Covid 19, épisode 16 : une nouvelle évaluation de l’impact économique de l’épidémie

Dans son point de conjoncture du 9 avril 2020, l’Insee propose une nouvelle évaluation de la perte d’activité consécutive à l’épidémie et aux mesures de confinement qui ont été prises. Tous secteurs confondus, la perte de plus d’un tiers du PIB (36% exactement) est confirmée.

Alors que dans son premier point de conjoncture en date du 26 mars, l’Insee proposait des prévisions en décomposant l’activité en 5 grands secteurs, il propose cette fois des estimations à une échelle sectorielle plus fine, en 17 secteurs d’activité, ce qui permet de recalculer avec des données plus précises l’impact économique attendue de la crise sanitaire en cours à une échelle infra-nationale.

Voici les prévisions par secteur proposées par l’Insee :

De la même manière que dans mon billet précédent, j’ai appliqué les pertes sectorielles d’activité observées nationalement aux poids des secteurs dans chaque département, ce qui permet d’obtenir les pertes attendues pour chacun d’eux compte-tenu de leurs spécialisations : les pertes seront  d’autant plus fortes que le territoire en question est très spécialisé dans les secteurs les plus touchés et/ou peu spécialisé dans les secteurs les moins impactés. Etant donné que j’utilise des données emplois pour pondérer les secteurs et non pas des données de valeur ajoutée, l’impact France entière obtenu diffère un peu de celui obtenu par l’Insee : il n’est pas de -36%, mais de -41%. A l’échelle des départements, les taux de croissance obtenus varient de -35% pour la Lozère, la Creuse et la Meuse à -47% pour la Savoie et -46% pour la Seine-et-Marne et la Savoie (chiffres détaillés ici). Pourquoi la Lozère est-elle moins impactée ? C’est en raison notamment du poids dans ce département des services non marchands, qui représentent 49% des emplois contre 32% France entière, services non marchands moins impactés que la plupart des autres secteurs. Pourquoi, à l’inverse, la Savoie est-elle si impactée ? En raison notamment du poids du secteur “hébergement et restauration”, secteur le plus récessif (-90% de perte d’activité), qui pèse 12% en Savoie contre 4% France entière.

A noter que la corrélation entre les résultats obtenus avec cette décomposition en 17 secteurs et celle obtenue il y a deux semaines avec la décomposition en 5 secteurs est plutôt bonne, le R² est près de 75%. Les départements qui s’écartent le plus de la relation sont les Deux-Sèvres et les Hauts-de-Seine  d’un côté (l’impact en 17 secteurs est plus faible qu’attendu compte-tenu de l’impact en 5 secteurs) et la Savoie et les Hautes-Alpes de l’autre (impact plus marqué qu’attendu, en raison là encore du secteur “hébergement et restauration”, très récessif, plus que le secteur agrégé “services marchands”).

Le résultat principal reste que l’impact est violent pour tous les départements, mais qu’il semble plus fort encore, compte-tenu de leurs structures productives, pour de nombreux départements de l’Est et de l’Ile-de-France, et relativement moins fort dans la partie Ouest du pays.


Episodes précédents : Episode 1 (comparaisons régionales)|Episode  2 (résidences secondaires)|Episode 3 (sur la mortalité)|Episode 4 (comparaison France Italie)|Episode 5 (cas américain et espagnol)|Episode 6 (diffusion spatiale de l’épidémie)|Episode 7 (géographie des Ehpad)|Episode 8 (prévision décès Ehpad)|Episode 9 (sur la mortalité, suite)|Episode 10 (diffusion spatiale, suite)|Episode 11 (taux de mortalité)|Episode 12 (l’impact économique)|Episode 13 (confinement et mobilités départementales)|Episode 14 (chiffres Insee sur la mortalité)|Episode 15 (distanciation sociale)

5 commentaires sur “Covid 19, épisode 16 : une nouvelle évaluation de l’impact économique de l’épidémie

  1. Peut-être différencier les activités qui repartiront de celles pour lesquelles ce sera plus compliqué. La restauration et l’hôtellerie fonctionneront à nouveau dans les Alpes. Avec les mêmes entreprises ou d’autres. Schumpeter n’y est pour rien. Les touristes reviendront, peut-être plus nombreux s’ils délaissent les lointains voyages. Mais la construction aéronautique toulousaine ? Le joyau du commerce extérieur français. Le modèle de résilience, qui passe les guerres et les changements de statuts sans encombre ? Que fera-t-elle si les compagnies aériennes ne repartent pas ? L’intelligence accumulée se réorientera peut-être vers des activités qui ne nuisent pas au climat. Des respirateurs comme Airbus y réfléchit ?. Le monde de demain sera peut-être meilleur.

  2. Ping : Covid 19, épisode 17 : nouvelles variations sur les taux de mortalité | Olivier Bouba-Olga

  3. Bonjour olivier
    La part dans le PIB tient elle compte du caractère saisonnier de certaines activités ?Typiquement le tourisme dont la part dans le PIB varie fortement
    Merci

  4. Ping : Covid 19, épisode 23 : nouvel évaluation de l’impact économique de l’épidémie | Olivier Bouba-Olga

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