Pourquoi, mais pourquoi donc, avons-nous de si mauvais politiques?

Parfois, les bras m’en tombent… Je me dis que si nos politiques prenaient la peine de suivre un cours d’économie de 2 ou 3 heures, niveau deuxième année de licence, le monde irait mieux.

Dernier exemple en date, la fureur de Huchon et Pécresse au sujet des RER qui sautent des arrêts pour respecter l’horaire. L’article de Libé est confondant. Pour Huchon et Pécresse, je veux dire. Extrait de l’article :

«Je suis absolument furieux et je vais m’en occuper tout de suite», a-t-il affirmé. «On a signé des contrats donnant des obligations à la RATP et la SNCF (qui co-exploitent les RER, ndlr) moyennant un bonus ou un malus selon le respect de ces obligations, et la première est arriver à l’heure», a rappelé Jean-Paul Huchon.

«Actuellement sur certaines lignes, il y a des retards considérables et pas admissibles», a souligné le président PS de la région Ile-de-France, «c’est complètement stupide de la part de la direction de l’entreprise de donner éventuellement des consignes» de ne pas s’arrêter pour tenir les horaires. «Je vais reprendre le contact immédiatement avec Mongin (patron de la RATP, ndlr) et Pépy (PDG de la SNCF, ndlr) pour leur dire que cela ne convient pas»

(…)

L’opposition régionale, par la voix de Valérie Pécresse, présidente du groupe UMP, a dénoncé une «situation totalement scandaleuse», dans un communiqué. «Le système de bonus-malus doit inciter les opérateurs à offrir un meilleur service aux usagers (…) La situation décrite par Europe 1 constitue un détournement inacceptable du système et appelle une réponse immédiate et forte», a estimé Valérie Pécresse.

J’avoue, j’ai lu l’article plusieurs fois. Au début, je me suis pincé, pensant que je rêvais. Les bras m’en sont tombés. Courageusement, je les ai ramassés (pas facile). Revissés (plus dur encore).

La Région Ile-de-France fixe un objectif prioritaire à des entreprises : arriver à l’heure. C’est la première des obligations, rappelle Huchon. Et il s’étonne que tout soit fait pour respecter cet objectif inscrit contractuellement, au mépris d’autres considérations. Facilement vérifiable, l’objectif, qui plus est. Et Pécresse s’étonne du détournement de ce système de bonus-malus, appelant une réponse immédiate et forte.

Dites à des policiers que tout ce qui compte pour leur évalution, c’est le nombre de gardes à vue. Le nombre de gardes à vue explosera. Un grand nombre sera injustifié.

Dites à des chercheurs que tout ce qui compte pour leur budget recherche, c’est le nombre d’articles publiés, il augmentera. Leur qualité baissera aussi, très vite.

Dites à un footballeur, bon dribleur, qui passe trop souvent le ballon à l’adversaire, qu’il sera sanctionné financièrement à chaque ballon rendu. Il ne fera pas moins de mauvaises passes : il arrêtera de faire des passes.

Je peux multiplier les exemples, tous réels. Définissez un objectif. Réduisez le à un indicateur, avec une performance à atteindre. Elle sera vite atteinte : on répond tous très bien, très vite, à ce type d’incitation.

C’est du niveau L2, je vous jure. Sûr qu’en L1, ça passe aussi. Voire au Lycée.