L’Académie de Poitiers n°1 (en partant de la fin)

Le ministère vient de publier
les chiffres
sur les étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur à la rentrée 2007 : 2 191 285 étudiants en 2007-2008, contre 2 217 819 en 2006-2007. Soit une baisse de
1,2% (il s’agit des chiffres France Métropolitaine). Seules les académies de Corse, de Clermont-Ferrand et de Nantes voient leurs effectifs augmenter. La plus forte baisse ? L’Académie de
Poitiers, 1308 étudiants en moins, soit une baisse de 2,9%. Devant Toulouse, -2,4%.

Les chiffres 2007-2008 sont décomposés entre « Université hors IUT », « formations courtes »
(elles-mêmes décomposées entre IUT, STS et écoles paramédicales), « Grandes Ecoles », et « Autres formations ». Mais on ne nous donne pas dans le document les chiffres de
l’année précédente, pour voir où la baisse a été la plus forte. J’ai donc récupéré les chiffres de la rentrée 2006
pour affiner le diagnostic.


Poitiers

2006-2007

2007-2008

variation absolue

taux de croissance

taux de croissance France

Université hors IUT

27 054

25822

-1 232

-4,6%

-3,1%

IUFM

1724

1654

-70

-4,1%

-5,6%

Formations courtes

11 606

11522

-84

-0,7%

0,9%

Grandes écoles

4 631

4638

7

0,2%

5,3%

Autres formations

842

913

71

8,4%

-2,0%

Total académie

45 857

44549

-1 308

-2,9%

-1,2%


Compte tenu du poids de l’Université hors IUT dans l’académie (59% du total en 2006-2007), on observe sans grande
surprise que c’est là que se situe l’essentiel de la baisse. Sans surprise, mais quand même : l’Université hors IUT pèse 59% de l’ensemble, mais 84% des baisses… Sur les autres
composantes, l’IUFM fait plutôt mieux (moins mal) que la moyenne, les formations courtes et les grandes écoles font moins bien.

Pour affiner encore le diagnostic, il faudrait creuser du côté des évolutions démographiques, en regardant par exemple si
le nombre de lycéens baisse plus fortement dans l’Académie de Poitiers que dans les autres Académies. Si quelqu’un a ça sous la main, sinon je chercherais à l’occasion.

En attendant, petite suggestion aux étudiants et enseignants-chercheurs qui bloquent l’Université de Poitiers : il
serait plus opportun de bloquer les accès non pas avant que les étudiants entrent en cours, mais plutôt après, pour éviter qu’ils ne s’échappent… 

Science politique appliquée au blocus de l’Université de Poitiers

Ca vote dur dans les AG pour savoir si :

* il faut faire un blocus total de l’Université (option notée BT),

* il faut faire un blocus partiel, en banalisant par exemple une journée par semaine pour les manifestations, et en
reprenant les cours les autres jours (option notée BP),

* arrêter le blocus totalement, et reprendre la vie normale de l’Université (option notée NB).

On peut faire les hypothèses suivantes sur les préférences des acteurs :

* les pro-blocus total : BT>BP>NB

* les pro-non-blocus : NB>BP>BT

* les pro-blocus-partiel : BP>BT ?NB. C’est la catégorie qui pose problème : en l’absence de blocus
partiel, qu’ils préfèrent, opteraient-ils pour le blocus total ou le non blocus ? On n’en sait rien…

Interrogeons-nous maintenant sur les modalités du vote, en supposant que chaque catégorie rassemble 1/3 des
votants.

On fait voter d’abord BT contre BP : BP gagne à 2 contre 1. On fait ensuite voter le vainqueur contre le troisième,
soit BP contre NB : BP gagne à 2 contre 1.

On fait voter d’abord BP contre NB : BP gagne à 2 contre 1. On fait ensuite voter le vainqueur contre le troisième,
soit BP contre BT : BP gagne à 2 contre 1.

Cas le plus difficile, on fait voter d’abord BT contre NB : 1 contre 1 plus une indétermination, selon que l’on
suppose que les pro-blocus partiel préfèrent en second choix BT ou NB.

Supposons qu’ils préfèrent BT, BT gagne au premier tour, ils choisissent ensuite entre BT et BP, BP gagne à 2 contre
1
.

Supposons qu’ils préfèrent NB, NB gagne au premier tour, ils choisissent ensuite entre NB et BP, BP gagne à 2 contre
1
.

Conclusion : BP gagne à tous les
coups !!!

Les leaders du blocus total, à la tête de la coordination étudiante, pressentent cela. Ils sont au courant, par exemple,
que les anti-décrets mais pro-reprise des cours, bref, des gens plutôt pour un blocage partiel, sont de plus en plus nombreux. Ils ont donc plutôt intérêt à anticiper sur les modalités du
vote.

Une solution possible, sauf erreur celle généralement retenue dans les AG précédentes, consiste à faire se prononcer les
gens d’abord sur blocus/non blocus, ensuite sur blocus partiel/blocus total. Sauf que s’ils organisent les choses comme cela, ils perdent à tous les coups (au profit du blocage partiel, je vous
laisse vérifier).

Quelle alternative ? Faire voter en une fois sur les trois motions, en espérant que la motion « blocus
total » devancera légèrement les deux autres.

PS : les étudiants réunis en AG ont procédé au vote direct entre trois motions : blocus total, blocus
partiel et non blocus. 39% ont voté pour le blocus total, 24% pour le blocus partiel, 36% pour l’absence de blocus. La coordination étudiante a donc conclu que le blocus total était
reconduit.