J’en avais déjà parlé ici et là, la comptabilité traditionnelle du commerce international masque la tendance à la fragmentation croissante des processus productifs : quand une entreprise française exporte une voiture pour une valeur de 100, on ajoute 100 aux exportations françaises, en négligeant le fait que cette voiture incorpore des composants importés par le fabricant français. Comment intégrer cette tendance? Il convient de mesurer le commerce en valeur ajoutée, autrement dit déduire des 100 exportés ce que le fabricant a acheté à l’étranger.
Robert Johnson et Guillermo Noguera viennent de publier sur Vox-Eu un billet présentant les résultats du travail qu’ils ont réalisé en ce sens. On y découvre que le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine est réduit de 40% avec cette nouvelle comptabilité, car la Chine importe nombre des composants qu’elle assemble ensuite, une part importante de la valeur ajoutée lui échappe donc. Pour tous les pays, on observe que l’industrie pèse moins et les services pèsent plus qu’on l’imagine dans le commerce mondial. Les ratios calculés pour la France sont dans la moyenne des pays de leur échantillon.