Prêts en Bulles # 10

C’est en 2013 que l’écrivain Pierre Lemaitre reçoit le prestigieux prix Goncourt pour son roman picaresque, Au revoir là-haut. L’œuvre du romancier se voit transposée sur grand écran par Albert Dupontel dont l’inspiration aboutira à un succès tout aussi retentissant dans le monde du septième art. Mais avant de toucher en plein cœur les cinéphiles, la poignante histoire de ces deux survivants de la Grande Guerre a aussi été adaptée en bande dessinée. En s’associant à Christian de Metter, expert de ce type d’exercice, Pierre Lemaitre prouve que condenser presque six-cent pages en quelques cent-cinquante planches, n’affecte en rien la qualité du récit. Les deux auteurs offrent même une vision inédite tout en conservant la belle intensité de l’intrigue originelle.

Au revoir là-haut/Christian de Metter & Pierre Lemaitre (Editions Rue de Sèvres). Source : Decitre.fr

Au revoir là-haut/Christian de Metter & Pierre Lemaitre (Editions Rue de Sèvres). Source : Decitre.fr

 

La Guerre de 14-18 touche à sa fin. La première page témoigne de l’attente des Poilus dans leurs tranchées. Ce n’est plus l’ennemi qu’ils doivent tuer mais le temps. En face, les soldats allemands s’arment de patience maintenant que les fusils sont posés et que l’Armistice approche. Mais les galons sont toujours en place. Ceux du Lieutenant Pradelle ne sont pas assez importants. Une ultime confrontation victorieuse le ferait passer au rang de Capitaine. C’est ainsi que débute Au revoir là-haut. Par la folie d’un arriviste qui provoquera un acte lourd de conséquences.

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Prêts en Bulles # 6

Il y a quelques semaines disparaissait Jirō Taniguchi, l’un des plus grands auteurs japonais de mangas. Ce genre apparu en France en 1978 a réellement conquis l’hexagone avec la saga futuriste Akira imaginée par Katsuhiro Otomo, douze ans plus tard. Puis sont arrivées les créations graphiques de J. Taniguchi. Celui qui a permis une vision inédite du manga a toujours été surpris par la ferveur qu’il dégageait auprès du public français. Une belle histoire qui a débuté en 1995 avec L’Homme qui marche, et qui ne s’est jamais essoufflée. C’est une œuvre remplie de délicatesse, de poésie et de rêverie que laisse en héritage un mangaka passionné par la bande dessinée européenne. Parmi ces quelques titres, la BU Lettres vous propose un voyage des plus apaisants.

Elle s’appelait Tomoji / J. Taniguchi : couverture. Ed. Rue de Sevres (source : Decitre.fr).

 

  • Notre avisTaniguchi s’inspire ici de la vie de Tomoji Uchida, célèbre pour avoir créé un temple bouddhiste (Tokyo). L’auteur, en narrant la jeunesse de Tomoji, en profite pour dépeindre un Japon moins connu, car pauvre et met l’accent sur les conditions de vie précaires. C’est là tout l’intérêt de l’histoire : découvrir cette période appelée l’ère Taishō (1913-1926), où la population se cantonnait à une vie rudimentaire. L’auteur distille quelques indices qui expliqueraient la raison pour laquelle Tomoji se serait dirigée vers le bouddhisme (notamment par de dures épreuves à traverser). Le trait épuré de Taniguchi accompagne harmonieusement ce portrait. Tout en délicatesse, il donne à ses personnages cette humilité qu’il affectionne tant. Avec cette particularité qu’il utilise pour la première fois, un personnage féminin au centre de l’histoire. Comme souvent, une fois l’oeuvre terminée, on a cette agréable sensation d’avoir été transportés.

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