En dehors des Métropoles, point de salut ? Une analyse critique de la note de France Stratégie

France stratégie vient de publier une note intitulée “Dynamiques de l’emploi et des métiers : quelles fractures territoriales?”, sous la plume de Frédéric Lainé. L’auteur exploite des données sur l’emploi des 25-54 ans sur longue période et montre que sur la période la plus récente (2006-2013), les “métropoles”, c’est à dire Paris et le paquet des 12 plus grandes villes de province, connaissent une croissance positive, alors que les autres tranches de taille d’aires urbaines régressent. D’où la première phrase de la note : “Le début du XXIe siècle est marqué par un mouvement de concentration de l’emploi dans une douzaine de métropoles françaises”. La messe est dite, la presse s’en est emparée, titrant en gros qu’en dehors de cette douzaine de métropoles, point de salut.

Le contenu est pourtant plus nuancé que ce que la presse en a retenu, mais encore fallait-il lire jusqu’au bout : Frédéric Lainé montre notamment l’importance des effets de structure dans ces évolutions (les métropoles sont tirées par la croissance plus rapide des métiers de cadre, plus présents en leur sein), il explique aussi que les métropoles sont un ensemble hétérogène, et que d’autres effets comptent, notamment l’existence d’effets macro-régionaux.

Passons sur cela, revenons à l’affirmation initiale : en dehors d’une douzaine de métropoles, point de salut ? Non, je vous propose de le montrer en quelques chiffres.

J’ai récupéré sur le site de l’Insee l’emploi total par commune pour 2008 et 2013, ainsi que l’emploi correspondant aux fonctions dites métropolitaines (conception-recherche, culture-loisir, gestion, commerce inter-entreprises, prestations intellectuelles) et parmi elles les emplois de cadre. J’ai agrégé cela par Aire Urbaine (771 aires urbaines), puis j’ai fait quelques calculs.

Si l’on raisonne par paquets d’Aires Urbaines comme le fait l’auteur, effectivement, Paris et les 12 aires les plus grandes ont une croissance positive, les autres une croissance négative ou nulle. Je n’ai pas tout à fait les mêmes résultats car je ne suis pas sur la même période (2008-2013 contre 2006-2013) et pas tout à fait la même population (ensemble des actifs pour moi, 25-54 ans pour lui), mais c’est qualitativement similaire : la croissance de l’emploi France entière a été de 0,8%, elle a été de 1,3% pour Paris, 3,2% pour les 12 métropoles, 0,02% pour les Aires de 50 000 à 200 000 emplois et -1,6% pour les Aires de moins de 50 000 emplois.

Sauf que ce sont des moyennes et que raisonner sur des moyennes conduit à dire beaucoup de bêtises : certaines des 12 métropoles sont dynamiques, d’autres moins. Certaines des aires de taille inférieure sont dynamiques, plus que nombre de métropoles, d’autres moins.

Regardons le sous-ensemble des aires de plus de 50 000 emplois, soit les 68 aires urbaines les plus grandes, et voyons quelles sont les vingt plus dynamiques (les “métropoles” sont indiquées par une *) :

Aire urbaine emploi 2008-2013
Douai – Lens* 8.1%
Limoges 7.4%
Toulouse* 6.8%
Montbéliard 6.8%
Nantes* 6.6%
Alès 5.8%
Bordeaux* 5.8%
Lorient 5.4%
Mulhouse 5.3%
Chambéry 4.6%
Lyon* 4.5%
Grenoble* 4.0%
Poitiers 3.7%
Quimper 3.3%
Beauvais 3.2%
Valence 3.0%
Périgueux 2.9%
Lille (partie française)* 2.7%
Saint-Quentin 2.6%
Annecy 2.4%

Ce n’est pas parce que en moyenne les aires comprises entre 50 000 et 200 000 emplois ont une croissance nulle que chacune connaît une croissance nulle, comme on le voit…

A contrario, comme indiqué dans la note, la croissance moyenne des 12 métropoles masque des disparités : baisse de l’emploi de 0,8% sur Nice et de 0,7% sur Rouen ; croissance inférieure à la moyenne pour Strasbourg (+0,1%) et pour Toulon (+0,2%), juste au dessus de la moyenne pour Tours (+0,9%). Cinq métropoles sur douze patinent, on a fait mieux comme modèle générique de développement…

Idem si l’on restreint l’analyse aux cadres des fonctions métropolitaines. Leur croissance a été France entière de 10,6%, 9,3% sur Paris, 15,9% sur les 12 métropoles et 8,6% sur les aires de 50 à 200 000 emplois. Mais de 26,1% à Niort, qui truste la première place, ou 22,4% à Lorient, troisième derrière Douai-Lens, tandis qu’elle n’est que de 6,7% à Nice, 7,2% à Rouen ou 7,6% à Strasbourg.

Pour identifier plus rigoureusement l’existence éventuelle d’un effet taille des métropoles, il convient de passer à l’économétrie. Résultat des courses : pas d’effet taille significatif si l’on raisonne sur l’ensemble de l’emploi ou sur l’emploi des fonctions métropolitaines. Effet faiblement significatif (au seuil de 5% mais pas au seuil de 1%) pour le sous-ensemble des cadres des fonctions métropolitaines, mais les différences de taille n’expliquent alors que moins de 5% des différences de taux de croissance. Résultats conformes à ceux obtenus sur la croissance de l’emploi privé, voir cet article pour des détails.

Bref, il y a un salut en dehors des métropoles, et évitez de raisonner sur les moyennes pour ne pas dire trop de bêtises…

Croissance de l’emploi et croissance du chômage : quelle(s) relation(s) ?

Dans mon dernier billet consacré à la géographie des taux de chômage, j’indiquais en conclusion qu’il ne fallait pas aller trop vite en besogne lorsqu’on observait un taux de chômage faible sur un territoire donné : un taux de chômage faible est compatible avec un territoire dynamique en matière de création d’emploi, mais aussi avec un territoire déprimé, les personnes à la recherche d’un emploi prospectant hors zone.

Pour avancer un peu sur cette question, j’ai collecté des données sur le chômage et sur l’emploi total par zone d’emploi (304 zones en France métropolitaine), sur la période la plus longue disponible sur le site de l’Insee, à savoir la période 2003-2012.

Première exploration très simple : j’ai calculé le taux de croissance annuel moyen pour les deux indicateurs et la corrélation entre ces deux variables. On s’attend à ce que le taux de croissance du chômage soit lié négativement au taux de croissance de l’emploi. Est-ce le cas ?

cho_empL’allure du nuage de points semble indiquer que c’est le cas, ce que confirme l’estimation de la régression : une hausse de 1% du taux de croissance de l’emploi se traduit par une baisse de 0,6% du taux de croissance du chômage, le coefficient est significatif au seuil de 1%. La qualité de la relation est cependant assez faible, le R² étant de 23% (en gros, les différences de taux de croissance de l’emploi n’expliquent “que” 23% des différences de taux de croissance du chômage).

Deuxième exploration, plus intéressante je trouve : je me suis focalisé sur le quart des zones d’emploi qui présentent les plus faibles taux de chômage en 2012. Pour cadrer les choses, en 2012, la moyenne simple des taux de chômage est de 9,4% ; la valeur minimale est de 4,5%, la valeur maximale de 16,8%. Le premier quartile, qui permet de repérer les 25% de zones aux plus faibles taux de chômage, est de 7,8%.

J’ai ensuite calculé la médiane du taux de croissance annuel moyen de l’emploi sur 2003-2012 : elle est de 0,06% (ce qui signifie que 50% des zones ont un taux de croissance inférieur à cette valeur et 50% un taux supérieur). Idem pour le taux de croissance du chômage, la médiane est de 2,1%. On peut alors ranger les 76 zones d’emploi qui ont les plus faibles taux de chômage dans quatre cases :

croissance du chômage
faible forte Total
croissance de l’emploi faible 11 14 25
forte 30 21 51
Total 41 35 76

Les situations attendues sont les 30 zones qui ont une forte croissance de l’emploi (c’est-à-dire un taux de croissance supérieur à la médiane)  et une faible croissance du chômage (croissance du chômage inférieur à la médiane) et les 14 zones qui ont une faible croissance de l’emploi et une forte croissance du chômage, soit 44 zones sur les 76. Situation moins attendue pour les 32 autres zones : 11 zones connaissent une faible croissance de l’emploi qui n’entame pas leur taux de chômage, on peut penser qu’il s’agit de zones peu dynamiques qui ont tendance à voir partir leurs actifs ; 21 zones connaissent une croissance forte de l’emploi et du chômage, elles restent cependant dans le quartile des plus faibles taux de chômage en 2012, signe peut-être que ces zones attirent des actifs mais ne peuvent répondre à l’ensemble de la demande.

J’ai construit la carte permettant de visualiser ces quatre ensembles de zones (la taille des cercles est proportionnelle au nombre d’emploi en 2012) :

carteLa situation sans doute la plus enviable concerne les zones en vert : forte croissance de l’emploi, faible croissance du chômage. On trouve quelques grandes villes (Nantes, Rennes, Grenoble, des zones d’Ile-de-France comme Saclay), des villes de taille moyenne (Niort, Besançon, Pau, …) et des territoires de plus petite taille (Le Blanc, Chinon, Pontarlier, Bressuire, …).

Les zones en jaune présentent une croissance de l’emploi et du chômage supérieure à la médiane. On y trouve principalement des villes de taille moyenne, comme Poitiers, La Roche-sur-Yon, Cholet, le Genevois Français, …

Les zones en rouge présentent une faible croissance de l’emploi et du chômage. Toutes (sauf la zone d’emploi de Houdan) présentent un taux de croissance de l’emploi négatif. On y trouve quelques zones d’Ile-de-France (Houdan, Rambouillet, Etampes), des villes de l’Est (Wissembourg en Alsace, Morteaux ou Saint-Claude en Franche-Comté) et du centre de la France (Ussel, Mauriac, Saint-Flour).

Les zones en bleu, enfin, combinent croissance faible de l’emploi et croissance forte du chômage. Presque toutes ont également un taux de croissance de l’emploi négatif, elles sont plutôt de moyenne et petite taille. On y trouve Nemours, Epernay, Laval, Tulle, Aurillac, …

Si vous voulez le détail de ces zones, vous pouvez télécharger ce document (pdf) qui reprend leur nom, l’emploi en 2012, les taux de chômage 2003 et 2012 ainsi que les taux de croissance de l’emploi et du chômage entre les deux dates.

Pour conclure : il y a toujours des limites à ce type d’exercice, on rate notamment ici les interdépendances entre les zones d’emploi. On voit sur la carte que des zones proches sont dans des situations différentes, sans doute certains mouvements entre zones expliquent-ils ce que l’on observe. Il faudrait pour le savoir travailler sur des données de flux, analyser par exemple l’évolution des déplacements domicile-travail entre ces zones. Affaire à suivre, donc…

L’avantage économique apparent des métropoles : un problème de méthode de calcul ?

Lors de la diffusion de notre texte “Les métropoles, horizon indépassable de la croissance économique?”, je vous avais promis une version courte du texte car on sait bien que certains de nos lecteurs sont un brin fainéants votre temps est précieux.

Voilà qui est fait. La version courte est disponible sur le site du Labex “Structuration des Mondes Sociaux” (Labex SMS), plus précisément sur le site “Question de méthode” rassemblant des textes de réflexion méthodologique. Cliquez ici pour y accéder. N’hésitez pas à regarder également les autres textes. Et à nous faire part de tout commentaire, ici ou là-bas.

Hausse du niveau de formation et chômage : évitez de dire trop de bêtises…

Le Cereq a publié un document intitulé “Sortants du supérieur : la hausse du niveau de formation n’empêche pas celle du chômage”. Ce document exploite les enquêtes à trois ans des sortants du système éducatif de la génération 2004 (enquêtés en 2007) et de la génération 2010 (enquêtés en 2013).

Résultat : le taux de chômage augmente pour toutes les catégories de sortants, passant par exemple de 6,8% à 10,2% pour les Masters et de 7,3% à 11,2% pour les bacs +2 ou 3 ; seuls les docteurs voient leur taux de chômage reculer.

Pierre Dubois s’en inquiète sur son blog en titrant “sorties du sup : quel gâchis !”. Le Monde a également publié un article sur le sujet en interrogeant deux sociologues, Marie Duru-Bellat et Camille Peugny, la première dénonçant la course au diplôme et expliquant “Tout le monde ne peut pas être ingénieur ou manageur. Le marché des diplômés est mondial, et la concurrence est forte.” (sic…)

Je suis allé chercher les données dans le document du Cereq pour me livrer à quelques calculs complémentaires. En effet, déduire de la hausse du taux de chômage des diplômés de Master que faire un Master ne sert à rien est ridicule si, dans le même temps, la situation macroéconomique s’est dégradée, poussant à la hausse le taux de chômage de l’ensemble de la population. Il convient donc d’étudier l’évolution relative du taux de chômage par niveau de diplôme. D’où les deux tableaux suivants :

G2004 G2010 G2010/G2004
non diplômés de l’ESR 15,8 23,1 1,46
bac+2 et +3 7,3 11,2 1,53
M1 et M2 6,8 10,2 1,50
Doctorat 7 5,8 0,83
Ensemble 8,7 13 1,49
taux insee 7,1 9,9 1,39

Les cinq premières lignes de ce premier tableau reprennent les données Cereq par niveau de diplôme et pour l’ensemble des sortants (ligne “ensemble”). La dernière ligne correspond aux taux de chômage, récupérés sur le site de l’Insee, pour l’ensemble de la population. On constate que, hormis les docteurs, les taux de chômage ont tous été multipliés en gros par 1,5, un peu plus pour les bacs+2 et 3, un peu moins pour les non diplômés. Le résultat principal est ailleurs : la crise a affecté plus fortement les sortants du système éducatif que l’ensemble de la population, dont le taux de chômage n’a été multiplié “que” par 1,4.

Deuxième tableau, qui rapporte les taux de chômage de chaque catégorie au taux de chômage des non diplômés de l’enseignement supérieur :

G2004 G2010 G2010/G2004
non diplômés de l’ESR 1,00 1,00 1,00
bac+2 et +3 0,46 0,48 1,05
M1 et M2 0,43 0,44 1,03
Doctorat 0,44 0,25 0,57
Ensemble 0,55 0,56 1,02
taux insee 0,45 0,43 0,95

Ces ratios permettent de dire des choses sur l’intérêt de poursuivre ses études : être diplômé de l’enseignement supérieur plutôt qu’être non diplômé divise par plus de deux le risque d’être au chômage…

Conclusion? i) La crise explique une bonne part de l’évolution du taux de chômage des sortants du système éducatif, ii) elle les touche plus fortement que les générations déjà présentes sur le marché du travail, iii) poursuivre ses études reste le meilleur moyen de se prémunir du risque de chômage, la protection absolue est moins bonne mais la protection relative est globalement stable (comme le dit d’ailleurs Camille Peugny dans l’article du Monde).

Précision importante : dans les tableaux ci-dessus, les non diplômés sont les non diplômés de l’enseignement supérieur. Des jeunes qui ont entamé des études supérieures mais n’ont pas réussi à décrocher un diplôme. Dans cet autre document du Cereq, vous constaterez que les non diplômés dans leur ensemble ont vu leur taux de chômage être multiplié par 1,5 (il passe de 32% à 48%), quant aux diplômés du secondaire (CAP, BEP, Bac), il a été multiplié par 1,67 (de 15% à 25%). Ce sont les diplômés du secondaire qui ont vu leur situation se détériorer le plus et c’est l’ensemble des non diplômés qui est le plus exposé au risque de chômage (taux de près de 50%…).

Pour conclure, je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème avec le fonctionnement du marché du travail français et du système éducatif français. De manière générale, il me semble que les diplômes comptent beaucoup trop en France et qu’un jeune ayant raté la marche autour de ses 18 ans risque d’en souffrir toute sa vie professionnelle, bien plus que dans d’autres pays. Il n’en demeure pas moins que, dans ce contexte, poursuivre ses études reste le comportement le plus rationnel pour accéder à l’emploi et obtenir des rémunérations plus importantes.

Comment réduire le chômage?

C’est le titre d’un point de vue sollicité par L’Humanité, qui avait demandé un texte court (3800 signes) sur le lien emploi et territoires. Texte co-écrit avec Emilie Bourdu, Chargée d’études à la Fabrique de l’Industrie et chercheure associée au CRIEF.

N’hésitez pas à commenter ici où là-bas.

Une nouvelle quantification des délocalisations

L’Insee vient de publier les résultats d’une nouvelle étude qui vise à mesurer les délocalisations opérées par des entreprises françaises. Les chiffres portent sur la période 2009-2011.

On y apprend que 4,2% des entreprises de 50 salariés ou plus ont délocalisé, chiffre qui monte à 8,8% dans l’industrie manufacturière et les services de l’information et de la communication. Ces délocalisations ont lieu majoritairement dans l’Union Européenne (55% des opérations), avant tout dans l’UE à 15 (38%). L’Afrique arrive derrière (24%), suivi de la Chine (18%) et de l’Inde (18%).

Quel impact sur l’emploi? L’enquête estime à 20 000 le nombre d’emplois détruits sur 2009-2011 pour motif de délocalisation, soit 6 600 en moyenne par an, soit encore 0,3% de l’emploi salarié en 2011. Parmi eux, 11 500 relèvent de l’industrie manufacturière, soit 0,6% de l’emploi salarié de l’industrie manufacturière.

L’étude réalisé a également été conduite dans d’autres pays de l’Union Européenne, ce qui permet de construire ce graphique :

deloc

La France est l’un des pays les moins touché de l’échantillon.

Tous ces chiffres sont globalement conformes à ceux produits par d’autres études. Les délocalisations existent, mais elles pèsent beaucoup moins qu’on l’imagine et contribuent beaucoup moins que d’autres processus aux destructions d’emplois.

Faut-il prolonger ses études en période de crise?

C’est en quelque sorte la question traitée par l’Insee dans ce document qui vient juste de paraître. Avec plusieurs résultats intéressants :

  • les jeunes sont plus fortement affectés par la dégradation de la conjoncture (moins d’embauche, temps d’attente plus long, salaire moindre), ce qui pourrait les inciter à rester dans le système éducatif afin d’attendre des jours meilleurs,
  • ce n’est pas vraiment ce qu’ils font cependant : l’analyse empirique développée dans le document montre que seuls 0,4% des jeunes scolarisés de 16 à 24 ans prolongeraient d’un an leur scolarité quand le taux de chômage des jeunes augmente de 3 points. Le jeune est peu réactif, donc,
  • résultat essentiel : les effets d’une mauvaise conjoncture quand on entre sur le marché du travail s’estompent assez rapidement. Après quatre ans, les taux d’emplois et la part des emplois en CDI sont les mêmes, quelle que soit la conjoncture initiale,
  • différences hommes/femmes cependant : quand un homme de 15 à 24 ans entre sur le marché du travail, une hausse d’un point du taux de chômage baisse de 0,3% son salaire moyen. Pour les femmes, c’est 0,8%. Et alors que les différences s’estompent pour les hommes au bout d’un an, elles durent plus longtemps pour les femmes : cinq ans après leur sortie du système éducatif, elles sont plus fréquemment à temps partiel, notamment pour les plus diplômées. Dans ce contexte, ça peut valoir le coup de prolonger un peu…

L’absence (relative) de persistence des effets n’était pas gagnée d’avance. En effet, les résultats des travaux empiriques sur le sujet sont assez contrastés et varient selon les pays (voir ce document pour une revue de la littérature théorique et empirique). Dans certains cas, ce n’est pas top : effet de 6 ans dans une étude sur l’Allemagne, de 12 ans dans une autre étude japonaise, effet sur toute la période 25-36 ans de jeunes sortis entre 15 ans et 19 ans en Norvège. Ce qu’on peut expliquer par le fait que connaître une période de chômage peut être vu plus ou moins longtemps par les employeurs comme un signal négatif, ou par le fait que connaître une telle période de chômage, c’est accumuler moins de compétences que ceux qui, par chance, n’en connaissent pas et qui donc peuvent rester plus ou moins longtemps avantagés par rapport aux premiers.

Le rapport Coe-Rexecode sur la durée du travail en France

J’avais parlé il y a quelques
temps
des erreurs et approximations d’une étude de Coe-Rexecode comparant les performances de la France et de l’Allemagne.

Ils viennent de récidiver en publiant une autre étude où ils comparent les durées de travail en Europe et de laquelle ils pensent pouvoir conclure que i) la durée du travail en France est une des plus
faibles d’Europe, ii) non content de cela, c’est le pays où on a le plus réduit la durée du travail (35 heures, le retour), iii) que ceci a plombé la croissance française et donc l’élévation du
niveau de vie des populations.

Eric Heyer et Mathieu Plane expliquent fort heureusement en 7 pages claires et précises les nombreuses erreurs et approximations de cette nouvelle étude.

Ils sont payés chers les économistes de Coe-Rexecode?