Je suis un mec plutôt détaché…

Après plus de vingt ans comme enseignant-chercheur en poste à l’Université de Poitiers (j’ai été recruté comme maître de conférences en septembre 1999), je viens de commencer un détachement au sein du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine, pour diriger un nouveau service études et prospective du pôle Datar.

Cette volonté de changement s’explique sans doute en partie par une certaine lassitude du monde universitaire et de la drôle de façon dont il évolue. Il s’explique surtout par mon envie de me rapprocher de la fabrication des politiques publiques : après avoir beaucoup écrit sur les dynamiques territoriales, sur d’autres façons de les analyser, de repérer les problèmes à traiter ou les opportunités à saisir, j’aimerais voir dans quelle mesure il est possible de passer du discours aux actes. Travailler au sein d’une institution régionale, en lien avec les territoires infra-régionaux, me semble être une bonne façon de le tester.

Lorsque cela sera compatible avec mes nouvelles fonctions, je vous informerai des avancées en la matière.

Dis-moi quelles études tu fais, je te dirai combien tu gagnes…

Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche a publié les résultats de l’enquête à 30 mois des diplômés de 2010. D’où mon précédent post commentant un article de Challenge sur la comparaison Grandes Ecoles / Universités.

Les tableaux du ministère étant assez indigestes, et comme je vous imagine avachis sur votre canapé, repus de chocolat et autre joyeuseté pascale, je vous livre quelques graphiques synthétisant les principaux résultats.

Sur le taux d’insertion, d’abord, avec une distinction selon le niveau d’études (DUT, Licence professionnelle, Master) et le domaine d’étude (DEG = Droit, économie, gestion ; LLA = Lettres et Langues et Arts ; SHS = Sciences Humaines et Sociales ; STS = Sciences, Technologies, Santé), qui montre que les taux sont assez hétérogènes selon les niveaux et les domaines, mais globalement plutôt bons : 82% pour le score le plus faible.

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Comme je le dis souvent aux lycéens que j’accueille : les études dans l’enseignement supérieur protègent bien contre le risque de chômage, pas de différences très fortes sur ce point entre études courtes et études longues.

Deuxième graphique, sur la part des cadres et professions intermédiaires dans l’ensemble des emplois occupés.

cpiPour tous les domaines, cette part augmente avec le niveau d’étude. Les écarts sont assez faibles en STS, plutôt forts en DEG. Il faudrait des statistiques plus précises pour discriminer entre professions intermédiaires et cadres, voire cadres supérieurs, mais les données ne sont pas disponibles.

Troisième graphique, sur le salaire net médian des emplois à temps plein par domaine et niveau d’étude.

snmLà encore, la “hiérarchie” des niveaux de sortie est marquée. Le salaire net médian d’un DUT du domaine Droit, économie, gestion est de1390€, celui d’une licence professionnelle du même domaine est de 1 560€, pour un Master, c’est 2 000€. Différences non négligeables…

On peut construire des graphiques plus précis par discipline. Je me limite à ce dernier indicateur, le salaire net médian pour les emplois à temps plein.

snm_detailDifférences fortes selon la filière plus précise, entre moins de 1 500€ pour Archéologie/Ethnologie/Préhistoire ou Arts, d’un côté, et plus de 2 100€ pour mathématiques et Génie Civil. L’économie se situe plutôt bien, avec 2 000€, devancée seulement, dans le grand domaine DEG / SHS / LLA par les sciences de gestion de 60 euros mensuels.

Je répète cependant ce que j’ai dit dans mon billet précédent : les différences observées ne sont pas seulement liées à la différence dans la qualité des formations, elles peuvent s’expliquer en partie, voire totalement, par les choix d’orientation des lycéens  et leur niveau de base.