Interview La Tribune

Valérie Segond, journaliste à La Tribune, a interrogé quatre des intervenants aux Journées de l’économie de Lyon.
Elle m’a contacté pour évoquer la table ronde à laquelle je participe, avec la question clé suivante : comment faire revenir et maintenir dans l’emploi les personnes qui en sont éloignées.
L’interview est disponible page 9 dans l’édition d’aujourd’hui (également sur le site, €), elle s’intitule “Faire évoluer le meccano français du retour à l’emploi”.

Je développe quelques idées qui me semblent importantes, au sujet de la formation d’abord : i) l’argent investi dans la
formation profite trop peu aux personnes dites non qualifiées, ii) les contenus dispensés sont trop standardisés, sans prise en compte des acquis des personnes ou des besoins précis des
entreprises, iii) la prise en compte des projets personnels des bénéficiaires est également souvent insatisfaisante.

Au sujet ensuite de la sécurisation des parcours des personnes : des innovations émergent sur certains territoires,
échelle à mon avis essentielle pour penser cette sécurisation, compte tenu du caractère fortement localisé des marchés du travail. Mais entreprises et institutions, inscrites dans des logiques
essentiellement verticales, peinent à travailler ensemble sur une base territoriale.

JECO en direct

Première matinée sur Lyon.
Table ronde d’abord sur les connaissances en économie des français, suite à la passation d’un test organisé par le Codice.
Ce test consiste à poser 27 questions sous forme de QCM, avec trois réponses dont une juste, et une possibilité de non réponse. Ces questions ont été regroupées en 3 catégories : i) raisonnement
économique, ii) connaissance, ii) connaissance “vie pratique”. Je n’ai pas encore regardé les questions. Vous pouvez passer le test ici.

Note moyenne de la population interrogée : 9,5/20, écart type de 4,7. La note augmente avec le niveau d’études : 7 pour les sans diplômes, 10 pour les titulaires du bac, 11,8 pour les diplômés de
l’enseignement supérieur. Tranche d’âge la plus performante, les 25-34 ans (10,1).
Par grande catégorie :

* raisonnement (rareté, offre/demande, impact d’une variation d’une devise) : 11,1/20

* connaissance économique (définitions, acteur principal de la politique monétaire, etc…) : 9,5/20

* questions d’économie pratique (calcul d’un taux d’intérêt, taux de croissance, comparaison de 2 forfaits téléphoniques)
: 6/20

 

Les français ne sont donc pas nuls en économie, ils peinent surtout sur des questions techniques, qui peuvent être
importantes pour la vie courante (calcul d’un remboursement d’emprunt par exemple), mais moins essentielles pour participer aux débats.

Plusieurs personnes ont ensuite pris la parole, avec en gros le même message : scores non catastrophiques, on peut faire
mieux, c’est essentiel aujourd’hui compte tenu du rôle structurant de l’économie, l’éducation nationale doit accroître son effort en la matière, c’est le lieu essentiel de développement des
compétences en économie.

Tito Boeri, économiste italien organisateur du pendant des JECO en Italie, était à la tribune, il a dit la même chose, en
se désespérant que la réforme des lycées en Italie allait malheureusement dans le sens inverse, avec une réduction des heures d’enseignements d’économie. Rires dans la salle, que Tito Boeri n’a
pas dû comprendre : il ne doit pas savoir que, en dépit du message introductif de Christine Lagarde aux JECO sur l’importance de l’accumulation et de la diffusion des savoirs en économie, le
gouvernement français s’apprête à faire de même… (voir ici).