Les inégalités de revenu en France et dans l’OCDE

Quelques éléments/compléments au billet d’hier sur les inégalités de revenu, juste pour situer la France par rapport à d’autres pays de l’OCDE. J’avais déjà évoqué le sujet  ici, pour montrer que les inégalités de revenu en France ont été remarquablement stables sur la période 1980-2000. Je viens de "tomber" sur quelques graphiques source OCDE, je les reprends et les commente rapidement.



Premier graphique : les inégalités en termes de revenu disponible (ie après impôts et transferts) varient fortement d’un pays à l’autre. Les pays les plus égalitaires sont le Danemark, la Suède, les Pays-Bas ; les plus inégalitaires sont le Mexique, la Turquie, la Pologne et les Etats-Unis. La France est dans une situation intermédiaire, avec des inégalités plus faibles que dans la moyenne des pays de l’OCDE. On notera la proximité de la France, de l’Allemagne et de la Belgique.



Deuxième graphique : l’évolution par quintile. L’idée est de décomposer la population en différentes classes : les "pauvres" (quintile inférieur), les "riches" (quintile supérieur), les classes moyennes (quintiles intermédiaires). On regarde ensuite la progression des revenus de chaque classe, on affecte des —, –, -, =, +, ++, +++ en fonction des évolutions. On retrouve le résultat rappelé plus haut : grande stabilité dans l’évolution des inégalités en France. Globalement, dans l’OCDE, on observe une stabilité dans la situation des pauvres, une détérioration de la situation des classes moyennes, une amélioration de la situation des plus riches. Je vous laisse observer les situations plus précises de chaque pays.



Troisième graphique : une nouvelle décomposition, non plus par classe de revenu, mais par âge. C’est sans doute le graphique le plus saisissant! La France se distingue par une évolution relative très défavorable des "jeunes" entre 26 et 40 ans (que personne ne me dise que les 26-40 ans ne sont plus jeunes 🙂 ) et particulièrement favorable des 51-65 ans et, dans une moinde mesure, des tranches d’âge encore supérieures. Bref, il fait bon être vieux dans notre doux pays!



Quatrième graphique : la distinction revenu marchand (avant impôt/transfert) et revenu disponible (après impôt/transfert). Entre les deux, l’Etat (au sens large) est passé par là, pour faire de la redistribution. On observe, et c’est heureux!, que dans tous les cas, les inégalités après redistribution sont plus faibles qu’avant, signe que l’Etat "prend aux riches pour donner aux pauvres". Bon, mais plus ou moins cependant, selon les pays! Ca redistribue énormément au Danemark et en Suède, mais aussi en Belgique, et plutôt pas mal en France. Ce graphique est intéressant, car on constate qu’avant redistribution, les inégalités sont beaucoup plus faibles au Danemark (indice de 35 environ) qu’en Belgique par exemple (indice de 45). Les deux pays font un grand effort de redistribution, je dirais même un effort comparable, si bien que l’écart initial entre les deux pays demeure. On peut se dire que pour réduire encore les disparités, la Belgique a intérêt à agir en amont de la redistribution, au niveau de la distribution primaire des revenus. Idem pour la France, qui présente des inégalités avant redistribution somme toute assez fortes…

Complément au complément, maintenant, avec deux graphiques tirés d’une étude de Piketty. Celui-ci a collecté des stats sur la part dans les revenus (avant/après impôt) du décile / centile supérieur, et ce sur très longue période.


S’agissant du décile supérieur (les 10% des foyers les plus riches), on observe un accroissement de leur part dans le revenu total des années 40 au milieu des années 1960, une baisse ensuite jusqu’au début des années 1980, puis un accroissement depuis. Difficile de relier cela à la couleur politique des gouvernements, même si certains ne manqueront pas de souligner que le point de retournement (1982-1983) correspond à la mise en oeuvre de la politique de désinflation compétitive du gouvernement socialiste, politique toujours en vigueur depuis lors…



S’agissant du premier centile, c’est-à-dire vraiment les très très riches (les 1% les plus riches), on observe une stabilité/légère baisse de leur poids depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Leur poids a aussi augmenté, mais plus légèrement que pour le premier décile, de 1982 à 1990.

Pour en revenir au débat Krugman/Mankiw, ces deux derniers graphiques montrent la nécessité de distinguer, sans doute, entre l’analyse des 90/10 et celle des 99/1, comme le suggère aussi Josh Bivens.

Notons pour finir que les graphiques de Piketty ne permettent pas de saisir les effets générationnels, dont on a vu l’importance plus haut.

Les inégalités, produit des politiques?

La lettrevolée fait état du débat en cours aux Etats-Unis entre Krugman (et d’autres) vs. Mankiw (et d’autres) sur le pourquoi de l’accroissement des inégalités de revenu. La thèse de Krugman : la couleur du parti à la Maison Blanche y est pour beaucoup. Celle de Mankiw : non, non, mon capitaine, l’accroissement des inégalités s’explique par l’évolution technologique, biaisée en faveur du capital humain. Le débat tel qu’il s’est développé par blogs interposés est synthétisé ici, par Brad DeLong.

Première remarque : ca discute et ca débat entre économistes aux Etats-Unis, plus qu’en France me semble-t-il.

Notons que débat a commencé avec cet éditorial de Krugman dans le NY Times, éditorial qui commençait ainsi :

Recently, Henry Paulson, the Treasury secretary, acknowledged that economic inequality is rising in America … he also conceded that this might be cause for concern.
But he quickly reverted to form, falsely implying that rising inequality is mainly a story about rising wages for the highly educated. And he argued that nothing can be done about this trend… History suggests otherwise. …

Deuxième remarque : encore un politique qui se désarme tout seul…

Troisième remarque :  je suis pas peu fier d’avoir  précédé Krugman  il y a quelque temps déjà, en reprenant un graphique montrant l’explosion des inégalités sous Tatcher au Royaume-Uni. Je le reprends ici :


Quatrième remarque : Krugman s’appuie pour argumenter sur l’étude de Bartel, dans laquelle on trouve le graphique saisissant suivant :

Pas beaucoup d’ambiguité semble-t-il…

L’explication avancé par Krugman est la suivante :

Unions are probably top of the list; I believe that there’s a qualitative difference between wage bargaining in an economy with 11 percent of workers unionized, which is what we had in the early 30s, and one with 35 percent unionization, which is what emerged from World War II. That’s discontinuous change, partly driven by a change in political regime. And the process went in reverse under Reagan.

Selon lui, l’explication première tient donc au poids des syndicats (poids qui dépend lui même de la couleur politique du gouvernement en place). Des syndicats faibles ne peuvent faire pression à la hausse sur les salaires des plus pauvres, des syndicats forts le peuvent. En gros, son analyse est sous-tendue par une approche plutôt marxiste – keynésienne – régulationniste de la formation des salaires (c’est moi qui le dit. Pas sûr que Krugman apprécie la filiation, si quelqu’un voit une autre façon de théoriser ce qu’il affirme, je suis preneur!), qui dépend des rapports de force entre les collectifs d’acteurs. Mankiw and Co s’appuient de leur côté sur une analyse néoclassique, dans laquelle les facteurs de production sont rémunérés à leur productivité marginale : si les personnes qualifiées disposent de salaires plus importants, et si l’écart se creuse entre eux et les personnes moins qualifiées, c’est que leur productivité est plus forte, et croît de manière plus rapide (étant entendu que l’on peut faire des variations sur la sur-rémunération en introduisant des analyses genre salaire d’efficience dont Mankiw est friand). 

Bon, de mon point de vue, c’est plutôt une position intermédiaire qu’il faut défendre: l’évolution économique récente favorise clairement les personnes les plus qualifiées, qui bénéficient d’un accès privilégié à l’emploi et des rémunérations plus attractives. Cependant, les écarts de rémunération dépendent aussi des rapports de force entre les collectifs d’acteurs, d’où la dépendance au poids des syndicats et à l’idéologie dominante au pouvoir. Pour le dire autrement, disons que l’évolution économique produit un potentiel d’inégalités de revenu, qui sera pleinement réalisé, ou seulement partiellement, en fonction des rapports de force entre acteurs (Cf. aussi l’analyse de Mark Toma et le papier en lien sur le cas australien).

D’un point de vue de politique économique, deux perspectives:
* faire en sorte de rééquilibrer les rapports de force entre les collectifs d’acteurs, étant entendu qu’en France les syndicats de salariés ne pèsent plus grand chose… (je ne suis donc pas tout à fait d’accord (euphémisme) avec Enzo d’Aviolo qui tire à boulet rouge sur Ségolène et sa volonté d’accroître le taux de syndicalisation). Ceci devrait conduire à la mise en oeuvre de nouveaux compromis institutionnalisés pour reprendre des termes régulationnistes, définissant de nouveaux modes de distribution (et de redistribution) des revenus.
* Mais aussi élever le niveau de qualification de la population pour prendre acte du caractère biaisé du changement technologique. Ce qui veut dire une politique ambitieuse de formation initiale et continue. En développant ce type de politique, on agit en amont de la distribution/redistribution des revenus. Autrement dit, on n’attend pas que les inégalités surviennent pour les corriger, mais on agit sur les déterminants des inégalités (différences de qualification).

remarque conclusive : à quand des débats de ce type en France?

La France toujours en grève…

Dans la lignée du précédent billet sur une France impossible à réformer, un petit message pour signaler l’étude de Ian Eschstruth "La France, pays des grèves?", qui recense les travaux sur la conflictualité dans différents pays développé, et ce sur longue période (merci à AJC de m’avoir signalé cette étude!).

Résultat : une nouvelle idée reçue qui tombe, la France ne se signale pas par une conflictualité démesurée…

Ci-dessous l’un des graphiques, sur la période la plus récente (classement de 25 pays par conflictualité décroissante sur la période 1998-2004) :



On notera la première place du Danemark, la Norvège au pied du podium et la Finlande devant la France… Le conflit peut aussi être vu comme un moment particulier dans un processus continuel de coordination entre acteurs, tout l’enjeu étant de savoir sur quoi il débouche.

La France, impossible à réformer?

Dans une interview récente pour Le Monde, Pierre Cahuc reprend le discours habituel selon lequel la France n’est pas réformable (merci à Christian Lippi pour l’info dans son commentaire au précédent billet!) :

nous sommes marqués par certaines habitudes culturelles et nous avons beaucoup de mal à changer. [Pierre Cahuc, Le Monde, 2006, 18 août 2006. visible ici]


Propos qui ne déplairaient pas, sans doute, à un Nicolas Baverez ou à un Jacques Marseille, pour ne citer que deux représentants très médiatisés de la thèse du déclin français (je ne dis pas que Cahuc partage leurs analyses).

Contre cette vision des choses, vient de paraître un ouvrage intéressant qui démontre au contraire que la France a fortement évolué sur la période 1980-2005. Il est le fruit d’une collaboration entre chercheurs US et chercheurs français et s’appuie sur des études comparatives.On trouvera le compte-rendu d’un débat lors de la sortie de l’ouvrage ici.

En gros, la thèse défendu dans l’ouvrage est la suivante (je m’appuie sur ce qu’en dit Pascal Perrineau dans l’introduction du débat) :

1. Des réformes ont été menées en France entre 1980 et 2005, dans de multiples domaines, et ont partout gagné du terrain
2. Ces changements n’ont pas de visibilité d’ensemble, ce sont des changements non délibérés : on est face à un "incrémentalisme français", fruit de la stratégie des élites et si subtil qu’il passe inaperçu ; et face à des changements imposés mais peu débattus.
3. Enfin, ce portrait rend compte d’une crise du politique qui résiderait dans le décalage entre l’ampleur des changements accomplis et leur absence de visibilité politique,

Tout cela me semble plutôt pertinent. Tout comme les propos de Bruno Palier, pendant le débat :

Dire que la France change ne signifie pas que tout va bien, ou que l’on doive restreindre ce débat, à la suite de l’analyse proposée par P. Rosanvallon, à un clivage entre conservateurs et modernistes. L’analyse historique et la comparaison montrent au contraire qu’il y a plusieurs réformes et voies d’adaptation possibles à la mondialisation. Or en France, au cours de la période étudiée, le changement a été justifié en tant que voie unique et inéluctable face aux pressions de la mondialisation : il n’a pas été légitimé et les Français n’ont pas été associés en tant qu’acteurs de ces choix. Les expériences de réformes menées à l’étranger montrent au contraire que le changement peut être l’occasion d’une mise en débat des diverses solutions possibles et le résultat d’un choix assumé. [Source : ici, p. 8]

Ca ressemble assez aux propos d’un autre auteur :

Si la réorganisation transnationale des activités est contraignante, les moyens de s’adapter à la contrainte sont pluriels. A charge donc pour les politiques de proposer aux citoyens les alternatives en présence ; à charge ensuite aux citoyens, aux travers de leurs votes et de leurs actions collectives, de trancher entre elles.

Je vous laisse deviner qui et où…

Qui a dit (#3) ? Fin du Jeu !



Bon, le jeu s’est terminé très vite, puisque je crois qu’en moins de 10 minutes, Camille a donné la bonne réponse : Jack Lang. Je soupçonne Camille d’être soit abonné(e) au Nouvel Obs, soit d’écrire les discours de Jack soit, pire, de les apprendre par coeur…

Car, en effet, ces propos sont tirés d’une interview mémorable pour le Nouvel Observateur (semaine du 17-23 août, p. 32-33), celle-là même dans laquelle il explique avoir été applaudi par 50 000 personnes aux Vieilles Charrues par des gens criant "Jack Président!". Ce n’est plus Jack Lang, c’est Jeanne d’Arc (cf. ici pour quelques précisions…).

Retour sur ses propos : sur la fuite des jeunes hors de l’Hexagone, j’en avais déjà parlé , pour relativiser (euphémisme) ce genre de thèse.Sur l’impossibilité de créer son entreprise, je signale à Jack un document de l’Insee qui montre que la création d’entreprises ne se porte pas si mal que ça en France. Sur l’administration tatillonne et les banques imbéciles, là, je suis dépassé par la hauteur du propos et ne trouve rien à rétorquer. Il faudrait dire à Jack que ce n’est pas parce que son slogan est "inventons demain" (cf.son blog) qu’il est nécessaire qu’il "réinvente hier"…

Qui a dit (#3) ?

Petit jeu concours, sans aucun lot, juste le plaisir de trouver l’auteur, voire de commenter la citation…

Il faut libérer un pays qui étouffe. Ce qui menace la France (…) : des centaines de milliers de jeunes Français partent à Londres, à New York, ou rêvent de partir, parce que notre pays est fermé! Parce qu’il est impossible de créer son entreprise! Parce qu’une administration tatillonne, des banques imbéciles tuent l’initiative et le rêve!


Je trouve ça tellement vrai…

Hue cocotte ! (Seb part en Chine)



Seb est sous les feux de l’actualité avec le rachat de l’entreprise Zhejiang Supor Cookware, leader chinois du matériel de cuisine. On en parle un peu partout dans les médias, par exemple ici. DirtyDenis aussi, qui s’énerve contre la réaction du délégué CGT (add : pendant qu’Etienne s’énerve contre le PDG du groupe).

Quelques commentaires à chaud  et dans le désordre :

1. on notera qu’il ne s’agit pas d’une délocalisation (fermeture d’un site en France suivi de sa réouverture en Chine), mais d’une acquisition. On redoute bien sûr, côté français, des licenciements voire fermetures de sites. Tout ca pour dire que l’analyse des nouvelles géographies du capitalisme ne peut se réduire à l’analyse des délocalisations au sens strict.

2. le motif essentiel évoqué ne relève pas d’un problème de réduction des coûts de production, mais d’un objectif d’accès à de nouveaux marchés en croissance forte. La Chine attire au moins autant par sa demande que par le coût de sa main d’oeuvre (une étude de la Banque de France de 2004 estime qu’environ 50% des IDE vers la Chine sont motivés par une volonté de réduire les coûts, 50% par une volonté d’accéder à une nouvelle demande). Ceci n’est pas anecdotique : l’Europe souffre actuellement sans doute moins d’un désavantage en termes de coûts que d’un problème de croissance faible.

3. En accédant au marché chinois, Seb va pouvoir mieux connaître ce marché, et sans doute écouler, aussi, à plus ou moins long terme, des produits plus haut de gamme, dont certains sont fabriqués en France. Le bilan en termes d’emplois, en France, n’est donc pas nécessairement négatif. Il sera en revanche très certainement biaisé : diminution des emplois les moins qualifiés, augmentation des emplois les plus qualifiés. Avec une transition à gérer si possible efficacement.

4. La comparaison des coûts de production n’est pas si simple qu’il y paraît. Alors, certes, Le Monde ressort le sempiternel "les coûts de production y sont [en Chine] parfois 50 fois plus faibles qu’en France" (à mon avis, l’ordre de grandeur concerne plutôt le coût du travail, pas les coûts de production, ce qui n’est absolument pas la même chose, cf. ce que mes explications dans Les Nouvelles Géographies du Capitalisme), mais en fonction du produit fabriqué, des coûts de production et des coûts de coordination, des compétences à mettre en oeuvre, etc… l’avantage peut être inversé. Pour preuve la déclaration d’un responsable de Seb, en octobre 2005 : « Sur un fer à repasser dont la fabrication est très automatisée et où l’on est leader mondial avec 10 millions de fers produits par an, notre prix de revient en Europe est de 20% inférieur à celui que nous pourrions obtenir en Chine » (source ici, article très bien fait des Echos, qui permet de bien comprendre la stratégie actuelle de Seb).

5. On ne peut donc pas réduire la stratégie de Seb a une seule proposition du genre : "hue cocotte, tous en Chine, les coûts y sont si bas!". Pour certains produits, Seb délocalise. Pour d’autres, Seb a intérêt à produire en Europe et en France. En fonction de la dynamique de chacun des segments et de la qualité du positionnement de Seb, l’emploi en France sera soit gagnant, soit perdant.

6. Si Seb prend maintenant le contrôle de l’entreprise Chinoise, c’est parce que la réglementation chinoise a évolué : on peut maintenant acquérir une entreprise sans payer en cash, mais en actions. En gros, Seb rachète en faisant ce que Mittal voulait faire avec Arcelor (payer pour l’essentiel en action), chose qu’en France on a vivement critiqué. [Au fait, en passant, j’espère que chacun aura apprécié l’évolution des relations entre les responsables de Mittal et Arcelor…]

7. Je ne dis pas non plus que l’opération de Seb est nécessairement et a priori gagnante : il faut savoir qu’environ 1/3 des IDE sont des échecs, en raison, notamment, d’une sous-estimation des coûts de la coordination à distance. Disons plutôt que, compte tenu des infos disponibles aujourd’hui, il me semble que l’opération est plutôt pertinente et sans doute profitable à l’économie française, y compris en termes d’emplois…

Affaire à suivre…

Les conflits d’usage autour de la ressource en eau

Vient de paraître dans la revue Flux un article co-écrit avec Pascal Chauchefoin et Jacques Mathé, intitulé "Innovation et territoire : une analyse des conflits d’usage autour de la ressource en eau, le cas du bassin versant de la Charente", Flux, 2006, n°63/64, p. 32-41. (version très provisoire téléchargeable ici, si certains sont intéressés par la dernière version, envoyez-moi un mail).

On montre que :
i) sur le bassin versant de la Charente, le problème ne se réduit pas à l’opposition agriculteurs/ostréiculteurs : l’urbanisation/périurbanisation (problème de l’étaement urbain), le développement du tourisme et de la navigation de plaisance, ainsi que (dans une moindre mesure) les pollutions industrielles ne sont pas sans poser problème.
ii) de plus, on a trop tendance à réduire le problème à l’échelle locale, en oubliant les déterminants non locaux. C’est particulièrement le cas lorsqu’on dénonce ces "méchants" agriculteurs qui, spécialisés dans le maïs irrigué, pénalisent l’activité ostréicole. Or, cette spécialisation dépend très largement du système d’incitation de la Politique Agricole Commune. La résolution du problème passe donc aussi par une évolution des politiques européennes (en cours, avec la mise en oeuvre du découplage des aides)… et des politiques nationales en matière d’agriculture.

J’ajouterai que l’on se contente la plupart du temps de réagir à chaud, lorsque le problème survient, été après été, plutôt que de mettre en oeuvre, à froid, une politique de long terme en s’interrogeant sur les modalités d’une transition vers une activité agricole moins génératrice d’externalités négatives. Tendance que l’on retrouve dans la plupart des domaines de l’action publique, d’ailleurs.

C’est en tout cas ce que j’ai essayé d’expliquer sur France Bleu La Rochelle le 6 août dernier, qui m’a sollicité pour une petite interview après avoir vu sur mon blog que je travaillais sur le sujet (vive les blogs!). La parution de l’article vient donc à point nommé.

J’ajoute enfin que le problème est loin d’être exclusivement picto-charentais, si l’on en juge par les articles parus récemment dans Le Monde, ici et .

Vacances…

L’activité du blog s’est sensiblement réduite ces derniers temps : activité de recherche très intense, actualité sportive très dense, actualité économique passée au second plan…
Les choses ne vont pas s’arranger ce mois ci, puisque je plie bagages jusqu’à début août… .

Mais, grâce au développement des TIC, j’ai maintenant le don d’ubiquité : vous pourrez ainsi m’entendre dans l’émission Géopolis de la Radio Suisse Romande le vendredi 28 juillet de 15h à 16h,  dans le cadre d’une interview réalisé par Jacques Mouriquand à la suite de la sortie des Nouvelles Géographies du Capitalisme.  L’émission pourra être écoutée à partir de cette date pendant 6 à 8 semaines sur le site de la station.

Je remarque en passant que je suis particulièrement sollicité en Suisse : interview de la Radio Suisse Romande, donc,  invitation en juin dernier de l’Université de Lausanne, recension très récemment dans le quotidien Le Temps, invitation pour un séminaire qui aura lieu le 1er septembre organisé par la Banque Cantonale de Genève, invitation à rédiger un article sur les Territoires de l’innovation pour la Revue Economique et Sociale, et peut-être d’autres choses à suivre… Pourquoi donc? Et bien justement, je crois qu’il y a matière à théoriser un peu cela, en s’appuyant sur les analyses en termes de Petits Mondes dont je parle dans les Nouvelles Géographies du Capitalisme… Promis juré, je rédige un billet à mon retour pour expliquer de quoi il retourne!

D’ici là, histoire d’occuper d’éventuels lecteurs en mal d’activité, un peu "d’économie participative" : s’il y avait un sujet d’économie (un peu précis) que vous aimeriez  que je traite sur mon  blog à mon retour, quel serait-il?  Je m’efforcerai de me pencher sur le sujet  qui recueillera  le plus de suffrage…

D’ici là, bonnes vacances à ceux qui en prennent, surtout pour les étudiants qui vont souffrir à la fac dès septembre prochain. Bon travail à ceux qui n’en prennent pas, notamment à tous les étudiants des formations dans lesquels j’interviens, qui sont en stage, qui rédigent leur mémoire ou qui révisent leurs examens de septembre (session de nouveau d’actualité, CPE oblige)…

Les relations entreprises-territoires

Parution d’un nouvel article de recherche.

Références  : Bouba-Olga O., 2006,  "Les relations entreprises – territoires : un construit institutionnel et social", Economies et Sociétés, Hors-Série n°41, 3-4/2006, p. 477-496.

Une version antérieure (document de travail) est disponible en ligne
ici.

Résumé :
L’économie géographique a permis d’améliorer sensiblement notre compréhension de la dimension spatiale des phénomènes économiques. Elle souffre cependant de certaines insuffisances, que nous proposons de dépasser ici en nous appuyant sur les analyses en termes de proximité.
Ce faisant, nous montrons que la géographie économique est largement déterminée par les géographies (évolutives) des ressources, des réseaux et des institutions. La grille de lecture développée est ensuite appliquée à l’exemple de la sous-traitance turque dans le secteur du textile-habillement.

Si certains sont intéressés, je peux leur transmettre un tiré à part. Envoyez-moi un mail avec vos coordonnées postales. Tout commentaire est bien sûr le bienvenu!