Une nouvelle quantification des délocalisations

L’Insee vient de publier les résultats d’une nouvelle étude qui vise à mesurer les délocalisations opérées par des entreprises françaises. Les chiffres portent sur la période 2009-2011.

On y apprend que 4,2% des entreprises de 50 salariés ou plus ont délocalisé, chiffre qui monte à 8,8% dans l’industrie manufacturière et les services de l’information et de la communication. Ces délocalisations ont lieu majoritairement dans l’Union Européenne (55% des opérations), avant tout dans l’UE à 15 (38%). L’Afrique arrive derrière (24%), suivi de la Chine (18%) et de l’Inde (18%).

Quel impact sur l’emploi? L’enquête estime à 20 000 le nombre d’emplois détruits sur 2009-2011 pour motif de délocalisation, soit 6 600 en moyenne par an, soit encore 0,3% de l’emploi salarié en 2011. Parmi eux, 11 500 relèvent de l’industrie manufacturière, soit 0,6% de l’emploi salarié de l’industrie manufacturière.

L’étude réalisé a également été conduite dans d’autres pays de l’Union Européenne, ce qui permet de construire ce graphique :

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La France est l’un des pays les moins touché de l’échantillon.

Tous ces chiffres sont globalement conformes à ceux produits par d’autres études. Les délocalisations existent, mais elles pèsent beaucoup moins qu’on l’imagine et contribuent beaucoup moins que d’autres processus aux destructions d’emplois.

17,90€

C’est le salaire brut horaire moyen d’un salarié travaillant à temps complet, dans le secteur privé ou une entreprise publique, en France, en 2010, nous apprend l’Insee.

Sur cette autre page, toute une série de tableaux pas inintéressants sur la variation autour de cette moyenne de 17,90€  :

  • par Catégorie socio-professionnelle, le maximum est atteint pour les cadres administratifs et commerciaux, avec 35,1€, les ouvriers agricoles sont tout à la fin avec 11,3€ (les études ne servent à rien),
  • selon le genre, 16,2€ pour les femmes, 18,8€ pour les hommes,
  • selon l’âge, salaire continûment croissant, passant de 9,9€ pour les moins de 18 ans à 26,5€ pour les plus de 60 ans,
  • par secteur d’activité, le secteur “cokéfaction et raffinage” culmine à 30,5€, le secteur “hébergement et restauration” ferme la marche (13,1€, vive l’économie résidentielle, tiens!)
  • salaire continûment croissant avec la taille des entreprises, de 14,4€ pour les 1-4 postes à 25,4€ pour les 5000 postes et plus (small is beautiful),
  • dernière distinction : 17,9€ à temps complet, 14,9€ à temps non complet.

Il y a d’autres données détaillées ici, quelques croisements, des tableaux par région/département, etc.

En conclusion : une jeune femme ouvrière agricole à temps partiel dans une petite exploitation du fin fond de la Creuse, comment dire… c’est pas top côté salaire…

Les emplois verts, avenir du Monde (avec les relocalisations, quand même…)

Que les choses soient claires, car je sens que je vais me prendre des remarques désobligeantes. La destruction de la planète, c’est comme le sida : je suis contre.

Ceci étant dit, la médiatisation de la croissance verte (puisque c’est le terme aujourd’hui consacré), ou plutôt le décalage entre la communication politique sur le sujet et la réalité des faits me fatiguent un tantinet.

C’est donc avec intérêt que j’ai découvert les résultats de cette étude de la Direction Régionale de l’Insee Poitou-Charentes sur le nombre d’emplois verts et le nombre d’emplois verdissants en région, leur part dans l’ensemble des emplois, et le rang de Poitou-Charentes dans l’ensemble des régions.

Les emplois verts stricto sensu pèsent 0,5% de l’ensemble des emplois de la Région, ce qui est le taux moyen de la France métropolitaine. Poitou-Charentes occupe la 13ème place (sur 22 régions métropolitaines).

0,5%, c’est un peu plus, pour rappel, que ce que pèsent les emplois créés pour motif de relocalisation dans l’ensemble des emplois créés suite à des investissements dans notre beau pays. Relocalisation et croissance verte étant sans doute les termes les plus utilisés dans les discours des politiques relatifs à l’avenir de notre économie, j’en déduis que moins un phénomène existe, plus nos politiques en parlent. Leur côté visionnaire, sans doute.

Si l’on élargit la perspective en dénombrant les emplois verdissants (en gros, des métiers existant qui doivent s’adapter), ils pèsent 14,6% en Poitou-Charentes, contre 15,3% France entière. Je n’ai pas trouvé le rang précis, mais notre région est dans le groupe des 7 dernières régions.

Comme on peut toujours trouver un indicateur permettant de bien se situer dans un classement, on apprend quand même dans le document que Poitou-Charentes est la 2ème région de métropole pour l’importance des niveaux CAP-BEP dans l’ensemble des emplois verdissants. Médaille d’argent. Yep.

PS : je précise, pour expliquer mon côté un tantinet fatigué, que pendant que je lisais cette étude, trônait sur mon bureau une carte de voeux reçue d’une collectivité dont je tairais le nom, qui affichait comme slogan “l’excellence environnementale a trouvé son territoire”…

Composition des ménages et pouvoir d’achat

L’Insee vient de publier un document sur l’évolution de la composition des ménages en France. On y trouve notamment ce graphique :

Evolution de la composition des ménages depuis 1975Evolutions marquées, qui s’expliquent d’une part par le vieillissement de la population et d’autre part par la fragilité des couples de 30-59 ans.

En quoi cela impacte-t-il le pouvoir d’achat? La composition des ménages a un effet structurant sur le pouvoir d’achat, car vivre à plusieurs sous le même toit permet de bénéficier d’économies d’échelle, en raison de l’existence de coûts fixes. Prenons le cas de deux célibataires. Supposons que chacun gagne 1500€ par mois et loue un appartement dont le loyer est de 400€. S’ils se mettent en couple et loue ensemble un même appartement, gageons que le loyer ne sera pas de 800€, mais par exemple de 600€. Ils bénéficient d’économie d’échelle. Idem pour l’abonnement internet, la redevance télé, les dépenses d’alimentation, les loisirs, etc.

Pour intégrer cet effet de composition des ménages, l’Insee calcule, à côté du revenu par personne, le revenu par ménage et le revenu par unité de consommation, autres indicateurs de pouvoir d’achat. Comment calcule-t-on le nombre d’unités de consommation? Simple : pour un ménage donné, on compte 1 pour la première personne de plus de 14 ans, 0,5 pour les autres et 0,3 pour les personnes de moins de 14 ans.

Prenons maintenant le cas d’une économie dont le nombre d’habitants ne bouge pas, dont les revenus ne bougent pas, dont les prix ne bougent pas sur une période donnée. Si on calcule le revenu par habitant, il sera parfaitement inchangé sur la période. Si on suppose que, dans le même temps, la composition des ménages suit l’évolution retracée dans le graphique ci-dessus, le pouvoir d’achat par ménage et le pouvoir d’achat par unité de consommation, en revanche, va nettement baisser.

Vous pourrez vérifier ici que l’évolution de ces différents indicateurs de pouvoir d’achat n’est pas la même sur les dernières années. A titre d’illustration, le pouvoir d’achat par personne a augmenté de 0,3% en 2010 et 0,0% en 2011, pendant que le pouvoir d’achat par ménage baissait de 0,2% en 2010 et de 0,5% en 2011. Effet de composition qui impacte certainement plus le pouvoir d’achat des ménages que la hausse du prix de l’essence…

T’espère vivre longtemps en bonne santé? Evite l’Allemagne…

update : chiffres de l’Insee surprenants, me disent plusieurs lecteurs. Je souscris. Jeu concours, donc : comment expliquer les évolutions constatées? Question subsidiaire : pourquoi l’Insee n’en parle pas sur son site?

Je découvre via @phil_waechter ce document de l’Insee sur l’espérance de vie en bonne santé des hommes et des femmes, sur la période 1995-2009.

Sur cette période, l’espérance de vie en bonne santé des hommes allemands passe de 60 ans à 56,7 ans. Pour les femmes? De 64,3 à 57,7 ans. Ça vous fait rêver?

Pour les hommes français, sur la même période, on passe de 60 ans à 62,5 ans. Pour les femmes françaises, de 62,4 à 63,2 ans. Faut vite imiter le modèle allemand…

Vous pourrez vérifier aussi qu’en Suède, pays qui prélève des impôts comme c’est pas permis, n’oubliez pas, l’espérance de vie des hommes est passé de 63,1 ans en 2000 à 70,5 ans en 2009. Pour les femmes, de 61,9 ans à 69,5 ans.

Je sais pas vous, mais moi, je vote pour le modèle suédois…