Inégalités de niveau de vie : l’impact des revenus du patrimoine

Article intéressant d’Alexandre Baclet et
d’Emilie Raynaud sur l’impact sur le niveau de vie de la prise en compte des revenus du patrimoine financier et du logement. On y apprend par exemple que le rapport interdécile du niveau de vie
D9/D1, c’est à dire le rapport entre le niveau de vie des 10% les plus riches (D9) et le niveau de vie des 10% les plus pauvres, qui est de 3,17 avec une mesure standard du niveau de vie, passe à
3,47 quand on intègre loyers imputés et revenus financiers.

Résumé :
En France, la mesure de référence des inégalités de revenus s’appuie sur une définition du niveau de vie qui prend uniquement en compte les ressources monétaires. Jusque dans un passé récent,
cette mesure appréhendait mal les revenus du patrimoine financier et ignorait la contribution du logement au niveau de vie des individus. La prise en compte « élargie » des revenus du patrimoine
dans la mesure des niveaux de vie modifie le paysage des inégalités en France. Qu’il s’agisse du patrimoine financier, dont la distribution au sein de la population est plus concentrée que celle
des revenus, ou de la propriété de la résidence principale, les compléments de ressources estimés accroissent la mesure des inégalités globales. Les inégalités de niveau de vie entre les
différentes catégories socioprofessionnelles et selon l’âge en sont également modifiées. Le niveau de vie moyen des personnes âgées est inférieur à la moyenne de la population avec la mesure
standard du niveau de vie. Compte tenu du fait que le patrimoine des seniors est supérieur à la moyenne, la prise en compte des revenus du patrimoine améliore leur niveau de vie relativement au
reste la population.

Référence : Baclet A., Raynaud E., 2008, “La prise en compte des revenus du patrimoine dans la mesure des inégalités”, Economie et Statistique, n°414, p. 31-52.

Dynamiques de proximité : le temps des débats

Après Lyon (1997), Toulouse (1999), Paris (2001), Marseille (2004) et Bordeaux (2006), les prochaines journées de la
Proximité, sixièmes du nom, seront organisées sur Poitiers, du 14 au 16 octobre 2009 par le CRIEF (laboratoire de recherche de
l’UFR de Sciences Economiques de l’Université de Poitiers auquel j’appartiens) et le groupe Dynamiques de Proximité (réseaux de chercheurs, économistes, sociologues et géographes, spécialisés sur
ce thème). Ces journées rassemblent généralement autour de 200 chercheurs français et étrangers.

L’idée est de faire de ce colloque un lieu d’échange et de débats entre les chercheurs et les autres acteurs des territoires. Cinq thématiques prioritaires ont été définies, développées dans
l’appel en communication.

Nous organiserons également trois débats en séance plénière, organisés sous forme de tables rondes, filmées puis diffusées sur le site du colloque :

Débat 1 : Peut-on créer des clusters technologiques ?

Débat 2 : L’économie résidentielle, horizon indépassable des territoires “périphériques” ?

Débat 3 : Attirer les créatifs, une stratégie gagnante ?

Informations complémentaires à suivre sur l’intérêt des thématiques et des débats, sur les intervenants, sur les modalités d’inscription, etc.

L’ensemble du colloque est géré via un Open Conference System. Vous y trouverez pour l’instant l’appel à communication en français et en anglais, ainsi que la composition du Comité Scientifique
et du Comité d’Organisation. Les chercheurs peuvent y déposer leur proposition de communication. Une seule adresse donc : http://proximite.conference.univ-poitiers.fr

Dates importantes :

– date limite de soumission d’une communication : 8 mars 2009
– date d’acceptation des communications : 2 mai 2009
– date limite d’envoi des communications : 31 août 2009


N’hésitez pas à me faire part de toute remarque que vous jugerez utile!

Microsoft licencie : interview pour Libé

Vittorio de Filippis de Libération m’a appelé hier soir au sujet du plan de licenciement de Microsoft. En m’indiquant que
Microsoft avait expliqué que ce plan n’était pas une remise en cause de son modèle industriel, mais une réponse à la demande des marchés financiers. Que penser de ce licenciement boursier? Mon
interview figure page 13 de l’édition papier, pas vue encore sur le net.

Pas beaucoup d’éléments pour répondre. Je lui ai quand même expliqué que l’argument de Microsoft était pour le moins surprenant, et ressemblait plutôt à une stratégie d’externalisation de la
faute : je licencie, mais c’est à cause des méchants marchés financiers… Les discours sur les licenciements boursiers sont tellement à la mode, que les dirigeants d’entreprise y recourrent
assez souvent pour se dédouaner de toute responsabilité.

J’ai ajouté qu’en ce moment, on pouvait redouter quelque chose comme des prophéties auto-réalisatrices : les entreprises se disent “c’est la crise partout, on va être touché”, elles réduisent la
voilure, accentuant donc le problème de base et participent à la réalisation de ce qu’elles redoutaient. Je ne dis pas que la récession actuelle relève entièrement de cela, mais disons qu’on a
accentuation du problème sous l’effet de ce type de comportement.

On peut bien sûr aussi recourir à des explications plus classiques, développées même page par Olivier Bomsel : Microsoft est assise sur une rente depuis plusieurs années, elle se repose sur ses
lauriers, peine à innover, et se fait doubler par des entreprises mieux différenciées. D’où le début de difficultés, baisse du bénéfice, baisse du cours de l’action, et annonce de réduction
d’effectifs pour “signaler” qu’on a compris et qu’on va réagir.

L’image du jour : petit complément

Billets intéressants chez Econoclaste et Mathieu P. autour du
graphique présenté par JP Morgan. Je complète un petit peu, en testant la corrélation entre la capitalisation boursière actuelle et celle de 2007. Résultats à prendre avec précaution, il n’y a
que 15 points.




R² moyen, mais on voit un point plutôt particulier, en bas à droite, en l’occurrence Citigroup. Comme par hasard, la
société placée juste à côté de JP Morgan dans leur graphique… On peut l’enlever, voir ce que ca donne (il ne reste alors que 14 points, je sais…).



R² pas
mauvais cette fois, non?

Où passer Noël?

Vous avez une quarantaine d’années? Vous ne savez pas où passer Noël? Un conseil, ne restez pas chez vous, allez plutôt
en Maison de retraite, vous serez à l’abri !

deces.jpg

Joyeux Noël à tous!

Incitation et contrôle, toujours

Tribune intéressante d’Yves Clot (psychologue) et Philippe Zarifian (sociologue) dans Le Monde du 18 décembre dernier, sur l’évaluation des performances dans l’entreprise.Extrait : Il existe un grand absent, un point aveugle : le travail lui-même, sa qualité et les conditions de son exercice. Cet aveuglement se construit dans les dispositifs de contrôle et d’évaluation des performances. La généralisation à l’ensemble des salariés de la démarche “fixation d’objectifs/contrôle de résultats” commence à produire des effets catastrophiques : les objectifs, dits de “performance”, sont peu discutés et peuvent, à tout moment, être modifiés, sans lien explicite avec des enjeux qualitatifs et durables. Les résultats, chiffrés, induisent une pression permanente.

L’évaluation est individualisée, niant ainsi les sources collectives de l’efficacité du travail. Enfin et surtout, ces dispositifs ignorent le travail réel : entre les objectifs d’un côté, les résultats de l’autre, on organise la mise en disparition de l’essentiel : du travail. Les salariés doivent se débrouiller pour parvenir aux résultats, sous tension des chiffres, et la connaissance de l’effort qu’ils accomplissent en travaillant disparaît de fait.


Quelques billets sur le même sujet :
Bonus des managers : ca innove en Allemagne
La crise pousse à la fraude
Les stratégies absurdes
Carotte ou bâton?

 

Bonus des managers : ca innove en Allemagne

Article intéressant de
l’Expansion
sur des innovations en matière d’incitation chez les constructeurs automobiles allemands.
Volkswagen “va introduire un « bonus long terme » dont le calcul tiendra compte de données aussi variées que le niveau de sécurité de l’emploi offert aux salariés, l’évolution des parts
de marché et des ventes, la réalisation des objectifs personnels mais aussi du résultat des enquêtes de satisfaction réalisées chaque année auprès des clients et des salariés”.
BMW, de son côté, “a annoncé qu’il entendait, dès 2010, synchroniser la progression des bonus de ses managers et de ses ouvriers. (…) l’objectif premier est de supprimer le sentiment
d’injustice qui règne au bas de l’échelle salariale et s’appuie sur une « fracture » qui grandit entre les salaires des managers et des ouvriers”.

Efforts louables en apparence, reste à savoir s’il s’agit de modifications cosmétiques ou de transformations un peu plus en profondeur du rapport salarial. On peut s’interroger également sur les possibilités, pour les managers, d’instrumentaliser ces nouveaux indicateurs, histoire de
récupérer les bonus sans faire d’efforts démesurés…

Ca réforme dur!

En 2005, la Datar (Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale) est devenue la Diact
(Délégation interministérielle à l’aménagement et la compétitivité des territoires). Un décret présenté en conseil des ministres le mercredi 9 décembre 2009 décide de modifier de nouveau le nom :
il s’agira désormais de la Datar
Mais attention, ce n’est pas la même chose, la Datar, ca signifie maintenant  “Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale” (on devrait donc
dire la Diatar, mais ca donne un peu la diarrhée nausée).

On est donc passé de “l’action régionale” à la “compétivité des territoires”, puis à “l’attractivité des territoires” (Quelle audace! Je vous laisse interpréter le glissement sémantique).

(bon, c’est pas tout ça, mais va falloir modifier tous les logos, papiers à lettre, sites web… ca va bosser dur à la Datar!).

source : ici, merci
à Maud pour l’info.