Ouverture des commerces le dimanche

Via le blog de Philippe Moati, je
découvre une étude du Credoc sur l’ouverture des commerces le dimanche. La première partie reprend les résultats d’une enquête
pour cerner l’opinion des français sur le sujet. La deuxième partie est une simulation des effets attendus.


Dans cette dernière partie, les auteurs considèrent que plusieurs effets sont à prendre en compte,
notamment :

* un effet de cannibalisme : les achats en plus dans les commerces qui ouvriraient maintenant le dimanche réduisent les
achats réalisés les autres jours (ou le dimanche dans les commerces ouvrant déjà). Si l’on suppose que ce sont les enseignes les plus productives qui se mettraient à ouvrir le dimanche, on peut
s’attendre à un effet favorable sur les prix (par suite sur le pouvoir d’achat) et à un effet défavorable sur l’emploi

* un effet d’exposition à l”offre : les ménages peuvent piocher dans leur épargne pour accroître leur consommation, sur
la partie commerce non-alimentaire tout au moins. D’où un effet favorable sur l’emploi


Bilan des courses (c’est le cas de le dire…)? Selon les hypothèses, le bilan en termes d’emplois peut être positif (au
maximum 8000 emplois créés)… ou négatif (au pire 21600 emplois détruits). Dans tous les cas, l’effet est limité (pour mémoire, 1,8 millions de personnes travaillent dans le
secteur).

Interview France Culture

Le magazine de la rédaction de France Culture, diffusé ajourd’hui à 18h10, est consacré à la
situation de l’industrie sur Châtellerault. Olivier Danrey est venu m’interroger, ainsi que Marie Ferru, qui a notamment comme terrain de thèse le bassin industriel châtelleraudais. Certains de
nos propos devraient être repris dans l’émission.

J’avais mis en ligne il y a quelques temps une petite note statistique sur l’industrie du châtelleraudais. Vous pouvez également consulter ce document de travail de Marie Ferru, intitulé “”La trajectoire cognitive des territoires : le cas du bassin industriel de Châtellerault”. Une version révisée est à paraître
dans la Revue d’Economie Régionale et Urbaine en 2009.

Faut-il aider les entreprises qui font des bénéfices ?

Libé m’a contacté hier pour me poser la question suivante : est-il normal que l’Etat participe à l’indemnisation des
salariés d’entreprises pratiquant du chômage partiel et faisant par ailleurs des bénéfices ? 

Question d’actualité, bien sûr : le chômage partiel se répand rapidement en ce moment, il est pratiqué par de nombreuses
entreprises et certaines, effectivement, font des bénéfices (pour des précisions sur les aides octroyées par l’Etat dans ce cadre, voir ici). Nicolas Sarkozy a par ailleurs annoncé vouloir faciliter le recours au chômage partiel (voir
ici).


Quelques éléments de réponse. La question doit d’abord être scindée en deux : i) est-il normal que l’Etat participe à
l’indemnisation du chômage partiel? ii) si oui, est-il normal qu’il indemnise les entreprises qui font des bénéfices?


Sur le premier point : le chômage partiel est mobilisable en cas de circonstances exceptionnelles ou de difficultés
économiques passagères. On peut considérer que nous sommes aujourd’hui dans ce cas : choc macroéconomique important, qui affecte tout un ensemble d’entreprises qui n’y sont pas pour grand
chose, les aider peut permettre d’amortir le choc, que ceux qui en sont victimes n’aient pas à supporter seuls la charge de l’effort. Ceci ne signifie pas que l’Etat seul doive supporter la
charge de l’effort ; en l’occurrence, l’Etat, les entreprises et les salariés apportent leur contribution, l’enjeu étant d’équilibrer cette charge, de trouver les bons compromis. Le risque
d’une non mutualisation de l’effort est que les entreprises soit s’en remettent à des moyens plus expéditifs (licenciements plutôt que chômage partiel), soit entrent dans des difficultés
plus grandes, pouvant compromettre leur survie.


Sur le deuxième point : je commence vraiment à fatiguer par cette stigmatisation des entreprises qui font des
bénéfices. On a l’impression que c’est une maladie… Sans doute la majorité des gens s’imaginent-ils qu’une entreprise qui fait des bénéfices le fait nécessairement en exploitant ses
salariés… L’idée qu’une entreprise A est plus profitable qu’une entreprise B parce qu’elle est, bêtement, plus efficace, semble inenvisageable… Soyons fous : supposons qu’il existe de
nombreux secteurs dans lesquels des entreprises de type A sont plus profitables que des entreprises de type B, parce qu’elles sont plus efficaces. Que, ce faisant, les entreprises de type A
tendent à créer plus de richesses et plus d’emplois. Si l’Etat décide de n’indemniser que les entreprises de type B, considérant que les entreprises de type A peuvent se débrouiller toutes
seules, il aidera en fait des entreprises peu efficaces, et pénalisera des entreprises plus efficaces. Bref, un peu de distorsion de concurrence au profit des plus mauvais. Drôle d’idée quand
même…

relocalisation de Geneviève Lethu

Nouvel exemple de relocalisation, de l’entreprise
Geneviève Lethu :

La marque Geneviève Lethu, spécialiste des arts de la table, fabrique de nouveau des couteaux, des torchons et des nappes
en France. La part de ses collections fabriquées en Asie est ainsi passée de 40 à 10%. Une “relocalisation” que de plus en plus d’entreprises françaises choisissent. En prenant en compte non
seulement la qualité des produits mais aussi des arguments purement économiques.
Des couteaux fabriqués à Thiers peuvent revenir 20% moins chers que les mêmes produits fabriqués en Asie. Dans les Vosges, le linge de maison est au même prix que celui tissé à l’autre bout de la
planète. Si la marque Geneviève Lethu, spécialiste des arts de la table, a décidé de fabriquer de nouveau des couteaux, des torchons et des nappes en France, et de baisser dans le même temps de
40 à 10% la part de ses collections fabriquées en Asie, c’est avant tout pour des raisons économiques. Ce qui explique que d’autres entreprises françaises s’engagent dans cette voie, celle de la
“relocalisation”.
En Asie, le prix de l’énergie et des matières premières a bondi au cours des derniers mois. Le transport jusqu’en Europe devient moins rentable, coût du pétrole oblige. Surtout, avec la
crise, les entreprises ont de moins en moins intérêt à avoir des stocks importants à financer pendant plusieurs mois.
La “relocalisation” permet aussi de contrôler au plus près la qualité des produits. C’est enfin pour ces entreprises une manière de retrouver l’étiquette “Made in France”. Un plus pour la
clientèle française mais aussi étrangère.

J’insiste une fois de plus : les délocalisations et les relocalisations ne pèsent pas autant qu’on l’imagine. Inutile
donc, sur la base de quelques exemples, de monter trop vite en généralité. Mais l’analyse de ces cas permet de montrer la complexité des choix de localisation des entreprises. Ceux-ci dépendent
des différentiels de coût du travail, de productivité, de qualité, de réactivité, des coûts de la coordination à distance, etc. De l’ensemble de ces éléments et de leur dynamique, parfois
difficiles à anticiper, d’où la révision de certains choix.