Qu’apprend-on avec les réseaux socio(numériques)?

“Qu’apprend-on avec les réseaux socio(numériques)?” est le thème du Campus européen d’été de la Cité des Savoirs, organisé par l’Université de Poitiers et ses partenaires, du 17 au 21 septembre 2012. Toutes les informations sont disponibles ici.

C’est dans le cadre de ce Campus que j’ai été invité à assurer la conférence d’ouverture, le 17 septembre, de 11h à 12h30 (intervention d’une heure suivie d’une demi-heure de questions/réponses), à la MSHS de Poitiers. Titre de mon intervention : “Réseaux sociaux et réseaux socionumériques : quelques éléments de réflexion”. Voilà en gros de quoi je devrais parler :

L’objectif de la conférence est de s’interroger sur la distinction entre les réseaux sociaux tels que définis par la nouvelle sociologie économique, à la suite notamment des travaux de Mark Granovetter, et les réseaux socionumériques.

La nouvelle sociologie économique a en effet mis en évidence l’importance des relations sociales (liens familiaux, amicaux, anciens collègues, …) pour la coordination entre acteurs, qu’il s’agisse de trouver un emploi, initier un partenariat entre entreprises, développer des collaborations science-industrie, choisir les membres du conseil d’administration d’un groupe, etc. Dans tous les cas, les relations sociales seraient un mode essentiel de coordination car vecteur de confiance.

Sur la base de ces analyses, certains considèrent ensuite que les réseaux socionumériques sont un outil puissant de développement des relations sociales. En nous appuyant sur différents exemples, nous montrerons les limites d’un tel raisonnement : Facebook n’est pas un outil de développement de relations sociales, il est un moyen d’entretenir et d’activer des relations sociales préexistantes (liens forts et liens faibles). Viadeo et LinkedIn ne permettent pas plus le développement de liens sociaux, ils s’apparentent plutôt à des annuaires personnalisés. Twitter, de son côté, peut être vu comme un moyen de construire son propre système d’information. Leur vocation est donc moins de développer des liens sociaux que de réduire des coûts de transaction.

Nous nous interrogerons ensuite sur la géographie des réseaux socionumériques, en nous focalisant sur l’exemple de Facebook. Nous montrerons que l’émergence des réseaux socionumériques ne correspond pas à la « mort de la géographie » et à l’avènement d’un « flat world », mais plutôt à des structures de type « small world », au sein desquels se combinent et s’entretiennent différentes formes de proximité.

Nous finirons par quelques réflexions sur la qualité des informations et des connaissances accessibles via les réseaux socionumériques, plus généralement via internet, suite au débat récurrent entre médias traditionnels et nouveaux médias (cf. les déclarations récentes de Frédéric Begbeider, Laurent Joffrin ou Aurélie Filippetti). Nous en montrerons la complémentarité et insisterons sur les enjeux d’éducation à l’utilisation des réseaux socionumériques, plus que de censure.

Pour les deux premières parties, je m’appuierai notamment sur les travaux que je mène avec Michel Grossetti, ainsi, bien sûr, que sur ma petite enquête Facebook. Troisième partie plus exploratoire.

S’agissant de l’enquête, j’ai finalement 217 réponses exploitables. J’ai commencé à regarder, résultats pas inintéressants… Si vous êtes joueur, vous pouvez poster en commentaire vos pronostics :

Q1 : quelle est, en moyenne, le pourcentage d’amis des personnes interrogées qui résident dans la même ville qu’eux?

Q2 : quelle est, en moyenne, le pourcentage d’amis des personnes interrogées avec qui ils n’ont jamais interagis physiquement avant d’être amis avec eux?

Aux racines du déclin industriel

Débat intéressant ce matin sur France Culture, avec Benjamin Coriat, professeur à Paris 13, en invité. Philippe Manière dit pas mal de bêtises sur la fin (la Sillicon Valley est née de manière “naturelle”, “spontanée”), mais Benjamin Coriat lui a répondu efficacement.

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/xtavmb_les-matins-aux-racines-du-declin-industriel-francais_news[/dailymotion]

Composition des ménages et pouvoir d’achat

L’Insee vient de publier un document sur l’évolution de la composition des ménages en France. On y trouve notamment ce graphique :

Evolution de la composition des ménages depuis 1975Evolutions marquées, qui s’expliquent d’une part par le vieillissement de la population et d’autre part par la fragilité des couples de 30-59 ans.

En quoi cela impacte-t-il le pouvoir d’achat? La composition des ménages a un effet structurant sur le pouvoir d’achat, car vivre à plusieurs sous le même toit permet de bénéficier d’économies d’échelle, en raison de l’existence de coûts fixes. Prenons le cas de deux célibataires. Supposons que chacun gagne 1500€ par mois et loue un appartement dont le loyer est de 400€. S’ils se mettent en couple et loue ensemble un même appartement, gageons que le loyer ne sera pas de 800€, mais par exemple de 600€. Ils bénéficient d’économie d’échelle. Idem pour l’abonnement internet, la redevance télé, les dépenses d’alimentation, les loisirs, etc.

Pour intégrer cet effet de composition des ménages, l’Insee calcule, à côté du revenu par personne, le revenu par ménage et le revenu par unité de consommation, autres indicateurs de pouvoir d’achat. Comment calcule-t-on le nombre d’unités de consommation? Simple : pour un ménage donné, on compte 1 pour la première personne de plus de 14 ans, 0,5 pour les autres et 0,3 pour les personnes de moins de 14 ans.

Prenons maintenant le cas d’une économie dont le nombre d’habitants ne bouge pas, dont les revenus ne bougent pas, dont les prix ne bougent pas sur une période donnée. Si on calcule le revenu par habitant, il sera parfaitement inchangé sur la période. Si on suppose que, dans le même temps, la composition des ménages suit l’évolution retracée dans le graphique ci-dessus, le pouvoir d’achat par ménage et le pouvoir d’achat par unité de consommation, en revanche, va nettement baisser.

Vous pourrez vérifier ici que l’évolution de ces différents indicateurs de pouvoir d’achat n’est pas la même sur les dernières années. A titre d’illustration, le pouvoir d’achat par personne a augmenté de 0,3% en 2010 et 0,0% en 2011, pendant que le pouvoir d’achat par ménage baissait de 0,2% en 2010 et de 0,5% en 2011. Effet de composition qui impacte certainement plus le pouvoir d’achat des ménages que la hausse du prix de l’essence…