Tribune intéressante d’Yves Clot (psychologue) et Philippe Zarifian (sociologue) dans Le Monde du 18 décembre dernier, sur l’évaluation des performances dans l’entreprise.Extrait : Il existe un grand absent, un point aveugle : le travail lui-même, sa qualité et les conditions de son exercice. Cet aveuglement se construit dans les dispositifs de contrôle et d’évaluation des performances. La généralisation à l’ensemble des salariés de la démarche “fixation d’objectifs/contrôle de résultats” commence à produire des effets catastrophiques : les objectifs, dits de “performance”, sont peu discutés et peuvent, à tout moment, être modifiés, sans lien explicite avec des enjeux qualitatifs et durables. Les résultats, chiffrés, induisent une pression permanente.
L’évaluation est individualisée, niant ainsi les sources collectives de l’efficacité du travail. Enfin et surtout, ces dispositifs ignorent le travail réel : entre les objectifs d’un côté, les résultats de l’autre, on organise la mise en disparition de l’essentiel : du travail. Les salariés doivent se débrouiller pour parvenir aux résultats, sous tension des chiffres, et la connaissance de l’effort qu’ils accomplissent en travaillant disparaît de fait.
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