Commentaire rapide sur un point particulier du projet de loi relatif aux libertés
et responsabilités des universités adopté cette nuit par le Sénat :
Chapitre II. « Le président »(…)Article 5, point 7 : « Sous réserve des dispositions statutaires relatives à la première affectation des personnels recrutés par concours national
d’agrégation de l’enseignement supérieur, aucune affectation ne peut être prononcée si le président émet un avis défavorable motivé »(…)
Qu’est-ce à dire ? C’est simple : le Président à un droit de veto sur le recrutement des personnels. Enfin, de tous les personnels sauf les
lauréats du concours national d’agrégation de l’enseignement supérieur, qui concerne les disciplines Droit, Economie et Gestion.
Ce qui signifie que certains de ces lauréats peuvent continuer à opter pour un poste leur permettant de minimiser leur temps de trajet laboratoire d’origine / poste
de professeur de destination (Poitiers est à cet égard assez bien placé pour les profs issus des labos parisiens), de limiter leur présence au strict nécessaire (disons un jour ou deux le temps
de faire son service d’enseignement à la chaîne), de ne pas s’investir dans le laboratoire de recherche de leur université d’affectation, de ne pas s’investir dans les tâches administratives, de
mener des recherches sans aucun lien avec les thèmes de recherche du labo de destination, etc.
de professeur de destination (Poitiers est à cet égard assez bien placé pour les profs issus des labos parisiens), de limiter leur présence au strict nécessaire (disons un jour ou deux le temps
de faire son service d’enseignement à la chaîne), de ne pas s’investir dans le laboratoire de recherche de leur université d’affectation, de ne pas s’investir dans les tâches administratives, de
mener des recherches sans aucun lien avec les thèmes de recherche du labo de destination, etc.
Ouf, la recherche en économie va pouvoir continuer de se développer sur ces bases particulièrement saines, qui permettent de s’affranchir du localisme…
Remarques complémentaires (merci à Christian A. pour ces compléments) :
1/ le problème des turbo-profs n’est malheureusement pas spécifique aux nouveaux agrégés du supérieur. On le rencontre aussi dans des disciplines où le
recrutement ne passe pas par un concours national d’agrégation et il existe aussi parfois des turbo-maîtres de conférences. Les universités pourraient théoriquement essayer de lutter contre ces
pratiques en faisant appliquer plus strictement l’obligation de résidence. Mais contraindre ainsi les personnes concernées ne suffit pas à s’assurer de leur implication positive dans la vie de
leur fac…
recrutement ne passe pas par un concours national d’agrégation et il existe aussi parfois des turbo-maîtres de conférences. Les universités pourraient théoriquement essayer de lutter contre ces
pratiques en faisant appliquer plus strictement l’obligation de résidence. Mais contraindre ainsi les personnes concernées ne suffit pas à s’assurer de leur implication positive dans la vie de
leur fac…
2/ s’agissant de la restriction du droit de veto du président en matière de recrutement : en le rendant inapplicable en cas de recrutement par
concours d’agrégation de l’enseignement supérieur, le texte autorise le président à s’opposer au choix collectif d’une commission locale (dont on peut espérer qu’elle a conscience des priorités
du projet d’établissement) mais non au choix individuel d’un nouveau promu (dont on ne peut exclure quelque souci de confort personnel). Il y a là une forme de paradoxe que le législateur ne
semble pas avoir relevé…
concours d’agrégation de l’enseignement supérieur, le texte autorise le président à s’opposer au choix collectif d’une commission locale (dont on peut espérer qu’elle a conscience des priorités
du projet d’établissement) mais non au choix individuel d’un nouveau promu (dont on ne peut exclure quelque souci de confort personnel). Il y a là une forme de paradoxe que le législateur ne
semble pas avoir relevé…