Semaine de l’économie

Le Conseil Régional de Poitou-Charentes organise  une semaine de
l’économie
, qui a  débuté lundi dernier et qui s’achève demain, avec une synthèse de 10h à 13h, comprenant
notamment  un panorama de l’économie régionale réalisé et présenté par l’Institut atlantique d’aménagement des territoires (IAAT), puis
une  intervention de ma part, intitulée
« Poitou-Charentes dans la mondialisation, enjeux et perspectives d’action », avec à suivre un temps de
discussion.
L’occasion de rappeler quelques éléments généraux sur la réorganisation des activités économiques, pour en tirer des implications sur des problématiques régionales. J’insisterai notamment sur
l’industrie sur Châtellerault et/ou Rochefort, le développement des centres d’appels sur la zone du Futuroscope, et le problème des conflits d’usage autour de l’eau sur le littoral
Picto-Charentais.

L’impact économique du Futuroscope


futuroscope-copie-1.jpg
Centre Presse
publie un cahier spécial d’une quarantaine de pages sur le Futuroscope. Philippe
Bonnet m’avait interviewé il y a un peu plus d’un mois sur l’impact économique du Futuroscope, l’interview figure page 21 du dossier. En fait, il s’agissait de commenter une étude réalisée par le
cabinet Caudron Consultant pour le compte du Conseil Général. Voici les principaux éléments que j’avais mentionnés (certains sont repris dans l’interview, d’autres non).

 1. l’Etat au sens large pratique très rarement des exercices d’évaluation. Le fait qu’une collectivité se lance dans un tel exercice est donc une bonne chose, il serait bon que ce type
d’exercice se généralise,

 2. dans l’étude, le cabinet tente d’évaluer les effets en chaîne de l’investissement public, ce qui me semble également une bonne chose : on sort ainsi de
l’idée que les impôts ne servent qu’à embêter les gens, ils sont dépensés, ces dépenses génèrent des richesses, ces richesses sont distribuées sous forme de revenus, ces revenus sont pour partie
dépensés localement, etc… Méthodologiquement, il s’agit de s’appuyer sur une analyse renouvelée genre « théorie de la base » dont j’avais donné les grandes lignes dans ce document,
 
Ceci dit, les exercices d’évaluation sont difficiles, et il y a quelques problèmes avec celle réalisée par le Conseil Général :
 
1. La première limite : le Conseil Général s’est lancé dans l’exercice d’évaluation en faisant appel à un consultant qui travaillait auparavant pour … le
Conseil Général. Pour l’avoir rencontré et discuté à plusieurs reprises avec lui, je ne doute pas qu’il a tenté de faire un travail impartial. Cependant, il est clair que le Conseil Général prête
le flanc à la critique en confiant l’étude à quelqu’un qui n’est pas totalement extérieur à l’institution. A l’avenir, il faudrait que les collectivités fassent appel à des experts totalement
extérieurs, même si, en faisant cela, on prend le risque d’une évaluation moins favorable.

 2. La deuxième limite porte sur la méthodologie employée. L’étude se décompose en 3 parties : i) étude du Chiffre d’Affaires du parc et des autres
activités de la zone, ii) étude des revenus générés dans la zone, iii) impact en termes de création d’emplois. La première partie n’est pas satisfaisante d’un point de vue économique, car le
chiffre d’affaires mesure simplement les recettes générées par une entité, sans comptabiliser les coûts. Si on en reste à ce type d’analyse, on en vient à l’idée que le meilleur investissement
est un gros investissement (big is beautiful) alors qu’il me semble qu’un bon investissement est un investissement qui rapporte plus que ce qu’il coûte… La deuxième et la troisième partie sont
plus satisfaisantes. Elles sont conformes aux exercices d’évaluation faits par les économistes. Elles montrent notamment qu’environ 2 milliards d’euros de revenus ont été générés, pour un
investissement initial de 500 millions d’euros, soit un taux de rentabilité de 8% par an, ce qui n’est déjà pas si mal… disons que si le Conseil Général avait placé cet argent auprès
d’intermédiaires financiers, il n’aurait pas fait mieux.

 3. troisième limite : il y a cependant un problème, qui tient à la nécessité de distinguer entre le Parc de loisir et la zone d’activité. Si le Parc a eu
des effets indéniables en termes d’image, il est devenu au fur et à mesure des années un vrai « boulet ». Pourquoi ? Car il fait supporter au département des coûts fixes très
importants. Or, si la fréquentation permet de couvrir les coûts variables, elle ne permet que rarement de couvrir les coûts fixes l’ensemble des coûts fixes, qu’il faut
renouveler régulièrement pour que les spectateurs reviennent au Parc. On est donc dans la situation suivante : on a du mal à rentabiliser l’activité, mais arrêter l’activité coûterait encore
plus cher (situation que l’on rencontre dès lors que les recettes permettent de couvrir les coûts variables mais pas l’ensemble des coûts fixes). Cette barrière à la sortie est d’autant plus
haute que les actifs dans lesquels le département investit sont des actifs spécifiques (qui font supporter des coûts non seulement fixes, mais de plus irrécupérables).  La zone d’activité
qui s’est développée autour fonctionne en revanche plutôt bien, avec de nombreuses créations d’emplois. Une bonne part de ces emplois, cependant, correspond à des centres d’appels, ce qui n’est
pas sans soulever de questions en termes de pérennité des emplois occupés, de conditions de travail et de niveaux de rémunération. Je ne dis pas qu’il faille condamner automatiquement ce type
d’implantation, loin de là, car les premières analyses que j’ai pu mener sur le sujet montrent que le secteur « centres d’appel » est très hétérogène, que ce soit en termes d’ancrage
territorial ou en termes de conditions de travail. Il est clair cependant qu’un travail d’évaluation complémentaire permettant d’évaluer le poids des activités pérennes et des activités
éventuellement menacées serait plus que bienvenu…

Pour finir, je prêche pour ma “paroisse” :  on insiste beaucoup en ce moment sur la nécessité de renforcer les relations entre entreprises et Université pour favoriser l’innovation. Dans la
tête des politiques, cependant, il s’agit plutôt de faire appel, côté université, aux laboratoires de sciences “dures” (ou “inhumaines”), rarement aux laboratoires de sciences “molles” (ou
“humaines”). Il me semble pourtant que des collaborations efficaces pourraient être nouées entre les collectivités et les laboratoires d’économie, de géographie, de sociologie, etc…, par
exemple sur cette thématique de l’évaluation des politiques publiques. Cela devrait permettre aux collectivités d’être, elles-aussi, plus innovantes…

Les trottoirs sont-ils de droite?

Dominique Clément est l’actuel maire de Saint-Benoît, dans la Vienne (accessoirement la ville où je réside).  Il s’est présenté  pour la première fois  aux
dernières élections en se déclarant sans étiquette (en dépit  d’une proximité évidente avec Jean-Pierre Raffarin) se justifiant dans la presse avec cette formule “un trottoir est-il de
gauche ou de droite?”. 

Formule intéressante, qui peut convaincre plus d’un électeur, mais que j’avais trouvé particulièrement pénible :  le budget d’une municipalité est limité, 
le maire et ses conseillers font des choix,  ces choix se traduisent par des investissement dans des trottoirs, le fleurissement de la ville, ou l’embauche de différentes personnes, et le
non-investissement dans d’autres domaines
(en l’occurrence, la municipalité a embauché deux gardes urbains pour assurer la sécurité de notre paisible bourgade
de 7000 habitants, étant entendu que l’objectif était d’en embaucher trois, mais, 35 heures oblige, les finances ne le permirent pas, dixit l’adjoint aux finances)
. Si un trottoir n’est pas nécessairement de droite, il peut donc être la matérialisation d’une politique de droite (ou de gauche, là n’est pas le problème).

Du moins était-ce mon sentiment, jusqu’à ce soir, où j’ai pu voir qu’à Saint-Benoît, dans la Vienne, les trottoirs étaient foncièrement de droite (
Jean-Yves Chamard est le candidat UMP de la circonscription, il est opposé à Catherine Coutelle, candidate PS) :
:


stbenoit.gif



Allez, bon vote, et regardez bien à droite et à gauche avant de changer de trottoir, vous pourriez vous faire écraser…

Législatives

Dans ma boîte aux lettres, aujourd’hui, j’ai reçu le prospectus de Jean-Yves Chamard, candidat UMP aux
élections législatives sur la circonscription de Poitiers-Sud. Petit encart intitulé Immigration et développement, qui commence par ce texte : “la France ne peut accueillir toute la misère du
monde” disait Michel Rocard.

Je signale donc à Jean-Yves Chamard qu’il y a eu un bug dans son copier-coller, la phrase exacte étant :
“La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part.

Rocard est revenu en 1996 sur l’oubli récurrent et bien sûr tout à fait involontaire de la deuxième partie de sa phrase dans un article du Monde.

Chroniques Picto-Charentaises

Inauguration d’une nouvelle rubrique, pour vous faire part de temps en temps de l’actualité économique, sociale ou politique de Poitou-Charentes. Je commence avec les petites phrases de certains politiques.

Lundi dernier, d’abord, commission permanente du Conseil Régionale. Ségolène Royal, absente, laisse la présidence de séance à Jean-François Fountaine, premier vice-président. Débat autour d’un pôle de compétitivité non labellisé intitulé "West Eating Sustainable Territory" (WEST). Réaction d’Henri de Richemont, chef de file de l’opposition, apparemment anglophobe :

"Est-ce que vous avez vocation à être colonisé? (…) C’est affligeant qu’un pays comme le nôtre ne soit pas capable de défendre ses valeurs" (Source : Nouvelle République, mardi 13 mars 2007, p. 3, c’est moi qui souligne)

Lundi, toujours, Jean-Yves Chamard (j’en avais parlé ici), député UMP, Balladurien en 1995, Sarkozyste aujourd’hui, réagit à l’intervention de Chirac :

"je le verrais bien à la tête d’une organisation mondiale de l’environnement avec des gens comme Al Gore", car "c’est un domaine dans lequel il s’est déjà impliqué fortement" (Source : Nouvelle République, lundi 12 mars 2007, p. 2)

 

Comme vous pouvez le constater, les politiques picto-charentais ont parfois un grand sens de l’humour…