Covid 19, épisode 8 : une prévision du nombre de décès dans les Ehpad

Le gouvernement a annoncé un premier bilan très provisoire des décès dans les Ehpad, qui seraient de 884 France entière. Problème : de nombreux établissements n’ont pas remonté de chiffres. L’ARS (Agence Régionale de Santé) du Grand Est a de son côté avancé des chiffres précis sur son périmètre d’intervention (le recensement fait dans cette région la plus touchée de toutes semble être de meilleure qualité) : 570 décès en Ehpad ou structure similaire à l’échelle régionale, dont 314 dans le département le plus touché, à savoir le Haut-Rhin.

Je vous propose une estimation du nombre de décès à l’échelle nationale en m’appuyant sur le poids de Grand-Est et du Haut-Rhin dans les décès recensés par les hôpitaux et en l’appliquant au décès dans les Ehpad. Ce faisant, je fais l’hypothèse que la géographie des décès en Ehpad est la même que la géographie des décès en hôpitaux, ce qui n’est pas totalement aberrant.

Sur les 4 503 décès en hôpitaux recensés par Santé Publique France, 26,2% sont localisés dans le Grand Est, et 9,3% dans le Haut-Rhin à la date du 2 avril 2020. Si le chiffre de 570 décès en Ehpad dans le Grand Est est le bon, et que cette région pèse 26,2% des décès en Ehpad, alors le chiffre que l’on devrait observé France entière est de 570/26,2% = 2 179 décès. Si je m’appuie plutôt sur le poids du Haut-Rhin, le chiffre que l’on devrait observé France entière est de 314/9,3% = 3 383 décès.

Nous serions donc plutôt dans une fourchette comprise entre deux mille et trois mille cinq cents décès supplémentaires. Mais je précise que cela me semble être une estimation basse : si la géographie des décès en Ehpad diffère de celle des décès en hôpitaux, il y a de fortes chances que Grand Est et le Haut-Rhin, moins dense en Ehpad que les régions de l’ouest et du sud, pèsent moins que ce que je suppose…

L’économie mondiale en 2050

Goldman Sachs se livre régulièrement à un exercice intéressant : des prévisions de croissance économique à l’horizon 2050, pour un certain nombre de pays, l’accent étant mis sur l’évolution différenciée entre le club des six pays les plus développés (G6), composé des Etats-Unis, du Japon, de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et de l’Italie, et les grands pays émergents, à savoir le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (BRIC).

Premier exercice du genre, à ma connaissance, en 2003, résultats synthétisés dans ce document. Ils ont récidivé récemment (décembre 2011), en actualisant l’analyse, résultats ici. Bien sûr, les prévisions reposent sur différentes hypothèses (forme de la fonction de production, évolution démographique, taux de participation, investissement, progrès technique, etc.), mais les simulations faites sur la période passée sont plutôt convaincantes. Il ne s’agit de toute façon pas de déterminer la valeur du PIB pour tel ou tel pays à la virgule près, mais plutôt d’identifier des tendances.

Dans un premier temps, on peut s’amuser à se faire peur, en se focalisant sur le PIB des pays. On obtient alors ce premier graphique :

En 2050, le leader économique mondial, si l’on considère que le leadership est mesuré par le poids dans le PIB mondial, est la Chine. L’Inde est troisième, le Brésil quatrième et la Russie cinquième. La France, cinquième en 2010, rétrograde au dixième rang. On notera que, selon les projections de Goldman Sachs, la France est derrière l’Allemagne en 2010 mais devant l’Allemagne en 2050…

Même idée, sur un temps plus long, dans ce tableau :

Raisonner sur le PIB n’a cependant qu’un intérêt très limité du point de vue économique : c’est un indicateur de la taille des pays, pas du niveau de vie des habitants. Il convient donc plutôt de regarder les estimations faites sur une autre variable, le PIB par habitant. On obtient alors ce nouveau graphique :

Plusieurs remarques : i) les pays développés restent en tête du classement, avec quelques évolutions en leur sein (recul du Japon, progression du Royaume-Uni), ii) chez les BRIC, c’est la Russie qui progresse le plus, elle passe même devant l’Italie, iii) la forme générale du graphique laisse deviner un processus de convergence entre les pays, les écarts étant plus faibles.

Ce dernier point est confirmé par un dernier graphique :

Les deux graphiques montrent, chacun à sa manière, que le monde devient de moins en moins inégalitaire, conclusion plutôt rassurante.

Au final, la dynamique économique fait grimper dans le classement du PIB les pays dont la population pèse le plus dans la population mondiale, ce qui est une bonne chose : dans un monde égalitaire, après tout, chaque pays devrait peser dans le PIB ce qu’il pèse dans la population. Ceci ne se fait pas au détriment des pays de plus petite taille et/ou des pays développés, puisque les niveaux de vie de l’ensemble des habitants de la planète augmentent. La dynamique économique n’est pas un jeu à somme nulle mais, potentiellement, un jeu à somme positive. C’est aussi ce que montrent ces graphiques.