Géographie du monde d’après : assiste-t-on à un “exode urbain” ?

Difficile de répondre à cette question, car on ne dispose pas de données récentes sur les mobilités résidentielles. Pour contourner le problème, j’ai eu l’idée de travailler sur les inscriptions scolaires dans le premier et dans le second degré, avant la crise sanitaire (entre la rentrée 2016 et la rentrée 2019) et depuis le début de la crise (entre la rentrée 2019 et la rentrée 2020 puis entre la rentrée 2020 et la rentrée 2021).

J’en ai tiré une tribune que le Monde vient de publier. Résultat principal ? Si on ne peut évidemment pas parler d’exode urbain, il se passe quelque chose, malgré tout, notamment pour les inscriptions dans le premier degré (donc plutôt pour des couples jeunes) : alors que la dynamique des inscriptions des 22 métropoles était significativement supérieure à la moyenne avant la crise, elle est devenue significativement inférieure entre la rentrée 2020 et la rentrée 2021. Réciproquement, la dynamique observée dans les communautés de communes, significativement inférieure à la moyenne avant la crise, est maintenant dans la moyenne, et donc plus favorable que celle des métropoles (ceci dans un contexte de baisse globale des inscriptions).

Taux de croissance annuel moyen des inscriptions scolaires dans le premier degré (données Ministère, traitements Région Nouvelle-Aquitaine) – source.

Comme précisé dans la tribune, cette tendance moyenne masque des disparités : parmi les 22 métropoles, 12 connaissent une baisse plus faible que la moyenne et 10 une baisse plus forte, à commencer par Paris, qui est sans trop de surprise la métropole la plus affectée, mais aussi Grenoble, Clermont, Nancy et et Lyon.

En complément, j’ai regardé s’il y avait un lien entre évolution des inscriptions et proximité aux métropoles, la réponse est non, aucun lien statistique significatif, des territoires proches des métropoles et d’autres plus lointain ont des dynamiques plus favorables et d’autres moins favorables. La carte ci-dessous (version dynamique ici) permet de confirmer, vous pouvez y voir les intercommunalités dont les effectifs sont en croissance entre la rentrée 2020 et la rentrée 2021 (elles sont au nombre de 269, sur un total de 1231 intercommunalités).

Intercommunalités dont les effectifs ont augmenté entre la rentrée 2020 et la rentrée 2021 – version dynamique ici

Pour des développements sur ce que l’on a fait, vous pouvez regarder, en plus de la tribune, ce document de travail. Pour information également, je présenterai ces résultats dans le cadre d’un webinaire organisé par l’Observatoire des Impacts Territoriaux de la Crise, qui aura lieu jeudi 13 janvier de 10h30 à 12h30, inscriptions ici.