Le Polimètre : les biais d’un sondage

Via Versac et Débat 2007, je découvre le Polimètre. Ce sondage, qui doit permettre à chacun de définir de quel(le) candidat(e) à l’élection présidentielle il se sent le plus proche, utilise ce qui ressemble à une échelle de Likert : on nous propose un ensemble d’affirmations, l’ensemble des réponses possibles est exprimé sur une échelle graduée entre « tout à fait d’accord » et « pas d’accord du tout ». Petite capture d’écran :



Ce type de sondage présente plusieurs biais :

1. Le biais de tendance centrale : les répondants hésitent à donner les réponses extrèmes (tout à fait d’accord, fortement opposé)

2. Le biais d’acquiescement : Les personnes répondent en général positivement aux propositions faites, autrement dit, la formulation des propositions n’est pas neutre. Petit exemple, juste ci-dessus avec la proposition "Moins d’immigration permettrait de réduire le chômage en France". Il y en a d’autres : "globalement, la France est en déclin" ou encore "Le niveau scolaire baisse". Pour éviter ce biais, on peut formuler positivement/négativement les questions.

3. Le biais spatial, le plus surprenant : la plupart des personnes ont un biais d’attention à gauche, ce qui peut biaiser les résultats des études. Un groupe de chercheurs a présenté à deux groupes d’étudiants le même questionnaire, mais pour la moitié de l’échantillon, l’échelle était construite de gauche (tout à fait d’accord)  à droite (pas du tout d’accord), alors que pour l’autre moitié, l’échelle allait de droite (tout à fait d’accord) à gauche (pas du tout d’accord). Résultat de l’étude : le groupe utilisant l’échelle où "tout à fait d’accord" est à gauche ont 27% de réponses "tout à fait d’accord" en plus que dans l’autre groupe… Une solution existerait, non mise en oeuvre dans le polimètre je pense : proposer 50% de questionnaire avec les items classés de gauche à droite, et 50% de droite à gauche.

Sachant cela, donc, j’ai testé le questionnaire en répondant "tout à fait d’accord" à toutes les questions, sans réfléchir une seconde. Histoire de voir si le questionnaire permettait d’éviter un tant soit peu le biais spatial et le biais d’acquiescement : s’il est bien fait, on doit avoir des scores équilibrés des candidats, s’il est mal fait, les scores seront déséquilibrés. Résultat :

 

"Légèrement" biaisé, le sondage, semble-t-il…