Transformation de l’industrie

J’ai expliqué à plusieurs reprises ici que la baisse tendancielle des effectifs de l’industrie ne résultait pas d’un déménagement massif vers
les pays en développement mais, pour une bonne part, d’une tendance des entreprises industrielles à externaliser un nombre croissant d’activités auprès d’entreprises relevant des services
(
dernier billet en date ici).

Le dernier numéro d’Insee Première illustre plutôt bien le propos, en se focalisant sur la sous-traitance des
tâches liées aux nouvelles technologies. Il montre qu’en 2006, 29% des entreprises de plus de dix salariés confient de telles tâches à des prestataires extérieurs. Tous les secteurs sont bien sûr
concernés, à commencer par l’énergie et la finance. S’agissant de l’industrie, la proportion des entreprises ayant sous-traité de telles tâches est de 33%.

On apprend également que 94,9% des prestataires sollicités sont localisés en France, 6,7% dans l’UE et 2,8% hors UE : on externalise beaucoup, mais très peu à l’international. Ceci ne signifie
pas nécessairement qu’il n’y a pas de problématique spatiale : ce point n’est pas traité dans l’étude, mais on peut penser que les entreprises externalisant des fonctions TIC s’en remettent à des
prestataires localisés de manière privilégiée dans de grandes agglomérations. D’où problème éventuel pour les territoires “périphériques”, qui peuvent perdre des effectifs industriels, non
compensés par une hausse des effectifs du tertiaire industriel.

La proportion de 29% observée en France est sensiblement inférieure à la moyenne de l’UE à 27 (proportion de 44%, qui monte jusqu’à 76% au Danemark). Cet écart n’est pas synonyme de “retard”, il
peut s’expliquer par exemple par des différences de spécialisation. On peut s’attendre néanmoins à un accroissement de la sous-traitance, dans ce domaine comme dans d’autres, et donc à une
poursuite de la baisse des emplois dans l’industrie, et de la hausse des emplois dans le tertiaire industriel. Les déclinologues pourront donc continuer à se lamenter, en ne regardant que la
première tendance. Et moi, je pourrais continuer à me lamenter de ces lamentations, en intégrant la deuxième…