Réduire les inégalités, c’est possible !

C’est le titre d’un ouvrage à paraître (sous réserve de contributions suffisantes), piloté par l’Observatoire des inégalités, qui rassemblera les contributions/propositions de trente experts. J’ai contribué avec Michel Grossetti à cet ouvrage, avec un texte sur la question des inégalités territoriales.

L’ensemble des experts mobilisé est le suivant : Philippe Askenazy, Jean-Claude Barbier, Olivier Bouba-Olga, France Caillavet, Lucas Chancel, Christian Chavagneux, Tom Chevalier, Philippe Coulangeon, Thomas Coutrot, Nicole Darmon, Catherine Delgoulet, Francois Desriaux, François Dubet, Nicolas Frémeaux, Sébastien Goudeau, Julien Grenet, Michel Grossetti, David Guilbaud, Claire Hédon, Fabien Jobard, Thierry Lang, Clotilde Lemarchant, Pierre Madec, Jacques de Maillard, Dominique Méda, Pascale Novelli, Nicolas Oppenchaim, Ariane Pailhé, Dominique Pasquier, Claire Rodier, Rachel Silvera et Anne Solaz.

Si vous souhaitez soutenir ce projet de publication, vous pouvez contribuer sur cette page.

Le graphique du jour : à qui profite la croissance ?

Graphique très intéressant, trouvé via @g_allegre (économiste, OFCE Sciences Po), qui reprend, dans sa partie haute, le taux de croissance du PIB de quelques pays développés des années 1950 à nos jours, et, dans sa partie basse, le taux de croissance du revenu des 90% des ménages aux revenus les moins élevés (on enlève donc les 10% des plus hauts revenus). Une façon efficace de saisir à la fois la dynamique de croissance et la dynamique des inégalités sur longue période.

graph_1En France, on observe par exemple que la croissance économique 2010-2013 d’un peu plus d’1% s’est accompagnée d’une croissance des revenus hors top 10% des revenus du même ordre. Au Royaume-Uni, la croissance économique a été plus forte qu’en France, mais c’est entièrement au profit du top 10. La situation américaine depuis le début des années 2000, enviable en matière de croissance, l’est peu en matière d’inégalités.  C’est pire au Japon. Je vous laisse découvrir la situation de chacun des pays.

Sur ce sujet “croissance et inégalités”, je vous recommande vivement, en complément, la lecture de ce document de l’OCDE, qui montre que, sur la période d’étude, les inégalités freinent la croissance dans quasiment tous les pays de leur échantillon. La raison invoquée ? La montée des inégalités freine l’investissement dans l’éducation des enfants des ménages les plus pauvres (pas seulement les 10% les plus pauvres, mais les 40% les plus pauvres d’après l’étude), et comme le capital humain est l’un des principaux facteurs de croissance, la croissance économique ultérieure en est entamée.

Soixante ans d’histoire économique en un graphique

Trouvé via Arthur Charpentier (@Freakonometrics), ce magnifique graphique, qui résume soixante ans d’histoire économique, américaine en l’occurrence :

Il s’agit du taux de croissance annuel moyen du revenu des ménages, sur la période, par quintile de revenu (les 20% les plus pauvres, puis les 20% suivants, etc.) et pour les 5% les plus riches.

On peut y voir beaucoup de choses :

  • la forte croissance d’après la seconde guerre mondiale, avec une tendance à la réduction des inégalités (surtout sur 1950-1960), les taux de croissance étant d’autant plus fort que les revenus sont faibles,
  • la crise des années 1970 (les chocs pétroliers pour aller vite), avec des taux de croissance faibles mais malgré tout positifs, et la crise actuelle, d’ampleur beaucoup plus forte, avec des taux de croissance tous négatifs,
  • la très forte montée des inégalités sur la période 1980-2000, avec cette fois des taux de croissance du revenu des ménages d’autant plus forts que les revenus sont forts. Les 20% les plus riches s’en sortent bien, les 5% encore mieux, si on avait les chiffres pour les 1% ou les 0,1%, ce serait encore mieux pour eux (voir les travaux de Piketty/Saez).
J’ai décidé d’ajouter une catégorie pour classer mes articles, intitulée “Graphiques”, histoire de poster de temps en temps un petit billet sur les graphiques qui auront retenu le plus mon attention.