Grève chez Dacia-Renault en Roumanie

Grève en Roumanie, chez
Dacia-Renault, pour réclamer des hausses de salaire
. 80% de grévistes selon les syndicats, 49% selon la direction. Beaucoup de monde, en tout cas. Mais c’est qu’on peut pas augmenter les
salariés, affirme le directeur du site hier soir aux infos : sinon, on sera obligé de délocaliser en Russie, au Maroc ou en Turquie…

Quelques petits chiffres pour fixer les idées (source : Eurostat). Quand le coût horaire du travail est de 100
dans l’Union à 15, il est, en 2005, de 9 en Roumanie. Soit l’avant dernière place, juste devant la Bulgarie (indice de 6) et derrière la Lettonie (indice de 11). Sachant qu’en France,
l’indice est de 117, on en déduit qu’une heure de travail coûte 13 fois plus en France qu’en Roumanie.

Cependant, vous le savez, la comparaison de ce coût horaire n’a pas de sens, si on n’intègre pas en même temps les différentiels de
productivité. En 2005, quand la productivité horaire du travail est de 100 dans l’Union à 15, elle est de 29 en Roumanie, soit la dernière place, derrière la Bulgarie (31) et la Lettonie (39). En
France, l’indice est de 118. Soit une productivité en France quatre fois plus importante qu’en Roumanie. Le coût salarial unitaire, rapport entre le coût du travail et la productivité du travail,
est donc de 32 en Roumanie, contre 99 en France, soit un rapport de trois pour un.

Comment tout ceci évolue-t-il ? Pour la Roumanie, l’indice de coût horaire du travail est passé de 6,4 (pour 100 dans l’UE15
toujours) en 2000 à 9,3 en 2005, pendant que la productivité est passée de 23,1 en 2002 (année la plus ancienne disponible) à 29,1 en 2005. Au total, entre 2002 et 2005, le coût
salarial unitaire a légèrement augmenté relativement à la moyenne UE15, passant de 31,1 à 31,9.

On dispose de séries plus longues pour certains PECO, qui permettent de reconstruire l’évolution des coûts salariaux unitaires (base 100=UE15)
:

Evolutions plutôt hétérogènes : tendance à la baisse en Slovénie, qui s’explique par un coût horaire du travail stable et une productivité
croissante par rapport à l’UE15 ; tendance à la hausse en République Tchèque et Hongrie, avec hausse relative du coût horaire et de la productivité, mais hausse plus rapide du coût horaire ; ça
stagne enfin en Lituanie et Slovaquie, avec hausse relative de même ampleur du coût du travail et de la productivité.

Si on se focalise seulement sur l’évolution du coût horaire du travail, on peut calculer pour un large ensemble de pays le taux de croissance
de ce coût horaire, sur la période 2000-2005. On obtient alors ceci :

Globalement, les PECO voient leur coût du travail augmenter plus vite que les pays de la partie occidentale de l’Europe (et, que je
sache, on n’a pas vu de délocalisations massives de Hongrie, de Tchéquie ou d’Estonie). Les pays les plus pauvres de l’Union deviennent progressivement moins pauvres. On a eu pire comme
nouvelle.