Simpliste et réducteur

Les blogs tuent la démocratie.  C’est en gros ce que nous dit Cass Sustein (enseignant à l’Université de Chicago) dans un article du Financial Times. Son argumentation est la suivante :
avec le développement d’internet, des blogs et des réseaux sociaux, on assiste à la formation de groupes d’individus très homogènes (ceux qui se ressemblent s’assemblent en communautés
d’individus aux idées proches). Sur la base d’une expérience menée en 2005 dans le Colorado, Cass Sustein indique ensuite que des discussions entre des groupes d’individus homogènes émergent des
prises de position plus radicales, et que toute diversité intra-groupe tend à disparaître.

Ceci s’expliquerait notamment par le fait que l’échange d’information entre des individus proches ne permet pas d’accéder à des informations discordantes, et par le
fait que discuter avec des personnes partageant votre opinion vous rend plus sûr de vos positions, ce qui peut vous conduire à vous radicaliser. “Preuve” avancée par l’auteur de cette
homogénéisation via internet :
 

 

80 per cent of readers of the leftwing blog Daily Kos are Democrats and fewer than 1 per cent are Republicans. Many popular bloggers link frequently to those who
agree with them and to contrary views, if at all, only to ridicule them. To a significant extent, people are learning about supposed facts from narrow niches and like-minded others.

En fin d’article, l’auteur reconnaît que cette polarisation des individus existait avant Internet, mais qu’elle se renforce depuis, et que “c’est un réel problème
pour la démocratie”.

Voir le commentaire de cette analyse par Mark Thoma.

Les Syndicats contre la mondialisation. La résurgence des syndicats portera-t-elle un coup à la
mondialisation ? Pour Kenneth Rogoff, professeur à l’université de Harvard et ancien économiste en chef du FMI, c’est
oui
. S’il considère que « dans un pays relativement pauvre comme la Chine, les vrais syndicats peuvent contribuer à contrebalancer le pouvoir des
employeurs en apportant une amélioration des conditions de vie surpassant les coûts de la croissance », il pense qu’en revanche, « aux Etats-Unis et dans les riches pays européens, il
est douteux de soutenir que le renforcement des syndicats est plus profitable que coûteux » (…), les syndicats encourageant « trop souvent des modes de travail et des structures
salariales rigides ne récompensant ni le travail ni les compétences ».

Et de conclure : « il est plus probable que l’influence politique des syndicats devienne une force majeure de déstabilisation du commerce et de la croissance, avec des conséquences fort
incertaines. En voyant les dirigeants politiques de pays riches céder aux exigences des syndicats et dénigrer le libre-échange et l’immigration, il y a toutes les raisons de s’inquiéter pour
l’avenir. C’est pour cela que les syndicats seront l’un des grands facteurs imprévisibles de l’économie en 2008».

Ce n’est pas tout à fait l’analyse que je ferais après avoir entendu les propos de notre président (sur l’immigration, les délocalisations, les remparts qu’il veut
dresser via la CDC pour les entreprises françaises, etc.), à comparer aux déclarations de François Chérèque, hier sur Europe 1, se desespérant des discours anti-mondialistes de nos politiques et de la politique d’immigration de notre gouvernement.

Kezeco ? Un peu n’importe quoi…

Kezeco (l’économie ne se cache plus) est le site du Codice, le
Conseil pour la Diffusion de la Culture Economique, Conseil mis en place par le ministère de l’économie et des finances. L’idée du Codice est la suivante : li) ‘économie, c’est
important; ii) or, les français sont nuls en économie ; iii) on va donc les former. Arme stratégique pour atteindre l’objectif : Kezeco.

Sauf que Kezeco se plante un peu quand même, si bien que la formation proposée ressemble parfois à une entreprise de
déformation…


PIB : erreur


Erreur grossière, d’abord, repérée par Denis Colombi, sur la définition du PIB “en additionnant les valeurs ajoutées
de l’ensemble des entreprises d’un pays, à laquelle on rajoute le solde de sa balance extérieure, on obtient… (Bingo !)… le célèbre PIB.” Depuis, suite sans doute aux billets sur les blogs
et aux messages laissés sur Kezeco par des blogeurs économistes (à vérifier, ce n’est qu’une hypothèse), la définition a
été rectifiée
.


Revenu des ménages : deuxième erreur


Kezeco nous explique ceci :

La population augmente, donc le nombre de ménages aussi. S’ils sont de plus en plus nombreux, les ménages sont aussi
de plus en plus petits. Les femmes ont des enfants plus tardivement, le veuvage est plus important du fait de l’allongement de la durée de vie, les divorcés, les familles monoparentales et les
célibataires sont plus nombreux…
Ces évolutions ne sont pas prises en compte par les
statisticiens qui calculent le pouvoir d’achat des ménages.

Et les statistiques ne prennent pas non plus en compte la taille de ces ménages. Or les dépenses ne sont pas les mêmes si l’on est seul ou quatre à vivre dans une famille. Les dépenses
pré-engagées ne pèsent pas de la même manière non plus. Et pourtant, les ménages ont théoriquement pour l’INSEE le même pouvoir d’achat moyen, quelle que soit leur taille. Le nombre de foyers
augmentant plus vite que le revenu brut disponible de l’ensemble des Français qui sert de base de calcul, cela fait baisser la part théoriquement dévolue à chaque ménage.


Eh bien non, les statisticiens de l’INSEE ne sont pas fous, ils savent bien cela. Extrait du site de l’Insee :

La notion usuelle du pouvoir d’achat correspond au pouvoir d’achat du revenu disponible brut (…). La mesure ainsi
obtenue est une mesure globale, qui couvre l’ensemble des ménages. Elle ne reflète pas la diversité des évolutions individuelles, ni même une évolution individuelle moyenne car le nombre et la
composition des ménages varient au cours du temps en France. Pour appréhender une évolution individuelle moyenne, on calcule un pouvoir d’achat par unité de
consommation.


C’est quoi l’unité de consommation? à quoi ca sert? comment c’est calculé? tout est expliqué ici. Et vous trouverez ici l’évolution du pouvoir d’achat par unité de
consommation.


Désindustrialisation : réducteur


Article sur la désindustrialisation,
immédiatement sous-titré “Effet collatéral de la mondialisation”… Petit topo ultra-réducteur (je vous laisse découvrir), qui n’évoque même pas l’effet pourtant essentiel sur la baisse des
effectifs industriels des stratégies d’externalisation des firmes (j’en ai parlé ici et ). Le fait qu’Eric le Boucher soit président du Comité des sages du Codice n’a sans doute rien à voir avec le
contenu de ce billet…


Billet qui conclue en disant qu’heureusement en France on fait des choses : “L’État s’efforce en France de suivre
l’exemple allemand en encourageant par exemple les investissements dans les nouvelles entreprises innovantes par le biais d’avantages fiscaux importants. La défiscalisation des heures de travail
supplémentaires favorise également la compétitivité. Par ailleurs, à la suite de la fermeture d’une usine d’Arcelor-Mittal en Moselle début 2008, la création d’un « fonds national de
ré-industrialisation du territoire » a été envisagée.” Après avoir lu ca, je me suis dit heureusement que le Codice est “une  instance de réfléxion impartiale, indépendante et
pluraliste”!!! (c’est dit ). Plus généralement, se pose le problème de la production de connaissances en économie par un organe très
lié au gouvernement et qui risque d’avoir structurellement tendance à survaloriser les actions récentes de celui-ci dans la résolution des problèmes évoqués.


Productivité : politiquement incorrect


Ils n’ont pas bien relu les articles, sur Kezeco : à la rubrique productivité, ils nous disent “travailler moins pour produire plus, telle est l’ambition !“. Ils sont fous ou quoi? Ils n’écoutent pas notre président?

Les voitures neuves sont plus dangereuses que les voitures anciennes

Le saviez-vous?  90% des accidents de la route ont lieu  avec des voitures de moins de 20 ans. Les voitures anciennes sont donc plus sûres que les voitures
neuves. Toutes les publicités des constructeurs automobiles vantant les mérites de leurs nouveaux dispositifs de sécurité, ce n’est que du marketing pour booster leurs ventes. Ce n’est pas à
votre santé qu’ils pensent, c’est à leurs bénéfices. Moralité : revendez vite votre dernière acquisition, et surtout, méfiez-vous du lobby des industriels.

PS : spécial dédicace à Arrêt sur Images
et Plume de Presse. Pour des explications détaillées, voir ici.

Relancer l’immigration

Le Figaro
indique que
le rapport Attali propose une relance de l’immigration, et pose différentes questions :

Cette proposition promet de relancer la polémique. Les échecs de l’intégration montrent qu’avant d’ouvrir largement les frontières, les dirigeants devront répondre à
un certain nombre de questions. Quels seront les effets d’une telle mesure sur le marché du travail ? Ne risque-t-elle pas de tirer les salaires vers le bas ? Quelle politique du
logement faut-il mettre en œuvre pour l’accompagner ?

 Vous trouverez des réponses à ces questions (au moins les deux premières) et à quelques autres questions complémentaires, dans des billets du Libéblog.
Deux billets d’Alexandre Delaigue (ici et ), avec tout un ensemble de références attachées, et un billet que j’avais rédigé sur la base
d’une étude sur la Californie (ici), qui montre notamment que “l’immigration sur
la dernière sous-période 1990-2004 a un impact négatif sur les salaires des migrants de la première sous-période, mais un impact positif sur les salaires des natifs américains. Ce qui semble
montrer la complémentarité entre immigrés et natifs d’une part, mais aussi la substituabilité entre les différentes générations d’immigrés, d’autre part. Le problème ne se situe pas là où on le
pense généralement…”. (voir le commentaire d’Askenazy sur ce même papier dans les Echos).

A lire également ce papier pour Telos-eu
de Jean-Christophe Dumont, qui montre notamment que l’immigration est favorable à la croissance du PIB, que son impact sur le PIB par tête est théoriquement incertain mais historiquement positif,
que le lien immigration-chômage n’est attesté ni par la théorie, ni par les études empiriques, que l’effet sur les salaires est ambigü, plutôt faiblement négatif à court terme et négligeable à
moyen-long terme. Il déplore le manque d’étude sur le sujet (sur le lien immigration-croissance en tout cas) pour le cas de la France, et, comme il dit, c’est assez symptomatique…

Inflation

Titre étrange de Reuters :
“Christine Lagarde voit une hausse de l’inflation en 2008”. Elle voit ça dans sa boule de cristal, comme
Gizmo ?

Réaction étrange du PS, qui pointe “l’impuissance du gouvernement” suite à cette déclaration de Lagarde. En matière de lutte contre l’inflation, quand celle-ci résulte de la hausse des prix du pétrole et des matières
premières, le gouvernement français ne peut effectivement pas faire grand chose, qu’il soit de gauche ou de droite.

 

Les jeunes et la mondialisation

Etude  intéressante de la Fondation pour l’Innovation Politique intitulée “les jeunesses face à leur avenir”, sur la base  d’une enquête auprès de 20 000 personnes de 17 pays. Je me concentre sur un seul point, l’attitude des jeunes interrogés vis-à-vis de la mondialisation.

On demande aux personnes de se situer sur une échelle de 1 à 7 par rapport à deux propositions polaires :
* proposition A (1) : je suis pour le libre-échange et la concurrence mondiale
* proposition B (7) : je suis pour la protection de l’industrie nationale
On compte ensuite la part des réponses 6 et 7 (très proches de B donc), dans l’ensemble des réponses.

Le tableau page 28 du document nous apprend alors que les danois sont les plus libre-échangistes, avec 6,7% de réponses 6 et 7, suivis par les suédois (12,5%). A l’autre extrême, trois pays se distinguent : la Russie (31,3%), l’Estonie (28,0%) et la France (28,0%).

Autre résultat, repris dans le dossier de l’Express consacré à cette enquête : à la question “la mondialisation vous apporte-t-elle de nouvelles opportunités?”, les jeunes français arrivent bons derniers, avec un score de 20% (voir graphique p. 7).

Je vous laisse découvrir les résultats aux autres questions. Sont pas très optimistes, les petits français…

France 3 Poitou-Charentes

interview à venir pour France 3 Limousin Poitou-Charentes, enregistrée vendredi 5 décembre, diffusée samedi 6 décembre
entre 11h30 et 12h, visible ensuite en passant  ici. Sujet : impact de la crise sur
l’économie de la région…
Je serai “aux prises” avec Jean-Marie Giraudeau (secrétaire général comité régional CGT) et Marie-Christine Bolinches (déléguée générale MEDEF Vienne).

Les américains et la mondialisation

Via Greg Mankiw, on apprend que 28% des américains
pensent que la mondialisation est une bonne chose, et que 58% pensent que c’est une mauvaise chose. 
Bon, la question posée est un peu spéciale,
mais cette défiance des américains vis-à-vis de la mondialisation se retrouve dans pas mal des enquêtes reprises sur cette page

Sondage pas inintéressant, au moment où démarrent les élections US, au cours desquelles on devrait retrouver des discours anti-mondialistes (ce qui
semble déjà être le cas).

Coup de pied dans le cul

Entendu hier soir sur France 5, dans un documentaire suivant Martin Hirch lors de la mise en oeuvre du RSA.

Martin Hirsch rapporte à une collaboratrice les propos d’un membre du gouvernement (pas sûr à 100%, mais j’ai peur de ne pas me tromper…). “[Machin] m’a dit  “ce n’est pas plutôt d’un bon
coup de pied dans le cul dont ils ont besoin les chômeurs?”

Réponse de Hirsch (de mémoire): “le problème, c’est que tu oublies qu’ils sont devant une porte fermée les chômeurs… si tu leur donnes un coup de pied dans le cul, ils vont s’éclater la tête,
ca va leur faire mal…. si tu leur redonnes un coup de pied dans le cul, ca leur fera toujours mal, et là ils vont se retourner et te donner une grande baffe… alors le mieux c’est de commencer
par ouvrir la porte… après, quand la porte est ouverte, tu pourras leur donner des coups de pied dans le cul si tu veux…”


J’adore, on dirait du Audiard…