Copé, organisme utile?

Gizmo nous a informé il y a quelques temps que notre
président était en train de dégraisser le Conseil d’Analyse Economique. On apprend cette semaine dans Paris Match que Jean-François Copé
propose d’aller plus loin, “en supprimant un tas d’organismes inutiles comme le Centre d’analyse stratégique, ex-Commissariat
général du plan, ou le Conseil d’analyse économique”
(propos repris ici). Le
Centre d’Analyse Stratégique a d’ailleurs bien conscience de son inutilité, si l’on en juge par cet édito trouvé
sur leur site
.

Subprime : compléments

Suite à mon billet d’hier, j’ai reçu de  Stéphane Couvreur (un grand merci à lui
!) une proposition de traduction du billet de Cecchetti  : la voici au format pdf.  On attend
maintenant la traduction libre disons même la contribution de Gizmo sur le sujet. Pour patienter, on peut lire
l’analyse juridique du problème chez Diner’s Room

add 19/08 : saison 1 épisode 1 & 2 disponibles chez Gizmo. episode 3 bientôt !

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la crise des subprimes

Pour trouver les réponses à toutes les questions que vous vous posez sur la crise des subprimes, je vous conseille de lire le billet suivant (en), trouvé via le blog de Dani Rodrik. Pour les non anglophones, si quelqu’un a le temps de traduire, qu’il n’hésite pas à transmettre, je mettrais en ligne. Sur un point complémentaire, lisez
également les contributions (en français cette fois) de A.B. Galiani sur le blog d’Alain Lambert. Si les journalistes du Monde avaient lu ces billets, ils auraient évité deux erreurs dans cet article :

 

* la première (commise dans la plupart des articles que j’ai pu recenser) consiste à ajouter les sommes injectées au jour le jour par la BCE. Le Monde affirme ainsi
que la BCE a injecté « plus de 250 milliards d’euros ». En fait, non : les prêts accordés par la BCE sont pour l’essentiel au jour le jour. Exemple purement théorique : la BCE
prête 100 lundi matin, se fait rembourser les 100 mardi matin, elle prête de nouveau 90 mardi matin, qu’elle se fait rembourser mercredi matin. Au total, elle a prêté au maximum 100, non pas
190.

 

* la deuxième, liée à la précédente, consiste à croire que cette injection « a pour effet de provoquer un gonflement de la masse monétaire, donc en totale
contradiction avec son discours de vigilance anti-inflationniste ». Ce serait vrai si les prêts étaient de plus long terme. En prêtant de l’argent un jour (et de moins en moins : 95
milliards d’euros le 9 août, 60 le 10 août, 48 le 13 août et 25 le 14 août) mais en les retirant presque immédiatement, elle n’accroît pas substantiellement la masse monétaire. C’est un
accroissement plus durable de la masse monétaire qui pourrait conduire à un accroissement des prix, donc à des risques de tension inflationniste.

 

 Jeu concours : quelles autres erreurs d’analyse ont été commises sur le sujet ces jours derniers ?

La TVA sociale, une arme anti-délocalisations?


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Retour
tranquille de vacances et plus rapide sur la TVA sociale, pour souligner un paradoxe.

On le sait, la TVA sociale a été introduite notamment par l’Allemagne. Le gouvernement français estime qu’elle est à l’origine des bons résultats
économiques de ce pays, il souhaite donc reprendre la mesure. Elle a été rebaptisée par François Fillon TVA
anti-délocalisations
. J’en avais parlé ici assez longuement, puis .

Or, qu’apprend-on dans les Echos ? Que « Le
ministère fédéral des Finances prépare un texte de loi visant à taxer les bénéfices réalisés par les entreprises allemandes grâce à des délocalisations à l’étranger (…)
les deux objectifs
recherchés étant de taxer les bénéfices réalisés à l’occasion de délocalisations dans des pays où le coût de la main-d’oeuvre est moins élevé qu’en Allemagne et, indirectement, de freiner cette
stratégie qui contribue à l’appauvrissement de l’activité industrielle dans ce pays qui compte encore 3,7 millions de demandeurs d’emploi ». Les industriels s’inquiètent de
cette initiative, en expliquant que « L’Allemagne ne serait jamais devenue championne du monde de l’exportation en n’investissant pas tous les ans plusieurs dizaines de milliards d’euros à
l’étranger et, il faut le reconnaître, en délocalisant une partie de sa production» (Sur les aspects ambivalents des délocalisations, voir ce billet).

20
minutes
reprend l’information et complète un peu en renvoyant sur mon blog, pour signaler que les délocalisations représentent  4,5% des emplois détruits en France,
contre 7,2% en Allemagne (pour une moyenne de 5,9% dans les pays européens enquêtés par l’European Restructuring
Monitor
).

Donc, si je résume : le gouvernement français veut reprendre une mesure du gouvernement allemand pour lutter contre les délocalisations, alors même
que ce pays délocalise plus que la France (même si, comme dit à de multiples reprises sur mon blog, les délocalisations pèsent globalement peu, en France comme en Allemagne, dans
l’ensemble des emplois détruits), que le gouvernement allemand s’en désespère, et que les industriels considèrent que ces délocalisations sont une des composantes de la réussite de ce pays en
matière d’exportations.

Je ne sais pas vous, mais moi, quelque chose m’échappe dans le raisonnement de notre gouvernement. Mais sans doute le
rapport Besson sur la TVA sociale
va-t-il très bientôt nous éclairer sur ce point, comme sur tous les autres…