Où sont les centres d’appels en Poitou-Charentes?

Complément à mon billet précédent, qui montrait le poids en région Poitou-Charentes des Centres d’Appels.

Sur les statistiques mobilisées, d’abord : il s’agit des données Unistatis qui recensent les emplois salariés hors
agriculture et hors fonction publique. Elles sont disponibles ici à différents niveaux de nomenclature sectorielle et
géographique.


Sur le secteur des centres d’appels, ensuite : il s’agit des données sur les effectifs des centres d’appels externalisés.
Si une entreprise développe en interne un service “relations clients”, les effectifs seront comptés dans le secteur d’appartenance de l’entreprise, pas dans le secteur Centres
d’Appels.


Sur le commentaire d’Emmanuel, ensuite, qui écrit:

Une des spécificités de Poitou-Charentes, c’est aussi la concentration en sièges de mutuelles, ce qui peut expliquer la
proportion de centres d’appels. MAIF, MAAF, MACIF sont à Niort, ce qui n’est pas négligeable.

De surcroit ces mutuelles ont une politique RH qu’elles qualifient de généreuse, c’est-à-dire que les employés
travaillent 32h par semaine, payées 39 comme tout le monde. Et si les mutuelles ont des centres d’appels à Niort, ça pourrait expliquer la forte spécialisation du bassin dans le
secteur.


D’ailleurs je trouverais intéressant de voir la spécialisation dans les centres d’appels par département, et il ne m’étonnerait pas que tous soient dans les deux-sèvres, à Niort, comme par
hasard…


En fait, non : les mutuelles gardent pour l’essentiel en interne le service “relations clients”, ce n’est donc pas la
concentration en Deux-Sèvres des Mutuelles qui explique la sur-représentation en Région des Centres d’Appels. A partir des données Unistatis, on peut d’ailleurs en avoir la preuve.


Sur les 3384 personnes recensées dans les Centres d’Appels, 2618 sont dans la Vienne, soit plus de 77%, 721 en
Charente-Maritime, 37 dans les Deux-Sèvres et 8 en Charente.


On peut regarder plus finement : dans la Vienne, 2606, soit 99,5%, sont concentrés dans la zone d’emploi de
Poitiers.


Encore plus finement? Sur les 2606, 1993 sont sur Chasseneuil-du-Poitou et 611 sur Jaunay-Clan, les deux communes qui
“hébergent” le Parc du Futuroscope. Ces deux communes accueillent donc 77% des effectifs régionaux des Centres d’Appels.

Le bonheur des Poitevins

Je vous avais parlé en octobre dernier de
l’enquête 2008-2009 réalisé par les étudiants de la Licence d’Economie Appliquée de Poitiers, sur le thème “Pourquoi habitez-vous ici?”. Cette année, une partie des étudiants a travaillé avec moi
sur le bonheur des Poitevins.


7 à Poitiers m’a interrogé sur les résultats préliminaires de l’enquête. Article visible ici. Les étudiants continuent à plancher sur la base, ils doivent réaliser un dossier sous forme de 4 pages pour mai prochain. Compléments à venir,
donc!


PS : cela fait deux bonnes raisons de venir faire ses études d’économie à Poitiers : on y fait des choses intéressantes
et on devient très vite heureux !

Evolution des effectifs de l’Université de Poitiers

J’avais montré dans ce billet que la baisse des effectifs étudiants dans l’Académie
de Poitiers était la plus forte de l’ensemble des Académies, avec un recul de -2,9% contre -1,2% en moyenne France entière. L’essentiel de la baisse est concentré dans les Universités hors IUT
(-4,6% dans l’Académie, contre -3,1% France entière). Avec une question en suspens : cette baisse peut-elle s’expliquer par une diminution plus forte qu’ailleurs du nombre de bacheliers ? Voici
quelques éléments complémentaires sur l’Université de Poitiers (l’Académie de Poitiers compte deux Universités, Poitiers et La Rochelle).

L’évolution des effectifs de l’Université de Poitiers.

Le Service des Etudes, de l’Evaluation et de la Prospective de l’Université de Poitiers m’a fait passer les chiffres de
l’Université de Poitiers, total et hors IUT (merci à Nelly Mignon pour ces chiffres !). Voici l’évolution depuis 1997.


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Chute importante de 1996 à 2002, remontée de 2002 à 2006, nouvelle chute depuis, notamment la dernière année, comme
constaté plus haut. Sur cette dernière année, la baisse est de -3,8% pour l’ensemble de l’Université, qui se décompose en -4,5% pour l’Université hors IUT et +1,8% pour les IUT.

L’évolution du nombre de nouveaux bacheliers inscrits à l’Université de Poitiers

Je dispose également des effectifs des nouveaux bacheliers inscrits à l’Université de Poitiers, mais seulement depuis
2000. Ces bacheliers peuvent bien sûr provenir d’autres Académies, mais on estime que 85% viennent de l’Académie de Poitiers.

Sur la base de l’ensemble des chiffres, j’ai calculé l’évolution des effectifs totaux de l’Université (avec et sans les
IUT) et celle des nouveaux bacheliers inscrits, en prenant les effectifs 2000 comme base 100.


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On observe une chute marquée des nouveaux inscrits à la rentrée 2001 d’abord, puis de 2006 à 2008. La rentrée 2007 est
particulièrement calamiteuse, avec une chute d’environ 13 points de l’indice pour l’Université hors IUT. Lors de cette rentrée 2007, la baisse absolue des effectifs de l’Université de Poitiers
hors IUT est de 999, dont une baisse de 376 de nouveaux bacheliers inscrits, soit 38%. Baisse qui se poursuit en 2008-2009, avec encore 142 personnes en moins.

L’évolution du nombre de bacheliers dans l’Académie

Comme expliqué précédemment, ces évolutions peuvent s’expliquer en partie par une évolution défavorable du nombre de
bacheliers dans l’Académie. Le service statistique académique du Rectorat de Poitiers m’a fait passé les chiffres depuis 1997 pour l’ensemble des Académies, avec une décomposition, pour
l’Académie de Poitiers, par département (merci cette fois à Joel Migault pour m’avoir mis en relation et à Marie-Jo Kolpak pour les statistiques !).


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L’évolution dans l’Académie de Poitiers est plus favorable que celle observée France entière de 1997 à 2000, depuis 2001,
c’est l’inverse, évolution relative défavorable. On observe de plus une chute plus marquée de l’indice en 2006-2007, c’est-à-dire l’année du bac de ceux qui vont entrer en 2007-2008 à
l’Université, avec 343 bacheliers de moins que l’année précédente, alors que le nombre de bacheliers France entière est plutôt stable (256 bacheliers de plus cette année là). On peut donc
considérer qu’une partie de la chute observée au niveau de l’Université s’explique par une évolution défavorable du nombre de bacheliers dans l’Académie de Poitiers.

Evolution par département

L’académie de Poitiers comprend quatre départements (Vienne (86), Deux-Sèvres (79), Charente (16) et Charente Maritime
(17)). Le premier dispose d’une Université (Poitiers) d’environ 24 000 étudiants, tout comme le dernier, avec l’Université de La Rochelle, de création beaucoup plus récente, qui regroupe environ
4 000 étudiants.


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L’évolution du nombre de bacheliers en Charente Maritime est nettement plus favorable que celle observée dans l’ensemble
de l’Académie. Dans la Vienne, l’évolution est proche de ma moyenne académique jusqu’en 2005, et plus défavorable ensuite. En 2006-2007, le nombre de bacheliers augmente très légèrement en
Charente et Deux-Sèvres, il chute assez fortement en Charente Maritime (-179), encore plus en Vienne (-186). Evolution qui renforce encore l’idée qu’une partie de la chute de l’Université de
Poitiers, dont le bassin de recrutement premier est le département de la Vienne, s’explique par la baisse du nombre de bacheliers, même si l’on peut penser que cette baisse n’épuise pas le
problème.

Pour finir, j’ai estimé la corrélation entre les nouveaux bacheliers inscrits à l’Université de Poitiers et le nombre de
bacheliers, dans l’Académie d’une part, dans la Vienne d’autre part. Les résultats sont à prendre avec beaucoup de précaution, puisque je ne dispose à chaque fois que de 9 points (pour les
rentrées universitaires de 2000 à 2008). Le R² est quasi-nul (0,02) quand on teste le lien entre nouveaux bacheliers à l’Université de Poitiers et bacheliers de l’Académie ; il est de 0,27 quand
on teste le lien avec les bacheliers de la Vienne, avec une corrélation logiquement positive.

La création de richesses en Poitou-Charentes

Document intéressant de l’Insee (version pdf ici)
sur l’évolution de la création de richesses en Poitou-Charentes entre 2000 et 2007, par rapport aux autres régions françaises. A partir des données disponibles dans le document, j’ai procédé à
quelques petits calculs pour mieux comprendre les évolutions observées.

L’indicateur de base pour comparer les régions est le PIB par habitant, que je note PIB/H. Je l’ai déjà dit ici, le
PIB par habitant n’est qu’un indicateur imparfait de la productivité, on lui préfèrera le PIB par emploi, noté PIB/L. Le lien entre les deux est évident :

PIB/H = PIB/L * L/H

L’accroissement du PIB par habitant d’une région par rapport à un ensemble de régions peut dès lors résulter de gains de productivité supérieurs (hausse plus forte de PIB/L) et/ou d’une hausse
plus forte du taux d’emploi (L/H).

Quid de Poitou-Charentes sur la période?

En 2000, le PIB par habitant de la région était égal à 82,6% du PIB de la France métropolitaine, et à 93,3% du PIB par habitant de l’ensemble des régions hors Ile de France. Ces chiffres sont
passés respectivement à 84,1% et à 94,5% en 2007. On a donc eu un effet rattrapage vis-à-vis des autres régions.

Ce rattrapage s’explique l’évolution relative de la productivité, plutôt que par une évolution favorable du taux d’emploi : le PIB par emploi est en effet passé de 93,3% à 94,7% par rapport à
l’ensemble des régions hors Ile de France et de 85,7% à 87,1% par rapport à l’ensemble des régions. On observe encore une sous-productivité de Poitou-Charentes, mais moins forte qu’avant.

L’évolution du taux d’emploi a peu joué : par rapport à l’ensemble des régions, le taux d’emploi était à 96,4%, il est passé à 96,5%. Il a même joué plutôt défavorablement vis-à-vis des régions
hors Ile de France, puisqu’il est passé de 100,1% à 99,8%.

Est-ce à dire que les entreprises picto-charentaises sont devenues plus performantes? Pas sûr : comme le signale l’Insee, ceci est dû en partie à des effets de structures, avec un désengagement
de secteurs avec des emplois à faible valeur ajoutée (agriculture), et un engagement dans des secteurs à emplois à plus forte valeur ajoutée (activités immobilières et financières).

France Bleu Poitou

Je participe  aujourd’hui, entre 18h05 et 18h30, à une émission en direct de France Bleu Poitou  consacrée aux élections sur Châtellerault.  Première partie avec interview de  de Dominique Breillat, professeur de droit public,  deuxième
partie, pour laquelle je suis sollicité, consacrée à l’avenir de l’économie sur Châtellerault.

Elections municipales #3 : l’impact économique local des institutions publiques

Dans mon premier billet consacré aux élections municipales, j’ai expliqué que les
problématiques en termes de développement économique sur Poitiers, Châtellerault et la zone du Futuroscope étaient nettement différenciées. Sur Châtellerault, le coeur du problème tient aux
transformations de l’industrie. J’ai montré à ce sujet, dans un deuxième billet, que la question était moins celle
de la disparition de l’industrie sur la zone que celles des transformations de l’industrie (recours croissant à l’intérim) et de la difficulté de faire émerger du tertiaire industriel.

Suite avec ce billet, qui se focalise sur  Poitiers. Comme déjà mentionné, certains candidats dénoncent l’absence d’une politique ambitieuse
d’attractivité vis-à-vis des entreprises privées, à l’heure où la mondialisation met tous les territoires en concurrence. C’est oublier que le développement des territoires peut se faire hors
mondialisation, pour reprendre la formule de Davezies : il peut reposer sur une logique d’économie résidentielle, plus que sur une logique d’économie productive et, compte tenu des
caractéristiques de Poitiers, la première logique apparaît comme plus pertinente (même si les deux logiques sont plus complémentaires que substituables).

Pour avancer dans la réflexion, voici le résultat d’un petit travail, permettant d’évaluer l’impact économique local de deux institutions, la Communauté d’Agglomération de Poitiers et le CHU de
Poitiers (quelques chiffres également pour l’Université). Résumé introductif :

Cette note s’appuie sur les principaux résultats d’un travail de stage UEP mené par Rachel Bouchet, étudiante en Master « Aménagement du
Territoire et Développement Economique Local » de Poitiers, au sein du Service Recherche et Développement de la Communauté d’Agglomération de Poitiers, sous la direction de Dominique
Royoux (Directeur du Service R&D de la CAP et Professeur Associé à l’UFR SHA, département de Géographie) et d’Olivier Bouba-Olga (Maître de Conférences, UFR de Sciences Economiques de
Poitiers).

Nous montrons que le CHU et la CAP génèrent, en 2006, 303 millions d’euros de revenus : 280,8 millions d’euros de salaires versés par les deux
institutions, 22,2 millions d’euros de salaires versés par les sous-traitants locaux. Une part importante de ces salaires est dépensée localement, ce qui conduit à verser de nouveaux salaires à
des personnes du territoire, qui seront eux-mêmes dépensés, et ainsi de suite. L’intégration de ces effets multiplicateurs permet d’estimer les richesses apportées par ces deux institutions au
territoire à près de 485 millions d’euros pour 2006. Quelques implications en termes de politique publique sont esquissées en conclusion.

Vous pouvez télécharger la note de recherche,
toute remarque est bienvenue.

NR énervante

Un peu énervé,  ce matin,  à la lecture de la Nouvelle République du Centre Ouest : en
Une, un encart “enseignement” titré “Portes Ouvertes ce week-end dans les classes prépas de la Vienne”. En page intérieure, un grand article avec photos à l’appui, titré “Pour Louise et Etienne,
la prépa est une formation d’excellence” et un autre “journée portes ouvertes ce samedi”. Adresse et numéro de téléphone indiqués.

Même page, un petit article “L’Université ouvre ses portes aujourd’hui”. Aucune coordonnée.

Les prépas à Camille Guérin accueille environ 700 étudiants.
Je n’ai pas trouvé les chiffres pour les prépas sur Aliénor d’Aquitaine, ils sont a priori nettement inférieurs. Disons qu’au total, ces
prépas accueillent autour de 1000 à 1 500 élèves, toutes années confondues. L’Université de Poitiers accueille de son côté 25 000 étudiants au total,
soit plus d’un quart de la population de l’Agglomération. Quelque chose comme 4 à 6 000 en première année, sans doute autour de 15 000 en Licence. Bref, aucune commune mesure avec les prépas.

Premier énervement, donc, lié au traitement biaisé de l’information, avec focalisation sur les prépas, et quasiment pas d’information sur les journées Portes Ouvertes de l’Université, qui
concernent pourtant beaucoup plus de monde. On  peut faire l’hypothèse que la stratégie de communication de l’Université est moins bonne, mais franchement, dans le cas présent, je doute.

La lecture de l’interview des deux élèves de prépas a ajouté à mon énervement, notamment lorsqu’Etienne Arrivé déclare “je n’étais pas prêt à aller en fac. Les étudiants y sont livrés à
eux-mêmes. Le cadre de travail est plus rigoureux ici” et, plus loin, “on est très loin des cours magistraux”. Bref, les poncifs habituels sur l’Université, développé par quelqu’un qui n’y est
jamais allé, et repris par un journaliste ne prenant pas la peine de valider ou d’invalider ses propos…

Pour information, les Universités ont beaucoup évolué depuis 20 ans. Pour ne prendre que l’exemple de notre fac de Sciences Economiques, nous accueillons entre 150 et 200 étudiants en première
année, 50% des enseignements se font sous forme de TD d’une trentaine d’étudiants ; nous avons instauré depuis plusieurs années du tutorat et des cours de soutien ; les deux sessions d’examen ont
été rapprochées et nous avons mis en place des cours de rattrapage en intersession afin de réduire le taux d’échec en deuxième session (et ça marche). Dès ce semestre, via le Plan Licence, des TD
supplémentaires sont mis en place pour les élèves en difficulté et, à partir de la rentrée prochaine, chaque étudiant se verra attribué un “enseignant référent” pour mieux l’accompagner. Toutes
les UFR ne sont pas allées aussi loin dans l’accompagnement des étudiants, mais l’image véhiculée par les médias est franchement décalée.

Qu’on ne se méprenne pas : je ne dis pas qu’il faut communiquer uniquement sur l’Université, pas sur les prépas ; je ne dis pas qu’à l’Université, tout est merveilleux , et que dans les prépas,
c’est l’horreur ; je dis juste qu’un traitement plus équilibré de l’information serait bienvenu, et qu’il conviendrait également d’éviter la diffusion d’idées reçues.

Fin de l’énervement.

Elections municipales #1

Les élections municipales approchent, dans la Vienne comme ailleurs. Premier billet d’une série plus ou moins longue, non pas pour prendre parti pour l’un ou l’autre
des candidats, simplement pour évoquer quelques enjeux qui seront évoqués, ou pas, par les candidats, en me focalisant sur les aspects “développement économique”.

 Les deux principales villes de la Vienne sont Poitiers, d’une part, et Châtellerault, d’autre part. Sur Poitiers, trois principaux candidats briguent la
succession de Jacques Santrot, maire sortant PS  (ordre alphabétique) : Stéphane Braconnier, UMP, Alain Claeys, PS, Philippe Mahou, Modem. Sur Châtellerault, 4 candidats : Jean-Pierre Abelin, UMP, Gilles Michaud, divers gauche, Philippe Rabit (je n’ai pas trouvé de blog ou de site), ex-UMP, Joël
Tondusson
, PS (maire sortant). Je parlerai essentiellement des élections dans ces deux villes.
 
On peut penser que les candidats sur Poitiers vont parler essentiellement de Poitiers, les candidats sur Châtellerault vont parler essentiellement de Châtellerault.
Logique me direz-vous. Et bien non, pas tant que ça en fait : du point de vue du développement économique, le territoire “pertinent” ne se limite pas à chaque ville, il s’agirait plutôt de
l’axe Poitiers – Châtellerault. Avec, d’un côté, Poitiers, ville dominé par le tertiaire, notamment le tertiaire public (les principaux employeurs de la Communauté d’Aggglomération de Poitiers
sont le CHU, l’Université et la Ville), de l’autre Châtellerault, ville industrielle, et entre les deux la zone du Futuroscope, avec son Parc de loisirs, dont j’avais parlé ici, et une zone d’activité où sont localisés de nombreuses entreprises de service, notamment des centres d’appels. C’est
aussi le lieu d’implantation du seul pôle de compétitivité labellisé de Poitou-Charentes, le pôle MTA (Mobilité et Transports
Avancés).
 
Les problématiques en termes de développement économique de ces trois zones sont très différentes. Je me contente ici de quelques éléments de cadrage, pour faire ressortir quelques problématiques importantes, je développerai dans des billets à suivre.

Pour Poitiers, certains candidats dénoncent l’absence d’une politique ambitieuse d’attractivité vis-à-vis des entreprises privées, à l’heure où la mondialisation met
tous les territoires en concurrence. C’est oublier que le développement des territoires peut se faire hors mondialisation, pour reprendre la formule de Davezies : il peut reposer sur une logique
d’économie résidentielle, plus que sur une logique d’économie productive et, compte tenu des caractéristiques de Poitiers, la première logique apparaît comme plus pertinente. Je ne développe pas
pour l’instant, je renvoie simplement à la lecture de l’ouvrage de
Davezies
, avec à suivre une note de lecture de cet ouvrage (avec des éléments de critique qui me semblent intéressants de mettre au débat), et un papier sur l’impact en termes de
développement local de quelques grandes institutions publiques poitevines.

Pour Châtellerault, le coeur du problème tient aux transformations de l’industrie. Le problème est que certains ont un peu trop présent à l’esprit
l’enchaînement Déclin de la France car Désindustrialisation car Délocalisations. Les travaux menés au sein de mon laboratoire (une thèse en cours sur les échelles spatiales de l’innovation a
comme terrain d’étude le territoire de Châtellerault) montrent que les choses sont un peu plus complexes que cela… Le deuxième problème est que sur ce territoire comme sur de nombreux
autres (ah, le mimétisme des institutions…), la réponse qui semble émerger consiste à mettre en place un cluster, afin que les entreprises locales travaillent plus souvent ensemble. Là
encore, je ne développe pas outre mesure, mais je doute de la pertinence d’une telle réponse, pour tout un ensemble de raisons. Je renvoie pour l’heure à l’étude du Cepremap sur les Pôles de compétitivité, qui comprend une partie très intéressante consacrée à l’évaluation
des SPL, avec à suivre, là aussi, une note de lecture sur cette étude (si la partie étude empirique est remarquable, je ne partage pas toutes les implications qu’en tirent les auteurs, j’y
reviendrai pour alimenter le débat). 
 
Pour la zone du Futuroscope, plusieurs problématiques : Celle du Parc du Futuroscope, d’abord, dont j’ai déjà parlé ici. Celle des centres d’appels, ensuite. Je signale que leur poids dans l’ensemble des effectifs est, en région
Poitou-Charentes, près de 4 fois plus important
 que la moyenne France entière, c’est la région leader en la matière. Analyser précisément ce
secteur est donc tout à fait essentiel. Or, la peur d’une délocalisation massive de cette activité paralyse de nombreux acteurs (“de toute façon, tout va partir”). Pour avoir commencé à
travailler sur le sujet dans notre labo, il s’avère que ce n’est sans doute pas le problème essentiel à court ou moyen terme. Il y a en revanche de vrais enjeux en termes de marché local du
travail : difficultés de recrutement pour certains établissements, problèmes de conditions de travail pour d’autres (pas toujours les mêmes, et pas dans tous
les établissements), … Autre question sur ce site : la pertinence du pôle de compétitivité MTA. Je renvoie de nouveau à l’étude du Cepremap, les premières parties cette fois, sur les Pôles de compétitivité. Petit extrait :
 

M. Porter affirme clairement qu’« il devrait y avoir certaines semences d’un cluster qui aient réussi à passer le test du marché avec succès avant que les efforts
visant à développer les clusters ne soient justifiés». (…) De nombreuses initiatives de clusters ne sont pas aussi prudentes et proposent souvent d’en développer de nouveaux à partir de rien.
(…) Sur le plan empirique, la prudence de M. Porter semble la bienvenue. La difficulté pour reproduire des clusters réside dans le fait que, dans la plupart des activités, les
connaissances de pointe à la frontière de la technologie sont tacites et disséminées à un vaste ensemble d’employés. Cette immobilité des connaissances de pointe (au moins à court terme) a été
prouvée à de nombreuses reprises. Par ailleurs, C. van der Linde ne trouve qu’un seul cas où la création d’un cluster a été réussie grâce à une politique de soutien (Hinshu à
Taiwan) dans une étude de plus de 700 clusters
. (Etude Cepremap, p. 37-38, c’est moi qui souligne).

Approfondir la réflexion dans ces différentes directions me semble donc nécessaire, histoire d’en tirer des implications en termes de politique publique, et d’éviter
de taper à côté des problèmes. Il conviendrait également de réfléchir aux moyens de coordonner l’action publique sur l’axe Poitiers-Châtellerault, afin d’éviter des problèmes de concurrence
– rivalité – conflit entre  les différentes institutions. La région Poitou-Charentes disposerait des atouts de la Silicon Valley, la mise en oeuvre de politiques non coordonnées ne
serait pas trop grave, ce ne serait qu’un peu de gaspillage d’argent public. Mais je ne crois pas que ce soit le cas…