Le système de Santé US est-il performant?

Trouvé via le blog de Greg Mankiw, la réaction  de John Stossel aux piètres résultats des Etats-Unis dans une étude de l’OMS en matière de système de santé (signalons en passant que
la France est à la première place s’agissant de l’indicateur de performance globale du sytème de santé – voir p. 153 du
rapport
) :

 L’OMS s’appuie sur l’espérance de vie pour se prononcer sur la qualité du système de santé des pays. Mais ceci n’est qu’une piètre mesure du système de santé.
Beaucoup d’éléments conduisant à une mort prématurée n’ont rien à voir avec le système médical. Nous avons beaucoup plus d’accidents de la route mortels que les autres pays. Ceci n’est pas un
problème lié au système de santé. De la même manière, notre taux d’homicide est dix fois plus important qu’au Royaume-Uni, huit fois plus important qu’en France, et cinq fois plus fort qu’au
Canada. Quand vous prenez en compte ces éléments, l’espérance de vie aux Etats-Unis est en fait supérieure à quasiment tous les autres pays industrialisés. (ma traduction)

Moralité
[1]
 : vous pouvez vous faire soigner aux Etats-Unis, mais mettez un gilet
pare-balles, et attention en traversant la route…


[1] si l’on
suit l’argumentation de John Stossel, ce que je ne ferais pas tout à fait, car il caricature “légèrement” le travail de
l’OMS

16 commentaires sur “Le système de Santé US est-il performant?

  1. Très intéressant! Deux réactions :1) Décidément, il est toujours facile de mal interpréter une statistique.2) Il vaut mieux aller voir Bowling for Columbine que Sicko (qui est vraiment nul).

  2. Il y a quelque chose qui m’echappe ou l’article n’a absolument aucune substance ? On dirait un peu la methode de Chewbacca defence.Par exemple, on commence par dire que l’esperance de vie n’est pas un bon indicateur, pour apres dire qu’une fois pris en compte les specificites americaines (accident de la route, meurtres), les US sont meilleurs sur ce critere, faudrait savoir… En plus, les morts par accident de la route ne sont pas fondamentalement differents aux US compare a la France, une fois ramene a la population; et des pays avec un taux de mortalite par homicide bien moindre que la France n’ont pas forcement de bien meilleurs resultats.

  3. @ david : l’idée de Stossel est de dire que l’espérance de vie dépend de différents éléments, notamment la qualité du système de santé, le taux d’accidents mortels,le taux d’homicide. Les disparités observés au niveau espérance de vie s’expliqueraient selon lui par les deux derniers éléments. Il corrige en quelque sorte l’indicateur de base pour avoir une meilleure mesure des différences en termes de qualité des soins. Cependant, je ne prend pas pour argent comptant ce qu’il dit, car il ne renvoie à aucun document permettant d’attester son affirmation selon laquelle les disparités disparaissent après correction (il n’y a pas d’éléments permettant d’attester ce qu’il dit sur accidents de la route et taux d’homicide non plus). De plus, l’OMS ne s’appuie pas seulement sur les écarts d’espérance de vie pour juger de la qualité des systèmes de santé. Bref, si la mise en garde qu’il effectue sur l’utilisation des indicateurs est pertinente, les corrections qu’il fait seraient à valider.

  4. je ne suis pas d’accord avec votre analyse, vous pointez effectivement le taux de mortalité important aux US et avec ce contexte là au niveau des chiffres il est possible mais il n’ya pas de démonstration à ce sujet, que votre assertion soit vraie.Mais pourquoi ne pas compter les homicides ? ces morts ne sont ‘ils pas humains ?ces décés prématurés sont pourtant le produit du modèle Américains et donc doivent être comptés dans les chiffres.Et là nous avons bien des chiffres qui englobent la réalité.Votre analyse est certe sympathique mais pas à la huetur de vos autres billets.Christophe

  5. J’ai comme l’impression que monsieur John Stossel fait preuve d’un peu de mauvaise foi. Si l’on suit son raisonnement, il faut aller jusqu’au bout et prendre en compte l’ensemble des morts violentes. Il faut rappeler qu’en France les morts violentes sont dues en premier lieu aux accidents domestiques et en second lieu aux suicides, puis viennent les accidents de la route. En France toujours, le taux d’homicide est 20 à 30 fois inférieur au taux de suicide, et pourtant monsieur Stossel le néglige… Or le taux de suicide en France est le double de celui des USA, ce qui ferait basculer son argumentation dans le mauvais sens, on peut comprendre qu’il fasse l’impasse. En fait, au niveau des morts violentes, la France et les USA c’est kif-kif.Enfin, le mieux c’est de ne pas rentrer dans son raisonnement. En effet, l’OMS ne s’arrête pas bêtement à l’espérance de vie; mais au contraire, elle regarde la mortalité de manière très détaillée en fonction de divers facteurs de risque comme l’alcoolisme, le tabagisme, l’obésité ou la sous alimentation… L’OMS s’intéresse aussi bien aux systèmes de soins qu’aux modes de vie, la vision de Stossel est donc extrêmement réductrice.

  6. Le taux de survie au cancer a 5 ans est aussi souvent cité pour mettre en avant (au moins) un aspect positif du systeme de santé USA.Mais la aussi, attention a la mesure :http://andrewsullivan.theatlantic.com/the_daily_dish/2007/08/dissent-of-th-1.html#more"""

    Cancer survival rates are based on the time from diagnosis to future point in time – say, 1 year, 5 years or 10 years, etc.  Because of this, they are subject to what researchers call "lead time bias."  Wikipedia has a much better explanation here than I can ever give, but in short it means that advances in cancer screening can artificially inflate the "cancer survival time." Here’s an example, involving prostate cancer.  U.S. male patients usually get screened for prostate cancer starting at around age 50.  Many European countries don’t bother screening for prostate cancer at all, since many studies don’t show any survival benefit (meaning people’s lives aren’t extended) to screening.  A hypothetical American male may find out at age 52 that he has prostate cancer – which is often a slow growing cancer.  Say he lives for another 20 years – which is not uncommon – before dying of something else, such as a heart attack.  His "cancer survival time" is now 20 years.  A hypothetical European man isn’t screened for prostate cancer, but it is discovered when he is 65 during routine lab work.  He lives another 7 years before dying of a heart attack.  His "cancer survival time" is now only 7 years.  And so on, and so on. As you can see, cancer survival rates can be inaccurate for measuring the quality of health care. """

  7. Monsieur Bouba-olga: en lisant l’article, j’ai plutot eu l’impression qu’il voulait dire que le taux de mortalite n’est pas un bon indicateur du tout du systeme de sante, non ? Si c’est le cas, pourquoi vouloir le corriger. Attaquer les statistiques en disant qu’on peut leur faire dire n’importe quoi, c’est un peu tarte a la creme quand on ne propose aucune correction justifiee.En fait, tester l’hypothese de l’influence des accidents de la route doit etre assez facile statistiquement parlant, car la France offre un excellent exemple au cours de ces 30 dernieres annees d’un pays dont le nombre de morts par accident a chute, et en particulier depuis 2000 (8000 tues a cette date, ce qui donne a peu pres le meme taux qu’aux US, a moins de 5000 en 2006).

  8. Lorsque je disais que la correction est injustifiee, je parlais niveau chiffre (dire qu’il y a 8 fois plus de morts par homicide n’aide pas beaucoup si on ne sait pas combien le taux de mort par homicide influe sur le taux global de mortalite). En fait, je me rends compte que j’avais peut etre mal compris ce qu’il voulait dire au depart: il ne considere pas que l’esperance de vie soit un mauvais indicateur en soit, seulement celui utilise par l’OMS. En fait ,il veut enlever les morts violentes du taux de mortalite, et apres calculer l’esperence de vie la dessus. Pourquoi pas, mais je ne trouve pas si evident que ca que les deces dus aux accidents de la route ne soient pas representatifs du systeme de sante (organisation des urgences).

  9. Ah, j’ai trouve un site qui donne des statistiques sur le taux de mortalite aux US:http://webapp.cdc.gov/sasweb/ncipc/leadcaus10.htmlHomicide + suicide + morts non intentionnelles representent en 2004 moins de 7.1 % du nombre de deces. En France, pour la meme annee, "violent death" representent 7.3 % (dont un quart en suicide, un 1/6 en accidents de la route, le reste non specifie).http://www.insee.fr/en/ffc/chifcle_fiche.asp?ref_id=NATFPS06205&tab_id=357Bref, a vue de nez, ca differe pas beaucoup dans les rapports, donc ca a peu de chance de changer grand chose en enlevant ces donnees la, non ? Ou il y a autre chose qui m’echappe ?

  10. Pour évaluer la qualité d’un système de santé ou plus généralement la santé d’un système politique, Emmanuel Todd (mon maître à penser)  affirme que les Etats-Unis ont le taux de mortalité infantile le plus élevé des pays développés. C’est avec cet indicateur qu’il avait prédit l’effondrement de l’URSS dans les années 70 …

  11. > Je redoute qu’Emmanuel Todd  ne s’effondre avant les Etats-Unis… Un peu facile ;-)Ceci dit, les situations de l’URSS des années 70 et des US des années 2000 sont, comment dire ? Difficilement comparables… Même si les US on restreint leurs politiques d’immigration ces dernières années, ils continuent de bénéficier très largement d’un solde migratoire positif.

  12. Je défends également l’idée elon laquelle l’espérance de vie est un bien piètre indicateur de l’état de santé d’un pays. Cet indicateur refuse de considérer l’aspect qualititaif de la vie qui est bien plus important que l’aspect longévité, ce me semble.La question, qui ne relève plus de la science économique, est de savoir s’il vaut mieux vivre longtemps (ce qu’indique l’espérance de vie, tout de go) mais avec une santé cahotante sur les dernières années de sa vie (ce que l’indicateur ignore) ou s’il vaut mieux vivre un peu moins longtemps mais avec une bien meilleure fin de vie. Le culte de l’immortalité sert de base de comparaison des différents systèmes de santé, ce qui à mon avis, ne sert pas l’humanité.De même, si l’on compare l’espérance de vie des seuls pays développés, on constate qu’à quelques mois près, les résultats sont les mêmes. Il semblerait donc qu’avec des sytèmes de santé différents, on atteigne le même âge de décès. Il est donc dorénavant nécessaire de se tourner vers un indicateur de qualité de vie combinant longévité et aspect qualitatif.

  13. M. Bouba-Olga, rassurez-vous, ce classement gênant ne sortira plus.  Il n’y a pas eu de deuxième édition.Sans doute le résultat en était-il trop irritant : un pays crypto-marxiste en tête !

  14. Bonjour,
    Je prends connaissance de votre site (blog) à plusieurs titres, surtout parce qu’avec le discours ambiant uniforme qui règne dans les hautes sphères (politiques, économiques, journalistiques, etc) vos interventions paraissent relever de l’alternatif. Et moi, j’aime tout ce qui est alternatif.

    Bref, je passais juste, pour donner l’adresse du rapport sur la santé mondiale, en français. Pardon, mais c’est plus digeste

    http://www.who.int/whr/2000/en/whr00_fr.pdf

    Merci

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