Prêts en Bulles # 13

Que l’on lise, voie, entende, ou touche une création, il n’est pas rare que l’un de ces sens puisse dégager en nous une émotion sans qu’on sache véritablement pourquoi elle a eu cet effet. Cela peut-être un lien avec un épisode de notre vie ou, tout simplement, une totale immersion avec ladite œuvre savourée. Le Voyage de Marcel Grob n’est pas une bande dessinée comme les autres. Entre cette première page qui débute le 11 octobre 2009 et la dernière qui finira… le même jour, il y aura un bond en arrière de plus de soixante ans. Et de cette terrible période, il faudra, comme le protagoniste, ouvrir son cœur afin de comprendre, sans juger. Et l’émotion viendra.

Le Voyage de Marcel Grob / Collin & Goethals. Ed. Futuropolis (Source : Decitre.fr)

Le Voyage de Marcel Grob / Collin & Goethals. Ed. Futuropolis (Source : Decitre.fr)

 

Marcel Grob a froid. Près du radiateur du bureau du juge d’instruction, le vieil homme de 83 ans est encore groggy de la violente arrestation subie dans la nuit depuis son domicile. Pourquoi est-il ici ? De quoi est-il accusé ? Les multiples questions du juge Tonelli vont progressivement l’amener à comprendre les raisons pour lesquelles il se retrouve confronté à lui.

Lire la suite

Entretien avec Robin Cousin

« Les sciences peuvent-elles encore sauver le monde ? » C’est sur cette vaste question que Robin Cousin s’est penché durant trois mois. Durant sa résidence à l’Université de Poitiers, le primé de l’excellent Profil de Jean Melville nous a accordé un riche entretien. Et s’il n’y avait qu’une chose à retenir au travers de cet échange, c’est qu’il amène naturellement à s’interroger sur ce que doivent être nos limites avec les progrès technologiques d’aujourd’hui. Du crayon jusqu’aux étoiles, la visite guidée dans les réflexions de ce brillant auteur s’avère passionnante.

Les sciences peuvent-elles encore sauver le monde ? / Illustration Robin Cousin pour résidence à l’Université de Poitiers

 

Bonjour Robin. Tu arrives à la fin de ta résidence au sein de l’Université de Poitiers.* Trois mois de rencontres, d’ateliers, de conférences et de préparation d’un livre autour du thème qu’est « Les sciences peuvent-elles encore sauver le monde ? » As-tu trouvé des éléments de réponse à une telle question ?

La question choisie était volontairement vaste et en même temps très simpliste. Je ne m’attendais pas à avoir réellement de réponses. En revanche, je me suis laissé surprendre par une chose. Jusqu’à présent, j’étais très concentré sur les sciences dures (physique, mathématiques, etc.) en me disant qu’on pouvait s’appuyer sur elles face aux problèmes que l’on rencontre actuellement. Mais, lors de cette résidence, je me suis aperçu que les sciences humaines avaient tout autant leur rôle à jouer. Cette découverte a provoqué un nouveau regard et m’a donné un déclic sur ce que j’allais raconter dans mon livre.

Lire la suite

Prêts en Bulles # 12

Une Casemate est plus connue sous le nom de Bunker lorsque l’on parle de ces gros blocs semi-enterrés servant à protéger les soldats, artilleries ou ravitaillements pendant les guerres mondiales. Aujourd’hui, le terme de Casemate s’associe à une revue spécialisée qui abrite une multitude d’actualités sur la bande dessinée. Fondé en 2008, le mensuel offre une belle longévité grâce à un contenu de qualité. Depuis le mois de janvier de cette année, la BU Lettres fait de Casemate son premier abonnement parlant exclusivement de neuvième art.

Revue Casemate - N°121, janvier 2019. © Photo SCD Poitiers / M. Martin CC-BY-NC

Revue Casemate – N°121, janvier 2019. © Photo SCD Poitiers / M. Martin CC-BY-NC

Lire la suite

Prêts en Bulles # 11

L’Université de Poitiers aime les auteurs de bande dessinée et le prouve une nouvelle fois. Après Tiphaine Gantheil et Timothée Morisse, c’est au tour de Robin Cousin de poser ses crayons quelques mois à l’Appart, atelier où sont nés les travaux de ses prédécesseurs. Nous aurons l’occasion de présenter l’auteur plus en détail lors d’une prochaine rencontre. Mais pour l’heure, nous avons voulu parler de l’une de ses créations graphiques, Le profil de Jean Melville. C’est ainsi l’occasion de plonger dans un thriller inédit du genre où se mêlent révolution technologique et questionnement philosophique sur son emprise envers notre société. Mettez vos lunettes, connectez-les et laissez-vous guider par cette fiction qui fait froid dans le dos.

Le Profil de Jean Melville/Robin Cousin (Editions FLBLB). Source : Decitre.fr

Lire la suite

Prêts en Bulles # 10

C’est en 2013 que l’écrivain Pierre Lemaitre reçoit le prestigieux prix Goncourt pour son roman picaresque, Au revoir là-haut. L’œuvre du romancier se voit transposée sur grand écran par Albert Dupontel dont l’inspiration aboutira à un succès tout aussi retentissant dans le monde du septième art. Mais avant de toucher en plein cœur les cinéphiles, la poignante histoire de ces deux survivants de la Grande Guerre a aussi été adaptée en bande dessinée. En s’associant à Christian de Metter, expert de ce type d’exercice, Pierre Lemaitre prouve que condenser presque six-cent pages en quelques cent-cinquante planches, n’affecte en rien la qualité du récit. Les deux auteurs offrent même une vision inédite tout en conservant la belle intensité de l’intrigue originelle.

Au revoir là-haut/Christian de Metter & Pierre Lemaitre (Editions Rue de Sèvres). Source : Decitre.fr

Au revoir là-haut/Christian de Metter & Pierre Lemaitre (Editions Rue de Sèvres). Source : Decitre.fr

 

La Guerre de 14-18 touche à sa fin. La première page témoigne de l’attente des Poilus dans leurs tranchées. Ce n’est plus l’ennemi qu’ils doivent tuer mais le temps. En face, les soldats allemands s’arment de patience maintenant que les fusils sont posés et que l’Armistice approche. Mais les galons sont toujours en place. Ceux du Lieutenant Pradelle ne sont pas assez importants. Une ultime confrontation victorieuse le ferait passer au rang de Capitaine. C’est ainsi que débute Au revoir là-haut. Par la folie d’un arriviste qui provoquera un acte lourd de conséquences.

Lire la suite

Entretien avec Tiphaine Gantheil et Timothée Morisse

Nous avons eu la belle occasion de rencontrer Tiphaine Gantheil et Timothée Morisse. Présents en tant que résidents à l’Université, les deux auteurs de bande dessinée sont invités à exprimer leurs émotions sur le sujet sensible de la violence subie par les femmes sous quelque forme qu’elle soit. Salle 11 de La Ruche un mercredi matin. Un endroit propice pour s’asseoir, boire un café et entrer dans l’univers de deux personnes aussi captivantes qu’attachantes.

© Photo Tiphaine Gantheil

Travaux de Timothée Morisse en cours. © Photo Tiphaine Gantheil

© Photo Timothée Morisse

Travaux de Tiphaine Gantheil en cours. © Photo Timothée Morisse

 

Bonjour Tiphaine & Timothée. Voilà déjà quelques semaines que vous êtes présents en tant que résidents pour vous exprimer sur la thématique qu’est la violence faite aux femmes et au corps des femmes. À mi-parcours, quelles sont vos premières sensations face à ce sujet sensible ?

Timothée Morisse : Au départ j’avais une appréhension. Celle d’être jugé. Mais quand on se penche sur le sujet, on se rend compte en fait, que nous sommes tous légitimes à en parler. C’est intéressant que les hommes puissent s’exprimer sur ce thème et ça serait d’ailleurs bien qu’on le fasse encore plus ! Ceci étant, même si avec Tiphaine nous avions décidé de se lancer dans ce projet, je me mettais une espèce de barrière à apporter mon propre point de vue. Au fil du temps, je m’aperçois que cela me fait du bien. Lire la suite

Prêts en Bulles # 9

Couverture DIG! -2

Couverture DIG! -2

« Quelle serait pour vous la raison d’une potentielle fin de civilisation ? » Voilà sur quoi neuf auteurs ont planché pour donner naissance à ce numéro -2 de DIG! (comprenez Digression Imaginaire Généralisée). Parmi eux, Tiphaine Gantheil et Timothée Morisse, deux des membres fondateurs de ce collectif crée en 2012. Les deux auteur.rice.s se trouvent actuellement à Poitiers en tant que résidents invités par le service culturel de l’Université. Pour s’exprimer autour de la thématique qu’est « Les violences faites aux femmes et aux corps des femmes », mais aussi pour partager leur univers artistique. La BU Lettres vous propose de découvrir la dernière parution de DIG! dont le contenu, ne serait-ce que par sa diversité graphique, ne vous laissera pas indifférent !

Lire la suite

Prêts en Bulles # 8

Dans notre précédent article de Prêts en Bulles, nous avions mis en exergue le succès qu’a connu la série appelée Psycho Investigateur, parmi nos lecteurs. Parues en mai dernier, les nouvelles aventures de Simon Radius débarquent enfin dans votre Bibliothèque Universitaire de Lettres. S’il y a des bandes dessinées que l’on peut emprunter les yeux fermés, la nouvelle création d’Erwan Courbier et Benoit Dahan en fait assurément partie. Focus sur L’Héritage de l’Homme-Siècle, titre de ce quatrième tome.

Psycho Investigateur : l’héritage de l’homme-siècle/E. Courbier & B. Dahan (Editions Petit à Petit). Source : Decitre.fr

L’histoire débute par un joli chantage. Celui d‘Henri Du Perthuis. Ce dernier vient à la rencontre de Simon Radius, encore convalescent suite aux traumatismes subis lors de ses dernières investigations. Du Perthuis dresse le tableau : Eugène, son centenaire de père, lui aurait confié l’existence d’un trésor mais un accident récent lui a fait perdre la mémoire. Suivi par John-Lou Bonseigneur, vieille connaissance de Simon, le docteur n’a pas eu le temps de découvrir les secrets enfouis du vieil homme. Son impossibilité d’exercer étant la conséquence d’une violente altercation avec son meilleur ennemi, Radius.

Lire la suite

Prêts en Bulles # 7

Cette fin d’année universitaire coïncide avec l’ultime billet de la saison pour Prêts en Bulles. L’occasion de dresser un bilan de l’activité de notre fonds bandes dessinées qui ne cesse de s’enrichir depuis près de deux ans. En avoisinant les mille titres disponibles à l’emprunt, quelques données démontrent que cet objet culturel trouve sa place dans la communauté estudiantine. Sans éluder les nombreuses lectures sur place, voici quelques œuvres graphiques qui ont obtenu la faveur du public et d’autres qui mériteraient tout autant de voyager hors de nos locaux.

Carnets de Thèse/T. Rivière (Editions du Seuil). Source : Decitre.fr

Carnets de Thèse/T. Rivière (Editions du Seuil). Source : Decitre.fr

  • Notre avisQuoi de plus logique que la bande dessinée la plus empruntée depuis son acquisition en 2015 soit Carnets de Thèse. Ce témoignage de T. Rivière qui utilise son propre vécu de parcours de thésarde. Encore faut-il que tous ceux qui préparent ce diplôme de haute distinction s’y retrouvent. Force est de constater que T. Rivière a réussi à mettre en images le ressenti de chacune et chacun d’entre eux. L’incompréhension de l’entourage familial, la longueur sans fin de ce diplôme tant convoité, la dureté de ces remises en question perpétuelles, font de tous ces imprévus un témoignage authentique. À l’origine issues de son blog, les deux-cents pages de l’auteure offrent un sujet unique et représentatif de l’univers des thésards.

Lire la suite

Prêts en Bulles # 6

Il y a quelques semaines disparaissait Jirō Taniguchi, l’un des plus grands auteurs japonais de mangas. Ce genre apparu en France en 1978 a réellement conquis l’hexagone avec la saga futuriste Akira imaginée par Katsuhiro Otomo, douze ans plus tard. Puis sont arrivées les créations graphiques de J. Taniguchi. Celui qui a permis une vision inédite du manga a toujours été surpris par la ferveur qu’il dégageait auprès du public français. Une belle histoire qui a débuté en 1995 avec L’Homme qui marche, et qui ne s’est jamais essoufflée. C’est une œuvre remplie de délicatesse, de poésie et de rêverie que laisse en héritage un mangaka passionné par la bande dessinée européenne. Parmi ces quelques titres, la BU Lettres vous propose un voyage des plus apaisants.

Elle s’appelait Tomoji / J. Taniguchi : couverture. Ed. Rue de Sevres (source : Decitre.fr).

 

  • Notre avisTaniguchi s’inspire ici de la vie de Tomoji Uchida, célèbre pour avoir créé un temple bouddhiste (Tokyo). L’auteur, en narrant la jeunesse de Tomoji, en profite pour dépeindre un Japon moins connu, car pauvre et met l’accent sur les conditions de vie précaires. C’est là tout l’intérêt de l’histoire : découvrir cette période appelée l’ère Taishō (1913-1926), où la population se cantonnait à une vie rudimentaire. L’auteur distille quelques indices qui expliqueraient la raison pour laquelle Tomoji se serait dirigée vers le bouddhisme (notamment par de dures épreuves à traverser). Le trait épuré de Taniguchi accompagne harmonieusement ce portrait. Tout en délicatesse, il donne à ses personnages cette humilité qu’il affectionne tant. Avec cette particularité qu’il utilise pour la première fois, un personnage féminin au centre de l’histoire. Comme souvent, une fois l’oeuvre terminée, on a cette agréable sensation d’avoir été transportés.

Lire la suite