Et si l’on regardait aussi ce qui se passe hors métropole, sans préjugé ?

Petit billet auto-centré, un brin narcissique, suite à une interview réalisée en novembre dernier, en amont d’une conférence lors du lancement d’un nouveau programme du PUCA (Plan Urbanisme, Construction, Architecture), intitulé POPSU-Territoires. Passons sur les acronymes : l’idée est de regarder ce qui se passe sur des territoires qualifiés de “petites villes”, en soutenant différents programmes de recherche-action, car il s’y passe des choses intéressantes. Je vous poste la vidéo ci-dessous (pour info, j’ai créé une page sur mon blog avec quelques interviews, courtes et moins courtes, auxquelles j’ai pu me livrer, cf. l’onglet en haut de la page).

Vous trouverez les interviews d’autres intervenants ici.

Teasing : je finalise actuellement un petit livre que le PUCA devrait éditer, qui reprend et développe ce que j’ai dit lors de la conférence. Une invitation à sortir du récit métropolitain pour proposer un autre récit territorial, mieux compatible avec les faits et les chiffres dont on dispose. Car l’enjeu, me semble-t-il, est de sortir de représentations, parfois calamiteuses, potentiellement performatives, pour tenter d’approcher une forme de vérité.

La mythologie Came, version 2.0

Depuis mars dernier, notre texte “la mythologie CAME : comment s’en désintoxiquer ?” a largement diffusé, nous l’avons présenté à de nombreuses reprises, devant des collègues chercheurs ainsi qu’auprès de publics hors sphère académique, un peu partout en France. Notre sentiment est que la critique adressée aux discours autour de la compétitivité des territoires, de l’attractivité, de la métropolisation et de l’excellence a porté. Souvent, cependant, est revenue dans les discussions la question de l’alternative à la CAME, que nous n’avions fait qu’esquisser dans le texte.

Nous avons donc décidé de compléter la version initiale de notre article, en développant principalement sur ce point. Pour être plus précis, nous avons procédé à quelques modifications plutôt mineures dans l’ensemble du texte, nous avons introduit un point plus développé dans la première partie sur la notion d’économie d’agglomération en apportant de premiers éléments de critique de son utilisation (pages 12-14) et, surtout, donc, nous avons introduit un nouveau point sur l’alternative au discours dominant (pages 18-25).

En cohérence avec notre propos général, il ne s’agit bien sûr pas de proposer un nouveau modèle de développement des territoires, mais de présenter des éléments de méthode pour analyser autrement les territoires, identifier les problèmes et les opportunités éventuelles, et mettre en œuvre le cas échéant des politiques publiques adaptées. Nous préconisons notamment d’oublier les catégories “métropole”, “périphérie”, “ville globale”, …, d’entrer en matière de développement économique par l’activité, en identifiant ce que nous appelons les “mondes économiques” dans lesquels sont insérés les acteurs, de s’interroger sur les arrangements entre acteurs (ce que certains qualifient de gouvernance locale), de réfléchir à d’autres façons de fabriquer les politiques publiques, afin de se prémunir de la tentation du modèle.

Nous nous sommes efforcés, comme dans la première version du texte, de le rendre accessible à un large public, en illustrant nos propositions d’exemples tirés de nos travaux de terrain. Nos préconisations s’adressent donc aussi et peut-être surtout aux acteurs en charge du développement des territoires, aux différentes échelles (nationale, régionale, locale), car nous sommes convaincus qu’il est possible d’agir autrement et de manière plus pertinente, dès lors que l’on se débarrasse des représentations erronées qui sous-tendent encore trop souvent l’action publique.

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Les Herbiers 5, Paris 0. Cet autre match.

Paris a gagné la coupe de France, on en attendait pas moins, et puis tout le monde est reparti joyeux, donc tout va bien.

Sur le terrain économique, pourtant, l’histoire n’est pas la même.

Question taille et densité, qui font rêver certains, le match est plié depuis longtemps : 19 000 habitants aux herbiers, avec une densité de 165 habitants au kilomètre carré, 12 millions sur Paris, densité supérieure à 700. Je ne vous dis pas le gradient d’urbanité.

Côté attractivité, cependant, les Herbiers tiennent la barre : 1% de croissance de la population sur 2009-2014, contre 0,5% sur Paris (données à l’échelle des aires urbaines, idem pour la suite). 1-0. Supplément de croissance qui n’est pas le produit du solde naturel, supérieur à Paris (0,9%) à ce qu’il est aux Herbiers (0,5%), mais d’un solde migratoire sensiblement plus fort : +0,8% aux Herbiers, -0,4% sur Paris. Les Herbiers attirent, Paris repousse. 2-0.

Non contents d’attirer plus de population, les Herbiers créent aussi plus d’emplois : +0,6% en moyenne annuelle, contre +0,1% sur Paris. 3-0. Le taux de chômage y est aussi sensiblement plus faible : 9,3% l’échelle de l’aire urbaine, contre 12,6% sur Paris, pour les 15-64 ans, fin 2014 (le taux de chômage fin 2017 à l’échelle de la zone d’emploi des Herbiers est inférieur à 5%, mais ne le répétez pas). 4-0.

Plus de population, plus d’emplois, moins de chômage et, cerise sur le gâteau, moins de pauvreté : 8,3% de personnes dites “pauvres” aux Herbiers, contre 15,3% sur Paris, toujours fin 2014. 5-0.

S’il fallait trouver un modèle, personnellement, je vote pour les Herbiers, score sans appel. Heureusement, l’économie n’est pas un match de foot, où quand l’un gagne, l’autre perd. C’est un jeu à somme positive, qui se nourrit des interdépendances. Que Paris se rassure, donc : les Herbiers ruissellent (un peu) sur la Capitale.

Les fonctions métropolitaines sont-elles de plus en plus métropolitaines ?

C’est le titre de l’article que je viens de mettre en ligne. La réponse est non. En voici le résumé :

L’objectif de cet article est d’analyser l’évolution de la géographie de l’emploi en France métropolitaine, en exploitant des données par fonction d’emploi à l’échelle des aires urbaines sur période longue, avec un focus particulier sur les fonctions dites métropolitaines.

Nous mobilisons plus précisément les données issues des recensements de 1982, 1990, 1999, 2009 et 2014. Nous retenons la typologie opérée par l’Insee qui agrège les 486 PCS 2003 en 15 fonctions d’emploi, elles-mêmes agrégées en 4 grandes fonctions : fabrication concrète, fonctions métropolitaines, fonctions présentielles et fonctions transversales. Ces données sont exploitées pour trois ensembles d’aires urbaines : l’ensemble des aires urbaines (AU771), les 68 plus grandes aires urbaines (aires de plus de 50 000 emplois, notées AU68), ces mêmes aires urbaines hors aire urbaine de Paris (AU67).

Compte-tenu de l’hypertrophie francilienne caractéristique de la géographie française, nous commençons par analyser l’évolution du poids de l’aire urbaine de Paris dans l’économie du pays : nous montrons qu’il recule pour 13 des 15 fonctions d’emploi, les baisses relatives les plus marquées concernant 4 des 5 fonctions métropolitaines.

Nous estimons ensuite des lois d’échelle pour nous prononcer sur l’évolution de la hiérarchie urbaine française dans son ensemble. Nous montrons que la hiérarchie urbaine des fonctions métropolitaines est globalement stable sur la période. L’analyse des résultats pour le sous-ensemble des cadres des fonctions métropolitaines, plus hétérogènes, ne permettent pas d’apporter de conclusions sensiblement différentes.

Au final, l’hypothèse d’un accroissement du processus de métropolisation paraît devoir être rejetée.

S’agissant de Paris, son poids est passé de 25,8% en 1982 à 25,0% en 2014, une baisse relativement modérée, donc, mais plus marquée pour les fonctions métropolitaines, dont le poids passe de 39,2% à 34,2%. La baisse la plus forte concerne la fonction conception-recherche (dans laquelle ne sont pas comptés les enseignants-chercheurs, je précise).

Poids de l’aire urbaine de Paris dans l’ensemble des aires urbaines de France métropolitaine

Fonction 1982 2014 Variation du poids
production concrète 17.6% 16.4% -1.2%
Agriculture 4.8% 5.2% 0.5%
Fabrication 19.9% 16.7% -3.2%
Bâtiment travaux publics 19.9% 18.8% -1.1%
Fonctions métropolitaines 39.2% 34.7% -4.5%
Commerce interentreprises 37.6% 32.5% -5.2%
Conception recherche 46.2% 39.3% -6.9%
Culture loisirs 46.2% 42.0% -4.2%
Gestion 37.9% 31.7% -6.2%
Prestations intellectuelles 39.6% 38.7% -0.9%
Fonctions présentielles 25.1% 23.0% -2.1%
Administration publique 27.1% 24.6% -2.5%
Distribution 22.5% 21.1% -1.4%
Education formation 21.7% 23.4% 1.7%
Santé action sociale 24.2% 20.3% -3.9%
Services de proximité 28.8% 25.5% -3.3%
Fonctions transversales 24.4% 21.7% -2.7%
Transports logistique 26.3% 24.0% -2.3%
Entretien réparation 22.1% 19.2% -3.0%
Ensemble des fonctions 25.8% 25.0% -0.8%

Pour la structure urbaine en général, j’ai estimé des lois d’échelles. L’idée est de calculer un paramètre β qui vaut 1 si la fonction d’emploi considérée est répartie comme l’ensemble des emplois, qui est supérieur à 1 si la fonction d’emploi est plutôt concentrée dans le haut de la hiérarchie urbaine et qui est inférieur à 1 si la fonction d’emploi est plutôt concentrée dans le bas de la hiérarchie urbaine.

Par définition, les fonctions métropolitaines présentent des valeurs supérieures à 1, l’objectif de l’article étant de voir si ces valeurs ont augmenté, diminué ou sont restées stables sur la période.

Voilà ce que ça donne par grandes fonctions :

C’est particulièrement stable pour les fonctions métropolitaines, sans trop de différences selon que l’on raisonne sur l’ensemble des aires urbaines où les sous-ensembles des plus grandes aires.

Dans le détail des fonctions métropolitaines, voici les résultats :

Globalement stable également, il n’y a guère que la fonction “prestations intellectuelles” qui tend à se concentrer, dans le sous-ensemble des grandes aires urbaines, parmi les plus grandes d’entre elles.

Vous trouverez plus de résultats et les détails sur la méthodologie et les données dans l’article que vous pouvez télécharger en cliquant ici. Tout commentaire est bienvenu.

La mythologie CAME (Compétitivité, Attractivité, Métropolisation, Excellence) : comment s’en désintoxiquer ?

C’est le titre du dernier article co-écrit avec Michel Grossetti, dont voici le résumé :

La période récente se caractérise par l’émergence d’une mythologie séduisante dans le champ du développement économique : l’approfondissement de la mondialisation plongerait l’ensemble des territoires face à un impératif de compétitivité, seules quelques métropoles pouvant rivaliser pour attirer les talents et les leaders de demain, métropoles qu’il conviendrait donc de soutenir en concentrant les efforts sur l’excellence. Nous la résumons par l’acronyme CAME pour Compétitivité, Attractivité, Métropolisation et Excellence.

Une analyse attentive des différents composants de la CAME montre cependant qu’aussi séduisante —voire addictive— qu’elle soit, elle ne résiste pas à l’épreuve des faits. Malgré cela, portée de manière plus ou moins marquée par certains chercheurs et organismes privés ou publics d’analyse et de conseil, elle sous-tend tout un ensemble de politiques publiques ; elle a même structuré une partie des débats autour des résultats des élections dans différents pays.

Non seulement la CAME ne produit pas les effets attendus, mais elle provoque des effets indésirables. Les ressources publiques étant limitées, les dédier fortement à quelques acteurs (startups, chercheurs jugés « excellents »…) ou à quelques lieux (métropoles) conduit à renforcer les inégalités socio-spatiales. Quelques éléments de réflexion sur des alternatives envisageables, qui nous semblent plus saines, seront présentés afin d’aider à s’en désintoxiquer.

Vous pouvez télécharger le texte complet en cliquant ici. Commentaires bienvenus !

Mépris de classe, mépris de place : réflexions sur la géographie du populisme

L’élection de Donald Trump a donné lieu a de nombreuses analyses cherchant à expliquer la montée du populisme, passée et à venir, là-bas et ailleurs. Certaines analyses se sont focalisées sur la géographie du vote : Clinton gagne dans les grandes agglomérations, Trump dans les Etats à dominante rurale.

Résultat en phase avec une idéologie globale, très diffusée en France, dont on trouve une version dans le billet posté par Pierre-Yves Geoffard sur Libération, dans la droite ligne de la note pour le Conseil d’Analyse Economique co-écrite par Philippe Askenazy et Philippe Martin, dont j’avais parlé, un poil critique, il y a quelques temps. Elle sous-tend également les propos de Jacques Levy, dans une tribune pour Le Monde, je ne résiste pas à l’envie de reprendre l’un des morceaux du texte, juste exceptionnel :

L’urbanité ou son rejet, l’espace public contre l’espace privé font résonance avec d’autres éléments très forts : éducation, productivité, créativité, mondialité, ouverture à l’altérité, demande de justice, présence du futur d’un côté ; de l’autre, mépris de l’intellect, enclavement économique, absence d’innovation, appel au protectionnisme, peur de l’étranger, affirmation d’une d’identité fondée sur la pureté biologique, la loyauté communautaire, le respect de l’autorité et la référence nostalgique à un passé mythifié – toutes choses qui ne définissent pas une approche différente de la justice, mais une alternative à l’idée même de justice.

Nous avions commencé à échanger sur le sujet avec Michel Grossetti, couchant sur le  papier quelques idées, car cette idéologie globale fait beaucoup de mal, selon nous. En gros, elle oppose des “talents”, mobiles, localisés dans les métropoles, innovants, modernes, inscrits dans la mondialisation, et puis les autres, tous les autres, sédentaires, embourbés hors métropoles, pas trop aidés, quoi. Avec deux discours branchés sur cette idéologie, deux discours qui sont en fait les deux faces de la même pièce.

Un discours  progressiste, dont le billet de Pierre-Yves Geoffard est l’exemple parfait : la mondialisation est source de progrès, elle suppose pour la France d’innover, l’innovation est portée par les talents/créatifs/productifs hyper-mobiles qui n’aiment rien tant que les métropoles, c’est donc bien de soutenir le mouvement mais il faut quand même faire attention aux exclus, à ceux localisés hors métropole, qui perdent, donc à charge pour les nomades d’accepter de payer l’impôt pour dédommager les perdants, leur payer des écoles pour leurs enfants, le médecin, le dentiste, ce genre de choses. Sinon populisme assuré.

Un discours réactionnaire, de l’autre côté, porté côté recherche par un Christophe Guilluy, récupéré allègrement par le Front National ou un Nicolas Sarkozy, qui accepte exactement (je graisse, italique et souligne, au risque d’être lourd) le même schéma explicatif, mais se focalise sur les perdants supposés, les sédentaires (blancs de souche) de nos campagnes, qu’il ne faudrait pas oublier, tout de même, donc votez pour nous, on va défendre le petit peuple.

Sauf que cette idéologie ne tient pas la route. Empiriquement, je veux dire. Car sinon, côté cohérence interne, enchaînements, ça coule, ça roule. D’où sa diffusion, côté soleil ou côté ombre (je digresse : un problème important en France est l’attrait pour les discours à cohérence apparente, aux enchaînements logiques, peu importe les éléments de preuve. Les gens sont fascinés par la figure historique de l’intellectuel français, qui parle trop bien, donc ça doit être vrai). Alors bon, on s’est fendu d’une tribune pour Le Monde, histoire de montrer où ça grippe.

Car oui, quand on passe à l’épreuve des faits les enchaînements, ça grippe. Grave, même. A plein de niveaux. On insiste dans notre tribune sur l’une d’entre elles : les différences moyennes de productivité entre métropoles et hors métropoles sont dues à des effets de composition ; en France, elles opposent Paris et la province, mais ce n’est pas que les parisiens sont plus modernes, plus innovants, plus talentueux, plus performants, etc : c’est que Paris concentre certains métiers à hauts salaires, des cadres des grands groupes et des cadres de la banque et de la finance, notamment.

La montée du populisme, oui, c’est la faute de certains politiques, de certains médias. Mais de certains chercheurs en sciences sociales, aussi. Qui devraient commencer par réfléchir à leurs sujets de recherche : pourquoi est-il plus « noble » pour un économiste de travailler sur la mondialisation, l’innovation, la finance internationale, les start-up, les firmes multinationales, Paris, Los Angeles, Tokyo, …, que sur le commerce et l’artisanat, la fonction publique, les PME, le monde rural, Lorient, Figeac, Belfort et Montbéliard ? Des chercheurs qui devraient faire attention aux données qu’ils mobilisent, aux indicateurs et aux méthodes qu’ils utilisent ; qui devraient aller voir sur le terrain, aussi, ça éviterait d’interpréter à tort quelques régularités ; qui devraient faire preuve, aussi et surtout, d’un peu de réflexivité…

Notre billet est visible ici. Commentez ici où là-bas.

Dis, Le Monde, si tu passes par là, ce billet je ne l’ai pas écrit tout seul, il est co-écrit avec Michel Grossetti, c’est même lui qui a commencé ! Regarde dans tes boîtes mails, je te l’ai signalé ce matin, tu pourrais corriger très vite ? Tu veux que je me fâche avec un sociologue, toulousain, d’origine Corse ?! C’est (partiellement) corrigé !

Nouvelle économie régionale et réforme territoriale

L’OFCE vient de mettre en ligne un numéro spécial intitulé “nouvelle économie régionale et réforme territoriale”, qui vient à point nommé à l’approche des élections régionales.

Vous y trouverez la version révisée de l’article co-écrit avec Michel Grossetti, titrée, comme la première version, “la métropolisation, horizon indépassable de la croissance économique?”.

Nous avons approfondi sur pas mal de points, notamment (mais pas que) sur l’effet très hauts salaires, qui explique une bonne part, si ce n’est la totalité, de la “surproductivité apparente” de l’Ile-de-France (les “conducteurs de voiture particulière” sont très créatifs, donc très rémunérés, sur Paris).

Je vous laisse découvrir cela, ainsi que les autres contributions. Commentaires bienvenus.

Les nouvelles Grandes Régions françaises sont toutes petites

Dossier très intéressant et bien documenté d’Alternatives Economiques dans le numéro de novembre, consacré à la réforme territoriale, je vous en recommande vivement la lecture. Bonne synthèse des débats en cours avec les thèses d’Askenazy et Martin, Davezies, Veltz, Frédéric Gilli et moi-même p. 56-59 (les propos de Frédéric Gilli me semblent particulièrement intéressants et complémentaires de ce que l’on raconte avec Michel Grossetti), beaucoup de cartes, statistiques, analyses sur différents sujets, bref, courez l’acheter!

Je cible juste sur un point évoqué page 68, consacré aux budgets des régions, avec des comparaisons entre certaines des nouvelles régions françaises et certaines régions européennes. On peut y lire le budget régional (en milliards d’euros) et la population régionale (en millions de personnes). Je me suis amusé à diviser les deux chiffres, pour avoir une idée de la dépense par habitant de chaque région.

En nombre d’habitants, les régions françaises sont plutôt grandes :

populationMais si l’on regarde le budget par habitant, ce sont des naines, elles restent entre 5 et 10 fois plus petites que leurs homologues européennes  :

budgetSi l’on considère que l’échelon régional est un bon échelon pour assurer le développement économique de la France, je ne sais pas vous, mais je crois que c’est moins le nombre d’habitants qui compte, que les moyens financiers dévolus afin d’assurer les missions confiées.

En dépit des apparences, la France reste un pays très jacobin…

La dynamique économique des territoires français : de l’obsession métropolitaine à la prise en compte de la diversité des configurations territoriales

Gauguin-Doù-venons-nous-que-sommes-nous-où-allons-nous-1898-1VSuite à la diffusion de notre article “La métropolisation, horizon indépassable de la croissance économique ?”,  (version courte ici), Michel et Grossetti et moi-même avons reçus de nombreux retours, côté “académique”, d’une part, mais aussi côté “acteurs des territoires” (politiques, institutions nationales et régionales, agences d’urbanisme ou de développement économique, …).

Du côté de ces derniers, une demande récurrente : convaincus par notre critique de “l’obsession métropolitaine”, la question devient “que faire alors ?”. Demande légitime, nous avons bien conscience de son importance, nous nous étions limités à une analyse critique d’une thèse dominante (idem dans ce billet vis-à-vis de l’économie géographique), tout en nous disant qu’il faudrait compléter en expliquant comment nous proposons de regarder les territoires pour mieux calibrer les politiques de développement économique.

Nous avons avancé un peu en rédigeant un article présenté lors des 8e journées de la proximité, à Tours, en mai dernier. Nous venons de poster l’article sur Hal, vous pouvez le télécharger en cliquant sur ce lien. Son titre : “La dynamique économique des territoires français : de l’obsession métropolitaine à la prise en compte de la diversité des configurations territoriales”.

La première partie reprend des éléments de critique que nous avions commencé à développer, pour insister sur la diversité des configurations territoriales. La deuxième partie (à partir de la page 8), surtout, esquisse la trame d’une conceptualisation alternative des dynamiques territoriales. Nous finissons par quelques propositions en termes de politiques publiques, en illustrant avec les exemples de territoires sur lesquels nous travaillons (Belfort-Montbéliard, d’une part, Toulouse, d’autre part).

C’est du work in progress, commentaires bienvenus, prolongements à venir !

La “divergence des territoires” : une erreur d’analyse

Le Monde a publié récemment une tribune de Laurent Davezies et Thierry Pech intitulée “les territoires sont de plus en plus divergents”. Cette tribune synthétise les propos de leur note pour Terra Nova, sans rien changer à leur argumentation, malgré les limites importantes dont nous avions fait état.

La répétition étant la base de la pédagogie, nous avons proposé au Monde une tribune en réponse. Cette tribune vient d’être mise en ligne, elle est visible ici.