Recherche : le rang de la France

J’ai collecté des informations sur la production scientifique (nombre de documents de recherche produits et h-index,
source SCImago), sur la taille économique (PIB) et le niveau de développement (PIB par habitant) d’une trentaine de
pays : Allemagne , Australie , Autriche , Belgique , Brésil , Canada , Chine , Corée du Sud , Danemark , Espagne , États-Unis , France , Grèce , Inde , Indonésie , Italie , Japon , Mexique ,
Norvège , Pays-Bas , Pologne , Royaume-Uni , Russie , Suède , Suisse , Taïwan , Turquie.

La France occupe le 5ème rang en termes de PIB, le 11ème en termes de PIB par habitant (des petits pays passent devant),
le 6ème pour la production de documents et le 4ème pour le h-Index. Comme déjà dit ici, le rang de la France pour la recherche est globalement conforme à son rang en termes de développement
économique.

Lorsqu’on teste la corrélation entre ces différentes variables, on obtient le petit tableau suivant :


  PIB nominal PIB/H h index documents
PIB nominal        
PIB/H 4%      
h index 62% 41%    
documents 97% 9% 73%  

La production scientifique (documents) est très bien corrélée au PIB nominal. Plus on est grand, plus on produit. Plus
surprenant peut-être : le h-index aussi est bien corrélé au PIB, mieux même qu”au PIB par habitant… Après quelques calculs complémentaires, ces résultats sont en fait fortement liés à la
situation des Etats-Unis : quand on teste sans eux, le R² PIB/h-index tombe à 0,25, celui entre PIB par habitant et h-index monte à 0,43.

Petit graphique pour finir, avec en abscisse le PIB ar habitant et en ordonnée le h-index. La France est représentée par
un triangle rouge :


g3.jpg

Les deux pays au-dessus de la France pour le h-index sont l’Allemagne (nord-ouest de la France) et le Royaume-Uni
(nord-est).


J’ai le vague sentiment que des décisions très fortes sont prises en ce moment
pour restructurer l’organisation du système universitaire, avec des moyens colossaux mis sur quelques établissements, tout ça en raison d’une mauvaise lecture du rang de la France en termes de
recherche. Au prix, j’en ai bien peur, de la
déstructuration d’un nombre conséquent de territoires

Renault en Turquie

Pour comprendre la dynamique du secteur automobile, on peut bien sûr s’en remettre à un fin connaisseur. Je vous conseille plutôt de vous tourner vers le Gerpisa, initialement un réseau de chercheurs français spécialistes du secteur automobile, qui est devenu en 1992 le réseau international de
l’automobile. Vous trouverez sur le site tout un ensemble de ressources précieuses (inscription nécessaire (mais gratuite) pour accéder à certaines d’entre elles).
Le Gerpisa est également doté d’un blog,  sur lequel on trouve notamment la chronique hebdomadaire de Bernard Jullien, directeur du
Gerpisa. Dernier billet en date : “Derrière le psychodrame sur la Clio 4, la voie étroite de la défense du site France en
2010″
.

Le blog du globe

Vous connaissiez peut-être déjà le site Histoire Globale
animé par des chercheurs et des journalistes de Sciences Humaines? Vous allez maintenant pouvoir découvrir le blog Histoire
globale
, qui  “publie chaque semaine (en principe le lundi) un billet ou un court texte portant, soit sur un thème particulier, soit sur les objectifs et méthodes de l’histoire globale,
soit sur une oeuvre d’un auteur significatif de la discipline. Il entend aussi montrer comment l’histoire globale peut éclairer certains enjeux du monde contemporain.”

Dernier billet en date, par Philippe Norel : Les chinois ont-ils découverts l’Amérique en 1421?

A suivre!

Stratégie de Lisbonne : 2010 approche…

Vous vous rappelez? En 1999, le Conseil Européen de Lisbonne a décidé de faire de l’Union Européenne “l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration
quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale”.

Un des moyens essentiels préconisés était d’investir massivement dans la recherche et développement, l’objectif étant
d’atteindre, en 2010, une intensité technologique (rapport entre dépenses de R&D et PIB) de 3%. Résultat :



Trend négatif pour la France, on n’est pas prêt d’atteindre les 3%… Pour l’UE, c’est mieux, le trend est croissant. En
prolongeant la tendance, les 3% seront atteints en… 2165… Un chouia en retard, certes, mais on va pas chipoter pour si peu…

Paraît qu’il y a un sommet important en décembre? Je suis curieux de savoir ce qu’ils vont nous concocter!

Le rapport Juppé-Rocard : quelques inepties…

Quelques remarques à chaud :

i) l’accent est mis fortement sur l’enseignement supérieur et la recherche : 16 milliards des 35 sont dédiés à ce
domaine

ii) sur ces 16 milliards, 10 sont dédiés à la transformation d’un nombre limité (5 à 10) de groupements
d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche en institutions pluridisciplinaires de dimension et de réputation mondiales (graissé par moi)

bref, on retrouve cette idée qu’il faut concentrer les moyens sur quelques établissements, et tant pis pour les autres.
Pourquoi? C’est très bien expliqué dans le rapport :

L’amélioration des perspectives de croissance dans une économie développée comme celle de la France passe par des
investissements en faveur du développement de la connaissance, du savoir et de l’innovation. La qualité et le dynamisme de nos meilleurs établissements d’enseignement supérieur et de recherche
constituent en outre un élément important d’attractivité et de visibilité à l’étranger.
Or leur évaluation et l’impact global des travaux de recherche français ne sont pas à la hauteur de nos ambitions, malgré quelques domaines d’excellence. Ainsi, pour critiquables qu’ils
soient, les classements et indicateurs internationaux font état de prestations médiocres
: le classement de Shanghai ne place que trois universités françaises dans les cent premières (dont la
première à la 40e place seulement en 2009), tandis que le classement du Times Higher Education Supplement considère que seuls quatre établissements français figurent parmi les deux cents
meilleurs mondiaux. (…)

Cette position reflète également la trop petite taille individuelle de nos établissements, en particulier en
cycle « gradué » (masters, doctorants, post-doctorants), car les classements internationaux tendent à prendre en compte de nombreux facteurs quantitatifs. Si la taille n’est pas en soi un
critère d’excellence et s’il ne faut pas la rechercher au détriment de la qualité ni de la souplesse, force est de constater que la visibilité et la notoriété internationales sont à ce prix.

Dans un contexte de compétition mondiale croissante dans l’enseignement supérieur et la recherche, ce facteur ne peut désormais être négligé.

 

Ce genre de propos est complètement stupide : la recherche française est de bonne qualité, conforme à ce qui est attendu
compte tenu de son niveau de développement (regardez son rang  au niveau de la recherche en fonction de son poids dans le PIB mondial), mais comme la recherche est plus éclatée qu’ailleurs,
l’évaluation par établissement est moins bonne. Au lieu de s’interroger sur les moyens d’améliorer encore la qualité de la recherche, on se préoccupe des moyens de monter dans un classement mal
fait…

Les modalités d’action en découlent :

Pour répondre à ces différents enjeux, vitaux pour l’avenir de notre pays, la Commission propose d’affecter des
sommes importantes sur quatre grands types d’actions.
Tout d’abord, il s’agit de doter en capital, à hauteur de 10 Md€ (dont 1 Md€ consomptible la première année, afin d’enclencher une dynamique), une Agence nationale des campus d’excellence à
créer, dédiée au financement d’opérations véritablement transformantes conduites par cinq à dix groupements d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche sélectionnés par un jury
international. L’ambition doit être de faire émerger, sur ces quelques sites, des campus pluridisciplinaires capables, grâce à ce financement exceptionnel, de concurrencer les meilleurs mondiaux
(action 1).

S’il s’agit de monter dans le classement de Shangaï, il y a plus simple et moins coûteux : ne changeons rien au
fonctionnement des Universités, fusionnons-les toutes sur le papier, appelons l’entité fusionné “Université de France”, demandons à tous les chercheurs de signer sous ce nom et le tour est joué :
l’Université de France sera numéro un du classement dès l’année prochaine. (moins radical : créer 4 entités macro-régionales, le résultat sera à peu près le même.)

S’il s’agit d’autre chose, de croire par exemple qu’il existe des effets tailles très importants à l’Université, il y a
pas mal de contre-arguments, dont j’avais parlé ici, et .
J’ajoute quelques idées
:

l’erreur est de croire qu’il existe des rendements continûment
croissants à l’Université, de penser, donc, que plus on est grand, meilleur on est. En fait, je pense qu’il existe plutôt une taille minimale, car à l’évidence il y a des coûts fixes (bâtiments,
machines, …), mais au delà de cette taille, pas sûr du tout que les rendements soient très longtemps croissants. Et au delà encore, ils risquent d’être décroissants (allez gérer un labo de 700
personnes, les coûts d’organisation internes risquent d’être particulièrement lourds).

* sur ce dernier point, je m’étonne que personne ne s’intéresse à la sur-concentration de la recherche en Ile de France :
toutes les données que j’ai pu voir montrent que la productivité de cette région est inférieure à la moyenne (productivité mesurée comme le ratio entre brevets ou publications sur dépenses
de R&D ou nombre de chercheurs). Question tabou. Est-ce lié au fait que les chercheurs qui traînent dans les couloirs ministériels ou qui sont auditionnés pour les rapports sont
essentiellement parisiens? Je n’ose y croire… 

* raisonner pour l’ensemble de l’Université n’est pas pertinent, il faudrait une analyse fonctionnelle des coûts. Je
pense que la fonction marketing-communication doit être mutualisée à une échelle assez importante pour assurer une certaine visibilité. Cette fonction pourrait être assurée au niveau des PRES par
exemple. Rien ne dit que pour les autres fonctions, l’échelle pertinente est la même (je suis même convaincu du contraire).

* Au delà des fonctions, des effets disciplinaires peuvent apparaître : la “taille optimale” des labos de SHES est
moins importante que celle des labos de sciences dures qui réclament des équipements significativement plus coûteux. Il faudrait donc des politiques différenciées. trop compliqué sans
doute…

* j’ai le sentiment que nombre d’acteurs, y compris les économistes (c’est un comble!), raisonnent maladroitement : ils
se focalisent sur la productivité moyenne des labos, plutôt que sur leur productivité marginale. J’illustre pour les non initiés :  TSE est sans doute l’école d’économie qui a la
productivité moyenne la plus forte de France (au grand dam de PSE…). Beaucoup se disent alors qu’il convient d’investir fortement dans TSE. Alors qu’il faudrait plutôt mesurer le gain marginal
résultant de l’investissement d’un euro supplémentaire dans TSE, qui croule déjà sous l’argent, comparativement au gain marginal résultant de l’investissement dans un autre centre. Je parie
qu’investir dans des labos de taille réduite serait le plus rentable.

 

Bon, j’arrête là, mais il y aurait pas mal d’autres choses à dire. Qu’on ne se méprenne pas : tous les points évoqués
sont des conjectures, certains chercheurs peuvent sans doute m’opposer différents arguments (je les attends au tournant!). On pourrait cependant attendre du rapport Juppé-Rocard quelques éléments
de preuves avant de préconiser ce sur-investissement dans les plus grands centres. Personnellement, je n’en ai vu aucun. Juste quelques idées rapidement assénées, qui ressemblent à autant d’idées
reçues.

Economistes et sociologues

Echange entre un économiste et un sociologue lors d’un colloque :

L’économiste : “comment se fait-il que, sur tout un ensemble de sujets, les sociologues produisent actuellement des analyses plus pertinentes que les économistes?”
Le sociologue : “je connais leur secret : ils lisent les économistes…”

Pourquoi habitez-vous ici? Article Centre Presse

Centre Presse a fait sa une hier sur l’enquête dont j’ai parlé ici et et une pleine page intérieure, plutôt bien faite je trouve (visible ici, mais payant). Ils y annonçaient également la table ronde d’hier après-midi ‘”Attirer des créatifs, une stratégie gagnante?”. Table ronde vraiment très intéressante avec
Sébastien Chantelot, Patrick Cohendet et Michel Grossetti. Nous l’avons filmée, je la mettrais prochainement en ligne sur le site du colloque et sur mon blog, sans doute sous forme de séquences
courtes.

Autre temps fort du colloque que je mettrais rapidement en ligne, la conférence inaugurale de Nadine Massard. Les
institutionnels qui travaillent actuellement à la définition de leur Stratégie Régionale d’Innovation seraient bien inspirés de la regarder (conseil qui s’adresse notamment aux acteurs de la
Région Poitou-charentes, qui travaillent en ce moment dessus, ce que j’ai pu voir des premiers résultats ne me rassure pas vraiment…).

Prix Nobel 2009

Pas mal de blogs en ont déjà parlé, Elinor Ostrom et Oliver Williamson ont reçu le prix Nobel 2009 d’économie : Les Econoclastes, Rationalité Limitée, Mafeco. Voir aussi l’interview accordée par Williamson en 1994 à la revue Alternatives Economiques.

Personnellement, travaillant principalement sur les problèmes de coordination (marchande et non marchande) entre acteurs, en intégrant la dimension spatiale de ces problèmes, récompensé après Krugman, ca me va plutôt bien! (même si l’objectif de mes recherches est souvent de montrer les limites de leurs analyses, mais c’est bien ça, me semble-t-il, le boulot d’un chercheur : s’appoprier les analyses les plus intéressantes, en montrer les limites, proposer des compléments, tenter (modestement) de les dépasser).

Juste envie de compléter sur un petit point après le billet de Stéphane (qui recommande gentiment de lire mon Eco de l’entreprise pour une introduction à Williamson, je ne peux que souscrire!), qui s’inquiète que l’on fasse de Williamson (et de Ostrom) “les nouveaux hérauts d’un discours anti-marché”.

Ni Williamson, ni Coase avant lui, ne cherchent à défendre le marché ou à le condamner. L’intérêt de leurs analyses est, au contraire, de sortir de ce type de débat, qui a longtemps structuré l’économie politique.
Dans son article de 1937 sur la nature de la firme, Coase montre que le recours au marché est coûteux, il fait supporter aux acteurs ce qu’on appellera après lui des coûts de transaction (coût de collecte de l’information, de passation des contrats, de surveillance). Si les coûts de transaction sont élevés, les acteurs ont intérêt à s’en remettre à un autre mode de coordination (une autre structure de gouvernance dirait aujourd’hui Williamson), par exemple la firme, mode de coordination centralisé régulé par l’autorité. Mais la firme aussi fait supporter aux acteurs des coûts, que l’on peut qualifier de coûts d’organisation interne. Dès lors, nous dit Coase, le choix marché/firme dépendra de la comparaison entre les coûts de transaction associés au marché et les coûts d’organisation interne associés à la firme.

Williamson reprendra l’analyse de Coase, une quarantaine d’années plus tard, en précisant notamment les caractéristiques des transactions orientant les choix des acteurs entre marché et firme. Plus récemment, il dépassera la simple opposition marché/firme pour introduire dans son analyse l’existence de structures hybrides (sous-traitance, alliances technologiques, etc…).

Une caractéristique clé des transactions mise en évidence par Williamson est le degré de spécificité des actifs impliqués dans la transaction. Un actif spécifique est un actif (humain, physique, incorporel, …) mobilisable dans le cadre d’une activité et difficilement redéployable pour une autre activité. Exemple : supposons que la fabrication d’un composant, dans une activité donnée, réclame l’utilisation d’une telle machine spécifique. Si je fais appel au marché (ie à une entreprise disposant d’une telle machine), je m’expose à un comportement opportuniste de mon partenaire, qui est, à la limite, le seul à en disposer. Anticipant ce problème d’opportunisme ex-post, je préfère internaliser la fabrication dudit composant (je passe par la firme). Si à l’inverse l’actif est peu spécifique (dès lors, par définition, de nombreuses entreprises en disposent sur le marché), je pourrais, en cas de comportement opportuniste de mon partenaire, me tourner vers un autre. Je peux donc  sans risque passer par le marché.

Généralisons : ce que nous dit Williamson, ce n’est pas que le marché est supérieur à la firme. Ni que la firme est supérieure au marché. Mais que l’analyse du choix marché/firme doit être contextualisée, qu’il convient de regarder précisément les caractéristiques des transactions, de comparer les coûts associés à chaque structure de gouvernance, et d’opter pour la structure de gouvernance pemettant de minimiser l’ensemble des coûts. Ces réflexions sur le cas du choix marché/firme sont généralisables à tout un ensemble de problème, notamment à la question de l’intervention de l’Etat, par exemple en présence d’externalités négatives. Coase ne fait rien d’autre dans son article de 1960, quand il montre les limites de la stratégie pigouvienne d’internalisation des externalités (taxation des pollueurs, autrement dit recours à l’Etat). Contrairement à ce que certains ont pu dire, Coase ne défend pas le marché contre l’Etat dans cet article, il explique qu’en l’absence de coûts de transaction, la solution marchande est également mobilisable. Mais Coase sait bien qu’il existe des coûts de transaction (voir son article de 1937) : son intention, encore une fois, est de montrer que pour traiter d’un problème environnemental, il faut recenser les différentes structures de gouvernance mobilisables (Etat, Marché, structures hybrides, …), comparer leurs coûts respectifs, et opter pour la structure minimisant les coûts de gouvernance (ou ne rien faire si les coûts de gouvernance sont supérieurs aux coûts de la nuisance).

Bien sûr, en opérant de la sorte, on perd en généralité. Mais on gagne en pertinence..

Pourquoi habitez-vous ici? Suite

Dans mon dernier billet, je vous avais promis une
explication sur le pourquoi de l’enquête sur Poitiers. La voici : Michel Grossetti, collègue sociologue avec qui j’échange régulièrement, a participé à une enquête menée dans treize villes
européennes sur la mobilité des créatifs. L’objectif de leur enquête était d’interroger la thèse en vogue sur certains territoires, initialement développée par Richard Florida, selon laquelle :i)
le développement économique d’un territoire dépend de sa créativité, ii) la créativité est d’autant plus grande que vit, sur ce territoire, un grand nombre de créatifs, iii) en attirant les
créatifs, on va donc faire du développement économique local, iv) ce que cherchent les créatifs, ce qui peut les attirer, donc, c’est un ensemble de soft factors (aménités culturelles, population
tolérante, etc…), v) pour faire du développement, il faut donc développer ces softs factors. En bref : plus de soft factors, c’est plus de créatifs, plus de créatifs, c’est plus de créativité,
plus de créativité, c’est plus de développement économique.

L’enquête européenne avait vocation à interroger un point précis : quels sont les facteurs qui attirent les créatifs?
Résultat des courses : très peu les softs factors, un créatif vit dans telle ville pour avant tout pour des raisons “réseau social” (né ici, famille ici, amis ici, …) ou pour des raisons d’emploi
(son propre emploi ou celui de son conjoint).

Une question restait ouverte cependant : certes, les softs factors n’attirent pas spécialement les créatifs, mais ne les
attirent-ils pas plus, cependant, que le reste de la population? Plus généralement, les facteurs qui attirent les créatifs sont-ils différents des facteurs qui attirent la population en général?
D’où l’idée de l’enquête sur Poitiers, qui s’appuie sur le questionnaire de l’enquête européenne, sans cibler pour autant les créatifs.


Résultat des courses : s’agissant des softs factors, ils sont cités par 5,2% des personnes en premier choix dans
l’enquête européenne, contre 3,4% dans l’enquête sur Poitiers. Quand on représente les scores pour l’ensemble des items dans les deux enquêtes (choix 1 uniquement), on obtient ceci
:




 

Bonne corrélation, donc, les réponses des poitevins ne diffèrent pas franchement des réponses des créatifs européens. La
corrélation est également plutôt bonne sur l’ensemble des choix (un peu moins cependant, avec un R² de 0,72). Quelques écarts importants sur certains items : la proximité d’amis est citée par 38%
des européens comme l’un des motifs de localisation, contre 19% par les poitevins… La diversité des équipements de loisir et de divertissement obtient un score de 24% en Europe, contre 7% sur
Poitiers.

Ce thème de la créativité sera abordé lors du colloque Dynamiques
de Proximité
, notamment lors de la troisième table ronde, vendredi 16 octobre,
en 14h et 16h, avec la participation de Patrick Cohendet, Sébastien Chantelot et Michel Grossetti. Ce dernier présentera les résultats de l’enquête européenne en session jeudi 15 à 16h, session
24. Son texte est d’ores et déjà disponible ici.