L’accessibilité aux services et aux équipements

C’est le titre de la Nouvelle étude que nous publions aujourd’hui, qui propose de répondre aux questions suivantes : quels sont les différents niveaux d’équipements et de services et où sont-ils situés géographiquement ? Quel est le temps d’accès moyen à chacun de ces niveaux ? Quelle est la situation des différentes régions et celle plus précise de la Nouvelle-Aquitaine en termes de niveaux de services et d’équipements et de temps d’accès ? Quels sont les territoires pour lesquels l’accessibilité est la plus faible ?

Nous mettons à votre disposition différents documents :

  • la brochure au format électronique, consultable et téléchargeable en pdf sur calaméo,
  • le document de travail associé, qui présente de façon plus classique et plus détaillée l’étude, également en pdf,
  • le jeu de données associé, qui vous permet de disposer de l’ensemble des temps moyens d’accès, pour toutes les communes et toutes les intercommunalités de France métropolitaine.

Dans le cadre de notre partenariat avec l’Espace Mendès France (EMF), nous présenterons cette étude mardi 14 décembre, de 18h à 20h, en présentiel (à l’Espace Mendès France de Poitiers) et en distanciel, en direct ou en différé, sur la chaîne YouTube de l’EMF. Sera également présentée une étude co-produite par l’INSEE et la DRAC de Nouvelle-Aquitaine sur le sujet plus précis de l’accessibilité aux équipements culturels. Tous les détails sont ici.

Pour ceux qui n’ont pas le temps de parcourir tous ces documents, voici les principaux points de l’étude :

  • Nous exploitons une base de données produite par l’INRAE et l’ANCT qui permet de distinguer 5 types de communes, de la moins équipée à la plus équipée, qualifiées respectivement de communes non centre (niveau 0), centres locaux (niveau 1), centres intermédiaires (niveau 2), centres structurants (niveau 3) et centres majeurs (niveau 4),
  • Pour chaque commune on sait où elle se situe dans la gamme de services et d’équipements, mais aussi le temps par la route en heure creuse qu’il faut pour se rendre dans la commune la plus proche de niveau(x) supérieur(s) si la commune elle-même n’est pas équipée, ce qui permet de calculer à toutes les échelles supra-communales des temps moyens d’accès,
  • L’accessibilité aux services et équipements est globalement moins bonne en Nouvelle-Aquitaine qu’en France métropolitaine : la part de la population équipée à l’échelle d’une commune est 5 points inférieure à la moyenne pour les niveaux 1 et 4 et 10 points inférieure pour les niveaux 2 et 3. Les temps d’accès aux communes équipées sont toujours supérieurs, mais dans des proportions faibles, de l’ordre de quelques minutes,
  • Cette moins bonne accessibilité s’explique par le caractère plus rural de la région : quand on intègre cet élément dans l’analyse, les différences de temps d’accès entre la Nouvelle-Aquitaine et les autres régions de province disparaissent,
  • A l’échelle des EPCI de Nouvelle-Aquitaine, on observe une hétérogénéité relativement forte des temps d’accès aux différents niveaux de la gamme : les EPCI les plus éloignés ont des temps d’accès entre 3 et 4 fois plus importants que les EPCI les mieux placées,
  • Les EPCI plus éloignés que d’autres pour accéder à un niveau de la gamme ne sont pas les mêmes selon les niveaux. Ceci plaide pour des actions territoriales différenciées en fonction du niveau de la gamme de services et d’équipements,
  • Le caractère rural et la taille des EPCI (mesurée par leur population) expliquent, selon leur niveau d’équipement, entre 24% et 43% des différences observées entre elles. Agir de manière différenciée sur les territoires ruraux s’avère donc important, mais cela n’épuise pas le sujet de l’accessibilité : à degré de ruralité et à taille identiques, certains territoires ont une accessibilité plus faible.

La mobilité résidentielle en France : une courte analyse sur longue période

La revue Population & Avenir vient de publier un article très intéressant de Jean-Marc Zaninetti (Professeur de géographie à l’Université d’Orléans) sur la proportion de personnes vivant en France métropolitaine dans leur département de naissance, de 1871 à 2017. En exploitant les données du recensement, il montre que cette part est passée de 80% en 1871 à 61% en 1968 et 50% en 2017 et en déduit que “la sédentarité qui dominait dans une France à dominante rurale a laissé la place à un maelström de migrations internes”.

J’ai trouvé ces chiffres particulièrement intéressants, sans toutefois savoir quoi dire sur la tendance : bien sûr, la mobilité interdépartementale a très fortement évolué entre 1871 et 2017, de 30 points de pourcentage. Pour autant, un français sur deux qui vit aujourd’hui dans son département de naissance, ce n’est pas rien (attention, ces personnes ont pu bouger entre leur naissance et la date du recensement). De plus, sur près de 50 ans (entre 1968 et 2017), la hausse de la mobilité a été de 10 points : est-ce beaucoup ? Est-ce peu ? Disons que nous ne sommes ni dans une France de sédentaires, ni dans une France d’hyper-mobiles.

J’ai lancé un petit sondage sur Twitter et sur LinkedIn, pour savoir ce que vous répondriez si on vous interrogeait sur la valeur de cette part (en passant, j’en ai profité pour poster de manière très légèrement différente la question sur les deux réseaux, pour voir si cela changeait un peu les résultats : sur Twitter, j’ai proposé comme parts 10%, 25%, 50% et 75%, alors que sur LinkedIn, j’ai  proposé 25%, 50%, 75% et 9%). Voici les résultats.

Selon vous, quelle est la part des personnes qui résident dans leur département de naissance, en France, aujourd’hui ? (Sondage réalisé du dimanche 5/12/2021 au lundi 6/12/2021)

Les répondants ont vu globalement juste, avec une majorité pour la bonne proportion de 50%. Ensuite vient une tendance à la sous-estimation (40% des répondants sur Twitter, 36% sur LinkedIn).

J’ai commencé à compléter l’analyse de Jean-Marc Zaninetti, pour savoir un peu mieux comment s’organisent ces mobilités interdépartementales. Sur la période la plus ancienne, j’ai pu récupérer des données supplémentaires dans un fichier proposé par l’INSEE sur cette page, le fichier T229, colonnes CD à CJ (ne me demandez pas comment je suis tombé dessus, je ne sais plus). Si bien que je dispose des taux de mobilités interdépartementales pour 1861, 1871, 1881, 1891, 1901, 1911 et 1921.

Sur la période plus récente, allant du recensement de 1968 à celui de 2017, les chiffres sont ici. Je les ai exploités en ajoutant les codes des anciennes Régions, ce qui me permets de distinguer trois types de mobilités interdépartementales :

  • les mobilités entre deux départements de la même Région ancienne définition (22 régions de France métropolitaine),
  • les mobilités entre deux départements qui n’appartiennent pas à la même ancienne Région mais qui appartiennent à la même nouvelle Région (13 Régions de France métropolitaine),
  • les mobilités entre deux départements qui appartiennent à des Régions (nouvelle définition) différentes.

Sur la base de ces deux compléments, j’ai construit le graphique ci-dessous.

La mobilité interdépartementale est passée selon ces données de 12% en 1861 à 49% au recensement millésime 2017. Soit une part de personnes “non mobiles” passant de 88% à 51%. L’intégration de l’échelle régionale montre que 13% des personnes qui ne résident pas dans leur département de naissance résident dans un département de la même ancienne Région. On peut y ajouter les 2% de personnes qui résident dans un département de la même nouvelle Région.

Au total, à l’échelle des Régions nouvelle définition, on aurait donc en 2017 un total de 35% de personnes “mobiles” et 65% de personnes “non mobiles”. Ceci me conduirait à dire que si la mobilité a augmenté tendanciellement, elle reste relativement limitée, puisque deux tiers des français restent durablement dans la même Région.

Pour finir, je signale qu’il y a matière à compléter : 1) en produisant des analyses région par région, par exemple, 2) en exploitant des données complémentaires disponibles dans les fichiers 1968-2017 le genre des personnes, leur niveau de diplôme, leur âge, leur nationalité, leur profession, etc., 3) en distinguant la mobilité interdépartementale entre départements limitrophes et départements non limitrophes plutôt qu’entre Régions institutionnelles, ou bien en calculant la distance entre les centroïdes des départements de naissance et de résidence, pour juger autrement de la mobilité.