Externalités négatives

J’apprends via Division of Labor que le fait de montrer des photos de femmes blondes à
des hommes avant qu’ils passent des tests  de connaissance fait chuter leur score. Après “enquête”, il s’avère que  c’est Thierry Meyer, professeur de psychologie à l’Université de
Paris X-Nanterre, qui est à la base de ce résultat. Il explique dans Le
Soir
: « Les blondes font que les hommes se comportent de manière plus bête car ils imitent inconsciemment le stéréotype de la blonde stupide et s’y adaptent ».

références de l’article : Bry, C., Follenfant, A., & Meyer, T. (2007). Blonde Like Me: When Self-Construals Moderate
Stereotype Priming Effects on Intellectual Performance. Journal of Experimental Social Psychology (résumé ici).

Economie de la rage de dent


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Depuis
quelques années, je vais chez un dentiste d’un genre nouveau. Un dentiste schumpetérien, en quelque sorte, qui innove intensément, notamment d’un point de vue organisationnel. Explications.

L’autre jour,  mal de dent tenace, j’appelle mon dentiste. Il me fixe un premier rendez-vous, d’environ 15 minutes au cours duquel il pose un diagnostic et planifie les séances suivantes :
une séance de 1h30, pour réaliser un premier ensemble de soins, une deuxième séance de 30 minutes, pour finaliser le travail. La veille du rendez-vous d’1h30, son assistante me passe un coup de
fil, pour que je n’oublie pas de venir.

Ca n’a l’air de rien, mais ça change tout : alors que les dentistes, habituellement, enchaînent des rendez-vous d’une vingtaine de minutes et traitent ce qu’ils peuvent dans le temps imparti, lui
inverse la problématique, et planifie la durée du rendez-vous en fonction du travail à réaliser. Pour cela, il a dû au préalable chronométrer le temps d’intervention nécessaire pour chaque acte,
et introduire la possibilité de rendez-vous longs. Implication immédiate, quand on cale des rendez-vous long, si un client fait défection, ça pose problème : d’où l’idée de rappeler les patients
la veille. Ceci lui permet également de décaler éventuellement de 10 à 15 minutes les rendez-vous si besoin.

Les avantages de ce type de fonctionnement sont nombreux : i) en termes d’hygiène, d’abord, il est difficile voire impossible d’être irréprochable quand on enchaîne des rendez-vous courts, alors
que lui dispose de plus de temps,  ii) lorsqu’on anesthésie les patients ensuite, il peut se passer entre 5 et 10 minutes avant que le produit ne fasse effet. Or, quand vous avez 20 minutes
pour traiter un patient, vous n’avez guère le temps d’attendre, vous commencez donc les soins, et parfois, ça fait mal. La douleur n’est pas liée à l’anesthésiant (tous les dentistes utilisent
les mêmes), mais à ce problème organisationnel, iii) lorsque les soins sont assez longs et que vous fonctionnez avec des rendez-vous courts, vous devez endormir, commencer à soigner, mettre un
pansement provisoire, fixer un nouveau rendez-vous, réendormir, continuer à soigner, etc… Pas vraiment optimal, ne serait-ce qu’en raison de l’injection répétée d’anesthésiant, iv) si votre
temps de trajet domicile-dentiste est assez élevé, vous perdez un temps considérable (en temps de transport) à enchaîner les rendez-vous (problème fréquent en région parisienne, m’a-t-il dit,
pour y avoir exercé en début de carrière), vi) de son côté, il m’a dit avoir gagné considérablement en qualité de travail : il n’a plus à enchaîner les rendez-vous sans savoir à l’avance ce qu’il
va devoir faire, à se dépêcher de soigner, passer au patient suivant, etc.

Pourquoi tous les dentistes ne font pas cela, me direz-vous? D’abord car de nombreux dentistes travaillent seuls (la moitié de ceux installés), et que le simple fait de devoir rappeler les
patients devient impossible. Ensuite car l’inertie organisationnelle, chez les dentistes comme dans toutes les organisations, est plutôt importante. Il y a pourtant pas mal à y gagner, en termes
d’efficacité économique (meilleure qualité des soins) et en termes de conditions de travail (baisse du stress).

Et depuis, rassurez-vous (je vous devine inquiets), je n’ai plus mal à ma dent…

Débat sur le système de santé US

Débat en cours aux Etats-Unis sur l’efficacité du système de santé US. Ca a commencé avec ce billet de Greg Mankiw. Réactions rapides de Mark Thoma, reprises et complétées par Brad de Long, puis de Dean Baker. Paul Krugman souscrit aux arguments de ces derniers.

 

Finalement, s’il n’y a pas autant de débats entre économistes en France, c’est peut-être parce qu’il nous manque un Greg Mankiw…

Comment lutter contre l’obésité?

Comment lutter contre l’obésité ? Pas difficile : il suffit de ne pas baisser le prix de l’essence…

 Via le blog de Greg Mankiw, je découvre en effet un papier de Charles Courtemanche titré « A silver lining ? The connection between gasoline prices and obesity ». Résumé (ma
traduction) :

L’accroissement de l’exercice physique et la diminution des repas pris au restaurant rend possible l’existence d’une relation de causalité entre prix de l’essence
et obésité. En utilisant un modèle à effets fixes pour tester empiriquement cette théorie, j’ai trouvé qu’une hausse de 1$ du prix réel de l’essence pouvait réduire l’obésité aux Etats-Unis de
15% après 5 ans, et que 13% de l’augmentation de l’obésité entre 1979 et 2004 pouvait être attribuée à la réduction du prix réel de l’essence durant cette période. J’apporte aussi des preuves
que cet effet s’explique à la fois par l’accroissement de l’exercice physique et par la baisse de la fréquence à laquelle les personnes mangent au restaurant.

Dans cette perpsective, cette information parue dans le
Monde
peut être considérée comme une bonne nouvelle!

A ne pas rater….

D’abord et surtout, La correction de ma correction des prévisions de croissance chez Ceteris Paribus. Ca m’apprendra à m’aventurer sur le terrain … glissant … des prévisionnistes. Mea culpa donc, vous pouvez
vous moquer dans les commentaires !

Ensuite, la citation de Bhagwati d’une brûlante actualité trouvée par Alexandre Delaigue (comment a-t-il fait pour trouver ça?). Je me permets de la reprendre ici :

(…) Economics is a jealous mistress, and you ignore her at your peril. A friend of mine in Brussels told me that he had seen François Mitterrand
(who had famously appointed Jacques Attali, an impressive intellectual with no knowledge of economics, as his adviser on the economy) give an interview on french television. He
was standing in front of a wall of bookshelves. The interviewer asked him if there was any book on economics among them. Mitterrand thrust his chest forward and said with gusto, “not one”. And
of course, a few weeks later, France had a nice economic crisis!

On peut donc s’attendre début 2008 à une crise économique en France (non, je ne ferai pas de prévision de croissance).

Encore, sur le site de l’APSES, des statistiques sur les bacheliers ES : certaines évoquées dans mon billet sur Darcos,
d’autres qui précisent les choix d’orientation de ces bacheliers et donnent une idée de leur poids dans le supérieur. On y
apprend aussi que Darcos a récidivé dans sa conférence de rentrée :

La voie générale doit être réorganisée en vue de ces objectifs. Je pense notamment à la réduction des déséquilibres qui opposent les différentes filières du
baccalauréat, entre une filière scientifique prestigieuse au lycée mais insuffisante à faire émerger de réelles vocations scientifiques, une filière économique et sociale aux débouchés
incertains
et une série littéraire en déclin constant depuis dix ans, qui n’accueille plus qu’un lycéen sur dix.” (je souligne)

L’APSES lance un appel à témoignage d’anciens ES (voir ici). Pourquoi pas, ça peut être intéressant, mais franchement, les chiffres me semblent suffisamment éloquents pour en attendre une réaction
argumentée du Ministre. Voir également le billet
d’Econoclaste-SM
.

Enfin, une version modifiée de mon premier billet de la saga Attali, cosignée avec Anne Lavigne, qui devrait attirer des commentaires “sympathiques” des lecteurs de
Libé, si l’on se souvient de l’expérience précédente



Le système de Santé US est-il performant?

Trouvé via le blog de Greg Mankiw, la réaction  de John Stossel aux piètres résultats des Etats-Unis dans une étude de l’OMS en matière de système de santé (signalons en passant que
la France est à la première place s’agissant de l’indicateur de performance globale du sytème de santé – voir p. 153 du
rapport
) :

 L’OMS s’appuie sur l’espérance de vie pour se prononcer sur la qualité du système de santé des pays. Mais ceci n’est qu’une piètre mesure du système de santé.
Beaucoup d’éléments conduisant à une mort prématurée n’ont rien à voir avec le système médical. Nous avons beaucoup plus d’accidents de la route mortels que les autres pays. Ceci n’est pas un
problème lié au système de santé. De la même manière, notre taux d’homicide est dix fois plus important qu’au Royaume-Uni, huit fois plus important qu’en France, et cinq fois plus fort qu’au
Canada. Quand vous prenez en compte ces éléments, l’espérance de vie aux Etats-Unis est en fait supérieure à quasiment tous les autres pays industrialisés. (ma traduction)

Moralité
[1]
 : vous pouvez vous faire soigner aux Etats-Unis, mais mettez un gilet
pare-balles, et attention en traversant la route…


[1] si l’on
suit l’argumentation de John Stossel, ce que je ne ferais pas tout à fait, car il caricature “légèrement” le travail de
l’OMS

Subprime : compléments

Suite à mon billet d’hier, j’ai reçu de  Stéphane Couvreur (un grand merci à lui
!) une proposition de traduction du billet de Cecchetti  : la voici au format pdf.  On attend
maintenant la traduction libre disons même la contribution de Gizmo sur le sujet. Pour patienter, on peut lire
l’analyse juridique du problème chez Diner’s Room

add 19/08 : saison 1 épisode 1 & 2 disponibles chez Gizmo. episode 3 bientôt !