A ne pas rater….

D’abord et surtout, La correction de ma correction des prévisions de croissance chez Ceteris Paribus. Ca m’apprendra à m’aventurer sur le terrain … glissant … des prévisionnistes. Mea culpa donc, vous pouvez
vous moquer dans les commentaires !

Ensuite, la citation de Bhagwati d’une brûlante actualité trouvée par Alexandre Delaigue (comment a-t-il fait pour trouver ça?). Je me permets de la reprendre ici :

(…) Economics is a jealous mistress, and you ignore her at your peril. A friend of mine in Brussels told me that he had seen François Mitterrand
(who had famously appointed Jacques Attali, an impressive intellectual with no knowledge of economics, as his adviser on the economy) give an interview on french television. He
was standing in front of a wall of bookshelves. The interviewer asked him if there was any book on economics among them. Mitterrand thrust his chest forward and said with gusto, “not one”. And
of course, a few weeks later, France had a nice economic crisis!

On peut donc s’attendre début 2008 à une crise économique en France (non, je ne ferai pas de prévision de croissance).

Encore, sur le site de l’APSES, des statistiques sur les bacheliers ES : certaines évoquées dans mon billet sur Darcos,
d’autres qui précisent les choix d’orientation de ces bacheliers et donnent une idée de leur poids dans le supérieur. On y
apprend aussi que Darcos a récidivé dans sa conférence de rentrée :

La voie générale doit être réorganisée en vue de ces objectifs. Je pense notamment à la réduction des déséquilibres qui opposent les différentes filières du
baccalauréat, entre une filière scientifique prestigieuse au lycée mais insuffisante à faire émerger de réelles vocations scientifiques, une filière économique et sociale aux débouchés
incertains
et une série littéraire en déclin constant depuis dix ans, qui n’accueille plus qu’un lycéen sur dix.” (je souligne)

L’APSES lance un appel à témoignage d’anciens ES (voir ici). Pourquoi pas, ça peut être intéressant, mais franchement, les chiffres me semblent suffisamment éloquents pour en attendre une réaction
argumentée du Ministre. Voir également le billet
d’Econoclaste-SM
.

Enfin, une version modifiée de mon premier billet de la saga Attali, cosignée avec Anne Lavigne, qui devrait attirer des commentaires “sympathiques” des lecteurs de
Libé, si l’on se souvient de l’expérience précédente



Jacques Attali fait l’économie des économistes

C’est le titre le d’un article de Libé dans l’édition papier d’aujourd’hui (pas vu encore sur leur
site
voir ici), p. 4, signé par  Christian Losson et Grégory Schneider, qui fait suite
à mon billet d’hier sur les propos de Jacques Attali.  Avec interview de votre humble serviteur ainsi que de Gizmo. Réaction à chaud également de Jean-Paul Fitoussi et de Marc Touati.

“Pourquoi une telle sortie la veille d’une mission chargée, justement, de se pencher sur l’économie? ” s’interrogent les journalistes. Réponse d’Attali : “je n’y ai même pas pensé. Même si je
suis sûr que vous allez adorer faire monter la sauce. J’ai fait un premier livre sur la question il y a trente-cinq ans et il se trouve que c’est un des rares sujets sur lequel je n’ai pas changé
d’avis”.

Après la sortie  de Sarkozy sur les théories économiques, celle de Copé sur le CAE et le CAS et celle de Darcos
sur  la filière ES
, nous voilà rassurés.

Finalement, c’est peut-être ça la future conclusion de la commission Attali : pour  libérer la croissance, enfermons les économistes !

add 30/08 : dans le Figaro, ce jour,
j’apprends que l’objectif n’est pas de libérer la croissance, mais de
libéraliser les freins à la croissance”. J’ai
un peu de mal avec le concept…


(à suivre)

Attali toujours


econ-copie-2.jpg
Nouvel article sur Libé
, toujours sur la
Commission pour la Libération de la Croissance Française (CLCF désormais). Avec  deux  formules savoureuses d’Attali :
Attali a
indiqué avoir choisi lui-même l’intitulé de la «Commission pour la libération de la croissance française (CLCF). Libération, ça renvoie pas à libéralisme, ça renvoit à la résistance, et à
une victoire
», a-t-il lancé”.

Nous sommes en guerre, donc, car l’économie, c’est bien connu, c’est une guerre. Reste à identifier l’occupant pour lui resister et nous en débarasser.

Plus loin, surtout : “Invité à dire pourquoi il avait convié le psychiatre Boris Cyrulnik, Jacques Attali a expliqué : «Un des principaux
freins à la croissance française, c’est que la France n’est pas gaie, et un psychiatre mieux que personne peut nous expliquer pourquoi la France n’est pas
gaie»
.”

Et un économiste avec un nez rouge, ça n’aurait pas fait l’affaire?

PS 1 : jeu concours : quel est le clown (ridicule) sur la photo?
PS2 :
le site Libération de la croissance est ouvert !

Libération de la croissance


camarades.jpg
Jacques Attali
va présider une commission pour
la libération de la croissance
, qui rassemblera “de nombreuses personnalités françaises et étrangères disposant d’une expertise affirmée en matière économique et sociale” (je
souligne). On apprend ici qu’un “site internet sera ouvert, à
partir du 30 août, à l’adresse www.liberationdelacroissance.fr (accès restreint pour l’instant) sur lequel s’exprimeront les
membres de la commission et les internautes souhaitant participer aux réflexions”.

On nous dit également que les 43 membres de cette commission proviennent d’horizons divers : professeurs, anciens ministres, chefs d’entreprise, personnalités de la société civile,
économistes, avocats, ingénieurs, parlementaires, consultants, journalistes, écrivains.

Ce qui me pose problème, c’est pourquoi a-t-on sollicité des économistes pour parler de croissance économique (en l’occurrence, ils seront deux sur quarante-trois: Aghion et de Boissieu; add 29/08 : on peut aller à 6 sur 43 selon la définition retenue, cf. les
commentaires
)
? Bien sûr, si vous avez une panne de voiture, vous irez sûrement voir un garagiste, mais s’agissant d’économie, pourquoi diable
demander leur avis aux économistes?

Enfin, ce n’est pas moi qui le dis. C’est Jacques Attali, président de la commission pour la libération de la croissance, sur son blog. Petit extrait :

(…) Les économistes sont cantonnés dans des postes d’experts, dans les banques ou les administrations. Les meilleurs d’entre eux partent par wagons entiers
enseigner dans les universités américaines ; quatre d’entre eux sont aujourd’hui considérés comme dignes du prix Nobel, cette récompense magnifique qui distingue chaque année des travaux
qui seront sans doute considérés dans cinquante ans comme aussi ridicules que le sont aujourd’hui les œuvres des écrivains récompensés de ce même prix il y a un demi siècle
. Parce que
cette science n’excelle que dans l’art de se vendre : comme le disait un des plus lucides de ses maitres, John Kenneth Galbraith “Un économiste, c’est quelqu’un qui ne sait pas de quoi il parle,
et qui vous fait sentir que c’est de votre faute” (c’est moi qui souligne).

Pour les prix Nobel dont les travaux sont considérés comme ridicules, quelques noms au hasard  : Solow, Simon, Hayek, Coase, Modigliani, North, Sen,
Akerlof, Stiglitz, …
Vous avez la liste complète ici. Un peu
plus haut, autre formule intéressante reprise par Attali, de Kenneth Boulding cette fois : “Un économiste est un expert qui saura parfaitement vous expliquer demain pourquoi ce qu’il a prévu hier
ne s’est pas passé aujourd’hui”.

Il est effectivement plus sage de demander aux internautes de s’exprimer. J’attends de voir, pour commencer, le débat sur “qui retient prisonnier notre croissance”. A mon avis, aux premières
places, on devrait trouver les chinois, les fonds de pension, Jean-Claude Trichet et les impôts. Ce serait pas mal de lancer un sondage, et de décider que le geôlier à abattre, ce sera celui qui
a recueilli le plus de suffrages.

Bon, je dis ça, mais, forcément, je me plante : je suis économiste. Je vais aller vidanger ma voiture, tiens…

Darcos attaque (sournoisement) Sarkozy

Via Gizmo, j’apprends que notre notre ministre de l’Education Nationale a déclaré dans Paris-Match (après Copé, c’est Darcos qui se déchaîne dans
cet hebdomadaire : va falloir que je m’abonne…) :

“Attention, en particulier aux filières sans débouché évident. Je pense à ‘ES’ (économique et social). Elle attire
beaucoup d’élèves qui occupent ensuite de grands amphis mais se retrouvent avec des diplômes de droit, psychologie, sociologie… sans toujours un emploi à la
clef”.

Ceci mérite quelques explications et vérifications…

Petite précision d’abord.  Quand Darcos parle de “filières sans débouché évident”, il ne parle pas de débouchés professionnels : la filière ES, comme la
filière S et L, est une filière générale qui nécessite une poursuite d’étude. Il parle donc de débouchés en termes de formation, ce qui est confirmé par la suite de ses propos : les bacheliers ES
iraient prioritairement dans des formations générales de l’Université (droit, psycho, socio, …), dont Darcos nous dit qu’elles sont sans débouchés. Pour éprouver la portée de ses propos, il
faut donc valider 3 points :

1. les bac ES vont-ils plus souvent que les bachelier S et L dans les formations générales de l’Université?
2. réussissent-ils mieux ou moins bien que leurs petits camarades?
3. Ces formations offrent-elles des débouchés?

Pour cela, on peut s’en remettre aux statistiques de l’Education Nationale, que notre Ministre ne peut pas ne pas connaître (merci à Virginie pour l’aide matutinale
à la navigation sur le site du Ministère…). Par exemple,
ce
document
, plus précisément ce tableau :


darcos1.gif

On y apprend avec surprise que 59% des bacheliers ES s’engagent dans les filières générales de l’Université, contre 57,7% des bacs S (on appréciera l’ampleur de
l’écart) et 75% des bacs L. Symétriquement, ils sont 21,1% à s’engager dans des IUT ou STS, 5,9% dans des CPGE et 11,6% dans d’autres formations, principalement des écoles. L’Association des
Professeurs de Sciences Economiques et Sociales (APSES)
complète le
tableau
, toujours à partir des statistiques du Ministère de l’Education Nationale, en nous apprenant qu’en 2005-2006, “16,5% des bacheliers
E.S. s’orientaient vers des études économiques, 17,5% vers les facultés de sciences humaines et sociales (dont plus des deux tiers des étudiants provenaient de filières autres que la filière
E.S.), 15% vers les facultés de droit, et 11% vers les facultés de lettres et langues”. Pour information, les filière d’économie et de droit sont parmi celles qui offrent le plus de débouchés à
leurs étudiants…

Deuxième point à vérifier : les bacheliers ES réussissent-ils moins bien leurs études supérieures que les autres bacheliers? Réponse négative là aussi, si l’on en juge par cet autre document. Le tableau 01 nous
apprend que, logiquement, les bacheliers généraux réussissent mieux que les autres bacs dans l’enseignement supérieur, et que, au sein des bacs généraux, les bacs ES ont des “scores” supérieurs à
ceux des L et inférieurs à ceux des S. Le tableau 03 nous apprend que la probabilité de réussite en Licence d’une cohorte d’étudiants est la plus forte pour ceux ayant un bac… ES. Idem pour la
probabilité de réussite en IUT. Bref, si on s’appuie sur ces chiffres, et si on suit le raisonnement de Xavier Darcos (ce que je ne ferais pas), c’est plus la filière L que la filière ES
qu’il faudrait supprimer (au fait, il a fait quoi comme bac, notre ministre?).

Dernier point, sur les débouchés des filières de l’Université. J’en avais parlé ici il y a plus d’un an : les formations professionnalisantes (Masters désormais) proposées par les Universités offrent des débouchés
importants (faible taux de chômage) et des emplois de qualité (proportion forte de personnes occupant des emplois de catégorie supérieure). Le problème n’est donc pas tant celui de la
qualité des formations ou de l’adéquation système éducatif/système productif que : i) une orientation
excessive des bacheliers, sans qu’on observe de spécificité pour les bacs ES, dans des filières offrant des débouchés en nombre insuffisant, et, symétriquement, un manque d’étudiants dans des
filières qui en offrent (sciences et sciences économiques notamment),  ii) un taux d’échec important dans les premières années (sans spécificité, là encore, des bacs ES), iii) la
difficulté pour certains d’atteindre et d’être sélectionnés dans des formations de Master.

Bon, mais tout cela, Xavier Darcos le sait parfaitement bien. Il est Ministre de l’Education Nationale, quand même. Comment alors comprendre sa déclaration? Deux
hyptohèses :

H1. Xavier Darcos sait que notre président a obtenu en 1973 un bac B (ancêtre du bac ES), puis qu’il s’est lancé dans des études de Droit. Sa déclaration a donc pour
but de se moquer de Notre Président de la République, ce qui ne se fait pas,

H2. Plus machiavélique. Xavier Darcos sait que certains proches du gouvernement, voire des membres du gouvernement, voudraient bien supprimer la filière ES, mais pour d’autres motifs
(voir
ici et
pour une discussion avec
Pierre Bilger). Intelligent comme il est, il sait que ce ne serait pas très malin. Il attaque donc la filière ES en s’appuyant sur des éléments dont il sait pertinemment qu’ils seront très vite
réfutés par les économistes, qui savent quand même analyser les statistiques et dire des choses sur les débouchés en termes d’emploi. De cette façon, la filière ES devient difficilement
attaquable… Un peu tordu ? Sans doute, mais, après tout, il se dit bien qu’il a annoncé très vite 10 000 suppressions de postes dans l’EN pour éviter les 17 000 que Sarkozy voulait…

intérêt de la déduction des intérêts

Un peu avant que Christine Lagarde annonce le doublement du crédit d’impôt accordé aux nouveaux acquéreurs d’un logement sur la première année (40% des intérêts
d’emprunt contre 20% initialement prévus), l’Insee, qui ne fait rien qu’embêter tout le temps notre gouvernement, publie un document sur
l’endettement domestique des ménages début 2004.

 On y apprend par exemple que :

Du fait de leur capacité de remboursement, les ménages disposant de revenus supérieurs aux revenus médians ont plus facilement accès ou recours aux
emprunts, en particulier pour l’habitat
. Parmi les ménages disposant d’un niveau de vie supérieur à 15 000 euros par unité de consommation, six ménages sur dix sont endettés contre
un peu plus de quatre ménages sur dix pour ceux dont le niveau de vie est plus faible. La différence est encore plus marquée pour les emprunts immobiliers puisque les ménages ayant un
niveau de vie supérieur à 15 000 euros ont deux fois plus souvent un emprunt en cours que ceux disposant d’un niveau de vie moins élevé
“. 
Plus loin, on nous dit logiquement que “la disparité des montants d’endettement en fonction du niveau de vie se retrouve au niveau des catégories sociales. Les
professions libérales ont très fréquemment un niveau d’endettement à l’habitat très élevé, dans une moindre mesure les cadres et chefs d’entreprise.” (souligné par moi).

 Les gains liés à la déduction étant peu susceptibles d’accroître la capacité d’emprunt des ménages les plus modestes, on peut donc penser que ce sont surtout
les ménages aux revenus élevés qui vont bénéficier du dispositif [1]. Pour partie des personnes qui, de toute façon, avaient prévu l’achat (elles vont éventuellement
l’anticiper), et qui vont donc bénéficier d’un effet d’aubaine.

Et encore, faudra-t-il que l’effet inflation ne soit pas trop fort : si la demande de logement augmente fortement, compte-tenu de l’inertie de l’offre de logements,
les prix de l’immobilier risquent d’augmenter. Pour information, l’effet inflationniste des déductions d’emprunt a pu représenter jusqu’à 30% de la hausse des prix immobiliers aux Etats-Unis
dans les années 70 (James Poterba « Tax Subsidy to Owner-Occupied Housing: An Asset Market Approach », Quaterly Journal of Economics, 1984, cité dans ce billet incontournable des Ecopublix). Ce sont alors essentiellement les agences immobilières et les vendeurs qui seront
gagnants.

On pourrait également s’interroger sur l’intérêt économique de faire de la France un pays de propriétaires, surtout lorsqu’on observe des corrélations robustes entre proportion de propriétaires et taux de chômage : le fait d’être
propriétaire réduit la mobilité spatiale des individus, qui est une des composante (souvent négligée) de leur mobilité dans l’emploi. Point intéressant à souligner, au moment où le gouvernement
met en place la
“commission pour la libération de la croissance française”
, qui a notamment pour but d’identifier les moyens “d’améliorer le fonctionnement du marché des biens et des services et de renforcer
le dynamisme et la mobilité de l’emploi“…


[1] Petit exemple, qui s’appuie sur les simulations parues dans les Echos (avec les
anciens chiffres apparemment, mais ça ne change pas grand chose). Un ménage emprunte 250 000 € sur 15 ans au taux fixe de 4,05% (hors assurance). Montant de la réduction d’impôt sur 5 ans :
7582 €. Emprunter 250 000 € sur 15 ans à 4,05% vous fait rembourser au total 333 988 €. Les 7582 € représentent donc 9% des intérêts versés et 2,3% de la somme totale.

 

Le système de Santé US est-il performant?

Trouvé via le blog de Greg Mankiw, la réaction  de John Stossel aux piètres résultats des Etats-Unis dans une étude de l’OMS en matière de système de santé (signalons en passant que
la France est à la première place s’agissant de l’indicateur de performance globale du sytème de santé – voir p. 153 du
rapport
) :

 L’OMS s’appuie sur l’espérance de vie pour se prononcer sur la qualité du système de santé des pays. Mais ceci n’est qu’une piètre mesure du système de santé.
Beaucoup d’éléments conduisant à une mort prématurée n’ont rien à voir avec le système médical. Nous avons beaucoup plus d’accidents de la route mortels que les autres pays. Ceci n’est pas un
problème lié au système de santé. De la même manière, notre taux d’homicide est dix fois plus important qu’au Royaume-Uni, huit fois plus important qu’en France, et cinq fois plus fort qu’au
Canada. Quand vous prenez en compte ces éléments, l’espérance de vie aux Etats-Unis est en fait supérieure à quasiment tous les autres pays industrialisés. (ma traduction)

Moralité
[1]
 : vous pouvez vous faire soigner aux Etats-Unis, mais mettez un gilet
pare-balles, et attention en traversant la route…


[1] si l’on
suit l’argumentation de John Stossel, ce que je ne ferais pas tout à fait, car il caricature “légèrement” le travail de
l’OMS

prévision de croissance : correction

Correction des questions du billet précédent.

Question 1. Petite précision d’abord. Le journaliste a déclaré “[Le gouvernement] reconnaît désormais
implicitement viser les 2 %. Et encore. Pour y parvenir, la France doit enregistrer une croissance d’au moins 0,8 % au cours des deux prochains trimestres.” Il convient donc de vérifier
que 0,8% aux trimestres 3 et 4 permet d’atteindre 2% de croissance sur l’année.
 

Si on note T le taux de croissance annuel et t1, t2, t3 et t4 les taux de croissance trimestriels, on a la relation suivante :

 

1+T = (1+t1)(1+t2)(1+t3)(1+t4)

 

 En supposant que t3 et t4 ont la même valeur, on réécrit comme suit :

 

1+T = (1+t1)(1+t2)(1+t)²

 

 On connaît t1 (0,5%) et t2 (0,3%), on vise 2% pour T, on en déduit donc t, égal à 0,59%, non pas 0,8% comme annoncé dans le
Figaro.

 

 Le chiffre de 3,2% correspond au rythme annuel d’un taux trimestriel de 0,8%. La formule de calcul est la suivante :

 

1+T= (1+t)4

 

 Le rythme annuel correspondant à 0,59% est donc 2,4%, plus facilement atteignable que les 3,2% calculés par le Figaro (pour
atteindre 2,25% sur 2007, il faudrait un taux trimestriel de 0,71% comme dit dans certains commentaires, soit 2,9% en rythme annuel). Bon, l’erreur du journaliste n’est pas catastrophique, on a
vu pire en la matière… Les propos faisant l’objet de la question 2 me dérangent plus, comparativement.

 

 Question 2. La comparaison entre croissance française et croissance mondiale n’a aucun sens. Je ne développe pas,
mais je renvoie à un billet sur le sujet.

 

 Complément. Il semble que le gouvernement ne vise pas explicitement les 2%, si l’on en juge par les propos de
Fillon, qui  reste sur 2,25% pour 2007 et 2,5% pour 2008, ou
par la déclaration, ce jour, de l’Elysée.

Prévision de croissance : jeu concours

Débat en ce moment sur les prévisions de croissance pour 2007. Le gouvernement Villepin tablait sur 2,5%, le gouvernement Sarkozy Fillon sur 2,25%.
Après avoir maintenu cette prévision, Lagarde a avoué sur BFM “Est-ce que nous allons atteindre 2,25 % aujourd’hui ? Je n’en sais rien.” Le gouvernement viserait maintenant 2%,
ce qui supposerait, nous dit le Figaro, que la France
enregistre “une croissance d’au moins 0,8 % au cours des deux prochains trimestres soit un rythme annuel de plus de 3,2 %. Dans le contexte actuel cela relève de la
mission impossible”.

 

 Question n°1 : les chiffre avancés par le Figaro (0,8% et 3,2%) sont-ils corrects? Si oui, comment ont-ils
été calculés? Sinon, quels sont les bons chiffres? (précision : le taux de croissance au premier trimestre a été de 0,5%, et de 0,3% au deuxième trimestre – source : Insee).

 

 Dans la suite de l’article, le Figaro interroge Jean-Pierre Petit, chef économiste d’Exane BNP Paribas, qui déclare “nous
allons terminer l’année avec 1,8 % de croissance alors que le reste du monde en fait 5. Ce chiffre démontre à lui seul l’ampleur des problèmes structurels qui nous handicapent et contre
lesquels, pour le moment, aucune mesure n’a été prise par le gouvernement”.

 

 Question n°2 : pourquoi cette comparaison de taux de croissance est-elle débile
stupide contestable?

Paquet fiscal : l’erreur d’analyse du Conseil Constitutionnel

Vous n’êtes pas sans le savoir, le Conseil Constitutionnel a
censuré une partie du dispositif « paquet fiscal »
, plus précisément l’article 5, qui porte
sur la déductibilité des intérêts d’emprunts
immobiliers, en estimant que « si le dispositif vise à favoriser l’accès à la propriété des “primo-acquérants”, alors “il n’en va pas de
même pour les prêts déjà accordés car, par définition, pour ceux-ci, le contribuable est déjà propriétaire de son habitation principale.” Le Conseil
ajoute :
«  Son coût (7,7 milliards d’euros) fait supporter à l’Etat des charges manifestement hors de proportion avec l’effet incitatif
attendu
. »
(souligné par moi).

Je crois que le Conseil n’a pas bien compris l’objectif : si la mesure (son caractère rétroactif y compris) de Nicolas Sarkozy relevait de l’incitation, il ne s’agissait pas d’une incitation
à accéder à la propriété, puisque, comme le Conseil le mentionne, les personnes concernées étaient déjà propriétaires de leur logement. Non, il s’agissait d’une incitation pour les accédants
récents à la propriété à voter Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles. A ce titre, l’incitation a été plutôt efficace. On peut même se demander si jamais incitationa été aussi
efficace.

C’est sans doute pour cela que le gouvernement promet de soumettre un nouveau projet à l’automne (Le Monde nous dit aujourd’hui que le gouvernement cherche « une mesure compensatoire après la censure par le Conseil constitutionnel de la
rétroactivité des avantages fiscaux sur les emprunts immobiliers »). Sans que rien ne soit dit sur le fond de l’argumentation du Conseil. L’important
est que la parole de notre président soit respectée, ce qui va jusqu’à énerver Alain Lambert, qui commet la
même erreur d’analyse que le Conseil. Ce qui compte, c’est que l’incitation à voter Sarkozy dans un peu moins de 5 ans ne faiblisse pas. Et vu l’enjeu, le coût du dispositif, franchement,
c’est
peanuts
.