Nicolas Sarkozy au Medef

Jeudi dernier, invité par le Medef, Nicolas Sarkozy a déclaré :

la France ne s’est "pas encore remise du choix historiquement stupide d’expliquer aux gens qu’en travaillant moins, on pourrait gagner davantage".


Moi, je dis qu’il a raison, Nicolas : il faut faire sortir de la tête des gens l’idée que l’on peut gagner plus en travaillant moins. C’est une contre-vérité totale : pour gagner plus, il faut travailler plus. Logique. Les responsables du Medef ont eu raison de lui faire une standing ovation, l’autre jour (normal, me direz-vous, les chefs d’entreprises, ça connaît l’économie).

 La preuve en image (les tableaux sont tirés de l’ouvrage remarquablement bien fait intitulé "The State of Working America 2006-2007" du Economic Policy Institute).

 Image numéro 1, où l’on apprend que le revenu par tête des habitants des pays développés a sensiblement augmenté de 1970 à 2004. En gros, doublement en 34 ans (il s’agit des revenus par tête exprimés aux prix et taux de change PPA 2000).



Image numéro 2, où l’on découvre stupéfaits que pendant ce temps,  les salariés sont devenus de plus en plus fainéants : dans tous les pays, le nombre d’heures travaillées par personne et par an a diminué. Même aux Etats-Unis. Beaucoup plus en France, mais y’a encore plus fainéants : Pays-Bas, Norvège, Allemagne. Le Danemark est juste derrière la France.



Image n°3, où l’on comprend que cette évolution paradoxale n’a rien de paradoxale. On peut gagner plus en travaillant moins si la productivité du travail augmente : les gains de productivité, ca veut dire que la croissance des richesses produites est supérieure à la croissance des ressources mobilisées. On peut en profiter soit pour maintenir constant les ressources mobilisées (notamment en travail = constance des heures travaillées) et accroître les revenus des salariés ; soit pour réduire les ressources mobilisées (diminution du temps de travail par exemple).



Après on peut débattre sur les choix les plus pertinents pour l’avenir : faut-il continuer sur cette tendance? Quand? à quel rythme?  N’a-t-on pas été trop loin et/ou trop vite? etc. On peut s’interroger sur le temps partiel subi, notamment par les femmes. On peut s’interroger aussi sur les moyens de gagner encore en termes de productivité, se dire que ces gains de productivité sont passés par une dégradation des conditions de travail dans l’entreprise (cf. l’ouvrage d’Askenazy  "Les désordres du travail"). Mais autant éviter de lancer le débat en affirmant que l’on n’a pas le choix ; en formulant de pseudo-lois économiques démenties clairement par l’histoire des faits économiques.

La France toujours en grève…

Dans la lignée du précédent billet sur une France impossible à réformer, un petit message pour signaler l’étude de Ian Eschstruth "La France, pays des grèves?", qui recense les travaux sur la conflictualité dans différents pays développé, et ce sur longue période (merci à AJC de m’avoir signalé cette étude!).

Résultat : une nouvelle idée reçue qui tombe, la France ne se signale pas par une conflictualité démesurée…

Ci-dessous l’un des graphiques, sur la période la plus récente (classement de 25 pays par conflictualité décroissante sur la période 1998-2004) :



On notera la première place du Danemark, la Norvège au pied du podium et la Finlande devant la France… Le conflit peut aussi être vu comme un moment particulier dans un processus continuel de coordination entre acteurs, tout l’enjeu étant de savoir sur quoi il débouche.

La France, impossible à réformer?

Dans une interview récente pour Le Monde, Pierre Cahuc reprend le discours habituel selon lequel la France n’est pas réformable (merci à Christian Lippi pour l’info dans son commentaire au précédent billet!) :

nous sommes marqués par certaines habitudes culturelles et nous avons beaucoup de mal à changer. [Pierre Cahuc, Le Monde, 2006, 18 août 2006. visible ici]


Propos qui ne déplairaient pas, sans doute, à un Nicolas Baverez ou à un Jacques Marseille, pour ne citer que deux représentants très médiatisés de la thèse du déclin français (je ne dis pas que Cahuc partage leurs analyses).

Contre cette vision des choses, vient de paraître un ouvrage intéressant qui démontre au contraire que la France a fortement évolué sur la période 1980-2005. Il est le fruit d’une collaboration entre chercheurs US et chercheurs français et s’appuie sur des études comparatives.On trouvera le compte-rendu d’un débat lors de la sortie de l’ouvrage ici.

En gros, la thèse défendu dans l’ouvrage est la suivante (je m’appuie sur ce qu’en dit Pascal Perrineau dans l’introduction du débat) :

1. Des réformes ont été menées en France entre 1980 et 2005, dans de multiples domaines, et ont partout gagné du terrain
2. Ces changements n’ont pas de visibilité d’ensemble, ce sont des changements non délibérés : on est face à un "incrémentalisme français", fruit de la stratégie des élites et si subtil qu’il passe inaperçu ; et face à des changements imposés mais peu débattus.
3. Enfin, ce portrait rend compte d’une crise du politique qui résiderait dans le décalage entre l’ampleur des changements accomplis et leur absence de visibilité politique,

Tout cela me semble plutôt pertinent. Tout comme les propos de Bruno Palier, pendant le débat :

Dire que la France change ne signifie pas que tout va bien, ou que l’on doive restreindre ce débat, à la suite de l’analyse proposée par P. Rosanvallon, à un clivage entre conservateurs et modernistes. L’analyse historique et la comparaison montrent au contraire qu’il y a plusieurs réformes et voies d’adaptation possibles à la mondialisation. Or en France, au cours de la période étudiée, le changement a été justifié en tant que voie unique et inéluctable face aux pressions de la mondialisation : il n’a pas été légitimé et les Français n’ont pas été associés en tant qu’acteurs de ces choix. Les expériences de réformes menées à l’étranger montrent au contraire que le changement peut être l’occasion d’une mise en débat des diverses solutions possibles et le résultat d’un choix assumé. [Source : ici, p. 8]

Ca ressemble assez aux propos d’un autre auteur :

Si la réorganisation transnationale des activités est contraignante, les moyens de s’adapter à la contrainte sont pluriels. A charge donc pour les politiques de proposer aux citoyens les alternatives en présence ; à charge ensuite aux citoyens, aux travers de leurs votes et de leurs actions collectives, de trancher entre elles.

Je vous laisse deviner qui et où…

Le niveau baisse

J’ai évoqué rapidement dans mon dernier billet quelques idées reçues véhiculées par un ancien Ministre de l’Education Nationale. Afin de compléter et mieux cibler les problèmes éventuels, petit exercice statistique.

Supposons quà la date t, 50% des élèves poursuivent leurs études jusqu’au bac ; 50% s’arrêtant à un niveau inférieur. Supposons en outre que le niveau moyen pour ceux allant jusqu’au bac soit de 100, et de 50 pour ceux s’arrêtant plus tôt.

Entre t et t+n, on va supposer, hypothèse qui me semble pertinente, que la proportion de ceux allant jusqu’au bac augmente significativement, disons à 80% (c’est l’objectif annoncé). Les 20% restant arrêtent leurs études avant le bac. On peut supposer que cette massification de l’enseignement conduit à une érosion du niveau moyen observé au bac (les enseignants ont du mal à s’adapter à leur nouveau public, les moyens ne suivent pas, les élèves continuant leurs études ont un niveau initial de capital humain, social, culturel plus faible, etc…), qui passe, disons d’un indice 100 à un indice 90 (cette baisse serait à valider empiriquement). Je supposerais que le niveau de ceux s’arrêtant plus tôt est inchangé (indice 50), même si l’hypothèse d’une augmentation serait sans doute plus pertinente.

Quid de l’évolution du niveau moyen?

L’évolution du niveau moyen
 
niveau bac

niveau inférieur
niveau moyen de la population
  effectifs indice de niveau effectifs indice de niveau  
 t 50% 100 50% 50 75
t+n 80% 90 20% 50 82


Sous les hypothèses mentionnées, on observe que le niveau moyen global de la population augmente significativement, en dépit d’une baisse locale du niveau observé pour ceux allant jusqu’au bac. Etant donné que la massification de l’éducation touche à peu près tous les niveaux (collège, lycée, supérieur), l’ensemble des acteurs observent (ou pensent observer) localement une baisse et ne voient pas l’accroissement global du niveau des élèves.

Si l’on considère que ce petit modèle d’évolution est pertinent, le discours sur la baisse du niveau, et surtout les pseudo-explications que l’on s’empresse de développer tombent (les jeunes sont tous nuls, y’a plus que leurs jeux vidéos, feuilletons et sms qui les intéressent / les méthodes pédagogiques des enseignants sont toutes nulles, pas étonnant avec un tel ramassi de fonctionnaires marxistes, etc…). Le problème tiendrait plutôt à la "massification" de l’enseignement secondaire et supérieur, et à la difficulté d’encadrement de ce nombre croissant d’élèves et d’étudiants. Une fois encore, je renvoie à ce petit texte, qui permet de bien poser les bases du problème.

Luc Ferry : la machine à penser

J’ai reçu un commentaire d’un certain Olivier sur une déclaration de Luc Ferry dans mon dernier billet :

"Les programmes d’économie me semblent, en effet, hors du monde, bourrés d’idéologie. Je n’ai pas réussi à les changer autant que je l’aurais voulu, mais j’y ai quand même introduit des notions aussi extravagantes qu’« entreprise » ou « marché », qui étaient absentes des textes avant mon arrivée".


Je ne reviens pas sur la prétendue idéologie, déjà commentée. En revanche, je signale que Luc Ferry a été nommé ministre le 7 mai 2002. Et que je suis aller consulter les programmes en vigueur avant son arrivée : le programme SES de seconde de 1999-2000, puis celui de 2000-2001 : on y parle d’entreprise… Le programme de première ES de 2001-2002 : on y parle de marché… Je n’ai pas enquêté plus avant, si quelqu’un en a l’envie ou le courage, mais m’étonnerais pas que cela confirme que Monsieur le Ministre est un fieffé menteur.

Jai ensuite été lire l’interview complète de Luc Ferry accordée à l’Expansion le 31 mai dernier (il y a trois jours, donc).
Sur l’Université :

"L’université n’est pas une école professionnelle. Il est normal, et même souhaitable, que certaines disciplines y soient enseignées sans souci de rentabilité ni même de débouchés. Il y a pour cela d’autres filières, celles des grandes écoles, bien sûr, mais aussi celles des BTS ou des IUT, et toute la voie professionnelle."


Monsieur Ferry a dû rater la création des DESS (années 70 de mémoire), aujourd’hui baptisés Masters pro, des IUP, licences professionnelles et tutti quanti. Je suis d’accord sur le fait que l’Université n’est pas qu’une école professionnelle, mais elle propose depuis longtemps des diplômes professionnalisant qui marchent bien. A oui, j’oubliais : il faudrait rappeler à Monsieur Ferry que les IUT font partie de l’Université…

Ailleurs, dans le même article :

"Je vais peut-être vous surprendre, mais je ne suis pas favorable à la sélection à l’entrée des universités. Un titulaire du bac doit avoir le droit d’aller voir à quoi ressemble l’enseignement supérieur. Le problème ne se pose que parce que le bac a baissé de niveau dans des proportions inquiétantes en quelques décennies. Si nous avions maintenu un niveau convenable, il n’y aurait pas de discussion sur la sélection à l’entrée des universités. Le problème, comme me disait un peu méchamment un président de jury, c’est qu’« aujourd’hui, pour ne pas avoir le bac, il faut en faire la demande »


Thématique récurrente du niveau qui baisse. Thématique pas vraiment nouvelle (source des citations ici) :

"Le niveau baisse, mais les coûts de l’école augmentent" (Un député fribourgeois, La Liberté 29.10.2001).
«Nous sommes préoccupés du maigre résultat obtenu, dans les examens, par l’analphabétisme secondaire… »«La décadence est réelle, elle n’est pas une chimère: il est banal de trouver vingt fautes d’orthographe dans une même dissertation des classes terminales.» (Noël, Deska, 1956).
«Avec les copies d’une session de baccalauréat, on composerait un sottisier d’une grande richesse…»«L’enseignement secondaire se primarise…» (Lemonnier, 1929).
«J’estime que les trois quarts des bacheliers ne savent pas l’orthographe.» (Bérard, 1899).
 «D’où vient qu’une partie des élèves qui ont achevé leurs études, bien loin d’être habiles dans leur langue maternelle, ne peuvent même pas écrire correctement l’orthographe?» (Lacombe, 1835)

Je vous recommande de lire le texte qui accompagne les citations ci-dessus, petite synthèse instructive avec références biblio si besoin.

Pour finir :

"je vous dirai que, lorsqu’on est à la tête d’un ministère, c’est le contraire de ce que les gens pensent : non seulement on n’est pas coupé du réel, mais c’est peut-être le seul endroit d’où on le voit tel qu’il est (…) au point que, souvent, les conseils des experts vous semblent relever du café du commerce"


Sûr que les propos de notre ex-Ministre eux, ne relèvent absolument pas du café du commerce…

idée reçue #4 : Complément

Suite au billet d’hier sur l’enseignement de l’économie, Pierre Bilger m’a répondu sur son blog, avec des propos que je qualifierai de plus nuancés, avec insistance sur la nécessité d’analyses micro, d’enseignement de comptabilité – gestion, et du droit.
Je pense que ce qu’il préconise est déjà au programme des bacs STG (j’attends confirmation d’Econoclaste-SM). Ce qui explique que certains aient envie de faire disparaître les bacs ES, au profit des bacs STG…
Personnellement, je pense que les deux filières ont de l’avenir, la section ES, certes plus macro, notamment en 1ère et Terminale, permet de doter les étudiants de grilles de lecture plus générales de l’évolution du système économique et social. Dis autrement, l’opposition micro/macro ne tient pas, ce qu’il faut, c’est développer des compétences aux deux niveaux et savoir faire les liens entre les deux niveaux. Principe de base d’une bonne formation d’économiste, me semble-t-il, et des économistes, on en a besoin dans une société, enfin je crois…

Mais je souhaitais insister sur un autre point. Car je partage avec Pierre Bilger le sentiment que les connaissances en économie et autour de l’entreprise des médias, politiques et citoyens est plutôt faible (je ne suis absolument pas sûr qu’elle sont plus faibles en France qu’à l’étranger, soit dit en passant!). Pourquoi? Contrairement à ce que dit Pierre Bilger, moins en raison des programmes et d’une idéologie marxiste dominante chez les enseignants qu’en raison, plus bêtement, que peu d’élèves ont une formation en économie !

* l’économie n’est enseignée qu’à partir de la seconde, tous ceux qui n’y vont pas n’ont aucune formation dans ce domaine,
* en seconde, les sciences économiques et sociales ne sont qu’une option, certes prise par beaucoup, mais pas par tous. Et comme vu dans le programme, il y a des éléments sur l’entreprise (9 à 10 semaines sur les aspects production, ce n’est pas une paille!)
* les aspects les plus macro dénoncés par Pierre Bilger dominent ensuite, en première et terminale ES. hors, sur l’ensemble des secondes générales et technologiques, 55,21% des élèves vont en première générale, dont 16,4% en 1ère ES.
* je l’ai dit, il existe une filière plus en phase avec les préconisations de Pierre Bilger, la filière STG (ex STT). D’après les stats dont je dispose, 13,4% du total des élèves de seconde générale ou technologique emprunte la voie STT, soit une proportion proche de celle observé pour ES (merci Virginie pour ces stats, source ici et ici).

En résumé :
* une proportion somme toute modeste est (mal?)formée par les enseignants du secondaire dans les filières ES les plus "macro"
* une proportion proche est (bien?)formée, selon les voeux de Pierre Bilger, dans les filières STG
* le reste n’est pas formé… (en tout cas pas au lycée, là où porte la critique de Pierre Bilger).

En conclusion :
La méconnaissance  de l’économie tient sans doute plus au fait que nombre de personnes ne recoivent jamais de formation en économie, qu’aux programmes de l’éducation nationale ou à l’idéologie des enseignants.

PS : je pense que le débat autour de l’entreprise et de sa perception a été relancé par les résultats d’un sondage qui a trainé un peu partout, selon lequel 75% des jeunes souhaitaient travailler dans la fonction publique. Je signale que le Medef a commandé une nouvelle étude à la Sofres. Sur l’ensemble des sondés, 51% souhaitent travailler en entreprise, 34% dans la fonction publique, 13% en association, 3% ,ne se prononcent pas. Enquête réalisée avant les manifs CPE. Comme je l’ai déjà dit, les discours stupides de certains responsables patronaux (Parisot, qui essaie de se rattraper depuis ; Dassault, qui persiste et signe) sur l’entreprise et l’impératif de précarité sont pour une part responsable de la vision de la population sur l’entreprise. Leur responsabilité pourrait être plus grande que celle des enseignants de ES…

idée reçue #4 : L’enseignement de l’économie

Pierre Bilger vient de mettre en ligne sur son blog une interview titrée "comprendre l’entreprise".

Première question posée : "comment l’entreprise peut-elle être aussi mal comprise en France?"
Réponse : i) racines catholiques du pays, ii) le marxisme imprègne nos élites, iii) plus de la moitié des concitoyens vivent en dehors de la réalité du marché (fonction publique, service public)

Deuxième question : "comment sortir de cette situation?"
Réponse : par l’éducation. Et là, l’extrait qui fait mal : "Depuis une quarantaine d’années, l’économie a été introduite dans les programmes des lycées, mais cet enseignement est fondé sur des abstractions, de nombreuses illusions et beaucoup de contrevérités. Au lieu d’analyser les réalités concrètes de la vie économique, on apprend dès la classe de seconde à réfléchir sur des concepts abstraits tels que la mondialisation, les délocalisations, les inégalités, l’aide au développement, la comptabilité nationale etc. " Suivent quelques préconisations, puis une affirmation définitive : "Cela pose un problème ardu de révision de programmes aujourd’hui encore strictement contrôlés par l’idéologie et un problème encore plus difficile de formation des enseignants. Tant que l’on n’aura pas fait quelque chose de sérieux à ce niveau, la France continuera à rêver d’une économie qui n’existe pas."

Bon, moi, bêtement, je me suis dis : autant aller voir le programme officiel de la classe de seconde, histoire de vérifier qu’on ne parle que de choses abstraites, propices à balancer des illusions et des contrevérités. Voilà ce qu’on y trouve (source ici):

PROGRAMME NOTIONS QUE LES ÉLEVES DOIVENT CONNAITRE, SAVOIR UTILISER ET PRÉCISER
1 – Introduction
La démarche des sciences économiques et sociales
 
2 – La famille : une institution en évolution – Diversité des formes familiales
– Relations de parenté

– Ménage
3 – L’emploi : une question de société  
3.1 La population active – Actifs / inactifs
– Emploi salarié / non salarié, contrat à durée indéterminée / emplois précaires

– Chômage
3.2 La classification socioprofessionnelle – Catégories socioprofessionnelles
4 – La production : un espace de relations économiques et sociales  
4.1 La diversité des organisations et leurs objectifs – Entreprise
– Administration

– Association
4.2 La production dans l’entreprise – Facteurs de production (capital et travail)
– Productivité du travail

– Investissement

– Valeur ajoutée
4.3 L’organisation du travail et les relations sociales dans les unités de production – Organisation du travail
– Contrat de travail
– Représentation des salariés
5 – La consommation : une activité économique, sociale et culturelle  
5.1 Les ressources : revenus et crédit – Revenus primaires
– Revenus de transfert
– Revenu disponible
– Salaire
5.2 Consommation et mode de vie – Biens privés / Biens collectifs
– Pouvoir d’achat
– Niveau de vie
– Effet de signe


Pour le point 4, où il semble que les entreprises sont abordées, on précise de manière plus détaillée (même source) :

4 – La production : un espace de relations économiques et sociales

(durée indicative : 9 à 10 semaines)
La production sera étudiée comme espace de relations économiques, à la fois créatrices de richesses et de rapports sociaux.
4.1 La diversité des organisations et de leurs objectifs
Il s’agira de définir la production en tant qu’activité socialement organisée et de distinguer production et non-production (par exemple la production domestique n’est pas reconnue par la comptabilité nationale). À cette occasion, le lien pourra être fait avec la distinction actif / inactif. On montrera à partir d’exemples que, si le profit est l’objectif essentiel de l’activité des entreprises, administrations et associations ne fonctionnent pas selon la même logique.
On mentionnera l’existence d’entreprises de tailles diverses, d’entreprises individuelles et de sociétés.
Dans le cadre des travaux pratiques, on pourra demander aux élèves de mener des observations d’organisations (recueil de données, analyse, etc.) pouvant aboutir à des dossiers, exposés, etc. réalisés en groupe. Ces travaux pourront prendre la forme d’enquêtes, de recherches sur l’Internet (sites d’entreprises), sur cédéroms ou à partir de mallettes pédagogiques.
4.2 La production dans l’entreprise
À partir d’exemples, on montrera la complémentarité et / ou la substituabilité des facteurs de production. On mettra en relation les notions de combinaison productive, de productivité et d’investissement. On pourra analyser les effets de l’investissement sur l’emploi. Il s’agira d’un premier exemple de construction d’un raisonnement économique. La valeur ajoutée sera présentée en tant que constituant une ressource dont l’étude se poursuivra avec la consommation. On évitera tout développement sur la comptabilité nationale, mais on pourra attirer l’attention des élèves sur les questions que pose le partage de la valeur ajoutée.
4.3 L’organisation du travail et les relations sociales dans les unités de production
On présentera les principales organisations du travail (taylorisme, post-taylorisme). On reliera ces modes d’organisation aux relations de travail (conditions de travail, conflits, négociations, syndicats).
Des cas relevés dans la presse, dans des réalisations cinématographiques ou audiovisuelles (documentaires ou fiction) pourront être travaillés dans le cadre des travaux pratiques.

Franchement, j’ai du mal à retrouver les items mentionnés par Pierre Bilger… et beaucoup d’éléments qu’il devrait trouver, s’il prenait la peine de regarder ce qui est effecitvement au programme, plutôt pertinents. En tout cas, je ne vois pas où est "l’économie qui n’existe pas" !

J’ai du mal à croire que  le problème résulte du contrôle idéologique d’intellectuels marxistes de la fonction publique… Pour le dire autrement, si Pierre Bilger déplore la méconnaissance des enseignants sur l’entreprise, je déplorerai, et là preuve à l’appui, désolé, sa méconnaissance de ce qui est enseigné aux élèves. Sans doute, quelque part, un problème de contrôle idéologique de dirigeants libéraux du privé, pour faire dans le même genre de formule à l’emporte pièce, vecteur de diffusion des idées reçues…

idée reçue #3 : la désindustrialisation de la France

Après la première selon laquelle un jeune sur quatre est au chômage, après celle selon laquelle le système éducatif ne répond pas aux besoins des entreprises, troisième idée souvent lue : la France est en cours de désindustrialisation

Une fois encore, les chiffres semblent imparables : de 1980 à 2004, l’industrie a perdu un tiers de ses effectifs, pendant que sa part dans la valeur ajoutée est passée de 28% à 19%. Et les explications sont toutes trouvées : coût du travail trop élevé qui fait fuir les entreprises en Asie ou dans les PECO, marché du travail trop rigide qui fait fuir les jeunes qualifiés vers Londres ou les Etats-Unis, fiscalité et lourdeurs administratives telles que plus personne ne souhaite investir en France, etc…

Sauf que….

* le recul de la valeur ajoutée industrielle en valeur est supérieur à celui observé en volume. Ce qui veut dire que ce sont plus les prix que le volume de production de l’industrie qui ont baissé. Pourquoi? Car l’industrie réalise des gains de productivité plus importants que les services… Et si le recul de l’industrie a été plus fort en France que dans d’autres pays, c’est, pour une part, en raison de gains de productivité plus forts : l’industrie y a été plus efficace qu’ailleurs !!!
* surtout, l’industrie s’organise de manière totalement différente : beaucoup d’entreprises externalisent des activités qu’elles réalisaient auparavant en interne, et des activités qui relèvent des services : elles se rencentrent sur leur coeur de métier.D’où la croissance très forte du poids des activités "Services aux entreprises". Dans le même sens, l’industrie fait largement appel à l’intérim, ce qui vient gonfler le poids des services, alors que ce sont des emplois qui alimentent les besoins de l’industrie.
En ajoutant les emplois de l’industrie et ceux du secteur "Services aux entreprises" (source Insee, Les Services en France, p.23), on voit bien la stabilité de l’ensemble :

Le poids de l’industrie
  1990 2000 2004
Industrie 19,8% 16,3% 15,1%
Services aux entreprises 11,7% 15,4% 16,4%
Total 31,5% 31,7% 31,5%

En tenant compte en plus de l’intérim, l’emploi dépendant de l’industrie représenterait entre 40 et 45% de l’emploi total. Bref, on n’assiste pas à une désindustrialisation de la France, mais à une transformation de l’industrie.

Transformation que l’ouvrage dirigé par Colletis et Lung  ("La France industrielle en question", la Documentation Française, 2006) permet de bien cerner, en adoptant une entrée sectorielle (textile-habillement, industrie automobile, industrie aéronautique et spatiale, industrie pharmaceutique, TIC, grande distribution) d’une part, et en s’interrogeant sur l’impact de la globalisation, de la financiarisation et du changement technologique sur chacun de ces secteurs, d’autre part. Lecture conseillée !

L’UMP prend le large : UMP : 6 – PS : 2

Dans le match UMP-PS sur “un jeune sur quatre est au chômage“, l’issue de la rencontre ne fait plus guère de doute : Vulgos m’informe ainsi que Valérie Pécresse, dans l’émission Mots Croisés de France 2, a affirmé que “25% des jeunes sont au chômage” ; Bridgetoun a relevé également l’erreur chez Jean-Louis Debré ce matin sur France Inter.

UMP 6 – PS 2, on dirait la coupe du monde de foot de 1954…

Vu l’enterrement du CPE, on peut penser que la fin du match est pour bientôt. Reste à savoir quelle idée reçue va supplanter la première. Je pense que l’idée #2 a de bonnes chances de s’imposer, mais il doit y avoir d’autres candidats… j’attends vos pronostics!

UMP 4 – PS 2

Deux nouveaux buts !
DSK, d’abord, qui affirme que que le chomage est un vrai problème plus particulièrement pour les jeunes qui sont plus nombreux au chômage (cf l’intro de sont texte de proposition sur son blog,  merci à Enzo pour cette info). Bon, il y aura sans doute contestation sur ce but, car il n’a pas prononcé la phrase magique. Disons que le ballon n’a pas franchi entièrement la ligne, mais il en était de même pour le but de de Villepin. Finalement, l’arbitre a accepté le but, ce qui a fait évolué le score à 3-2.

Mais rapidement derrière, de Robien a marqué, et là, aucune contestation possible !

"Je vous l’ai dit, le taux de chômage des jeunes atteint 23%, contre 9,6 % pour l’ensemble de la population : un jeune sur quatre ou cinq ; c’est même plus de 50 % dans certains quartiers de notre pays." (source :http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=20062221739 , merci à Etienne!).

On notera que de Robien donne un argument supplémentaire pour dire que, quand même, il y a problème, argument sur lequel je n’ai encore rien dit :

"C’est l’un des plus forts taux de chômage des jeunes en Europe ! A titre de comparaison, il est de 11% en Allemagne et 12% au Royaume-Uni."

Sauf que, une fois encore, on rate le bon problème : le taux de chômage des jeunes est plus faible dans ces pays, mais le taux de chômage général aussi !
Preuve avec un graphique montrant la bonne corrélation entre les deux taux (pays de l’UE à 25) :

Une fois encore, il n’y a pas de spécificité d’âge, seulement des pays ayant des problèmes plus aigus de chômage.