Etes-vous riche ou pauvre? Episode 2

Résultat de mon mini-sondage,
réalisé entre le 6 et le 26 novembre 2011 auprès d’un échantillon représentatif de la population mondiale (selon la méthode des quotas) : 9 des répondants se pensaient plus bas dans la hiérarchie
des salaires, 4 se pensaient plus haut, 8 se situaient à la bonne place. Sur les 8 se situant à la bonne place, 4 sont économistes ou familiers du sujet, avouent-ils (les fourbes).

Mon hypothèse était que les gens avaient tendance à se situer plus bas dans la hiérarchie des salaires. En commentaire, Julien renvoie
vers un billet qui montre que mon hypothèse n’était pas la bonne : la perception de
notre place dépend de notre place effective. Pour le dire autrement et plus précisément : les riches se pensent plus bas qu’ils ne le sont, les pauvres se pensent plus haut qu’ils ne le sont.
Bref, tout le monde se pense dans la moyenne. Preuve en image :


perceptionrevenu.jpg

En grisé le décile de revenu perçu, en blanc cerclé de noir, le décile effectif.

C’est grave docteur? Plutôt, oui. Comme le
montrent les auteurs
de l’étude cité dans ce billet, le fait que les gens se situent dans la moyenne les rends plutôt réticents à toute politique de redistribution. Lorsqu’ils sont informés
de leur situation effective, ils y sont plus favorables.

Attention, il s’agit d’une étude sur données argentines. Je serais curieux de voir ce que ça donne pour la France. Appel à Laurent Denant-Boemont, donc : vous ne pourriez-pas mener une petite expérience similaire?

Le modèle Allemand

15,6% des femmes allemandes sont obèses (Indice de Masse Corporelle supérieur à 30) contre 12,7% des femmes françaises. Pour les
hommes, les chiffres sont respectivement de 16,1% et 11,7%. Pas top le modèle allemand. Bon, le modèle britannique est pire : 23,9% pour les femmes, 22,1% pour les hommes.

La même étude
montre que l’obésité augmente avec l’âge et diminue quand le niveau d’éducation augmente.

Bon, je vais me refaire un sandwich au foie gras…

êtes-vous riche ou pauvre?

Animation sympathique de l’Observatoire des Inégalités pour se situer
dans l’échelle des salaires en France. Il suffit de cliquer sur l’image ci-dessous, d’indiquer votre salaire mensuel net, puis de valider. Vous découvrirez la part des salariés qui gagnent moins
que vous.

Mon hypothèse : la plupart des salariés pensent être plus bas dans la hiérarchie des salaires. Petite exercice pour valider/invalider
cette hypothèse : postez si vous le voulez bien un commentaire en indiquant seulement “plus bas”/”plus haut”/”bonne place” selon que vous pensiez être plus bas dans la hiérarchie, plus haut, ou à
la bonne place. Jeu sans obligation d’achat.


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Désindustrialisation : enfin une bonne nouvelle!

J’apprend dans les
Echos ce matin
que 900 usines françaises ont été fermées en France ces trois dernières années, ce qui correspondrait au final à la destruction “entre les postes créés et ceux supprimés, [de]
près de 100.000 emplois industriels”. 100 000 emplois industriels détruits en 3 ans, ça nous fait du 33 333 par an (j’arrondis).

Ce qui est plutôt une bonne nouvelle : ce document nous apprend en effet qu’entre 1980 et 2007, c’est en moyenne 71
000 emplois industriels par an qui ont été détruits. Destruction réduite de plus de moitié, donc. Champagne.

Bon, je plaisante, mais ce genre de billet m’exaspère : dans ces destructions, quelle est la part qui s’explique par un déversement de
l’industrie vers les services aux entreprises? Quelle est la part qui s’explique par un report de la demande de l’industrie vers les services? Quelle est la part qui s’explique par la concurrence
des pays développés ? Par celle des pays low cost? Dans ce billet, on
apprenait qu’environ les 2/3 de la baisse résultaient des deux premiers déterminants (déversement et report de la demande) et que le reste pouvait être attribué pour l’essentiel à la concurence
des pays développés, notamment de l’Allemagne, à la politique tellement vertueuse.

Est-on dans les mêmes eaux? On n’en sait rien. Et quid de l’impact des politiques pro-cycliques de nos gouvernements (la rigueur dans
la récession) ? Zéro information.

Mais bon, Patrick Artus (qui dégaine les statistiques plus vite que son ombre) et Marie-Paule Virard (journaliste aux Echos) ont sorti un nouveau livre : « La France sans ses usines »
(Fayard, 2011). Un peu de promo ne fait pas de mal.

Le match France-Allemagne

Le cabinet Rexecode a remis un rapport au Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie sur la divergence de compétitivité entre la France et l’Allemagne. Constat : la France a décroché depuis le début des années 2000, en termes de compétitivité, vis-à-vis de l’Allemagne. Pour preuve, les exportations françaises représentaient 55% des exportations allemandes contre 40% aujourd”hui. Explication essentielle selon le rapport : la dégradation de la compétitivité coût française,. Pour preuve, l’écart d’évolution du coût salarial unitaire (rapport du coût du travail et de la productivité du travail) a été de 13% entre 2000 et 2007.

Pourquoi cette évolution?

La France a imposé une réduction forte et uniforme de la durée du travail par la loi ce qui a considérablement et brutalement réduit le nombre moyen d’heures de travail effectivement réalisées par semaine, engendré une hausse des coûts horaires et des coûts unitaires de production et limité significativement les marges de négociation dans l’entreprise sur le triptyque « salaire-durée du travail-emploi ».

Pendant ce temps, de l’autre côté du Rhin :

“les autorités allemandes ont pris conscience du danger pour le site de production allemand. Une stratégie de compétitivité a alors été mise en oeuvre méthodiquement et collectivement sur plusieurs années : maîtrise des déficits publics, investissements en recherche, réformes profondes du marché du travail, modération salariale durable.”

Suite à la publication de ce rapport, Laurence Parisot a déclaré  “Ne pas voir que la question de la durée du travail a eu un effet sur la compétitivité de notre pays et a toujours un effet sur la compétitivité de notre pays, c’est vraiment refuser de voir une réalité en face” (source). Ce matin encore, interrogée sur France 2 dans l’émission “Les 4 vérités”, elle a conclu en affirmant qu’il fallait impérativement réduire le coût du travail en France, qui était “le plus élevé de l’Union Européenne”.

Le problème c’est qu’il y a de grossières erreurs dans cette étude : une erreur méthodologique, d’abord, une incapacité à lire un graphique, ensuite.

L’erreur méthodologique : l’étude se focalise sur le couple franco-allemand, observe un écart, et cherche des deux côtés les explications à cet écart (en l’occurrence : bonne politique allemande, mauvaise politique française). Il aurait fallu faire un travail comparatif élargi à d’autres pays, pour voir si la situation française et la situation allemande étaient toutes deux atypiques, ou bien si l’un des pays seulement était atypique.

Heureusement, les économistes veillent. Ecointerview, d’abord, nous livre quelques graphiques éclairant : i) premier graphique qui montre que l’évolution du ratio Exportation/PIB de la France ne connaît pas de rupture particulière, contrairement au ratio allemand qui s’envole effectivement sur la fin de la période, ii) deuxième graphique encore plus éclairant, qui montre que la part de marché des pays industriels dans les exportations mondiales diminue pour les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, la France, un seul pays fait exception : l’Allemagne.

Pas d’exception française apparente en termes de performances à l’exportation, donc. Idem côté coûts salariaux unitaires : on observe certes une baisse du coût salarial côté allemand, mais contrairement à ce que laisse entendre le rapport Rexecode, pas de hausse coté français. Le gag est que ce graphique figure dans le rapport Rexecode, on comprend donc mal qu’ils affirment que les coûts unitaires de production ont augmenté… Confirmation chez “Sans rationalité et sans finalité” dans un billet également exemplaire (sur le sujet proche des 35 heures suite aux déclarations de Valls), grâce à ce graphique : l’évolution du coût salarial unitaire français est un peu inférieure à celle de la moyenne des pays de l’OCDE ; deux pays font exception : le Japon et l’Allemagne.

Le problème n’est donc pas du côté français, mais du côté allemand, avec une stratégie bien résumée par Lionel Fontagné dans cette tribune des Echos : i) forte pression à la baisse sur le coût du travail et réorganisations pour gagner en productivité, ce qui permet de baisser fortement le coût salarial unitaire, ii) sur cette base, boom des exportations, dans le cadre d’une stratégie franchement mercantiliste, iii) réinvestissement des gains de productivité pour gagner encore en compétitivité, côté compétitivité hors prix cette fois, plutôt que distribution de ces gains aux salariés allemands, d’où la croissance économique allemande somme toute faible.

Conclusion chez Rationalité sans finalité :

Le problème n’est pas donc pas l’évolution du coût du travail en France, qui est tout à fait moyenne. C’est l’évolution en Allemagne. Car on ne peut pas généraliser la politique allemande : elle ne peut fonctionner -pour autant qu’elle fonctionne- que si les autres pays européens ne la mènent pas. Si tous la mènent, elle aboutit à une déflation généralisée de l’économie européenne, faute de demande globale. Le choix n’est donc pas entre les 35 heures et sortir de la zone euro. Mais entre la politique allemande de déflation et la mort de la zone euro.

Pour le dire différemment, il est temps de parler sérieusement, en adulte responsable, à l’Allemagne, car il en va de l’avenir de la zone euro. Et ce n’est pas en infantilisant le débat économique français, en faisant resurgir encore et encore le zombie des 35 heures que l’on y parviendra.

10 bonnes raisons de ne pas fêter Noël

En fêtant Noël, vous allez participer :

1. à la désindustrialisation de la France, car vous allez acheter plein de produits Made in China,

2. à la destruction de la planète, car tous ces biens qui circulent, ça en fait du transport et des émissions de CO2,

3. à la souffrance des animaux, car le gavage des canards et des oies, c’est pas top écolo (vous allez très vite en avoir marre, vous aussi, d’être gavés),

4. au délitement du lien social, car les fêtes de famille se terminent souvent par des engueulades,

5. au trou de la sécurité sociale, car vous allez boire et manger pleins de trucs qui vont faire exploser votre mauvais cholestérol et donc la probabilité que vous ayez bientôt des problèmes cardio-vasculaires,

6. à la faillite de l’Etat français, car comment voulez-vous que les générations futures fassent preuve de rigueur et comprennent l’importance de la réduction de la dette si vous leur faites croire que le Père Noël existe, que donc on peut avoir plein de trucs sans effort ?

7. à la montée du sentiment d’insécurité, quand on découvrira demain qu’un mec habillé en rouge est entré par effraction dans des millions de foyers,

8. au pessimisme des générations futures, quand elles vont apprendre que le Père Noël n’existe pas,

9. à la baisse du pouvoir d’achat des français, parce qu’acheter des trucs qui servent à rien, ça vous empêche de faire des dépenses utiles,

10. au creusement des inégalités, car les jouets que le Père Noël offre aux riches sont plus chers que ceux qu’il apporte aux pauvres. Et ça, c’est vraiment dégueulasse…

Interviews tf1 et Nouvelle République

Interview pour le site de tf1 sur les relocalisations, au moment où nos politiques parlent du Made in France. Petite erreur factuelle dans mes propos : Majencia n’a pas fermé
de site en Picardie, mais procédé à une réorganisation au sein de ses établissements.

 

Petite
interivew
également pour La Nouvelle République du Centre Ouest, en lien avec la stratégie de l’Université de Poitiers de
favoriser la prise de parole des enseignants-chercheurs dans les médias.