d’enfants et l’équilibre entre travail et famille devient notre principale préoccupation. […] Notre vision est la création d’un système de garde d’enfants universel et abordable pour les parents des enfants âgés de 3 à 4 ans »[11] Son bilan chiffré des réalisations accomplies depuis 1997 témoigne de cette volonté. Après la prolongation des allocations de maternité de 14 semaines à 6 mois (passées en 2009 à 39 semaines à raison de 123 £ par semaine), le crédit d’impôt avait permis, d’après lui, à 500 000 mères de famille de rester à la maison et de s’occuper de leurs enfants. Pour ne relever que ces exemples, selon les chiffres officiels, 90 % des familles auraient bénéficié des crédits d’impôt, les allocations familiales auraient été augmentées de 25 % et 350 000 familles recevaient des subventions pour la garde de leurs enfants. Le Premier ministre rappela la création de 1 200 crèches (Neighbourhood Nurseries) et de 500 projets Sure. Les pères bénéficiaient d’un nouveau congé de naissance de quinze jours et Tony Blair promit d’allonger les congés parentaux statutaires rémunérés, ce qui sera réalisé à la fin de 2005. Près d’un million de parents ayant un emploi pourraient profiter des nouveaux droits à l’aménagement de leur temps de travail pour raisons familiales.

13 Signe du succès de la politique d’accueil des enfants, la demande de places restait plus importante que l’offre. La flexibilité (heures d’ouverture, type d’accueil) et le coût de l’offre laissaient encore à désirer. En outre, le manque de main-d’œuvre qualifiée posait toujours problème car la fourniture de ces nouveaux services de petite enfance nécessitait de créer de toutes pièces une formation diplômante pour les personnes désirant y travailler.

14 Plus de la moitié des écoles primaires accueillent dorénavant des enfants avant le début des cours le matin ; les trois quarts proposent des activités sportives et artistiques après les cours, parfois jusqu’à 20 h 30, et deviennent des centres d’activité pour le quartier tout entier. Ces allongements de l’accueil dans les écoles ne correspondent pas à un élargissement de la scolarité mais à une prise en charge des enfants en dehors de la scolarisation, une forme de garde d’enfants. La politique de l’accueil n’est toujours pas transformée en politique éducative. De même, depuis 1997, ce sont les garderies qui ont le plus bénéficié de la nouvelle politique au détriment des jardins d’enfants (Playgroups) et des écoles maternelles publiques, deux formes d’accueil qui ont vu leur nombre d’enfants ou de places diminuer. En ce qui concerne la scolarisation des enfants âgés de trois et quatre ans, elle est passée de 20 % en 1970 à 50 % en 1995 pour atteindre 65 % en 2005, sans pour autant transformer les autres modes de prise en charge. La répartition des services d’accueil entre les quatre pays du Royaume-Uni – Angleterre, pays de Galles, Écosse et Irlande du Nord (voir tableau) – est inégale et, lorsqu’on examine la répartition dans les sous-districts (Local Authority Districts) à l’intérieur de chacune de ces régions, la distribution pose problème. Le pays de Galles, qui avait pris le plus de retard, essaya de stimuler le développement de modes de garde à partir de 2005. L’Écosse, le plus en avance de ce point de vue, fournit une série de statistiques qui mesure le rapport entre les services à la petite enfance et le degré d’exclusion sociale dans chaque quartier. Les chiffres permettent de préciser les types d’accueil dominants au niveau régional et de moduler les conclusions sur l’introduction d’un service « national »[12]

16 Malgré les lacunes de cette politique, la prise en charge par l’État et le glissement d’un
service privé et individuel vers un accueil mixte, collectif et pluriservices constituent une innovation majeure. Les avancées spectaculaires en la matière ne peuvent être comprises qu’en comparaison avec l’absence d’une prise en charge nationale avant 1997, une situation ainsi décrite par T. Blair en 2004 : « L’une des pires politiques de garde d’enfants et de la famille en Europe, l’un des pires résultats concernant la pauvreté chez des enfants dans le monde industrialisé ».

17 En effet, la prime enfance échappait aux contrôles médico-sociaux réguliers, les parents démunis ne bénéficiaient d’aucune structure gratuite d’accueil de la petite enfance, de nombreuses femmes quittaient leur emploi à la naissance de leur premier enfant, très souvent pour ne plus revenir sur le marché du travail (ou alors à temps partiel uniquement et après la scolarisation à 5 ans du dernier-né) et les allocations et congés parentaux étaient restés au niveau des années 1960, pour ne pas dire 1948. Malgré ces avancées, les nouveaux droits[13]

Principaux dispositifs pour la garde d’enfants au Royaume-Uni (2009) 

  • Éducation pour les trois à quatre ans : 12 heures par semaine, 38 semaines par an ; gratuité non soumise à condition de ressources.
  • Congé maternité de 52 semaines (39 semaines payées au taux de 123 £ (135 €) par semaine ou 90 % du salaire si celui-ci est moins élevé que cette somme ) transférable au père après six mois.
  • Allocations familiales : 20 £ (22 €) par semaine pour le premier enfant, 13,20 £ (14.20 €) par enfant à partir du deuxième.
  • Crédit d’impôt pour enfant : maximum 545 £ (600 €) + 2 235 £ (2 458 €) par enfant.
  • Crédit d’impôt parents en emploi (Working Tax Credit) (condition de ressources et maximum de 16 h de travail hebdomadaire) : aide financière pour garde d’enfant équivalente à 80 % du coût de la garde avec un plafond de 175 £ (192,50 €) par semaine pour un enfant et 300 £ (330 €) pour deux ou plus.
  • Une allocation de 250 £ (275 €) payable en une fois lors de l’embauche pour les parents de plus de 25 ans (sous condition de
    ressources).
  • Congé parental : 13 semaines par enfant jusqu’à son 5e anniversaire sans solde (le congé peut être rémunéré si la convention
    collective le prévoit).
  • Emploi aménagé : les parents d’enfants de moins de six ans ont le droit de demander un emploi du temps « flexible » – voir la loi-cadre sur l’accueil de la petite enfance (Childcare Act) de 2006.
  • Création d’un centre d’accueil et d’information dédié à la petite enfance dans chaque quartier (Sure Start Children’s Centre) à partir de 2010.

18 Le bas niveau des allocations pour congé parental (135 € par semaine) dissuade la grande majorité des pères qui travaillent. Moins de la moitié prennent les deux semaines de congé à la naissance auxquelles ils ont droit[14] le manque à gagner se révélant trop important. Quarante pour cent des pères craignent l’effet négatif qu’une demande de travail à temps partiel aurait sur leur carrière.

19 À l’inverse, la longueur « excessive » du congé pour les mères est critiquée par des femmes cadres supérieures qui craignent un tarissement de l’emploi féminin à des postes de responsabilité dans les entreprises soucieuses de limiter le turn over dans leurs rangs[15] Si le taux d’activité des femmes au Royaume-Uni a progressé chaque année depuis 1997, passant de 63,1 % à 65,5 % en 2007[16] on ne peut l’attribuer uniquement aux mesures en faveur des familles mises en place depuis 1997. La plupart des pays développés constatent la même progression. Par ailleurs, les pressions sociales (heures travaillées les plus longues d’Europe, absences mal vues et préjugés sur les femmes) persistent. Les témoignages de femmes mères d’enfants qui souffrent de discriminations dans leur entreprise ne manquent pas[17]

20 Néanmoins, le principe selon lequel tout parent désirant travailler doit pouvoir trouver une structure d’accueil pour son enfant est dorénavant consacré par la loi. Le sort de la petite enfance au Royaume-Uni est devenu une priorité nationale, une affaire d’État qui ne relève plus seulement du domaine particulier et privé. Les préoccupations des femmes, des familles et des enfants occupent désormais une place de choix dans les politiques économiques et sociales. Après la révolution des politiques de la famille et la révolution sociale de l’arrivée des mères sur le marché de l’emploi[18], la révolution des mentalités est à venir.

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Work and Families Act, 2006, disponible sur http://www.workingfamilies.org.uk

Notes

[ 1] Discours du 15 avril 2005.

[ 2] Seuil établi par le gouvernement à 60 % du revenu médian.

[ 3] Reprise par le gouvernement New Labour du terme utilisé en 1972 par Sir Keith Joseph, ministre des Affaires sociales du gouvernement conservateur, devant la Pre-School Playgroups Association.

[ 4] 2002/2003 Childcare and Early Years Workforce Survey, (http://www.surestart.gov.uk/publications/ index.cfm?document=916) consulté le 20 mars 2006.

[ 5] Publié par le Departement of Social Security en mars 1998.

[ 6] Ofsted, Office for Standards in Education, Children’s Services and Skills (http://www.ofsted.gov.uk/).

[ 7] House of Commons, Education and Employment, Early Years, First Report, HC 33-1, HC, 33-2, décembre 2000.

[ 8] Expression employée par le Premier ministre Tony Blair dans un discours clé prononcé le 11 novembre 2004, devant les membres du Daycare Trust, un lobby pour la création d’un service national de garde d’enfants, réglementé et gratuit : « When we came to power we inherited one of worst set of childcare and family friendly provisions in Europe and one of the worst records on child poverty in the industrialised world. We have a lot more to do but we are turning that round – making a
real and sustained difference to the lives of millions of children and parents. But we need to go further and faster. Those of you who are here today have already been part of a childcare revolution that followed the National Childcare Strategy in 1998. But we all know that the years ahead also require more change
».
(http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk_politics/4003959.stm). (« Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons hérité d’une des pires politiques de garde d’enfants et de la famille en Europe et d’un des pires résultats concernant la pauvreté des enfants dans le monde industrialisé. Nous avons encore beaucoup à faire mais nous sommes en train de renverser la situation en améliorant de façon concrète et soutenue la vie de millions d’enfants et de parents. Mais nous devons aller plus loin et plus vite. Ceux d’entre vous qui sont ici aujourd’hui participent déjà à la révolution de la garde d’enfants qui a suivi la Stratégie nationale de la garde d’enfants en 1998. Mais nous savons tous que dans les années à venir d’autres changements seront nécessaires »).

[ 9] Villes et régions concernées : Birmingham, Bradford, Doncaster, Sefton, Solihull, Trafford, St Helens et le Lancashire, dans les Midlands et dans le nord de l’Angleterre ; Enfield, Greenwich, Hackney, Islington, Lambeth, Luton, Reading,Westminster, dans et autour de Londres ; enfin, le comté de West Sussex au sud de la Grande-Bretagne.

[ 10] Les lois Crime and Disorder Act (1998), Anti-social Behaviour Act (2003) et Criminal Justice Act (2003) rendent les parents légalement responsables si leurs enfants commettent des incivilités ou se soustraient à l’obligation de scolarisation. Les parents reçoivent un soutien des services sociaux mais les enfants doivent se conformer aux décisions de la justice, sous peine de prison pour les parents – menace suivie d’effet comme en témoignent des cas récents : Northern Echo, 1er août 2008 (http://www.thenorthernecho.co.uk/news/3562670.Mum_jailed_for_children_failing_to_attend_school/) consulté le 14 janvier 2010.

[ 11] « A full-employment economy in tandem with the profound changes in family life poses a entirely new challenge for us as a government and a society. One which puts childcare and work/life balance centre-stage. […] Our vision is to create a universal affordable childcare for parents of 3 and 4 year olds » (http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/politics/4003959.stm)

[ 12] Un complément d’information sur cette question se trouve dans les statistiques selon le type d’accueil (écoles ou formes d’accueil privé et mixtes) en 2007, Tableau 1.13 dans Bayliss et Sly, Children and young people around the UK.

[ 13] Calcul en euros au taux d’échange en cours de 1 £=1,10 €. Pour les fiches officielles concernant les droits et les taux : http://www.workingfamilies.org.uk/images/Factsheets/factsheets%20091020/maternity_leave091020.pdf

[ 14] Equality and Human Rights Commission, Research summary 41, Working Better : Fathers, family and work – Contemporary Perspectives, octobre 2009 (http://www.equalityhumanrights.com/uploaded_files/ research/41_wb_fathers_family_and_work.pdf)

[ 15] KirstyWalker, 2009, « Excessive maternity leave and huge sex discrimination payouts “risk backfiring on women” », MailOnLine, 15 octobre (http://www.dailymail.co.uk/news/article-1220477/Excessivematernity-leave-huge-sex-discrimination-payouts-risk-backfiring-women.html#ixzz0cUfGTMfv)

[ 16] Eurostat, taux d’emploi par sexe (http://epp.eurostat.ec.europa.eu/tgm/table.do?tab=table&language=fr&pcode=tsiem010&tableSelection=1&footnotes=yes&labeling=labels&plugin=1) consulté le 15 janvier 2010 ; Li et al., 2008.

[ 17] Des enquêtes chiffrées sur l’impact des nouvelles mesures ne sont pas encore disponibles, mais des témoignages existent. Voir l’émission radiophonique de la BBC Woman’s Hour du 21 octobre 2009, « Sexism and the City », ou du 25 mars 2009, « Maternity Leave Discrimination ».

[ 18] Steve Doughty, 2007, « Back-to-work pressure DOES hit family life », MailOnLine, 8 février (http://www.dailymail.co.uk/femail/article-434937/Back-work-pressure-DOES-hit-familylife.html#ixzz0cUmgusuN).

POUR CITER CET ARTICLE

Susan Finding « La mise en place d’une politique de la petite enfance », Informations
sociales
3/2010 (n° 159), p. 90-100.
URL :
www.cairn.info/revue-informations-sociales-2010-3-page-90.htm.

Saskia Sassen, ancienne étudiante à l’Université de Poitiers

Attribution du Doctorat honoris causa à Mme. Saskia Sassen

par l’Université de Poitiers, le 14 octobre 2010.

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 Éloge prononcé par Mme. le Professeur Susan Finding, Directrice du MIMMOC

Saskia Sassen occupe la chaire Robert S. Lynd de Sociologie à l’Université de Columbia. Lorsque Mme la professeure a accepté l’invitation de prononcer la conférence d’ouverture du colloque Décentralisation, Devolution, Autonomie, (Con)Fédération : La gouvernance territoriale de l’Etat-nation et de revenir à l’Université de Poitiers où elle a naguère étudié (1), nous avons tout de suite pensé que l’Université se devait d’honorer un des siens.

Vous revenez régulièrement en France, pays où vous avez entamé, pour ainsi dire, votre carrière universitaire. La France : pays régalien, nation républicaine, état centralisé qui se décentralise petit à petit, abandonnant difficilement ses prorogatifs mais qui participe activement à cette nouvelle géographie stratégique que vous analysez dans vos travaux. C’est un clin d’œil à l’histoire, à votre parcours et à vos travaux.

Votre parcours d’abord est déjà transnational. Vous avez quitté votre pays de naissance, les Pays-Bas, avez vécu en Argentine, puis en Italie, avez étudié en France à l’Université de Poitiers, aux Etats-Unis aux Universités de Notre Dame (Indiana) et de Chicago où vous avez été ensuite enseignante. Vous êtes actuellement professeure à l’Université de Columbia.

Vos études à Poitiers se sont déroulées au sein du tout nouveau Centre de Recherche et de documentation sur Hegel et Marx, créé en 1969-1970, à l’initiative du Professeur Jacques D’Hondt. Vous avez étudié sous sa direction et obtenu une maîtrise de sciences humaines en 1974. Nous le saluons aujourd’hui bien qu’il n’a pas pu répondre à notre invitation. Après un doctorat à l’Université de Notre Dame, vos premiers travaux portent sur les communautés de migrants et vous conduisent à l’étude des villes d’accueil. La sociologie urbaine est le fil conducteur de vos recherches et sert de toile de fond à vos interventions et aux nombreuses invitations comme chercheuse et comme expert sur des questions qui convergent toutes vers l’étude de la globalisation.La salle de conseil de l'Université de Poitiers

Photo: Salle des conseils de l’Université de Poitiers, cérémonie d’attibution de Doctorat Honoris causa à Saskia Sassen.                  De gauche à droite: J.P. Gesson, Président de l’Université de Poitiers, S. Finding, Directrice du MIMMOC, S. Sassen, O. Bonneau, Vice-président à la Recherche, D. Moncond’huy, Doyen de l’UFR Lettres et Langues.

Vous avez été membre du Groupe de recherches sur la restructuration économique aux États-Unis et au Japon, financé par le United Nations Centre on Regional Development et le MIT (1988-1990); des groupes de travail du Social Science Research Council sur la ville de New York City, financé par la Russell Sage Foundation (1985-1990) et sur les politiques publiques envers la communauté hispanique, finance par la Ford Foundation (1987-1991). Vos travaux comparatistes sur New York et Londres ont été financés par l’Economic Social Research Council du Royaume-Uni et soutenu par le Woodrow Wilson Center, Washington DC (1992-on). Vous avez travaillé sur un projet d’immigration et de sociologie économique financé par la Fondation Russell Sage (1992-1995) et sur un projet de l’Université de Stanford sur les relations entre le Méxique et les Etats-Unis.

Vous faîtes partie des chercheurs impliqués dans le programme scientifique du Groupe de Lisbon de l’Union européenne et de la Fondation Gulbenkian  (Portugal 1993-). Vous dirigez le projet « villes globales et réseaux transfrontaliers » de l’Institute of Advanced Studies, de la United Nations University à Tokyo et le projet quinquennal « Governance and Accountability in a World Economy ». Vous êtes expert auprès du Ministère de la ville du gouvernement français et de l’Agence sur la science et la technologie auprès du Premier Ministre belge. Vous avez été chercheuse invitée au Wissenshaftszentrum Berlin, à l’Institute for Advanced Studies, Vienne, Autriche, et professeure invitée à la London School of Economics.

Votre recherche couvre des domaines aussi variés que les marchés financiers, la numérisation, les ONG, les industries de l’information et l’économie d’entreprise avancée, « l’économie informelle » et les « nouvelles géographies de la marginalité » (2009, 123) et dépasse les frontières géographiques, politiques et disciplinaires, dans une « lecture décloisonnée » du monde d’aujourd’hui (Gilles Bastin, « Saskia Sassen, sociologue globale », Le Monde des Livres, 27 mars 2009).

Vous avez publié huit ouvrages dans des presses universitaires de Cambridge, Columbia et Princeton, ainsi qu’une trentaine d’articles dans des revues internationaux. Vous avez écrit autant de chapitres d’ouvrages scientifiques et dirigé trois ouvrages collectifs dans les dix dernières années. Vos travaux sont traduits en seize langues. Un aperçu de vos travaux par le biais de ceux qui sont traduits en français suffit à donner une idée de l’envergure de votre pensée : Critique de l’État : Territoire, Autorité et Droits de l’époque médiévale à nos jours, chez Démopolis et Le Monde Diplomatique, 2009; La globalisation. Une sociologie chez Gallimard, 2009; La ville globale – New York –  Londres – Tokyo, chez Descartes, 1996.

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Photo: Saskia Sassen signe le Livre d’Or en présence de J.-P. Gesson, Président deb l’Université de Poitiers, O. Bonneau, Vice-Président à la Recherche, D. Moncond’huy, Doyen de l’UFR Lettres et Langues.

Sortir du cadre semble être votre mot d’ordre: sortir du cadre de l’État-nation (objet d’études) et sortir du cadre disciplinaire (méthodologie). Vous étudiez les communautés transnationales, les réseaux internationaux et infranationaux, dont les universités constituent un exemple historique. Penser l’État, la nation, l’économie, les institutions autrement, mais aussi repenser les cadres des disciplines de la géographie, de la sociologie, et des sciences politiques.

La ville est pour vous à la fois l’objet d’étude, le terrain, et l’outil pour mener à bien l’analyse issue de vos hypothèses. La « ville globale », concept dont vous êtes l’auteure, constitue pour vous le « nœud pour les nouveaux alignements politico-économiques » (2007, 129). Permettez-moi de vous dire que vos travaux sont un nœud pour de nouveaux alignements
intellectuels.

Au sein de l’Université, et pour ramener celle-ci à son expression locale, de l’Université de Poitiers, vos travaux font école. Ils servent de cadre théorique et de positionnement épistémologique aux géographes, aux économistes, aux sociologues, aux juristes, et à tous ceux qui utilise les méthodes de ces sciences. Les domaines spécifiques d’études à Poitiers que vos travaux étudient et éclairent sont l’économie des villes, le développement territorial, les migrations internationales, l’intégration économique, les cultures et les sociétés occidentales, le droit international, intellectuel et commercial.

Dans un souci de clarté, vous poussez la pédagogie dans vos livres jusqu’à prévoir des résumés intitulés « conclusion pour lecteur pressé ». Mais un lecteur pressé passera à côté de la richesse de votre pensée, à la fois heuristique et interdisciplinaire. Vous soulignez à chaque étape de votre démonstration « les défis théoriques et empiriques » que posent vos sujets d’étude. En effet, si le sujet de votre réflexion est la globalisation et le local, les études de territoire, votre pensée est à la fois globale et spécifique.

Vous identifiez des zones de tension entre l’État, la nation et le supra / trans / infra / inter-national. Vous identifiez par exemple la concentration de la gestion des entreprises et l’intégration économique, forces centripète, et l’éclatement ou la dispersion de la production, force centrifuge. Certes, ces phénomènes ne sont pas inconnus, mais votre analyse étudie ceux-ce à la fois dans le détail et dans l’ensemble. Vous vous êtes penchée sur le sort des travailleurs migrants, des la féminisation de cette main d’œuvre, sur l’impact de la numérisation, sur les réseaux inter-frontaliers économiques, culturels, sociaux, sur l’extraterritorialité et les politiques de concurrence, et sur la globalisation des standards occidentaux. Ce faisant vous soulevez des questions d’éthique et de philosophie politique. Vous vous intéressez ainsi au déficit démocratique et à l’autorité étatique des sociétés contemporaines (2009, 85), aux sources de l’inégalité structurelle du développement interne de l’État (2009, 81), à la dénationalisation de classes sociales et de l’activité de l’état (2009, 182, 190). Vous identifiez des « microstructures localisées de la société civile globale » (2009, 195) et vos analyses ont contribué à l’émergence d’une sociologie géopolitique et d’une « contre-géographie de la globalisation »
(2009, 320, note 7). 

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Photo: De droite à gauche : Saskia Sassen, Philippe Cauvet, (Poitiers) Pascale Drouet (Poitiers), Philippe Poirier (Coordinateur du Programme de Recherche sur la Gouvernance Européenne, Université du Luxembourg), Philip McCann (The University of Groningen Endowed Chair of Economic Geography,  Special Adviser to Johannes Hahn, European Commissioner for Regional Policy), Susan Finding.

Au final, vous nous obligez à reconsidérer les angles d’étude de nos propres sujets de recherche. Plutôt que résoudre des paradoxes, répondre aux interrogations, prouver les postulats, vous posez les questions, dégagez des pistes de réflexion et évoquez des hypothèses. Comme vous le dîtes vous-même, vous vous efforcez de « dessiner une problématique conceptuelle plutôt que de fournir les réponses ». Fidèle à votre formation première, vous apportez une dimension philosophique à des questions contemporaines hautement techniques. Vous nous faîtes honneur en tant qu’ancienne étudiante de philosophie ici même il y trente ans et vous nous honorez de nouveau par votre présence parmi nous aujourd’hui.  Pour vous citer, on peut dire que vous êtes « partout une étrangère, partout chez vous » et en particulier ici.

(1) Poitiers ou le parcours dialectique de Saskia Sassen, entretien avec Alexandre Duval, L’Actualité Poitou-Charentes, janvier-mars 2011.

Un cocktail détonnant – les résultats de l’élection 2010 – nouvelle donne mais pas sans précédent

Le gouvernement de coalition au Royaume-Uni, formé, avec difficulté, après les élections législatives du 6 mai 2010, a été salué comme un retour à un ultra-conservatisme rehaussé d’une pointe de modernisme, avec la nomination de membres à la droite du parti conservateur assortis d’une demi-douzaine de ministres issus du parti libéral-démocrate.

L’absence prévisible de majorité claire – le scénario d’un ‘parlement suspendu’ fut évoqué plusieurs mois avant que la date de l’élection ne soit connu – et l’absence de règles constitutionnels fixes, ou de pratiques anciennes pouvant servir de modèle, était connues.

Malgré cela, il a fallu quatre jours de tractations prolongées entre les conseillers de chacun des trois partis sortis des urnes avec un nombre de sièges suffisants pour figurer dans les négociations pour se résoudre à refuser l’offre des uns (parti libéral démocrate – parti travailliste) et accepter les conditions des autres (parti conservateur – parti libéral démocrate).

Néanmoins, le 12 mai, lors de la conférence de presse dans les jardins de la résidence officielle du premier ministre au 10, Downing Street, les journalistes, sceptiques, se demandant combien de temps cela pourrait durer (The Economist, 16 mai), ont comparé David Cameron, premier ministre, et Nick Clegg, vice-premier ministre, à un couple de jeunes mariés heureux, se chamaillant dans une évidente bonne humeur, sans doute la conséquence de l’euphorie de la victoire et du succès électoral enfin confirmé.

Un mois après ces événements de mai qui ont tenu les britanniques en haleine pendant une bonne semaine, et alors que la ‘lune de miel’ du nouveau couple semble assombrie par les questions d’argent – l’annonce de coupes sombres dans le budget prévu pour le 22 juin ne va rien arranger – que pouvons-nous en conclure ?

Indubitablement 2010 verra le paysage politique britannique changer autant qu’en 1997. Il y a plusieurs similitudes entre les deux élections de 2010 et de 1997. Elles ont toutes les deux amené au pouvoir une nouvelle génération de politiciens, jeunes (la quarantaine) et sans grande expérience ministérielle. Elles ont également toutes les deux été accueilli par une certaine liesse, liesse engendrée par la lassitude qui s’était installée quant aux précédents occupants des lieux.

Tony Blair est parti au moment où sa popularité pâtissait de l’engagement britannique en Irak et en Afghanistan. Son morne successeur était respecté pour sa gestion des affaires, mais sans charisme. Le jour où, sur le perron de 10, Downing Street, Gordon Brown a déclaré qu’il renonçait à former un gouvernement, il a, pour la première fois en une telle occasion, démontré son côté ‘humain’ et souriant, en tenant ses deux jeunes garçons par la main, comme si le fardeau de l’état venait de tomber de ses épaules, et annonçait qu’il quittait le deuxième poste le plus important de sa vie et qu’il chérissait encore plus le premier, celui de mari et de père.

Les deux élections de 1997 et 2010 se ressemblent également par la mise en œuvre immédiate de réformes profondes et attendues. L’effet d’annonce qu’opèrent les premières réformes indiquent clairement le cap que souhaite garder un nouveau gouvernement. En 1997, ce furent les domaines de l’éducation et de la réforme constitutionnelle qui comprenait l’autonomie des nations galloise et écossaise –devolution– qui ont été actés dès juillet annonçant tout un champ de réformes sociales et politiques. En 2010, ce sera le budget d’austérité qui primera.

Les commentateurs britanniques s’étonnent de l’aisance avec laquelle ce gouvernement de coalition fonctionne. Les comités, les ‘jumelages’ de postes, les visites en duo – Nick Clegg accompagna le ministre des affaires étrangères William Hague en visite officielle en Allemagne –, la présence de documents, et plus important, de politiques libéral-démocrates, sur les bureaux de ministres conservateurs. Les contraintes viendront de la façon dont David Cameron réussit à tenir ses troupes, à convaincre le parti conservateur, les députés plus âgés, les députés plus à droite du parti, à renouveler leurs pratiques, à accepter des compromis.

La donne est en effet nouvelle mais n’est pas sans précédent.

Avant 1997 le gouvernement britannique à Westminster fonctionnait selon le système politique traditionnel, avec des élections uninominales à un tour, produisant un gouvernement et une opposition officielle consacrée et un bipartisme fonctionnel. Depuis 1997, la mise en place des assemblées et d’un gouvernement ‘dévolu’ avec une autonomie relative quant aux affaires non-réservées au parlement de Westminster, avec un système électoral composé d’un mélange de vote uninominal à un tour et de représentation proportionnel ont changé la donne.

Les commentateurs rappelaient que le dernier parlement sans majorité nette remonte à 1974, lorsqu’il a fallu deux élections législatives en un an (février et octobre) pour asseoir le gouvernement travailliste de Harold Wilson. Ils se souvenaient aussi de l’alliance entre les travaillistes et les libéraux de 1978, destinée à maintenir au pouvoir le gouvernement travailliste en perdition de James Callaghan.

Les analystes du paysage politique britannique ont omis de considérer l’impact de cette nouvelle configuration. Nick Clegg a récemment déclaré qu’il fallait s’inspirer du succès des modèles européens de gouvernements de coalition. Venant du plus européen des leaders politiques britanniques, il n’est pas surprenant de le voir faire de telles comparaisons. Mais il en oublie de regarder les pratiques nouvelles à domicile, au sein du Royaume-Uni.

Les gouvernements de coalition ne sont pas étrangers à l’électorat
britannique
.

« 2007 a ouvert une nouvelle phase dans le jeu politique de la gouvernance territoriale à l’échelle britannique. En Écosse, le SNP (Scottish National Party) a remporté un succès historique, mettant un terme à la domination exercé depuis 8 ans par la coalition Lib/Lab, parvenant à former un gouvernement – certes minoritaire – pour la première fois de son existence. Au même moment, le pays de Galles passait d’une situation politique dominée exclusivement par les travaillistes à une coalition entre ces derniers et les nationalistes. En Irlande du Nord, après cinq ans d’interruption, le gouvernement décentralisé a été rétabli et une coalition politique formée de quatre partis s’est mise en place »[1], obligeant des frères ennemis, Ian Paisley (parti unioniste) et Martin McGuinness (Sinn Fein), à travailler ensemble à la tête de l’exécutif.

L’autonomie accordée à l’Écosse, au pays de Galles et à l’Irlande du nord, a donné l’occasion de s’habituer pendant une douzaine d’années à plusieurs composants politiques nouveaux : des scrutins proportionnels (les élections européennes sont une autre occasion, mais restent très marginales et distantes pour les électeurs); un gouvernement sans majorité ; la pratique du pouvoir consensuel, en coalition, parfois multiple, et non dans le schéma classique du bipartisme. Le prochain test électoral des ce nouveau cocktail se tiendra le 5 mai 2011 lors des élections aux législatifs dévolus en Écosse, au pays de Galles et en Irlande du Nord.  En ce sens, les élections législatives britanniques de 2010 sont non pas un retour en arrière, mais un pas de plus dans la reconfiguration du paysage politique au Royaume-Uni.


[1] Philippe Cauvet, Susan Finding, « La territorialisation et la gouvernance des identités minoritaires », Introduction, dans Susan Finding, Moya Jones, Philippe Cauvet, ‘Unfinished Business’. Governance and the four nations : devolution in
the UK.,
Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2010,  p.29.

11 septembre : témoignages américains sur le campus

La Nouvelle République, 9 septembre 2011.

Joël Maybury, consul des États-Unis à Bordeaux, et Ted Widmer, historien et ancien conseiller de Bill Clinton, se sont exprimés sur les attentats.

Ted Widmer et Joël Maybury entourés de Susan Finding, Christelle le Billan et Saïd Ouaked, maîtres de conférence. (Légende photo parue avec l’article non reproduite ici).

Ils font face à des étudiants, des chercheurs. Ils racontent le 11 septembre 2001, les conséquences des attentats terroristes qui plongèrent le pays dans le deuil. Hier, l’université de Poitiers a reçu Joël Maybury, consul des États-Unis à Bordeaux, et Ted Widmer, historien de la Brown University et ancien conseiller de Bill Clinton, dans le cadre d’un colloque sur le thème « Le 11 septembre 2001 dans le monde : politiques, cultures, identités. » Un colloque organisé par une fédération de laboratoires de recherche et d’enseignement universitaires en Limousin, Poitou-Charentes. « Cette manifestation fait partie d’un projet de recherche en civilisations contemporaines, explique Susan Finding, directrice du laboratoire de Poitiers. Le 11 Septembre est un cas d’étude intéressant dans la gestion de la crise et l’après conflit. »

Dans la salle de conférence, la voix de Joël Maybury s’élève. Ce 11 septembre, il suivait une formation à quelques centaines de mètres du Pentagone, à Washington, quand les sirènes, les bruits d’explosion, ont envahi l’espace. « Et puis il y a eu un grand silence. Nous entendions les oiseaux chanter. » Les États-Unis ont subi de lourdes pertes. « Mais
le peuple américain est fort. Il a su se relever »,
souligne le consul.

« Il est important de se souvenir, affirme Ted Widmer. Mais c’est aussi très difficile car ces attentats font encore partie de notre présent. » Même si cet événement s’apprête à entrer dans l’Histoire. Ted Widmer en est bien conscient. « Les Américains ont puni ces attentats par l’élimination de Ben Laden, reprend l’historien. Un criminel a été condamné et nous en éprouvons du soulagement. » La commémoration du dixième anniversaire des attentats devrait permettre de tourner une dernière page. « Le président Obama va honorer ce jour, commente Ted Widmer. C’est un homme porté par de bonnes intentions. Il devrait permettre au peuple américain d’écrire un nouveau chapitre. »

Magalie Lépinoux

Le parti libéral au Royaume-Uni hier et aujourd’hui : aux marges ou au centre?

Les Cahiers du MIMMOC, No. 7 Etudes réunies et présentées par Susan Finding et Trevor Harris Publiées en ligne le 01 septembre 2011

 Des membres du parti libéral appartiennent au gouvernement britannique à nouveau depuis mai 2010 après en avoir été écartés depuis quatre-vingt cinq ans. Le parti libéral, majoritaire en 1906, devient minoritaire à partir de 1910. Le gouvernement est néanmoins resté aux mains de libéraux, au moins partiellement, jusqu’en 1924. De même, membre de la coalition gouvernementale en 2010, le parti libéral n’a pas été sans influence sous les gouvernements précédents. L’histoire se répète-t-elle? 

Les articles présentés ici ont été majoritairement présentés à une journée d’études tenue le 18 mars 2011 à la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université de Poitiers, organisée par les groupes de recherche MIMMOC (EA 3812) et GRAAT (EA 2113).  Les communications peuvent être vues en ligne sur UPtv, la chaine internet de l’Université de Poitiers. 

Les émeutes 2011 à Londres : repères historiques et comparaisons géographiques

The eruption of unprecedented riots in London and their emulation in other English towns in August 2011 led to much chest-beating and heart-searching. This book puts some of the questions asked into perspective.

http://www.c-s-p.org/flyers/9781443821506.jpgKeeping the Lid on: Urban Eruptions and Social Control since the 19th Century
Editor: Susan Finding, Logie Barrow and the late François Poirier
Date Of Publication: Jul 2010
Isbn13: 978-1-4438-2150-6
Isbn: 1-4438-2150-0

The contributors to this book have explored various aspects of urban imagination, so intimately related to a peculiar social environment. They are historians and geographers, linguists and cultural students. Their methodologies are very different, their sources poles apart. And yet, they address the same object of study, social and spatial segregation and urban eruptions, though severally defined: from epidemics to anarchist scares, urban uprisings to mental maps, or the reverberations of urban memories in song, novels and museums. Case studies consider the towns of Liverpool, London, Hull, New York, Salvador de Bahia, or more generally France and America. The networks created among intellectuals and labourers, anarchists and migrants, or the lack of communication between those who feel oppressed (rioters, strikers, anti-vaccination protesters) and those in control, are a further common denominator.

In a way, urban epidemics were the epitome of the repulsive character large cities possessed in the eyes even of their own inhabitants. If they were the receptacle of so many foreigners, and shady political characters, if they were the scenes of social and ethnic conflict, and violence, and promiscuity, and prostitution, and drunkenness, and pauperism, they were of necessity a festering sore which nothing could eradicate.

It is strange that something of this fear should linger on today—otherwise, how can one explain the lacunae in the official memory of museums?—despite the cultural efforts produced in the opposite direction, with Ackroyd’s love for East-End London, with the revival of a Little Italy in every major American city, with the nostalgic folklorisation of past miseries in Salvador de Bahia and in popular song. What sense of belonging can be generated by an obliteration of the past, what dynamic local culture can spring from an absence, from a hole in collective memory? This book goes some way to filling those gaps.

Susan Finding, Professor in British Studies, has taught at Poitiers Univerity since 1987, after gaining her DPhil from the University of Sussex. Her research interests lie in social and political history, notably on questions of education and family policy in the 19th and 20th centuries. She most recently edited Abolition in Britain (1787–1840): Debate and Dissension (Paris: Sedes, 2009).

Logie Barrow taught the social history of all more or less English-speaking countries outside North America at the University of Bremen from 1980 to 2008. He retired so as to spend more time researching history. He is the author of Democratic Ideas And the British Labour Movement, 1880–1914, with Ian Bullock, (2nd edition; Cambridge University Press, 2006) and Independent Spirits: Spiritualism and English Plebeians, 1850–1910 (Routledge & Kegan Paul, 1986).

François Poirier (†2010) was Lecturer at Université Paris 8, before he was appointed to a professorship at neighbouring Université Paris 13 in 1993. He published extensively on issues related to British politics, English social history, and Franco-British interaction. He sat on numerous academic boards in France and abroad. Among other books, he edited Londres, 1939–1945 (Paris: Autrement, 1995); News from Nowhere: William Morris (Paris: Armand Colin, 2004) with Elizabeth Gaudin; and Cordiale AngleterreRegards trans-manche à la belle époque (Paris: Ophrys, 2010). The present volume is one of many tributes to him.

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