L’économie du Luxembourg

Je l’avais signalé en février dernier, je suis allé au Luxembourg à l’invitation du Ministère
de l’Economie et du Commerce Extérieur du Luxembourg
pour une “journée de l’Economie”. Suite notamment à cette journée, le ministère et l’Observatoire de la Compétitivité ont publié Le Bilan compétitivité 2007, avec une contribution de ma part intitulée “Réorganisation transnationale des activités économiques : quels enjeux pour le Luxembourg ?” (p.
22-36).

Jeannot Krecké, ministre de l’Economie et du Commerce extérieur, en a parlé à l’ouverture officielle de la Foire d’Automne, le samedi, 13 octobre 2007.
Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve qu’il a de bonnes références, le Ministre !

Conflits et territoires

Je participe mardi prochain, de 13h à 15h,  au séminaire mensuel CNRS/INRA “Conflits et
Territoires”. Titre de ma présentation : “Un approfondissement du modèle exit-voice par l’économie de proximité”, avec application aux conflits agriculteurs – ostréiculteurs sur le
Bassin Versant de la Charente. 
 

Résumé : Nous développons dans cet article une grille d’analyse des conflits d’usage environnementaux, qui croise les apports du
modèle exit/voice d’Hirschman (1970) et les développements récents de l’économie de la proximité. Nous montrons notamment que les possibilités d’exit et de voice dépendent de la situation des
acteurs dans l’espace physique (rôle de la proximité géographique), dans l’espace des ressources, et dans l’espace des dispositifs de coordination (rôle de la proximité
organisée).

Nous appliquons ensuite cette grille de lecture au cas des conflits d’usage autour de la ressource en eau sur le bassin versant de la Charente, en nous
focalisant sur le conflit entre agriculteurs irrigants et ostréiculteurs. Jusqu’au début des années 2000, la conjonction d’une proximité géographique subie, la faiblesse de la proximité
organisée, et l’inégalité spatiale et institutionnelle des deux collectifs d’acteurs ne laissait entrevoir quasiment aucune issue au conflit. Depuis, la mise en place du PGE à l’initiative de
l’Institution Fleuve Charente a permis de renforcer la proximité organisée entre acteurs, et de pallier au moins partiellement les problèmes quantitatifs rencontrés.

N’hésitez pas à télécharger, lire et commenter l’article
présenté (version provisoire)
.


Semaine de l’économie

Le Conseil Régional de Poitou-Charentes organise  une semaine de
l’économie
, qui a  débuté lundi dernier et qui s’achève demain, avec une synthèse de 10h à 13h, comprenant
notamment  un panorama de l’économie régionale réalisé et présenté par l’Institut atlantique d’aménagement des territoires (IAAT), puis
une  intervention de ma part, intitulée
« Poitou-Charentes dans la mondialisation, enjeux et perspectives d’action », avec à suivre un temps de
discussion.
L’occasion de rappeler quelques éléments généraux sur la réorganisation des activités économiques, pour en tirer des implications sur des problématiques régionales. J’insisterai notamment sur
l’industrie sur Châtellerault et/ou Rochefort, le développement des centres d’appels sur la zone du Futuroscope, et le problème des conflits d’usage autour de l’eau sur le littoral
Picto-Charentais.

La réussite des bacs S et ES en Sciences Economiques – compléments

J’ai reçu de nombreuses remarques suite à mon petit travail statistique sur les
résultats des bacs S et ES à la Faculté de Sciences Economiques de Poitiers, dont j’ai parlé dans ce billet. J’ai
donc complété l’analyse dans différentes directions. 

D’où un nouveau document de travail, qui teste l’existence d’effets de sélection, qui s’intéresse à l’hétérogénéité intra-ES et intra -S,  et qui suit plus
précisément la cohorte des étudiants entrés en L1 en 2004. Conclusions tirées de tout ce travail :

i) il existe un biais de sélection à l’entrée en licence de Sciences Economiques, qui conduit à une surreprésentation des « bons » bacs ES et à une sous-représentation des
« bons » bacs S, ii) les deux premières années, l’hétérogénéité des bacs ES en termes de niveau est beaucoup plus forte que celle des bacs S, iii) les étudiants ES ont en moyenne des
résultats inférieurs à ceux des bacs S en première année, équivalents en deuxième année, supérieurs en troisième année, iv) cette évolution s’explique en partie par un effet de sélection lors des
deux premières années qui touche plus fortement les bacs ES que les bacs S, iv) elle s’explique aussi vraisemblablement par un effet filière, les acquis de la filière ES étant plus fortement
remobilisés en L3 que lors des deux premières années.

N’hésitez pas à télécharger la nouvelle note. Commentaires bienvenus.

Krugman défend la France


krugman.jpg
Paul
Krugman, l’un des économistes américains les plus en vue, anime un blog sur lequel il publie régulièrement des billets pour
critiquer… les critiques américaines sur l’Europe en général, et sur la France en particulier.

Dans ce billet, il
relativise le discours selon lequel les Etats-Unis ont réalisé des gains de productivité bien supérieurs à ceux de la vieille Europe, en s’appuyant sur des données américaines et françaises
:


Chart2.jpg
Il
s’agit du PIB par heure travaillée de la France en pourcentage du PIB par heure travaillée aux Etats-Unis.  Remis en perspective, on ne peut pas dire que la  baisse  de
l’indicateur depuis dix ans soit spectaculaire…

Dans cet autre billet, il défend plus longuement l’économie française en
ces termes :

 

French productivity – output per hour – is about the same as ours. What’s more, even during the period 1995-2005 – the years when we Americans were boasting about
our productivity boom – French productivity grew only half a point slower than US productivity. And the US productivity boom now seems to be over.

 

Also, tales of mass unemployment are greatly exaggerated. French residents in their prime working years, ages 25-54, are as likely to be employed as their American
counterparts (the employment-population ratio is 80 percent for both).

 

Now, it’s true that French GDP per capita is lower than ours. That reflects three things: the French work shorter hours; French people under 25 are less likely to
be employed than young Americans, and the French are much more likely than Americans to retire early.

 

Short working hours are a choice – and it’s at least arguable that the French have made a better choice than America, the no-vacation nation.

 

Low employment among the young is a complicated story. To some extent it may represent lack of job openings. But a lot of it is the result of good things: young
French are more likely to stay in school than young Americans, and fewer French students are forced by financial necessity to work while studying.

 

Finally, the French retire early. That’s a real problem: their pension system creates perverse incentives. We, of course, have this superb program called Social
Security, which does a much better job.

 

Dans cette tribune encore antérieure (juillet
2007)
, il montre enfin que la France a pris une certaine avance en matière de TIC relativement aux Etats-Unis, ce qu’il explique par de meilleurs choix en termes de régulation des
marchés.

La réussite des bacs S et ES en Sciences Economiques

Vous n’êtes pas sans le savoir, Xavier Darcos a dénoncé le manque de débouché de la filière ES, en déplorant notamment que “la plupart des bacheliers ES s’engagent dans les facultés de droit ou de sciences humaines, où
« nous avons les plus grandes difficultés à les intégrer ».”

J’avais montré ici et que les affirmations de notre Ministre sur l’orientation et sur la réussite des bacs ES dans l’enseignement supérieur
étaient erronées.  Je complète avec un petit travail statistique sur les performances des étudiants inscrits  à l’UFR de Sciences Economiques de Poitiers, en distinguant selon la
filière du bac. Xavier Darcos n’a pas cité explicitement la filière Sciences Economiques, mais c’est un bon moyen de juger de l’aptitude des bacs ES à réussir dans leurs études post-bac. C’est
aussi un moyen de tester l’hypothèse souvent entendue (dans la bouche de lycéens, de profs (y compris d’éco) des lycées, de parents d’élèves, …)  selon laquelle  les bacs ES ne
peuvent pas réussir en éco pasque ya trop de maths.

Conclusion de mon (premier) petit exercice de statistique : si les bacheliers S obtiennent de meilleurs résultats que les bacheliers
ES en 1ère année de Licence, les écarts s’annulent en 2ème année, et s’inversent en 3ème année. Moralité : bacs S et bacs ES ont toute leur place en Sciences
Economiques.

Pour des précisions, vous pouvez télécharger la
note
.

J’encourage vivement les collègues d’autres UFR de Sciences Economiques à faire le même travail statistique, histoire de voir si les résultats obtenus à Poitiers sont généralisables. Si besoin,
je veux bien faire les calculs, il suffit de me transmettre les données.

Stock options

Les sociétés de capitaux se caractérisent par une dissociation croissante entre le collectif des actionnaires, propriétaires du capital social de l’entreprise, et le
collectif des dirigeants, qui gèrent l’entreprise au quotidien.

 

On sait depuis Berle et Means (1932) que cette dissociation pose
problème : i) actionnaires et dirigeants ont des objectifs divergents (les actionnaires ont un objectif de profit pendant que les dirigeants ont, prioritairement, un objectif de haut
revenu), ii) les dirigeants, qui sont quotidiennement dans l’entreprise, bénéficient d’asymétrie d’information ; iii) ils peuvent donc prendre les décisions leur permettant d’atteindre leurs
propres objectifs plutôt que ceux des actionnaires.

 

 Pour réduire ce problème, certains préconisent l’instauration de stock-options. Il s’agit d’attribuer aux dirigeants une option sur un certain nombre de titres
de l’entreprise, option que l’on peut exercer ou non après une date donnée. Si le cours de l’action de l’entreprise augmente, le dirigeant a intérêt à exercer son option, sinon, il ne l’exerce
pas. Cette solution semble pertinente : en octroyant des stock-options aux dirigeants, on réconcilie leur objectif de haut revenu à l’objectif de profit des actionnaires, la divergence
d’intérêt initiale disparaît.

 

 Ce système de stock options pose cependant de sérieux problèmes (voir par exemple ici pour une recension des problèmes, p. 17 et 18). Il s’apparente notamment à un jeu asymétrique potentiellement dévastateur « pile je gagne, face je ne
perds rien ». En effet, si le cours de l’action n’augmente pas, le détenteur de stock options n’exerce pas son option, il ne perd rien ; si le cours de l’action augmente, il exerce
l’option et peut gagner beaucoup. Ce petit jeu incite donc surtout à prendre beaucoup de risques, parfois des risques inconsidérés.

 

 A la
vue des déboires EADS
, il semble qu’il existe une autre limite de taille à ce système, que je n’avais pas encore repéré dans les papiers sur la question : la diffusion croissante de
stock options auprès de ceux qui bénéficient nécessairement d’asymétrie d’information risque d’augmenter significativement la probabilité de délits d’initié, à plus ou moins grande échelle (je ne
connais pas d’étude sur le sujet, si quelqu’un a des références en stock…).

 

 Dans un éditorial pour les Echos du 4 octobre 2007, Patrick Lamm pose le
problème en ces termes : « comment veiller à ce que les informations données par les sociétés ne soient pas utilisées par certains tant que l’ensemble des intéressés n’ont pas été
prévenus ? ». Et il propose : « des déontologues devraient pouvoir s’assurer, au sein des conseils d’administration, de l’égalité de traitement non seulement entre les actionnaires
mais également entre toutes les parties prenantes de l’entreprise. Un devoir de transparence indispensable si l’on veut moraliser la vie des affaires. »

 

 Je doute un peu, car le problème n’est pas fondamentalement un problème de moralité : demander plus de transparence permettrait sans doute de limiter les
délits d’initiés, mais cela priverait dans le même temps l’entreprise d’une de ses ressources les plus stratégiques, l’information dont elle dispose et dont ne dispose pas encore ses concurrents.
Problème difficile à résoudre me semble-t-il…

Dynamiques industrielles et compétitivité des territoires

Dans le cadre du colloque international « Dynamiques industrielles et compétitivité des territoires » organisé par le Conseil Général de Moselle les
10 et 11 octobre prochain, je participe à une table ronde
intitulée « stratégies de localisation et de délocalisation des entreprises
industrielles »
le 11 matin entre 9h00 et 11h00.

Cette table ronde est animée par Didier Adès (France Inter), avec Dr. Steffen Kinkel (Centre ISI Fraunhofer de Karlsruhe), Emmanuel Leprince (Délégué Général, Comité Richelieu,
Paris),
Fabrice Hatem (Chef de l’observatoire des investissements internationaux à l’AFII, Paris), Dr. Tilo Mandry (Chef de Département, Invest in Germany,
Berlin),
Eddy Schmitt (Directeur Général de Steelcase France, Schiltigheim (Bas-Rhin)) et moi-même. 

 

Pour plus d’information, cliquez ici.